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Un des grands avantages de la saison des pluies ici à Mapangu est que l’air est généralement très dégagé ce qui nous permet de voir au loin tout autour de la maison. Sans jumelles nous pouvons deviner la présence des plus grosses embarcations sur la rivière Kasaï et avec des jumelles il est possible de distinguer au loin la palmeraie située à l’autre bout de la plantation qui se prolonge jusqu’à l’horizon.
Comme nous l’avons déjà certainement décrit de nombreuses fois dans nos nouvelles précédentes, le fait d’être situé au sommet d’une colline nous donne une perspective qui va à perte de vue dans toutes les directions, et, en particulier en cette saison (sauf quand il pleut évidemment) notre vue est spectaculaire.
Certes notre horizon a changé au cours des années passées ici car, d’une part les palmiers ont grandi limitant ainsi la distance que notre regard peut parcourir, mais d’autre part aussi, hélas, les autochtones ont brûlé une bonne partie des forêts survivantes bordant leurs villages, pour y planter des produits alimentaires ou rabattre des proies.
Plus proche de notre quotidien dans notre parcelle, les nombreuses fleurs, arbres et arbustes que nous avons planté ou laissé s’épanouir naturellement ont graduellement animés les abords qui étaient quelque peu démunis de couleurs à notre arrivée. Pour raisons de facilité, précédemment, le “gyrobroyeur” était passé sur toute la parcelle, liquidant dans son élan tout les arbustes florifères naturels.
De nouveaux horizons, ce sont aussi ces changements qui ont été imposés par la pandémie et qui vont continuer à influencer notre vie à tous pendant encore un moment avec beaucoup moins de voyages, certains pays étant même devenus inaccessibles à la majorité des voyageurs, des modes de voyage différents (j’ai lu récemment que le trafic aérien avait diminué de 67% depuis le début de la pandémie et que beaucoup d’avions ne voleraient probablement plus jamais à cause de la forte baisse du nombre de passagers) et l’impossibilité de se rassembler au-delà de petits groupes contrôlés. Il est certain que l’élaboration de vaccins devrait changer les choses et ramener notre vie à une norme plus habituelle, mais qui aurait pu imaginer il y a un an, lors de l’émergence de ce virus, que plus de douze mois plus tard, nous serions encore toujours otages de ces microscopiques créatures.
Nous sommes arrivés ici à Mapangu il y a presque cinq ans pour redécouvrir un Congo qui n’a, de fait, pas beaucoup changé depuis notre séjour à la fin des années quatre-vingt, il n’y a pas eu de nouveau projet de développement d’envergure et, mis à part quelques routes remises plus ou moins en état par des sociétés chinoises, les infrastructures ont continué à se dégrader et la population vit dans les mêmes conditions de précarité voir pis qu’il y a trente-cinq ans. Mais dire qu’il n’y a pas eu de changements serait inexact, la ville de Kinshasa a explosé en taille avec de nombreux nouveaux bâtiments dans le centre ville et des avenues qui ont été élargies et modernisées, un nouveau terminal aéroportuaire international (petit mais fonctionnel) et surtout un réseau de téléphonie mobile qui couvre la quasi totalité du pays. Une grande partie de la population vit toujours dans des cases fabriquées avec de la boue et de la paille, sans eau et sans électricité, avec un taux d’analphabétisme probablement plus élevé qu’il ne l’était lors de notre premier séjour dans le pays, mais beaucoup sont équipés d’un téléphone mobile qui leur permet parfois d’appeler et à défaut d’écouter de la musique. La recharge des batteries de téléphone se fait soit via l’un des notables du village qui possède un paneau solaire ou avec une lampe solaire Wakawaka qui est devenu presque le standard des familles de Mapangu. Cette technologie nous permet de rester en contact avec nos proches, avec même la possibilité de se voir par vidéo interposée, alors que lors de notre précédent séjour il n’y avait que la “phonie”, une radio qui permettait de communiquer d’un poste à l’autre sur plusieurs centaines de kilomètres ou la poste (qui fonctionnait assez bien à cette époque) qui nous permettait d’échanger des nouvelles avec la famille et les amis restés en Europe (il fallait quand même trois semaines pour qu’une lettre arrive à destination). Ce serait médire que la poste ne fonctionne plus car j’ai reçu du courrier à plusieurs reprises (factures et extraits de rôle émanant de nos autorités financières belges), mais certaines auront quand même mis plus de deux ans pour nous parvenir, ce qui est aussi assez extraordinaire.
Après douze mois de confinement à Mapangu, nous allons nous aussi changer d’horizons car fin de ce mois nous rentrons en Europe pour des vacances, mais aussi pour un changement plus drastique car en principe notre séjour ici à Mapangu est terminé. Mon successeur a été désigné et (sauf pied de nez de dernière minute du Covid-19) devrait arriver ici à Mapangu dans moins d’une semaine pour nous laisser le temps de faire une remise-reprise en bonne et due forme et nous permettre d’emballer nos effets pour les faire expédier en Europe. Ce retour en Europe n’est pas définitif car nous avons décidé de continuer notre expérience de vie en plantation, mais notre destination future n’est pas encore connue et nous avons besoin de souffler un petit peu avant de nous lancer à la charge de ces nouveaux horizons. Nous savons déjà que mon successeur ne souhaite pas habiter à la Cathédrale car il préfère rester plus près de Mapangu et de son lieu de travail principal, cette maison va donc probablement avoir une nouvelle vie où elle servira principalement de maison de passage. Mais c’est juste une supposition car les choses ici sont loin d’être statiques et il n’est pas impossible que si la situation politique et économique se stabilise un petit peu, des nouveaux investissements pourront voir le jour et forcément entrainer l’arrivée de nouvelles personnes qu’il faudra loger quelque part.
Dans l’attente notre préoccupation principale est d’une part de passer la main de la manière la plus complète et transparente possible et d’autre part de préparer nos bagages, ce qui est loin d’être une mince affaire car nous avons tendance à être des écureuils et nous avons accumulé beaucoup de choses qui ont principalement une valeur sentimentale, mais une valeur quand même. Comme ce changement ne sera officialisé qu’à la fin de cette semaine, jusqu’à maintenant nos préparatifs ont dûs rester discrets, ce qui n’est pas une mince affaire ici comme vous le savez de par nos précédent écrits. Le plus gros changement sera sans nul doute pour notre chienne Makala, qui outre son age avancé, a été habituée à la vie au chaud et va soudainement devoir affronter l’hiver… comme nous aussi car mine de rien dès que la température frise les 20°C nous trouvons qu’il fait frais…
Nous espérons vous lire très bientôt en vous souhaitant encore une fois une bonne et heureuse année 2021,
Marc et Marie-Claude
One of the great advantages of the rainy season here in Mapangu is that the air is usually very clear which allows us to see far away all around the house. Without binoculars we can make out the presence of the biggest boats on the Kasai River and with binoculars we can see the palm grove at the other end of the plantation which extends to the horizon.
As we have certainly described many times in our previous newsletters, being on top of a hill gives us a perspective that goes as far as the eye can see in all directions, and especially in this season (except when it rains of course) our view is spectacular.
Of course our horizon has changed over the years we have been here because, on the one hand, the palm trees have grown, thus limiting the distance our gaze can travel, but on the other hand, unfortunately, the natives have also burnt a good part of the surviving forests bordering their villages, to plant food crops or chase various preys.
Closer to our daily life in our plot, the many flowers, trees and shrubs that we planted or let grow naturally have gradually animated the surroundings which were somewhat devoid of colour when we arrived. Previously, for reasons of ease, the “gyro-shredder” was used to clear the whole area around the house, destroying in its momentum all the natural flowering shrubs that could have grown.
New horizons, these are also the changes that have been imposed by the pandemic and that will continue to influence the lives of all of us for a while yet with much less travel, some countries having even become inaccessible to the majority of travellers, different modes of travel (I recently read that air traffic has decreased by 67% since the beginning of the pandemic and that many planes would probably never fly again because of the sharp drop in passenger numbers) and the impossibility of gathering beyond small controlled groups. Certainly the development of vaccines should change things and bring our lives back to a more usual standard, but who could have imagined a year ago, when this virus emerged, that more than twelve months later we would still be hostages to these microscopic creatures.
We arrived here in Mapangu almost five years ago to rediscover a Congo that has, in fact, not changed much since our stay at the end of the eighties, there have been no new large-scale development projects and, apart from a few roads more or less rehabilitated by Chinese companies, the infrastructure has continued to deteriorate and the population lives in the same precarious conditions, even worse than thirty-five years ago. But to say that there have been no changes would be inaccurate, the city of Kinshasa has exploded in size with many new buildings in the city centre and avenues which have been widened and modernised, a new international airport terminal (small but functional) and above all a mobile telephone network which covers almost the whole country. A large part of the population still lives in huts made of mud and straw, without water or electricity, with an illiteracy rate probably higher than it was when we first arrived in the country, but many are equipped with mobile phones which sometimes allow them to make calls or otherwise listen to music. There is always some place with a solar panel where it is possible to load the phone’s battery for a charge or (here in Mapangu) with the Wakawaka power packs that have become almost the standard in every household. This technology allows us to keep in touch with our loved ones, with even the possibility of seeing each other via video, whereas during our previous stay there was only the “phonie”, a radio that allowed us to communicate from one station to another over several hundred kilometres, or the post office (which worked quite well at that time) which allowed us to exchange news with family and friends who had stayed in Europe (it still took three weeks for a letter to reach its destination). It would be unjust to say thet the postal services do not work any more, because I received mail on several occasions (invoices and extracts from our Belgian financial authorities), but some of them took more than two years to reach us, which is also quite extraordinary.
After twelve months of confinement in Mapangu, we too are going to change our horizons because at the end of this month we are going back to Europe for a holiday, but also for a more drastic change because in principle our stay here in Mapangu is over. My successor has been appointed and (except for a last-minute trick from Covid-19) should arrive here in Mapangu in less than a week to give us time to do a proper handover and allow us to pack up our belongings for shipment to Europe. This return to Europe is not final as we have decided to continue our plantation life experience, but our future destination is not yet known and we need to take a little breather before embarking on these new horizons. We already know that my successor does not wish to live in the Cathedral as he prefers to stay closer to Mapangu and his main place of work, so this house will probably have a new life where it will mainly serve as a guesthouse. But this is just a supposition because things here are far from being static and it is not impossible that if the political and economic situation stabilises a little, new investments may be considered and this will inevitably lead to the arrival of new people who will have to be housed somewhere.
In the meantime, our main concern is on the one hand to hand over in the most complete and transparent way possible and on the other hand to prepare our luggage, which is far from being a small matter because we tend to be squirrels and we have accumulated a lot of things which have mainly a sentimental value, but a value all the same. As this change will only be official at the end of this week, so far our preparations have had to remain discreet, which is no small matter here as you know from our previous writings. The biggest change will undoubtedly be for our bitch Makala, who, besides her advanced age, has been used to living in the warmth and will suddenly have to face the winter… as we do too because as soon as the temperature is close to 20°C we find that it is a little chilly…
We hope to read you very soon and wish you once again a happy new year 2021,
Marc and Marie-Claude