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Mapangu

Anecdotes

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Avec les évènements rapportés dans le monde, allant de la pandémie qui prend de l’ampleur un peu partout jusqu’aux récents troubles dans la capitale des Etats-Unis, les histoires de notre coin de brousse peuvent paraître plutôt anodines, mais méritent malgré tout d’être enregistrées ne fut ce que pour nous en souvenir dans l’avenir quand notre mémoire sera moins claire ou pour ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de vivre ces moments.
La première anecdote concerne un passager (un de nos travailleurs) qui avait demandé de pouvoir prendre place dans ma voiture pour rejoindre Mapangu après la pause de midi. C’est presque journellement que j’ai des personnes qui profitent de mon voyage de retour vers les bureaux après ma pause-déjeuner à la maison, pour rentrer chez eux sans devoir attendre le camion chargé de les ramener et, généralement, ils m’attendent au niveau des bureaux agro (qui se trouvent sur le chemin, un peu en-dessous de la Cathédrale). Cependant, il arrive que l’on m’attende à la sortie de la Cathédrale pour être certain d’avoir une place dans la voiture, car celles-ci sont très convoitées. Dans la mesure où ils portent un masque, j’accepte généralement de les prendre sachant que cela leur économise quelques heures après une journée de travail parfois assez pénible. Ce jour-là il n’y avait qu’un seul travailleur qui m’attendait à la barrière de la Cathédrale et je l’ai laissé monter à l’arrière de la voiture après qu’il m’ait dit vouloir aller à Mapangu. Après avoir fait une centaine de mètres je me suis rendu compte que la portière par laquelle il était entré dans la voiture était mal fermée et je lui ai demandé de refermer la portière correctement, mais comme je l’ai déjà expliqué dans d’autres message, les mécanismes d’ouverture des portières de voiture restent un mystère pour beaucoup de personnes ici et plutôt que de perdre du temps je me suis arrêté, je suis sorti de la voiture et ai refermé correctement la portière. A ma grande surprise, lorsque j’ai repris ma place le monsieur se comportait comme un oiseau nouvellement enfermé dans une cage en se jetant violemment contre la portière et les fenêtres de la voiture et j’ai cru que, soit je lui avait peut-être coincé quelque chose en refermant la portière, soit qu’il avait une urgence soudaine car il n’arrêtait pas de dire “pardon” “pardon”. Je suis donc ressorti de la voiture pour aller ouvrir la portière et sans me donner d’explication il a sauté au-dessus du siège pour sortir précipitamment par la porte du conducteur et s’enfuir à toutes jambes en criant “pardon” “pardon”, abandonnant son sac dans la voiture. Très perplexe, je me suis arrêté au Germoir (bureaux agro) et ai signalé aux agents de sécurité qu’un travailleur terrorisé avait fui de ma voiture en y abandonnant ses affaires que j’ai laissé à leurs soins pour qu’ils puissent les lui restituer lorsqu’il ressortirait de la plantation où il s’était caché.
Vu le nombre de travailleurs que nous avons j’ai évidemment du mal à tous les reconnaitre et c’est encore plus difficile lorsque ceux-ci sont masqués. Je suis donc remonté avec l’un des divisionnaires jusqu’à la barrière de la Cathédrale pour interroger le gardien en poste sur l’identité du travailleur, puisque c’est à cet endroit que je l’avais pris en charge, mais le gardien ne put rien nous dire si ce n’est qu’il savait que c’était un des travailleurs de Brabanta.
Le lendemain on m’a rapporté que l’individu en question était passé par la plantation pour arriver, par derrière, jusque dans le jardin de l’un de nos divisionnaires où il a interrogé le jardinier pour savoir si le DG était bien parti parce que j’aurais eu l’intention de le tuer. Quand il a expliqué ce qui s’était passé le jardinier aurait rigolé et disant que le DG était maniaque pour la fermeture des portes de la voiture et que cela arrivait souvent qu’il s’arrête pour bien refermer les portières. C’est vrai que cela m’arrive de temps en temps de m’arrêter pour refermer l’une ou l’autre porte parce que c’est plus rapide que d’essayer d’expliquer la manœuvre, mais je ne savais pas que c’était au point de d’avoir la réputation de faire une fixation la-dessus…
Une autre anecdote récente, un peu plus dramatique celle-ci car elle implique malheureusement mort d’homme, concerne les autorités judiciaires de Mapangu. Tout a commencé avec un mandat d’amener lancé par l’antenne du Parquet de Mapangu à l’encontre d’un habitant de la cité de Mapangu. Lorsque les agents du Parquet sont arrivés au domicile de celui-ci il était absent et seule son épouse était à la maison. A défaut du mari, les agents du Parquet on voulu arrêter la dame, mais un voisin (qui est aussi policier) s’est interposé en faisant remarquer que la faute et donc le mandat d’amener était individuel et qu’il n’était donc pas justifié d’arrêter l’épouse en lieu et place du monsieur recherché. Les agents du Parquet sont donc retournés à leur bureau bredouilles, pour y être invectivé par leur chef (OPJ ) qui leur a reproché de ne pas avoir arrêté quelqu’un (chaque arrestation représente une rentrée d’argent, car même si innocent il faut payer quelque chose pour sortir). Pour se “venger” les agents du Parquet n’ont rien trouvé de mieux que d’aller agresser physiquement le policier qui en est malheureusement décédé.
La famille et les voisins du policier défunt ont à leur tour décidé de prendre les choses en main et, en guise de représailles, se sont attaqué au Parquet (d’où les agents concernés avaient déjà fui après l’annonce du décès du policier) et ont sérieusement tabassé l’OPJ du Parquet et détruit puis incendié par la même occasion le bâtiment. L’OPJ se trouve à présent à l’hôpital en assez mauvais état et à leur tour les auteurs de l’attaque du Parquet ont pris la fuite. Compte tenu des évènements, appel a été fait aux forces de l’ordre d’Ilebo, mais les autorités territoriales n’ayant pas de moyens (ni de transport, ni financier) et la Province restant sourde à leur demande d’assistance, il a fallu attendre quelques jours pour que le renfort demandé puisse finalement atteindre Mapangu après avoir réquisitionné une embarcation et emprunté de l’argent pour acheter du carburant. Entre temps tous les responsables ont fui, certains ayant fait savoir à leur famille qu’ils étaient déjà à des centaines de kilomètres et donc il est peu probable qu’ils soient inquiétés car la mémoire est courte ici. Outre le fait qu’elles sont évidemment “venues pleurer” chez nous pour obtenir une aide financière et matérielle pour l’équipe venue d’Ilebo, les autorités territoriales ont décidé que, jusqu’à nouvel ordre, l’antenne du Parquet de Mapangu serait supprimée et que toutes les affaires devraient dorénavant être traitées par le Parquet d’ Ilebo. Ceci devrait théoriquement nous être favorable car les plaignants devront à présent se rendre à Ilebo avant de pouvoir faire part de leurs doléances (parfois farfelues, mais qui impliquent toujours l’arrestation de la personne incriminée, quel que soit le délit). Par contre, cela veut dire aussi que, lorsque nous aurons besoin de l’intervention des autorités en cas de vols par exemple, il sera désormais nécessaire de faire appel à Ilebo et donc à chaque fois de financer le déplacement des agents chargés de l’intervention. Mais au moins nous aurons moins de travailleurs qui se feront arrêter pour un oui ou pour un non tel que retard de paiement de loyer, belle-famille qui estime ne pas avoir été payée correctement pour la dot de leur fille, fils qui aurait fauté avec la fille d’un voisin, etc.
Nous réalisons toutefois que pour le moment les évènements de notre coin de brousse font pâle figure par rapport aux frasques des autorités de certains pays dits civilisés. Soyez prudents et prenez soin de vous et de vos proches,
Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Day break
Port public de Mapangu – Mapangu public port

With the events reported around the world, from the pandemic that is progressing almost everywhere to the recent unrest in the capital of the United States, the stories from our remote bush may seem rather trivial, but they deserve to be recorded if only to remind us of them in the future when our memory will be less clear or for those who have not had the opportunity to experience these moments.
The first anecdote relates to a passenger (one of our workers) who wished to join me in my car to go to Mapangu after the lunch break. It is almost every day that I have people taking advantage of my trip back to the office after my lunch break to go home without having to wait for the bus to bring them back and they usually wait for me at the agric. offices (which are along the way, a little further down from the Cathedral). However, sometimes they wait for me at the gate of the Cathedral to secure a place in the car, as they are very coveted. As long as they are wearing masks, I generally accept to take them knowing that it saves them a few hours after a, sometimes, quite hard day’s work. That day there was only one worker waiting for me at the Cathedral gate and I let him get into the back of the car after he told me he wanted to go to Mapangu. After driving a few 100 metres I realised that the door through which he had entered the car was not properly closed and I asked him to close it properly, but, as explained in other messages, the mechanisms for opening car doors remain a mystery to many people here and rather than waste time I stopped, got out of the car and closed the door properly. To my surprise, when I got back to my seat the gentleman was behaving like a bird newly locked in a cage by throwing himself violently against the car door and windows and I thought that either I had perhaps jammed something when I closed the door or he had a sudden emergency as he kept saying “sorry” “sorry”. So I got out of the car to go and open the door and to my surprise he jumped over the seat, rushed out through the driver’s door and ran off in a hurry shouting “sorry” “sorry” leaving his bag in the car. Very perplexed, I stopped at the Germoir (agric. offices) and reported to the security guards that a terrorised worker had fled my car, leaving his belongings behind, which I left in their care so that they could return them to him when he came out of the plantation where he had hidden.
Given the number of workers we have, I obviously find it difficult to recognise all of them and it is even more difficult when they are masked. So I went back up with one of the superintendents to the Cathedral gate to question the guard on duty about the identity of the worker, since that’s where I had taken him in, but the guard could not tell us anything except that he knew he was one of the workers from Brabanta.
The next day I was told that the individual in question had arrived through the plantation to the garden of one of our superintendents, where he questioned the gardener to find out whether the GM had left because he thought I intended to kill him. When he explained what had happened the gardener laughed and said that the GM was maniacal about closing the car doors and that he often stopped to close them. It is true that I occasionally stop to close one or the other car door because it is often quicker than trying to explain how to go about it, but I did not know that it was to the point of having a reputation for being obsessed with it…
Another recent anecdote, a little more dramatic because it unfortunately involves the death of a man, concerns the judicial authorities in Mapangu. It all began with a summons issued by the Mapangu Public Prosecutor’s Office against an inhabitant of the township of Mapangu. When the agents of the public prosecutor’s office arrived at his home he was absent and only his wife was at home. In the absence of the husband, the officers of the public prosecutor’s office wanted to arrest the woman, but a neighbour (who is also a police officer) intervened, pointing out that the offence and therefore the warrant was individual and that it was therefore not justified to arrest the wife in place of the wanted man. The officers of the public prosecutor’s office therefore returned to their office empty-handed, only to be insulted by their chief (OPJ) unhappy for them not having anyone (any arrest involves a payment of some sort to be released, even if innocent). In order to get “revenge”, the officers of the public prosecutor’s office found nothing better than to physically assault the policeman who unfortunately died.
The family and neighbours of the deceased police officer decided to take matters into their own hands and, in retaliation, attacked the Public Prosecutor’s Office (from which the officers concerned had already fled after the announcement of the officer’s death) and seriously beat up the Public Prosecutor’s Office’s OPJ and destroyed and then set fire to the building at the same time. The OPJ is now in a fairly bad state in hospital and in turn the perpetrators of the attack on the Public Prosecutor’s Office have fled. In view of the events, an appeal was made to the Ilebo law enforcement, but as the territorial authorities had no means (neither transport nor financial) and the province remained deaf to their request for assistance, it was necessary to wait a few days before the requested reinforcement could finally reach Mapangu after having requisitioned a boat and borrowed money to buy fuel. In the meantime, all those responsible have fled, some of them having told their families that they were already hundreds of kilometres away, so they are unlikely to be worried as memory is short here. Apart from the fact that as usual they “came to beg” for financial and material help from Brabanta, the territorial authorities have decided that until further notice the Mapangu branch of the Public Prosecutor’s Office will be closed and that all cases should henceforth be handled by the Ilebo Public Prosecutor’s Office. This should theoretically be favourable to us, as complainants will now have to go to Ilebo before they can express their grievances (sometimes far-fetched, but always involving the arrest of the person in question, whatever the offence). On the other hand, this also means that, when we need the intervention of the authorities in case of theft for example, it will now be necessary to call on Ilebo and therefore each time to finance the travel of the agents in charge of the intervention. But at least we will have fewer workers who will be arrested for trivial matters such as late payment of rent, in-laws who feel they haven’t been paid properly for their daughter’s dowry, a son who has made a “mistake” with a neighbour’s daughter, etc.
However, we realise that for the moment the events in our corner of the world are pale in comparison to the antics of the authorities in certain so-called civilised countries. Be careful and take care of yourself and your loved ones,
Marc & Marie-Claude


One reply on “Anecdotes”

Marc and Marie-Claude, I do not think that the events you describe are any different from what happens in the wider world except the scale is different. Also, in most places the events focus initially on the interaction between two people, whereas in USA there is the problem of incitement to riot from the highest level and that is of major concern.

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