Categories
Sao Tomé

Bio – Organic

Please scroll down for the English text version

Cette semaine je voudrais vous parler de la plantation, puisque c’est la (seule) raison de notre présence à Sao Tomé. Je dis notre car Marie-Claude doit me rejoindre prochainement pour nous installer de manière plus ou moins prolongée dans le pays. La plantation, portant le nom d’Agripalma, est située dans la province de Caué, dans le sud-est de l’île de Sao Tomé. La plantation représente une superficie totale de 2.100 hectares de palmiers à huile, mais, compte tenu de la topographie du terrain, les parcelles plantées sont réparties sur une assez grande superficie et tout comme à Brabanta il me faut au moins une heure pour arriver aux abords de certains blocs, sans toutefois toujours pouvoir y pénétrer avec mon 4×4 “de luxe”. En effet, je dispose d’un 4×4 un peu “jouet” par rapport à mes habituels moyens de locomotion. La conséquence directe étant que je n’ose pas me risquer dans des terrains vraiment accidentés… Compte tenu de la nature des routes.
Une bonne partie de la plantation était déjà plantée avec du palmier à huile suite à une initiative de l’état par la suite abandonnée et une autre a été plantée dans d’anciennes plantations de cacaoyers abandonnées elles aussi. Pour ceux qui sont familiers avec Google Earth, la plantation est bien visible sur les photos satellites, séparée en deux parties, l’une plus petite dans l’extrême pointe sud et l’autre plus grande à une quinzaine de kilomètres au nord-est de celle-ci. Mais dans les deux cas les parcelles sont disposées un peu comme de la dentelle entre les rivières et les pentes trop escarpées. Et justement pour ceux qui pensent explorer les environs de la plantation sur les cartes en ligne, ne vous laissez pas tromper par l’apparente existence d’un aéroport à côté de Porto Alegre. Je suis allé repérer les lieux et il est encore possible de distinguer les contours de ce qui a jadis été une piste d’atterrissage, mais aujourd’hui l’avion qui s’y aventurerait rencontrerait des cultures de manioc et d’autres plantes vivrières, sans compter les trous qui ont probablement été creusés pour diverses raisons.
Parlant de cacao, pour lequel Sao Tomé était réputé dans la passé, nous avons aussi une petite plantation de cacaoyers d’environ 20 hectares que j’ai découvert au hasard d’une balade à vélo il y a quelques semaines. Malheureusement celle-ci a manifestement été négligée et est en assez piteux état. Néanmoins c’est un petit projet auquel j’ai l’intention de m’attaquer lorsque les aspects de la plantation des palmiers seront mieux sous contrôle. Je dis que Sao Tomé était un producteur de cacao réputé car il a produit jusqu’à 36.000 tonnes de cacao par an et a fait la fortune des colons portugais à côté des produits du cocotier. Aujourd’hui Sao Tomé produit tout juste 1.500 tonnes de cacao annuellement et la grande majorité des plantations sont abandonnées et envahies par la végétation naturelle. Bon nombre de nos îlots de palmeraies sont entourés de ce qui reste des cacaoyers, aujourd’hui mélangés à un mélange d’autres arbres et arbustes qui ont repris possession des lieux.
Mais revenons à nos moutons (palmiers), je voulais vous parler de la plantation de palmiers à huile et non de l’histoire du cacao à Sao Tomé. L’île de Sao Tomé est presque sur l’équateur ce qui fait que toute l’année (à quelques minutes près) le soleil se lève à 5h30 et se couche à 5h30. Il pleut aussi presque toute l’année, encore que pour le moment il se passe parfois trois ou quatre jours sans vraie pluie (ce qui m’arrange pour mes périples en vélo jusqu’au bureau). Outre la pluviométrie idéale pour le palmier à huile, les sols volcaniques de Sao Tomé sont naturellement assez fertiles et tout pousse donc de manière assez luxuriante sans devoir s’en occuper beaucoup. Les palmiers ont même tendance à croître de manière excessive, au point qu’il a été envisagé d’en arracher une partie pour donner à ceux qui restent plus de place pour se développer. Dans ces conditions, il était assez logique de décider de ne pas mettre d’engrais et comme le palmier n’est pas sensible à beaucoup de maladies ni menacé par beaucoup d’insectes nuisibles il n’est pas nécessaire d’utiliser de pesticide. La plantation et son huilerie ont ainsi pu obtenir une certification européenne “BIO” qui permet (en théorie) de vendre l’huile à un meilleur prix et ainsi compenser le fait que la plantation est plutôt petite.
Ne pas utiliser de pesticide ne pose absolument pas de problèmes, les quelques insectes qui s’aventurent à attaquer les palmiers sont plutôt rares et ceux qui pourraient faire des dégâts plus importants sont assez faciles à éliminer à la main lorsqu’ils sont présents. La seule inconnue pour le moment concerne un petit insecte qui fait des ravages dans les plantations de la côte ouest de l’Afrique, mais qui pour le moment ne semble pas être présent sur l’île. Croisons les doigts pour que cela reste ainsi.
Compter sur la seule fertilité naturelle des sols pour assurer une bonne production est toutefois une lubie, les palmiers sont très sains certes, mais avec une production de plus de 20 tonnes de régimes par hectare et par an, il est clair que les nutriments naturellement présents dans le sol ne peuvent pas être suffisants sur le long terme. Nous avons donc commencé à appliquer des engrais certifiés organiques pour essayer de booster la production et maintenir la fertilité des sols. Je puis vous assurer que, hormis le compost dont les performances nutritives sont bonnes nécessitent un apport de plusieurs dizaines de tonnes par hectare (faites le calcul), les engrais organiques certifiés ne courent pas les rues. Ici nous avons opté pour un engrais à base de fumier de moutons composté, séché et pelletisé qui vient d’Espagne et un apport en potasse naturelle allemand. Pour le moment l’engrais est stocké dans le seul dépôt disponible qui se trouve à côté des maisons d’habitation des expatriés ce qui fait que nous avons l’impression d’habiter près d’une bergerie, les bêlements en moins.
Toutes les autres opérations d’entretien (désherbage, élimination des ligneux, nettoyage des chemins, etc.) est uniquement effectuée à la main. Curieusement, probablement à cause du feuillage très dense des palmiers et l’absence d’ensoleillement intense permanent, la végétation en-dessous des palmiers reste très modeste et il est relativement facile de garder les sous-bois sous contrôle.
Outre la plantation, l’huilerie fait partie de la certification bio, ce qui n’est pas sans problèmes, parfois épineux. Ainsi dans d’autres huileries, lorsqu’il y a un débordement d’huile celle-ci est récupérée et réinjectée dans le processus de fabrication où elle est filtrée et stérilisée. Dans le cas d’une huilerie bio nous ne pouvons pas faire cela car il n’y a plus de garantie d’origine puisque l’huile aurait pu être contaminée avec des produits non-organiques tels que des lubrifiants. Pour résoudre ce problème nous sommes graduellement en train de remplacer tous les graisses, fluides hydrauliques et autre lubrifiants par des produits “alimentaires” qui, même s’ils ne sont pas nécessairement bio, évitent le risque de contamination de nos huiles par des produits minéraux ou synthétiques.
La certification bio ne se limite pas aux seuls aspects de la plantation et des produits qui y sont utilisés, ainsi des aspects environnementaux et sociaux entrent également en ligne de compte. Certains aspects peuvent paraître évidents, mais ils doivent néanmoins être documentés et prouvés. Cela concerne par exemple l’absence de travail forcé ou de travail de mineurs d’âge, le respect des lois, le paiement d’un salaire décent, le logement des travailleurs, l’accès aux soins, à l’éducation ou affiliation syndicale, le traitement des déchets et effluents, etc. Je découvre qu’il y a une énorme différence entre le fait d’appliquer toutes ces règles et le fait de devoir documenter et prouver que celles-ci sont bien suivies. Ainsi il n’y a rien de plus frustrant que d’avoir un auditeur auquel on vient rapporter qu’un travailleur a déchiré sa botte (parfois le jour même ou la veille) et de voir le processus de certification remis en question alors que tous les autres travailleurs présents sont en ordre. Heureusement ces exigences ne se limitent pas à la certification bio, ce travail est également nécessaire pour l’obtention de la certification de production d’huile de palme durable et aide donc à justifier (un peu) les montagnes de papier qu’il est nécessaire de produire dans le cadre de ces processus.
Compte tenu de la certification bio, en principe, tous les produits émanant de la plantation peuvent être vendus avec ce label. Pour le moment nous n’avons pas encore de débouchés pour les noix de palmistes (amandes restant après pressage des fruits de palmier à huile), qui sont elles aussi riches en huile et dont les tourteaux peuvent servir à l’alimentation animale. Nous espérons que dans un avenir pas trop lointains qu’Agripalma aura également la possibilité de valoriser les palmistes ou des produits dérivés de palmistes avec le label bio.
En espérant que ces lignes vous trouveront bien et de vous lire très bientôt,
Marc et Marie-Claude

This week I would like to talk to you about the plantation, as it is the (only) reason for our presence in Sao Tome. I say “our” because Marie-Claude will be joining me soon to settle in the country for a while. The plantation, named Agripalma, is located in the province of Caué, in the south-east of the island of Sao Tomé. The plantation has a total area of 2,100 hectares of oil palms, but due to the topography of the land, the planted plots are spread over a fairly large area and just like in Brabanta it takes me at least an hour to get to the outskirts of some of the blocks, although I cannot get inside the plantation itself with my luxury 4×4 due to the nature of the roads. Much of the plantation was already planted with oil palm as a result of a government initiative that was later abandoned, and some of it was part of former cocoa plantations that were also abandoned. For those familiar with Google Earth, the plantation is clearly visible on satellite photos, separated into two parts, a smaller one at the extreme southern tip of the island and a larger one some 15 km to the north-east of this one. But in both cases the plots are laid out like lace between the rivers and the steep slopes. And just for those who think they are exploring the plantation’s surroundings on online maps, do not be fooled by the apparent existence of an airport next to Porto Alegre. I went to check out the area and it is still possible to make out the outline of what was once an airstrip, but today the plane that ventures there will encounter cassava and other food crops, not to mention the holes that have probably been dug for various reasons.
Speaking of cocoa, for which Sao Tome was famous in the past, we also have a small cocoa plantation of about 20 hectares that I discovered during a bike ride a few weeks ago. Unfortunately this plantation has obviously been neglected and is in a rather poor state. Nevertheless it is a small project that I intend to tackle when the aspects of the oil palm plantation are better under control. I say that Sao Tome was a famous cocoa producer as it produced up to 36,000 tons of cocoa per year and made the fortune of the Portuguese settlers alongside coconut products. Today Sao Tome produces just 1,500 tonnes of cocoa annually and the vast majority of the plantations are abandoned and overgrown with natural vegetation. Many of our palm groves are surrounded by what remains of the cocoa trees, now mixed with a variety of other trees and shrubs that have taken over.
Coming back to the subject of this newsletter (palm trees), I wanted to talk to you about the oil palm plantation and not about the history of cocoa in Sao Tome. The island of Sao Tomé is almost on the equator, which means that all year round (give or take a few minutes) the sun rises at 5.30am and sets at 5.30am. It also rains almost all year round, although at the moment there are sometimes three or four days without any real rain (which suits me for my bike trips to the office). Apart from the ideal rainfall for oil palms, the volcanic soils of Sao Tomé are naturally quite fertile, so everything grows rather luxuriantly without having to tend to it much. The oil palms even tend to overgrow, so much so that at one point it was considered an option to uproot some of them to give the remaining ones more room to grow. Under these conditions, it was quite logical to decide not to use fertiliser and as the oil palm is not prey to many diseases or insects there is no need to use pesticides. The plantation and its oil mill have thus been able to obtain European “BIO” certification, which (in theory) allows the oil to be sold at a better price and thus compensates for the fact that the plantation is rather small.
Not using pesticides is not a problem at all, the few insects that venture to attack the palm trees are quite rare and those that could do more damage are quite easy to eliminate by hand when they are present. The only unknown at the moment is a small insect that wreaks havoc on plantations on the west coast of Africa, but for the moment does not seem to be present on the island. Fingers crossed that it stays that way.
Relying on natural soil fertility alone to ensure good production is however a fad, the palms are very healthy indeed, but with a production of more than 20 tons of bunches per hectare per year, it is clear that the nutrients naturally present in the soil cannot be sufficient in the long term. We have therefore started to apply certified organic fertilisers to try to boost production and maintain soil fertility. I can assure you that, apart from compost, which has a good nutritional performance but requires several dozen tonnes per hectare (do the maths), certified organic fertilisers are not widely available. Here we have opted for a fertilizer based on composted, dried and pelletized sheep manure from Spain and a complement of natural potash coming from Germany. At the moment the (remaining) fertiliser is stored in the only available depot, which is next to the expatriates’ houses, so we feel like we are living next to a sheepfold, minus the bleating.
All other maintenance operations (weeding, removal of woody plants, cleaning of paths, etc.) are done by hand. Curiously, probably because of the very dense foliage of the palms and the absence of permanent intense sunlight, the vegetation under the palms remains very modest and it is relatively easy to keep the undergrowth under control.
In addition to the plantation, the oil mill is part of the organic certification, which is not without its problems, some of them thorny. In other oil mills, for example, when there is an overflow of oil, it is recovered and fed back into the production process where it is filtered and sterilised. In the case of an organic oil mill we cannot do this as there is no guarantee of origin as the oil could have been contaminated with non-organic products such as lubricants. To solve this problem we are gradually replacing all greases, hydraulic fluids and other lubricants with “food grade” products which, although not necessarily organic, avoid the risk of contamination of our oils with mineral or synthetic products.
Organic certification is not limited to aspects of the plantation or mill and the products used, environmental and social aspects are also taken into account. Some aspects may seem obvious, but they must be documented and proven. These include, for example, the absence of forced or underage labour, compliance with laws, payment of a decent wage, workers’ housing, access to health care, education or trade union membership, waste and effluent treatment, etc. I am discovering that there is a huge difference between applying all these rules and having to document and prove that they are being followed. So there is nothing more frustrating than having an auditor come in and report that a worker has torn his boot (sometimes the same day or the day before) and having the certification process questioned when all the other workers present are in order. Fortunately these requirements are not limited to organic certification, this work is also required for sustainable palm oil production certification and therefore helps to justify (somewhat) the mountains of paper that need to be produced in these processes.
Being certified organic, in principle all products from the plantation can be sold with this label. At the moment we do not yet have an outlet for the palm kernels (inner “almond” left after pressing the oil palm fruit), which are also rich in oil and whose cake can be used for animal feed. We hope that in the not too distant future Agripalma will also have the possibility to valorise palm kernels or palm kernel products with the organic label.
We hope that these lines will find you well and hope to read you soon,
Marc and Marie-Claude

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.