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S’il y a bien un élément vital pour tous, où que nous soyons dans le monde, c’est l’eau. Nous en avons évidemment besoin d’eau (potable) pour vivre, mais aussi pour nous laver, faire la lessive, arroser les plantes, etc.
Dans nos contrées “modernes” il est acquis que l’eau soit non seulement disponible à volonté lorsque l’on ouvre le robinet mais aussi que celle-ci soit potable et donc consommable sans traitement particulier. Il est vrai que parfois l’eau semble contenir trop de chlore ou encore être trop riche en calcaire et donc moins agréable à boire directement à la sortie du tuyau ou à utiliser pour faire un thé ou un café. Même si certains préfèrent utiliser des systèmes à base de charbon actif ou autres substances permettant d’éliminer les goûts indésirables de l’eau ou d’acheter de l’eau “de source” en bouteille, le fait est que l’eau du robinet est fondamentalement potable.
Quand l’eau est disponible au robinet (ce qui est loin d’être fréquent), cette notion de potabilité est beaucoup plus relative dans les pays chauds, d’une part parce que souvent la gestion des réseaux d’eau potable est moins “rigoureuse” et d’autre part à cause de la nature même du climat chaud qui fait que les éventuelles bactéries présentes peuvent se multiplier beaucoup plus rapidement.
Nous avons rarement pu avoir de l’eau réellement courante dans nos divers lieux de résidence africains, étant presque chaque fois dépendant d’une citerne ou autre système de stockage à la maison avec ou sans pompe (hydrophore) pour avoir assez de pression dans sa douche. Ici à Sao Tomé nous avons en quelque sorte l’eau courante à la maison, qui vient d’un château d’eau situé dans l’huilerie, lui-même alimenté par une station de pompage amenant l’eau depuis une rivière en contre-bas. L’eau de la rivière n’est évidemment pas potable car il y a certainement de multiples créatures (humaines ou autres) qui affectent la rivière en amont, mais en plus elle est assez trouble après les pluies. Pour son utilisation dans les chaudières de l’huilerie (qui est la raison primaire de l’installation) l’eau doit être clarifiée avec des floculants et son pH doit être corrigé avant de passer dans un décanteur puis d’être stockée dans le château d’eau. Sans être potabilisée, en principe, l’eau est au moins débarrassée des plus grosses impuretés et clarifiée (en principe car à en juger la couleur de l’eau qui sort parfois de nos robinets le système n’est pas infaillible).
Ayant une aversion certaine contre la consommation d’eau en bouteilles (qui sont de plus, malheureusement, presque toujours en plastique) et surtout dans un pays comme Sao Tomé où le recyclage est quasi inexistant et le traitement des déchets douteux, nous nous sommes équipés d’un filtre à eau. Le filtre que nous avons installé nous fournit toute l’eau qui, directement ou indirectement, est utilisée pour notre consommation (y compris le brossage des dents) et nous a ainsi permis de fonctionner sans acheter une seule bouteille d’eau depuis que nous sommes installés à Ribeira Peixe. Le seul problème que nous avons eu concerne l’alimentation en eau elle-même car la canalisation qui amène l’eau jusqu’à la maison a été endommagée et, comme celle-ci est enterrée à 1m de profondeur sur environ 1km de distance, trouver la fuite n’a pas été une mince affaire. Heureusement ici il pleut “régulièrement” et grâce à des bacs positionnés stratégiquement en-dessous des points de fuite de nos gouttières par Marie-Claude nous avions au moins de quoi alimenter notre filtre. La situation est maintenant heureusement résolue (les deux fuites ont été identifiées et réparées), même si je soupçonne qu’une des deux fuites ait été le résultat du maniement un peu trop enthousiaste de l’opérateur de la pelle, mais l’important est de pouvoir à nouveau compter sur la disponibilité d’eau “propre”.
Dans la plantations nous avons plusieurs adductions d’eau émanant de sources différentes pour alimenter les villages, bureaux et autre installations situées en amont de l’huilerie. Les canalisations utilisées pour ces installations (généralement en polyéthylène) n’ont souvent pas été mises sous terre (ou alors de manière très symbolique) avec le résultat que les tuyaux se trouvent fréquemment exposés aux risques d’endommagement. Il est intéressant de constater que les problèmes rencontrés sur ces conduites d’eau ne sont généralement pas le résultat d’accidents (pierre pointue, morsure de cochon, etc.) mais d’actes volontaires. En effet, les travailleurs qui ont soif trouvent plus facile de donner un coup de machette dans le tuyau et (d’essayer) de colmater le trou par la suite avec une bandelette de caoutchouc ou autre système comparable. Il va sans dire que la combinaison de ces multiples “prises” d’eau et de l’omniprésence de cochons et autres animaux dans la plantation fait que la pression de l’eau en fin de course est fortement réduite et que celle-ci est malheureusement contaminée.
Une des opérations prévue au calendrier des travaux est la réparation et l’enfouissement systématique de toutes les canalisations d’eau. J’espère que nous arriverons à faire enterrer les tuyaux à plus de 20cm de profondeur (ce qui implique une supervision sérieuse des travaux) car sinon il ne faudra pas beaucoup de temps pour que les effets combinés des cochons et des pluies ne fassent remonter les installations à l’air libre.
Dans le même cadre de travaux hydrauliques, nous envisageons également d’alimenter l’huilerie au départ d’une source plutôt que pomper l’eau de la rivière. Il semblerait que pour cela nous disposions d’une source dont le débit est plus que suffisant en amont de l’huilerie, ce qui nous économiserait le coût de pompage et probablement aussi des quantités de produits de traitement nécessaires (eau claire = pas de floculants), ce qui serait aussi un plus pour la qualité de l’eau des maisons. Evidemment cela nécessite un investissement assez conséquent, car il sera nécessaire d’aménager une conduite (enterrée!) sur 4 ou 5 km, mais d’après nos calculs celui-ci sera rapidement récupéré. Je n’irai pas jusqu’à dire que cela permettra de rendre l’eau potable (car pour cela il faudrait envisager un dispositif de chloration), mais cela devrait la rendre plus naturelle.
Petite observation finale, au Kasaï où l’eau était rare les gens étaient incapables de fermer correctement les robinets pour essayer d’économiser le peu d’eau disponible. Ici, où il ne faut jamais aller très loin pour trouver ne fut-ce qu’un petit torrent ou cours d’eau, les utilisateurs veillent généralement à fermer scrupuleusement les robinets et surtout à les garder en état, même quand ce sont des petits enfants qui viennent prendre de l’eau à la fontaine.
En espérant, comme d’habitude, de recevoir de vos nouvelles.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude
If there is one element that is vital for everyone, wherever we are in the world, it is water. We obviously need (drinking) water to live, but also to wash ourselves, do our laundry, water our plants, etc.
In our “modern” countries, it is taken for granted that water is not only available at will when we turn on the tap, but also that it is drinkable and can therefore be consumed without any particular treatment. It is true that sometimes the water seems to contain too much chlorine or feels too “hard” and is therefore less pleasant to drink straight from the tap or to use for making tea or coffee. Although some people prefer to use activated carbon systems or other substances to remove unwanted tastes from the water or to buy bottled “spring” water, the fact is that tap water is basically safe to drink.
When water is available from the tap (which is far from frequent), this notion of drinkability is much more relative in hot countries, partly because the management of drinking water networks is often less “rigorous” and partly because of the very nature of the hot climate, which means that any bacteria present can multiply much more rapidly.
We have rarely been able to have real running water in our various African homes, almost always depending on a cistern or other storage system at home with or without a pump (hydrophore) to get enough pressure in the shower. Here in Sao Tome we have some kind of running water at home, which comes from a water tower in the oil mill, itself fed by a pumping station bringing water from a river below. The river water is obviously not drinkable as there are certainly multiple creatures (human or otherwise) affecting the river upstream, but in addition it is quite cloudy after the rains. For its use in the oil mill boilers (which is the primary reason for the installation) the water has to be clarified with flocculants and its pH corrected before it is passed through a decanter and then stored in the water tower. Without being potabilised, in principle, the water is at least cleaned of the largest impurities and clarified (in principle, because judging by the colour of the water that sometimes comes out of our taps the system is not infallible).
Having a certain aversion to drinking bottled water (which, unfortunately, is almost always made of plastic) and especially in a country like Sao Tomé where recycling is almost non-existent and waste treatment is dubious, we equipped ourselves with a water filter. The filter we installed provides us with all the water that is directly or indirectly used for our consumption (including brushing our teeth) and has thus enabled us to function without buying a single bottle of water since we moved to Ribeira Peixe. The only problem we have had is with the water supply itself as the pipe that brings the water to the house has been damaged and, as it is buried 1m deep for about 1km, finding the leak was no easy task. Fortunately it rains “regularly” here and thanks to trays strategically positioned underneath the leakage points of our gutters by Marie-Claude we had at least enough to feed our filter. The situation is now thankfully resolved (both leaks have been identified and repaired), although I suspect that one of the two leaks was the result of the over-enthusiastic handling of the digging-machine operator, but the important thing is to be able to rely on the availability of “clean” water again.
On the plantation we have several water supplies from different sources to villages, offices and other facilities upstream of the oil mill. The pipes used for these facilities (usually polyethylene) have often not been laid underground (or only symbolically) with the result that the pipes are frequently exposed to the risk of damage. It is interesting to note that the problems encountered on these water pipes are generally not the result of accidents (sharp stones, pig bites, etc.) but of voluntary acts. Indeed, thirsty workers find it easier to cut the pipe with a machete and (try) to plug the hole afterwards with a rubber band or similar. It goes without saying that the combination of these multiple water “derivations” and the omnipresence of pigs and other animals in the plantation means that the water pressure at the end of the run is greatly reduced and that it is unfortunately contaminated.
One of the operations planned in the work schedule is the systematic repair and burying of all water pipes. I hope that we will manage to have the pipes buried at a depth of more than 20cm (which implies serious supervision of the work) because otherwise it will not be long before the combined effects of the pigs and the rains bring the installations up into the open air.
In the same context of hydraulic works, we are also considering supplying the oil mill from a spring rather than pumping water from the river. It would seem that we have a spring with a more than sufficient flow rate upstream of the oil mill, which would save us the cost of pumping and probably also the quantities of treatment products needed (clear water = no flocculants), which would also be a plus for the quality of the water in the houses. Obviously this requires a fairly large investment, as it will be necessary to lay a pipe (buried!) over 4 or 5 km, but according to our calculations this will be quickly recovered. I won’t go so far as to say that this will make the water drinkable (for that we would have to consider a chlorination system), but it should make it more natural.
A final observation, in Kasai where water was scarce people were unable to turn off the taps properly to try and save the little water available. Here, where you never have to go very far to find even a small stream or river, users are generally careful to turn off the taps and above all to keep them in good condition, even when it is small children who come to the fountain to take water.
We hope to hear from you, as usual.
See you soon,
Marc & Marie-Claude