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A l’échelle des plantations industrielles de palmiers à huile, Agripalma est une toute petite plantation avec seulement 2.100 hectares plantés, mais à l’échelle de Sao Tomé la plantation est un des acteurs économiques majeurs occupant 2,5% du territoire national, le plus gros employeur avec une main d’œuvre qui représente plus de 1% de la population active du pays et qui assure plus de 50% des volumes d’exportations de la nation. C’est donc une petite plantation qui compte localement et qui est donc dans la mire de tout le monde, autorités comme ONGs, qui veulent s’assurer que nous restions dans le droit chemin.
Les conditions du pays faisant que, de fait, quasi toute l’agriculture s’accomplit sans apport d’engrais chimiques ou de pesticides, quasi tous les produits émanant de Sao Tomé et Principe peuvent être considérés comme “bio” et c’est un aspect sur lequel le gouvernement actuel voudrait capitaliser en faisant de Sao Tomé l’île “bio” par excellence. Cette approche a énormément de sens puisque, d’une part, les productions sont limitées à quelques cultures qu’il faut valoriser au maximum parce que le potentiel de production est limité et ce, sans compromettre le caractère écologique du pays et, d’autre part, parce que les infrastructures portuaires du pays sont limitées et ne permettent donc pas d’exporter des volumes énormes. Vous direz qu’un port cela peut s’agrandir, et c’est vrai, mais bien au-delà du port cela veut dire (re)développer le tissu routier, les zones de stockage, etc. Ce qui nécessite des investissements colossaux qui sont au-dessus des capacités financières du pays. Par contre, sans entrer dans des projets d’infrastructure énormes, le pays pourrait déjà prendre des mesures qui auraient un impact immédiat sur son image écologique, entre autres en se libérant de sa dépendance aux hydrocarbures et en redynamisant les infrastructures hydroélectriques ou construisant des petites installations hydroélectriques sur les nombreux cours d’eau qui existent dans le pays. Il ne s’agit pas ici de construire d’énormes barrages qui engloutiraient des vallées dont la flore et la faune doivent être préservées, mais plutôt de multiples petites installations profitant des zones à fort dénivelés pour desservir en priorité les communautés locales.
A l’échelle d’Agripalma nous étudions également des possibilités pour réduire notre dépendance au gasoil, qui représente pour le moment une part importante de notre budget de fonctionnement (comme pour la plus grande partie des plantations comme les nôtres). Notre huilerie nécessite de la vapeur qui est produite par une chaudière alimentée exclusivement avec les sous-produits de l’usinage, à savoir des fibres qui restent après avoir pressé les noix de palmes. Mais l’huilerie nécessite également de l’électricité pour alimenter les moteurs des machines et celle-ci est pour le moment produite par des générateurs. Nous disposons également d’une turbine qui pourrait théoriquement produire l’électricité nécessaire en utilisant également de la vapeur, seulement (eh oui il y a malheureusement un, même deux, hics)…
D’une part pour cela il faut produire de la vapeur à haute pression de manière constante ce qui est pour le moment impossible car l’alimentation de la chaudière est irrégulière du fait que notre huilerie ne dispose que d’une seule presse (qui fournit les fibres) dont le fonctionnement est variable. En effet la presse est alimentée manuellement et les opérateurs font des pauses de temps en temps (surtout quand il n’y a personne pour les “encourager”). La pression de vapeur varie également en fonction des besoins des autres machines (stérilisateurs et clarification principalement) qui fluctuent en permanence. Nous sommes en train de réfléchir à des solutions qui permettraient de régulariser l’apport en fibres dans le foyer de la chaudière et créant une zone de stockage intermédiaire et ainsi régulariser la pression de la vapeur.
D’autre part, la turbine ne peut fonctionner que lorsque l’huilerie est en pleine production, cela veut dire pas durant la mise en marche de l’huilerie (qui ne tourne généralement pas plus de 12h par jour) et/ou pendant la période de mise en arrêt. Il est donc nécessaire d’avoir un générateur pour assurer les besoins en courant en-dehors des heures de pleine production, qui parfois représente près de 50% du temps.
Outre la turbine, il y a une rivière assez importante qui passe pas trop loin des installations industrielles qui pourrait être utilisée pour la production d’électricité en utilisant la force de l’eau. C’est un projet qui est également à l’étude et qui aurait l’avantage de fournir du courant 24h sur 24, y compris aux communautés voisines et ainsi réaliser plusieurs objectifs en une seule fois. A ce stade nous en sommes encore aux études préliminaires, mais j’ai bon espoir que nous puissions au moins partiellement éliminer notre dépendance aux générateurs de la plantation.
Revenons brièvement à Sao Tomé en général et cette idée d’en faire une île “bio”. Sans doute parce que la population est assez limitée et que des efforts de propreté sont menés par les autorités, la pollution de l’île est assez limitée. Toutefois quand on se ballade sur les plages il y a invariablement une accumulation de détritus divers, y compris la présence des universels objets et sacs en plastique de toutes sortes. Pour moi, une des premières mesures que le gouvernement du pays devrait prendre est d’interdire toute forme de plastique jetable dans le pays. Cette mesure n’a rien d’utopique, cela fait près de 15 ans que les plastiques sont interdits dans un pays comme le Rwanda, pays qui ne peut certainement pas être qualifié de riche, et qui n’a pas l’avantage de pouvoir contrôler ses frontières aussi facilement que Sao Tomé et Principe. L’impact environnemental pour le pays serait énorme et la suppression des plastiques ne nuira certainement pas au tourisme qui se veut avant tout écologique. J’avais la vague idée de lancer une telle idée à l’échelle d’Agripalma pour commencer, mais avec toutes les personnes qui vont et qui viennent depuis l’extérieur de la plantation et le manque de contrôle que nous avons sur cela rend cette idée tout à fait utopique… Pour le moment.
Une grosse part de la consommation de carburants de la plantation provient également des véhicules et principalement les tracteurs et camions utilisés pour le transport de la production et du personnel. Au-delà du transport lui-même, il faut entretenir les routes d’accès ce qui nécessite également le transport de latérite et de machines excavatrices, compresseurs, etc. Une idée à plus long terme serait d’exploiter les ressources hydriques de la plantation pour produire de l’hydrogène et utiliser celle-ci pour faire fonctionner nos véhicules avec des piles à combustible. Technologiquement tout cela est possible, mais ce n’est pas une solution immédiate et probablement pas quelque chose qui se fera de mon temps à Agripalma. Par contre, une idée que j’aimerais poursuivre, serait d’installer un “cable-way” ou système de transport par câble un peu comme un téléférique qui nous éviterait d’entretenir les routes et les ponts, réduirait l’impact sur le sol (surtout aux abords des petits cours d’eau ou zones protégées) et devrait théoriquement être beaucoup plus économique en carburant. Ce système existe dans diverses sortes de plantations à travers le monde, mais n’a pas encore été testé dans les plantations de Socfin et nécessite donc un gros travail d’étude préliminaire avant de décider si un tel projet a du sens. Cela devrait toutefois pouvoir se faire assez vite et j’espère donc avoir la chance de voir cela ici à Agripalma durant mon mandat, si le projet à du sens évidemment.
Ceci sont loin d’être les seuls projets sur lesquels nous travaillons, mais je voudrais en garder un peu pour d’autres nouvelles, donc si cela vous intéresse restez à l’écoute.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
On the scale of industrial oil palm plantations, Agripalma is a very small plantation with only 2,100 hectares planted, but on the scale of Sao Tome the plantation is one of the major economic players occupying 2.5% of the national territory, the largest employer with a workforce that represents more than 1% of the country’s active population and which provides more than 50% of the nation’s export volumes. It is therefore a small plantation that counts locally and is in the sights of everyone, authorities and NGOs alike, who want to ensure that we stay on the right track.
The conditions of the country mean that, in fact, almost all agriculture is carried out without the use of chemical fertilisers or pesticides, so almost all products from Sao Tome and Principe can be considered “organic” and this is an aspect that the current government would like to capitalise on by making Sao Tome the “organic” island par excellence. This approach makes a lot of sense because, on the one hand, production is limited to a few crops that must be developed as much as possible because the production potential is limited, without compromising the ecological character of the country. And, on the other hand, because the country’s port infrastructures are limited and therefore do not allow for the export of huge volumes. You will say that a port can be expanded, and this is true, but well beyond the port it means (re)developing the road network, storage areas, etc. This requires colossal investments that are beyond the financial capacity of the country. On the other hand, without entering into huge infrastructure projects, the country could already take measures that would have an immediate impact on its ecological image, among other things by freeing itself from its dependence on hydrocarbons and by revitalising the hydroelectric infrastructures or building small hydroelectric installations on the many rivers that exist in the country. The idea is not to build huge dams that would swallow up valleys whose flora and fauna must be preserved, but rather to build many small facilities that take advantage of areas with high gradients to serve local communities.
At the Agripalma level, we are also looking at ways to reduce our dependence on diesel, which currently represents a large part of our operating budget (as it does for most plantations like ours). Our oil mill requires steam, which is produced by a boiler that is fuelled exclusively by the by-products of the milling process, i.e. the fibres that remain after pressing the palm fruits. But the oil mill also requires electricity to power the motors of the machines and this is currently produced by generators. We also have a turbine that could theoretically produce the necessary electricity using steam as well, but (yes, there is unfortunately one, even two, snags)…
On the one hand, this requires constant high-pressure steam production, which is impossible at the moment because the boiler supply is irregular due to the fact that our oil mill has only one press (which supplies the fibres) whose operation is variable. Indeed, the press is fed manually and the operators take breaks from time to time (especially when there is no one around to “encourage” them). The steam pressure also varies according to the needs of the other machines (mainly sterilisers and clarification) which fluctuate constantly. We are currently considering solutions that would allow us to regulate the fibre supply in the boiler furnace and create an intermediate storage area and thus regulate the steam pressure, but while that would help the process it may not be sufficient to have a sufficiently steady steam pressure for the turbine.
On the other hand, the turbine can only operate when the oil mill is in full production, i.e. not during the start-up of the oil mill (which generally does not run for more than 12 hours a day) and/or during the shut-down period. It is therefore necessary to have a generator to ensure the power needs outside the hours of full production, which sometimes represents almost 50% of the time.
In addition to the turbine option, there is a fairly large river that runs not too far from the industrial facilities that could be used for electricity generation using the power of water. This is a project that is also being studied and would have the advantage of providing power 24 hours a day, including to neighbouring communities, and thus achieve several objectives in one step. At this stage we are still in preliminary studies, but I am confident that we will be able to, at least partially, eliminate our dependence on the plantation’s generators.
Let’s come back briefly to Sao Tome in general and this idea of making it an “organic” island. Probably because the population is quite small and the authorities are making efforts to keep the island clean, pollution is quite limited. However, when you walk on the beaches there is invariably an accumulation of various kinds of rubbish, including the presence of the universal plastic objects and bags of all kinds. For me, one of the first steps the country’s government should take is to ban all forms of disposable plastic in the country. This is not a utopian measure, as plastics have been banned for almost 15 years in a country like Rwanda, which certainly cannot be called rich, and which does not have the advantage of being able to control its borders as easily as Sao Tome and Principe. The environmental impact for the country would be enormous and the removal of plastics will certainly not harm tourism, which is primarily ecological. I had a vague idea of starting such an idea on an Agripalma scale to begin with, but with all the people coming and going from outside the plantation and the lack of control we have over this makes it quite utopian… for the time being.
A large part of the plantation’s fuel consumption also comes from vehicles, mainly the tractors and trucks used to transport production and staff. In addition to the transport itself, the access roads have to be maintained, which also requires the transport of laterite and excavating machinery, compressors, etc. A longer term idea would be to exploit the plantation’s water resources to produce hydrogen and use this to power our vehicles with fuel cells. Technologically all this is possible, but it is not an immediate solution and probably not something that will happen in my time at Agripalma. One idea I would like to pursue, however, is to install a “cable-way” or cable transport system much like a cable car, which would save us from maintaining roads and bridges, reduce the impact on the land (especially around small streams or protected areas) and should theoretically be much more fuel efficient. This system exists in various kinds of plantations around the world, but has not yet been tested on Socfin’s plantations and therefore requires a lot of preliminary work before deciding whether such a project makes sense. However, it should be possible to do this relatively quickly, so I hope to have the chance to see it here at Agripalma during my term of office, if it makes sense of course.
These are far from the only projects we are working on, but I would like to keep some of them for future newsletters, so if you are interested stay tuned.
Looking forward to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude