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Carburant – Fuel

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Nous en avons déjà parlé, à plusieurs reprises certainement, mais les besoins énergétiques d’une plantation comme la nôtre sont importants tant pour l’électricité nécessaire pour les maisons, bureaux et évidemment l’huilerie que pour le transport de la production de la plantation vers l’usine. Dans le cadre de notre certification RSPO (Table Ronde pour l’Huile de Palme Durable), l’un des critères concerne les économies d’énergie et les moyens mis en œuvre pour réaliser celles-ci. Même si ce n’est pas un des critères pris en compte pour notre certification organique, cette question est d’autant plus pertinente pour une plantation qui se veut « bio ». Donc, l’un de nos objectifs est d’identifier des moyens pour diminuer notre consommation énergétique et ici à Agripalma cela concerne principalement les carburants puisque notre électricité est elle-aussi produite par des générateurs thermiques.
Avant d’entrer dans le détail des objectifs et plans de notre plantation, il est peut-être intéressant de vous décrire la situation « énergétique » de Sao Tomé et Principe. L’on pourrait penser qu’avec son profil très accidenté et l’abondance de cours d’eau de toutes sortes, le moyen idéal et le plus « vert » pour produire l’électricité serait d’exploiter le potentiel hydro-électrique du pays. Celui-ci n’est pas inexistant mais les infrastructures existantes, ont été construites il y a plusieurs décennies et ont manqué d’entretien et d’investissements, elles sont donc largement insuffisantes pour répondre aux besoins du pays. Ainsi la plus grande partie des besoins électriques (plus de 90% si je ne me trompe) provient d’une série de générateurs fonctionnant au diesel. Ce carburant, importé depuis l’Angola, représente un besoin important en devises que le pays a bien du mal à trouver et qui est donc principalement financé par des aides internationales diverses. Cela représente, de fait, tous les besoins en carburant du pays, y compris pour les véhicules, dont le prix est, curieusement, abordable comparé à celui observé dans les pays Européens (1,22 Euro/litre de gasoil). Mais même cette aide a ses limites et récemment le pays s’est retrouvé sans essence à cause d’un défaut de paiement pour des livraisons déjà effectuées. Depuis que je suis arrivé à Agripalma je demande au responsable du magasin de compléter nos stocks chaque fois que c’est possible car nous ne sommes pas à l’abri d’une rupture de carburant plus importante dans le pays et sans « cagnotte » toutes nos opérations se retrouveraient à l’arrêt. Une information, non-officielle, circule disant que le quota de carburant disponible pour les générateurs du pays serait réduit de moitié, ce qui laisse présager des coupures de courant encore plus importantes que celles qui affectent déjà la capitale et les quelques bourgades reliées au réseau national.
L’année dernière, le gouvernement a annoncé qu’un appel d’offre serait lancé pour la réhabilitation des ouvrages hydro-électriques existants et pour la construction de 6 ou 7 nouvelles structures sur les deux rivières principales du pays. Ce projet semble toutefois avoir été interrompu pour le moment, selon certaines sources parce que les financements promis ne se sont pas matérialisés. Depuis un autre projet a vu le jour où des experts (européens) prônent la production d’électricité avec la biomasse tellement abondante dans le pays… Il est vrai que la végétation de l’île est luxuriante, mais de là à transformer celle-ci en biomasse utilisable pour la production énergétique il y a beaucoup de chemin à faire. Cela n’a pas empêché les « experts » de venir vers Agripalma, car nous utilisons les fibres (sous-produits du pressage des fruits de palme) pour alimenter nos chaudières à vapeur qui pourraient théoriquement alimenter une turbine (déjà existante) pour produire également de l’électricité. C’est une possibilité « théorique » car pour le moment, d’une part, notre chaudière n’est pas assez puissante (il faut produire de la vapeur à 20 bars en continu pour opérer la turbine et actuellement nous plafonnons à 15-16 bars) et, d’autre part, la quantité de fibres est directement proportionnelle à la production de la plantation, donc en période de faible production nous manquerions de combustible. Peu importe, les « experts » estiment que ce sont des détails et envisagent la possibilité d’alimenter toute la région en électricité avec notre turbine, il suffit d’augmenter la production, non ? Le fin mot de ces projets qui viennent et qui partent pourrait être beaucoup plus simple, l’un des actionnaires principaux de la société de distribution électrique de Sao Tomé est la société pétrolière qui fournit le carburant pour les générateurs. Ils ne sont donc pas particulièrement intéressés par le développement de technologies alternatives qui réduirait la dépendance du pays aux carburants fossiles.
Revenons à la situation d’Agripalma et des solutions qui peuvent être envisagées à notre échelle, sachant que notre politique énergétique est de chercher à « Réduire » nos besoins et notre consommation, « Remplacer » les sources actuelles par des solutions plus vertes et enfin « Recycler ou Réutiliser » là où c’est possible.
Réduire nos besoins est plus facile à dire qu’à faire car nous nous trouvons dans une situation de paradoxe qui va à l’encontre des bonnes pratiques recommandées en Europe. La durée de vie et le bon fonctionnement d’un générateur dépend de sa charge, un générateur qui fonctionne à une trop faible charge va rapidement se détériorer, donc arrêter les conditionnements d’air et éteindre les lumières dans les locaux non-occupés ou après le travail n’est pas une bonne idée. La solution pourrait être de passer à un générateur plus petit pour les périodes de faible consommation, mais cela augmente les quantités d’huile usagée de filtres à jeter, etc. sans compter les investissements nécessaires. A l’huilerie nous avons cette solution avec des gros générateurs utilisés pendant le fonctionnement de l’usine et un plus petit générateur quand il n’y a que les bureaux et habitations à alimenter. Nous remplaçons néanmoins petit à petit les éclairages par des lampes LED, l’achat de conditionnements d’air plus économiques, surtout pour éviter de devoir passer à des plus gros générateurs à cause de points de consommation en graduelle augmentation (c’est incroyable comme les solutions manuelles se font graduellement remplacer par des machines, comme par exemple la machine à haute pression pour le lavage des véhicules qui remplace le bon vieux seau et éponge).
Réduire notre consommation est un peu plus facile, j’ai commencé par arrêter le générateur qui alimente nos habitations la nuit. Les nuits ici ne sont pas trop chaudes et ne nécessitent pas de climatisation, donc pourquoi faire fonctionner un gros générateur pendant que tout le monde dort. Les seuls mécontents sont les agents de sécurité qui prétendent ne pas pouvoir bien « surveiller » dans le noir, mais comme je soupçonne qu’ils sont de toutes les façons eux aussi endormi peu de temps après (ou même avant) nous, cela ne fait pas une grande différence. Nous sommes aussi graduellement en train de relier tous les points de consommation électrique (habitations, bureaux, communautés) au même générateur de l’huilerie, ce qui, à terme, va nous permettre de supprimer deux générateurs et d’ainsi réduire notre consommation annuelle en gasoil de près de 54.000 litres (en plus des économies déjà réalisées en arrêtant le générateur du Parque Verde la nuit (environ 11.500 litres par an)… eh oui ça fait beaucoup de pleins !
Même si c’est très symbolique et jusqu’à présent n’a fait que peu d’émules (certainement pas parmi les autres expatriés) je contribue par une petite pierre à l’édifice en allant presque tous les jours au bureau en vélo au lieu de prendre la voiture. Cela économise néanmoins un peu plus de 200 litres de carburant par an, ce qui est mieux que rien, non ?
D’autre part, pour les véhicules en général, notre seule solution pour le moment pour réduire les besoins est de graduellement remplacer les engins plus âgés et moins performants par de nouveaux véhicules plus économiques et éviter de déplacer des véhicules vides ou seulement partiellement remplis, mais ici aussi cette solution a ses limites.
Remplacer les sources énergétiques est une entreprise de plus longue haleine. Comme expliqué ci-dessus nous produisons déjà la vapeur nécessaire à l’huilerie avec les déchets de l’usine et espérons un jour pouvoir utiliser cette source pour produire au moins une partie de notre électricité. Tout près de l’huilerie et des bureaux passe une rivière assez importante (le rio Mioba) sur laquelle nous envisageons de construire une ou plusieurs petites unités hydro-électriques qui pourraient au moins fournir l’électricité des bureaux, habitations et communautés, mais peut-être même l’huilerie durant les périodes de plus grande pluviométrie. Je me permets d’ouvrir une petite parenthèse pour m’interroger sur la dénomination de « rivière » car le Mioba se jette dans la mer et à l’école il me semble avoir appris que les cours d’eau qui vont à la mer sont des « fleuves ». Doit-on donc parler du fleuve Mioba ? Il a aussi été question d’utiliser l’huile de palme comme alternative au carburant fossile, mais je ne suis pas un très grand fanatique de cette « solution » car, d’une part, elle n’est pas vraiment intéressante d’un point de vue économique et, fait plus important, cela ne fait que déplacer le problème car il faudra produire plus d’huile (dans notre plantation ou ailleurs) pour compenser cette consommation énergétique d’un produit alimentaire, bio en plus.
Pour compléter cette discussion, nous pourrions également évoquer d’autres solutions telles que l’éolien (peu de vent chez nous), le solaire (les rendements risquent d’être peu intéressants vu la grande nébulosité de notre région), l’énergie marémotrice (à étudier, mais les marées ici ne sont pas très importantes) et enfin l’hydrogène (que nous pourrions produire avec l’énergie hydraulique pour alimenter des piles à carburant pour les véhicules, mais ce n’est pas pour tout de suite…). Avez-vous d’autres suggestions ?
Finalement recycler ou réutiliser, mis à part encore une fois les fibres utilisées pour l’alimentation des chaudières, les seuls produits qui pourraient être réutilisés ou recyclés sont les huiles moteurs usagées, que pour le moment nous nous contentons de stocker dans l’attente d’une utilisation éventuelle, probablement possible si nous investissons dans un système de filtrage performant ?
Bon, j’ai l’impression d’avoir fait un peu comme la confiture avec mes connaissances énergétiques : « moins on en a plus on l’étale », mais j’espère quand même ne pas avoir raconté trop de bêtises.
Comme d’habitude nous espérons très bientôt recevoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Pièges à rats – Rat traps
Appel matinal – Morning muster
Notre Titine – Our little car
En route pour Mucumbli – On the road to Mucumbli
Réunion de pêcheurs – Fishermen meeting
Notre pavillon à Mucumbli – Our cottage in Mucumbli
Textures

We have already writtenabout it, probably several times, but the energy needs of a plantation like ours are important both for the electricity needed for the houses, offices and of course the oil mill, and for the transport of the production from the plantation to the mill. As part of our RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil) certification, one of the criteria is energy savings and the means used to achieve them. Even though this is not one of the criteria taken into account for our bio certification, this issue is all the more relevant for a plantation that strives to be “organic”. So, one of our objectives is to identify ways to reduce our energy consumption and here at Agripalma this mainly concerns fuels since our electricity is also produced by thermal generators.
Before going into the details of our plantation’s objectives and plans, it is perhaps interesting to describe the “energy” situation of Sao Tome and Principe. One might think that with its very hilly profile and the abundance of all kinds of waterways, the ideal and “greenest” way to produce electricity would be to exploit the hydroelectric potential of the country. This potential is not non-existent, but the existing infrastructures were built several decades ago, have lacked maintenance and investment, and are therefore largely insufficient to meet the country’s needs. Thus, most of the electrical needs (more than 90% if I am not mistaken) come from a series of generators running on diesel. This fuel, imported from Angola, represents a significant need for foreign currency that the country has great difficulty in finding and which is therefore mainly financed by various international aids. This concerns, in fact, all the country’s fuel needs, including for vehicles, whose price is, curiously, affordable compared to that observed in European countries (1.22 Euro/litre of diesel). But even this aid has its limits, and recently the country was left without petrol due to a default in payment for deliveries already made. Since my arrival at Agripalma I have been asking the warehouse manager to top up our fuel stocks whenever possible, because we are not immune to a more serious fuel shortage in the country and without a “stash” of some sorts all our operations would come to a halt. Unofficial information is circulating that the quota of fuel available for the country’s electricity network generators has been cut in half, which suggests even more frequent and prolonged power cuts than those already affecting the capital and the few towns connected to the national grid.
Last year, the government announced that a tender would be launched for the rehabilitation of existing hydroelectric structures and the construction of six or seven new structures on the country’s two main rivers. However, this project seems to have been put on hold for the time being, according to some sources this is because the promised funding did not materialise. Since then, another project has been launched where (European) experts are advocating the production of electricity from the biomass that is so abundant in the country… It is true that the island’s vegetation is lush, but there is a long way to go from transforming it into biomass that can be used for energy production. This did not stop the “experts” from coming to Agripalma, as we use the fibres (by-products of palm fruit pressing) to fuel our steam boilers which could theoretically power a turbine (already existing but not commissioned) to produce electricity as well. This is a “theoretical” possibility because for the time being, on the one hand, our boiler is not powerful enough (we need to produce steam at a steady 20 bars to operate the turbine and currently we are limited to 15-16 bars) and, on the other hand, the quantity of fibre is directly proportional to the plantation’s production, so in periods of low production we would run out of fuel. Anyway, the “experts” think that these are details and seriously consider the possibility of supplying the whole region with electricity with our turbine by installing a larger boiler, we just need to increase our production, right? The bottom line of these projects apparently never being realised could be much simpler, one of the main shareholders in the Sao Tome electricity distribution company is the oil company that supplies the fuel for the generators. So they are not particularly interested in developing alternative technologies that would reduce the country’s dependence on fossil fuels.
Let’s go back to Agripalma’s situation and the solutions that can be envisaged at our scale, knowing that our energy policy is aiming to “Reduce” our needs and consumption, “Replace” the current sources with greener solutions and finally “Recycle or Reuse” where possible.
Reducing our needs is easier said than done, as we are in a paradoxical situation that goes against good practice recommended in Europe. The life and good functioning of a generator depends on its load, a generator that runs at too low a load will quickly deteriorate, so turning off air conditioning and turning off lights in unoccupied rooms or after work is not a good idea. The solution could be to switch to a smaller generator for periods of low consumption, but this increases the amount of used oil, filters to be disposed of, etc., not to mention the investment required. At the oil mill we have this solution with large generators used during the operation of the factory and a smaller generator when only the offices and houses are to be supplied. We are nevertheless gradually replacing lighting with LED lamps, buying more economical air conditioning, especially to avoid having to switch to larger generators because of gradually increasing consumption points (it’s amazing how manual solutions are gradually being replaced by machines, such as the high-pressure machine for washing vehicles that replaces the good old bucket and sponge).
Reducing our consumption is a bit easier, I started by turning off the generator that powers our homes at night. Nights here are not too hot and don’t need air conditioning, so why run a big generator while everyone is sleeping. The only people who are unhappy are the security guards who claim they can’t “watch” well in the dark, but as I suspect they too are asleep shortly after (or even before) us anyway, it doesn’t make much difference. We are also gradually connecting all the electricity consumption points (homes, offices, communities) to the same generator at the oil mill, which will eventually allow us to eliminate two generators and thus reduce our annual diesel consumption by about 54,000 litres (in addition to the savings already made by shutting down the Parque Verde generator at night (about 11,500 litres per year)… yes, that’s a lot of fuel!
Even if it’s very symbolic and so far has not been much followed by others (certainly not among other expats) I contribute a small pebble to the mound by going almost every day to the office by bike instead of taking the car. This saves a little over 200 litres of fuel per year, which is better than nothing, isn’t it?
On the other hand, for vehicles in general, our only solution at the moment to reduce the need is to gradually replace older and less efficient vehicles with new, more economical ones and avoid moving empty or only partially filled vehicles, but here again this solution has its limits.
Replacing energy sources is a longer-term undertaking. As explained above, we already produce the steam needed for the oil mill from the mill’s waste and hope one day to be able to use this source to produce at least some of our electricity with the turbine. Close to the oil mill and offices there is a fairly large river (the Rio Mioba) on which we are considering building one or more small hydroelectric units that could at least provide electricity for the offices, homes and communities, but perhaps even the oil mill during periods of higher rainfall. There was also talk of using palm oil as an alternative to fossil fuel, but I am not a big fan of this “solution” because, on the one hand, it is not really interesting from an economic point of view and, more importantly, it only shifts the problem because more oil will have to be produced (on our plantation or elsewhere) to compensate for this energy consumption of a food product, and an organic one at that.
To complete this discussion, we could also mention other solutions such as wind power (little wind here), solar power (the yields are likely to be unattractive given the high cloud cover in our region), tidal power (to be studied, but the tides here are not very important) and finally hydrogen (which we could produce with hydraulic power to power fuel cells for vehicles, but this is not for the near future…). Do you have any other suggestions?
Finally recycling or reusing, apart from the fibres used to feed the boilers, the only products that could be reused or recycled are used engine oils, which for the time being we are content to store until they can be used, probably if we invest in a powerful filtering system?
Well, I have the impression that I have done a bit like the jam with my energy knowledge: “the less you have the more you spread it”, but I hope I have not spoken too much nonsense.
As usual, we hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

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