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Sao Tomé, comme sans doute beaucoup d’autres pays dans le monde aujourd’hui, est confronté à une augmentation très importante du coût de tous les produits de consommation allant de la nourriture à l’énergie. Cette augmentation, qui a été initiée pendant la période du Covid, est à présent exacerbée par la guerre en Ukraine et affecte tant la disponibilité des produits que leur prix, qui dans certains cas ont plus que doublé.
Ce qui suit est probablement une répétition d’idées déjà partagées précédemment, je ne m’en souviens plus trop et si c’est le cas désolé pour le manque d’originalité…
Sao Tomé n’est pas très grand avec ses 1.000 km², mais ne dispose d’aucun moyen de déplacement qui ne soit pas dépendant d’énergie fossile, que ce soit voitures, minibus ou moteurs hors-bord pour les bateaux. La taille de l’île est juste trop grande pour envisager des déplacements à pied ou à vélo (surtout à cause des nombreuses dénivellations) et dépend donc de carburants importés principalement depuis l’Angola. Il est question de commencer des travaux d’exploration de pétrole au large de l’île de Sao Tomé, mais ce n’est probablement pas un projet qui va générer des résultats avant de nombreuses années (si cela aboutit) ce qui fait que dans l’immédiat le pays reste tributaire d’apports énergétiques extérieurs. Les seules ressources en devises du pays sont l’exportation de quelques produits agricoles (huile de palme, cacao, coco, poivre, vanille) et le tourisme, mais cela ne représente qu’une petite fraction des besoins du pays qui importe quasi tout ce qu’il consomme à l’exception de poisson, de fruits à pain et de vin de palme. Les touristes sont de plus en plus nombreux dans l’île, surtout en cette saison et maintenant que les restrictions de voyage sont largement supprimées, tous s’attendent à pouvoir louer une voiture pour explorer le pays et avoir de l’électricité dans leurs lieux de villégiature, pour lesquels il faut du carburant, ce qui ne fait qu’accentuer les besoins de carburant.
Cette question de carburant est également très pertinente pour notre plantation, tous nos besoins (transport, électricité, cuisine) sont tributaires d’énergie fossile et importée. Cette question n’est pas anodine car si nous souhaitons réellement développer des plantations durables au-delà des prochaines décennies nous devrons trouver d’autres solutions à nos besoins énergétiques. Les besoins d’électricité pour l’huilerie, les bureaux et les habitations sont probablement les plus aisés à résoudre car outre que la biomasse qui résulte du processus d’extraction de l’huile de palme permet théoriquement de produire la vapeur nécessaire pour faire fonctionner une turbine, nous sommes aussi entourés de cours d’eau où il devrait être possible d’aménager des systèmes hydro-électriques d’une capacité suffisante pour répondre à tous nos besoins.
Un problème plus épineux est celui de la mobilité et/ou transports, pour lequel il existe des idées mais qui ne sont pas aisées à mettre en œuvre ou, pour certaines, nécessitent encore des recherches et expérimentations qui vont prendre du temps. Dans cette lettre, je vais essayer d’étayer quelques idées qui pourraient (ou pas) un jour permettre de rendre Agripalma totalement indépendant d’énergies fossiles, voir même rendre la plantation et ses opérations réellement durable. Dans les développements dits “verts” qui sont largement promus dans le monde, ce sont généralement les solutions électriques qui sont mises en avant. Voyez le nombre de véhicules électriques ou hybrides qui sont offerts sur le marché, l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments ou les parcs d’éoliennes qui se multiplient dans nos paysages. Pourtant je ne crois pas que ce soit une solution à long terme car la production et surtout le stockage de toute cette électricité fait appel à des matières premières dont les ressources sont limitées, qui sont elles-même polluantes et vont générer un problème futur de recyclage (panneaux solaires, éoliennes et batteries) dont nous ne comprenons pas l’envergure.
L’un des besoins de transport le plus important dans notre plantation concerne l’évacuation de la récolte vers l’huilerie (jusqu’à 200 tonnes par jour) et dans une moindre mesure le transport des rafles et fibres (utilisés comme matière organique) vers la plantation. Une solution qui a été évoquée serait la mise en place d’une réseau de câbles sur lesquels seraient accrochés des wagonnets dont le déplacement serait assuré par des moteurs électriques alimentés par des petites centrales hydro-électriques. Ce principe de transport n’est pas nouveau et existe déjà dans diverses sortes de plantations (bananeraies, palmeraies à huile, etc.) mais dans le cas particulier d’Agripalma confrontée à un problème de topographie avec des déclivités trop importantes. Ce système de transport, un peu comme les trains, ne peut pas grimper ou descendre des pentes trop importantes sans installer des systèmes de crémaillères qui rendent les choses beaucoup plus compliquées et onéreuses. Nous n’avons toutefois pas renoncé à explorer cette solution potentielle qui devrait théoriquement nous permettre de remplacer une douzaine de tracteurs et camions représentant une consommation mensuelle de carburant de l’ordre de 3.000 à 4.000 litres. Outre la seule économie de carburant, un tel “cable-way” permet également de significativement réduire les coûts de maintenance de routes, construction ou réparation de ponts et est donc (théoriquement) une solution économique en plus d’être environnementalement attractive. Il suffit juste de trouver un moyen de contourner les pentes et/ou de les attaquer de manière innovante, sans pour cela mettre en place un système de téléphérique complet comme utilisé dans les alpes et autres réseaux de ski (encore que ceci pourrait peut-être solutionner le problème).
Pour les transports légers (voitures, motos, etc.) sur des distances plus importantes que celles faisable à bicyclette, encore une fois je ne crois pas que la solution à long-terme soit électrique, même si dans un premier temps cela pourrait être une solution de transition pour passer du fossile au renouvelable. A long terme, une solution pourrait être trouvée dans les piles à combustible pour lesquelles la source énergétique (entendez hydrogène) pourrait être produite localement utilisant encore une fois les abondantes ressources des cours d’eau de la plantation. Même si la technologie existe déjà, il est vrai que sa mise en application dans une plantation telle que la nôtre est encore un projet très distant, ce serait théoriquement une solution qui permettrait à la plantation d’être 100% autonome et renouvelable en énergie. Cette idée, si elle est faisable à l’échelle d’une plantation comme Agripalma, pourrait aussi être une solution pour le pays en général, mais ne verra probablement pas le jour dans un avenir immédiat compte tenu des intérêts que le gouvernement détient dans le système actuel. Cette réserve serait encore exacerbée si les explorations pétrolières devaient aboutir. Dans l’attente de tels développements nationaux nous pouvons continuer à rêver de solutions applicables à notre échelle et j’ose espérer que rapidement nous pourrons mettre en place nos premières micro-centrales hydro-électriques voire une solution pour le transport en plantation qui ne serait plus tributaire de tracteurs et camions, que ce soit par câble, rail ou autre système qu’il nous reste à découvrir.
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude
Sao Tome, like probably many other countries in the world today, is facing a very significant increase in the cost of all consumer products from food to energy. This increase, which was initiated during the Covid period, is now being exacerbated by the war in Ukraine and is affecting both the availability of products and their prices, which in some cases have more than doubled.
What follows is, according to Marie-Claude, a repetition of earlier posts. I do not exactly remember and if indeed this is just another version of the same ideas I will try to do better next time…
Sao Tome is not very large at 1,000 km², but has no means of travel that is not dependent on fossil fuels, be it cars, minibuses or outboard motors for boats. The size of the island is just too big to consider walking or cycling (especially because of the many hills) and therefore relies on imported fuels mainly from Angola. There is talk of starting oil exploration work off the island of Sao Tome, but this is probably not a project that will generate results for many years (if at all), so for the time being the country remains dependent on external energy supplies. The country’s only foreign currency resources are the export of a few agricultural products (palm oil, cocoa, coconut, pepper, vanilla) and tourism, but this represents only a small fraction of the country’s needs, as it imports almost everything it consumes except fish and breadfruit. The growing number of tourists on the island, especially at this time of year and now that travel restrictions have been largely lifted, all expect to be able to hire a car to explore the country and have electricity at their resorts, for which fuel is needed.
This fuel issue is also very relevant to our plantation because today all our needs (transport, electricity, cooking) are dependent on fossil and imported energy. This issue is not insignificant because if we really want to develop sustainable plantations beyond the next few decades we need to find other solutions to our energy needs. The electricity needs for the oil mill, offices and homes are probably the easiest to solve because besides the biomass that results from the palm oil extraction process theoretically allows us to produce the steam needed to run a turbine, we are surrounded by rivers where it should be possible to develop hydro-electric systems of sufficient capacity to meet all our needs.
The more difficult problem is that of mobility and/or transport, for which there are ideas but which are not easy to implement or, for some, still require research and experimentation which will take time. In this news item, I will try to develop some ideas that could (or not) one day make Agripalma totally independent from fossil fuels, or even make the plantation and its operations truly sustainable. In the so-called “green” developments that are widely promoted around the world, it is usually the electric solutions that are put forward. Look at the number of electric or hybrid vehicles on the market, the installation of solar panels on the roofs of buildings or the wind farms that are multiplying in our landscapes. However, I do not believe that this is a long-term solution because the production and especially the storage of all this electricity requires raw materials whose resources are limited, which are themselves polluting and which will generate a future recycling problem (solar panels, wind turbines and batteries) whose scope we do not understand.
One of the most important transport needs in our plantation is the evacuation of the harvest to the oil mill (up to 200 tons per day) and to a lesser extent the transport of empty fruit bunches and fibres (used as organic matter) to the plantation. One solution that has been suggested is to set up a network of cables on which wagons would be attached and moved by electric motors powered by small hydroelectric plants. This principle of transport is not new and has already existed in various types of plantations (banana plantations, oil palm plantations, etc.) but in the particular case of Agripalma, which is confronted with a problem of topography with excessively steep slopes, this solution is not readily applicable. This transport system, a bit like trains, cannot climb or descend steep slopes without installing rack systems, which make things much more complicated and expensive. However, we have not given up on exploring this potential solution, which should theoretically allow us to replace a dozen tractors representing a monthly fuel consumption of around 3,000 to 4,000 litres. In addition to the fuel savings alone, such a “cable-way” would also significantly reduce the costs of road maintenance, construction or repair of bridges and is therefore (theoretically) an economical solution as well as being environmentally attractive. It is just a matter of finding a way to get around the slopes and/or to tackle them in an innovative way, without setting up a complete system such as those used in the alps and other ski resoirts (although this could perhaps solve the problem).
For light transport (cars, motorbikes, etc.) over distances greater than those feasible by bicycle, again I do not think the long-term solution is electric, although initially it could be a transitional solution from fossil to renewable. In the long term, a solution could be found in fuel cells for which the energy source (i.e. hydrogen) could be produced locally, again using the plantation’s abundant water resources. Even if the technology already exists, it is true that its application in a plantation such as ours is still a very distant project, it would theoretically be a solution that would allow the plantation to be 100% autonomous and renewable in energy. This idea, if feasible on the scale of a plantation like Agripalma, could be a solution for the country in general but is unlikely to see the light of day in the immediate future given the interests that the government holds in the current system, which would be further exacerbated if oil exploration were to succeed. While waiting for such national developments we can continue to dream of solutions applicable to our scale and I dare to hope that soon we will be able to put in place our first micro hydro-electric power stations or even a solution for transport in plantations which would no longer be dependent on tractors and trucks, be it by cable, rail or other system which we have yet to discover.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude