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“De temps en temps” je dois abandonner mon vaste bureau de Fribourg pour retourner en plantation afin d’y expliquer la raison d’être du département dont je m’occupe et pour avoir une meilleure idée des problèmes et solutions spécifiques à la région. Mon dernier voyage en date était au Nigeria et plus spécifiquement dans l’état d’Edo où Socfin a une plantation de palmiers à huile et d’arbres à caoutchouc.
Mon départ a failli mal commencer car, peut-être trop confiant dans la ponctualité des avions, l’agent de voyage a organisé mon voyage de Genève à Lagos via Amsterdam avec seulement 50 minutes entre les deux vols. Sachant qu’à Amsterdam il faut passer un contrôle de douane, un contrôle de sécurité et que les portes pour les vols européens et africains sont à l’opposé l’un de l’autre (pas du couloir, mais de l’aéroport) j’ai jugé préférable de ne pas enregistrer de bagages. Nous avons déjà donné dans ce domaine et l’idée de passer une semaine en plantation sans avoir de quoi me changer… N’était pas tentante.
Pour aller à Genève, j’ai pris le train et là, sans surprise, je suis arrivé pile poil à l’heure (c’est généralement le cas avec les trains suisses) mais évidemment beaucoup trop tôt pour mon avion (je préfère prévoir un petit peu de marge, on ne sait jamais). Pendant que j’attendais que la porte d’embarquement pour Amsterdam soit affichée, une hôtesse est venue me trouver pour me signaler que l’avion que je devais prendre était annoncé avec du retard (déjà que je me préparais à courir s’il était à l’heure) et qu’il était donc probable que je ne puisse pas avoir la correspondance vers Lagos… Heureusement la dame ne venait pas les mains vides et m’a proposé de voyager via Paris, ce qui me ferait arriver un peu plus tard à Lagos mais sans devoir courir pour attraper ma correspondance. Elle me proposait cette solution parce qu’elle avait noté que je n’avais pas de bagages enregistrés, sinon cela n’aurait pas été possible. Petite note pour l’avenir: ne pas enregistrer de bagages si possible pour avoir l’option de changer d’itinéraire en cas de nécessité. La seule contrainte (eh oui, il y a toujours un couac) était que je devrais courir pour attraper le vol de Paris car la porte d’embarquement allait fermer dans 15 minutes… J’ai donc dû quand même courir un peu (pas trop car l’aéroport côté UE n’est pas très grand). Et ai même pensé à prévenir mes collègues du Nigeria que j’arriverais une heure plus tard que prévu, de Paris, au lieu d’Amsterdam. Comme le plan était que je passe la nuit à Lagos, cela n’avait pas une trop grave incidence sur le programme pour la suite. A part cela, le voyage c’est déroulé sans encombre et je suis bien arrivé à Lagos, si ce n’est avec un retard supplémentaire (Air France n’est pas la CFF – chemin de fer suisse) et il était donc près de minuit quand j’ai finalement pu me glisser dans mon lit.
Nuit qui fut courte car il fallait déjà quitter l’hôtel à 5h30 pour retourner à l’aéroport (domestique cette fois) prendre un vol intérieur vers Benin City dans l’état d’Edo. L’aéroport domestique de Lagos accueille une quinzaine de lignes qui se concurrencent sur une multitude de destinations, mais malgré cela les vols sont complets et il faut faire ses réservations bien à temps si l’on veut s’assurer une place dans l’un des vols. Dans mon cas, une compagnie récente (Green Africa), qui opère de relativement petits avions à hélice, nous a amené à Benin City en respectant scrupuleusement l’horaire.
A l’aéroport de Benin un chauffeur et deux policiers armés de sulfateuses nous attendaient pour faire la route jusqu’à la plantation. “Nous”, car dans l’avion qui nous a amené de Lagos, il y avait également trois consultants de Earthworm Foundation, EF est une organisation qui fait des audits indépendants sur la gestion des aspects sociaux et environnementaux des plantations du groupe Socfin. La présence de policiers armés dans les véhicules de la société est nécessaire non seulement à cause des risques de kidnapping assez significatifs dans la région, mais aussi parce que cela évite d’être arrêté aux barrages sur la route et les demandes d’argent etc. qui s’en suivent.
Ce n’est pas la première fois que je viens au Nigeria, et une partie de la route qui me fascine est la traversée du marché de Benin où un assortiment de produits frais, parfois inattendus, est exposé dans les échoppes le long de la route, dont des cages avec des animaux vivants (poules, canards, chèvres, moutons et chiens) et aussi des fruits parmi lesquels des pommes (qui sont forcément importées) à des prix tout à fait accessibles pour la population locale. Il est plus que probable que ces pommes arrivent au Nigeria par avion, ce qui pose la question de savoir comment cela peut être économique en comparaison avec les mangues, ananas et papayes produits localement?
La route jusqu’à la plantation (environ 1h30) est asphaltée et en relativement bon état (j’aurais tendance à dire en trop bon état car les chauffeurs se sentent obligés de pousser leurs voitures aux limites de leur potentiel et je me serais bien contenté d’une allure plus sénatoriale).
L’entrée de la plantation est contrôlée et seuls les véhicules et les personnes autorisés peuvent entrer dans la concession après avoir été enregistrés et leur nom vérifié sur une liste préétablie. La plantation comporte différents sites (résidentiels, bureaux, huilerie, usine de caoutchouc) qui sont chaque fois complètement fermés avec grillage, barbelés et gardes armés donnant l’impression d’arriver dans un complexe militaire. Partout il y a des pancartes signalant ce qui est autorisé, ce qui ne l’est pas, comment réagir en cas de situation d’urgence, limite de vitesse, sens de circulation, arrêts obligatoires, etc. et gare à celui qui ne respecte pas scrupuleusement les instructions (un peu comme en Suisse) avec des cameras partout qui relaient leurs images vers un centre tactique (TOC – Tactical Operations Centre) opérationnel 24h sur 24h. Dès que l’on sort de l’un des ces sites il est obligatoire d’être accompagné d’un policier armé.
Le site résidentiel comporte, outre les maisons d’habitation réparties dans un grand parc arboré, une piscine, une salle de sport, une salle de réception, un restaurant, un parcours de golf et un gîte avec une quinzaine de chambre plutôt spacieuses et confortables.
La plantation est plutôt grande avec près d’une heure de route pour aller des bureaux à l’usine à caoutchouc dans la principale plantation, mais une autre plantation de plus de 12.000 hectares de palmiers à huile se trouve à plus de 2h30 de route (asphaltée) du site principal. Dans chaque site il y a un héliport pour les cas d’urgences, mais je ne crois pas que ceux-ci aient beaucoup été utilisés jusqu’à ce jour.
Ma visite à consisté en beaucoup de réunions et de discussions, mais j’ai quand même eu l’occasion de faire quelques visites de terrain des complexes industriels et des différentes structures de la plantation. Malgré le fait que c’est la saison des pluies pour le moment et que de temps en temps il y a des grosses averses, j’ai réussi à passer entre les gouttes pour toutes les visites, sauf pour un ou deux des trajets entre ma chambre et le restaurant, mais la distance n’est pas très grande et la pluie est chaude.
Pour le retour vers Benin City, le scénario est le même, voiture avec policier armé et si le chauffeur avait pu mettre une sirène je crois qu’il aurait aimé pour pouvoir rouler encore un peu plus vite… Le vol jusque Lagos était avec une autre compagnie cette fois, Air Peace, dans un avion nettement plus gros (pas d’hélices cette fois) et bondé. Un avion qui manifestement avait déjà bon nombre d’heures au compteur et dont l’aménagement intérieur aurait pu bénéficier de petits travaux de rafraîchissements, par exemple pour réparer certains dossiers de fauteuils qui ne tenaient plus et reposaient sur l’heureux passager assis juste derrière. Je n’étais pas l’un des malheureux passagers à devoir supporter mon voisin de devant et heureusement car bon nombre de nigérians ou nigérianes sont assez amples de taille et de poids.
Compte tenu de la régularité douteuse de la majorité des vols intérieurs, par prudence il a été décidé que je passerais la nuit à l’hôtel avant de prendre le vol pour l’Europe le lendemain soir. J’en ai profité pour mettre à jour mes rapports et ma messagerie, ce n’était donc pas tout à fait du temps perdu, même si cela ne m’aurait pas déplu d’être à la maison un jour plus tôt.
Cette fois encore, j’avais un peu moins d’une heure pour changer de vol à Amsterdam, mais arrivant à 5h40 le matin il n’y a heureusement pas encore trop de monde au poste frontière et contrôle de sécurité, je suis donc arrivé à temps à la porte d’embarquement pour le vol de Genève, à l’autre bout de l’aéroport (qui n’est pas petit comme le savent ceux qui sont déjà passé par là) pour me rendre compte que, fatigue aidant, j’avais oublié mon sac à dos (avec portefeuille, clés de voiture, ordinateur et tout et tout) au contrôle de sécurité… un petit moment de solitude. Donc retraversée de tout l’aéroport, passage de la douane dans l’autre sens (après un moment de négociation) pour arriver au contrôle de sécurité où j’étais incapable de me souvenir via laquelle de 12 lignes j’étais sorti. Heureusement j’ai fini par récupérer mon bien, pour foncer à nouveau vers l’autre bout de l’aéroport, avec cette fois évidemment une file considérable à la douane.
Je suis malgré tout arrivé à l’embarquement pour le vol vers la Suisse à temps, mais totalement épuisé après une combinaison de vols de nuit où je n’ai pas réussi à dormir et une course stressée.
Inutile de vous dire que quand je suis finalement arrivé à la maison j’ai fait une sieste réparatrice…
Les voyages ça forme la jeunesse qu’ils disent ?!
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Les photos sont de Suisse, j’ai oublié de prendre des photos au Nigeria.
The pictures are from Switzerland, I forgot to take picture in Nigeria.
“From time to time” I have to leave my vast office in Fribourg to go back to the plantations to explain the raison d’être of the department I am in charge of and to get a better idea of the problems and solutions specific to the region. My most recent trip was to Nigeria, and more specifically to the Edo State where Socfin has an oil palm and rubber tree plantation.
My departure almost got off to a bad start because, perhaps over-confident in the punctuality of the planes, the travel agent organised my trip from Geneva to Lagos via Amsterdam with only 50 minutes between the two flights. Knowing that in Amsterdam you have to go through a customs check, a security check and that the gates for European and African flights are opposite each other (not in the corridor, but in the airport) I thought it best not to check in any luggage. We’ve already given in this area and the idea of spending a week on a plantation without having anything to change into… was not tempting.
To get to Geneva, I took the train and, unsurprisingly, I arrived right on time (that’s usually the case with Swiss trains) but obviously much too early for my plane (I prefer to leave a little margin, you never know). While I was waiting for the boarding gate for Amsterdam to be displayed, a stewardess came to find me to tell me that the plane I was due to take had been announced late (I was already preparing to run if it was on time) and that it was therefore likely that I would not be able to get the connection to Lagos… Fortunately, the lady didn’t come empty-handed and offered me to travel via Paris, which would mean I’d arrive a little later in Lagos but without having to run to catch my connection. She offered me this solution because she had noticed that I didn’t have any checked baggage, otherwise it wouldn’t have been possible. A little note for the future: don’t check any luggage if possible, so that you have the option of changing your itinerary if you need to. The only constraint (yes, there’s always a hitch) was that I’d have to run to catch the Paris flight because the boarding gate was going to close in 15 minutes… So I still had to run a bit (not too much as the airport on the EU side of Geneva is not very big). And I even thought of telling my colleagues in Nigeria that I’d be arriving an hour later than planned, from Paris instead of Amsterdam. As the plan was for me to spend the night in Lagos, this did not have too serious an impact on the programme for the rest of the trip. Apart from that, the trip went off without a hitch and I arrived in Lagos fine, if only with an extra delay (Air France is not the CFF – Swiss railways) so it was nearly midnight when I was finally able to crawl into bed.
It was a short night, as we had to leave the hotel at 5.30am to get back to the airport (domestic this time) to catch a flight to Benin City in Edo State. Lagos domestic airport is home to around fifteen local airlines competing with each other for a multitude of destinations, but despite this, the flights are fully booked and you have to make your reservations well in advance if you want to secure a seat on one of the flights. In my case, a recent company (Green Africa), which operates relatively small propeller planes, got us to Benin City on time.
At Benin airport a driver and two policemen armed with machine guns were waiting for us to take us to the plantation. “We”, because on the plane that took us from Lagos, there were also three consultants from the Earthworm Foundation, EF is an organisation that conducts independent audits mainly on social and environmental issues of the Socfin group’s plantations. The presence of armed police in the company’s vehicles is necessary not only because of the significant risk of kidnapping in the region, but also because it avoids being stopped at roadblocks and the demands for money etc. that follow.
It’s not the first time I’ve been to Nigeria, and one part of the route that fascinates me is the crossing of the Benin market where an assortment of fresh produce, sometimes unexpected, is on display in the stalls along the road, including cages with live animals (chickens, ducks, goats, sheep and dogs) and also fruit including apples (which are inevitably imported) at prices quite affordable for the local population. It is more than likely that these apples arrive in Nigeria by plane, which raises the question of how this can be economical compared with locally produced mangoes, pineapples and papayas?
The road to the plantation (about 1h30) is asphalted and in relatively good condition (I’d be inclined to say too good because the drivers feel obliged to push their cars to the limits of their potential and I’d have been happy with a more senatorial pace).
The entrance to the plantation is controlled and only authorised vehicles and people can enter the concession after being registered and their names checked against a pre-established list. The plantation comprises various sites (residential, offices, oil mill, rubber factory), each of which is completely enclosed with fencing, barbed wire and armed guards, giving the impression of entering a military complex. Everywhere there are signs indicating what is authorised, what is not, how to react in an emergency situation, speed limits, direction of traffic, compulsory stops, etc. And beware of anyone who does not scrupulously respect the instructions (a bit like in Switzerland), with cameras everywhere relaying their images to a tactical operations centre (TOC) that is operational 24 hours a day. As soon as you leave one of these sites, you must be accompanied by an armed police officer.
As well as the houses, which are set in a large wooded park, the residential site includes a swimming pool, a sports hall, a function room, a restaurant, a golf course and a lodge with around fifteen spacious and comfortable bedrooms.
The plantation is quite large, with almost an hour’s drive from the offices to the rubber factory on the main plantation, but another plantation of over 12,000 hectares of oil palm is over 2 and a half hours’ drive (asphalted) from the main site. Each site has a helipad for emergencies, but I don’t think these have been used much to date.
My visit consisted of a lot of meetings and discussions, but I still had the opportunity to make a few field visits to the industrial complexes and the various structures of the plantation. Despite the fact that it is the rainy season at the moment and there are heavy showers from time to time, I managed to get through between rainfalls on all the visits, except for one or two of the journeys between my room and the restaurant, but the distance isn’t very great and the rain is warm.
On the way back to Benin City, the scenario was the same: a car with an armed policeman, and if the driver had been able to put on a siren I think he would have liked to be able to drive even faster… The flight to Lagos was with another airline this time, Air Peace, in a much bigger plane (no propellers this time) and packed. A plane that obviously already had a good number of hours on the clock and whose interior layout could have benefited from a little refurbishment, for example to repair some seat backs that were no longer holding and were resting on the lucky passenger seated just behind. I wasn’t one of the unfortunate passengers who had to put up with my neighbour in front, and fortunately I wasn’t, as many Nigerians are quite large and heavy.
Given the dubious regularity of most domestic flights, it was decided that I would spend the night in a hotel before taking the flight to Europe the following evening. I took the opportunity to update my reports and email, so it wasn’t a complete waste of time, although I wouldn’t have minded being home a day earlier.
This time again, I had just under an hour to change flights in Amsterdam, but arriving at 5.40 in the morning there are fortunately not yet too many people at the border and security checkpoints, so I arrived in time at the boarding gate for the Geneva flight, at the other end of the airport (which is not small, as anyone who’s been there knows), only to realise that, tired as I was, I’d forgotten my rucksack (with wallet, car keys, computer and all) at the security checkpoint. . a little moment of solitude. So I went through the whole airport again, passed through customs in the other direction (after some negotiations) and arrived at the security checkpoint where I couldn’t remember which of the 12 lines I had exited from. Fortunately I managed to get my belongings back, and headed off again towards the other end of the airport, this time of course with a long queue at customs.
I still managed to board the flight to Switzerland on time, but I was totally exhausted after a combination of night flights where I didn’t manage to sleep and a stressful run.
Needless to say, when I finally arrived home I had a restorative nap…
They say that travelling makes you young!
See you soon,
Marc & Marie-Claude