Plutôt que de parler caoutchouc comme le titre de ces nouvelles le suggère, nous devons évidemment commencer par vous souhaiter un très Joyeux Noël. Comme certains d’entre vous nous l’on fait remarquer, nos nouvelles ne sont plus aussi régulières qu’avant et donc nous ferions bien d’aussi vous souhaiter une Bonne et Heureuse Année 2024. Le but de cette missive n’est pas de vous donner une leçon sur la culture de l’Hévéa, arbre à caoutchouc, mais bien de vous raconter (entre autres) mes dernières aventure africaines qui m’ont amené au Libéria dans des plantations produisant du caoutchouc. Je n’avais pas encore été au Libéria, c’ était donc une découverte pour moi tant du point de vue du pays que de la culture de l’arbre à caoutchouc que je ne connais pas aussi bien que celle du palmier à huile. Le Libéria est un pays un peu spécial car il est le résultat d’une initiative de l’American Colonization Society, instituée en 1816, pour gérer le “problème” du nombre croissant de noirs libres et/ou anciens esclaves en les réinstallant en Afrique. Le Libéria a été fondé en 1847, malgré la résistance de tribus locales, et a déclaré son indépendance en 1874, devenant ainsi le deuxième état noir indépendant avec Haïti qui avait accédé à son indépendance 70 ans plus tôt. Le lien du Libéria avec les Etats-Unis est resté assez étroit avec un drapeau national inspiré de celui des USA, dont la différence principale est qu’il ne comporte qu’une seule étoile. Le flux de noirs américains vers le Libéria est toutefois resté beaucoup plus modeste que ce qui avait été imaginé et à ce jour les “immigrés” ne représentent que 5% de la population du pays. Mais bon, le but de ces nouvelles n’est pas de vous parler de l’histoire du pays, mais plutôt de partager l’expérience de ma visite. Visite assez courte, car je n’y suis resté qu’une semaine durant laquelle j’ai visité deux plantations de caoutchouc de notre groupe. Arrivé en soirée depuis Bruxelles, j’ai passé ma première nuit dans un hotel près de l’aéroport de Monrovia, très confortable mais comme souvent en Afrique avec plein de petites finitions qui ont été oubliées où dont les réparations en entretiens n’ont pas été faits. Ainsi le robinet n’est plus tout à fait solidaire du lavabo, la sécurité de la porte ne tient plus que par la force du saint esprit et toutes les lumières ne fonctionnent plus vraiment (sauf si on aime l’ambiance disco). Le lendemain, nous avons pris la route vers l’une des plantations et la première heure était plutôt impressionante sur une route asphaltée sans la moindre trasse de dégradation ou de nid de poule. Mais une fois arrivé à Buchanan, à une petite heure de route à l’est-sud-est de Monrovia, la route change dramatiquement et ressemble plus aux pistes du Congo avec ses trous et bourbiers…. Les villages sont eux aussi très fort comme au Congo, principalement des petites maisons en pisé avec toits en matière végétale et une animation d’enfants, animaux et autres créatures qui courent aux alentours. La différence majeure est l’accès à l’eau avec un peu partout des forages avec pompe manuelle qui fournit, parait-il, une eau tout à fait potable. Le long de cette piste il y a une voie de chemin de fer qui semble plutôt bien entretenue et qui sert à acheminer les minerais vers l’acierie d’Acelor Mital située au bord de la mer pas loin de Buchanan. Dans les villages que nous avons traversé il y a beaucoup d’entroits où les billes de chemin de fer usagées sont utilisées pour diverses constructions ou palissades. La plantation elle-même, située à environ 130km à vol d’oiseau à l’est de Monrovia, est une ancienne implantation avec beaucoup d’aspects propres aux développements datant des années 1950 avec parcours de golf, club house, belles résidences et toute une infrastructure de vie autonome. La plantation dispose de ses propres écoles où le curiculum est dispensé par des enseignants payés par la plantation. Beaucoup d’enfants des communautés voisines cherchent à profiter de ces écoles dont le niveau est nettement meilleur que les écoles d’état dans les villages perimetraux. La plantation dispose également d’un hopital, en principe accessible à tous et gratuit pour les employés et leur famille, mais il est probable que beaucoup de personnes extérieures se fassent passer pour des membres de la famille des employés pour bénéficier de soins et de médicaments gratuits. La plantation elle-même comporte plus de 12.000 ha plantés avec une usine de traitement qui est également alimentée par le caoutchouc produit par de petits planteurs voisin et a donc une portée beaucoup plus vaste que la seule plantation de Socfin. C’est aussi la seule plantation du groupe qui dispose actuellement d’une alimentation hydroélectrique, même si pendant la saison sèche, tout comme de nombreuses autres plantations, elle fonctionne avec l’aide de générateurs. Ma deuxième destination était une beaucoup plus petite plantation, seulement 4.400 ha, située près de Weala au nord-est de Monrovia. Pour y arriver il faut traverser une immense plantation qui appartient à Firestone, également de caoutchouc, qui laisse supposer qu’au Liberia c’est vraiment une agro-industrie dominante. Cette deuxième plantation ne dispose pas d’usine et tout le caoutchouc frais doit donc être transformé à l’extérieur, soit dans l’autre plantation du groupe quand l’accès routier le permet, soit dans une des usines concurrentes situées pas trop loin de Weala. Cette petite plantation a clairement connu des jours meilleurs car hormis les vestiges de l’usine, une grande partie des maisons de cadres sont inoccupées et les infrastructures sont manifestement en manque d’investissements. Par contre, la maison de passage, outre le fait qu’elle était très confortable, disposait d’une salle de gymnastique avec tous les appareils imaginables. Le responsable de la maison m’a dit que les visiteurs étaient peu fréquents, un par mois dans les meilleurs des cas, et que les employés locaux n’utilisaient pas la salle de gym… à se demander qui a investit dans un matériel aussi élaboré… Sur la route de retour nous nous sommes trouvés bloqués derrière une série de poids lourds embourbés et mon chauffeur a donc essayé de passer par le côté. Mais c’était sans compter sur les villageois qui y ont vu une occasion pour se faire un peu d’argent et avaient érigé des barrières avec péage tous les 10-20m. Même les motos avec leurs passagers (parfois jusqu’à 4 passagers sur une moto…) devaient s’acquitter d’un petit billet pour pouvoir poursuivre leur route. Je suis finalement arrivé à bon port et rentré en Europe sans encombre malgré le fait qu’à l’aéroport nombre de personnes (contrôle de sécurité, contrôle sanitaire, douane, etc.) m’ont suggéré que ce serait bien de contribuer à leur bien-être en cette période de fin d’année. Nous vous souhaitons encore une fois de très bonnes fêtes et espérons avoir de vos nouvelles bientôt, Marc & Marie-Claude
Rather than talking rubber, as the title of these news items suggests, we obviously have to start by wishing you a very Merry Christmas. As some of you have pointed out, our news isn’t as regular as it used to be, so we’d better also wish you a Happy New Year 2024. The purpose of this letter is not to give you a lesson in rubber tree cultivation, but to tell you (among other things) about my latest African adventure, which took me to Liberia to visit rubber-producing plantations. I had never been to Liberia before, so it was a new discovery for me, both in terms of the country and rubber tree cultivation, which I am not as familiar with as oil palm cultivation. Liberia is a rather special country because it is the result of an initiative by the American Colonization Society, set up in 1816, to deal with the ‘problem’ of the growing number of free blacks and/or former slaves by resettling them in Africa. Liberia was founded in 1847, despite resistance from local tribes, and declared its independence in 1874, becoming the second independent black state after Haiti, which had gained independence 70 years earlier. Liberia’s link with the United States has remained fairly close, with a national flag inspired by that of the USA, the main difference being that it has only one star. However, the flow of black Americans to Liberia has remained much more modest than had been imagined, and to date ‘immigrants’ account for just 5% of the country’s population. But anyway, the aim of these news items is not to tell you about the history of the country, but rather to share the experience of my visit. It was a fairly short visit, as I was only there for a week, during which I visited two of our group’s rubber plantations. I arrived in the evening from Brussels and spent my first night in a hotel near Monrovia airport, which was very comfortable but, as is often the case in Africa, full of little finishing touches that had been forgotten or not repaired or maintained. For example, the tap is no longer completely attached to the washbasin, the door is only secured by the power of the Holy Spirit and all the lights don’t really work any more (unless you like the disco atmosphere). The next day, we set off for one of the plantations and the first hour was rather impressive on a tarmac road without the slightest trace of damage or pothole. But once we arrived in Buchanan, a short hour’s drive east-south-east of Monrovia, the road changed dramatically and resembled more the tracks in the Congo, with its holes and quagmires…. The villages are also very much like in the Congo, mainly small adobe houses with thatched roofs and a bustle of children, animals and other creatures running around. The major difference is access to water, with hand-pump equiped boreholes almost everywhere, which are said to provide completely safe drinking water. Along this track there is a railway line which seems to be fairly well maintained and which is used to transport ore to the Acelor Mital steelworks on the seafront not far from Buchanan. In the villages we passed through, there are many places where used railway sleepers are used for various constructions or fences. The plantation itself, about 130km as the crow flies to the east of Monrovia, is an old settlement with many of the features of a 1950s development, including a golf course, clubhouse, beautiful residences and an entire infrastructure for independent living. The plantation has its own schools where the curriculum is taught by teachers paid by the plantation. Many children from neighbouring communities seek to benefit from these schools, which are of a much higher standard than the state schools in the perimeter villages. The plantation also has a hospital, which in principle is open to all and free to employees and their families, but it is likely that many outsiders pass themselves off as members of employees’ families in order to benefit from free treatment and medicines. The plantation itself comprises more than 12,000 ha planted with a processing plant that is also supplied with rubber produced by neighbouring smallholders and therefore has a much wider reach than Socfin’s plantation alone. It is also the only plantation in the group that currently has a hydroelectric power supply, although during the dry season, like many other plantations, it operates with the help of generators. My second destination was a much smaller plantation, just 4,400 ha, located near Weala to the north-east of Monrovia. To get there, you have to cross a huge plantation belonging to Firestone, also a rubber plantation, which suggests that Liberia really has a dominant rubber agro-industry. This second plantation has no factory, so all the fresh rubber has to be processed outside, either at the group’s other plantation when road access permits, or at one of the competing factories located not too far from Weala. This small plantation has clearly seen better days, as apart from the remains of the factory, many of the management staff houses are unoccupied and the infrastructure is clearly in need of investment. On the other hand, the guest house, apart from being very comfortable, had a gym with every imaginable piece of equipment. The manager of the house told me that visitors were infrequent, one a month at best, and that the local employees didn’t use the gym… makes you wonder who invested in such elaborate equipment… On the way back we found ourselves stuck behind a series of bogged-down lorries, so my driver tried to go round the side. But that was without counting on the villagers, who saw an opportunity to make a bit of money and had erected toll barriers every 10-20m. Even motorbikes with their passengers (sometimes up to 4 passengers on a motorbike…) had to pay a small ticket to be able to continue their journey. In the end, I arrived safely and made it back to Europe without a hitch, despite the fact that a number of people at the airport (security control, health control, customs, etc.) suggested that it would be nice to contribute to their well-being at this time of year. Once again, we wish you a very happy festive season and hope to hear from you soon, Marc & Marie-Claude
Cela fait longtemps que nous n’avons plus donné de nos nouvelles, nous le savons, et ce n’est pas parce que nous n’avons rien à partager. Alors voici un résumé de nos activités de ces derniers… mois (oh la honte de ne pas avoir écrit plus tôt). Tandis que je vous écris ces lignes, j’admire un paysage enveloppé de son manteau hivernal bien épais, mais probablement pas très chaud car c’est évidemment de neige que je parle et donc pas depuis l’Afrique. Pourtant, depuis nos dernières nouvelles j’ai encore fait plusieurs missions en Afrique et Asie du sud-est, dont je vous parlerai plus tard. Revenons d’abord à notre nid d’aigle helvétique dans son habit hivernal. Ce n’est pas la première neige cette année. Les premières chutes de neige sont arrivées fin novembre, mais on été suivies d’un fort redoux qui a tout fait disparaître, à l’exception des hauteurs autour de la maison. Cette fois, la météo nous annonce un temps froid plus persistant et les 25cm de neige sont donc susceptibles de ne pas fondre tout de suite. En fait pour le moment il continue de floconner et les escaliers et l’allée que j’ai dégagé à grand peine ce matin sont à nouveau blancs et “glissants”. Lorsque le soir tombe, nous avons l’impression de surplomber un village de noël avec tous les chalets couverts de blanc et les lumières chaudes qui luisent derrière les fenêtres. Notre vue est toutefois un petit peu encombrée pour le moment par un échafaudage supposé sécuriser la terrasse dont la rambarde a temporairement été enlevée. La terrasse, qui est aussi le toit des deux pièces principales du studio du bas, est une simple dalle en béton, pas très jolie à regarder d’en haut mais surtout pas tout à fait étanche, ce qui n’est pas idéal pour les pièces en-dessous. Nous avons donc décidé d’étanchéifier la dalle et d’en profiter pour la carreler, ce qui devrait résoudre les deux inconvénients d’un coup. Mais, il y a la législation suisse… en effet les quelques centimètre de haussement du sol de la terrasse font que la rambarde n’a plus la hauteur minimum réglementaire et l’entrepreneur qui fait la terrasse ne peut pas clôturer ses travaux sans corriger la hauteur de la protection autour de la terrasse. Nous voila donc embarqué dans plusieurs chantiers, la terrasse, la rambarde et l’aménagement intérieur du studio. Comme une partie des travaux se passe en extérieur, et sera donc probablement perturbé par le temps hivernal qui prévaut pour le moment, il n’est pas impossible que nous soyons encore en travaux pour un bon moment. Faire les balades avec notre chien par ce temps nécessite un équipement adéquat car dans les champs, où Willow aime faire ses galipettes, le vent aidant il y a 25-30cm de neige (voire plus) qui freine sérieusement la possibilité de courir à toutes jambes comme notre molosse aime le faire. Et quand il faut revenir vers le haut du champs, Willow a clairement l’air de dire que ce n’est pas si facile et que, tous comptes faits, c’est plus facile de marcher dans notre sillage… Je dois toutefois signaler que si c’est le cas en fin de promenade, au début de notre balade nous avons plutôt l’impression d’avoir adopté un kangourou tellement elle saute dans tous les sens pour marquer son enthousiasme. En principe aujourd’hui, samedi, nous aurions dû amener notre chien à l’école canine, qui se déroule dans une grande aire aménagée au milieu des champs à environ 30 minutes de chez nous. Toutefois les suisses ne semblent pas être très friands de sorties par temps hivernal et notre leçon a été annulée car nous étions les seuls avec un autre participant à avoir confirmé notre présence. Heureusement, Marie-Claude et moi restons mobiles par ce temps car nous avons une voiture quatre roues motrices et des pneus neige tout neufs. Je dis heureusement car pour arriver chez nous il faut gravir une petite route en pente et ensuite une allée qui elle aussi est relativement pentue, chose qui ne serait probablement pas faisable avec un véhicule qui ne serait pas avec traction sur toutes les roues et certainement pas sans bons pneus. Comme expliqué en début de nouvelles, mon nouveau travail nécessite de visiter les plantations du groupe et j’ai donc eu à faire plusieurs voyages dont un séjour de deux semaines en Indonésie et une semaine en Côte d’Ivoire. En Indonésie j’ai été au nord-Sumatra, où nous avons une dizaine d’implantations, y compris le siège situé à Medan qui était ma base de travail. L’Indonésie et le nord-Sumatra en particulier est une région où les plantations de palmiers à huile, Hévéa (arbre à caoutchouc) et rizières se suivent les unes derrière les autres et où quasi tout le monde est impliqué dans ces cultures d’une manière ou d’une autre. Le climat du nord-Sumatra est idéal pour des cultures comme le palmier à huile et l’Hévéa car il y fait toujours chaud, il pleut régulièrement et l’ensoleillement est optimal, ce qui permet de produire environ 7 tonnes d’huile à l’hectare, un rendement presque 10 fois supérieur aux autres cultures oléagineuses mais qui demande beaucoup de main d’œuvre. Nos plantations d’Indonésie sont à la pointe de nouveaux développements technologiques qui permettent d’améliorer la productivité des employés, mais il faudra encore beaucoup de temps avant que les opérations de récolte et d’entretien des palmiers puissent être mécanisées. Les nouvelles solutions culturales ne sont pas toutes technologiques, même si j’y ai vu l’utilisation de drones pour certaines opérations dans les champs et l’utilisation d’applications portables avec géolocalisation pour tous les enregistrements de données sur le terrain. Toutefois l’initiative qui m’a le plus fasciné est une collection de plantes médicinales et comestibles qui a été réalisée à l’initiative des épouses des employés et organisée dans une jardin botanique absolument magnifique. Les quelques 1.200 plantes médicinales et comestibles qui y sont cultivées, reproduites et distribuées sont toutes identifiées à l’aide de code QR qui permet de consulter des données telles que le nom (latin et locaux), l’origine, une description, son usage médicinal, etc. Le tout a d’ailleurs aussi été compilé dans un livre magnifiquement illustré, mais malheureusement disponible en indonésien seulement et (je crois) réservé aux employés de Socfindo. Non contentes d’avoir réalisé cette collection botanique, les initiatrices du projet se sont embarquées dans la fabrication de tisanes, savons, sorbets et autres produits sur base des plantes du jardin, encore à petite échelle mais avec l’ambition de permettre à toute personne intéressée par ces plantes de venir admirer, recevoir des conseils, goûter et quand possible recevoir des semences ou des boutures pour propager les plantes qui l’intéresse. Dans le jardin botanique il y a également des ruches de petites abeilles endémiques qui sont réputées ne pas piquer (ce qui n’est pas tout à fait exact) et productrices d’un miel au goût tout à fait inhabituel car un peu suret. Les abeilles rassemblent le miel dans ce qui ressembles à des petites outres et pour le goûter le visiteur est invité à sucer le miel directement depuis la ruche avec une petite paille (qui fait à peine 10cm) piquée dans la poche de miel. Les petites abeilles en profitent pour se mettre dans les cheveux et le cou du “voleur” et signalent leur courroux en piquant l’intrus, mais elles sont tellement petites que cela se sent à peine. Il paraît qu’une autre sorte de ces petites abeilles existe dans une autre partie du pays et que celle-là ne pique pas du tout, mais le jardin n’avait pas encore réussi à se procurer une de ces colonies. Le but premier de ma mission n’était évidemment pas de visiter la collection des plantes, mais c’est plus intéressant de vous parler de cela que de mes réunions sur les aspects de la conformité en gouvernance. Avant de créer la collection botanique, les épouses des employés de la société avaient déjà mis leurs ressources en commun pour créer un livre de recettes traditionnelles venant des employés qui ont des origines très diverses, sans compter que sans cela les cuisines locales traditionnelles sont en elle-même extrêmement variées et raffinées. Quand un visiteur comme moi arrive, c’est une excuse toute trouvée pour démontrer les talents culinaires de l’équipe en place et ici il ne s’agit pas d’un seul repas… Au petit déjeuner il y a au moins dix plats différents, toutes des spécialités (délicieuses) de l’un ou de l’autre et qu’il faut donc toutes goûter. A 10 heures une petite pause s’impose et est l’excuse pour présenter une nouvelle collection de choses à manger, encore que pour ces en-cas le choix est souvent plus “traditionnel” avec sandwiches, œufs durs, beignets et autres choses faciles à manger à la main (car parfois cette pause se fait durant la visite en plantation). A midi, c’est à nouveau un festin d’une multitude de plats cuisinés ou froids dont les couleurs et les arômes mettent l’eau à la bouche, mais qu’il faut TOUS goûter pour ne pas offenser les cuisinières (même si celles-ci ne partagent pas le repas à table avec nous). Et vous l’aurez deviné, le soir on remet cela avec un nouveau spectacle de plats différents des repas précédents, tous plus délicieux les uns que les autres. Ce festival des goûts et des couleurs n’est certainement pas pour me déplaire, mais même en ne prenant qu’une petite portion de chaque plat, au final cela représente un repas pantagruélique auquel je ne suis pas (plus) habitué et le résultat est que j’ai pris au moins 5 kilos pendant mon séjour en Indonésie. Ce qui m’a marqué le plus durant la visite de nos plantation indonésiennes, c’est la fierté de tous les employés dans le travail réalisé et le fait qu’ils considèrent Socfin comme étant “leur” société. Certains employés représentent la troisième génération de personnes ayant fait toute leur carrière dans la même société (souvent en changeant d’une plantation à l’autre pour disséminer leur expertise) et qui ne semblent pas envisager un instant qu’il n’en sera pas de même pour leurs enfants. Ma mission suivante (toute récente) était en Côte d’Ivoire où nous avons deux opérations. L’une des deux sociétés, SCC, est un peu particulière car elle ne dispose que d’une fabrique et pas de plantation. La matière première de l’usine, qui traite le caoutchouc, provient de petits planteurs indépendants qui sont établis dans la région dans un périmètre autour de l’usine. La société leur fournit une assistance technique, éventuellement des plants pour établir leur plantation, et achète leur production selon des critères de qualité et prix préalablement agréés. Il y a ainsi des milliers de petits planteurs qui livrent des fonds de tasse (terme qui désigne le caoutchouc qui s’est coagulé dans une tasse fixée sur le tronc de l’arbre pour récolter le caoutchouc qui coule de la saignée) à l’usine tous les jours. Pour des besoins de traçabilité et garantir que le caoutchouc ne provient pas de zones qui auraient été déboisé illégalement, toutes les plantations des ces villageois sont géolocalisées et la société sait quelle quantité de caoutchouc chaque planteur est capable de livrer, pour éviter d’acheter une production qui viendrait de zones non référencées. D’un point de vue “conformité” c’est une opération très intéressante compte tenu des nombreux conflits d’intérêt potentiels et zones de risque de corruption, mais la plantation manque un peu pour l’agronome en moi. L’autre opération, SOGB, est une plantation plus traditionnelle qui achète aussi la production de petits planteurs (d’hévéa et dans une moindre mesure de palmier à huile), mais qui dispose d’une grande plantation propre assez ancienne et (à mes yeux) particulièrement belle parce qu’elle n’a pas été plantée en blocs rectilignes mais plutôt avec des formes organiques qui suivent les courbures du terrain. L’hévéa est planté sur les hauteurs où les arbres ne risquent pas d’avoir les pieds dans l’eau, qui favoriserait la pourriture des racines, une des faiblesses de l’arbre à caoutchouc, tandis que le palmier à huile est planté dans les bas-fonds où il supporte d’avoir de temps en temps des zones inondées. La SOGB est située proche d’une réserve naturelle et fait de gros efforts pour protéger les zones naturelles situées dans la plantation, au point de licencier pour faute lourde toute personne qui ne fut-ce qu’entrerait dans les zones protégées sans autorisation. Le résultat des ces efforts est payant car une grande diversité d’animaux y ont élu domicile, y compris des fauves, éléphants et buffles, ces derniers en particulier étant assez dangereux et une excuse en soi pour ne pas s’aventurer dans leur territoire. Je ne suis pas un grand expert en faune africaine mais, le soir pendant que je partageais un verre avec des collègues sur la terrasse, j’ai entendu le cri caractéristique du Daman des arbres, petite créature que nous avions découvert lors de notre séjour dans le nord-Ubangui au Zaïre. Tous ces voyages ont leurs petites anecdotes, ainsi en route pour l’Indonésie j’ai fait escale à Singapour où j’ai eu le plaisir de passer un peu de temps avec mon cousin et son épouse, plus vu depuis plusieurs années, et un ancien collègue avec qui j’avais travaillé lorsque nous habitions à Singapour. En Côte d’Ivoire j’ai été logé à l’arrivée et au départ dans un hôtel près de l’aéroport, encore en construction véritable dédale dans lequel j’étais heureux de pouvoir suivre un employé pour me guider à travers l’hôtel pour trouver ma chambre. Le lendemain, j’ai erré pendant près d’un quart d’heure pour retrouver le chemin jusqu’à la réception car il n’y avait personne tôt le matin pour me mettre sur la bonne voie et je n’avais pas réalisé la veille (dans le noir) qu’il y avait plusieurs bâtiments, tous en travaux et tous identiques… Je suis rentré de mon dernier voyage via Bruxelles avec très peu de temps pour changer de vol et j’ai cru que je n’y arriverais jamais quand je suis arrivé au contrôle douanier où il devait y avoir un millier de personnes (principalement des africains) faisant la file devant la seule aubette avec un douanier présent. Après une demi heure de stress (je sais que cela ne sert à rien, mais voilà’ ce sont des choses qui arrivent) deux autres douaniers ont eu la bonne idée de venir renforcer leur collègue et surtout d’ouvrir une voie pour les passeports européen. Quand je suis, finalement, parvenu à la porte d’embarquement pour le vol sur Genève, il n’y avait plus personne à l’exception d’une hôtesse que je n’avais pas vu parce qu’elle devait ramasser quelque chose derrière son comptoir. Elle a eu la bonne grâce de bien vouloir me permettre d’encore monter à bord de l’avion où je suis entré juste avant que l’on ne ferme la porte… Comme je le disais plus tôt, pas besoin de stresser! Nous espérons avoir de vos nouvelles aussi. A très bientôt, Marc & Marie-Claude
We know it’s been a while since we’ve been in touch, and it is not because we have nothing to share. So here’s a summary of our activities over the last few… months (oh shame we did not write sooner). As I write these lines, I’m admiring a landscape wrapped in its thick winter coat, but probably not very warm because obviously it is snow that I am talking about and therefore not from Africa. However, since we last spoke I have been on several more missions in Africa and South-East Asia, which I will tell you about later in this newsletter. Let’s get back to our Swiss eagle’s nest in its winter garb. It is not the first snow this year. The first snowfalls came at the end of November, but were followed by a strong thaw that made everything disappear, except for the heights around the house. This time, the forecast is for more persistent cold weather, so the 25cm of snow may not melt immediately. In fact, it is still snowing at the moment and the stairs and driveway that I struggled to clear this morning are white and slippery again. As evening falls, we have the impression of overlooking a Christmas village, with all the chalets covered in white and the warm lights shining in the windows. However, our view is slightly obstructed at the moment by the scaffolding that is supposed to secure the terrace, the railing of which has been temporarily removed. The terrace, which is also the roof of the two main rooms in the studio below, is a simple concrete slab, not very pretty to look at from above, but above all not completely watertight, which is not ideal for the rooms below. So we decided to waterproof the slab and tile it, which should solve both problems at once. But then there’s Swiss legislation… because the terrace floor has risen a few centimetres, the railing no longer has the minimum height required by law, and the contractor who’s doing the terrace cannot complete his work without correcting the height of the protection around the terrace. So here we are, working on several projects: the terrace, the railing and the interior of the studio. As some of the work is taking place outside, and will therefore probably be disrupted by the winter weather that is prevailing at the moment, it is therefore not impossible that we’ll still be living on a construction site for quite a while. Going for walks with our dog in this weather requires suitable equipment, because in the fields, where Willow likes to do her somersaults, there is 25-30cm of snow (or even more), which seriously hampers the possibility of running at full speed as our hound likes to do. And when it’s time to return to the top of the field, Willow clearly seems to be saying that it is not that easy and that, all things considered, it is easier to walk in our wake… I should point out, however, that while this may be the case at the end of the walk, at the start of our stroll it is more like we have adopted a kangaroo, with her jumping up and down to show her enthusiasm. In principle, today, Saturday, we should have taken our dog to dog school, which takes place in a large area in the middle of fields about 30 minutes from our house. However, the Swiss don’t seem to be very keen on winter outings and our lesson was cancelled as we were the only ones and one other participant to have confirmed our attendance. Fortunately, Marie-Claude and I remain mobile in this weather as we have a four-wheel drive car and brand new snow tyres. I say fortunately because to get to our house we have to climb a small sloping road and then a driveway which is also relatively steep, something that probably wouldn’t be possible with a vehicle that didn’t have traction on all wheels and certainly not without good tyres. As explained at the beginning of the news, my new job requires me to travel to the group’s plantations, so I had to make several trips, including a two-week stay in Indonesia and a week in Côte d’Ivoire. In Indonesia, I went to North Sumatra, where we have around ten sites, including the head office in Medan, which was my base of operations. Indonesia, and North Sumatra in particular, is a region where oil palm plantations, rubber trees and rice paddies are planted one after the other, and where almost everyone is involved in these crops in one way or another. The climate in North Sumatra is ideal for crops such as oil palm and rubber, because it’s always warm, rains regularly and gets plenty of sunshine. This means that the plantation can produce around 7 tonnes of oil per hectare, almost 10 times more than other oil crops, but it’s very labour-intensive. Our plantations in Indonesia are at the cutting edge of new technological developments that are improving employee productivity, but it will still be a long time before palm harvesting and maintenance operations can be mechanised. The new cultivation solutions are not all technological, although I did see the use of drones for certain operations in the fields and the use of portable applications with geolocation for all data recording in the field. However, the initiative that fascinated me the most was a collection of medicinal and edible plants, created on the initiative of employees’ wives and housed in an absolutely magnificent botanical garden. The 1,200 or so medicinal and edible plants that are grown, reproduced and distributed here are all identified by QR codes, which can be used to consult information such as the name (Latin and local), origin, description, medicinal use, etc. The whole collection has also been made accessible to the public. All this has also been compiled in a beautifully illustrated book, but unfortunately only available in Indonesian and (I believe) reserved for Socfindo employees. Not content with having created this botanical collection, the initiators of the project have embarked on the production of herbal teas, soaps, sorbets and other products based on the garden’s plants, still on a small scale but with the ambition of enabling anyone interested in these plants to come and admire, receive advice, taste and, where possible, receive seeds or cuttings to propagate the plants they are interested in. In the botanical garden there are also hives of small endemic bees, which are reputed not to sting (which is not quite true) and produce a honey with a very unusual, slightly sour taste. The bees collect the honey in what look like little wineskins, and to taste it, visitors are invited to suck the honey directly from the hive with a small straw (barely 10cm long) stuck into the honey pouch. The little bees take advantage of this to get into the hair and neck of the “thief” and signal their wrath by stinging the intruder, but they are so small that you can hardly feel them. It seems that another type of these little bees exists in another part of the country and that this one does not sting at all, but the garden had not yet succeeded in obtaining one of these colonies. The primary purpose of my mission was obviously not to visit the plant collection, but it is more interesting to talk to you about that than about my meetings on the compliance aspects of governance. Before creating the botanical collection, the wives of the company’s employees had already pooled their resources to create a book of traditional recipes from employees of very diverse backgrounds, not to mention the fact that traditional local cuisines are in themselves extremely varied and refined. When a visitor like me arrives, it is a perfect excuse to show off the culinary talents of the team in place, and in this case it’s not just one meal… At breakfast, there are at least ten different dishes, all (delicious) specialities from one or other of the chefs, so you have to try them all. At 10 a.m. there’s a short break, which is an excuse to present a new collection of things to eat, although for these snacks the choice is often more “traditional” with sandwiches, hard-boiled eggs, doughnuts and other things that are easy to eat by hand (because sometimes this break is taken during the plantation tour). At lunchtime, it is another feast of a multitude of cooked or cold dishes, with mouth-watering colours and aromas, but ALL of which must be tasted so as not to offend the cooks (even if they don’t share the meal at table with us). And, as you might have guessed, in the evening we are back at it again with a new show of dishes, each more delicious than the last. I certainly don’t mind this festival of tastes and colours, but even if I only had a small portion of each dish, in the end it was a gargantuan meal that I am not (any more) used to, and the result was that I put on at least 5 kilos during my stay in Indonesia. What struck me most during my visit to our Indonesian plantations was the pride that all the employees take in the work they do and the fact that they consider Socfin to be ‘their’ company. Some employees represent the third generation of people who have spent their entire careers with the same company (often moving from one plantation to another to disseminate their expertise) and who do not seem to think for a moment that it will not be the same for their children. My next (very recent) mission was to Ivory Coast, where we have two operations. One of the two companies, SCC, is a bit unusual in that it only has a factory and no plantations. The raw material for the factory, which processes the rubber, comes from small independent planters who are established in the region within a perimeter around the factory. The company provides them with technical assistance, possibly plants to establish their plantations, and buys their production according to pre-agreed quality and price criteria. Thousands of small planters deliver their “fonds de tasse” (rubber that has coagulated in a cup fixed to the trunk of the tree to collect the rubber that flows from the tapping) to the factory every day. For traceability purposes, and to ensure that the rubber does not come from areas that have been illegally deforested, all the plantations belonging to these villagers are geolocated, and the company knows how much rubber each planter is able to deliver, so as to avoid buying production from areas that are not listed. From a ‘compliance’ point of view, this is a very interesting operation, given the many potential conflicts of interest and areas of possible corruption, but the absence of a plantation is missing for the agronomist in me. The other operation, SOGB, is a more traditional plantation that also buys production from smallholders (of rubber and, to a lesser extent, oil palm), but which has a large plantation of its own that is quite old and (to my mind) particularly beautiful because it was not planted in straight blocks but rather with organic shapes that follow the curves of the land. Rubber trees are planted on higher ground where there is no risk of their feet getting wet, which would encourage root rot, one of the rubber tree’s weaknesses, while oil palms are planted in low-lying areas where they can withstand the occasional flood. The SOGB is located close to a nature reserve and makes great efforts to protect the natural areas located on the plantation, up to the point of dismissing staff for gross misconduct if they enter the protected areas without authorisation. These efforts have paid off, as a wide variety of animals have taken up residence here, including animals of prey, elephants and buffalo, the latter in particular being quite dangerous and an excuse in itself not to venture into their territory. I’m no great expert on African wildlife, but one evening while sharing a drink with colleagues on the terrace, I heard the distinctive call of the Tree Daman, a small creature we had discovered during our stay in North Ubangi in Zaire. All these trips have their little anecdotes, so on my way to Indonesia I stopped off in Singapore, where I had the pleasure of spending some time with my cousin and his wife, whom I had not seen for several years, and a former colleague with whom I had worked when we lived in Singapore. In Ivory Coast I was accommodated on arrival and departure in a hotel close to the airport, still under construction, a veritable maze in which I was happy to be able to follow an employee to guide me through the hotel to find my room. The next day, I wandered around for almost fifteen minutes trying to find my way back to reception because there was no one there early in the morning to help me find my way and I had not realised the day before (in the dark) that there were several buildings, all under construction and all identical… I returned from my last trip via Brussels with very little time to change flights and I thought I’d never make it when I arrived at the customs checkpoint where there must have been a thousand people (mainly Africans) queuing up in front of the only ticket office with a customs officer present. After half an hour of stress (I know it’s pointless, but these things happen), two other customs officers had the good idea to come and reinforce their colleague and above all to open a lane for European passports. When I finally arrived at the boarding gate for the flight to Geneva, there was no-one left except for a stewardess I had initially not seen because she must have picking up something behind her counter. She was kind enough to allow me to board the plane again, and I got in just before the door closed… As I said earlier, no need to stress! We hope to hear from you too. See you soon, Marc & Marie-Claude