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Intimité – Privacy

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Un des paradoxes de notre vie ici à Mapangu est le fait que nous sommes isolés, notre voisine la plus proche (actuellement en vacances) est la directrice agronomique vivant dans une maison tout juste visible depuis la nôtre, mais que notre vie n’a de secret pour personne. Tant que nous restons à l’intérieur de la maison, compte tenu du fait que les gardiens ont généralement compris qu’il ne fallait pas venir trop près pendant leurs rondes pour éviter d’agacer Makala (notre chienne), nous avons la douce illusion de penser que nos voisins et en particulier les agents de sécurité qui nous gardent, ne savent pas trop ce que nous faisons. Cela, bien sûr sans compter sur le fait que le cuisinier/homme de maison a tendance à trouver quelque chose à faire dans les environs de l’endroit où vous avez une conversation au téléphone, ou que vous êtes devant l’ordinateur ou visionnez un film.
Mais il suffit de mettre le nez dehors, surtout nuitamment, pour observer la féérie de la voie lactée ou les éclairs d’un orage lointain (pas question d’envisager un petit pipi au clair de lune sans courir le risque d’être surpris en pleine action par un faisceau de lampe de poche) pour que nos mouvements soient notés et d’une manière ou d’une autre connu de tous ou presque. Heureusement tous ont plus ou moins compris que nous apprécions une certaine intimité et qu’il n’est pas indispensable de se manifester dès qu’ils nous voient sortir, mais cela n’empêche pas de nous savoir sous étroite surveillance.
Il en va de même pour mes sorties professionnelles, pas besoin d’informer mes collègues de ma destination le matin pour que tous sachent quasi instantanément où le DG a fait l’appel. Il n’y a pas vraiment de mystères à cela car, d’une part les gardiens de la Cathédrale ont une radio et je les ai déjà entendus signaler à leurs collègues que “le DG est en route” et, d’autre part, il en va de même des responsables en plantation qui sont tous munis d’une radio et peuvent donc communiquer aussi la position de l’un ou de l’autre. Généralement tout le monde sait que je ne circule pas avec une radio, encore que ma voiture est équipée d’un poste qui me permet (de temps en temps) d’écouter les échanges et de savoir quels sont les petits problèmes du moment (véhicule embourbé, effectifs présents à l’appel, ou position de l’un ou de l’autre), et cela me permet donc parfois d’avoir un échantillon des échanges qui me concernent (jusqu’à présent jamais “mauvais”).
Tout le monde sait aussi que j’ai du mal à refuser de recevoir des visiteurs au bureau, que ce soit un travailleur qui vient avec une doléance ou une personne extérieure qui vient présenter ses civilités, et comme par hasard il ne se passe pas beaucoup de temps après mon arrivée au bureau pour qu’une file d’attente se forme. Si je dois réellement me concentrer sur un travail, la seule solution est de travailler depuis la maison.
Si nous avons l’impression de ne pas vraiment avoir beaucoup d’intimité dans notre vie, sauf quand nous fermons les portes de notre maison, c’est probablement parce qu’ici cette notion est très différente. Je reçois régulièrement des travailleurs ou personnes extérieures qui viennent m’expliquer avec moult détails leurs problèmes personnels, que ce soit à propos d’évènements qui se sont passés à la maison ou pour exposer des plaies ou autres affections aux endroits les plus variés. Heureusement il y a malgré tout des limites aux descriptions ou expositions corporelles auxquelles j’ai droit, qui sont probablement dictées par la pudeur (très importante ici) et me permettent donc d’éviter des situations trop embarrassantes. Cela n’empêche que parfois les visiteurs viennent parce qu’ils estiment que d’une manière ou une autre je puis les aider à résoudre l’infidélité de leur épouse, les vagabondages de leurs progéniture, des complaintes par rapport à leur curiosité “vers une petite cousine”, plaider en leur faveur auprès de la justice ou donner une avis sur une affection médicale qu’ils estiment mal comprise par le médecin et se sentent obligés de me relater en détail avec un choix de termes parfois très imagés. Il y a évidemment aussi ceux qui viennent me voir pour un problème lié au travail, mais ça c’est normal.
A la maison il est difficile d’imaginer que nos collègues congolais puisse avoir la moindre intimité selon nos critères. Par exemple, il est normal de partager son logement avec parents, neveux, nièces, frères, sœurs, etc. au point ou il est fréquent d’avoir plus de douze personnes (enfants compris) vivant dans une petite maison de 30m². Un des cadres dont la famille vit à Kinshasa m’a expliqué qu’il avait la chance d’avoir une grande maison (50 m²) dans laquelle il y a 30 (oui je dis bien trente) personnes qui habitent. Un lit que nous considérons simple (pour une personne) en Europe est parfois partagé par trois personnes pour y dormir en même temps dans une petite pièce surchauffée car les volets doivent être fermés pour la “sécurité”. Il est plus que probable que notre besoin de ce que nous appelons “vie privée” soit un concept absolument incompréhensible et semble très solitaire ici.
Il n’y a pas que pour le logement que les gens sont serrés, alors que nous ne trouvons pas anormal de voyager seul dans une grande voiture ou préférons généralement trouver un siège isolé dans les transports en commun, ici une moto taxi transporte parfois quatre ou cinq personnes, le record dont j’ai été témoin est de six personnes, mais la sixième personne était un bébé attaché dans le dos de la maman assise à l’arrière de la moto.
Tout cela pour dire que notre sentiment de manque vie privée est tout relatif par rapport à nos collègues qui vivent en permanence entourés et parfois en contact physique constant.
Ce qui ne manque pas de surprendre est que malgré la promiscuité et la grande pudeur qui est de mise ici, les rumeurs de relations amoureuses, leurs résultats et les débats extra-matrimoniaux sont légions et abondamment commentés dans les villages et au bureau.
Pour conclure, comme beaucoup d’entre vous certainement, nous célébrons les fêtes de fin d’année en toute intimité, mais grâce à la technologie actuelle nous avons malgré tout l’opportunité de parler et de voir nos proches et nos amis presque comme si nous étions ensemble.
Nous espérons que vous passerez une excellent “bout d’an” et nous vous souhaitons santé et bonheur pour l’année nouvelle en espérant que nous aurons l’occasion de nous revoir dans un avenir pas trop lointain.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

One of the paradoxes of our life here in Mapangu is the fact that we are isolated, our closest neighbour (currently on holiday) is the agricultural director living in a house just visible from ours, but that our life has no secrets for anyone. As long as we stay inside the house, given that the guards have generally understood that thet should not come too close during their rounds to avoid annoying Makala (our dog), we have the sweet illusion that our neighbours, and especially the security guards guarding us, don’t really know what we are doing. This, of course, without counting on the fact that the cook/housekeeper tends to find something to do around the place where you have a conversation on the phone, or are in front of the computer or watching a film.
But just by sticking your nose out, especially at night, to watch the fairy tale of the Milky Way or the lightning of a distant storm (no way to contemplate a little pee in the moonlight without running the risk of being caught in the middle of the action by a flashlight beam) our movements are noted and somehow known to almost everyone. Luckily everyone has more or less understood that we appreciate a certain intimacy and that it is not essential to show up as soon as they see us going out, but this does not prevent us from knowing that we are under close surveillance.
The same goes for my professional outings, there is no need to inform my colleagues of my destination in the morning as everyone knows almost instantly where the GM is attending muster. There are no real mysteries about this because, on the one hand, the Cathedral guards have a radio and I have already overheard them informing their colleagues that “the GM is on his way” and, on the other hand, the same goes for the plantation managers who all have a radio and can therefore also communicate the position of one or the other. Generally everyone knows that I don’t drive around with a radio, although my car is equipped with a radio that allows me (from time to time) to listen to the exchanges and to know what the small problems of the moment are (muddy vehicle, number of staff present on call, or position of one or the other), and this sometimes allows me to have a sample of the exchanges that concern me (so far never “bad”).
Everyone also knows that I find it difficult to refuse visitors to the office, whether it is a worker who comes with a grievance or an outsider who comes to present his or her civilities, and as luck would have it, it does not take long after my arrival at the office for a queue to form. If I really need to concentrate on a job, the only solution is to work from home.
If we feel that we don’t really have much privacy in our lives, except when we close the doors of our house, it is probably because here this notion is very different. I regularly receive workers or outsiders who come to explain to me in great detail their personal problems, be it about events that have happened at home or to expose wounds or other ailments in the most varied places. Fortunately, there are nevertheless limits to the descriptions or bodily exposures to which I am entitled, which are probably dictated by modesty (very important here) and therefore allow me to avoid situations that are too embarrassing. This does not prevent visitors from sometimes coming because they feel that I can somehow help them to resolve their wife’s infidelity, the vagrancy of their offspring, complain about their curiosity “towards a little cousin”, plead in their favour with the courts or give an opinion on a medical condition which they feel is misunderstood by the doctor and feel obliged to relate to me in detail with a choice of sometimes in very graphic terms. Of course, there are also those who come to me with a work-related problem, but that is normal.
At home it is hard to imagine that our Congolese colleagues could have the slightest privacy according to our criteria. For example, it is normal to share accommodation with parents, nephews, nieces, brothers, sisters, etc. to the extent that it is common to have more than twelve people (including children) living in a small house of 30m². One of the executives whose family lives in Kinshasa explained to me that he was lucky enough to have a large house (50m²) in which there are 30 (yes I say thirty) people living. A bed that we consider single (for one person) in Europe is sometimes shared by three people to sleep at the same time in a small overheated room because the shutters have to be closed for “security”. It is more than likely that our need for what we call “privacy” is an absolutely incomprehensible concept and seems very lonely here.
It’s not just for accommodation that people are tight, while we do not find it abnormal to travel alone in a large car or generally prefer to find a single seat on public transport, here a motorbike taxi sometimes carries four or five people, the record I have witnessed is six people, but the sixth person was a baby strapped to the back of the mum sitting on the back of the motorbike.
All this to say that our feeling of lack of privacy is all relative to our colleagues who live permanently surrounded and sometimes in constant physical contact.
What does not fail to surprise us is that despite the promiscuity and great modesty that is the order of the day here, rumours of love relationships, their results and extra-matrimonial debates are legion and abundantly commented on in the villages and in the office.
To conclude, as many of you certainly do, we celebrate the end of the year celebrations in all intimacy, but thanks to today’s technology we still have the opportunity to talk and see our relatives and friends almost as if we were together.
We hope that you will have an excellent “end of the year” and we wish you health and happiness for the New Year and hope that we will have the opportunity to see each other again in the not too distant future.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Maladie – Illness

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Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, nous n’allons (presque) pas parler du virus qui fait rage à travers le monde (mais heureusement pas encore ici) mais plutôt de choses propres à notre plantation qui souffre d’une maladie inconnue que nous appellerons “la maladie de Brabanta”. En effet, cette maladie qui malheureusement détruit petit à petit nos palmiers n’existe pas dans les autres plantations du groupe, ni dans d’autres plantations ici en RDC, même celles qui (certes abandonnées depuis de nombreuses années) ne sont pas trop éloignées de chez nous.
Nous avons remarqué la maladie pour la première fois il y a maintenant près de 4 ans. Nous avons d’abord pensé qu’il s’agissait de palmiers qui étaient attaqués par un insecte dont la piqûre favorisait le développement d’une pourriture qui finissait par tuer le palmier en détruisant le méristème de celui-ci. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas de férus de botanique, le palmier à huile fait partie de la classe des Monocotylédones qui se caractérise, entre autres, par le fait que ces plantes ne disposent que d’un seul point de croissance et ne sont pas en mesure de générer des branches ou des flèches secondaires. Donc, lorsque le méristème (ou point de croissance) du palmier est détruit, le palmier est voué à la mort puisqu’il ne peut plus former de nouvelles feuilles. Au début de ces observations, le nombre de palmiers affectés était relativement restreint et nous avons donc essayé d’appliquer toutes sortes de traitements insecticides et fongicides pour essayer de soigner et d’enrayer le développement de la maladie. En principe il faut éviter d’utiliser des insecticides dans les palmiers car la pollinisation de ceux-ci dépend en grande partie d’un petit insecte qu’il faut évidemment protéger, mais “aux grands maux les grands remèdes” et nous avons donc quand même essayé de soigner les palmiers, mais sans beaucoup de succès.
Peu de temps après cette découverte, nous avons eu la visite d’un chercheur qui est venu à Mapangu pour observer une malformation de certains palmiers qui n’avait rien à voir avec notre maladie, mais profitant de l’occasion il a observé nos palmiers pourrissants et conclu qu’il s’agissait d’une “pourriture du cœur”, maladie qui a dévasté des plantations en Amérique centrale et donc potentiellement très sérieuse.
Forts de ces informations, nous avons commencé à faire des recherches et découvert que ce problème n’avait rien de nouveau à Mapangu car il avait déjà été observé et étudié de manière approfondie à l’époque de la PLZ (Plantations Lever du Zaïre) sans arriver à de réelles conclusions, si ce n’est que ce problème était principalement observé à Brabanta déjà à cette époque.
La seule autre plantation du groupe où une maladie plus ou moins comparable avait été observé était en Indonésie, et dans cette plantation il semblerait que nos collègues aient trouvé une méthode de lutte efficace contre cette affection. Nous avons donc envoyé un de nos agronomes en mission pour y observer les méthodes de lutte et appliquer la même chose chez nous, ce que nous avons fait dès son retour avec de gros moyens car nous y avons mis près de 500 personnes tous les jours. C’était sans compter sur le fait que la maladie présente sur nos terres était finalement différente de celle affectant les palmiers indonésiens et que le traitement était malheureusement inefficace chez nous. Suite à cela nous avons eu la visite de trois experts différents venant d’Amérique latine, de Grande Bretagne et du Cameroun, qui ont chacun fait des observations, dissections, analyses et préconisé toute une batterie d’essais pour essayer de déterminer la cause et éventuellement le vecteur de la maladie, mais sans arriver à une réelle conclusion.
En pratique, nous en sommes arrivé à extirper au fur et à mesure tous les palmiers malades en espérant ainsi réduire la contamination, mais surtout parce que nous avons observé qu’ils finissent malgré tout par mourir. L’hypothèse la plus probable est que la contamination trouve son origine dans le sol de la pépinière principale d’où sont issus quasi tous les palmiers de la plantation, car les deux sections qui ont été plantées avec des plants issus d’une autre pépinière sont indemnes de la maladie. La mauvaise nouvelle est que la quasi entièreté de la plantation est maintenant infectée et qu’il sera donc risqué d’y replanter des palmiers. Mais la bonne nouvelle (si notre hypothèse est correcte) est que si un jour il était décidé de planter des palmiers dans l’immense savane qui entoure la plantation (qui malheureusement n’abrite plus aucune faune ou flore intéressante et qui brûle plusieurs fois par an dans le vain espoir d’attraper les quelques rongeurs et petits oiseaux qui y auraient encore trouvé refuge), pour peu que la pépinière soit implantée dans un terrain vierge et non-infecté il serait possible d’éviter de répéter le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.
Evidemment l’option de planter du palmier dans la savane ouvre tout un autre débat concernant l’environnement. D’un côté certains diront que, même dépourvu de faune et de flore, il y a lieu de préserver la savane en l’état car c’est un biotope naturel qu’il ne faut pas perturber. D’un autre côté, l’expérience nous a montré que d’un point de vue environnemental les palmiers plantés en savane créent un biotope beaucoup plus favorable au développement de certains animaux (reptiles, petits rongeurs et grands oiseaux), que la végétation qui se développe en-dessous des palmiers est beaucoup plus variée que la savane herbeuse et finalement représente une grande réserve de carbone. Mais aussi d’un point de vue économique, les villages riverains qui vivotent sinon principalement de chasse (?) et de cueillette (?), gagnent un accès à du travail permanent, des structures médicales et scolaires améliorées et donc un potentiel de développement accru. Ce n’est évidemment pas que positif car l’explosion démographique qui en découle (comme nous l’avons observé à Mapangu où la population a quintuplé en quelques années) perturbe évidemment le tissu social traditionnel de manière très brusque.
Désolé pour nos lecteurs un peu moins friands de la chose agronomique pour ces nouvelles moins personnelles, mais comme c’est une facette importante de notre vie de planteur nous avons pensé qu’il était intéressant d’en parler.
Nous profitons de cette lettre hebdomadaire pour vous souhaiter à tous de très joyeuses fêtes de Noël, même si cette année (maladie aidant) beaucoup d’entre-vous auront (comme nous) des rencontres virtuelles plutôt que physiques avec vos proches.
Joyeux Noël quand même et à très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Plantation en savane – Plantation in the savannah

Contrary to what the title might suggest, we are not (really) going to talk about the virus that rages around the world (but fortunately not here yet) but rather about things specific to our plantation, which is suffering from an unknown illness that we will call “Brabanta disease”. Indeed, this disease, which unfortunately is gradually destroying our palm trees, does not exist in the other plantations of the group, nor in other plantations here in the DRC, even those (admittedly abandoned for many years) which are not too far from us.
We first noticed the illness almost 4 years ago now. At first we thought it was the consequence of palm trees being attacked by an insect whose bite encouraged the development of a rot that eventually killed the palm tree by destroying its meristem. For those of you who are not versed in botanics, the oil palm belongs to the class of Monocotyledons, which is characterised, among other things, by the fact that these plants only have a single growing point and are not capable of generating secondary branches or growths. Therefore, when the meristem (or growing point) of the palm tree is destroyed, the palm tree is doomed to death since it can no longer form new leaves. At the beginning of these observations, the number of affected palms was relatively small, so we tried to apply all kinds of insecticide and fungicide treatments to try to cure and stop the development of the disease. In principle we should avoid using insecticides on palm trees because their pollination depends to a large extent on a small insect that obviously needs to be protected, but “great ills require great remedies” and so we tried to treat the palm trees anyway, but without much success.
Shortly after this discovery we had a visit from a researcher who came to Mapangu to observe a malformation of some palm trees that had nothing to do with our illness, but taking advantage of the opportunity he observed our rotting palm trees and concluded that it was “heart rot”, a disease that has devastated plantations in Central America and therefore potentially very serious.
Based on this information we started to do more research and discovered that this problem was nothing new in Mapangu as it had already been observed and studied in depth at the time of the PLZ (Plantations Lever du Zaire) without reaching any real conclusions, except that this problem was mainly observed in Brabanta already at that time.
The only other plantation of the group where a more or less comparable disease was observed was in Indonesia, and in this plantation our colleagues seem to have found an effective control method against the illness. So we sent one of our agronomists on a mission to observe the control methods there and to apply the same thing at home, which we did as soon as he returned with great means, as we put nearly 500 people on the task every day. This was without taking into account the fact that the disease present in our plantation was actually different from the one affecting Indonesian palm trees and that the treatment was unfortunately ineffective in our environment. Following this we had the visit of three different experts from Latin America, Great Britain and Cameroon, who each made observations, dissections, analyses and recommended a whole battery of tests to try to determine the cause and possibly the vector of the illness, but without reaching a real conclusion.
In practice, we have gradually managed to eradicate all the sick palm trees in the hope of reducing contamination, but above all because we have observed that they end up dying anyway. The most probable hypothesis is that the contamination originated in the soil of the main nursery from which almost all the palm trees in the plantation came. This idea is supported by the fact that two areas that were planted with trees from another nursery are free of the disease. The bad news is that almost the entire plantation is now infected and it will therefore be risky to replant palms there when the time comes. But the good news (if our hypothesis is correct) is that if one day it were decided to plant palm trees in the immense savannah surrounding the plantation (which unfortunately no longer harbours any interesting fauna or flora and which burns several times a year in the vain hope of catching the few rodents and small birds that would still have found refuge there), as long as the nursery is located in virgin and uninfected land it would be possible to avoid repeating the problem we are facing today.
Obviously the option of planting palm trees in the savannah opens up a whole new debate about the environment. On the one hand, some would say that even if there is no fauna and flora, the savannah should be preserved as it is, because it is a natural biotope that should not be disturbed. On the other hand, experience has shown us that, from an environmental point of view, palm trees planted in savannah create a biotope much more favourable to the development of certain animals (reptiles, small rodents and large birds), that the vegetation that develops under the palm trees is much more varied than grassy savannah and finally represents a large carbon reserve. But also from an economic point of view, the surrounding villages, which mainly live from hunting (?) and gathering (?), gain access to permanent work, improved medical and educational facilities and thus an increased potential for development. This is obviously not all positive, because the resulting population explosion (as we have seen in Mapangu, where the population has increased fivefold in a few years) is obviously disrupting the traditional social fabric in a very abrupt way.
Sorry for our readers who are a little less fond of the agronomic aspect of this less personal newsletter, but as it is an important facet of our life as planters we thought it was interesting to talk about it.
We would like to take advantage of this weekly letter to wish you all a very happy Christmas, even if this year (with the help of illness) many of you will (like us) have virtual rather than physical meetings with your loved ones.
Merry Christmas all the same and we look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Déjà – Already

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Malgré le fait d’avoir passé plusieurs années à Mapangu, nous restons encore régulièrement surpris par le choix des mots et surtout leur signification car même si la langue française est couramment utilisée l’interprétation de certains mots ou expressions est manifestement différente de la nôtre.
Pour mettre les choses dans leur contexte, il faut savoir que certaines notions sont inexistantes en Lingala, ainsi le mot “lobi” veut aussi bien dire hier que demain et la seule façon de savoir si l’on parle du passé ou du futur est de voir le contexte dans lequel le mot est utilisé, mais cela n’empêche que cela crée parfois des confusions, surtout quand le concept est traduit en français. De même, il n’y a pas d’article de genre comme en français, en lingala on ne parle pas de l’homme mais simplement “homme” et de même pas la femme mais “femme”. Il est donc assez généralisé nos collègues congolais de référer indifféremment à un objet masculin ou féminin par le même article “il” ou “lui”, même si l’on parle de sa fille.
C’est ainsi que le terme “déjà” est lui utilisé de manière différente de la nôtre car il se rapporte à une moment proche dans le temps mais qui peut être aussi bien dans le passé que l’avenir. Ainsi quand je demande à notre chef de transport quelle est la position du transport des travailleurs et qu’il me répond que le camion est déjà en route cela ne veut pas nécessairement dire que le véhicule a quitté le lieu de départ et qu’il roule, cela peut tout aussi bien signaler que le véhicule est en préparation et pourra quitter dans un avenir proche. Il en va de même quand un travailleur nous dit que le travail est déjà fait, ce qu’il ne faut donc pas prendre pour argent comptant.
Quand je demande au garage si l’entretien de ma voiture est terminé et que l’on me dit que c’est déjà fait, il n’est pas rare que quand je signale que je viens la chercher je suis informé qu’il faut encore attendre un tout petit peu pour qu’elle soit effectivement prête. La seule instance ou l’expression est généralement utilisée de la même manière que la nôtre est quand nous recevons l’information que quelque chose est déjà cassé. Il est quasi certain que dans ce cas il n’est pas question d’une casse imminente, mais cela ne veut pas dire pour autant que la casse soit prématurée, seulement qu’elle est arrivée de manière récente quel que soit l’age de l’outil ou du matériel en question.
Une autre expression qui n’existe pas en Lingala est d’exprimer une demande avec une formule de politesse, ainsi il ne faut pas s’offusquer si quelqu’un vous dit “donne-moi ceci ou cela”, l’ajout d’un “s’il-vous-plait” ou “auriez-vous l’amabilité de” n’existe pas dans l’idiome local, par contre quand une personne reçoit quelque chose les mercis ne manquent généralement pas et parfois même (de manière assez embarrassante) ils sont accompagnés de courbettes, génuflexions ou même genou à terre. Mais le “merci” peut tout aussi bien venir après une réprimande sévère, donc peut-être que là aussi notre interprétation n’est pas tou à fait la même.
Depuis le début de notre séjour ici je suis assailli presque tous les jours par des enfants en bordure de route qui disent “donne-moi l’argent”. Cela fait bientôt cinq ans qu’ils n’ont jamais reçu même un Kopeck et pourtant cela ne change rien à leur entrain pour répéter la même chose tous les jours. Ce qui nous sidère le plus est que parfois les enfants demandeurs ne peuvent guère avoir plus de trois ans et la seule parole qu’ils ont à la bouche est “donne-moi l’argent” à se demander où ils ont appris cela et s’ils savent même ce qu’ils disent.
Ici la forme de respect est de s’adresser à une autre personne en utilisant le terme “papa” ou “maman”, même si la personne est manifestement (beaucoup) plus jeune, même certains enfants se voient affublés du titre de papa ou maman en général plus fréquemment pour les filles que pour les garçons. Nous n’échappons évidemment pas à cet égard, encore que dans le cas de Marie-Claude ou moi-même quand quelqu’un s’adresse à nous en parlant de maman ou papa c’est généralement parce qu’il y a une demande d’une sorte ou d’une autre qui suit ou une bourde à se faire pardonner. Quand c’est une demande spéciale ou pressante nous devenons même “notre maman ou notre papa à tous”. Quand il s’agit de quelqu’un qui a été sanctionné pour une faute, j’ai généralement droit à une séance où l’agent ou l’agente sanctionnée vient me trouver et plaide pour l’indulgence du papa à tous qui doit être compréhensif vis-à-vis de son enfant qui a fait une bêtise. Parfois ces demandes s’accompagnent de tout un cinéma digne d’une comédie dramatique avec agenouillement, larmes et promesses de sacrifice qui ne sont pas toujours aisé à gérer. Après tout, n’est-il pas normal que le papa pardonne ses enfants pour avoir fait une faute…
Ici il n’y a pas de honte, nous avons plusieurs de nos travailleurs qui sont partis après avoir volé des sommes parfois importantes et qui n’hésitent pas, après avoir épuisé leur butin, à venir plaider pour une réintégration. Ainsi nous avons un de nos chefs comptables qui a fui il y a quelques années avec une bonne partie de la caisse et est aller se réfugier en Angola. Il est ensuite revenu à Kinshasa et comme, malgré notre plainte, les autorités ne semblent pas trouver utile de l’arrêter il s’est senti assez confiant pour postuler pour un poste de comptable dans une des plantations africaines de la Socfin en faisant valoir qu’il avait déjà une bonne expérience des mécanismes de la société (sic). Un autre ex-collègue qui est parti plus récemment avec une partie de la caisse (il était caissier à Kinshasa) m’a récemment contacté personnellement en proposant ses services de transitaire et de gestionnaire des achats… Il y en a bien d’autres de la même trempe qui profitent d’un changement dans l’équipe des expatriés espérant que leur histoire soit partie avec l’expatrié concerné, mais les deux cas cités ci-dessus étaient des personnes que j’ai moi-même dû licencier (le terme n’est peut-être pas exact puisqu’elles ont fui avant d’avoir pu être notifiées de leur renvoi).
Oh, aujourd’hui “papa” et “maman” fêtent leur noces d’émeraude, eh oui déjà quarante ans de vie commune par monts et par vaux.
Le papa et la maman de tous espèrent avoir déja de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Sunrise
Bassin en construction – Pond in construction

In spite of having spent several years in Mapangu, we are still regularly surprised by the choice of words and especially their meaning because even if the French language is commonly used, the interpretation of some words or expressions is obviously different from ours.
To put things in context, it is important to know that certain notions are non-existent in Lingala, so the word “lobi” means yesterday as well as tomorrow and the only way to know whether we are talking about the past or the future is to see the context in which the word is used, but this does not prevent it from sometimes creating confusion, especially when the concept is translated into French. Similarly, there is no gender article as in French, in Lingala it is therefore quite generalised among our Congolese colleagues to refer indifferently to a masculine or feminine object by the same article “he” or “him”, even if one is talking about one’s daughter.
This probably explains why the term “already” is used differently from ours because it refers to a moment in time that is close in time but which can be in the past as well as the future. So when I ask our head of transport what the position of the workers’ transport is and he answers that the truck is already on its way, this does not necessarily mean that the vehicle has left the place of departure and that it is moving, it may just as well indicate that the vehicle is in preparation and will be able to leave in the near future. The same is true when a worker tells us that the work has already been done, which is not to be taken at face value.
When I ask the garage if the maintenance of my car is finished and they tell me that it is already done, it is not uncommon that when I report that I am coming to pick it up I am informed that I still have to wait a little while for it to be ready. The only instance or expression is usually used in the same way as ours is when we receive the information that something is already broken. It is almost certain that in this case there is no question of imminent breakage, but this does not mean that the breakage is premature, only that it is recent, regardless of the age of the tool or material in question.
Another expression that does not exist in Lingala is to express a request with a polite formula, so you should not be offended if someone says “give me this or that”, the addition of a “please” or “would you be so kind as to” does not exist in the local idiom, but when a person receives something there is no lack of thanks and sometimes (rather embarrassingly) they are accompanied by bowing, genuflecting or even kneeling on the ground. However a “thank you” is also the answer we get after a severe reprimand, therefore it might well be that our interpretation of it is also different.
Since the beginning of our stay here I have been assaulted almost every day by roadside children saying “give me the money”. It’s been almost five years since they have not even received a Kopeck and yet it doesn’t change their enthusiasm to repeat the same thing every day. What amazes us the most is that sometimes the children asking for the money can hardly be more than three years old and the only word they have in their mouths is “give me the money” wondering where they learned this and whether they even know what they are saying.
Here the form of respect is to address another person using the term “father” or “mother” (papa or maman), even if the person is obviously (much) younger, even some children are given the title “papa” or “maman” more frequently for girls than for boys though. We are obviously not exempt from this, although in the case of Marie-Claude or myself, when someone speaks to us with the term “papa” or “maman” it is usually because there is some kind of request that follows or some kind of blunder to be forgiven. When it’s a special or urgent request we even become “father or mother of us all”. When it is someone who has been sanctioned for a mistake, I frequently have a moment where the sanctioned worker comes to me and pleads for the indulgence of the father to all of us who must be indulgent towards his child who has made a mistake. Sometimes these requests are accompanied by a whole act worthy of a dramatic comedy with kneeling, tears and promises of sacrifice that are not always easy to handle. After all, isn’t it normal for fathers to forgive their children for making a mistake?
Here there is no shame, we have several of our workers who have fled after stealing sometimes large sums of money and who do not hesitate, after having exhausted their loot, to come and plead for reinstatement. Thus we have one of our chief accountants who fled a few years ago with a good part of the cash he was keeping and took refuge in Angola. He then returned to Kinshasa and, since despite our complaint the authorities do not seem to find it useful to arrest him, he felt confident enough to apply for a position as accountant in one of Socfin’s African plantations, arguing that he already had good experience of the company’s mechanisms (sic). Another ex-colleague who left more recently with part of the cash (he was a cashier in Kinshasa) recently contacted me personally offering his services as a forwarding agent and purchasing manager… There are many others of the same kind who try to use a change in the expatriate team hoping that their history has gone with the expatriate concerned, but the two cases cited above were people I myself had to dismiss (the term may not be accurate as they fled before they could be notified of their dismissal).
Oh, today “father” and “mother” celebrate their emerald wedding anniversary, indeed 40 years of wandering around the world together.
The father and mother of all hope to already hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Histoire – History

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Beaucoup d’informations circulent, parfois à tort, sur le fait que les plantations de palmiers à huile sont responsables de déboisements massifs, de déplacements de populations et de nuisances environnementales. Il est indéniable que dans certains cas les palmiers ont été plantés sur des terres qui étaient autrefois boisées et qu’il est probable que dans certaines plantations des occupants des terres ont été déplacés ou relocalisés, mais même si les exceptions font la règle il est important de remettre les choses dans leur contexte.
Dans le livre “La palme des controverses” sur base de recherches d’Alain Rival et Patrice Levang, il apparaît que la vaste majorité des terres déboisées (environ 75%), en Asie du sud-est en général et Indonésie en particulier, l’ont été pour de l’exploitation forestière, de l’élevage ou des cultures telles que le soja et le riz et il est probable qu’en Afrique en général et en RDC en particulier cette proportion soit largement plus importante et que le palmier n’est pas la cause première de déboisement.
L’histoire de la plantation de Brabanta remonte à 1911 lorsqu’elle a été établie par William Lever en même temps que quatre autres plantations créées sous le nom d’Huileries du Congo dans ce qui était alors le Congo Belge. A cette époque il n’était pas encore vraiment question de plantations, mais plutôt de forêts de palmiers sauvages qui étaient exploitées pour être graduellement replantées avec des palmiers issus de graines “sélectionnées”. Ces activités ont été poursuivies sous cette forme jusqu’à l’indépendance pour ensuite être rebaptisées Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) sous le règne du Maréchal Mobutu et finalement être abandonnées dans les années 90 à cause des guerres et de l’effondrement des structures du pays.
Divers investisseurs tels que Socfin, Feronia, Blatner et Miluna ont repris une partie des plantations de PLZ au début des années 2000, mais il resterait encore près de 100.000 hectares de plantations de palmiers à huile abandonnées dans le pays et même à Brabanta des milliers d’hectares d’anciennes plantations n’ont pas été replantées à cause de leur accessibilité difficile ou d’autres problèmes logistiques pour leur exploitation. Il n’a donc généralement pas été nécessaire de détruire des forêts pour la revitalisation de ces plantations, même si certaines extensions expérimentales ont été faites sur des zones qui n’avaient pas été exploitées précédemment par PLZ, mais situées dans des zones de savane où la seule végétation est limitée à de l’herbe et quelques buissons épars et où la faune a totalement disparu des suites de brûlages “traditionnels” répétés plusieurs fois par an et une chasse sans merci pour toute chose vivante.
Après l’acquisition de la plantation de Brabanta par Socfin en 2007, il a été nécessaire de réhabiliter la plantation, ce qui a nécessité la replantation de palmiers, les palmiers existants étant devenus trop clairsemés, trop grands et de variétés peu productives, mais aussi de remettre en état les routes qui étaient tout juste accessibles en moto (et encore), de restaurer les maisons et en construire de nouvelles (encore que là le choix fait est bizarre, voir plus loin) et installer une huilerie. Plus de 6.000 hectares de palmiers ont été plantés après arrachage des anciens palmiers durant la période de 2009 à 2013, une partie de cette plantation a été faite sur des terrains en pente où il a été jugé préférable d’aménager des terrasses, lequel travail (terrasses) a été réalisé par des opérateur indonésiens qui savent faire ce genre d’opération les yeux fermés. Les vestiges de l’huilerie de la PLZ n’étant plus du tout utilisables, une nouvelle usine moderne a été commandée en Indonésie et aurait du être érigée au centre de la plantation. Mais c’était sans compter sur les initiatives politiques des dirigeants congolais qui fin 2011 ont promulgué une nouvelle loi (la loi sur les principes fondamentaux de l’agriculture) qui prévoit que toute entreprise agro-pastorale doit être détenue à 51% par un citoyen congolais. Les travaux étant lancés pour la plantation des palmiers, ceux-ci ont été poursuivis, mais les investisseurs ont préféré ne pas investir plusieurs dizaines de millions de dollars dans une huilerie dont ils auraient potentiellement donné la moitié à un partenaire local (probablement sans le sou). Pour ne pas perdre la production de la plantation récemment régénérée, il a été décidé de réhabiliter (de fait reconstruire) l’ancienne huilerie de PLZ dont la capacité est nettement moindre et surtout qui se trouve décentrée par rapport à la plantation. Il faut savoir que la plantation est traversée par une rivière, la Lumbundji, qui sépare la plantation en deux avec d’un côté les 3/4 de la plantation et de l’autre 1/4 de la plantation et l’huilerie, et qui ne peut être traversée que par un seul pont. Le pont (de type Bailey) en question date certainement de la période PLZ et, outre une usure normale, a souffert de nombreuses années de manque d’entretien ce qui a, peu à peu, rongé certains éléments essentiels de sa structure. Il est situé sur un tronçon de la route nationale qui traverse la plantation et dépend donc de l’autorité de l’Office des Routes de la RDC, mais ne reçoit aucune attention des autorités. Comme ce pont est un point critique pour l’exploitation de notre plantation, après une mission de contrôle d’un expert de Bailey il a été décidé d’acheter un nouveau pont afin de remplacer celui actuellement en place qui est susceptible de lâcher d’un jour à l’autre. Ici encore, c’est sans compter sur l’approche particulière des autorités compétentes qui ont décidé que tout travaux effectués sur des ouvrages du réseau national doivent être fait sous la supervision des experts de l’OR et qu’il était nécessaire de faire une mission de contrôle préalable (payable d’avance par le demandeur qui est Brabanta). Sur le principe il n’y a pas de problème fondamental, si ce n’est que les frais de cette mission d’exploration s’élèvent à un minimum de 125.000 dollars sans les “frais”, non-négociables. Nous avons donc opté, pour le moment, de garder toutes les pièces du nouveau pont dans des conteneurs scellés et de prier pour que le pont existant ne nous lâche pas trop vite. Nous faisons un entretien hebdomadaire du pont (structure et tablier), y compris le remplacement des pièces qui sont régulièrement volées, et grâce à cela il semble que la structure résiste au passage des camions qui font l’aller-retour presque jour et nuit pendant la période de pointe. Heureusement pour le moment nous sommes quasi les seuls à l’utiliser car la route qui sort de la plantation vers Idiofa (Kinshasa) est coupée (pas de bac) et les camions de commerçants (généralement surchargés) ne sont donc pas en mesure de passer par là.
Comme indiqué plus haut, il a été nécessaire de construire des nouvelles maisons en plus de celles, vestiges de la PLZ, qui avaient été restaurées. Ainsi quatre nouvelles habitations ont été construites, mais bizarrement il a été décidé de construire des maisons jumelées alors que d’une part l’espace ne manque pas et qu’en plus le seul élément commun des maisons jointives est un mur commun qui ne monte même pas jusqu’à la toiture laissant ainsi passer tous les bruits d’une habitation à l’autre. Comme nous avons maintenant besoin de moins d’expatriés pour la gestion de la plantation, l’une des constructions a été transformée en une seule maison ce qui permet à l’occupant (actuellement notre directrice agronomique) de pouvoir profiter pleinement du fait qu’elle vit en pleine nature sans devoir vivre avec les bruits d’un voisin tout proche.
Aujourd’hui la totalité de la plantation replantée est en production et malgré le fait que l’huilerie a une capacité inférieure à celle qui avait été prévue initialement, nos excédents de production non-usinables sont limités en quantité.
La plantation devrait pouvoir continuer à produire pendant encore près de vingt ans compte tenu du choix de matériel végétal à croissance réduite et ne nécessite donc plus de gros investissements, excepté ceux nécessaires pour le maintient de l’huilerie et du parc de véhicules et de générateurs. D’ici là il y aura probablement encore beaucoup de choses qui pourront se passer tant dans le développement de nouvelles sélections variétales pour la plantation que l’amélioration des techniques pour diminuer la dépendance de la plantation en énergies fossiles. Bien avant cela les populations riveraines auront complètement anéanti les quelques forêts restantes, sauf si des initiatives sont prises pour initier et encadrer les agriculteurs à faire des cultures sédentaires et enrichir le sol plutôt que brûler le tout pour y produire les aliments de base pendant un ou deux ans seulement. Si pas plantés avec des palmiers ou d’autres arbres, les milliers d’hectares de savane qui entourent la plantation pourraient être mis à profit pour faire des cultures alimentaires et/ou de l’élevage, mais cela ne semble pas encore être inscrit dans les objectifs de la population locale et ne le sera probablement jamais sans un encadrement et une vulgarisation qui ne pourra venir que de l’extérieur.
Comme chaque fois, nous vous invitons à nous faire part de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Much information is circulating, sometimes wrongly, about the fact that oil palm plantations are responsible for massive deforestation, population displacement and environmental damage. It is undeniable that in some cases the palms have been planted on land that was once forested and that in some plantations land occupants have probably been displaced or relocated, but even if exceptions are the rule it is important to put things in context.
In the book “La palme des controverses”, based on research by Alain Rival and Patrice Levang, it appears that the vast majority of deforested land (around 75%), in South-East Asia in general and Indonesia in particular, has been deforested for logging, animal husbandry or crops such as soya and rice, and it is likely that in Africa in general and the DRC in particular this proportion is much higher and that oil palms are not the prime cause of deforestation.
The history of the Brabanta plantation goes back to 1911 when it was established by William Lever together with four other plantations set up under the name of Huileries du Congo in what was then Belgian Congo. At that time they were not really plantations as we know them today, but rather about forests of wild palm trees that were being exploited to be gradually replanted with palms from “selected” seeds. These activities were continued in this form until independence and were then renamed Plantations Lever au Zaïre (“PLZ”) under the reign of Marshal Mobutu and finally abandoned in the 1990s due to the wars and the collapse of the country’s structures.
Various investors such as Socfin, Feronia, Blatner and Miluna took over part of the PLZ plantations in the early 2000s, but there are still an estimated 100,000 hectares of abandoned oil palm plantations in the country and even in the case of Brabanta thousands of hectares of old plantations have not been replanted because of difficult accessibility or other logistical problems for their exploitation. It has therefore generally not been necessary to destroy forests for the revitalisation of these plantations, although some experimental extensions have been made on areas not previously exploited by PLZ, but located in savannah areas where the only vegetation is limited to grass and a few scattered bushes, and where the fauna has totally disappeared as a result of “traditional” burns repeated several times a year as well as unrelented hunting of all creatures that happen to be spotted in the area.
After the acquisition of the Brabanta plantation by Socfin in 2007, it was necessary to rehabilitate the plantation, which required the replanting of palm trees, as the existing palm trees had become too sparse, too large and of poorly productive varieties, but also to rehabilitate the roads which were barely accessible by motorbike (and that is even an exageration), to restore the houses and build new ones (although here the choice made is odd, see below) and to install an oil mill. More than 6,000 hectares of palm trees were planted after uprooting the old palm trees during the period 2009 to 2013, part of this planting was done on sloping land where it was considered preferable to create terraces, which work (terraces) was carried out by Indonesian operators who know how to do this kind of work with their eyes closed. As the remains of the PLZ oil mill were no longer usable at all, a new, modern factory was ordered in Indonesia and should have been erected in the centre of the plantation. But this was without counting on the political initiatives of the Congolese leaders, who in late 2011 promulgated a new law (the Law on the Fundamental Principles of Agriculture) which stipulates that any agro-pastoral enterprise must be 51% owned by a Congolese citizen. As work began on the planting of palm trees, these were continued, but investors preferred not to invest several tens of millions of dollars in an oil mill, half of which they would have potentially given to a local partner (probably penniless). In order not to lose the production of the recently regenerated plantation, it was decided to rehabilitate (in fact rebuild) the old PLZ oil mill, which has a much smaller capacity and, above all, is off-centre to the plantation. It should be noted that the plantation is crossed by a river, the Lumbundji, which divides the plantation in two with 3/4 of the plantation on one side and 1/4 of the plantation and the oil mill on the other, and which can only be crossed by a single bridge. The bridge (Bailey type) in question certainly dates from the PLZ period and, apart from normal wear and tear, has suffered from many years of lack of maintenance, which has gradually eaten away at some essential elements of the structure. It is located on a section of the national road that runs through the plantation and therefore falls under the authority of the DRC Roads Office, but receives no attention from the authorities. As this bridge is a critical point for the exploitation of our plantation, after a control mission by an expert from Bailey it was decided to buy a new bridge to replace the one currently in place, which is likely to collapse any time. Here again, this was without relying on the particular approach of the competent authorities, who decided that any work carried out on works on the national network must be done under the supervision of the Roads Office experts and that it was necessary to carry out a prior control mission (payable in advance by the applicant who is Brabanta). In principle there is no fundamental problem with this requirement, except that the costs of this exploratory mission amount to a minimum of $125,000 non-negotiable and excluding “costs”. We have therefore opted, for the time being, to keep all the parts of the new bridge in sealed containers and to pray that the existing bridge will not give way too quickly. We do a weekly maintenance of the bridge (structure and deck) including the replacement of parts that are regularly stolen and thanks to this it seems that the structure resists the passage of trucks that make the round trip almost day and night during the peak period. Luckily at the moment we are almost the only ones using it because the road out of the plantation to Idiofa (Kinshasa) is out of use (no ferry) and the traders’ trucks (usually overloaded) are therefore unable to pass.
As mentioned above, it was necessary to build new houses in addition to the PLZ remnants which had been restored. Thus four new houses were built, but strangely enough it was decided to build semi-detached houses when on the one hand there is no lack of space and on the other hand the only common element of the attached houses is a common wall which does not even reach the roof, thus allowing all the noise to pass from one house to the other. As we now need fewer expatriates for the management of the plantation, one of the buildings has been transformed into a single house so that the occupant (currently our agronomy director) can take full advantage of the fact that she lives in the middle of nature without having to live with the noises of a close neighbour.
Today the entire replanted plantation is in production and despite the fact that the oil mill has a lower capacity than originally planned, our non-usable production surpluses are limited in quantity.
The plantation should be able to continue producing for another twenty years, given the choice of low-growth plant material and therefore no longer requires major investments, except for those necessary to maintain the oil mill and the fleet of vehicles and generators. In the meantime there is likely to be much more that can be done both in the development of new varietal selections for planting and in the improvement of techniques to reduce the plantation’s dependence on fossil fuels. Long before then the people living around the plantation will have completely destroyed the few remaining forests, unless initiatives are taken to initiate and mentor farmers to grow sedentary crops and enrich rather than burn the soil to produce staple foods. If not planted with palms or other trees, the thousands of hectares of savannah surrounding the plantation could be used for food crops and/or livestock, but this does not yet seem to be part of the local population’s objectives and will probably never be achieved without supervision and extension work that can only come from outside.
As always, we invite you to share your news with us,
Marc & Marie-Claude

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Ralenti – Slow Motion

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La production de notre plantation est l’exemple même des montagnes russes et après avoir atteint le sommet de la production en juillet-septembre nous sommes à présent dans le creux de la vague. A la différence toutefois que dans les montagnes russes c’est le sommet que l’on passe au quasi ralenti tandis que l’on dévale à toute vitesse pour passer à toute allure dans le creux, alors que notre période de vaches maigres dure plus longtemps que la pointe. Mais il est vrai que même si la production est actuellement au ralenti, nous n’en sommes pas moins occupés à fond dans beaucoup d’autres activités allant de la réparation des routes en passant par les constructions et la remise en état des engins pour continuer par les derniers préparatifs pour essayer d’obtenir notre certification RSPO (production durable).
Il est vrai qu’après la pointe tout le monde essaye de souffler un peu et c’est la période où beaucoup de personnes partent en congé, y compris les expatriés, mais pour le reste le titre de ces nouvelles est trompeur car même si nos besoins en transport sont fortement réduits et que l’huilerie ne tourne plus qu’un jour par semaine, les journées de travail restent longues et bien remplies, surtout pour ceux qui restent en plantation. C’est aussi la période où il faut commencer à faire les inventaires, les évaluations du personnel et les rapports de fin d’année qui prennent de plus en plus de temps à cause de toutes les exigences de durabilité qui doivent être chiffrées et documentées. Dans un contexte comme la RDC, même si notre coin du monde est très aptement surnommé “Toscane congolaise” par certains humoristes, ce pas une mince affaire les personnes capables de faire des rapports fiables n’étant pas nombreuses. Dès lors, une grande partie du travail doit être accompli personnellement ou, au minimum, vérifié en détail ce qui prend presque autant de temps.
La fin d’année est aussi le moment privilégié des autorités pour essayer de trouver des moyens de percevoir, officiellement ou officieusement, des ressources pour financer la dite période de fin d’année. Nous sommes ainsi gratifiés d’une variété de contrôles avec redressements à la clé, dont certains sont basés sur une interprétation tout à fait personnelle de la réglementation quand celle-ci n’est pas inventée de toutes pièces. La dernière initiative en la matière concerne tout d’abord la RVF (Régie des Voies Fluviales) qui a voulu nous taxer pour le travail de balisage et d’entretien des voies fluviales. Mis à part le fait qu’il n’y a ni entretien ni balisage des voies fluviales effectivement réalisés, il se fait qu’aucune taxe de cette nature n’a jamais été mise en place par les autorités et, qui plus est, on est droit de se demander pourquoi l’appliquer à une société qui ne fait pas de transport fluvial. Mais ça c’est sans penser que nous avons une pirogue motorisée et une baleinière qui nous place, “de fait, dans la catégorie des transporteurs fluviaux”. Mis à part le fait que cette taxe n’existe pas, les autorités n’ont pas peur de tenter de nous intimider et même de nous faire payer des pénalités pour ne pas avoir payé cette taxe les années précédentes… Une autre tentative émane, elle aussi du côté des transports, de l’inspecteur du ministère des transports et communication qui nous a annoncé une descente sur le terrain pour faire une inspection technique de notre piste d’aviation. Il est vrai que ce travail doit être fait chaque année pour obtenir une homologation de notre piste, mais la loi donne cette prérogative à l’autorité de l’aviation civile (AAC) qui est seule compétente en la matière. Notre inspecteur a essayé de faire valoir que le gouvernement avait mandaté son service pour vérifier que les opérateurs de l’AAC faisaient un travail correct en faisant un suivi des travaux de l’AAC, malgré le fait que l’instruction ministérielle leur donne uniquement la mission de vérifier si nous avons bien payé nos taxes et redevances pour 2019. Je vous passe toutes autres tentatives d’obtention (extortion ?) de fonds qui vont de la DGI (Direction Générale des Impôts) aux agents de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) qui sollicitent des motivations d’ordres de grandeur variables.
Il est un fait que la pandémie a provoqué un fort ralentissement des activités, y compris concernant les opportunités pour les différents services de l’état de faire leur collecte habituelle et comme en plus les robinets de l’état sont fermés ou au moins réduits à de maigres filets suite aux différents entre les factions politiques, il n’est pas surprenant qu’à l’approche des fêtes de fin d’année ils soient tous plein d’enthousiasme pour essayer de se mettre quelque chose en poche.
Sinon, pour le moment nous avons le plaisir d’avoir une visite à la maison pendant deux semaines, il s’agissait, au départ, d’une consultante qui venant nous aider à améliorer nos procédures en vue d’obtenir notre certification. Au fur et à mesure de ses visites, c’est développée une amitié réciproque et elle loge donc pendant deux semaines à la maison. C’est bien agréable d’avoir un petit changement dans notre routine habituelle et surtout de pouvoir parler avec quelqu’un qui n’est pas un collègue de travail permanent, en plus, elle est vraiment super sympathique, donc cela nous fait une coupure agréable dans nos derniers mois de Toscane congolaise avant les vacances.
Pour le moment la saison des pluies bat son plein, ce qui ralentit très fort les transports car certaines routes ne sont plus passables et j’ai même failli renverser ma voiture dans une côte où le terrain était tellement glissant que la voiture s’est mise en travers, mais heureusement à très faible vitesse et elle s’est arrêtée sans heurts. Comme nos engins de terrassement (pelles à chenille, bulldozer, etc.) sont tous en panne, nous essayons de remédier au plus pressé avec de la main d’œuvre manuelle, mais le travail du jour est généralement emporté et aggravé dès le lendemain avec la pluie suivante. Quand il pleut la main d’œuvre a aussi tendance à s’absenter, même quand “la pluie menace” comme ils disent ici, ce qui ne nous aide pas à faire tous les travaux à faire hors pointe. Par contre, ce qui marche réellement au ralenti pour le moment c’est notre connexion internet, en fait cela fait quelques jours qu’elle ne fonctionne plus et que pour mon travail ou pour écrire ces nouvelles nous utilisons un petit boîtier wifi portable qui fonctionne avec le réseau de téléphonie mobile, dont le réseau semble heureusement fonctionner plus où moins correctement. Il est possible que nous ne parvenions pas à charger de photos cette fois-ci.
En conclusion, nous vivons donc un ralenti de production avec mille et un trucs à faire et ne manquons certainement pas d’occupations.
Nous espérons vous lire très bientôt,
Marc & Marie-Claude

Visiteur à la piscine – Visitor at the pool
Pain au levain – Sourdough bread

The production of our plantation is like a rollercoaster ride and after reaching the peak of production in July-September we are now at the bottom of the wave. The difference however is that in roller coasters it is the peak that we pass at slower speed while we hurtle down to the trough, while our lean period lasts longer than the peak. But even though production is currently idling, we are no less busy with many other activities ranging from road repairs, construction and machinery refurbishment to final preparations to try and achieve our RSPO (sustainable production) certification.
It is also notable that after the peak everyone tries to take a breather and this is the period when many people go on leave, including expatriates, but for the rest the title of this news is misleading because even though our transport needs are greatly reduced and the oil mill only runs one day a week, the working days are still long and busy, especially for those who stay on the plantation. This is also the time when we have to start making inventories, staff assessments and year-end reports, which are taking more and more time because of all the sustainability requirements that have to be quantified and documented. In a context like the DRC, even if our area is the so-called Congolese Tuscany, all this is no small matter because there are not many people capable of making reliable reports. This means that a lot of the work has to be done by ourselves or in any case checked in detail, which takes almost as much time.
The end-of-year period is also the time when the authorities try to find ways of collecting, officially or unofficially, resources to finance the end-of-year period. We are thus gratified by a variety of checks and adjustments, some of which are based on a very personal interpretation of the regulations when they are not invented out of thin air. The latest initiatives in this area concern first and foremost the RVF (Régie des Voies Fluviales), which wanted to charge us for the work of signposting and maintenance of waterways. Apart from the fact that there is neither maintenance nor marking of the waterways actually carried out, it so happens that no such tax has ever been introduced by the authorities and, what is more, one is entitled to wonder why it should be applied to a company that does not carry out river transport. But this is without thinking that we have a motorised dugout canoe and a small wooden barge which in fact puts us in the category of river transporters. Apart from the fact that this tax does not exist, the authorities are not afraid to intimidate us and even to make us pay penalties for not having paid this tax in previous years? Another attempt, also from the transport side, came from the inspector of the Ministry of Transport and Communication who announced a descent in Mapangu to make a technical inspection of our runway. It is true that this work must be done every year to obtain an approval of our runway, but the law gives this prerogative to the Civil Aviation Authority (CAA) which is the only competent authority in this matter. Our inspector tried to argue that the government had mandated his department to check that the CAA operators were doing a correct job by monitoring the CAA’s work, despite the fact that the ministerial instruction only gives them the mission to check whether we have paid our taxes and charges for 2019. I will pass on all the other attempts to obtain funds that go from the DGI (General Tax Directorate) to the ANR (National Intelligence Agency) agents who are asking for motivations of varying orders of magnitude.
It is true that the pandemic has provoked a strong slowdown in activities, including opportunities for the various state services to make their usual collections, and since the state taps are closed or at least reduced to few droplets as a result of the differences between the political factions, it is not surprising that as the end of year festivities approach they are all full of enthusiasm to try to put something in their pockets.
At the moment we have the pleasure of having a visitor who comes to help us improve our procedures in order to obtain our certification, but who has become a good friend and therefore stays at home for a fortnight. It’s nice to have a little change in our usual routine and especially to be able to talk to someone who is not a permanent work colleague, plus she’s really super friendly, so it makes a nice break in our last months in Congolese Tuscany before the holidays.
At the moment the rainy season is in full swing which slows down transport very badly as some roads are no longer passable and I even almost turned my car over in a slope where the ground was so slippery that the car slid sideways, but fortunately at very low speed and it stopped smoothly. As our earthmoving equipment (crawler excavators, bulldozers, etc.) are all broken down, we try to remedy the most pressing problems with manual labour, but the day’s work is usually washed away and made worse the next day with the next rain. When it rains the labour also tends to be absent, even when “the rain only threatens” as they say here, which does not help us to do all the work to be done off-peak. On the other hand, what is really idling at the moment is our internet connection, in fact it hasn’t been working for a few days now and for my work or to write this newsletter we use a small portable wifi box that works with the mobile phone network, which fortunately seems to work more or less correctly.
In conclusion, we are experiencing a slowdown in production with a thousand things to do and we certainly don’t lack of things to do.
We hope to read you soon,
Marc & Marie-Claude

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Reprise du Collier / Back to Work

Comme toutes les vacances, elles ont passé trop vite, mais, le temps que cela a duré, c’était bien agréable de se lever en même temps que le jour, et pas avant, pendant une semaine! Aujourd’hui, vendredi 20 novembre (plus que deux mois avant les “vraies vacances”). Lever 04:25h. Et, surprenamment, ce n’était pas trop brutal, sans doute l’effet d’une semaine d’horaire plus humain.
Il a fait plutôt couvert toute la semaine à part mercredi, saison des pluies oblige, mais nous en avons profité pour trier un peu le contenu des congélateurs dont certains légumes du jardin avaient été conditionnés et pas encore mangés (les légumes de la saison suivante faisant déjà leur apparition et demandant traitement) depuis le début de notre aventure congolaise. Cela ne nous a pas empêché de nous promener, de barboter dans notre piscine olympique, de lire pour le plaisir sans se sentir coupable, de bricoler. Pour Marie-Claude, un aspect pesant de la vie de tous les jours dans notre prison dorée est la constante et incontrôlable invasion d’éléments étrangers supposés donner un coup de main mais, étant tellement lents et inefficaces, que ce qui ne devrait prendre qu’une heure dans l’espace personnel prend toute la matinée et plus. Paradoxalement, donc, nous nous sommes chargés des corvées (à part le repassage qui se fait dans un autre bâtiment et n’est donc pas envahissant). Tout le “personnel social cathédrale” a, dès lors, été mis au travail dans le jardin et interdit de séjour dans la maison même. Le pauvre Guy était un peu vexé mais Marie-Claude aime cuisiner et nous faisions la vaisselle ensemble. Le nettoyage de la maison était fait le matin tôt et “baste”. Et, ce qui n’est pas “une mince affaire”, Marc a entrepris et terminé de trimmer aux ciseaux la fourrure de notre canin, tant pour son soulagement à elle que pour le nôtre car le fumet qu’elle dégageait devenait incommodant! Le shampouinage effectué par la maîtresse de maison fut suivi par quelques heures de séchage et de “cruciverbage” sur le deck de la piscine. OUF!!!
Nous avons aussi eu l’agréable surprise de cueillir notre premier avocat issu d’un noyau d’avocat planté par nos soins, belle récompense après cinq ans de soin. il est superbe, en plus ! (Voir photo).
Le retour au travail a été amorcé jeudi soir avec un verre commémoratif à “la Cerclette” (club Brabanta) à Mapangu au bord de la rivière avec les cadres pour le Secrétaire Général enterré à Kinshasa le matin. Marie-Claude a décidé de faire perdurer l’interdiction de séjour “du social” jusqu’au début de la semaine prochaine vu que demain est samedi et que dimanche est, par tradition, une journée sans outsider.
Ce matin Marc faisait le debriefing de l’intérim effectué par le directeur financier durant notre “semaine” de vacances locales avant le départ de celui-ci pour Kinshasa, où il a la mission de solutionner les problèmes de visa de nos expatriés (dont le sien) et des visiteurs prévus dans les semaines qui viennent, laissés en plan par le décès inopiné de notre Secrétaire Général. Ceci avant son départ (du directeur financier) en vacances de Noël, retour prévu début janvier. Comme nous l’avons déjà écrit, nous garderons le fort (Brabanta) à nous deux pour cette fin d’année 2020 et seront les seuls expatriés sur place. Donc, pour nous, pas de distance de sécurité ni de masque à prévoir :); Les deux autres expatriés encore en plantation quitteront Mapangu à la mi-décembre pour revenir vers la mi-janvier. Il est prévu que nous prenions l’avion du 24 janvier vers la Belgique pour un repos bien gagné et ramèneront Makala avec nous car elle se fait vieille et ici il n’y a pas de soins vétérinaires possibles !!!
Petit suspens ce matin: l’avion qui devait emmener le directeur financier et les trois visiteurs congolais que nous avons eu cette semaine avait l’interdiction de décoller de Kinshasa, car il serait à présent interdit de faire voyager des avions mixtes (en même temps du cargo et des passagers), une nouvelle règle de l’Autorité de l’Aviation Civile congolaise… Cela c’est arrangé cette fois-ci (probablement grâce à des “motivations”), si cela s’avère plus permanent, ce sera une difficulté de plus car il n’y a pratiquement jamais assez de cargo seulement ou de passagers seulement pour assurer un vol régulier hebdomadaire entre Kinshasa et Ilebo. Reste à voir si l’avion mensuel affrété par la Brabanta, chaque fois bien plein avec personnel, ravitaillement en vivres et achalandage de pièces et matériel urgent ou fragile, donc également mixte, ne fera pas l’objet lui aussi de négociations… Hrmmmm.
Dernière matinée de la semaine, pas de grosse pluie ce matin, cela laissera peut être aux pistes l’occasion de sécher car elles sont difficilement praticables en ce moment! Hier, en fin de matinée, nous avons eu un orage tropical particulièrement violent accompagné de pluies qui l’étaient tout autant. Du coup la tenue sur routes est sportive!
La récolte est de plus en plus réduite à la portion congrue ce qui laisse l’opportunité d’effectuer réparations et travaux d’entretien en plantation, lorsque les pièces à remplacer sont arrivées ou/et que les techniciens sont là. Nous avons aussi, récemment, des soucis de connexion WiFi par le satellite que la Brabanta utilise, après chaque grosse pluie. Heureusement, pour usage privé, Marc a réussi à nous trouver un plan B avec un “pocket wifi”, cela lorsque le réseau téléphonique n’est pas lui aussi démissionnaire. Maintenant que vous êtes, de fait, plus ou moins dans la même situation d’isolement, vous savez à quel point c’est frustrant d’être sans moyen de communication!
Samedi en fin de journée, le responsable du secteur technique avait invité tout le personnel technique ainsi qu’agro pour une ripaille commune à “la Cerclette”, nous devions être une petite soixantaine. La journée avait été magnifique et nous avons eu un coucher de soleil “digne d’une carte postale” , avec silhouettes de pirogues et piroguiers droits comme des I tout en maniant leur pagaie, bancs de sables mordorés et reflets moirés d’or et de rouge corail sur la rivière Kasaï. Marc et moi sommes rentrés un peu avant la fin à cause de l’état de la route et de la demi-heure de trajet. Il fallait encore effectuer quelques menues tâches à la maison avant que le groupe électrogène s’éteigne et que nous ne rejoignons le monde de Morphée.
Aujourd’hui, dimanche, lever vers sept heures, dégustation de fruits, préparation de crêpes, conversation vidéo avec la famille d’Emilie & Filip à Kapellen, doux babil et yeux pétillants de notre petite fille. Quelle chance d’être au vingt-et-unième siècle !
Il est à présent presque 11:30h. chez nous et le grand soleil avec lequel nous nous sommes levés fait place à de menaçants nuages et grondements encore lointains mais qui ne plaisent pas pour autant à Makala qui vient se presser dans nos jambes.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et que la situation (sanitaire) ne vous pèse pas trop. Ecrivez nous!
Marie-Claude et Marc

Notre premier avocat – Our first advocado
Piscine olympique – Olympic swimming pool
Pépinière de plantes ornementale – Ornamental plants nursery

Like all vacations, they went by too fast, but while it lasted, it was nice to get up at the same time as the day, and not before, for a week! Today, Friday, November 20 (only two months left before the “real vacations”). Wake up 04:25h. And, surprisingly, it wasn’t too brutal, probably the effect of a more human week schedule.
Itwas rather overcast the whole week except Wednesday, rainy season obliges, but we took the opportunity to sort out a little the contents of the freezers, which includes some vegetables from the garden that had been conditioned and not yet eaten (the vegetables of the next season already appearing and requiring treatment) since the beginning of our Congolese adventure. This did not prevent us from walking around, splashing in our Olympic swimming pool, reading for pleasure without guilty feeling and other tinkering. For Marie-Claude, a difficult aspect of everyday life in our golden prison is the constant and uncontrollable invasion of foreign elements who are supposed to lend a hand but, being so slow and ineffective, end up working all morning and more for a task that takes us at best a couple of hours. Paradoxically for our holidays, we took care of the chores ourselves (apart from the ironing, which is done in another building and is therefore not invasive). All the “Cathedral social staff” was put to work in the garden and forbidden to enter in the house itself. Poor Guy was a little upset but Marie-Claude likes to cook and we did the dishes together. The cleaning of the house was done early in the morning and “basta”. And, what is not “a small matter”, Marc undertook and finished trimming the fur of our canine friend with scissors, as much for her relief as for ours because the smell the accumulated and unwashable fur was becoming quite pungent and uncomfortable! The shampooing done by the lady of the house was followed by a few hours of drying and “cross wording” on the deck of the pool. One down!!!!
We also had the pleasant surprise of picking our first avocado from an avocado stone planted by us, a nice reward after five years of care an it is superb, too! (See photo).
The return to work began Thursday evening with a commemorative drink at “la Cerclette” (Brabanta’s club) in Mapangu on the riverside with all the senior staff for the Secretary General buried in Kinshasa in the morning. Marie-Claude has decided to maintain the ban of the “social staff” until the beginning of next week given that tomorrow is Saturday and Sunday is, by tradition, a day without outsiders.
This morning Marc was debriefing the interim done by the financial director during our “week” of local vacations, before his departure for Kinshasa, where he has the mission to solve the visa problems of our expatriates (including his own) and those of visitors expected in the coming weeks. Task left unfiniushed by the sudden and unexpected death of our Secretary General. This is before his (of the financial director) going to Europe during the Christmas vacations, with a return planned for early January. As we have already written, we will keep the fort (Brabanta) between the two of us for the end of the year 2020 and will be the only expatriates on the spot. The two other expatriates still on the plantation will leave Mapangu in mid-December and will return in mid-January. It is planned that we will take the plane on January 24th to Belgium for a well earned rest and will bring Makala back with us because she is getting old and here there is no veterinary care possible !!!
Small suspense this morning: the plane that was supposed to take the financial director and the three Congolese visitors that we had this week was forbidden to take off from Kinshasa, because it appears that now it is forbidden to have mixed flights (combining cargo and passengers), a new rule of the Congolese Civil Aviation Authority … This was solved this time (probably with the help of some “motivations”), if it proves to be more permanent, it will be one more difficulty because there is almost never enough cargo only or passengers only to ensure a regular weekly flight between Kinshasa and Ilebo. It remains to be seen whether the monthly plane chartered by Brabanta, each time full with personnel, food supplies and urgent or fragile parts and equipment, therefore also mixed, will not also be the subject of negotiations? Hrmmmm.
Last morning of the week, no heavy rain this morning, this may give the tracks the opportunity to dry out a little because they are hardly practicable at the moment! Yesterday, at the end of the morning, we had a particularly violent tropical thunderstorm accompanied by rains that were just as violent. As a result, the handling on the roads is sporty!
The harvest is more and more reduced to become almost insignificant, which leaves the opportunity to carry out repairs and maintenance work in the plantation and transport fleet, when the spare parts have arrived or/and the technicians are there. We also have, recently, problems with WiFi connection through the satellite that the Brabanta uses, after each heavy rainfall. Fortunately, for private use, Marc managed to find us a plan B with a “pocket wifi”, that is when the telephone network is not also out of use. Now that you are, in fact, more or less in the same situation of isolation, you know how frustrating it is to be without means of communication!
On Saturday evening, the person in charge of the technical department had invited all the technical and agro personnel for a communal feast at “la Cerclette”, there must have been about sixty of us. The day had been magnificent and we had a sunset “worthy of a postcard”, with silhouettes of dugout canoes and canoeists as straight as I’s while wielding their paddles, sand banks and golden and red coral water colour reflections on the Kasaï river. Marc and I returned a little before the end because of the road conditions and the half-hour drive. We still had to do a few small tasks at home before the generator went off and putting the lights out.
Today, Sunday, getting up around seven o’clock, tasting of fresh fruit from the garden, preparing pancakes, video conversation with Emilie & Filip’s family in Kapellen, sweet babbling and sparkling eyes of our grand-daughter. What a chance to be in the twenty-first century!
It is now almost 11:30 am. at home and the great sun with which we got up gives way to threatening clouds and rumblings that are still far away but which do not please Makala who comes to squeeze in our legs for protection.
We hope that this news will find you well and that the (sanitary) situation does not weigh on you too much. Write to us!
Marie-Claude and Marc

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Et Nous Voici Dimanche / Sunday, Here We Are

Commencé par une “grasse-mat” : lever passé 4:25h le groupe ne se mettant en marche que vers 7:00h le dimanche. Mais, de fait, comme l’aube se pointe plus tôt en ce moment (même si ce n’est que léger, nous sommes dans l’autre hémisphère) nous sommes levés un peu avant cela. Par contre : quel plaisir de s’éveiller en même temps que le jour et pas avant!
En plus, cela va durer une semaine (hi, hi, hi!). Comme nous n’avons pas pu prendre nos vacances comme prévu et que les prochaines sont fin-janvier, cela devenait un peu “longuet” et, ne soyons pas timide, je commençait à perdre patience et bonhomie, pourtant légendaires… (Si, si : légendaires 😉 ) . Donc “DG mon DG” a eu un trait de génie : nous prenons une semaine de congé, à la Cathédrale. Une semaine durant laquelle on s’éveille “quand on s’éveille”, une semaine durant laquelle SON téléphone est éteint et, en cas d’urgence, l’initié de service appelle MON téléphone. Une semaine pour faire les trucs que l’on ne prend pas le temps de faire parce que, autrement, cela dévore la seule journée de pause hebdomadaire accordée. Une semaine aussi où nous allons essayer d’avoir le moins d’interférences extérieures possible. Donc, jusqu’à vendredi prochain nous allons vivre à notre rythme.
En ce moment, la saison des pluies est vraiment là ce qui nous donne des ciels de tempêtes absolument extraordinaires… et un chien complètement stressé. Nous avons dès lors décidé de fermer la porte de communication entre le salon où se trouve le panier du chien et nos quartiers car Makala avait tendance à essayer de se coucher sous notre lit, trop bas pour sa taille, ce qui, même avec Boules Quies dans les oreilles, perturbe assez fort nos nuits. Autre avantage : le chat qui avait pris l’habitude de nous offrir une cantate et de contribuer à notre lever dès qu’un murmure laissait présager notre éveil, est aussi coincé derrière la porte jusqu’à ce que nous décidions de l’ouvrir. Cela n’a l’air de rien mais nos réveils sont beaucoup plus zen dans ces conditions.
Par contre nous profitons moins de la piscine car la météo n’a pas toujours le même horaire que nous et il faut surveiller le niveau. Piscine dont l’équilibre est à présent bon et qui est d’un bleu azur fort plaisant. Le deck bénéficie d’une paillote pour procurer un ombrage aux heures chaudes et nous allons peut-être maintenant en profiter car durant la semaine c’est “un peu trop de tintouin” de déménager tout ce qu’il faut pour pique-niquer au bord de l’eau.
Sur une note nettement moins positive, nous avons eu un choc avec le décès prématuré par crise cardiaque du Secrétaire Général de la Brabanta ce lundi. Nous aurions dû assister à ses funérailles à Kinshasa la semaine prochaine mais l’avion qui fait la liaison hebdomadaire Ilebo/Kinshasa a été supprimé cette semaine. Une cérémonie sera effectuée à Mapangu avec collègues et amis durant la semaine à venir, après son enterrement officiel à Kinshasa.
C’est lui qui s’occupait, entre autres, des dossiers expatriés et vu la pandémie et l’approche des vacances de Noël pour nos collègues (nous gardons le fort à Mapangu ces fêtes de fin d’année-ci). Il faudra trouver un “plan B” assez rapidement.
Nous sommes très curieux de voir comment cette semaine va se dérouler et si nous allons devoir nous battre pour faire respecter ces vacances ou pas. Marc a confiance, je suis suspicieuse ( comme d’habitude :-> ). De toutes façons, ce début est fort agréable et je me réjouis très fort du premier lundi sans réveille-matin !
Au jardin potager, la renaissance des asperges n’a pas vraiment eu lieu, j’avais de grands espoirs car l’amie du stagiaire agro (démissionnaire) qui était venue lui rendre visite et, maraîchère de son état, avait ré-installé toutes les griffes d’asperges, nous devions attendre la prochaine saison des pluies. Ben, nous ne voyons toujours rien venir. Mais nous avons notre lot de papayes et ananas frais, d’aubergines, laitues, rucola, basilic grec, gingembre, curcuma, haricots verts (en diminution). les fenouils sont un “flop” si on est intéressé par les bulbes et les carottes ont des formes psychédéliques (non, ce ne sont pas les champignons locaux, ils ne sont pas hallucinogènes… pas ceux que nous avons consommés jusqu’à présent du moins). Températures beaucoup plus agréables que les années précédentes, j’ai l’impression et, pour le moment, les nuits restent fraîches ce qui est vraiment plaisant!
Marc profite aussi de ce temps de pause pour faire des petits bricolages, ainsi, après avoir finalisé un puzzle de 5.000 pièces dont le montage a pris de petits moments étalés sur plusieurs mois, dès le début de ce congé il s’est attelé à l’assemblage d’un dirigeable en 3D reçu pour la Noël 2019, cela a pris un peu de temps mais deux heures seulement par rapport aux septs annoncées sur la boîte. C’est fait et le résultat est assez joli même si totalement inutile et impossible à démonter… C’est aussi l’occasion de passer un peu plus de temps au jardin car, même si nous avons une escouade de jardiniers pour s’en occuper, il y a toujours des petites choses qui ne sont jamais aussi bien faites que par soi-même comme tailler les fleurs devant ou soigner les arbres et plantes que nous avons planté près de la maison. Outre les Jacaranda que nous avons planté grâce aux semences reçues de l’un de nos visiteurs et les arbres du voyageur pour lesquels nous avons un faible, nous avons un arbre qui doit encore être planté et comme il s’agit d’un exemplaire unique nous devrons très soigneusement choisir sa place. L’arbre est issu d’une seule graine reçue du Bhoutan et qui s’est développée en un petit arbre qui semble bien s’accommoder des conditions de Mapangu. Nous avons eu très peur car, à un moment donné toutes les feuilles ont roussi et sont tombées et nous pensions que c’était la fin de notre immigré de l’Himalaya, mais après une petite pause il a refait de vigoureuses pousses toutes vertes comme si de rien n’était. Il y a donc largement de quoi nous occuper sans compter l’occasionnelle trempette dans notre bassin olympique ou une petite balade dans les environs de la Cathédrale, et nous nous réjouissons très fort de cette semaine de pause.
Nous allons vous quitter ici, prenez soin de vous et de vos aimés, ménagez les autres
Bises de Mapangu
Marc & Marie-Claude

Started with a “lie-in”: getting up after 4:25am the generator only starts around 7:00am on Sundays. But, in fact, as the dawn comes earlier at the moment (even if it is only slight, we are in the other hemisphere) we got up a little before that. On the other hand: what a pleasure it is to wake up at the same time as the day and not before!
Besides, it will last a week (hi, hi, hi!). As we could not take our holidays as planned and the next ones are not before the end of January, it was getting a bit “long” and, let’s not be shy, I was starting to lose my patience and my bonhomie, which are legendary… (Yes, yes : legendary 😉 ). So “GM my GM” had a stroke of genius: we take a week off, at the Cathedral. A week during which we wake up “when we wake up”, a week during which HIS phone is switched off and, in case of emergency, the service insider call MY phone. A week to do the things we do not take time to do because otherwise it devours THE single day of weekly break that we are granted. A week also where we will try to have as little outside interference as possible. So until next Friday we will live at our own pace.
At the moment, the rainy season is really here which gives us absolutely extraordinary storm skies… and a completely stressed dog. We have therefore decided to close the communication door between the living room where the dog’s basket is and our quarters because Makala had a tendency to try to lie under our bed, too low for her size, which, even with earplugs in her ears, disrupts our nights quite a lot. Another advantage: the cat who used to offer us a cantata and help us get up as soon as a whisper hinted that we were awake, is also stuck behind the door until we decide to open it. It doesn’t sound like anything but our awakenings are much more zen in these conditions.
On the other hand, we don’t enjoy the pool as much as we could because the weather (read the sun) does not always have the same schedule as ours and swimming when there is a thunder storm is not recommended and we also have to watch the water level (however it is easier to drain the pool than top it up). The swimming pool has a balance now and has a very pleasant azure blue colour. The deck benefits from a thatched roof to provide shade in the hot hours and we may now enjoy it because during the week it’s “a bit too much of a hassle” to move everything we need to picnic by the waterside.
On a much less positive note, we had a shock with the premature death due to heart failure of Brabanta’s Secretary General on Monday. We should have attended his funeral in Kinshasa next week but the weekly Ilebo/Kinshasa flight was cancelled and we are therefore unable to attend, which is not all bad because attending a large gathering in the current pandemic is, maybe not, the wisest idea. A ceremony will be held in Mapangu with colleagues and friends during the coming week after his official burial in Kinshasa.
He was in charge, among other things, of the expatriate files such as visas and working permits and with the pandemic and the approach of the Christmas holidays for the other expatriate colleagues (we are staying put in Mapangu this festive season), we are scrambling to find a “plan B” fairly quickly.
We are very curious to see how this week will pan out and whether we will have to fight of calls and other attempts to get Marc’s attention to have these holidays respected, or not. Marc is confident, I am suspicious (as usual :->). In any case, it is a very pleasant start and I am really looking forward to the first Monday in Mapangu without an alarm clock at 4h25 !
In the vegetable garden, the asparagus rebirth didn’t really take place, I had high hopes because the girlfriend of a trainee (who has since resigned), who came to visit him, being a market gardener profession, had re-installed all our asparagus claws, and all we had to do was wait for the next rainy season. Well, we still don’t see anything coming up, so chances are termites or other pests got the better of them. But we do have our share of fresh papayas and pineapples, aubergines, lettuce, rucola, Greek basil, ginger, turmeric, green beans (decreasing). Fennels are a “flop” if you are interested in bulbs and carrots have psychedelic forms (no, it is not due to the consumption of local mushrooms, they are not hallucinogenic… not the ones we have eaten so far at least). We have the impression that temperatures are much more pleasant than in previous years and, for the time being, the nights remain cool which is really pleasant!
Marc also takes advantage of this break to do some small crafts, so after having finalized a puzzle of 5,000 pieces that took a many short spells spread over several months, from the beginning of this holiday he set about assembling a 3D airship received for Christmas 2019, it took a little time but it’s done and the result is quite nice even if totally useless and impossible to dismantle … It is also an opportunity to spend a little more time in the garden because, even though we have a squad of gardeners to take care of it, there are always little things that are never done as well as by oneself such as pruning the flowers in front of the house or taking care of the trees and plants that we have planted around the house. Apart from the Jacaranda trees we planted thanks to the seeds we received from one of our visitors and the “traveller’s” trees for which we have a weakness, we have one tree that still needs to be planted and as it is a unique specimen we will have to choose its place very carefully. The tree is from a single seed received from Bhutan and has developed into a small tree that seems to cope well with the conditions in Mapangu. We have been very concerned, because at one point all the leaves scorched and fell off and we thought it was the end of our Himalayan immigrant, but after a short break it grew new vigorous green shoots as if nothing had happened. So there is plenty to keep us busy not to mention the occasional dip in our Olympic pool or a short walk around the Cathedral and we are looking forward to the week-long break.
We’ll leave you here, take care of yourself and your loved ones, watch for of other ones as well
Kisses from Mapangu
Marc & Marie-Claude

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Calme – Calm

See below for English text

La pointe de production, où tout le monde est sur le pont presque 24/24, est passée. C’est un peu comme un soufflé qui retombe d’un coup ou une bougie que l’on souffle car en pleine pointe nous récoltons parfois plus de 600 tonnes par jour. Il y a quelques semaines à peine nous récoltions encore jusqu’à 300 tonnes de régimes par jour et maintenant nous avons des journées où il y a à peine 25 tonnes qui sont livrées à l’huilerie. En pointe notre huilerie fonctionne sans arrêt jour et nuit, y compris le dimanche, pour essayer de perdre le moins possible de production, tandis que maintenant en maximum deux petites journées toute la production est absorbée. Au lieu de 60-70 véhicules qui passent sur le pont bascule chaque journée de pointe, maintenant ce sont 4-5 chargements qui arrivent et, souvent même, à peine des charges complètes, plus besoin de suivre les opérations jusqu’aux petites heures. Les difficultés actuelles sont d’un autre ordre car, si en théorie nous n’avons besoin que d’un quart ou moins de nos véhicules pour réaliser les opérations, d’une part il semble toujours y avoir des excuses pour sortir un véhicule (aller déposer de la main d’œuvre, livrer des matériaux ou outils, etc.) peu importe, d’ailleurs, s’il est question d’une seule brouette ou d’une charge complète d’engrais : les véhicules semblent en permanence sollicités. D’autre part, le retour de la saison des pluies nécessite constamment d’aller faire des dépannages de véhicules embourbés ou autrement immobilisés. Cette utilisation moins intense des véhicules est aussi une opportunité pour une recrudescence des vols de carburant facilités par la présence de véhicules non-essentiels dans différents coins de la plantation. Nous avons évidemment des chauffeurs en surnombre compte tenu des besoins de la pointe et ceux-ci trouveront une multitude de prétextes pour faire quelque chose avec leur engin plutôt que de donner un coup de main dans les travaux des champs qu’ils trouvent désormais indignes de leur statut…
La situation est la même à l’huilerie où nous nous retrouvons tout d’un coup avec deux fois trop de main d’œuvre, une partie de celle-ci est utilisée pour des travaux “d’entretien” tels que nettoyer les zones vertes, planter des fleurs ou des arbres ou aider à la réparation des routes, ces travaux sont réalisés avec peu d’enthousiasme et nous n’avons donc malheureusement pas d’autre choix que de mettre fin (ou ne pas renouveler) le contrat de travail d’une partie de nos employés en espérant qu’ils accepteront de revenir lors de la prochaine pointe.
On observe toutefois un certain calme dans la plantation avec un trafic fortement réduit, moins de bruit émanant de l’huilerie et des journées de travail qui se terminent à des heures normales, même si le travail d’entretien en plantation (qui est généralement négligé pendant la pointe) ne diminue pas. C’est aussi la période où beaucoup de monde prend ses congés (bien mérités), y compris les expatriés ce qui a fait que pendant un mois nous n’étions que deux (trois avec Marie-Claude) expatriés en plantation et en décembre-janvier nous serons même les seuls Marie-Claude et moi.
Nous pensions profiter de cette période de calme pour, Marie-Claude et moi, aller passer quelques jours à Kinshasa afin de changer de biotope et nous changer les idées, mais nous avons décidé de renoncer à cette escapade car, d’une part, nous devons être présent ici en plantation pour la visite d’une consultante qui vient nous aider dans notre démarche de certification RSPO et ensuite nous devrons garder le fort pendant que les autres expatriés prennent leur vacances et, d’autre part, parce que même si le Covid ne semble pas faire de ravages à Kinshasa nous sommes un petit peu inquiets de nous retrouver exposés à un manifeste manque de rigueur dans les mesures de précautions prises et il serait bête de se retrouver bloqués dans un centre de quarantaine à Kinshasa en cas de test positif avant notre retour à Mapangu.
Il est vrai que nous attendons la visite d’une consultante ce mois-ci, mais, en fait, les visites ont été fort limitées cette année comparé aux années précédentes (coronavirus oblige) et les choses ont donc été particulièrement calmes pour nos maisons de passage et les studios/chambre d’amis à la Cathédrale. Je présume que lorsque les choses vont se normaliser un petit peu il y aura tout d’un coup une vague de visiteurs/consultants qui vont essayer de rattraper le temps perdu.
En plantation et à Mapangu les choses sont aussi plutôt calmes, les travailleurs semblent relativement satisfaits de leur sort et nous essayons d’améliorer les choses tant que possible avec des actions sociales telles que fourniture de produits alimentaires de première nécessité, des matelas, des lampes solaires, des vélos, etc. à des prix subsidiés. Tous ces articles disparaissent en un clin d’œil malgré le fait qu’ils représentent parfois tout un mois de salaire . . . Il est vrai que les alternatives localement disponibles sont significativement plus onéreuses et que la société permet aux agents d’acheter ces articles à crédit (sans intérêt) les rendant ainsi accessibles à presque tout le monde.
A Kinshasa les choses sont un peu moins calmes car il semble que le modus vivendi conclu entre le Président et le clan de son prédécesseur ne soit plus aussi cordial qu’au début et les escarmouches politiques qui s’ensuivent ne rendent malheureusement pas la vie plus facile ni au point de vue social, ni au point de vue de décisions politiques et financières au niveau national et international. Ainsi l’obtention d’un passeport pour les congolais est devenu quasi impossible, toutes les demandes d’exonérations fiscales sont en stand-by et obtenir des visas pour les étrangers relève également du parcours des combattants (avec évidemment les motivations nécessaires à la clef). Pour cela Marie-Claude et moi bénissons le fait que nous avons réussi à obtenir un visa permanent il y a quelques années et donc échapper à toutes ces tracasseries. Ces troubles au sommet du pouvoir n’empêchent pas les autorités locales de continuer leurs pratiques, comme la récente demande de paiement de frais techniques de maintenance des voies fluviales avec évidemment des pénalités pour les arriérés, alors qu’il n’y a aucune loi ou texte réglementaire qui valide un telle taxe, mais qui n’essaye pas n’a pas… Les édiles locaux essayent également de détrôner l’actuel gouverneur de la province du Kasaï en prétextant que celui-ci aurait utilisé des deniers publiques pour son propre intérêt. Surprenante démarche compte tenu du fait que la corruption et les détournements de fonds sont un sport national ici en RDC à tous les niveaux, tous les officiels qui nous rendent visite s’attendent à recevoir un petit quelque chose (parfois pas si petit que cela) en-dessous de la table… Il paraît qu’ils ont appris cela des belges, mais ils sont certainement passés maîtres dans le développement de cet art qui ne connait manifestement pas de limites ici.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous serons heureux de recevoir des vôtres,
Marie-Claude et Marc

Souvenirs, mon bureau avant rafraîchissement – Souvenirs, my office before redecoration

The peak of production, where everyone is on deck almost 24 hours a day, has passed. It’s a bit like a soufflé coming down or a candle being blown out, because at peak time we sometimes harvest more than 600 tonnes a day. Only a few weeks ago we were still harvesting up to 300 tons per day and now we have days when only 25 tons are delivered to the oil mill. At peak our oil mill is working non-stop day and night, including Sundays, to try to lose as little production as possible, while now in a maximum of two short days all the production is absorbed. Instead of 60-70 vehicles passing on the weighbridge every peak day, now 4-5 loads arrive and often only a few full loads, so there is no need to follow the operations until the early hours into the night. The current difficulties are of a different order because, although in theory we only need a quarter or less of our vehicles to carry out the operations, on the one hand there always seem to be excuses to take a vehicle out (to go and drop off labour, deliver materials or tools, etc.) no matter, moreover, whether it’s a single wheelbarrow or a full load of fertiliser: the vehicles seem to be under constant strain. On the other hand, the return of the rainy season means that vehicles that are stuck in the mud or otherwise immobilised have to be constantly towed. This less intense use of vehicles is also an opportunity for a resurgence in fuel theft, facilitated by the presence of non-essential vehicles in different corners of the plantation. We obviously have a surplus of drivers given the needs during the peak and they will find a multitude of pretexts to do something with their vehicles rather than helping out in the fields which they now find unworthy of their status…
The situation is the same at the oil mill where we suddenly find ourselves with twice too much labour, part of it is used for “maintenance” work such as cleaning green areas, planting flowers or trees or helping to repair roads, this work is carried out with little enthusiasm and we therefore unfortunately have no choice but to terminate (or not renew) the employment contracts of some of our employees in the hope that they will agree to come back at the next peak.
There is, however, a certain calm in the plantation with much reduced traffic, less noise from the oil mill and working days that end at normal hours, even if the maintenance work on the plantation (which is generally neglected during the peak period) does not diminish. This is also the period when many people take their (well-deserved) leave, including expatriates, which meant that for a month we were only two (three with Marie-Claude) expatriates on the plantation and in December-January we will even be the only ones with Marie-Claude and me.
We thought we would take advantage of this period of calm, Marie-Claude and I, to go and spend a few days in Kinshasa for a change of scenery and take our minds off things, but we decided to give up this escapade because, on the one hand, we have to be here at the plantation for the visit of a consultant who is coming to help us with our RSPO certification process and then we will have to hold down the fort while the other expatriates take their holidays, on the other hand, because even if the Covid does not seem to be wreaking havoc in Kinshasa we are a little worried that we are exposed to a manifest lack of rigour in the precautionary measures taken and it would be silly to find ourselves stuck in a quarantine centre in Kinshasa in case we test positive before we return to Mapangu.
It is true that we are expecting a visit from a consultant this month but, in fact, visits have been very limited this year compared to previous years (due to coronavirus) so things have been particularly quiet for our guest houses and the studios/friends’ room at the Cathedral. I assume that when things normalise a little bit there will suddenly be a wave of visitors/consultants trying to make up for lost time.
On the plantation and in Mapangu things are also rather calm, the workers seem relatively satisfied with their lot and we try to improve things as much as possible with social actions such as providing basic food items, mattresses, solar lamps, bicycles, etc. at subsidised prices. All these items disappear in the blink of an eye despite the fact that they sometimes represent a whole month’s wages … It is true that locally available alternatives are significantly more expensive and that the company allows agents to buy these items on credit (without interest) making them accessible to almost everyone.
In Kinshasa things are a little less calm because it seems that the modus vivendi concluded between the President and his predecessor’s clan is no longer as cordial as it was at the beginning, and the political skirmishes that follow unfortunately do not make life any easier either from a social point of view or for political and financial decisions at national and international level. Obtaining a passport for Congolese citizens has become almost impossible, all applications for tax exemptions are on stand-by, and obtaining visas for foreigners is also part of the combatants’ journey (with the necessary motivation to do so, of course). For this Marie-Claude and I bless the fact that we managed to obtain a permanent visa a few years ago and thus escape all this hassle. These troubles at the top of power do not prevent the local authorities from continuing their practices, such as the recent request for payment of technical fees for the maintenance of the waterways with obviously penalties for arrears, whereas there is no law or regulatory text that validates such a tax, but who doesn’t try has no chance of getting something. Local councillors are also trying to dethrone the current governor of the Kasai province on the pretext that he used public money for his own interest. Surprisingly, given that corruption and embezzlement are a national sport here in the DRC at all levels, all the officials who visit us expect to receive a little something (sometimes not so little) under the table? It seems that they learned this from the Belgians, but they are certainly masters in the development of this art which obviously knows no limits here.
We hope this news finds you well and we look forward to hearing from you,
Marie-Claude and Marc

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Mystère – Mystery

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Comme tous, je présume, nous sommes inquiets de voir que les autorités décident les unes après les autres de réimposer des formes de confinement de plus en plus sévères alors que beaucoup ne se sont même pas remis des conséquences de la première vague de ce redoutable virus qui a paralysé le monde. Ce qui est inquiétant est de voir que personne ne sait réellement comment venir à bout de la pandémie, à moins d’être sur une île comme la Nouvelle Zélande, l’Ile Maurice ou Taïwan où il est possible de contrôler strictement les entrées et sorties du territoire. C’est un petit peu notre cas à Mapangu, même si les allées et venues ne sont pas réellement contrôlées, car peu de monde s’aventure sur les routes délabrées pour venir jusqu’ici et ceux qui voyagent par barge ont largement le temps de “virer leur cuti” compte tenu d’un périple qui dure au minimum trois semaines. Avec un maximum de quinze passagers arrivant chaque mois par avion et l’obligation d’avoir un test covid négatif à l’embarquement, les risques venant de ces passagers est également relativement bénin.
Il y a toutefois des aspects qui sont difficiles à comprendre, voire, qui relèvent du mystère: comment expliquer que, dans une ville comme Kinshasa où 14,5 millions de personnes vivent les unes sur les autres souvent avec 30 personnes logeant dans une maison de 50m², les consignes de prudence ne sont pas respectées (le port du masque est tout sauf appliqué, les gens s’embrassent et se saluent normalement et les possibilités de se laver les mains ou de désinfecter les objets sont quasi nulles dans la cité) et où les mouvements de masse sont énormes, le taux de progression des infections est minime et les décès (un peu plus de 300 à ce jour) dérisoires par rapport aux autres causes (malaria, accidents de la route, criminalité). Une grande partie des victimes sont du reste des personnes qui ont été en vacance ou mission en Europe où plus généralement en dehors de l’Afrique.
Plusieurs théories sont avancées, la première étant que le climat chaud est défavorable au développement du virus, mais que dire alors des pays comme le Brésil, la Floride et même l’Australie qui ne sont pas exactement des contrées froides. La deuxième est une soi-disant résistance des africains au virus, mais cela ne semble pas être le cas pour les africains vivant en Europe qui, selon les dires de leur famille restée ici en RDC, ont également attrapé le coronavirus et certains n’y ont pas survécu. La troisième hypothèse est de remettre en question les chiffres avancés par les autorités congolaises, mais les hôpitaux ne semblent pas plus sollicités qu’auparavant et nos travailleurs qui ont de la famille à Kinshasa ne font pas état d’un problème sanitaire apparent dans la mégapole.
Une collègue qui est revenue d’Europe il y a moins d’une semaine nous à fait part de son inquiétude concernant l’envolée du virus en Europe, mais paradoxalement était consternée par le contraste entre les mesures prises dans les aéroport européens comparé aux mesures mises en place ici à Kinshasa. A Paris, tant à l’arrivée qu’au départ, hormis le port du masque obligatoire, il n’y a aucune forme de contrôle et il est difficile de trouver un endroit ou se laver/désinfecter les mains en-dehors des installations sanitaires habituelles. A l’arrivée à Kinshasa, il est d’abord interdit de débarquer de l’avion si l’on ne peut pas démontrer un résultat de test covid négatif, ensuite chaque passager doit passer dans un tunnel désinfectant et doit subir une prise de température. A tous les points d’entrée où de contrôle il y a des stations de désinfection des mains avec du gel et des essuies jetables et depuis cette semaine tout les passager doivent subir un test covid rapide dans l’aéroport avant de pouvoir poursuivre leur voyage. Toute personne testée positive est immédiatement prise en charge par l’INRB et mise en quarantaine dans un centre dédié à cet effet. Ces mesures contrastent très fort avec l’image d’un pays d’ordinaire considéré comme très désorganisé, mais il faut se souvenir que la RDC a dû faire face à des épidémies bien plus redoutables telle Ebola et qui ont été contrôlées de manière efficace avec relativement peu d’assistance extérieure.
Toutes ces mesures sont certes impressionnantes, mais cela n’explique par pourquoi le virus, qui est malgré tout présent dans le pays, ne se répand pas d’avantage en particulier dans une ville comme Kinshasa où la distanciation sociale est impossible. La réponse serait-elle à chercher dans la malaria, ou plutôt le fait que la très vaste proportion de la population est régulièrement sujette à des crises de malaria qui sont traitées avec des produits divers (quinine, artémisine, chloroquine, etc.) qui pourrait avoir un effet modérateur sur le virus ? Si cette théorie était vérifiée, notre traitement au thé d’Artemisia qui semble particulièrement efficace contre la malaria pourrait également nous protéger, au moins en partie, contre les méfaits du coronavirus. C’est une théorie avancée par le chef d’état malgache qui en a fait son arme de protection sanitaire nationale en distribuant des boissons et des gélules à base d’Artemisia. Mais les conséquences positives (le pays n’a plus beaucoup de cas de covid) pourraient également être dues au fait qu’il est plus facile de contrôler les allées et venues de personnes extérieures compte tenu du caractère insulaire du pays.
Quelles que soient les explications, Marie-Claude et moi continuons de prendre religieusement notre tisane d’Artemisia pendant une semaine tous les mois et, même si ce n’est que pour la malaria, nous sommes convaincus que ce traitement nous a permis d’éviter pas mal de problèmes sanitaires que tous nos autres collègues, y compris les expatriés, ont connu pendant le temps où nous avons été ici. Pour ceux que cela intéresse nous vous conseillons de regarder le fim “malaria business“, probablement un peu biaisé mais néanmoins très intéressant.
Il y a évidemment beaucoup d’autres mystères dans ce vaste pays comme la maladie qui affecte les palmiers de Brabanta (dont il était déjà fait rapport dans des documents de la PLZ datant de la première moitié du vingtième siècle) et qui ne se retrouve nulle part ailleurs, y compris dans les plantations voisines de notre plantation. Mais ce mystère là nous en parlerons dans une autre missive.
Nous espérons recevoir de vos nouvelles et éventuellement vos idées sur ce mystère du covid.
A très bientôt,
Marie-Claude et Marc

Appel sous la pluie – Muster while raining
Carottes du jardin (repiquées) – Carots from the garden (replanted)
Nouvelle école – New school

Like all of us, I presume, you are concerned that one after another the authorities are deciding to reimpose increasingly severe forms of containment when many have not even recovered from the consequences of the first wave of this dreadful virus. What is worrying is that no one really knows how to overcome the pandemic, unless they are on an island like New Zealand, Mauritius or Taiwan, where it is possible to strictly control entry and exit from the territory. This is somewhat our case, even if the comings and goings are not really controlled, because few people venture on the dilapidated roads to get here and those who travel by barge have plenty of time to witness the effects of the disease given a journey that lasts at least three weeks. With a maximum of fifteen passengers arriving by air each month and the requirement to have a negative covid test before being able to board, the risks from these passengers is also relatively benign.
There are, however, aspects that are difficult to understand, if not mysterious: how to explain that, in a city like Kinshasa where 14.5 million people live one on top of the other, often with 30 people living in a 50m² house, precautionary instructions are not respected (the wearing of masks is anything but enforced, the city is a place where people do not refrains from kissing and hugging each other and a place where there is almost no opportunity to wash hands or disinfect objects) and where mass movement are enormous. Despite all that, the rate of progression of infections is minimal and deaths (a little over 300 to-date) derisory compared to other causes (malaria, road accidents, crime). A large proportion of the victims are people who have been on a trip or mission in Europe or, more generally, outside Africa.
Several theories have been put forward, the first being that the hot climate is unfavourable to the development of the virus, but what can be said about countries such as Brazil, Florida and even Australia, which are not exactly cold countries. The second is that Africans are supposedly resistant to the virus, but this does not seem to be the case for Africans living in Europe who, according to their families who stayed here in the DRC, have also caught the coronavirus and some have not survived. The third hypothesis is to question the figures put forward by the Congolese authorities, but the hospitals do not seem to be in greater demand than before and our workers with families in Kinshasa do not report any apparent exceptional health problem in the megalopolis.
A colleague who returned from Europe less than a week ago told us of her concern about the surge of the virus in Europe, but paradoxically was dismayed by the contrast between the measures taken at European airports compared to those put in place here in Kinshasa. In Paris, both on arrival and departure, apart from the compulsory wearing of masks, there is no form of control and it is difficult to find a place to wash/disinfect hands outside the usual toilet facilities. On arrival in Kinshasa however, it is first forbidden to disembark from the plane if a negative covid test result cannot be demonstrated, then each passenger must pass through a disinfectant tunnel and have their temperature taken. At all checkpoints there are hand disinfection stations with gel and disposable wipes and since this week all passengers must undergo a rapid covid test in the airport before they can continue their journey. Any person who tests positive is immediately taken care of by the INRB and quarantined in a dedicated centre. These measures are in stark contrast to the image of a country usually considered very disorganised, but it should be remembered that the DRC has had to deal with much more dreadful epidemics such as Ebola, which have been effectively controlled with relatively little outside assistance.
All these measures are certainly impressive, but this does not explain why the virus, which is nevertheless present in the country, does not spread further, especially in a city like Kinshasa where social distancing is impossible. Is the answer to be found in malaria, or rather the fact that the very large proportion of the population is regularly subject to malaria attacks which are treated with various products (quinine, artemisinin, chloroquine, etc.) which could have a moderating effect on the virus? If this idea were to be verified, our treatment with Artemisia tea, which seems to be particularly effective against malaria, could also protect us, at least in part, against the harmful effects of the coronavirus. It is a theory put forward by the Malagasy head of state who has made it his national health protection weapon by distributing Artemisia-based drinks and capsules. But the positive consequences (the country no longer has many cases of covid) could also be due to the fact that it is easier to control the comings and goings of outsiders given the insular nature of the country.
Whatever the explanations, Marie-Claude and I continue to take our Artemisia tea religiously for a week every month and, even if only against malaria, we are convinced that this treatment has enabled us to avoid many of the health problems that all our other colleagues, including expatriates, have experienced during our time here. By the way, for those interested, please watch the film “Malaria Business“, which is probably biaised but yet interesting to have a better understanding of what is at stake with this devastatting ailment.
There are of course many other mysteries in this vast country, such as the disease affecting the Brabanta palms (already reported in PLZ documents dating back to the first half of the twentieth century), which is found nowhere else, including in the neighbouring plantations. But we will discuss this mystery in another letter.
We look forward to hearing from you and possibly receiving your ideas about this covid mystery.
Until soon,
Marie-Claude and Marc

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Répétition – Repetition

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Une des leçons que nous avons apprises depuis les quelques années que nous sommes ici à Mapangu est que les choses ne sont jamais acquises et que même quand nos interlocuteurs nous disent avoir compris ce qui vient d’être discuté, il y a de fortes chances que ce ne soit pas le cas, voire, juste le contraire.
Prenons l’exemple de nos coupeurs qui, tous les jours, récoltent les régimes de palme mûrs pour les envoyer à l’huilerie où ils seront traités. Le travail est toujours le même à savoir de faire le tour de chaque palmier pour vérifier s’il y a des régimes mûrs, la maturité se vérifie si un fruit se détache et que la loge de celui-ci est jaune, couper les palmes soutenant le régime dans le sens de la spirale des palmes (les palmiers développent leurs palmes en spirale, gauche ou droite, à raison de 8 palmes par tour de palmier), couper le régime mûr, vérifier s’il n’y a pas de fruits détachés dans les poches des palmes, couper en andainer les palmes coupées, couper le pédoncule du régime et nettoyer le rond autour du palmier pour facilement pouvoir ramasser les fruits. Certes toute une série d’étapes mais qui sont finalement plutôt simples et logiques. Pour aider les coupeurs à mémoriser la procédure, tous les matins avant de commencer le travail, l’équipe est rassemblée par leur chef d’équipe (appelé capita) pour faire une démonstration de chaque opération. Le but premier est de rafraîchir la mémoire des travailleurs sur la manière de travailler, mais cela permet aussi de vérifier si le capita, lui-même, a bien compris comment faire le travail. En plus, pendant la durée du travail le capita et son superviseur font des rondes dans les chantiers de récolte pour s’assurer que le travail est fait correctement. Et pourtant… A chaque visite en plantation le constat est fait qu’un bon nombre de coupeurs ne font pas le travail correctement, le plus souvent parce qu’ils n’ont pas compris ou disent avoir oublié. Il arrive même que les capitas eux-mêmes ne se souviennent plus exactement des recommandations, même si c’est le même travail qu’ils font tous les jours depuis des années. Il est certain que la langue peut parfois être à l’origine de mauvaises compréhensions et c’est pour cela que nous avons opté de faire des démonstrations pratiques tous les matins, mais même cela ne semble pas être aussi efficace que l’on aurait pu espérer.
L’exemple ici a été donné pour les coupeurs, mais il en va de même pour quasi toutes les opérations, y compris les maçons, les domestiques ou les chauffeurs et l’excuse est quasi invariablement: “Merci patron, j’avais oublié…”.
Sans vouloir tirer des conclusions générales, il pourrait y avoir plusieurs explications au fait que tant de personnes ont des problèmes de compréhension ou de mémoire. L’une est le fait d’une alimentation déséquilibrée dès le premier âge qui doit nécessairement avoir un impact sur le développement physique et intellectuel des personnes. L’alimentation de base ici est la farine de manioc et la farine de maïs, parfois agrémentée de légumes (feuilles de manioc) et d’une sauce à base d’huile de palme. Mis à part le fait que la farine de manioc ne contient certainement pas tous les éléments nécessaires pour une alimentation équilibrée, le rouissage des racines de manioc n’est pas toujours parfait et des traces de cyanure restent probablement présentes dans les bouillies données aux enfants dès leur jeune age. Les préparations à base de manioc sont nourrissantes dans le sens ou elles donnent l’impression d’être rassasié assez rapidement et ainsi masquer la faim, mais elles sont pauvres en protéines et autres éléments essentiels pour la croissance.
L’alimentation est un problème majeur ici car même s’il y a un peu de pêche dans la rivière Kasaï, la majorité de la population locale se contente de très peu de protéines animales (il n’y a plus rien à chasser) qui viennent soit sous forme de poisson boucané, d’oiseaux piégés ou d’insectes divers. Peu de personnes sont impliquées dans la production agricole ou l’élevage, le premier parce que les villages sont très territoriaux et ne permettent pas aux personnes intéressées de faire des champs et le deuxième parce que les taxes prélevées sur les éleveurs sont telles que les gens préfèrent laisser vagabonder quelques animaux en espérant qu’ils ne seront pas volés avant d’avoir pu les vendre ou les manger.
Une autre explication pour cet aspect de répétition continue est probablement aussi le système d’éducation. Comme vous le savez de par nos lettres de nouvelles précédentes, les écoles ici sont tout sauf excellentes, les bâtiments et infrastructures sont peu ou mal entretenus et les enseignants sont généralement peu formés avec des lacunes énormes (un professeur d’anglais qui ne sait pas parler l’anglais, un prof de math qui ne sait pas faire une règle de trois, ou un professeur de français qui ne maîtrise pas l’orthographe) qu’ils compensent en lisant ou copiant mot pour mot ce qui est inscrit dans leur manuel à défaut de pouvoir l’expliquer. Les élèves doivent, à longueur de journée, recopier ce que le professeur a écrit au tableau (quand il y en a un) ou répéter tous ensemble ce qui leur est dit (y compris les fautes de lectures de l’enseignant…). Les enseignants ont un diplôme officiel qui démontre avoir terminé des études, mais de plus en plus de ces diplômes sont délivrés non pas sur base de réelles compétences mais suite à un paiement qui représente parfois des sommes astronomiques par rapport aux salaires moyens.
Il y a peu, malgré que les écoles aient été fermées pendant plus de six mois, l’état a décidé d’organiser malgré tout les dissertations et examens d’état (payants évidemment) dans tout le pays. Nos travailleurs se sont endettés de manière effrayante pour s’assurer que leurs enfants puissent faire et surtout réussir leurs examens d’état et le résultat est à la hauteur des espoirs car quasi aucun élève de Mapangu n’a échoué cette année. Il faut dire que la présence de Brabanta assure une économie locale assez stable et qu’une grande partie des “inspecteurs” de l’état ont opté pour venir à Mapangu pour cette période de fin d’année scolaire.
Cette situation est désolante car il est clair que les diplômes n’ont absolument aucune valeur et on est en droit de se demander pourquoi les gens acceptent de se saigner à blanc pour quelque chose qui manifestement ne donnera aucune garantie d’avenir. J’en ai parlé avec certains de nos travailleurs, dont certains sont même allé jusqu’à payer des personnes pour faire les examens en lieu et place de leurs enfants (dans un cas parce que la fille de 16 ans, enceinte, est partie vivre avec son “mari” dans une autre province), qui me disent que, c’est vrai que le diplôme n’a pas de valeur, mais ayant payé tellement pour l’étude de leurs enfants ils ne veulent pas que cela ne soit pas consacré par un document…
Lorsque nous recrutons du personnel, les candidats viennent invariablement avec une batterie de documents officiels dont nous ignorons l’exacte valeur, et nous sommes obligés de faire passer des tests pour évaluer les compétences réelles. Nous constatons que quand il ne s’agit pas de répéter une information acquise précédemment les candidats sont perdus. Quand on demande combien de litres il y a dans un mètre cube ou comment écrire “huile de vidange”, la majorité nous répond avoir besoin d’une calculatrice ou un dictionnaire… Et puis il y a ceux que l’appelle les miraculés, ainsi nous avions un jeune laborantin, issu du collège local, que nous pouvions sans crainte laisser en charge de toutes les présentations et qui était capable mieux que nous d’expliquer toutes opérations et manipulations aux visiteurs même internationaux. Un autre exemple est un jeune agronome recruté localement dont les compétences sont surprenantes et qui est même plus compétent (de mon point de vue) que certains agronomes expatriés que nous avons eu ici à Mapangu. Ce sont des exemples trop rares mais qui montrent que le potentiel est là si les conditions sont réunies pour lui permettre de s’exprimer. Mais pour cela il faudra un changement drastique dans des aspects élémentaires tels que l’alimentation, l’éducation et l’encadrement, choses qui ne semblent malheureusement pas faire partie des priorités du gouvernement et hors de portée d’une société comme la nôtre.
A bientôt vous lire,
Marie-Claude et Marc

Lever du jour – Sunrise
Oups, on avait oublié la présence de la toiture… – Oops, we forgot there was a roof…
Le moteur ne tournait pas rond… – The engine did not run smoothly…
Bassin de 3ha en chantier – Pond of 3ha in construction

One of the lessons we have learned in the few years we have been here in Mapangu is that things should never be taken for granted and that even when people tell us that they understand what has just been discussed, chances are that this is not the case, or even just the opposite.
Take the example of our cutters who every day harvest the ripe palm bunches to send them to the oil mill for processing. The work is always the same, i.e. to go around each palm tree to check if there are ripe bunches, maturity is checked if a fruit falls out and the hole is yellow, cut the palms supporting the bunch in the direction of the spiral of the palms (the palms develop their palms in a spiral, right or left, with eith palms to a full circle). Cut the ripe bunch, check for loose fruit in the pockets of the palms, cut the stem of the bunch and clean the circle around the palm so that the fruit can be picked up easily. These are a whole series of steps, but in the end they are rather simple and logical. To help the cutters memorise the procedure, every morning before starting work, the team is assembled by their team leader (called a capita) to demonstrate each operation. The main aim is to refresh the workers’ memory of how to work, but it also helps to check whether the capita him(her)self has understood how to do the job. In addition, during the work shift, the capita and his supervisor make rounds in the harvesting areas to make sure that the work is done correctly. And yet… Every time we visit a plantation, we find that a good number of cutters do not do the work correctly, most often because they have not understood or say they have forgotten. It even happens that the capitas themselves don’t exactly remember the recommendations, even though it is the same work they have been doing every day for years. Certainly language can sometimes be the cause of misunderstandings and that is why we have opted to give practical demonstrations every morning, but even this does not seem to be as effective as one might have hoped.
The example here was given for the cutters, but the same is true for almost all operations, including the masons, the servants or the drivers, and the excuse is almost invariably: “Thanks boss, I forgot…”.
Without wishing to draw general conclusions, there could be several explanations for the fact that so many people have problems of understanding or memory. One is the fact that unbalanced nutrition from an early age must necessarily have an impact on people’s physical and intellectual development. The staple food here is cassava flour and maize flour, sometimes with vegetables (cassava leaves) and a palm oil-based sauce. Apart from the fact that cassava flour certainly does not contain all the elements necessary for a balanced diet, the retting of the cassava roots is not always perfect and traces of cyanide probably remain in the porridge given to children from an early age. Cassava-based formulas are nutritious in the sense that they give the impression of being satiated fairly quickly and thus mask hunger, but they are low in protein and other elements essential for growth.
Food is a major problem here because even though there is some fishing in the Kasai River, the majority of the local population is content with very little animal protein (there is nothing left to hunt) which comes either in the form of smoked fish, trapped birds or various insects. Few people are involved in agricultural or livestock production, the first because the villages are very territorial and do not allow interested people to make fields, and the second because the taxes levied on livestock farmers are such that people prefer to let some animals roam around in the hope that they will not be stolen before they can be sold or eaten.
Another explanation for this aspect of continuous repetition is probably also the education system. As you know from our previous newsletters, the schools here are anything but excellent, the buildings and infrastructure are poorly or badly maintained, and the teachers are generally poorly trained with huge gaps (an English teacher who cannot speak English, a maths teacher who cannot make a rule of three, or a French teacher who cannot master spelling) which they make up for by reading or copying word for word what is written in their textbooks if they cannot explain it. Throughout the day, students must copy what the teacher has written on the blackboard (when there is one) or repeat all together what they are told (including the teacher’s reading mistakes). Teachers have an official diploma that shows that they have completed their studies, but more and more of these diplomas are awarded not on the basis of real skills but following a payment that sometimes represents astronomical sums in relation to average salaries.
Recently, despite the fact that schools have been closed for more than six months, the state has decided to organise state dissertations and examinations (for a fee, of course) throughout the country. Our workers have gone into debt in a frightening way to ensure that their children can sit and above all pass their state exams and the result has lived up to expectations because almost no Mapangu students have failed this year. It must be said that the presence of Brabanta ensures a fairly stable local economy and that a large number of the state “inspectors” have opted to come to Mapangu for the end of the school year.
This situation is distressing because it is clear that diplomas have absolutely no value, and one has the right to wonder why people accept to bleed themselves dry for something that will obviously give no guarantee for the future. I’ve talked about this with some of our workers, some of whom have even gone so far as to pay people to take the exams in place of their children (in one case because the 16-year-old girl, who is pregnant, has gone to live with her “husband” in another province), who tell me that, it’s true that the diploma has no value, but having paid so much for their children’s studies they want it to be enshrined in a document, even if it is worthless.
When we recruit staff, candidates invariably come with a battery of official documents whose exact value we don’t know, and we are obliged to administer tests to assess the actual skills. We find that when it is not a question of repeating previously acquired information, candidates are lost. When we ask how many litres there are in a cubic metre or how to write “used oil”, the majority answer that we need a calculator or a dictionary? And then there are those whom I call the miraculous ones, so we had a young laboratory assistant, from a local college, who we could fearlessly leave in charge of all the presentations and who was better able than us to explain all the lab operations and manipulations to the visitors, even international ones. Another example is a young locally recruited agronomist whose skills are surprising and who is even more competent (from my point of view) than some of the expatriate agronomists we had here in Mapangu. These are all too rare examples, but they show that the potential is there if the conditions are right to allow it to express itself. But this will require a drastic change in basic aspects such as food, education and supervision, which unfortunately does not seem to be part of the government’s priorities and out of reach for a company like ours.
We look forward hearing from you soon,
Marie-Claude and Marc