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Termites

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L’ennemi numéro un des bâtiments en Afrique tropicale, surtout les constructions en bois, est la termite ou plutôt la colonie de termites car individuellement elles ne présentent pas réellement un problème, mais comme elles sont des dizaines de milliers voire des millions dans une colonie les conséquences sont loin d’être anodines.
En principe les termites se nourrissent de matières organiques, bois, matière végétale en décomposition ou champignons qu’elles cultivent dans la termitière, mais pour arriver à leur source nutritive elles élaborent parfois des tunnels de terre (fermés, car les termites vivent dans l’obscurité) sur des longues distances pour relier leur nid aux sources potentielles de nourriture.
Les maisons construites en bois et torchis résistent généralement au mieux deux années avant de s’écrouler suite à l’assaut de ces petits insectes qui rongent l’intérieur des structures en bois pour n’en laisser qu’une fine couche à peine plus épaisse que du papier à l’extérieur. Parfois on trouve des morceaux de bois qui en apparence sont intacts mais se pulvérisent au toucher parce que totalement creux à l’intérieur.
Notre maison, qui pourtant est construite avec des briques et du mortier, n’est pas épargnée par les termites qui l’attaquent de tous les côtés et malgré les efforts que nous faisons pour régulièrement détruire les tunnels de terre qui parsèment les murs, elles reviennent à l’assaut sans relâche en faisant un nouveau parcours. Cela finit par laisser tout un réseau de traces brunes sur les murs qu’il est pratiquement impossible d’éliminer sans remettre une couche de peinture, et même repeint, le tracé des chemins transparait après peu de temps.
Nous avons essayé de diminuer leur ardeur en mettant du biokill, du gasoil et d’autres crasses plus ou moins toxiques, qui ne fait que ralentir un petit peu leur enthousiasme mais ne les arrêtent certainement pas. Vous vous souvenez d’une de nos nouvelles où nous vous avions décris comment nous avons dû remplacer le plancher d’une des chambres de la Cathédrale parce que les termites avaient mangé la poutre maîtresse, eh bien nous craignons qu’insidieusement elles aient trouvé un moyen de revenir à la charge et nous surveillons cela de près.
Dans la nature les termitières et surtout les “champignonnières” sont plutôt impressionnantes par leur taille mais aussi par le fait que ces structures résistent aux assauts des fortes pluies alors qu’elles sont élaborées avec du sable. La résistance de ces termitières est probablement le résultat d’un mélange sable et “sucs” de termites. Il est donc d’autant plus incroyable que ces petites créatures de moins d’un demi cm arrivent à construire des édifices de plusieurs tonnes et de 2-3 mètres de hauteur. Nous avons une de ces “termitières cathédrales” qui se trouve justement pas loin de la Cathédrale (chez nous) et que nous essayons de préserver. En effet, ici, la population est friande de ces insectes et n’hésite pas à détruire une colonie entière pour piller les larves et enrichir leur ordinaire par ces protéines supplémentaires.
Le début de ces termitières est tout à fait anodin, un petit monticule de terre brune ressemblant à une taupinière en Europe, mais qui est nettement plus solide et dans laquelle il est fortement déconseillé de donner un coup de pied, aussi tentant que ce soit, les conséquences pour le dit appendice pouvant être désastreuses. C’est, d’ailleurs, un souci constant pour les pistes d’aviation, la rencontre d’un de ces débuts de termitière à l’atterrissage n’étant pas vraiment auspicieux.
Certains bois noirs, extrêmement durs, sont paraît-t-il plus résistants aux assauts des termites, mais ne les empêche pas d’y aménager leurs “tunnels” de terre pour accéder à d’autres parties plus tendres d’une construction. Pour ralentir la progression des termites dans nos constructions nous essayons toutes sortes de techniques avec plus ou moins de succès. Ainsi au lieu d’enterrer un poteau, même traité avec de l’huile de vidange et/ou encastré dans un bloc de ciment, nous avons choisi de poser toutes nos constructions sur des socles en béton dans lequel est coulé une attache en acier permettant de fixer la pièce de bois. Cela marche relativement bien, toutefois, guidées pas un sens très développé sans doute, les termites ne tardent pas à construire des tunnels sur le socle pour arriver jusqu’au bois et y commencer leur travail de sape. Nous en faisons l’expérience sur le ponton de la piscine où, à plusieurs endroits, les termites ont déjà lancé leurs offensives d’approche et où nous devons régulièrement détruire les voies d’accès, petits tunnels, aménagés sur les blocs en ciment pour atteindre les parties en bois.
Il semblerait que l’ennemi principal des termites, hormis les fourmiliers, pangolins et autres insectivores qui n’existent pas ou plus ici, sont les fourmis, qui, elles, ne manquent pas non plus dans notre coin. C’est d’ailleurs également avec les fourmis que nous avons le plus de problèmes dans nos ruches car il suffit d’une attaque organisée d’une colonne de fourmis pour dépouiller une ruche en une seule nuit.
De cela aussi nous vous avions déjà parlé, ces colonnes de fourmis qui prennent d’assaut la Cathédrale, mais réflexion faite peut-être aurions-nous du laisser les fourmis faire leur travail et de nous débarrasser de nos termites. Cela étant, hormis leur travail de sape des bâtiments les termites ne sont pas agressives (du moins les ouvrières qui se retrouvent dans la maison), tandis que les fourmis elles sont vicieuses et nous savons tous de quoi nous parlons, y compris Makala qui évitera pendant des semaines un endroit où elle a été molestée par une ou des fourmis.
En plantation les fourmis fabriquent parfois leur nids dans les palmiers, où elles tissent les folioles ensemble pour créer une grosse boule qu’elles protègent avec ardeur et malheur à celui qui passe en-dessous sans faire attention. Ce sont généralement de grosses fourmis rouges qui font 1-2cm de longueur et qui sournoisement se dispersent un peu partout sur le corps et à l’intérieur des vêtements avant de signaler leur présence en lâchant une goutte d’acide qui donne une impression de morsure fort désagréable mais heureusement passagère.
Lorsque plusieurs de ces créatures arrivent à trouver leur chemin jusque dans les coins les plus intimes de notre vêture, il ne suffit malheureusement pas de frotter ou de taper pour essayer de les écraser car ce sont des petites bêtes fort coriaces et la seule solution est de les enlever une par une avec la pointe des doigts. Parfois la cela nécessite de baisser son pantalon, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on est avec toute une équipe au champs et qu’ici la pudeur a été ancrée très fortement dans les mœurs par les successions de missionnaires. Enlever une pièce de vêtement, même pour cause de fourmis, peut être considéré comme un outrage à la pudeur et opportunité pour une plainte à la justice dont ils sont si friands ici. Donc, avant de pouvoir supprimer l’assaut des petites bêtes rouges qui se seraient immiscées dans un endroit qui devrait rester caché, il faut commencer par trouver un lieu un peu isolé où il est possible de se dévêtir partiellement sans par la suite se retrouver “au poste” avec la police pour les raisons évoquées ci-dessus.
Pour clore ces nouvelles sur le sujet des insectes, cette semaine nous avons également eu la visite d’un scolopendre, dont il existe apparemment plusieurs sortes ici dont une qui tout comme les lucioles serait fluorescente mais fortement toxique. Celui qui s’est retrouvé à la maison ne semblait pas être du type luminescent, mais par prudence Marie-Claude l’a quand même évincé de la maison.
Nous espérons que vous allez bien et que vous pourrez graduellement sortir de votre confinement.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

The number one enemy of buildings in tropical Africa, especially wooden constructions, is the termite, or rather the termite colony, because individually they do not really present a problem, but as there are tens of thousands or even millions of them in a colony the consequences are far from insignificant.
In principle termites feed on organic matter, wood, decaying plant matter or fungi that they grow in the termite mound, but to reach their nutrient source they sometimes build earth tunnels (closed, as termites live in the dark) over long distances to connect their nests to potential food sources.
Houses made of wood and cob usually last at best two years before collapsing under the onslaught of these small insects, which gnaw at the inside of wooden structures to leave a thin layer only slightly thicker than paper on the outside. Sometimes we find pieces of wood that appear intact but are pulverized to the touch because they are completely hollow inside.
Our house, which is built with bricks and mortar, is not spared by termites that attack it from all sides and despite our efforts to regularly destroy the earth tunnels that dot the walls, they keep coming back relentlessly on a new route. This ends up leaving a whole network of brown marks on the walls that it are practically impossible to remove without a coat of paint, and even repainted, the paths become again visible after a short time.
We tried to reduce their enthusiasm by putting biokill, diesel and other more or less toxic stuf on the various entry points, but to no avail as it only slows down their enthusiasm a little but certainly does not stop them. You remember one of our previous stories where we described how we had to replace the floor of one of the rooms in the Cathedral because termites had eaten the main beam, well we’re afraid that insidiously they’ve found a way to get back at it and we’re watching that closely.
In nature termite mounds and especially the “mushroom houses” are rather impressive by their size but also by the fact that these structures resist the assaults of heavy rains whereas they are made of sand. The resistance of these termite mounds is probably the result of a mixture of sand and termite “juices”. It is therefore all the more incredible that these small creatures of less than half a centimetre in size manage to build structures weighing several tons and 2-3 metres high. We have one of these “cathedral termite mounds”, which is not far from the Cathedral (home) and which we are trying to preserve. Indeed, here, the population is fond of these insects and does not hesitate to destroy an entire colony in order to plunder the larvae and enrich their ordinary with these extra proteins.
The beginning of these termite mounds is quite harmless, a small brown mound of earth resembling a molehill in Europe, but which is much more solid and in which it is strongly advised not to kick, however tempting it may be, as the consequences for can be disastrous. It is, moreover, a constant concern for the aircraft runways, as the encounter of one of these early termite mounds on landing is not really auspicious.
Some extremely hard black woods are said to be more resistant to termite attacks, but this does not prevent them from building their earth “tunnels” on them to access other softer parts of a construction. To slow down the progression of termites in our constructions we try all sorts of techniques with varying degrees of success. So instead of burying a wooden post, even if it has been treated with used engine oil and/or embedded in a cement block, we have chosen to put all our constructions on top of concrete bases, in which a piece of steel is fastened to fix the piece of wood. This works relatively well, however, guided by highly developed senses, termites soon build tunnels on the concrete base to reach the wood and begin their mining work. We experience this on the pool pontoon where, in several places, termites have already launched their offensive and where we regularly have to destroy the access roads, small tunnels, built on the cement blocks to reach the wooden parts.
It would seem that the main enemy of termites, apart from anteaters, pangolins and other insectivores which do not or no longer exist here, are ants, which are not lacking in our area either. It is also with the ants that we have the most problems in our beehives because it only takes one organized attack of a column of ants to strip a hive in a single night.
We already wrote about our dealings with ants, such as the columns of ants invading the Cathedral, but on reflection perhaps we should have let the ants do their work and get rid of our termites. That being said, apart from the fact that they are undermining buildings, termites are not aggressive (at least the workers who end up in the house), while ants are vicious and we all know what we are talking about, including Makala who will avoid for weeks a place where she has been molested by one or more ants.
In the plantation, ants sometimes make their nests in the palm trees, where they weave the leaflets together to create a big ball that they protect with ardour and misfortune to whoever passes underneath without paying attention. They are usually large red ants that are 1-2cm long and sneakily scatter all over the body and inside clothing before signalling their presence by releasing a drop of acid that gives the impression of a very unpleasant but fortunately temporary bite.
When several of these creatures manage to find their way into the most intimate corners of our clothing, it is unfortunately not enough to rub or tap to try to crush them because they are very tough little beasts and the only solution is to remove them one by one with the tips of your fingers. Sometimes this requires lowering one’s trousers, which is not always easy when one is with a whole team in the field, especially given that here modesty has been anchored very strongly in morals by the succession of missionaries. Taking off a piece of clothing, even because of ants, can be considered an outrage to modesty and an opportunity for a complaint to the police, which they are so fond of here. Therefore, before being able to suppress the assault of the little red beasts that would have intruded in a place that should remain hidden, one must first find a slightly isolated place where it is possible to partially undress without subsequently finding oneself “at the station” with the police for the reasons mentioned above.
To close this news on the subject of insects, this week we also had the visit of a centipede, of which there are apparently several kinds here, one of which, like fireflies, is fluorescent but highly toxic. The one that ended up in the house did not seem to be the luminescent type, but out of caution Marie-Claude still evicted it from the house.
We hope that you are well and that you can gradually come out of your confinement.
Read you soon,
Marc & Marie-Claude

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6 000

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La saison sèche est tout doucement en train de s’installer, ce qui amène pas mal de changements dans la plantation. Les palmiers ne sont pas vraiment heureux car ils ont besoin de beaucoup d’eau et, dans nos sols sableux, dès que les pluies cessent les palmiers ont plus de mal à trouver de quoi s’hydrater. D’un autre côté, les pluies moins abondantes impliquent aussi que la dégradation des routes va se ralentir, et donc que la formation soudaine de ravines au travers des routes va diminuer. Les difficultés ne sont pas résolues pour autant, c’est à présent l’ensablement qui nous guette. En effet, beaucoup de passages sur nos routes sont composés de sable fin qui, une fois sec, a tendance à se pulvériser et former de grands bacs à sable ou il est difficile de rouler voire même de marcher.
L’arrivée de la saison sèche se marque de manière quasi instantanée car en quelques semaines le niveau de la rivière Kasaï a baissé drastiquement de plus d’un mètre. Et donc les routes inondées où il était nécessaire de louer les services d’une pirogue pour traverser sont maintenant tout a fait sèches, à se demander si toute cette eau était un mirage. La pluviométrie en baisse signifie aussi des opérations de désherbage et de nettoyage en-dessous des palmiers moins astreignantes car toute croissance végétative ralentie.
La baisse de niveau de la rivière Kasaï est bienvenue pour les pêcheurs qui ont, semble-t-il, plus de succès pour attraper les gros poissons lorsque le niveau de l’eau est plus bas. C’est aussi le moment ou bon nombre de nos travailleurs disparaissent pour aller pêcher au risque de perdre leur travail en plantation où, après six jours d’absence consécutifs, ils sont déclarés déserteurs et retirés des listes des employés.
Par contre, pour les transporteurs fluviaux, la baisse du niveau d’eau de la rivière Kasaï n’est pas une bonne nouvelle car, non contents, d’être freinés par les difficultés de déchargement suite au manque de wagons à Ilebo, ils doivent aussi réduire leur charge pour négocier le passage des barges dans des zones rocheuses. Un malencontreux concours de circonstances fait que que la saison sèche et les difficultés de transport correspondent précisément à la période de pointe de production de la plantation où nous dépendons plus que jamais de transports pour évacuer l’huile et éviter de saturer nos cuves de stockage. Pour le moment, je croise les doigts, nous arrivons à évacuer toute notre production sans trop de problèmes, mais la décrue ne fait que commencer…
La saison sèche rend aussi plus difficile mes trajets en vélo entre la maison et le bureau, même si les risques de se faire doucher sont moindres. Le problème des pluies n’est pas tellement le fait de se faire mouiller car il ne fait pas vraiment froid, mais parce que les fines particules de sable semblent aimer se coller à la chaîne du vélo et en très peu de temps bloquer celle-ci au point de ne plus pouvoir avancer. J’ai essayé toutes sortes de formes de nettoyage et de lubrifiants différents, mais sans succès et dès que la route est mouillée il ne faut pas plus de quelques centaines de mètres avant d’être bloqué. La seule solution est de rouler tout doucement et ainsi éviter que l’eau ne soit éclaboussée sur la chaîne, mais cela ne marche que si je roule vraiment très doucement.
En saison sèche je n’ai donc pas ce problème, mais par contre même avec l’assistance électrique passer au travers des zones de sable fin sans me retrouver par terre ou simplement devoir mettre les pieds à terre (et donc ne plus pouvoir pédaler) n’est pas évident. La solution la plus efficace semble être d’essayer de garder le plus possible de vitesse, mettre un maximum de poids sur la roue arrière du vélo et garder la trajectoire la plus droite possible. Tout cela est généralement possible quand il n’y a pas un cochon ou une chèvre qui décide de traverser en dernière minute juste devant moi. Peu importe, faire du vélo reste une excellente façon de continuer à faire un peu d’exercice, si ce n’est que lors de mon dernier trajet j’ai peut-être un peu trop forcé et le dos ne semble pas avoir aimé les contorsions faites pour ne pas se retrouver par terre. Le dernier trajet de cette semaine a malgré tout été marqué par le franchissement de 6.000 km parcourus sur les pistes de Mapangu, cela peut paraître peu exceptionnel si ce n’est que ce sont des kilomètres parcourus exclusivement sur des pistes sableuses avec quelques bonnes côtes, ornières et autres obstacles à la clé, donc malgré tout un cap qui vaut la peine d’être noté.
Depuis que nous avons notre bassin olympique, le grand luxe est de pouvoir aller y faire un plongeon après avoir gravi la route jusqu’à la Cathédrale. Jusqu’à présent Marie-Claude et moi sommes les seuls à profiter de la piscine, les autres expatriés n’étant apparemment pas intéressés où ne veulent peut-être pas déranger (même si le bassin à justement été placé à l’écart de la maison pour que cela ne nous dérange pas).
L’arrivée de la saison sèche correspond également, assez surprenamment, avec l’arrivée de brouillards épais, surtout le matin, et la disparition de notre vue sur le Kasaï lointain qui se retrouve dans un voile de brume permanent jusqu’à la fin du mois d’août ou début septembre. Pour le moment la rivière est encore visible, mais ce n’est plus la même clarté et on devine que la brume prend ses quartiers d’hiver. Ce brouillard très dense aide probablement les palmiers à résister mieux à la saison sèche. De grand matin, le brouillard imbibe bien les feuilles, au point qu’à la maison nous nous éveillons au bruit de ce qui semble être une pluie mais résulte en fait de gouttes de condensations tombant sur le toit et les auvents.
La saison sèche fait aussi sortir les rares serpents qui survivent encore dans les environs à la recherche d’un peu de fraîcheur. L’un de ces malheureux n’a pas échappé à l’œil vigilant de notre jardinier et a terminé sa course vers la casserole de celui-ci qui s’en léchait encore les babines le lendemain. Une sorte de serpent appelée ici “ceinture noire”, assez grand et ressemblant de couleur à un cobra, mais apparemment non venimeux et bon à manger (même si très gras, encore mieux, selon les critères locaux).
Voilà pour les nouvelles de cette semaine qui, nous l’espérons, vous trouveront bien. N’hésitez pas à nous envoyer de vos nouvelles, même si brèves, cela nous fait toujours plaisir.
A bientôt vous lire donc,
Marc & Marie-Claude

The dry season is slowly settling in, which is bringing a lot of changes to the plantation. The palm trees are not really happy because they need a lot of water, and in our sandy soils, as soon as the rains stop the palm trees find it harder to find the moisture they need. On the other hand, less rain also means that the degradation of the roads will slow down, and therefore the sudden formation of gullies across the roads will decrease. The difficulties are not solved, however, and it is now the problems with vehicles getting stuck in loose sand that is looming. Indeed, many passages on our roads are composed of fine sand which, once dry, tends to pulverize and form large sandboxes where it is difficult to drive or even walk.
The arrival of the dry season is marked almost instantly because in a few weeks’ time the level of the Kasaï river has dropped drastically by more than a meter. And so the flooded roads where it was necessary to hire the services of a dugout canoe to cross are now completely dry, wondering if all this water was a mirage. Decreasing rainfall also means weeding and cleaning operations under the palm trees are less strenuous as most vegetative growth slows down.
The lower water level of the Kasai River is welcome for fishermen who seem to be more successful in catching big fish when the water level is lower. It is also the time when many of our workers disappear to go fishing at the risk of losing their jobs on the plantation where, after six consecutive days of absence, they are declared deserters and removed from the employee lists.
On the other hand, for the river transporters, the drop in the water level of the Kasai River is not good news because, not content with being slowed down by the difficulties of unloading due to the lack of wagons in Ilebo, they also have to reduce their load to negotiate the passage of barges in rocky areas. An unfortunate combination of circumstances means that the dry season and transport difficulties correspond precisely to the plantation’s peak production period, when we depend more than ever on transport to evacuate the oil and avoid saturating our storage tanks. At the moment, I keep my fingers crossed, we are managing to evacuate all our production without too many problems, but the receding water level has only just begun…
The dry season also makes it more difficult for me to ride my bike between home and work, even though the risk of being drenched by a rain shower is lower. The problem with the rains is not so much getting wet because it’s not really cold, but because the fine sand particles seem to like to stick to the bike’s chain and in a very short time block it to the point that I can no longer move forward. I have tried all sorts of different forms of cleaning and lubricants, but without success and as soon as the road is wet it doesn’t take more than a few hundred meters before it gets blocked. The only solution is to ride very slowly in a way to prevent water from splashing on the chain, but that only works if I ride really, really slowly.
In the dry season I don’t have this problem, but even with the electric assistance it’s not easy to get through the fine sand areas without ending up on the ground or simply having to put my feet on the ground (and therefore not being able to pedal). The most efficient solution seems to be to try to keep as much speed as possible, put as much weight as possible on the rear wheel of the bike and keep the trajectory as straight as possible. All this is usually possible when there isn’t a pig or a goat that decides to cross at the last minute just in front of me. Anyway, riding a bike is still a great way to keep exercising, except that on my last ride I may have overexerted myself a bit and my back didn’t seem to like the contortions I had to make to avoid ending up on the ground. The last trip of this week was nevertheless marked by a milestone as 6,000 km have so far been covered on the Mapangu tracks, this may not seem very exceptional except that these are kilometres covered exclusively on sandy tracks with some good climbs, ruts and other obstacles, so despite everything a number that is worth noting.
Since we have our Olympic pool, the great luxury is to be able to take a dip after climbing the road to the Cathedral. So far, Marie-Claude and I are the only ones to enjoy the pool, the other expatriates are apparently not interested or perhaps don not want to disturb us (even though the pool has been placed away from the house so that it doesn’t bother us).
The arrival of the dry season also corresponds, rather surprisingly, with the arrival of thick fog, especially in the morning, and the disappearance of our view of the distant Kasai, which is in a permanent veil of mist until the end of August or early September. At the moment the river is still visible, but it is no longer the same clarity and we can guess that the fog is slowly taking over. This very dense fog probably helps the palm trees to resist better during the dry season. Early in the morning, the fog soaks the leaves with water, so much so that at home we wake up to the sound of what seems to be rain, but is in fact the result of condensation dripping off the roof on the awnings.
The dry season also brings out the rare snakes that still survive in the vicinity in search of a little freshness. One of these unfortunate snakes did not escape the watchful eye of our gardener and ended up in his pot, for which he was still licking its lips the next day. A kind of snake called here “black belt”, quite big and resembling a cobra in colour, but apparently non venomous and good to eat (even if very fat, even better, according to local criteria).
So much for this week’s news, which we hope will find you well. Don’t hesitate to send us your news, even if it’s brief, it’s always a pleasure to hear from you.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Mapangu Uncategorised

Justice

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Mapangu est de loin l’endroit où, de tous les coins du monde où nous avons vécu, la rumeur règne, incontestée. Peu importe l’extravagance des idées, elles trouvent ici un terrain des plus fertiles pour se propager et s’embellir à une vitesse inimaginable. En fait, compte tenu des moyens de communication limités, la rapidité de la propagation d’informations vraies ou fausses est extraordinaire. Je suis parfois surpris de recevoir des demandes pour une place dans l’avion de Kinshasa ou le droit d’envoyer un colis avec la pirogue qui va à Ilebo avant même que le voyage ait été programmé. Il en va de même pour des choses moins prévisibles (tout le monde sait que nous organisons des transports de temps en temps), comme par exemple la discussion que nous avons eue en comité de direction concernant la vente éventuelle de véhicules déclassés, pour lesquels j’ai reçu des demandes le jour même, y compris de personnes à l’extérieur de Mapangu.
Curieusement pour d’autres choses le retour d’information est particulièrement vague, ainsi il est difficile de savoir où, exactement, se trouve la barge qui doit nous apporter notre carburant, en route depuis plusieurs mois, ou ce qu’il en est de la progression des camions que nous avons loué en vue du pic de production, qui auraient dû être rendus il y a plusieurs semaines déjà et sont probablement embourbés quelque part pas loin d’ici.
Ces rumeurs, vérifiées ou non, sont également une cause suffisante pour faire appel à la “justice”, dont les responsables sont particulièrement friands car, quel que soit le motif et la raison (valable ou non), c’est généralement une opportunité de se faire un peu d’argent. Le principe est généralement très simple, on dépose une plainte au parquet ici à Mapangu, ou pour ceux qui ont un peu plus de moyens au tribunal de paix à Ilebo et le magistrat va convoquer “l’accusé” généralement sans vérifier si la plainte est fondée ou si l’instance judiciaire est même compétente en la matière. Les plaintes vont de petites choses anodines comme le non-paiement d’une dette, en passant par l’insulte ou encore la mort par sorcellerie. Il y a aussi bon nombre de ceux qui vont porter plainte parce qu’ils estiment qu’il y a eu une erreur dans le calcul de leur salaire ou parce que la fin d’un contrat à durée indéterminée est illégitime.
Normalement tout ce qui relève du travail est de la seule compétence de l’inspecteur ou du tribunal du travail, mais notre inspecteur du travail n’est pas une fusée stratosphérique et va parfois lui-même embrouiller les choses en portant plainte pour des questions qui relèvent en fait de sa propre compétence.
Dans toutes ces démarches ce sont nos avocats qui sont les plus enthousiastes car, outre le fait qu’ils sont évidemment payés pour défendre les intérêts de la société, et plus il y a de dossiers mieux ils se portent, d’autre part parce que tout acte, allant du dépôt d’une invitation par le greffier au retrait d’un jugement, est payant et les tarifs applicables sont (comme tout ici) négociables, ce qui permet donc chaque fois à l’avocat de prendre sa dîme…
Généralement ce sont des dossiers concernant nos travailleurs qui nous occupent le plus. Ainsi dernièrement nous avons du négocier l’abandon d’une poursuite judiciaire contre l’un de nos cadres qui aurait proclamé que les agents de renseignements n’avaient pas leur place dans la société. L’agence de renseignement étant un service secret, par extension il n’est pas légal d’en parler ouvertement, à fortiori de porter plainte “à l’encontre de”, même si c’est de manière générale sans parler d’un individu en particulier, donc le simple fait de dire que ces agents n’ont pas leur place dans Brabanta est un acte répréhensible. Un autre cas concerne un agent qui aurait accumulé des dettes et dont le créancier a décidé de porter plainte (avec évidemment une arrestation immédiate) en oubliant que le peu d’argent qui pourra sortir de l’opération ira aux magistrats plutôt que de servir au remboursement de son prêt. Un autre cas, encore, concerne un de nos agents qui a été arrêté parce que son fils et la fille d’un autre agent ont eu une relation “fructueuse” et que ni le fils (ni le père) n’étaient en mesure de payer une dot. Le père de la jeune fille a donc jugé bon de porter la question devant la justice et au moins tout le monde sait maintenant qu’elle a un polichinel dans le tiroir. Je ne vais pas dire qu’il y a quelque chose chaque jour, mais nous n’en sommes pas loin car toutes les excuses sont bonnes pour alimenter les affaires des magistrats locaux.
Parfois, des personnes extérieures à la société viennent aussi me trouver pour demander de l’aide (financière) pour résoudre un problème de justice. Le dernier en date, qui m’a laissé sans voix, concerne un notable du coin dont le fils avait été arrêté pour avoir violé une fille à Kinshasa et comme le “malheur” fait que c’était justement la fille d’un général, les frais de sortie de prison étaient au-dessus de ses moyens. De manière très candide le notable est venu me demander une aide financière pour faire libérer son pauvre petit…
Les expatriés n’échappent pas à ces tracasseries, il y a quelques mois c’est un de nos agronomes qui a été accusé d’avoir arraché les vêtements et violé une femme dans la plantation au vu et au su de tous (selon l’accusateur). Peu importe le fait que notre agronome était accompagné de trois travailleurs qui étaient prêts à témoigner en sa faveur (mais que le magistrat considérait comme biaisés car travaillant aussi pour Brabanta) et que la “dame” en question n’avait comme témoin que les personnes qui l’auraient vue revenir au village dévêtue, c’était une raison suffisante pour une incarcération immédiate. En fait, le seul échange qui avait eu lieu entre notre agronome et la plaignante concerne une demande (par personne interposée car elle ne parlait pas le français) d’expliquer pourquoi elle se promenait avec un sac marqué Brabanta dans la plantation, alors qu’elle n’était même pas employée de la société. Après de longues discussions et finalement une audition d’un des chauffeurs de tracteurs qui était présent lors de cet échange, le chef du parquet a indiqué être prêt à clore le dossier moyennant un paiement de 3.000 dollars pour couvrir ses frais… A ce point là j’ai fait intervenir la hiérarchie de Kinshasa et le monsieur est reparti sans un kopek en promettant une prochaine revanche.
La revanche (peut-être) est arrivée cette semaine avec un invitation personnelle à me présenter au tribunal de paix à Ilebo. Vu le confinement et les restrictions de déplacement je n’allais pas aller faire le pied de grue à Ilebo sans savoir le pourquoi de cette convocation. Après investigation il s’avère que la plainte émane d’un ancien travailleur arrivé en fin de contrat en 2012 et qui n’aurait pas été payé pour les 18 mois de travail précédent son départ. Outre le fait qu’il est peu probable que le monsieur ait travaillé au-delà de quelques mois sans être payé et qu’il ait attendu plus de 7 ans avant de réclamer son dû, selon la loi il y a prescription et le tribunal de paix n’est pas compétent en la matière. Mais le président du tribunal espérait qu’une convocation du DG ferait peur et encouragerait la société à proposer une négociation (financière toujours) pour mettre fin à ce dossier, “qui n’essaye pas n’a pas”…
Ce n’est pas la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière fois, mais en attendant nous essayons de respecter scrupuleusement les règles, de refuser toute “négociation” de solution qui ne serait pas sanctionnée par un document officiel et de sevrer tant que ce peu les différentes autorités habituées à recevoir des “motivations” pour faire leur travail (correctement ou pas). Tout cela nous garde occupés et alertes et, heureusement, il y quand même une certaine réserve sachant que sans Brabanta tous ces services étatiques n’existeraient pas ici ou seraient en tout cas sans ressources. Il faut donc ménager la poule pour que la ponte continue…
Nous espérons, comme toujours, avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Huilerie – Mill
Happy Birthday
Bureau DG – GM Office
Oups
Kasaï le matin – Kasai in the morning
Arbre mystère du Bhoutan – Mystery tree from Bhutan
Ouvrez la porte ! – Open the door!

Mapangu is by far the place where, of all the corners of the world where we have lived, rumour reigns unchallenged. No matter how extravagant the ideas are, they find here a most fertile ground to spread and beautify themselves at an unimaginable speed. In fact, given the limited means of communication, the speed of propagation of true or false information is extraordinary. I am sometimes surprised to receive requests for a seat on the plane from Kinshasa or the right to send a parcel with the dugout canoe going to Ilebo even before the trip has been scheduled. The same goes for less predictable things (everyone knows that we organise transport from time to time), such as the discussion we had in the steering committee about the possible sale of decommissioned vehicles, for which I received requests the same day, including from people outside Mapangu.
Curiously for other things the feedback is particularly vague, so it is difficult to know exactly where the barge that is to bring us our fuel is located, knowing it has been on the way for several months now, or what is happening with the progress of the trucks that we have rented for the production peak, which should have arrived several weeks ago and are probably stuck somewhere not far from here.
These rumours, whether verified or not, are also sufficient cause for the legal system to be involved, which is always welcomed by those in charge, because, whatever the motive and reason (valid or not), it is usually an opportunity to make some money. The principle is generally very simple, one files a complaint with the public prosecutor’s office here in Mapangu, or for those who have a little more means, with the court in Ilebo, and the magistrate will summon “the accused” generally without checking whether the complaint is well-founded or whether the judicial body even has jurisdiction in the matter. The complaints range from small, trivial things like non-payment of a debt, to insults or death by witchcraft. There are also many who will file a complaint because they believe that there has been an error in the calculation of their salary or because the end of their defined term contract is illegitimate.
Normally everything that is labour-related is within the sole jurisdiction of the labour inspector or the labour court, but our labour inspector is not a stratospheric rocket and will sometimes confuse things himself by filing complaints on matters that are in fact within his own jurisdiction.
In all these proceedings it is our lawyers who are the most enthusiastic because, apart from the fact that they are obviously paid to defend the interests of the company, and the more cases there are, the better off they are, and because every act, from the filing of an invitation by the clerk to the withdrawal of a judgment, is paid for and the applicable rates are (like everything else here) negotiable, which therefore allows the lawyer to take his own fee each time…
Usually the files concerning our workers are the ones that that keep us mostly busy. For example, recently we had to negotiate the abandonment of a lawsuit against one of our executives who allegedly proclaimed that intelligence officers had no place in the company. Since the intelligence agency is a secret service, by extension it is not legal to talk about it openly, let alone file a complaint “against” it, even if it is in a general way without mentioning any particular individual, so simply saying that these agents have no place in Brabanta is a reprehensible act. Another case concerns an agent who has allegedly accumulated debts and whose creditor has decided to file a complaint (obviously with an immediate arrest) forgetting that the little money that may come out of the operation will go to the magistrates rather than be used to repay his loan. Yet another case concerns one of our agents who was arrested because his son and the daughter of another agent had a “fruitful” relationship and neither the son (nor the father) was able to pay a dowry. The girl’s father therefore saw fit to bring the matter to court and at least everyone now knows that his daughter has a bun in the oven. I’m not going to say that there is something every day, but we are not far from it because any excuse is good to fuel the affairs of the local magistrates.
Sometimes people from outside company also come to me to ask for (financial) help to solve a justice problem. The most recent one, which left me speechless, concerns a local notable whose son had been arrested for raping a girl in Kinshasa and since the “misfortune” was that it was the daughter of a general, the costs of getting the son out of prison were beyond this person’s means. In a very candid way, the notable came to ask me for financial help to free his poor little boy…
Expatriates do not escape these worries, a few months ago it was one of our agronomists who was accused of having torn off the clothes and raped a woman on the plantation in full view of everyone (according to the accuser). Regardless of the fact that our agronomist was accompanied by three workers who were willing to testify in his favour (but whom the magistrate considered biased because they also worked for Brabanta) and that the “lady” in question had fled to her village, supposedly scantily dressed, this was reason enough for immediate incarceration of our colleague. In fact, the only exchange that had taken place between our agronomist and the complainant concerned a request (by an intermediary as she did not speak French) to explain why she was walking around with a bag marked Brabanta on the plantation when she was not even an employee of the company. After lengthy discussions and finally a hearing of one of the tractor drivers who was present at the exchange, the head of the public prosecutor’s office indicated that he was ready to close the file in return for a payment of $3,000 to cover his expenses. At this point I called in the Kinshasa hierarchy and the man left without a kopek, promising a future revenge.
The revenge (perhaps) arrived this week with a personal invitation for me to appear at the court in Ilebo. Given the confinement and travel restrictions I was not going to go to Ilebo without knowing the reason for this invitation. After investigation it turns out that the complaint comes from a former worker who had reached the end of his contract in 2012 and who claimes he has not been paid for the 18 months of work prior to his departure. Apart from the fact that it is unlikely that the gentleman worked even a few months without being paid and that he waited more than 7 years before claiming his due, according to the law there is a statute of limitations and the court is not competent in this matter. But the president of the court hoped that a summons from the GM would frighten and encourage the company to propose a negotiation (always financial) to put an end to this case, “who doesn’t try has no hope of getting anything” …
This is not the first time and it will certainly not be the last time, but in the meantime we are trying to scrupulously respect the rules, to refuse any “negotiation” of a solution that would not be sanctioned by an official document and to wean the various authorities of the fact that they are used to receiving “motivations” to do their job (correctly or not). All this keeps us busy and alert and, fortunately, there is still a certain reserve from the authorities knowing that without Brabanta all these state services would not exist here or would in any case be without resources. So they have to spare the hen so that the egg-laying continues…
We hope, as always, to hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Mécanique – Mechanics

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Nous avons une flotte de véhicules et d’engins assez conséquente, composée de 20 véhicules légers, 17 camions, 43 tracteurs, 10 engins légers, 8 engins lourds et 12 générateurs. Cela n’inclut pas les générateurs, pompes et postes à souder portables, les motos et véhicules assimilés comme les motoculteurs et quads, qui eux aussi passent par le garage pour des entretiens et réparations. Pour gérer tout cela nous avons une équipe de plus de 40 mécaniciens, électriciens, quados (réparateurs de pneus), machinistes et autres fonctions liées à l’entretien et réparation de notre matériel. Dire que nous avons des spécialistes en mécanique serait une grande exagération, mais nous avons quand même des personnes capables d’ouvrir et de remettre en “état” des moteurs de toutes sortes de véhicules, remettre la chenille d’éraillée d’un bulldozer ou simplement trouver un système-D pour solutionner un problème pour lequel nous n’avons pas toujours les pièces d’origine. Le système-D a toutefois ses limites et la conséquence en est que beaucoup de véhicules et engins sont à l’arrêt en attente de pièces ou d’une autre intervention (divine?) pour être remis sur pied. Ainsi nous avons 5 véhicules légers à l’arrêt depuis des mois, 7 camions en réparation, 5 tracteurs dans des stades divers de démantèlement, 5 sur les 10 engins légers sont immobilisés pour des raisons diverses et seulement 3 des 7 engins lourds fonctionnent plus ou moins. Malheureusement nous ne pouvons même pas prétendre que le reste du matériel est en état car beaucoup de véhicules qui circulent n’ont soit plus de démarreur (et doivent être tirés pour la mise en marche), n’ont plus de pompes hydrauliques pour benner ou, plus grave, n’ont pas des freins qui marchent correctement.
Les solutions, qui ont le mérite de dépanner certains véhicules, doivent faire faire des cauchemars aux mécaniciens sérieux et ça c’est sans avoir connaissance tous les trucs utilisés par nos mécaniciens. Ainsi j’ai découvert un matin à l’appel que le mécanicien venait dépanner un tracteur avec un démarreur. Naïvement je pensais que c’était pour réparer le tracteur, mais non, c’est juste pour le démarrer pour ensuite enlever le démarreur et fermer le trou avec un bout de papier pour “empêcher” des crasses d’entrer dans le carter du moteur. Je n’ai pas besoin de vous expliquer qu’il ne faut pas longtemps pour que le “papier” devienne humide ou imbibé d’huile et se déforme pour permettre à toute impureté de se retrouver dans le moteur. A côté de cela les mécaniciens vont religieusement nettoyer (souffler comme ils disent) le filtre à huile pour préserver le moteur lors de l’entretien hebdomadaire. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi nous devons changer les segments, chemises de cylindres ou coussinets de bielles à une fréquence aussi élevée, mais maintenant je sais… En principe cette pratique est maintenant interdite et en cas de situation extrême la fermeture doit se faire avec une plaque métallique et un joint, nous verrons si le message est passé.
Dernièrement, le seul de nos bulldozer qui était encore en état de marche est tombé en panne tandis qu’il essayait de réparer une route fortement dégradée par les fortes pluies que nous avons eu récemment. Le mécanicien a ouvert le moteur pour découvrir que l’une des têtes de soupapes s’était cassée et avait tout à fait creusé la tête de cylindre, mais cela n’empêchait pas le moteur de tourner. Ce qui a bloqué le moteur est une clef de 7 que l’on a retrouvé dans le moteur, oubliée lors d’une intervention précédente. Heureusement l’outil abandonné dans le moteur ne semble pas avoir trop endommagé celui-ci et nous espérons pouvoir au moins le redémarrer assez longtemps pour pouvoir le charger sur notre porte-chars et le ramener au garage.
Les casses et pannes ne sont pas toujours dues aux mécaniciens, nos chauffeurs ont leur part de responsabilité dans les problèmes mécaniques. A leur décharge, nombre de nos chauffeurs, issus de villages voisins, n’avaient jamais vu de véhicule dans leur vie et encore moins eu l’occasion de s’asseoir derrière le volant de ceux-ci. Ils ont été formés sur le terrain par les meilleurs chauffeurs que nous avons, mais eux-même pas toujours des experts en la matière. Les problèmes émanent souvent du fait que les chauffeurs (et cela inclut certains de nos expatriés) ne font pas attention aux bruits inhabituels que font leur véhicule et ne font appel au garage que lorsque le moteur s’arrête, qu’ils perdent une roue ou ont une autre panne ou casse qui rend la conduite trop difficile ou impossible. Parfois je croise des véhicules qui font des bruits tout à fait anormaux voire même inquiétants et lorsque je pose la question au chauffeur pour savoir ce qui se passe il semble tomber de la lune en disant que tout va bien.
La situation la plus grave dont je me souvienne est l’arrivée de l’un de mes collègues avec sa Land Cruiser (qui, il faut l’avouer, aurait probablement du être mise à la retraite depuis longtemps) avec une des roues avant faisant de longues trainées dans le sable parce qu’elle ne tournait presque plus. Demandant à mon collègue s’il était en route pour le garage, il a eu l’air étonné et me répondit que non, même s’il était vrai qu’il avait du mal à garder une trajectoire correcte car le volant avait tendance à tirer très fort d’un côté… Sincèrement je n’arrive toujours pas à comprendre comment il arrivait à rouler et je n’ose même pas imaginer l’état du pneu et les conséquences sur la direction de la voiture.
Il est inévitable d’avoir des accidents de conduite,et, avec autant de véhicules et des routes particulièrement difficiles ce serait un miracle si de temps en temps il n’y avait pas un couac. J’en ai fait les frais avec ma voiture que j’avais confié à un chauffeur pour aller la laver, elle est revenue avec la porte arrière défoncée parce qu’il a reculé contre une remorque de tracteur qu’il n’avait pas vu. Je ne vais pas trop m’étendre sur ce genre de casse car j’ai fait exactement la même chose avec notre camionnette lorsque nous étions à Londres où j’ai joyeusement reculé contre un poteau qui a totalement détruit la porte arrière.
Certains des accidents sont parfois un peu moins justifiables, ainsi récemment un de nos chauffeur s’est fait défoncer le capot par une remorque de tracteur qui lui a reculé dessus. Lorsque nous lui avons demandé d’expliquer les circonstances de l’accident, il nous a dit que le tracteur était en train de faire des manœuvres et qu’il a voulu passer rapidement derrière celui-ci alors que le chauffeur du tracteur ne pouvait pas savoir qu’une voiture se trouvait derrière lui. L’excuse du chauffeur était qu’il n’avait pas de klaxon et que le chauffeur n’a pas entendu son appel. Nous lui avons demandé pourquoi ne pas avoir reculé et il nous a dit qu’il n’y a pas pensé car il pensait que le chauffeur du tracteur réagirait à ses cris… Heureusement la voiture en question est l’une de celles que nous avons l’intention de déclasser et ici, comme expliqué plus haut, du moment que le moteur tourne le reste n’a pas beaucoup d’importance, donc nous devrions malgré tout pouvoir revendre la voiture pour un “prix raisonnable”.
Un autre incident récent concerne le camion de l’un de nos sous-traitants dont le chauffeur (probablement sous l’influence d’alcool ou de chanvre) s’est trompé dans les manœuvres et s’est retrouvé sur le flanc. La bonne chose ici est qu’il y a toujours une solution pour remédier aux situations les plus critiques et, ne voulant pas attendre la disponibilité d’un engin, ils ont réussi à redresser le camion (qui pèse quand même 15 tonnes à vide) avec les moyens du bord. N’étant pas là, je n’ai pas pu voir comment ils ont fait, mais le lendemain le camion était à nouveau opérationnel avec un autre chauffeur.
Certaines “pannes” ne sont pas nécessairement dues au chauffeur ou mécanicien. Nous vous avons raconté dans nos nouvelles précédentes que suite aux fortes pluies l’une des routes de la plantation est inondée avec près d’un mètre d’eau pas endroits. Pour que les camions et tracteurs puissent malgré tout passer avec leur cargaison de régimes de fruits, nous avons versé et dispersé des moellons sur la route submergée pour éviter que les véhicules ne s’embourbent à cet endroit. Cela était toutefois sans compter sur le fait que les villageois voisins viennent nuitamment récupérer les moellons sous l’eau, probablement pour nous les revendre une deuxième fois… Le résultat est que, sans surprise, l’un de nos camions s’est retrouvé bloqué dans un trou au milieu de l’eau et qu’il a fallu le décharger pour permettre ensuite à un autre camion de le tirer de là.
Comme vous pouvez le constater par ces quelques anecdotes, tous les jours il y a de nouvelles surprises et nous sommes loin de nous ennuyer dans le département mécanique non plus…
Nous espérons toujours très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Piscine – Swimming pool
Fabrication de dalles en plastique et sable – production of tiles with plastic and sand
Protection en carton – Cardboard protection
Inondations (le début) – Flooding (the beginning)
oups, fausse manoeuvre – Oops, wrong operation
Repos des guerriers – Rest of the warriors
Aide aux mots croisés – Help with cross words

We have a fairly large fleet of vehicles and machinery, consisting of 20 light vehicles, 17 trucks, 43 tractors, 10 light machines, 8 heavy machines and 12 generators. This does not include portable generators, pumps and welding sets, motorcycles and similar vehicles such as tillers and quads, which also come through the garage for maintenance and repairs. To manage all this we have a team of more than 40 mechanics, electricians, quados (tire repairers), operators and other functions related to the maintenance and repair of our equipment. To say that we have mechanical specialists would be somewhat of an overstatement, but we still have people who can open and “fix” engines of all kinds of vehicles, put back the track of a bulldozer that has come off or resourcefulness to solve a problem for which we don’t always have the correct spare parts. However, resourcefulness has its limits and the consequence is that many vehicles and machines are at a standstill waiting for parts or some other (divine?) intervention to get back on their feet. Thus we have 5 light vehicles that have been out of use for months, 7 trucks in repair, 5 tractors in various stages of dismantling, 5 of the 10 light engines are immobilized for various reasons and only 3 of the 7 heavy machines are working more or less. Unfortunately we cannot even pretend that the rest of the equipment is in good working order because many of the vehicles on the road either have no starter (and have to be pulled for starting), no hydraulic pumps for tipping or, more seriously, do not have brakes that work properly.
The solutions, which have the merit of putting some of the vehicles on the road, must give serious mechanics nightmares and that is without knowing all the tricks used by our mechanics. Thus I discovered one morning, when I attended muster, that the mechanic came to repair a tractor with a starter. Naively I thought it was to replace it on the tractor, but no, it was just to start it and then remove the starter and close the hole with a piece of paper to “prevent” dirt from entering the engine crankcase. I don’t need to explain to you that it doesn’t take long for the “paper” to get wet or soaked in oil and deform to allow any dirt to get into the engine. Ironically, on the other hand the mechanics will religiously clean (blow as they say) the oil filter to preserve the engine during the weekly maintenance. I couldn’t understand why we have to change the rings, cylinder liners or connecting rod bearings so often, but now I know… In principle this practice is now forbidden and in extreme situations the closing must be done with a metal plate and a gasket, we’ll see if the message is well understood and applied.
Recently, the single bulldozer that was still in working order broke down while trying to repair a road that had been badly damaged by the heavy rains we had recently. The mechanic opened the engine to find that one of the valve heads had broken off and had completely dug into the cylinder head, but that didn’t stop the engine from running. What stopped the engine was a 7-key that was found in the engine, forgotten during a previous intervention. Luckily the tool left in the engine does not seem to have damaged it too much and we hope to at least be able to restart it long enough to load it on our carrier and bring it back to the garage.
Breakdowns are not always due to the mechanics, our drivers have their share of responsibility for mechanical problems. As an excuse, many of our drivers, from neighbouring villages, had never seen a vehicle in their lives, let alone had the opportunity to sit behind the wheel of one. They have been trained on the job by the better drivers we have, who themselves are not always experts in the field. Problems often arise because the drivers (and this includes some of our expatriates) do not pay attention to the unusual noises their vehicle makes and only call the garage when the engine stops, they lose a wheel or have another breakdown or breakage that makes driving too difficult or impossible. Sometimes I come across vehicles that make completely abnormal or even worrying noises and when I ask the driver what is going on, he would seem surprised and say that everything is fine.
The most serious situation I can remember is the arrival of one of my colleagues with his Land Cruiser (which, it must be said, probably should have been retired long ago) with one of the front wheels making long drags in the sand because it was not turning properly anymore. Asking my colleague if he was on his way to the garage, he looked astonished and replied that he wasn’t, although it was true that he was having trouble keeping a correct trajectory because the steering wheel tended to pull very hard to one side? Honestly I still can’t understand how he managed to drive and I don’t even dare to imagine the state of the tire and the consequences on the car’s steering.
Driving accidents are inevitable, and with so many vehicles and particularly difficult roads it would be a miracle if from time to time there wasn’t a crash. I experienced it with my car, which I had given to a driver to go and wash it, it came back with the back door smashed because he backed up against a tractor trailer that he hadn’t seen. I’m not going to go into too much detail about this kind of breakage because I did exactly the same thing with our van when we were in London, where I happily reversed into a pole, which totally destroyed the back door.
Some of the accidents are a little less justifiable, so recently one of our drivers got his bonnet crushed by a tractor trailer that literally climbed on top of the car. When we asked him to explain the circumstances of the accident, he told us that the tractor was manoeuvring and that he wanted to pass quickly behind it when the tractor driver could not know that a car was behind him. The driver’s excuse was that he did not have a horn and the driver did not hear his call. We asked him why he didn’t back up and he told us that he didn’t think about it because he thought the tractor driver would react to his screams. Luckily the driver is unscathed and the car in question is one of those we intend to downgrade and sell and since here, as explained above, as long as the engine is running the rest doesn’t matter much, we should still be able to get a “reasonable price” for the car.
Another recent incident concerns the truck of one of our subcontractors whose driver (probably under the influence of alcohol or hemp) made a mistake during manoeuvring and ended up on the side. The good thing here is that there is always a solution to remedy the most critical situations and, not wanting to wait for a machine to be available, they managed to straighten the truck (which weighs about 15 tons when empty) with the means at hand. Not being there, I couldn’t see how they managed it, but the next day the truck was operational again with another driver.
Some “breakdowns” are not necessarily due to the driver or mechanic. We told you in our previous news that due to the heavy rains one of the plantation’s roads was flooded with almost a meter of water in some places. In order to allow trucks and tractors to pass with their load of fruit bunches, we poured and scattered stones on the submerged road to prevent vehicles from getting stuck there. However, this did not take into account the fact that the neighbouring villagers come at night to collect the stones under water, probably to sell these to us a second time… The result is that, unsurprisingly, one of our trucks got stuck in a hole in the middle of the water and had to be unloaded to allow another truck to pull it out.
As you can see from these few anecdotes, every day there are new surprises and we are far from being bored in the mechanical department either…
We always hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Ekonda

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L’Afrique en général est considérée comme un continent rempli d’animaux dangereux comme le crocodile, l’hippopotame, le lion, le buffle, les serpents de toutes sortes, etc. Ici à Mapangu toutes les grosses bêtes ont disparu, il y a quelques années j’ai encore aperçu une famille de chacals (je ne suis pas certain qu’ils soient vraiment dangereux, sauf peut-être en bande la nuit?) et il y a de temps en temps des serpents, mais même ceux-ci se font plutôt discrets car dès qu’ils sont repérés ils sont tués à coups de machettes et de bâtons au cas où il serait comestible.
A Mapangu nous avons différents serpents qui sont potentiellement dangereux voire mortels, j’ai déjà aperçu des Mambas (réputés pour être non-seulement mortels mais aussi parmi les serpents les plus rapides), des Vipères du Gabon (qui sont surtout dangereuses du fait de se tapir à l’approche d’un danger plutôt que de filer comme les autres serpents et donc réagir seulement quand par inadvertance on marche dessus), des Cobras et toute une série de serpents de couleurs diverses que je ne connais pas. Depuis que nous sommes ici, donc plus de 4 ans, il n’y a eu qu’un seul décès suite à une morsure de serpent. En fait les risques sont assez limités car, outre le fait qu’ils ont tendance à fuir, d’une part la majorité des serpents, même venimeux, ne sont pas mortels pour l’homme, d’autre part, dans la majorité des cas de morsure il n’y a pas d’injection de venin (le serpent mord pour se défendre et réserve son venin pour des proies qu’il veut manger). Bref, les serpents sont dangereux, oui, mais pas énormément, au point que notre médecin de groupe refuse que nous gardions du sérum anti-venin à la pharmacie arguant qu’étant spécifiques et d’une durée de conservation limitée il y aurait plus de risques que de bénéfices à en avoir sous la main.
En réalité les animaux les plus dangereux ne sont pas les plus gros, car la grande majorité des mortalités en Afrique en général et en RDC en particulier sont provoquées par le moustique, vecteur de la malaria. En RDC seulement, on parle de 300.000 décès tous les ans des suites de paludisme et c’est sans conteste la plus grande cause de fatalité ici à Mapangu, où nous enregistrons plus de 400 cas (pas nécessairement avec issue fatale) tous les mois rien que dans notre hôpital.
Toutes ces histoires pour finalement arriver au sujet du titre de cette semaine : l’Ekonda, aussi un petit insecte, dont nous ignorions l’existence jusqu’à il y a peu.
L’Ekonda (nom congolais) est un petit coléoptère du genre Paederus qui ressemble furieusement à une petite fourmi de moins de 1 cm (eh oui, ici nous avons aussi des fourmis sérieusement plus grandes) de couleur rouge et noire. L’insecte en lui-même est inoffensif si on le laisse tranquille, il ne mord ou ne pique en principe pas, mais par contre son abdomen contient une toxine (parait-il plus puissante que celle d’un cobra) qui au contact de la peau provoque de graves brûlures pouvant aller jusqu’à l’aveuglement si elle devait venir au contact des yeux. Une de ces vicieuses bêtes a dû se retrouver dans notre chambre et décidé de se poser sur ma joue où, probablement dans un demi-sommeil, je l’ai enlevée en l’écrasant. Ce n’est que le lendemain matin, lorsque j’ai voulu me raser, que j’ai ressenti une forte douleur que j’ai, dans un premier temps, associé à une réaction allergique d’une sorte ou d’une autre. Un jour plus tard l’irritation s’est transformée en boursoufflure encore plus douloureuse, toujours sans savoir d’où cela aurait pu provenir, mais nous soupçonnions peut-être qu’une chenille velue (nous en avons régulièrement près de la maison et elles sont assez urticantes lorsqu’on les touche) était passée sur ma face pendant la nuit.
Après quelques jours les irritations ont évolués en une balafre allant de l’oreille à la bouche (à la Robert Hossein dit Marie-Claude) mais, heureusement, devenue insensible. Mes collègues n’osaient pas me demander si je m’était battu avec Marie-Claude ou était rescapé d’une bagarre dans un bar (qui ici aussi sont fermés pour le moment), mais lorsque j’ai expliqué comment cela était apparu ils m’ont dit qu’évidemment c’était le résultat de l’Ekonda et qu’il ne fallait surtout pas l’écraser sur la peau… Maintenant je sais, bien que je n’aurais probablement pas fait la différence avec une autre bête dans un demi-sommeil… Il parait que cet insecte sort à la faveur de la saison sèche, ce qui n’est pas encore le cas ici, loin s’en faut à en juger par les pluies abondantes qui nous tombent dessus pour le moment. Donc espérons que cela ne deviendra pas une invasion d’ici la saison sèche qui est supposée commencer dans la deuxième moitié du mois de mai. Il faut malgré tout remarquer qu’en plus de 4 ans, c’est la première fois que nous la rencontrons, cette bestiole.
En matière de petites choses, même si le niveau de mortalité n’est pas encore comparable à celui de la malaria, c’est une créature microscopique qui est en train de paralyser le monde entier et de provoquer pas mal de dégâts dans la population à court, moyen et long termes quant à ses répercussions… Paradoxalement ce virus n’est pas encore trop présent ici en RDC et même totalement absent dans notre province, donc peut-être pas à classer parmi les créatures les plus dangereuses en Afrique.
Concernant les pluies, pour le moment ce sont plutôt des inondations qui sont à l’ordre du jour, au point que certaines de nos routes sont à présent traversées par des cours d’eau, fait sans précédent pour nous jusqu’ici. L’une des routes, qui relie l’ouest de la plantation avec Mapangu, est inondée sur environ 100m de longueur avec de l’eau jusqu’à 1m de profondeur par endroits. Heureusement avec nos véhicules équipés de prises d’air en hauteur nous arrivons encore à passer, mais je place quand même mon sac sur le siège pour qu’il ne soit pas mouillé par l’eau qui s’infiltre par les portes. Nos collègues en motos sont eux obligés de louer les services d’une pirogue pour les faire traverser avec leurs engins. Heureusement à cet endroit il n’y a pas ou peu de courant et donc lorsque nous aurons la décrue la route devrait être restée plus ou moins intacte. Il n’en va pas tout à fait de même pour la route qui relie Mapangu à l’est de la plantation, où nous habitons, qui depuis quelques jours est traversée par de l’eau provenant d’un affluent du Kasaï, la rivière Lumbundji. Ici il y a un fort courant qui est en train d’éroder la route, composée principalement de sable, à une vitesse alarmante. En urgence nous y avons placé un barrage de sacs de sable espérant ainsi au moins diminuer le courant pour nous permettre de recharger la route avec des cailloux et de la terre. Les deux routes inondées sont évidemment des voies uniques et donc essentielles pour acheminer la production jusqu’à l’huilerie située à Mapangu…
Mais, pour conclure par une note positive, à en juger par la présence de nombreux papillons qui sont caractéristiques du début de la saison sèche, peut-être que les pluies touchent à leur fin et que d’ici quelques semaines les problèmes d’inondation ne seront qu’un mauvais souvenir.
Nous espérons, comme chaque fois, avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Ekonda
Effets Ekonda – Ekonda effect
Petit déjeuner du dimanche – Sunday breakfast
Résultat des inondations – Results of the floods
Pécautions pour le Covid-19 – Preventive measures for Covid-19

Africa in general is considered to be a continent full of dangerous animals such as crocodiles, hippos, lions, buffaloes, snakes of all kinds, and so on. Here in Mapangu all the big animals have disappeared, a few years ago I saw a family of jackals again (I’m not sure if they are really dangerous, except maybe in packs at night?) and there are snakes from time to time, but even these are rather discreet because as soon as they are spotted they are killed with machetes and sticks just in case they happen to be edible.
In Mapangu we have different snakes that are potentially dangerous or even deadly, I have already seen Mambas (known to be not only deadly but also among the fastest snakes), Vipers of Gabon (which are especially dangerous because they lurk in the approach of danger rather than get away like other snakes and therefore react only when inadvertently stepped on), Cobras and a whole series of snakes of various colors that I do not know. Since we’ve been here, more than 4 years, there has only been one death from a snake bite. In fact the risks are quite limited because, apart from the fact that they tend to flee, on the one hand the majority of snakes, even venomous ones, are not fatal to humans, on the other hand, in the majority of bite cases there is no injection of venom (the snake bites to defend itself and reserves its venom for prey that it wants to eat). In short, snakes are dangerous, yes, but not so much so that our group doctor refuses to let us keep anti-venom serum at the pharmacy arguing that being specific and with a limited shelf life there would be more risks than benefits to have it on hand.
In reality, the most dangerous animals are not the biggest, because the vast majority of deaths in Africa in general and in DRC in particular are caused by the mosquito, the vector of malaria. In the DRC alone, we talk about 300,000 deaths every year from malaria and it is without a doubt the biggest cause of fatality here in Mapangu, where we register more than 400 cases (not necessarily with fatal outcome) every month in our hospital alone.
All these stories finally come to the subject of this week’s headline: the Ekonda, also a small insect, which we didn’t know existed until recently.
The Ekonda (Congolese name) is a small beetle of the genus Paederus that looks like a small ant of less than 1 cm (yes, here we also have seriously bigger ants) of red and black color. The insect itself is harmless if left alone, it does not bite or sting in principle, but on the other hand its abdomen contains a toxin (it seems more powerful than that of a cobra) which on contact with the skin causes severe burns that can go as far as blindness if it should come into contact with the eyes. One of these vicious beasts must have ended up in our room and decided to land on my cheek where, probably half a sleep, I took it off by crushing it. It wasn’t until the next morning, when I wanted to shave, that I felt a great deal of pain, which I initially associated with an allergic reaction of some kind. A day later the irritation turned into an even more painful blister, still without knowing where it could have come from, but we suspected that a hairy caterpillar (we have them regularly around the house and they are quite stinging when touched) had passed over my face during the night.
After a few days the irritation evolved into a scar from the ear to the mouth (à la Robert Hossein says Marie-Claude) but, fortunately, became insensitive. My colleagues didn’t dare to ask me if I had been in a fight with Marie-Claude or had survived a fight in a bar (which here too are closed for the moment), but when I explained how it happened they told me that obviously it was the result of the Ekonda and that I shouldn’t crush it on my skin… Now I know, although I probably wouldn’t have been able to tell the difference with another beast in half a sleep… It seems that this insect comes out during the dry season, which is not yet the case here, far from it, judging by the heavy rains that are falling on us for the moment. So let’s hope it doesn’t become an invasion by the dry season, which is supposed to start in the second half of May. It should nevertheless be noted that in more than 4 years, this is the first time we have encountered this bug.
In terms of small things, even if the level of mortality is not yet comparable to that of malaria, it is a microscopic creature that is paralysing the whole world and causing quite a bit of damage to the population in the short, medium and long term as far as its repercussions are concerned. Paradoxically this virus is not yet too present here in DRC and even totally absent in our province, so perhaps not to be classified among the most dangerous creatures in Africa.
Concerning the rains, at the moment it is rather floods that are on the agenda, to the point that some of our roads are now crossed by rivers, a fact that is unprecedented for us so far. One of the roads, which connects the west of the plantation with Mapangu, is flooded for about 100m in length with water up to 1m deep in places. Luckily with our vehicles equipped with high air intakes we still manage to get through, but I place my bag on the seat so that it is not wet by the water seeping through the doors. Our colleagues on motorcycles are forced to hire the services of a dugout canoe to take them across with their machines. Luckily there is little or no current in this area, so by the time the water will have receded the road should have remained more or less intact. It is not quite the same for the road that links Mapangu to the east of the plantation, where we live, which for the past few days has been floaded by water coming from a tributary of the Kasai, the Lumbundji River. Here there is a strong current that is eroding the road, composed mainly of sand, at an alarming rate. As a matter of urgency we have placed a sandbag dam to try to stem the current and allow us to recharge the road with rocks and earth. The two flooded roads are obviously unique access roads and therefore essential to get the production to the oil mill located in Mapangu .
But, to conclude on a positive note, judging by the presence of many butterflies that are characteristic of the beginning of the dry season, perhaps the rains are coming to an end and in a few weeks flooding problems will be a bad memory.
We hope, as always, to hear from you,
Marc & Marie-Claude

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Barrières – Barriers

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Une des réalités auxquelles nous devons faire face en permanence dans la plantation est représentée par les vols en général et ceux de régimes et fruits de palme en particulier. Grâce à leurs graines sélectionnées, les fruits de nos palmiers sont plus charnus et contiennent deux fois plus d’huile que les fruits de palmiers sauvages et/ou d’anciennes plantations. Ils sont donc particulièrement appréciés par les producteurs d’huile clandestins. Le meilleur moyen de freiner le vol de régimes et de fruits est évidemment d’éliminer les huileries clandestines ou “malaxeurs” comme ils les appellent ici. Malheureusement pour nous, ceux-ci peuvent être déplacés assez facilement et sont souvent cachés dans des endroits de la brousse extérieurs à la plantation, donc, difficiles à trouver. Nous faisons régulièrement appel aux autorités afin qu’elles effectuent des perquisitions dans les villages pour identifier les malaxeurs qui utilisent nos fruits (très faciles à reconnaître), seulement, comme les bruits circulent extrêmement vite, les malaxeurs sont généralement démontés avant que des autorités compétentes ne puissent les trouver.
Nous voyons ainsi passer des grandes quantités d’huile venant de villages où il n’y a quasi pas de palmiers, dans des bidons destinés aux marchés locaux, mais comme l’huile est la même quels que soient les fruits utilisés nous ne pouvons évidemment pas faire grand chose, si ce n’est pour constater, avec amertume, que des quantités non négligeables de notre production profitent à des personnes étrangères à la plantation. Faire intervenir les autorités ne nous donne pas non plus une très bonne presse car certains prétendent que nous essayons “d’éliminer la concurrence” et empêchons les villageois de mener leurs activités traditionnelles en détruisant leurs malaxeurs. Pour freiner les vols de régimes, surtout dans les parcelles plantées en bordure des villages, nous avons des équipes de gardiens qui patrouillent, en particulier au moment de la récolte car les voleurs préfèrent ramasser des régimes et fruits déjà coupés, plutôt que de faire le travail eux-mêmes…
Nous ne sommes pas les plus mal lotis: dans d’autres plantations du groupe le vol est tel que celles-ci doivent faire appel à l’armée pour se protéger de voleurs armés eux-aussi et dans l’une d’elles on a même été jusqu’à creuser des douves de plus de 3m de profondeur avec un andain extérieur faisant office de barrière sur tout le pourtour pour en rendre l’accès difficile (mais pas impossible). Il faut dire que dans ce cas particulier, des huileries ont été construites, par des particuliers, sans plantation propre et achètent leur matière première aux villageois. Cette activité est au départ très louable car elle offre un débouché aux planteurs villageois, mais les prix payés étant très attirants c’est évidemment un encouragement à “compléter” leur production avec les beaux régimes de la plantation voisine.
Nous ne sommes heureusement pas confrontés à un tel degré de vols car il n’y a pas d’autres huileries dans la région et les malaxeurs traditionnels restent limités dans leur capacité de transformation. Nous avons toutefois aussi mis des barrières en place, principalement aux entrées de notre concession, là où la route nationale se termine. Nous ne pouvons évidemment pas empêcher les gens de circuler avec des bidons d’huile sur la route nationale, même si celle-ci passe au milieu de la plantation, mais comme les seuls tronçons de route nationale à être entretenus sont ceux qui traversent la plantation, poursuivre son chemin en-dehors de celle-ci est très difficile. Obliger les transporteurs d’huile à éviter les barrières en contournant la plantation (via les vestiges de la route nationale) plutôt que de prendre un raccourci à travers notre concession, décourage la plupart car même avec un vélo une grande partie du réseau national est quasiment infranchissable. Évidemment en faisant cela nous avons créé une nouvelle source de revenus potentielle pour nos gardiens qui monnaient le passage de ces huiles aux barrières, mais nous espérons malgré tout rendre la vie des voleurs plus malaisée de cette manière.
Une autre solution que nous avons adopté, plus constructive celle-là, est d’acheter les fruits produits par les plantations villageoises et d’intégrer ceux-ci dans notre propre production. Ce sont des fruits moins riches en huile, mais malgré tout intéressants d’un point de vue production et comme ils sont faciles à reconnaître nous ne risquons pas d’acheter notre propre production aux villageois. L’avantage pour les villageois est qu’ils sont payés immédiatement, nous avons calculé le prix d’achat des fruits pour que les villageois gagnent plus en nous les vendant plutôt que de les transformer eux-mêmes et nous organisons leur ramassage plusieurs jours par semaine. Par mois nous achetons ainsi près de 200 tonnes de fruits de palme aux villageois ce qui représente des revenus non-négligeables pour une population sinon dépourvue de ressources régulières. Cela ne résout évidemment pas le problème des vols, mais aide au moins à éliminer des excuses et légitime notre demande d’intervention auprès des autorités.
Pour le moment nous ne sommes pas les seuls à ériger des barrières car, l’excuse de la pandémie aidant, les officiels de tous poils ont mis en place des barrières et points de contrôle tous azimuts jusqu’à bloquer le passage des barges et autres embarcations provenant de provinces voisines. Par décret provincial, tout convoi qui transporterait des passagers non-autorisés (il n’est pas toujours très clair qui a le pouvoir d’autoriser les passagers en question) voit son commandant immédiatement arrêté et pénalisé d’une amende de 400.000 francs (environ 200 euro) par passager clandestin. C’est évidemment une manne céleste pour tous les fonctionnaires (migration, police des frontières, commissariat fluvial, force navale, etc.) dont beaucoup n’ont plus touché de salaire depuis plusieurs mois et tout vaisseau ou véhicule qui pointe son nez est pris d’assaut pour être fouillé et inspecté sous toutes les coutures afin de justifier une amende. En réalité même les transporteurs qui respectent rigoureusement la réglementation se voient rançonnés pour pouvoir continuer leur chemin. Ainsi la barge qui doit nous approvisionner avec du carburant et qui était attendue ici il y a deux mois est retardée en route à chaque passage de “frontière” entre les provinces et territoires avec chaque fois la menace d’être renvoyée vers Kinshasa s’ils n’obtempèrent pas avec les “lois” de la province.
Les barrières qui avaient été mises en place à Kinshasa il y a près de trois semaines dans le cadre du confinement de la commune de la Gombe (où se trouvent nos bureaux) sont toujours en place, mais la circulation à l’intérieur de la commune est maintenant libre avec toutefois le port du masque obligatoire, celui-ci pouvant être fabriqué avec un morceau de pagne.
Nous vous souhaitons bon courage avec vos barrières à vous,
Marc & Marie-Claude

Sorry, pas de photos pour le moment car nous sommes en panne d’internet…

One of the realities we are constantly facing on the plantation is theft in general and that of palm fruit and bunches in particular. Thanks to their selected seeds, the fruits of our palms are fleshier and contain twice as much oil as the fruits of wild palms and/or old plantations. These are therefore particularly appreciated by clandestine oil producers. The best way to stop the theft of fruits bunches is obviously to have clandestine oil mills, or “mixers” as they call them here, dismantled. Unfortunately for us, these can be moved quite easily and are often hidden in remote places in the bush outside the plantation, so they are difficult to find. We regularly call on the authorities to carry out searches in the villages to identify the mixers using our fruit (very easy to recognize), only, as information travels extremely fast, the mixers are usually dismantled before the relevant authorities can find them.
So we see large quantities of oil in jerrycans from villages where there are almost no palm trees, passing on the road for the local markets, but as the oil is the same regardless of the fruit used we obviously cannot do much, except to bitterly note that significant quantities of our production are benefiting people outside the plantation. Getting the authorities to intervene does not give us very good press either, because some people claim that we are trying to “eliminate competition” and prevent the villagers from carrying out their traditional activities by destroying their mixers. To curb the theft of our fruit, especially in the plots planted on the outskirts of the villages, we have teams of security guards on patrol, especially at harvest time because thieves prefer to pick up bunches and fruit that have already been cut, rather than do the work themselves .
We are not the worst off: in other plantations of the group the theft is such that they have to call the army to protect themselves from armed thieves too and in one of them the plantation even went as far as digging a moat more than 3m deep with an outside windrow acting as a barrier all around the plantation to make access difficult (but not impossible). It should be said that in this particular case, oil mills were built by private individuals without their own plantation and buy their raw material from the villagers. This activity is initially very commendable because it offers an outlet for village planters, but the prices paid being very attractive it is obviously an incentive to “complement” their production with the beautiful regimes of the neighbouring plantation.
Fortunately, we are not confronted with such a degree of theft because there are no other oil mills in the region and the traditional mixers remain limited in their processing capacity. However, we have also put barriers in place, mainly at the entrances to our concession where the national road ends. Of course, we can’t stop people from walking with oil cans on the national road, even if it passes through the middle of the plantation, but as only the sections of the national road that are maintained are those that cross the plantation, it is very difficult to continue on the national road outside the plantation. Forcing oil transporters to avoid barriers by bypassing the plantation (via the remains of the national road) rather than taking a shortcut through our concession, discourages most, because even with a bicycle a large part of the national network is almost impassable. Obviously by doing this we have created a potential new source of income for our guards who try to monetize the passage of these oils at the gates, but we still hope to make the lives of thieves more difficult in this way.
Another solution we have adopted, a more constructive one, is to buy the fruit produced by the village plantations and integrate it into our own production. They are less rich in oil, but nevertheless interesting from a production point of view and as they are easy to recognize we do not risk buying our own production from the villagers. The advantage for the villagers is that they are paid immediately and we have calculated the purchase price of the fruits so that the villagers earn more by selling them to us rather than processing them themselves, and we organize their collection several days a week. Every month we buy nearly 200 tons of palm fruit from the villagers, which represents a significant income for a population that has little or no income. This does not, of course, solve the problem of theft, but at least it helps to eliminate excuses and legitimises our request for intervention by the authorities.
At the moment we are not the only ones erecting barriers because, with the excuse of the pandemic, officials of all kinds have set up barriers and checkpoints all over the place, even blocking the passage of barges and other boats from neighbouring provinces. By provincial decree, any convoy carrying unauthorized passengers (it is not always clear who has the power to authorize the passengers in question) sees its commander immediately arrested and fined 400,000 francs (about 200 euros) per stowaway. This is obviously a heaven-sent windfall for all officials (migration, border police, river police, naval force, etc.) many of whom have not received a salary for several months and any vessel or vehicle that shows up is stormed upon to be searched and inspected from every angle in order to justify a fine. In fact, even carriers who strictly adhere to the regulations are being held to ransom before they can continue on their way. For example, the barge that is supposed to supply us with fuel and that was expected here two months ago has been delayed en route at every “border” crossing between the provinces and territories with the threat of being sent back to Kinshasa each time if they do not comply with the “laws” of the province.
The barriers that were put in place in Kinshasa almost three weeks ago as part of the confinement of the commune of La Gombe (where our offices are located) are still in place, but traffic within the commune is now free, although the wearing of masks is now compulsory, which can be made with a piece of traditional fabric.
We wish you good luck with your own barriers,
Marc & Marie-Claude

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Renseignements – Intelligence

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Mapangu est un endroit où les rumeurs, aussi fantastiques et incroyables soient-elles, semblent trouver un terrain fertile inégalé. Est-ce parce que l’éducation et le niveau intellectuel de la population est généralement extrêmement limité, est-ce à cause des coutumes et croyances qui elles-mêmes baignent dans toutes sortes d’idées qui nous paraissent incongrue, ou est-ce simplement parce qu’à défaut d’autres manières de s’occuper la population s’accroche à toute histoire qui circule quelle qu’en soit la source.
Il y a les rumeurs et croyances qui n’affectent que les locaux et qui concernent le plus souvent des histoires de grigris, sorciers ou autres formes de sortilèges. Ces croyances concernent des choses qui sont simplement destinées à faire gagner une équipe de foot, aider à obtenir un travail ou protéger son champs contre les rapines. Mais elles sont parfois beaucoup plus sérieuses lorsqu’il s’agit prétendument de jeter un sort sur une autre personne voire toute une communauté.
Lors de la réalisation du premier forage à l’hôpital, qui a finalement échoué à cause d’une dalle rocheuse que nous n’avons pas réussi à percer, il a été nécessaire d’organiser une cérémonie traditionnelle avec sacrifice (d’un coq), danses, etc. pour garantir que l’eau coulerait à flot et serait d’une pureté inégalée. Le médecin à préférer ne pas assister à la cérémonie qui se déroulait juste en dehors de son bureau de peur qu’un contre-sort lui soit jeté. Il (le médecin) est convaincu que certaines personnes lui veulent du mal et ne reculeraient pas devant un sortilège pour lui nuire, il est d’ailleurs convaincu que l’infection dont il souffrait au pied était le résultat d’un sortilège plutôt qu’une plaie mal soignée.
On raconte que, lorsque l’huilerie de Brabanta a été construite, pour assurer le succès et bon fonctionnement de celle-ci les notables de Mapangu ont organisé un sacrifice humain et que si aujourd’hui notre huilerie fonctionne si bien c’est grâce aux incantations des chefs coutumiers et des offrandes et rituels associés.
Les expatriés n’échappent pas aux rumeurs rocambolesques, par exemple à un moment donné l’information circulait qu’avec l’aide de mon directeur des relations publiques (congolais du cru) et le chef de secteur j’avais mis en place un réseau de trafic d’organes humains à destination de l’étranger, ou, lors de notre dernier retour de congé, l’un des notables de Mapangu est venu me trouver pour exprimer sa joie de savoir que j’avais malgré tout décidé de revenir à Mapangu, car le bruit circulait dans la cité que j’avais quitté la contrée définitivement emportant, évidemment, avec moi la caisse de la société.
Il y a tellement d’informations extraordinaires qui circulent que même nous avons parfois du mal à distinguer le vrai du faux et c’est là qu’intervient le service de renseignements (d’où le titre de ces nouvelles). Ce service comporte un réseau d’agents (secrets) déployés par “l’Etat” dans toute la plantation. Leur rôle est principalement de renseigner le dit état sur les activités illicites et surtout subversives qui pourraient avoir lieu dans notre coin, mais comme beaucoup d’autres agents officiels, nos amis des renseignements sont mal ou peu payés et doivent donc trouver d’autres moyens pour arrondir leur fins de mois. Ce pour quoi Brabanta semble avoir été désignée. Le responsable du service, qui lui n’est pas une personne anonyme, essaye régulièrement d’avancer que son réseau d’agents permet à la Brabanta de déjouer des vols, attaques et autres méfaits qui pourraient nuire à notre bon fonctionnement, et que cela mérite bien entendu une rétribution …
Un des problèmes auxquels nous faisons face est le vol de régimes et de fruits dans la plantation pour fabriquer de l’huile artisanale dans ce qu’ils appellent ici des malaxeurs, sorte de mini-huilerie fabriquée avec des fûts métalliques. Notre responsable des renseignements a donc proposé de nous aider, contre monnaies sonnantes et trébuchantes, à traquer et déloger les fameux malaxeurs situés dans et autour de la plantation et nous avons accepté de payer une prime pour chaque malaxeur trouvé et détruit, ce qui s’est limité à un seul depuis les trois derniers mois. Notre responsable local des renseignements trouve évidemment que ses revenus ne sont pas à la hauteur de ses aspirations et a essayé de faire valoir que dans d’autres sociétés (minières principalement) ses collègues étaient payés comme des cadres alors que lui ne reçoit que des miettes pour des renseignements qui valent de l’or…
Renseignements qui ne sont pas toujours très précis ou corrects car dernièrement nous avons reçu une convocation du parquet nous sommant de venir expliquer pourquoi (selon le pré-cité service de renseignements) l’un de nos cadres se cachait dans sa maison suite à un retour illicite de Kinshasa sans passer par les contrôles sanitaires requis. Notre cadre est en réalité bloqué à Kinshasa où il est en contact avec nos collègues kinois en attente d’une possibilité de revenir sur la plantation. Nous avons essayé d’expliquer cela au service de renseignements en les mettant même directement en contact téléphonique avec notre cadre, mais ils étaient tellement certains de leurs “informations” que le Gouverneur de la province a été alerté et qu’une équipe de la police est venue contrôler le domicile où notre cadre était supposé se cacher.
Tout cela pour dire que jusqu’à présent les informations que nous recevons ne sont pas des plus impressionnantes et donc certainement pas une base sur laquelle nous pouvons nous reposer ou qui justifie un salaire de cadre…
Sinon la vie ici continue dans le calme et l’isolation habituelle, nous continuons de profiter de nos belles vues, y compris depuis la piscine qui, malgré sa petite taille, offre une conclusion idéale à la journée de travail, surtout quand je reviens du bureau à vélo.
Nous espérons que vous aussi êtes bien et pas trop frustrés par les restrictions de déplacement. Soyez prudents et restez en bonne santé,
Marc & Marie-Claude

Mapangu is a place where rumours, however fantastic and unbelievable, seem to find unparalleled fertile ground. Is it because the education and intellectual level of the population is generally extremely limited, is it because of the customs and beliefs which themselves are steeped in all sorts of ideas that seem incongruous to us, or is it simply because, for want of other ways of dealing with them, the population clings to any story that circulates whatever the source.
There are the rumours and beliefs that only affect the locals and which most often concern stories of grigris, sorcerers or other forms of sorcery. These beliefs concern things that are simply meant to win a football team, help to get a job or protect one’s crop from robbery. But sometimes they are much more serious when it is allegedly about putting a spell on another person or even an entire community.
During the first well drilling at the hospital, which finally failed because of a rocky slab that we were unable to break through, it was necessary to hold a traditional ceremony with sacrifice (of a rooster), dances, etc. to ensure that the water would flow freely and be of unparalleled purity. The doctor preferred not to attend the ceremony that took place just outside his office for fear that a counter spell would be thrown at him. He (the doctor) was convinced that some people wanted to harm him and would not shy from a casting a spell to harm him, and he was convinced that the infection he suffered on his foot was the result of a spell rather than a poorly healed wound.
It is said that when the oil mill of Brabanta was built, to ensure its success and good functioning, the notables of Mapangu organized a human sacrifice and that if our oil mill is working so well today it is thanks to the incantations of the customary chiefs and the associated offerings and rituals.
Expatriates do not escape the incredible rumours, for example at one point a story was going around that with the help of my public relations director (local Congolese) and the administrative sector chief I had set up a network of trafficking in human organs to foreign countries, On our last return from leave, one of the notables of Mapangu came to me to express his joy at knowing that I had decided to return to Mapangu despite everything, because there was a rumour going around the city that I had left the country for good, obviously taking the company’s cash with me.
There is so much extraordinary information circulating that even we sometimes have trouble distinguishing the true from the false and that’s where the intelligence service comes in (hence the title of this news). This service has a network of (secret) agents deployed by the “State” throughout the plantation. Their role is mainly to inform the “state” about illegal and especially subversive activities that could take place in our area, but like many other official agents, our intelligence friends are poorly or not paid on time and therefore have to find other ways to make ends meet. This is what Brabanta seems to have been designated for. The head of the service, who is obviously not an anonymous person, regularly tries to argue that his network of agents allows Brabanta to thwart robberies, attacks and other misdeeds that could harm our smooth functioning, and that this of course deserves a reward …
One of the problems we face is the theft of palm fruit from the plantation to make artisanal oil in what they call blenders, a sort of mini-oil mill made from metal drums. So our information officer offered to help us, in exchange for hard cash, to track down and dismantle the famous mixers located in and around the plantation. We agreed to pay a premium for each blender found and destroyed, which has been limited to one for the last three months. Our local intelligence officer obviously finds that his income is not up to his aspirations and has tried to argue that in other (mainly mining) companies his colleagues are paid as executives while he only receives crumbs for the intelligence he provides us with and which is worth more than gold…
Information which is not always very precise or correct because recently we received a summons from the Public Prosecutor’s Office asking us to come and explain why (according to the above-mentioned intelligence service) one of our executives was hiding in his house following an illegal return from Kinshasa without passing through the required health checks. Our executive is in fact stuck in Kinshasa where he is in contact with our Kinshasa colleagues waiting for the possibility of returning to the plantation. We tried to explain this to the intelligence service, even putting them in direct telephone contact with our colleague, but they were so certain of their “information” that the Governor of the province was alerted and a police team came to check the house where our executive was supposed to be in hiding.
All this to say that so far the information we are receiving is not the most impressive and therefore certainly not a basis on which we can rely on or which justifies an executive’s salary …
Otherwise life here continues in the usual calm and isolation, we continue to enjoy our beautiful views, including from the swimming pool which, despite its small size, offers an ideal conclusion to the working day, especially when I come back from the office on my bike.
We hope you too are well and not too frustrated by the lockdown. Be careful and stay healthy,
Marc & Marie-Claude

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Nourriture – Food

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Comme vous le savez déjà, ici à Mapangu nous sommes dépourvu d’un supermarché ou même d’une épicerie où aller faire nos courses alimentaires au jour le jour. Certes il y a un marché toutes les semaines à Mapangu, mais les produits que l’on peut y acheter sont généralement limités aux produits de base tels que manioc (en farine ou racine), maïs, oignons, ail, feuilles de manioc, arachides, œufs (exceptionnellement) et animaux vivants divers comme les chèvres, moutons, cochons, poules et canards, et des viandes et poissons boucanés.
Ce n’est pas tout à fait exact car nous avons également mis un conteneur à la disposition d’un commerçant qui y vend des aliments secs tels que boîtes de conserve (maïs, champignons, tomates, sardines), de l’huile, du lait en poudre, parfois un peu de riz et des produits cosmétiques de base.
La majorité des produits que nous retrouvons sur notre assiette provient de notre jardin et des provisions que nous faisons une fois par mois à Kinshasa. Comme les approvisionnements sont incertains, nous avons généralement des réserves pour le cas où il y aurait des visiteurs et/ou pour les repas organisés avec les expatriés, donc point de vue nourriture nous sommes plutôt bien fournis, même si les approvisionnements de Kinshasa sont un peu moins certains pour le moment à cause des restrictions d’accès et la fermeture de beaucoup de commerces.
Le souci ici à Mapangu est surtout que cette incertitude concernant les approvisionnements provoque des hausses de prix qui relèvent plus de la spéculation que de la réalité du terrain, mais rend les choses plus difficiles pour nos employés dont le pouvoir d’achat ne suit pas nécessairement ces hausses parfois assez significatives.
Pour essayer de palier à cela, nous essayons d’organiser l’achat en gros de produits de base que nous revendons ensuite à prix coûtant voire subsidié à nos travailleurs. Certains produits comme le maïs et le manioc sont achetés dans l’arrière-pays et amenés ensuite par camion jusqu’ici pour être distribués. Pour des produits un peu plus élaborés comme la farine et la semoule de blé, le riz, le lait en poudre, le sel, etc. nous sommes en train de mettre en place un système d’achat en gros à Kinshasa pour ensuite envoyer ces aliments par barge jusqu’ici à Mapangu. Le problème est évidemment de limiter la vente de produits à des prix subsidiés à nos travailleurs, d’une part pour limiter les coûts pour la société et d’autre part pour que ceux-ci soient disponibles pour tous et ne soient pas une source de commerce parallèle. Pour cela nous avons fait imprimer des bons d’achat assez élaborés (pour qu’ils ne soient pas trop faciles à copier) auxquels seuls nos employés auront accès et en principe les produits alimentaire ne pourront être payés qu’avec les dits bons d’achat. Il ne faudra évidemment pas beaucoup de temps avant que les bons d’achat eux-même fassent l’objet d’un marché parallèle, mais nous devons nous résigner au fait que nous ne pouvons pas tout contrôler.
A côté de cela, tous les trimestres nous faisons une distribution d’huile à nos travailleurs, car ici l’huile de palme est considéré comme un aliment de base qui entre dans la préparation de presque tous les plats. Cette distribution représente quand même pas loin de 15 tonnes ou 3.000 bidons d’huile à distribuer chaque fois ce qui représente également un challenge logistique car cela doit se faire dans chaque lieu de rassemblement des travailleurs dont nous en avons environ 15 à travers la plantation. Chaque trimestre on voit ainsi des personnes se balader dans tous les sens dans la plantation avec leur bidon d’huile sur la tête et comme par hasard beaucoup de ces bidons se retrouvent également sur le marché de Mapangu, sans doute parce que certains travailleurs ont besoin d’un peu plus de cash pour subvenir à leurs besoins.
A Kinshasa les choses sont habituellement plus faciles car il y a beaucoup de marchés, échoppes et supermarchés où il est possible de se procurer presque tous les produits au jour-le-jour. Seulement avec les restrictions de mouvement qui ont été imposées dans la ville et le confinement obligatoire imposé pour deux semaines dans une partie de la ville, beaucoup de personnes se trouvent dans des situation précaires et, même quand elles en ont les moyens, ne peuvent pas toujours se procurer les aliments nécessaires pour la journée. Heureusement, il ne nous est pas trop difficile d’aider les quelques travailleurs que nous avons à Kinshasa et comme nous avions préventivement établi un petit stock d’huile de palme dans notre magasin de la capitale, tous nos collègues ont au moins accès à leur dose de lipides pendant cette période de relative difficulté d’approvisionnement.
Ici à la maison les choses n’ont pas trop changé, si ce n’est que Marie-Claude prépare régulièrement des petites gâteries pour nous et à distribuer aux autres expatriés (shortbread, cake, truffes au chocolat) pour compenser le manque d’activités sociales et de repas communs.
Grande nouveauté aussi, depuis hier nous sommes dotés d’une petite piscine hors-sol autour de laquelle nous sommes en train de construire une terrasse. Mis à part le fait que le filtre ne marche pas encore tout à fait comme il devrait, nous avons maintenant la possibilité de nous rafraîchir après journée tout en profitant de la magnifique vue sur les terrasses de la plantation. Il faut savoir que cette piscine a été commandée il y a pratiquement un an, mais avec les délais d’acheminement jusqu’en RDC, puis jusque Mapangu, et puis le temps de monter le tout, il a été nécessaire de patienter un petit peu…
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous nous réjouissons de vous lire,
Marc & Marie-Claude

As you already know, here in Mapangu we don’t have a supermarket or even a grocery store to go to for our day-to-day food shopping. Although there is a weekly market in Mapangu, the products that can be bought there are generally limited to basic commodities such as cassava (in flour or root form), maize, onions, garlic, cassava leaves, peanuts, eggs (exceptionally) and various live animals such as goats, sheep, pigs, chickens and ducks, and smoked meat and fish.
This is not quite accurate as we have also made a container available to a trader who sells dry food such as cans (corn, mushrooms, tomatoes, sardines), oil, powdered milk, sometimes a little rice and basic cosmetics.
Most of the products we find on our plate come from our garden and from the provisions we make once a month in Kinshasa. As supplies are uncertain, we generally have reserves in case of visitors and/or for meals organized with expatriates, so from a food point of view we are rather well supplied, even if supplies in Kinshasa are a little less certain at the moment because of access restrictions and the closure of many shops.
The main concern here in Mapangu is that this uncertainty about supplies is causing price increases that are more speculative than because of real shortages, but makes things more difficult for our employees whose purchasing power does not necessarily follow these sometimes quite significant increases.
To try to counter this, we are trying to organise the bulk purchase of commodities which we then sell back to our workers at cost or even subsidised prices. Some products such as corn and cassava are bought in the hinterland and then brought by truck here for distribution. For slightly more elaborate products such as wheat flour, semolina, rice, powdered milk, salt, sugar, etc. we are setting up a bulk purchasing system in Kinshasa and then sending these foodstuffs by barge to Mapangu. The problem, of course, is to limit the sale of products at subsidised prices to our workers only, on the one hand to limit the costs for the company and on the other hand to ensure that these products are available to everyone and do not become a source of parallel trade. To this end we have printed vouchers that are quite elaborate (so that they are not too easy to copy) to which only our employees will have access, and in principle food products can only be paid for with the so-called vouchers. Of course, it will not be long before the vouchers themselves become the subject of a parallel market, but we have to resign ourselves to the fact that we cannot control everything.
In addition, every quarter we distribute oil to our workers, because here palm oil is considered a staple food that is used in the preparation of almost every dish. This distribution represents about 15 tons or 3,000 cans of oil to be distributed each time, which also represents a logistical challenge because it has to be done at each muster place of the workers, of which we have about 15 throughout the plantation. Every quarter we see people walking around the plantation with their oil cans on their heads and as if by chance many of these cans also end up in the Mapangu market, probably because some workers need a little more cash to meet their needs.
In Kinshasa things are usually easier because there are many markets, stalls and supermarkets where it is possible to get almost all the products on a daily basis. Only with the restrictions on movement that have been imposed in the city and the compulsory confinement imposed for two weeks in one part of the city, many people find themselves in precarious situations and, even when they can afford it, cannot always get the food they need for the day. Fortunately, it is not too difficult for us to help the few workers we have in Kinshasa, and as we had preventively established a small stock of palm oil in our store in the capital, all our colleagues at least have access to their fat requirements during this period of relative supply difficulty.
Here at home things haven’t changed too much, except that Marie-Claude regularly prepares small treats for us and to distribute to the other expatriates (shortbread, cake, chocolate truffles) to make up for the lack of social activities and common meals.
Also new, since yesterday we have a small above-ground swimming pool around which we are building a terrace. Apart from the fact that the filter is still not working quite as it should, we now have the possibility to refresh ourselves after the day while enjoying the magnificent view on the terraces of the plantation. It should be noted that this pool was ordered almost a year ago, but with the delays in getting it to the DRC, then to Mapangu, and then the time to assemble the various parts, it was necessary to wait a little bit…
We hope this news finds you well and we look forward to reading you,
Marc & Marie-Claude

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Police

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Une des caractéristiques de notre coin du Congo est qu’il n’y a peu ou pas d’armes, il est rare de voir circuler un chasseur avec autre chose que des chiens, une catapulte et une machette et les policiers qui circulent à Mapangu sont généralement sans armes, sauf mission spéciale ou situation qui nécessite un peu plus de muscle. Je n’y connais rien en armes et j’ai donc demandé à l’un des policiers armés qui était venu sécuriser notre paie quelle était la “marque” de sa sulfateuse et il m’a dit que c’était un AK-47 (ou Kalashnikov), mais il n’a pas voulu me dire s’il avait des munitions ou pas. Selon les dires des personnes “informées” la police est limitée dans la disponibilité de munitions et qu’ils partent du principe que le seul fait de tenir leur pétoire en main est assez dissuasif en soi.
Enfin, toujours est-il que l’avènement de la pandémie du Covid-19 provoque une certaine agitation chez nos autorités locales qui, à défaut de savoir quoi faire d’un point de vue sanitaire, ont décidé de patrouiller toutes les frontières du territoire pour empêcher les entrées de personnes “contaminées” chez nous. La police, l’armée et toutes les autorités allant des responsables de la migration aux responsables sanitaires sont sur le pied de guerre et y vont de leur interprétation des mesures à prendre ou pas, mais généralement leur souci principal est que la plantation (source principale voire unique de leurs revenus) puisse continuer à fonctionner sans encombres.
L’ Administrateur du Territoire, représentant local du Gouverneur, est venu à Mapangu pour y coordonner les activités et mettre en place un dispositif de prévention et de lutte pour protéger la population locale d’une contamination potentielle. Ainsi il a été décidé de faire un contrôle de température de la population, estimée à plus de 125.000 personnes dans le seul secteur de Mapangu, afin de mettre en observation toute personne ayant de la température et pour cela les autorités disposent de UN thermomètre à infrarouge. Nous avons eu une réunion avec les autorités pour recevoir des instructions concernant les mesures que nous devons prendre (en plus du fait que nous avons déjà installé une centaine de stations de lavage de mains au travers de la plantation, interdisons les rassemblements, etc.), mais ils n’ont aucune idée. Les personnes qui doivent être mises en observation doivent rester isolées à leur domicile, mais comment faire cela alors qu’il y a, en moyenne, une dizaine de personnes dans chaque case n’a pas été pensé. Les personnes chargées du suivi sont du reste démunies d’équipements car dans le territoire il n’y a que deux tenues, vingt masques et l’unique thermomètre de disponible. Pour remédier à tout cela, la solution la plus simple et la plus visible a été de mettre des patrouilles de police et de l’armée en place, qui circulent dans Mapangu pour identifier les personnes suspectées d’infiltration clandestine…
Aujourd’hui les autorités nous ont demandé de les aider avec notre pirogue motorisée pour aller patrouiller et sensibiliser les villages le long de la rivière Loange, un tributaire du Kasaï qui délimite la frontière entre la province du Kasaï et la province du Kwilu, d’où “l’invasion” pourrait venir. Avant le week-end l’Administrateur du Territoire (“AT”) avait déjà fait mettre en quarantaine une barge arrivée de Kinshasa avec des “cas suspects” à bord, il nous a expliqué avoir refusé que la barge accoste chez nous et reste de l’autre côté du Kasaï qui est une autre province (le Maï-Ndombe dans ce cas-ci)… peu importe si tous les jours il y a des centaines de personnes qui traversent le Kasaï en pirogue pour aller s’occuper de leurs champs situés sur l’autre rive, car ceux-là sont “légitimes”… Les autorités nous ont expliqué que cette mission sur la Loange était de la plus haute importance et qu’il avait donc été décidé que l’AT et le Chef de Secteur devaient faire celle-ci en personne au péril de leur vie, car, disent-ils, ils sont envoyés au “front” sans équipement de protection adéquat, mais heureusement avec une solide garde policière.
Depuis quelques jours je constate une circulation inhabituelle sur la rivière, à savoir une petite embarcation avec un moteur hors-bord qui fait des aller-retours sur la rivière pour, me dit-on, patrouiller. L’embarcation, que je n’avais jamais vue auparavant, est toute petite et ne peut transporter que deux personnes, le pilote et un policier, mais je suppose que c’est suffisant pour dissuader les personnes malintentionnées, même si j’ai du mal à comprendre comment cette seule coquille de noix peut avoir un effet significatif sur une longueur de rivière d’environ 75km.
De notre côté nous essayons de nous organiser pour le cas où… Ainsi nous avons remis en ordre notre pavillon d’isolement, dont la capacité est limitée mais qui rassure les autorités car c’est la seule structure du genre dans le territoire mis à part un camp de tentes que l’on est en train de mettre en place à Ilebo, pour rappel, trois heures de pirogue depuis chez nous (avec des bâches fournies par Brabanta). Nous avons également commandé un stock supplémentaire de fournitures médicales, y compris des thermomètres infrarouge, pour éventuellement mettre en place un système de dépistage au travail, encore que la prévalence de fièvres liées à la malaria, infections et autres causes, risque de déclencher pas mal d’inquiétudes et nous voulons quand même éviter de créer un sentiment de panique ou des agressions sur les “porteurs possibles”.
Ce matin, un avion cargo aurait dû faire une escale de ravitaillement chez nous pour aller prendre des marchandises à Bukavu, mais les autorités ont décidé que l’équipage serait obligé de se soumettre à une quarantaine de 2 semaines au retour du voyage, l’opérateur a, dès lors, décidé que dans ces conditions il n’était pas justifié de faire le vol. C’est dommage, car nous aurions pu profiter de cet avion pour nous faire approvisionner avec des fournitures médicales et quelques pièces urgentes… ce sera pour une autre fois.
Parlant d’avions, un de nos collègues d’une plantation au Cameroun est actuellement bloqué à Kinshasa, où il était venu rendre visite à sa belle-famille. Comme c’était supposé être un séjour court, ils avaient laissé leurs enfants en bas-âge à la garde de la nounou à Douala, mais les quelques jours se sont transformés en semaines et il s’inquiètent évidemment de savoir si la nounou prend les précautions nécessaires pour protéger les enfants. Nous avons demandé une dérogation pour l’organisation d’un vol de rapatriement, qui a été accordé par la présidence mais bloqué par les autorités de migration (dont le patron est de “l’ancien” camp), mais on garde l’espoir car il est compréhensible de vouloir empêcher des personnes extérieures d’accéder au pays, mais pourquoi empêcher les personnes de partir.
A partir de lundi la commune de la Gombe à Kinshasa, où se trouvent nos bureaux, sera soumise à un confinement obligatoire car c’est de là que sont venu les cas de coronavirus. Toutefois pour ne pas paralyser les activités des entreprises, une dérogation est donnée aux personnes dont le travail est essentiel et ne peut se faire qu’au bureau. Cette dérogation est matérialisée par un macaron qu’il faut acheter à l’hôtel de ville et comme cette information a été diffusée en dernière minute samedi, l’hôtel de ville s’est retrouvé assailli par une foule venue se presser pour obtenir le laisser-passer, rien de tel pour qu’avant le confinement il soit donné une dernière opportunité au virus pour se répandre le plus possible, y compris et surtout avec des personnes qui habitent en-dehors de la Gombe… J’ai suggéré à mes collègues de travailler depuis la maison et de ne pas se mêler à la foule pour rien car en plus de tout cela les autorités n’auraient pas eu le temps de préparer un nombre suffisant de macarons, d’où la cohue.
Nous sommes conscients que chez vous il y a probablement pas mal de couacs aussi, mieux vaut prendre son mal en patience car nous ne savons pas pour combien de temps tout cela va continuer. En attendant nous nous habituons à voir un peu plus de policiers qui rôdent autour de nos installations à la recherche des “infiltrés”.
A très bientôt vous lire, gardez le moral
Marc & Marie-Claude

Village
Revenant de l’appel – Coming back from muster
Quai sec en opération – Loading bay in operation
Tout du jardin, même les fraises – All from the garden, even the strawberries

One of the characteristics of our corner of the Congo is that there are few or no weapons, it is rare to see a hunter circulating with anything other than dogs, a catapult and a machete and the police officers circulating in Mapangu are generally unarmed, except for special missions or situations that require a little more muscle. I know nothing about weapons, so I asked one of the armed policemen who came to secure our pay what the “brand” of his machine was, and he told me it was an AK-47 (or Kalashnikov), but he wouldn’t tell me if he had ammunition or not. According to the “informed” persons, the police are limited in the availability of ammunition and they assume that just holding a gun in their hands is a deterrent enough in itself.
So now, the advent of the Covid-19 pandemic is causing a certain amount of unrest among our local authorities who, not knowing what to do from a health point of view, have decided to patrol all the borders of the territory to prevent the entry of “contaminated” people into our county. The police, the army and all the authorities from migration officials to health officials are on the warpath, and they are all at loggerheads as to what to do or not to do, but generally their main concern is that the plantation (the main or even sole source of their income) can continue to operate without hindrance.
The Territorial Administrator, the local representative of the Governor, came to Mapangu to coordinate activities and set up a prevention and control mechanism to protect the local population from potential contamination. Thus it was decided to monitor the temperature of the population, estimated at more than 125,000 people in the Mapangu sector alone, in order to put any person with a temperature under observation, and for this purpose the authorities have ONE infrared thermometer at their disposal. We had a meeting with the authorities to receive instructions about the measures we have to take (in addition to the fact that we have already installed about 100 hand washing stations throughout the plantation, banning gatherings, etc.), but they have no idea. The people who are to be put under observation must remain isolated in their homes, but how to do this when there are, on average, about ten people in each hut has not been thought of. The people in charge of monitoring are also without any equipment because in the territory there are only two protection suits, twenty masks and the only thermometer available. To remedy all this, the simplest and most visible solution has been to put police and army patrols in place, which circulate in Mapangu to identify persons suspected of clandestine infiltration .
Today the authorities have asked us to help them with our motorized dugout canoe to go out and patrol and sensitize the villages along the Loange River, a tributary of the Kasai River that marks the border between Kasai and Kwilu provinces, where the “invasion” could come from. Before the weekend the Territorial Administrator (“AT”) had already quarantined a barge arriving from Kinshasa with “suspicious cases” on board, he explained that he had refused to allow the barge to dock on our side and stay on the other side of the Kasai which is another province (the Maï-Ndombe in this case) to keep the potential virus out… no matter if every day there are hundreds of people crossing the Kasai by dugout canoe to tend their fields located on the other bank, because those are “legitimate” ones. The authorities explained to us that this mission to the Loange was of the utmost importance and that it had therefore been decided that the AT and the Head of Sector had to carry out this mission in person at the risk of their lives, because, they said, they were sent to the “frontline” without adequate protective equipment, but fortunately with a strong police guard.
For the past few days I have noticed unusual traffic on the river, namely a small boat with an outboard motor that goes back and forth on the river to, I am told, patrol the river for clandestine immigrants coming from Kinshasa. The boat, which I had never seen before, is very small and can only carry two people, the pilot and a police officer, but I suppose that is enough to deter the malicious persons, although I have difficulty understanding how this one nutshell alone can have a significant effect on a river length of about 75 km.
On our side we are trying to organise ourselves in case… Thus we have put in order our isolation pavilion, whose capacity is limited but which reassures the authorities because it is the only structure of its kind in the territory apart from a tent camp that we are setting up in Ilebo (with tarpaulins provided by Brabanta), for memory Ilebo is three hours by dugout canoe from our home. We have also ordered an additional stock of medical supplies, including infrared thermometers, to possibly set up a workplace screening system, although the prevalence of fevers linked to malaria, infections and other causes may cause a lot of concern and we still want to avoid creating a sense of panic or aggression on the “possible carriers”.
This morning, a cargo plane should have made a refuelling stop at our premises to pick up goods in Bukavu, but the authorities decided that the crew would have to undergo a 2-week quarantine on their return from the trip, so the operator decided that under these conditions it was not justified to make the flight. It’s a pity, because we could have taken advantage of this plane to get medical supplies and some urgent parts… it will be for another time.
Speaking of planes, one of our colleagues from a plantation in Cameroon is currently stuck in Kinshasa, where he had come to visit his in-laws. As it was supposed to be a short stay, they had left their young children in the care of the nanny in Douala, but the few days turned into weeks and he is obviously worried about whether the nanny is taking the necessary precautions to protect the children. We asked for an exemption for the organisation of a repatriation flight, which was granted by the Presidency but blocked by the migration authorities (whose boss is from the “old” camp), but there is still hope, because it is understandable to want to prevent outsiders from entering the country, but why prevent people from leaving.
From this Monday the commune of La Gombe in Kinshasa, where our offices are located, will be subject to compulsory confinement because that is where the coronavirus cases came from (about 3 weeks ago…). However, in order not to paralyse the activities of companies, an exemption is given to people whose work is essential and can only be done in the office. This exemption is materialized by a badge that must be bought at the city hall and as this information was released at the last minute on Saturday, the city hall was assaulted by a crowd that came rushing to get the pass, nothing better than to give the virus one last opportunity before the containment to spread as much as possible, including and especially with people who live outside the Gombe… I suggested to my colleagues to work from home and not to mingle with the crowd for nothing because on top of all this the authorities appear not have had time to prepare a sufficient number of badges, hence the mob.
We are aware that there are probably a lot of blunders in your areas too, so the situation here is just spiced in a local manner rather than exceptional. However we better to be patient because we do not know for how long all this will continue. In the meantime we are getting used to seeing a little more police officers lurking around our facilities looking for the “infiltrators”.
Read you soon, keep your morale up.
Marc & Marie-Claude

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La Vie Continue – Life Goes On

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La presse sous toutes ses formes ne semble avoir qu’un seul sujet à présenter : le Coronavirus et son impact dans le monde, et pourtant la vie continue avec beaucoup d’autres choses d’actualité.
Pour le moment nous nous sentons plutôt privilégiés car les choses ont peu ou pas changé dans notre vie quotidienne et les activités de la plantation continuent comme avant avec seuls quelques changements qui s’avèrent être pour un mieux même, probablement, à l’avenir.
La production de la plantation est meilleure que prévue et comme la population à besoin de continuer à manger quoi qu’il advienne, nous ne constatons pas non-plus d’impact défavorable sur les débouchés pour notre huile, si ce n’est quelques difficultés logistiques pour évacuer celle-ci vers Kinshasa, mais ça n’est pas nouveau. Dire que le foutu virus n’a pas d’impact ici serait toutefois mentir car, par prudence, nous avons supprimé les rencontres sociales entre expatriés, pas par crainte de se contaminer les uns et les autres mais parce que nous estimons devoir montrer l’exemple vis-à-vis de nos collègues congolais à qui il est temporairement interdit de se retrouver à l’église, de se rassembler sur la voie publique, d’envoyer leurs enfants à l’école ou de voyager. Mais certains changements sont probablement également pour un mieux, ainsi un peu partout dans la plantation, à l’entrée des bureaux, des magasins, des dépôts, etc. nous avons placé des stations de lavages pour les mains avec de l’eau et du savon, qui sont de plus en plus utilisés par tout le monde. Si l’on peut se référer à l’expérience du Sierra Leone ou de telles mesures avaient été prises lors de l’épidémie d’Ebola, outre le fait que cela a permis d’éviter une contagion de la maladie dans la plantation, ce lavage des mains a drastiquement réduit beaucoup d’autres problèmes médicaux telles que des dysenteries et autres problèmes gastriques.
Pour éviter les grands attroupements, nous avons également décidé d’organiser la paie des travailleurs sur un plus grand nombre de sites. Cela nécessite, certes, de mettre en place des moyens plus importants en branle : voitures, policiers, agents payeurs, etc. mais les résultat en est que les travailleurs peuvent généralement se rendre à pied vers leur lieu de paie, que nous ne devons pas organiser des transports pour les travailleurs, parmi lesquels il y a souvent des personnes en état d’ébriété et des passagers externes en plus d’une quantité incontrôlable de marchandises, avec tous les risques que cela comporte.
Un peu plus compliquée est l’organisation des appels matinaux, que nous ne maîtrisons pas encore tout à fait avec la nouvelle formule de mini groupes dispersés sur un grand périmètre pour permettre une meilleure “distance sociale”. Vu que tout se monde se retrouve joyeusement entassé dans la cité après les journée de travail nous sommes évidemment en droit de nous demander si nos mesures de distanciation sont vraiment utiles et nécessaires, mais, de nouveau, l’exemple doit venir d’en haut même si il ne s’applique que sur le lieu du travail…
Les plus grandes difficultés que nous rencontrons sont liées aux décisions du chef de l’état qui, à l’instar d’autres pays affectés par la pandémie, a décidé d’isoler le pays mais aussi la capitale. Cet isolement n’affecte que les personnes, ce qui veut dire que théoriquement nos approvisionnements en intrants, matériels, fournitures et nourriture n’est pas affecté. Ainsi ce vendredi nous avions l’autorisation de faire venir notre avion mensuel avec les fonds pour payer nos travailleurs, des pièces de rechange urgentes et des vivres pour les expatriés et cadres, mais aucun passager n’était autorisé à voyager dans un sens ou dans l’autre. Nos agents qui avaient choisi de passer leurs congés à Kinshasa s’y trouvent à présent bloqués pour une période indéterminée.
Le départ de l’avion depuis Kinshasa a toutefois été problématique car, alors que le Président avait clairement indiqué que le transport de marchandises était autorisé et qu’il n’y avait pas de passagers à bord, les autorités de l’aéroport de Kinshasa ont estimé qu’il fallait une autorisation spéciale du Président pour autoriser notre vol, autorisation que nous avons réussi à obtenir en dernière minute.
Le trafic des barges sur le Kasaï reste fort limité, même si le virus n’est pas la cause primaire de cette situation car ce n’est pas nouveau, mais cela nous affecte quand même car les transports de marchandises depuis Kinshasa sont encore plus difficile (y compris notre approvisionnement en carburant qui est pour le moins critique). De plus, les restrictions imposées à Kinshasa font que nombre de nos fournisseurs sont, soit ouverts de manière limitée, soit fermés et il n’est donc pas toujours possible de trouver les pièces et/ou fournitures dont nous avons besoin pour fonctionner.
Le trafic réduit sur le Kasaï nous impose aussi d’utiliser chaque opportunité de barge à la descente pour charger de l’huile dont les besoins à Kinshasa sont de plus en plus critiques, mais ces mêmes barges sont aussi sollicitées pour transporter d’autres marchandises essentielles comme du maïs, du charbon de bois, farine de manioc, etc. et les conséquences sont évidemment une augmentation des prix qu’il est difficile de ne pas comprendre.
Nous sommes donc privilégiés là aussi car nous sommes à la source de nombreux produits de première nécessité, qui restent accessibles à des prix abordables alors qu’à Kinshasa on parle de prix ayant triplé pour des produits comme de la farine.
Parlant de Kinshasa, il faut que l’on vous fasse part d’une situation qui fait sourire ou pleurer selon le cas et qui n’était possible qu’ici au Congo. Ainsi jeudi soir, outre l’isolement de la ville qui avait été décidé par le Président, le Gouverneur de la province de Kinshasa a pris la décision d’imposer un confinement total intermittent à la population de la ville. En pratique ce confinement intermittent devait se dérouler sur une période de 30 jours durant lesquels alternativement la population serait confinée chez elle pendant 4 jours à partir de ce samedi, puis autorisée à sortir librement pendant 2 jours pour acheter des aliments, puis à nouveau un confinement de 4 jours et ainsi de suite. Ce n’est pas une blague!
Il faut savoir qu’à Kinshasa (qui compte environ 12 millions d’habitants) la majorité de la population vit au jour le jour car ils gagnet un peu d’argent en faisant des petites tâches, un peu de commerce ou d’autres activités informelles et n’ont généralement pas de réfrigérateur et souvent pas de courant, donc rester 4 jours à la maison aurait impliqué un jeune forcé. Qui plus est, la police (qui n’est payée que très sporadiquement) vit elle aussi au jour le jour avec le résultat de leur racket sur les taxis, motos et passants et le confinement de la population ne leur aurait pas permis de manger tous les jours eux non-plus. Cela étant, et compte tenu de premières émeutes vendredi soir quand tout le monde à voulu se jeter sur le peu de pain et de farine encore disponible sur le marché de Kinshasa, les autorités ont sagement décidé de reporter la mesure de confinement à une date ultérieure… à suivre donc.
Nous espérons que votre confinement à vous n’est pas trop dur à vivre et que ces nouvelles vous trouveront en bonne santé.
A bientôt vous lire ou vous parler,
Marc & Marie-Claude

Le matin – In the morning
Un des quelques barges – One of the few barges
Fleurs dans le jardin… – Flowers in the garden…
… et dans la maison – … and in the house
Vue depuis “l’isolation” du bureau – View from “isolation” in the office
Il ne manque plus que l’eau – Only water missing
Gardien au travail – Security at work
Le soir – In the evening

The press in all its forms seems to have only one subject to present: the Coronavirus and its impact in the world, yet life goes on with many other things of current interest.
For the moment we feel rather privileged because things have changed little or not at all in our daily life and the activities of the plantation continue as before with only a few changes that might prove to be even for the better in the future.
The production of the plantation is better than expected and as the population needs to eat no matter what happens, we also do not see any adverse impact on the demand for our oil, apart from some logistical difficulties to transport it to Kinshasa, but this is nothing new. To say that the damn virus has no impact here, however, would be a lie, because we have, as a precaution, abolished social meetings between expatriates, not for fear of infecting each other, but because we feel we have to set an example to our Congolese colleagues, who are temporarily forbidden to go to church, to gather on the public highway, to send their children to school or to travel. But some changes are probably also for the better, so throughout the plantation, at the entrance to offices, workshops, warehouses, etc. we have placed hand washing stations with soap and water, which are increasingly used by everyone. If we can refer to the experience of a sister plantation in Sierra Leone where such measures were taken during the Ebola epidemic, apart from the fact that it prevented the disease from spreading to the plantation, this hand washing has drastically reduced many other medical problems such as dysentery and other gastric problems.
In order to avoid large crowds, we also decided to organize the workers’ pay on a larger number of sites. This does, of course, require more resources to be set in motion: cars, policemen, paying agents, etc., but the result is that workers can generally walk to their place of pay, that we do not have to organise transport for workers, among whom there are often drunk people and external passengers in addition to an uncontrollable quantity of goods, with all the risks that this entails.
A little more complicated is the organisation of morning calls or muster, which we have not yet fully mastered with the new formula of mini groups spread over a large area to allow for greater social distancing. Given that everyone is happily crammed into the city after the working day, we are obviously entitled to ask ourselves whether our distancing measures are really useful and necessary, but, once again, the example must come from above, even if it only applies in the workplace…
The greatest difficulties we face are linked to the decisions of the Head of State who, like other countries affected by the pandemic, has decided to isolate not only the country but also the capital. This isolation only affects people, which means that theoretically our supplies of inputs, materials, consumables and food are not affected. So this Friday we were allowed to operate our monthly plane with the funds to pay our workers, urgent spare parts and food for expatriates and executives, but no passengers were allowed to travel one way or the other. Our workers who had chosen to spend their leave in Kinshasa are now stranded there for an indefinite period of time.
The departure of the aircraft from Kinshasa was somewhat problematic, because although the President had clearly indicated that the transport of goods was authorized and that there were no passengers on board our plane, the authorities at Kinshasa airport considered that a special authorization from the President was needed to authorize our flight, which we managed to obtain at the last minute.
The barge traffic on the Kasai remains very limited, even if the virus is not the primary cause of this situation as it is not new, but it still affects us because the transport of goods from Kinshasa is even more difficult (including our fuel supply which is critical to say the least). In addition, the restrictions imposed in Kinshasa mean that many of our suppliers are either open on a limited basis or closed and it is therefore not always possible to find the parts and/or supplies we need to operate.
The reduced traffic on the Kasai also means that we have to use every opportunity to load barges with our oil, which is increasingly critically needed in Kinshasa, but these same barges are also used to transport other essential goods such as maize, charcoal, cassava flour, etc. and the consequences are obviously an increase in prices that would be difficult not to understand.
We are therefore privileged here too, because we are the source of many basic necessities, which remain accessible at relatively affordable prices, whereas in Kinshasa we are talking about prices that have tripled for some basic products such as flour.
Speaking of Kinshasa, we must tell you about a situation that will make you smile or cry, as the case may be, and which was only possible here in the Congo. Thus, on last Thursday evening, in addition to the isolation of the city which had been decided by the President, the Governor of the province of Kinshasa took the decision to impose an intermittent total confinement on the population of the city. In practice, this intermittent confinement was to take place over a period of 30 days, during which the population would alternately be confined to their homes for four days starting this Saturday, then allowed to go out freely for two days to buy food, followed by another four-day confinement and so on. This is no joke!
It is important to know that in Kinshasa (which has about 12 million inhabitants) the majority of the population lives from day to day because they generally earn some money on a daily basis, do not have a refrigerator and often no electricity, so staying 4 days at home would have meant obligatory fasting. Moreover, the police (who are paid only very sporadically) also live from day to day with the result of their racketeering on taxis, motorcycles and passers-by and the confinement of the population would not have allowed them to eat every day either. This being the case, and considering the first riots on Friday evening when everyone wanted to throw themselves on the little bread and flour still available on the Kinshasa market, the authorities wisely decided to postpone the measure of confinement to a later date… to be followed.
We hope that your confinement is not too hard to live with and that this news will find you in good health.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude