Ce n’est pas la première fois que nous évoquons l’isolation qui caractérise Mapangu, qui est un peu comme une île difficilement accessible, mais aujourd’hui le terme d’isolation prend une autre dimension que la plupart de ceux qui lisent ces lignes doivent expérimenter aujourd’hui eux aussi, à savoir une isolation à domicile. En effet, alors que beaucoup d’entre vous sont coincés à la maison avec des sorties fortement contrôlées et une interaction sociale réduite à des échanges à distance, ici la vie continue quasi normalement, si ce n’est que nous avons été amené à réorganiser les appels et autres formes de rassemblements pour éviter les risques de propager le fameux virus Covid-19, dont la présence à Mapangu n’est pas encore détectée ou confirmée, vu que nous ne sommes pas équipés pour identifier le virus spécifiquement. Aujourd’hui notre plus grand risque est probablement celui de personnes venant de l’extérieur, de Kinshasa en particulier, qui pourraient l’introduire ici en ignorant être porteuses. Heureusement les déplacements à l’intérieur du pays sont découragés par les autorités et certaines mesures de contrôle ont été mises en place aux frontières provinciales. Il est à remarquer que beaucoup ici pensent que si le continent africain a été relativement préservé jusqu’à présent, c’est dû au fait que les africains sont plus résistants ou que le climat plus chaud ne convient pas au méchant virus qui dévaste l’Europe... Il est vrai qu’ici les gens ont leur lot d’épidémies, depuis que nous sommes à Mapangu il y a déjà eu plusieurs épidémies de choléra, il y a encore toujours une épidémie de rougeole en cours et jusqu’à récemment il y avait une épidémie d’Ebola dans l’est du pays. Cette dernière semble sous contrôle car il n’y aurait plus eu de nouveaux cas depuis plus de trois semaines et dans ce cas particulier il faut reconnaître que les autorités sanitaires congolaises ont fait preuve d’une efficacité assez impressionnante sachant que les centres de santé ou les malades étaient traités ont fait l’objet d’attaques régulières de bandes armées et autres agressions. En plus de cela, dans plusieurs zones contaminées la population refusait de faire soigner ses malades par manque de confiance dans les “officiels” du pays. Mettre en place des mesures de distanciation sociale ici au niveau du travail n’est pas trop compliqué, nous avons réduit le nombre de personnes pouvant se rassembler dans un même lieu, réduit le nombre de travailleurs dans un même transport et mis en place des stations de lavage de mains un peu partout dans la plantation. Mais après le travail les gens se retrouvent regroupés dans la cité de Mapangu qui compte actuellement plus de 35.000 personnes avec des installations sanitaires précaires voire inexistantes et une promiscuité énorme vu que les maisons (qui ne sont pas très grandes et ne comptent généralement que deux chambres) sont en moyenne occupées par dix personnes. Que dire aussi des barges qui remontent depuis Kinshasa avec des villages entiers sur les ponts où les personnes vivent les unes contre les autres pendant plusieurs semaines d’affilée dans des conditions que je ne saurais essayer de décrire. A côté de cela nos mesures préventives semblent pour le moins ridicules, mais ce n’est pas que pour leur efficacité nous sommes obligés de respecter à la lettre les instructions émanant de l’état et du bon sens mais aussi pour éviter toute accusation de négligence et pénalités résultantes. Pour le moment tous les expatriés passent leur temps libre en relative isolation: hormis les rencontres “professionnelles” nous évitons pour le moment les rencontres sociales. En plus de rester cloîtrés chez nous encore plus que d’habitude, deux de nos expatriés n’ont pas pu rejoindre la RDC après leurs congés car les vols entre l’Europe et la RDC ont été interdits parmi les mesures de sécurité édictées par les autorités congolaises. Nous sommes donc en effectif (expatrié) réduit pour le moment et avons dû nous organiser en conséquence pour que les activités continuent le plus souplement possible. Tous les visiteurs qui étaient supposés venir en plantation dans les prochaines semaines ont, soit (sagement) décidé que le moment n’était pas le meilleur pour faire des voyages inter-continentaux, soit été contraints de changer leurs plans parce qu’il n’est plus possible d’entrer dans le pays sans se soumettre à une quarantaine obligatoire. L’énorme avantage que nous avons ici, tout comme ceux qui ont la chance d’habiter à la campagne ou de disposer d’un grand jardin, est de pouvoir sortir à notre guise. Nous imaginons que les conditions de vie doivent être plus difficiles si vous êtes confinés en famille dans un appartement ou une petite maison de ville sans jardin. Question approvisionnement, nous espérons que les magasins d’alimentation de Kinshasa seront en mesure de continuer de répondre à nos commandes de vivres mensuelles, mais, de toutes façons, nous exploitons au maximum les ressources de notre jardin et ne manquons certainement pas de nourriture saine à nous mettre sous la dent. Nous remarquons l’impact du “confinement” dans les plantations d’une certaine manière car la bande passante pour internet que nous partageons avec les autres plantations du groupe est soudainement beaucoup plus sollicitée et nos connexions beaucoup plus lentes. Il est donc probable qu’un plus grand nombre parmi les expatriés utilisent les moyens de communication électroniques plutôt que les réunions en personne. Mais le principal est que cette connexion électronique continue de fonctionner et nous permet d’échanger par mail, whatsapp et autres systèmes avec notre famille et nos amis. N’hésitez-donc pas à nous contacter! A très bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
This is not the first time that we have mentioned the isolation that characterizes Mapangu, which is a bit like an island that is difficult to access, but today the term isolation takes on another dimension that most of those who read these lines have to experience today as well, namely home insulation. Indeed, while many of you are stuck at home with tightly controlled outings and social interaction reduced to remote exchanges, here life goes on almost normally, except that we have had to reorganize musters and other forms of gatherings to avoid the risks of spreading the famous Covid-19 virus, whose presence in Mapangu has not yet been detected or confirmed, since we are not equipped to identify the virus specifically. Today our greatest risk is probably that of people from outside the country, from Kinshasa in particular, who could introduce it here, unaware that they are carriers. Fortunately, movement within the country is discouraged by the authorities and some control measures have been put in place at the provincial borders. It should be noted that many here believe that if the African continent has been relatively unspoilt so far, it is because Africans are more resistant or the warmer climate is not suited to the nasty virus that is devastating Europe… It is true that here people have their share of epidemics, since we are in Mapangu there have already been several cholera epidemics, there is still an ongoing measles epidemic and until recently there was an Ebola epidemic in the east of the country. The latter seems to be under control, as there have been no new cases for more than three weeks, and in this particular case it must be acknowledged that the Congolese health authorities have shown quite impressive efficiency, given that the health centres where the sick were being treated have been regularly attacked by armed gangs and other assaults. In addition, in several contaminated areas the population refused to have their patients treated because of a lack of confidence in the country’s “officials”. Setting up social distancing measures here at the work level is not too complicated, we have reduced the number of people who can gather in the same place, reduced the number of workers in the same transport and set up hand washing stations all over the plantation. But after work, people gather together in the township of Mapangu, which currently has more than 35,000 people with poor or non-existent sanitary facilities and enormous promiscuity, since the houses (which are not very large and generally have only two bedrooms) are on average occupied by ten people. Even worse are the barges that travel up from Kinshasa with entire villages on the bridge, where people live against each other for several weeks at a time in conditions that I cannot try to describe. Besides that, our preventive measures seem ridiculous to say the least, but it is not only for their effectiveness that we are obliged to follow the instructions of the state and common sense to the letter, but also to avoid all accusations of negligence and resulting penalties. At the moment all expatriates spend their free time in relative isolation: apart from “professional” meetings, we avoid social gatherings for the time being. In addition to remaining cloistered at home even more than usual, two of our expatriates were not able to reach the DRC after their holidays because flights between Europe and the DRC have been banned as part of the security measures decreed by the Congolese authorities. We are therefore downsized (expatriate-wise) for the moment and have had to organize ourselves accordingly so that activities continue as smoothly as possible. All visitors who were supposed to come to the plantation in the coming weeks have either (wisely) decided that this was not the best time to make intercontinental trips or have been forced to change their plans because it is no longer possible to enter the country without undergoing a mandatory quarantine. The huge advantage we have here, as well as those of you who are lucky enough to live in the country or have a large garden, is that we can go out as we please. We imagine that living conditions must be more difficult if you are confined as a family in an apartment or a small town house without a garden. As far as supplies are concerned, we hope that the food stores in Kinshasa will be able to continue to meet our monthly food orders, but, in any case, we are making the most of our garden resources and certainly don’t lack healthy food to put on our plates. We are noticing the impact of “containment” in the plantations in a way because the internet bandwidth we share with the other plantations in the group is suddenly much more stretched and our connections are much slower. Because of the confinement, it is likely that more expatriates are using electronic means of communication rather than face-to-face meetings. But the main thing is that this electronic connection continues to work and allows us to exchange via email, whatsapp and other systems with our family and friends. So don’t hesitate to contact us! We look forward to hearing from you soon, Marc & Marie-Claude
Tout le monde ne semble avoir que le fameux Coronavirus en tête, enfin ici (en plantation) pas trop, car beaucoup n’ont pas accès à la presse internationale et officiellement il n’y a qu’un seul cas détecté dans le pays. Il n’en reste pas moins que les autorités ont pris des mesures de précaution pour les personnes qui arrivent (par voie aérienne) dans le pays. Ainsi à la descente de l’avion il y avait une équipe de contrôle sanitaire qui prenait la température de tous les passagers débarquant et qui distribuait des formulaires dans lesquels il fallait indiquer où le passager avait séjourné durant les deux semaines précédentes, s’il avait souffert de fièvre, toux ou autres symptômes assimilés au Coronavirus et comment il pouvait être contacté en cas de nécessité par les autorités. Dans l’aérogare tous les employés étaient munis de masques gants, etc. et tous les passagers étaient tenus de se désinfecter les mains avant de pénétrer sur le sol congolais. Le formulaire soigneusement complété était versé dans un grand carton, je présume spécifique à l’avion dont nous débarquions, encore que les autorités sanitaires n’ont posé aucune question à ce sujet et n’ont pas non-plus vérifié si j’avais indiqué avoir eu une fièvre, toux ou être passé par l’Italie récemment. Je présume que tous ces formulaires allaient être consultés calmement par la suite par un personnel spécialement affecté à cela. Un contraste énorme avec l’aéroport de Bruxelles où il n’y avait aucun contrôle ou mesures de précautions (visibles). A Kinshasa, les passagers en provenance de Bruxelles, comme moi, ne sont soumis à aucune autre procédure, par-contre ceux en provenance de France, Allemagne, Italie, Chine, Iran et Iraq doivent obligatoirement être mis en quarantaine, à la maison pour ceux qui n’ont pas de fièvre à l’arrivée et dans les installations sanitaires de l’état pour ceux qui ont 37,5°C de température ou plus. Ces mesures sont susceptibles d’évoluer rapidement et il est donc déconseillé de visiter la RDC ces jours-ci si on ne veut pas courir le risque de passer deux semaines dans un centre médical congolais. Cela dit, malgré les difficultés qui prévalent dans le pays, les autorités sanitaires ont réussi à contrôler l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans l’est du pays, sans oublier que ce travail a dû être réalisé dans un contexte sécuritaire particulièrement difficile avec de fréquentes attaques terroristes contre les centres de santé. Il y a donc lieu d’espérer que sur base de cette expérience le Congo est plutôt bien équipé pour contenir des épidémies bien plus meurtrières que celle du Coronavirus. L’effet du Coronavirus est par contre beaucoup plus marqué ici sur le marché et en particulier sur le marché de l’huile de palme qui s’est littéralement effondré en perdant près de 30% depuis le début de l’épidémie du virus. Cela n’est pas sans conséquences pour notre plantation qui perd ainsi potentiellement 30% de sa seule source de revenus. Cette approche n’est toutefois pas tout à fait exacte car s’il est vrai que le marché mondial de l’huile affecte les prix en RDC, le contexte logistique et économique local fait que nous n’aurions probablement pas pu bénéficier entièrement des prix élevés du marché il y a quelques mois, principalement à cause du faible pouvoir d’achat de la population, et de même nous bénéficions d’une certaine protection à cause du coût élevé qui prévaut pour acheminer l’huile qui serait éventuellement importée depuis le port de Matadi jusqu’à Kinshasa. Tout n’est pas nécessairement négatif, peut-être pourrons-nous bénéficier de meilleurs prix pour notre approvisionnement en carburant (ce qui n’est pas bon écologiquement mais nous aidera éventuellement à compenser les pertes de revenus), dans la mesure où les recettes d’exportations principalement minières de l’état ne sont pas affectées au point de devoir limiter les importations de carburant. Toujours est-il que nos clients profitent à fond de la situation pour négocier des prix à la baisse et comme il n’y a que deux clients potentiels ici en RDC pour l’huile que nous produisons, nous ne sommes pas exactement dans une position de force. En attendant tous les autres fournisseurs profitent évidemment de la situation pour augmenter leurs prix, que ce soit justifié ou pas, qui ne seront probablement pas revus à la baisse lorsque la situation des marchés se normalisera. Ce que nous devons avant-tout espérer est que les fournisseurs tels que les transporteurs aériens internationaux qui desservent la RDC arriveront à tenir le coup malgré les restrictions imposées aux voyageurs. C’est un luxe énorme d’avoir un vol quotidien entre Kinshasa et Bruxelles sur lequel nous pouvons compter, plutôt que devoir voyager via Paris (ce qui n’est pas encore trop grave), Rabat, Istanbul ou Addis-Abeba, mais à en juger sur base du nombre de passagers qu’il y avait dans l’avion qui m’a ramené à Kinshasa la semaine dernière (le vol était tout à fait plein), ce n’est pas encore un problème immédiat. Ici en plantation les choses continuent normalement, même si nous évitons de nous serrer la main et que des dispositifs ont été mis en place partout dans la plantation pour se laver les mains, mais même cela certains de nos collègues semblent trouver superflu et exagéré. Car, disent-ils, le virus n’est pas présent au Congo et ne résiste probablement pas au climat local, alors pourquoi se tracasser. Aujourd’hui les problèmes de santé sont plutôt ceux liés à la malaria (600.000 morts par an dans le monde), la rougeole (qui a probablement fait des dizaines de milliers de morts dans le pays) et autres maladies déjà bien présentes dans nos contrées. Comme ici il n’y a pas de restaurants (dignes de ce nom), cinémas et autres événements qui attirent des foules, nous vivons, de fait, déjà une espèce de quarantaine à domicile (certainement pour Marie-Claude qui ne bouge pas de la maison, sauf pour faire des balades avec Makala en plantation) et donc toutes les précautions sont prises de fait. Nous espérons que vous aussi resterez indemnes du fameux virus, ne prenez pas de risques et écrivez-nous, Marc & Marie-Claude
Everybody seems to have only the famous Coronavirus in mind, well here (in our plantation) not too much so, because many have no access to the international press and officially there is only one case detected in the country so far. Nevertheless, the Congolese authorities have taken precautionary measures for people arriving (by air) in the country. For example, on disembarking from the plane, a health control team took the temperature of all passengers disembarking and distributed forms in which passenger need to indicate where they had been for the previous two weeks, whether they had suffered from fever, cough or other symptoms similar to the Coronavirus and how they could be contacted if necessary by the authorities. In the terminal all employees were equipped with glove masks, etc. and all passengers were required to disinfect their hands before entering the Congolese territory. The carefully completed form was placed in a large cardboard box, I presume specific to the aircraft we were disembarking from, although the health authorities did not ask any questions about this, nor did they check whether I had indicated that I had a fever, cough or had recently passed through Italy. I assume that all these forms are going to be carefully read afterwards by specially assigned personnel… A huge contrast with Brussels airport where there were no (visible) checks or precautionary measures. In Kinshasa, passengers coming from Brussels, like me, are not subject to any other procedure, while those coming from France, Germany, Italy, China, Iran and Iraq have to undergo a compulsorily quarantine, at home for those without a fever on arrival and in the state’s sanitary facilities for those with a temperature of 37.5°C or more. These measures are likely to change rapidly, so it is not advisable to visit the DRC these days if you do not want to run the risk of spending two weeks in a Congolese medical centre. That said, despite the difficulties prevailing in the country, the health authorities have managed to control the Ebola epidemic in the east of the country, not forgetting that this work had to be carried out in a particularly difficult security context with frequent terrorist attacks on health centres. It is therefore to be hoped that, on the basis of this experience, that Congo is rather well equipped to contain epidemics far more deadly than that of Coronavirus. The effect of the Coronavirus is, on the other hand, much more pronounced here on the market and in particular on the palm oil market, which has literally collapsed, losing nearly 30% since the beginning of the virus epidemic. This is not without consequences for our plantation, which is potentially losing 30% of its only source of income. However, this approach is not entirely accurate because, while it is true that the world oil market affects prices in the DRC, the local logistical and economic context means that we would probably not have been able to benefit fully from the high market prices a few months ago, mainly due to the low purchasing power of the population, and we also benefit from some protection due to the high cost of transporting oil that would eventually be imported from the port of Matadi to Kinshasa. Not everything is necessarily negative, perhaps we will be able to benefit from better prices for our fuel supply (which is not good ecologically but will eventually help us to compensate for the loss of income), provided the state’s, mainly mining, export revenues are not affected to the extent that we will have to limit fuel imports. Still, our customers are taking full advantage of the situation to negotiate lower prices and as there are only two potential customers here in the DRC for the oil we produce, we are not exactly in a strong position. In the meantime, all the other suppliers are obviously taking advantage of the situation to increase their prices, whether justified or not, which will probably not be revised downwards when the market situation normalises. What we have to hope above all is that suppliers such as the international air carriers serving the DRC will be able to hold their own despite the restrictions imposed on travellers. It is a huge luxury to have a daily flight between Kinshasa and Brussels that we can rely on, rather than having to travel via Paris (which is not yet too serious), Rabat, Istanbul or Addis Ababa, but judging by the number of passengers on the plane that took me back to Kinshasa last week (the flight was fully booked), this is not yet a problem. Here on the plantation things continue normally, although we avoid shaking hands and hand washing facilities have been set up all over the plantation, but some of our colleagues seem to find these measures superfluous and exaggerated. Because, they say, the virus is not present in the Congo and probably does not withstand the local climate, so why bother. Today’s health problems in Mapangu are rather those linked to malaria (600,000 deaths per year worldwide), measles (which has probably caused tens of thousands of deaths in the country) and other diseases already well present in our regions. As here there are no restaurants (worthy of the name), cinemas and other events that attract crowds, we already live, in fact, a kind of home quarantine (certainly for Marie-Claude who does not move from the house, except to go for solitary walks with Makala on the plantation) and therefore all precautions are in fact already taken. We hope that you too will remain unharmed by the famous virus, don’t take any risks and write to us, Marc & Marie-Claude
Le concept de ce qui est une route varie énormément d’un endroit à l’autre tant d’un point de vue physique que du point de vue de ce qui y circule. Mapangu se trouve être sur un des axes routiers principaux (RN20) reliant le pays de Kinshasa via Kikwit à l’ouest et Bukavu via Kananga et Kindu à l’est, enfin au moins en théorie et sur certaines cartes. Jusqu’à l’année dernière il était encore possible de passer sur cette route en moto (pour les courageux) mais pas en voiture car le bac qui permet de traverser l’un des affluents du Kasaï, la rivière Loange (qui fait quand même une centaine de mètres de largeur) n’est plus opérationnel. Même en moto il fallait être courageux et/ou chanceux car la traversée se fait en mettant la moto dans une pirogue qui, de temps en temps, finit au fond de la rivière à cause d’une perte d’équilibre malencontreuse. Mais depuis l’année dernière le pont qui permettait de traverser un autre affluent de la rivière Kasaï est lui aussi cassé et le manque d’entretien de la route fait que même en moto il est devenu impossible de passer. Marie-Claude et moi avons fait la route de Kinshasa à Mapangu lorsque c’était encore tout juste possible fin 2016, mais déjà à ce moment-là nous avions serré les fesses lorsque nous sommes passés sur le pont (en métal) qui penchait fortement dans le sens où il a fini par tomber et à certains endroits en bordure de rivière où la moindre déviation se serait soldé par un plouf. Donc la RN20 est, à la différence des routes nationales européennes, impraticable et donc quasi sans trafic mis à part des piétons et des courageux qui poussent leur vélo brouette chargé de sacs de maïs ou autre denrée. La route nationale (RN1) qui se passe au sud de la province serait asphaltée jusqu’au chef-lieu de la province du Kasaï, Tshikapa, et permet de poursuivre son voyage vers le sud-est du pays jusque Lubumbashi, ici aussi en théorie car l’asphalte ne continue pas jusqu’au bout et certains tronçons de route sont “difficilement” praticables. Nous ne l’avons jamais utilisée donc cette information est tout à fait conditionnelle. En théorie il y a aussi une route “principale” qui relie l’extrême sud de la plantation avec Tshikapa et devrait nous permettre de rejoindre Kinshasa par ce chemin. Mais même si la distance entre la plantation et Tshikapa n’est “que” de 350km, ce sont des kilomètres de piste qui nécessitent beaucoup de courage avec pelles, treuils et autres travaux et à voir l’état des quelques véhicules qui ont réussi à passer il ne faut pas être trop regardant sur l’état de sa carrosserie à l’issue du voyage. Bref nous avons pris l’option de faire l’impasse sur cette route-là également, ce qui nous laisse la route fluviale rivière et celle des airs. Mis à part le voyage en pirogue de Mapangu à Ilebo ou vice versa, voyager plus loin par la rivière n’est pas vraiment une option, sauf pour celui qui est prêt à vivre sur le pont d’une barge pendant 2-3 semaines entouré parfois de centaines de personnes, de poules, chèvres, cochons et autres victuailles pour la route et une petite tente pour y passer la nuit si possible à l’abri des moustiques. La voie des airs est donc la seule solution “civilisée” et nous avons notre propre piste d’aviation sur la plantation, une piste faite de termitières tassées qui ressemble un petit peu à de l’asphalte du fait de sa couleur noire et qui résiste assez bien aux intempéries. Selon les pilotes qui utilisent notre piste (nous avons un stock stratégique de kérosène qui permet aux avions de se ravitailler en route entre Kinshasa et Bukavu) c’est de loin la meilleure piste de la province et meilleure même que l’aéroport de Ndolo à Kinshasa dont l’asphalte commence à montrer des signes évidents de fatigue. Nous devons évidemment faire homologuer notre piste chaque année par l’AAC (autorité de l’aviation civile) qui vient en grande pompe (et à grands frais à notre charge) à Mapangu pour trouver les “failles” sujettes à pénalités financières. Chaque année ils trouvent de nouvelles excuses pour nous taxer de plusieurs milliers de dollars, il y a trois ans c’était notre manche à air qui n’avait pas les dimensions réglementaires, mais heureusement (pour nous éviter de lourdes pénalités) ils avaient par hasard une manche à air dans leurs bagages pour la modique somme de 800 dollars (après négociations). Inutile de faire remarquer les les autres aéroports (Ndolo, Ilebo) n’ont même pas de manche à air, réglementaire ou pas. Il y a deux ans c’était la peinture du marquage de la piste qui était un peu abimée et le fait que nous n’avions pas le nombre réglementaire d’extincteurs (nous en avons 8 et le “code de l’AAC selon la RDC” prévoit qu’il en faut 1 de réserve en plus). Là encore, inutile de faire remarquer qu’à Ndolo et Ilebo il n’y a pas de marquage au sol et qu’il n’y a pas un seul extincteur à Ilebo… Enfin l’année dernière c’est l’absence de cônes de sécurité pour définir le périmètre de sécurité autour de l’avion, le manque de tenues ignifugées pour les pompiers et l’absence de poubelles qui était à l’origine des pénalités. En fait nous n’avons pas de cônes mais de marqueurs fabriqués avec d’anciens casques de sécurité pontés sur des socles en métal pour éviter qu’ils ne puissent s’envoler, le code ne prévoit pas que les marqueurs soient de forme conique, mais je présume que cela aura changé d’ici le prochain contrôle. De toutes les façons, les seules personnes généralement présentes (hormis les passagers qui attendent à l’ombre des ailes) sont celles qui doivent charger ou décharger l’avion et donc personne ne comprend l’utilité des “cônes” qui restent sagement rangés dans le dépôt en attendant le contrôle de l’AAC. Chaque fois que nous avons un avion qui vient à Mapangu, il y a toute une escouade d’officiels qui sont également présents pour “contrôler” les passagers en général et les expatriés en particulier, il y a la DGM (direction générale de la migration) qui contrôle les passeports et les visas (peu importe si cela a déjà été fait lors de l’entrée dans le pays) avec les frais qui s’y rapportent, il y a l’ANR (agence nationale de sécurité) qui s’assure que la sécurité du pays n’est pas compromise avec l’arrivée de personnes louches ou d’armes (eux aussi un service payant), il y a le service de santé et de quarantaine qui vérifie les carnets de vaccination pour s’assurer que les passagers (expatriés) sont en bonne santé (il est bien connu que seuls les expatriés sont potentiellement porteurs de maladies contagieuses, mais si le carnet de vaccination est en ordre il n’y a pas de risques), etc. Ce vendredi Marie-Claude et moi avons voyagé de Mapangu à Kinshasa via Ilebo en prenant la pirogue, qui reste pour nous un moment magique, de Mapangu à Ilebo. L’aéroport d’Ilebo est un espace herbeux entre des cultures de manioc et de maïs ou circulent une multitude de personnes, adultes et enfants, et animaux qui se tiennent plus ou moins à l’écart lorsque l’avion atterrit ou décolle. Comme il faut à peu près deux heures et demi de pirogue pour aller de Mapangu à Ilebo, le départ est généralement matinal pour être certain d’arriver à temps si par hasard l’avion décolle à l’heure prévue de Kinshasa (il y a deux heures de vol entre Kinshasa et Ilebo). Le plus souvent nous arrivons bien trop tôt, mais il est arrivé, une fois, que l’avion ait atterri à l’heure “prévue” et décollé de même … La pirogue étant partie un peu en retard de Mapangu ce fut donc une semaine d’attente suplémentaire et un aller-retour jusque Ilebo pour rien. La route de la pirogue jusqu’au centre ville d’Ilebo n’est pas très longue, mais comme nous avons des bagages nous louons les services d’une voiture qui vient nous attendre au point de débarquement pour nous amener en ville via ce qui reste de la route qui est tout juste praticable s’il ne pleut pas. La route qui relie la ville et le port n’est plus praticable pour des véhicules, donc nous sommes obligés de débarquer de la pirogue sur une petite plage située en amont d’une petite rivière sur le côté de la ville. Ce vendredi Ilebo était très calme car “officiellement” c’était l’opération “Salongo”, c’est à dire une matinée ou tout le monde participe au nettoyage de la ville, du moins en théorie car mis à part le fait que les commerces étaient “officiellement” fermés nous n’avons pas vu une seule personne ramasser quoi que ce soit, alors que les plastiques (plaie de notre monde de consommation) jonchent les rues d’Ilebo en couche épaisse un peu partout. En fait tout le monde attend que l’heure du Salongo se termine pour reprendre les choses où elles avaient été laissées. Dire qu’Ilebo est une ville sale serait un euphémisme, c’est un grand dépotoir qui ne semble déranger personne. Arrivés en ville nos bagages sont enregistrés à l’agence de la compagnie d’aviation “JJ Muller” où tous les colis (y compris les bagages à main) sont pesés sur une balance qui permet d’estimer plutôt que déterminer le poids, l’aiguille ne se déplaçant plus tout à fait librement. Heureusement en général il manque de passagers et de fret pour le voyage d’Ilebo à Kinshasa et je ne m’inquiète donc pas trop d’une surcharge éventuelle de l’avion. Après cela il faut patienter, cette fois l’avion a décollé avec plus de deux heures de retard et comme nous étions arrivé bien à temps nous avons attendu plus de trois heures dans un bar en mangeant quelques cacahouètes et des griots de chèvre (délicieux) au son de musique locale bruyante. Comme généralement la présence du DG (de Brabanta) à Ilebo se sait presque avant que nous ne débarquions de la pirogue, cette période d’attente voit généralement défiler toute une varété de notables, d’autorités et autres personnes avec qui nous avons des contacts d’une sorte ou d’une autre, cette fois n’a pas fait exception… mais tout cela fait partie de l’expérience. Comme aujourd’hui c’est la journée des droits de la femme, je laisse à Marie-Claude le privilège de clôturer ces nouvelles. AH ! Belle sortie Mr van Strydonck 😉 ! Journée de la femme en RDC, comme partout dans le monde, mais ici, cela devient presque le mois de la femme… Avec, le 8 mars comme joyau de la tiare. Cela signifie, pour Marc des demandes, voire, revendications diverses allant de l’achat de pagnes et confection de tenues pour tout le personnel féminin, à l’attente de subsides pour rafraichissement et victuailles pour “célébrer” le jour “J”. Quitte à se faire invectiver comme l’année passée s’il est estimé que le DG n’en fait pas assez. Et quant au genre féminin, pour le reste du mois des allusions à la journée (étendue) de la femme et remerciements de “tout ce que la femme fait pour ses semblables”, remarquez que, là, le genre devient neutre. Cela n’empêche pas les femmes de continuer à faire les champs et d’aller puiser l’eau pour leur ménage en plus de et après ou avant leur travail aux champs. Mais au moins, cela donne bonne conscience aux hommes qui y pensent quelques jours par an. A Kinshasa, un effort particulier est fait, par exemple, au magasin “Régal” proche de l’hôtel Elaïs, toute cliente femme recevait 20% de ristourne toute la journée. Et tout le mois, la clientèle féminine uniquement, reçoit un cadeau proportionnel au montant de sa facture (allant de la bouteille de jus de fruit à la bouteille de vin en passant par le pain de savon). La vilaine cynique que je suis va continuer et terminer en mentionnant avoir reçu un bien intentionné message enregistré à l’éloge des femmes un peu sirupeux et très valide pour justifier la canonisation immédiate (si le sexe faible était mieux considéré dans les Saintes Écritures) de l’idéal féminin évoqué, récité par un très photogénique barbu du Moyen Orient dont je soupçonne très fort que la mère, les sœurs et les filles soient à l’abri d’un voile… Bah, cette intention là aussi était bonne. Sur cette bonne parole, je vous souhaite une très bonne semaine et ne vous demande même plus de nous donner aussi de vos nouvelles. A très bientôt vous lire quand même, Marc et Marie-Claude
The concept of what a road is varies enormously from place to place, both in terms of physical construction as to what goes on in terms of circulation. Mapangu happens to be on one of the main roads (RN20) linking the country from Kinshasa via Kikwit in the west and Bukavu via Kananga and Kindu in the east, at least in theory and on some maps. Until last year it was still possible to follow this road between Kikwit and Mapangu by motorbike (for the brave ones) but not by car because the ferry that allows one to cross one of the tributaries of the Kasai, the Loange River (which is still about a hundred meters wide) is no longer operational. Even on a motorbike you had to be brave and/or lucky because the crossing is done by putting the motorbike in a dugout canoe which, from time to time, ends up at the bottom of the river because of an unfortunate loss of balance. But since last year the bridge that allowed to cross another tributary of the Kasai River is also broken and the lack of maintenance of the road makes it impossible to pass even by motorbike. Marie-Claude and I drove from Kinshasa to Mapangu when it was still possible at the end of 2016, but even then we already had to hold our breath when we crossed the (metal) bridge, which was leaning clearly in the direction in which it eventually fell, and in some places along the river where the slightest deviation would have resulted in a splash. So the RN20 is, unlike the European national roads, impassable and therefore virtually traffic-free except for pedestrians and the brave people pushing their wheelbarrow bikes loaded with bags of corn or other commodities. The national road (RN1) in the south of the province is reportedly asphalted from Kinshasa all the way to the capital of the province of Kasai, Tshikapa, and supposedly continues its journey towards the south-east of the country up to Lubumbashi, here too it is theoretical because the asphalt does not extend beyond Tshikapa and some stretches of road are “difficult” to use. We have never used this road so this information is second hand and needs to be verified. In theory there is also a “main” road that connects the extreme south of our plantation with Tshikapa and should allow us to reach Kinshasa going this way. However, even if the distance between the plantation and Tshikapa is “only” 350km, these are kilometers of track that require a lot of courage with shovels, winches and other tools and given the state of the few vehicles that managed to pass one should not be too concerned about the state of the car’s bodywork at the end of the trip. In short, we took the option to rule out the use of this road as well, which leaves us with only the river and the air as ways in or out of Mapangu. Apart from travelling by dugout canoe from Mapangu to Ilebo or vice versa, travelling further by river is not really an option, except for the one who is ready to live on the deck of a barge for 2-3 weeks surrounded sometimes by hundreds of people, chickens, goats, pigs and other victuals for the road and a small tent to spend the night in the hope of being sheltered from mosquitoes. The only “civilized” solution is therefore to travel by air and we have our own airfield on the plantation, a runway made of packed termite mounds which looks a little bit like asphalt because of its black colour and is quite resistant to the weather. According to the pilots who use our runway (we have a strategic stock of kerosene that allows planes to refuel en route between Kinshasa and Bukavu) it is by far the best runway in the province and even better than the Ndolo airport in Kinshasa whose asphalt is starting to show obvious signs of fatigue. We obviously have to have our runway approved every year by the CAA (Civil Aviation Authority) which comes with great pomp (and at great expense to us) to Mapangu to find “loopholes” subject to financial penalties. Every year they find new excuses to charge us several thousands of dollars, three years ago it was our windsock which was not the regulatory dimensions, but fortunately (to avoid us heavy penalties) they had by chance a windsock in their luggage for the modest sum of 800 dollars (after negotiations). Needless to point out that other airports (Ndolo, Ilebo) do not even have a windsock, regulatory or not. Two years ago it was the paint on the runway markings that was a bit damaged and the fact that we did not have the regulatory number of fire extinguishers (we have 8 and the “CAA code according to the DRC” provides that we need 1 more in reserve). Again, needless to point out that in Ndolo and Ilebo there are no ground markings and that there is not a single extinguisher in Ilebo… Finally, last year it was the lack of safety cones to define the security perimeter around the aircraft, the lack of fireproof clothing for firefighters and the lack of garbage cans that was the cause of the penalties. In fact, we don’t have cones but markers made with old safety helmets that are decked out on metal bases to prevent them from flying away, the code doesn’t require the markers to be cone-shaped, but I presume that will have changed by the next inspection. In any case, the only people usually present (apart from the passengers waiting in the shadow of the wings) are those who have to load or unload the aircraft, and so nobody understands the usefulness of the “cones” that remain wisely stowed away in the depot while waiting for the CAA check. Every time we have a plane that comes to Mapangu, there is a whole squad of officials who are also present to “control” the passengers in general and the expatriates in particular, there is the DGM (Directorate General of Migration) that controls the passports and visas (no matter if this has already been done when entering the country) with the related fees, there is the ANR (National Security Agency) which makes sure that the country’s security is not compromised with the arrival of suspicious people or weapons (also a paid service), there is the health and quarantine service which checks the vaccination records to make sure that the passengers (expatriates) are in good health (it is well known that only expatriates are potentially carriers of contagious diseases, but if the vaccination record is in order there is no risk), etc. This Friday Marie-Claude and I travelled from Mapangu to Kinshasa via Ilebo by taking the dugout canoe from Mapangu to Ilebo, which remains an out of the world experience for us despite the number of times we have done this trip. Ilebo airport is a grassy area between casava and maize crops, where a multitude of people (adults and children) and animals seem to circulate freely, more or less standing aside when the plane lands or takes off. As it takes about two and a half hours by dugout canoe to get from Mapangu to Ilebo, the departure is usually early to make sure to arrive on time if by chance the plane takes off at the scheduled time from Kinshasa (there is a two-hour flight from Kinshasa to Ilebo). Most of the time we arrive much too early, but it happened once that the plane landed at the “scheduled” time and took off the same way … The dugout canoe left Mapangu a bit late, so it was an extra week of waiting and a return trip to Ilebo for nothing for the unfortunate passengers. The road from the landing of the dugout canoe to Ilebo town center is not very long, but as we have luggage we rent a car that comes to wait for us at the disembarkation point to take us to town via what is left of the road which is barely passable if it does not rain. The road that connects the town and the port is no longer passable for vehicles, so we are forced to disembark from the dugout canoe on a beach located upstream of a small river on the side of the town. This Friday, Ilebo was very quiet because “officially” it was the “Salongo” operation, that is to say a morning where everyone participates in the cleaning of the city, at least in theory because apart from the fact that the shops were “officially” closed, we didn’t see a single person picking up anything, while plastics (the plague of our consumer world) litter the streets of Ilebo in thick layers everywhere. In fact everyone is waiting for Salongo time to end to pick up things where they were left. To say that Ilebo is a dirty city would be an understatement, it is a massive garbage dump that does not seem to bother anyone. Arriving in town our luggage is checked in at the airline agency “JJ Muller” where all parcels (including hand luggage) are weighed on a scale which allows us to estimate rather than establish the precise weight, the needle of the scale no longer moving quite freely. Fortunately in general there is a lack of passengers and freight for the trip from Ilebo to Kinshasa, so I’m not too worried about a possible overload of the plane. After that we have to be patient, this time the plane took off with more than two hours delay and as we arrived well in time we waited more than three hours in a bar eating some peanuts and (delicious) goat griots to the sound of loud local music. As usually the presence of the GM (from Brabanta) in Ilebo is almost known before we disembark from the dugout canoe, this waiting period usually is the opportunity to meet a whole variety of notables, authorities and other people with whom we have contact of one sort or another, this time was no exception… but that’s all part of the experience. Since today is Women’s Rights Day, I will leave it to Marie-Claude to close this posting… AH! Nice exit Mr van Strydonck 😉 ! Women’s Day in the DRC, as everywhere in the world, but here, it becomes almost women’s month… With, the 8th of March as the tiara jewel. For Marc, this means various demands, even demands ranging from buying cloth and making dresses for all the female staff, to expecting funds for refreshments and victuals to “celebrate” the “D” day. Even if, as was the case last year, it is felt that the GM is not doing enough and that besides the dresses he should have ensured food, drinks, extra money and whatever else comes through one’s mind. And as for the female gender, for the rest of the month, allusions to the (extended) day of the woman and thanks for “all what the woman does for her fellow men”, note that, there, gender becomes neutral. This does not prevent women from continuing to work in the fields and fetching water for their households in addition to and after or before their work in the fields. But at least it gives men a clear conscience when they think about it for a few days a year. In Kinshasa, a special effort is made, for example, at the “Régal” store near the Elaïs Hotel, every female customer received a 20% discount all day long. And for the whole month, female customers only, receive a gift proportional to the amount of their bill (ranging from a bottle of fruit juice to a bottle of wine and a bar of soap). The naughty cynic that I am is going to continue and end by mentioning having received a well-intentioned recorded message in praise of women, a little syrupy and very valid to justify the immediate canonization (if the weaker sex were better considered in the Holy Scriptures) of the feminine ideal evoked, recited by a very photogenic bearded man from the Middle East, whose mother, sisters and daughters I strongly suspect are safely tucked behind a veil, but here I am being politically incorrect… Well, that intention was good too. On this good word, I wish you a very good week and don’t even ask you any more to give us your news. Read you soon anyway, Marie-Claude & Marc
Quel titre bizarre direz-vous, à raison. En fait (sans pour autant expliquer l’étrangeté du titre) c’est la représentation binaire du chiffre 170. Parfois, comme c’est le cas cette semaine, c’est un peu plus difficile de trouver un sujet intéressant à relater et alors, est-ce le coup de bambou, les effets de la chaleur congolaise ou autre chose, on commence à penser à des choses plus biscornues. En fait la réponse est très simple et pour ceux qui ont suivi nos histoires depuis le début réaliserons peut-être que ceci est l’épisode numéro 170 (ou CLXX en chiffres romains, 10101010 en binaire ou AA en numérotation hexadécimale). A peu de choses près nous avons écris quelque chose chaque semaine de notre présence au Congo, ce qui laisse donc à penser que nous avons passé environ 170 semaines ici durant les quatre dernières années, période durant lesquelles beaucoup de choses se sont passées et l’aventure continue. Pourquoi la numérotation binaire? Comme vous le savez, notre coin reculé ne compte quasi aucune autre entreprise ou activité commerciale digne de ce nom, ce qui veut dire qu’il n’y a pas non plus de banque, de distributeur de billets ou d’agence financière et que tout l’argent que nous payons à nos employés, fournisseurs et autres prestataires de services doit venir en avion de Kinshasa, donc rien de digital. Outre le risque sécuritaire qui existe lorsque l’on transporte des centaines de millions de francs d’un côté du pays à l’autre, comme il faut veiller à disposer des coupures adaptées cela représente chaque fois des centaines de kilos de petites coupures à transporter, compter, etc. Nous avons donc décidé d’essayer de faire passer Brabanta graduellement dans l’ère du digital et des paiements électroniques (ou binaires), par petites étapes pour ne pas créer de révolution. Pour nos fournisseurs, en particuliers ceux qui sont basés à Kinshasa, cela n’a pas été trop difficile de leur demander de nous communiquer un numéro de compte en banque sur lesquels nous pourrions payer nos dûs au lieu de distribuer des liasses de billets dans nos bureaux. Certains ont été plus résistants que d’autres, mais dans l’ensemble cet objectif là a été atteint. La deuxième étape a été de transférer toute notre comptabilité à Mapangu et de s’organiser pour pouvoir faire les paiements par voie électronique directement depuis ici. Heureusement nous avons notre propre connexion internet via satellite ce qui permet à tout moment de se connecter sur les sites des banques, mais les plate-formes des banques congolaises elles-même ne sont pas encore toujours à la pointe et certains systèmes de paiement nécessitent presque un doctorat pour arriver à valider un paiement. L’étape suivante est de payer nos employés par voie électronique également, cette étape est nettement plus complexe car d’une part la majorité de nos employés sont illettrés et ne disposent pas d’un téléphone portable même basique, encore moins d’une tablette ou d’un ordinateur et généralement pas de courant. D’autre part il faut que ces travailleurs puissent retirer leur argent, car localement les paiements électroniques ne sont pas encore possibles à quelques rares exceptions près. Il existe différentes plate-formes de paiement électroniques, certaines établies par les opérateurs téléphoniques qui utilisent la carte sim du téléphone comme porte-monnaie et permet d’envoyer de l’argent à un autre téléphone ou un agent qui remettra la somme correspondante en cash (moins une commission). Le système est assez populaire et déjà très étendu dans les pays voisins de la RDC, tandis qu’ici son utilisation est plus modeste. Le grand risque lié à ce système est que l’argent se trouve sur la carte sim et si celle-ci est perdue ou détruite l’argent qu’elle contient est également perdu, et comme ici les pertes, casses et vols sont très fréquents, personne n’ose réellement utiliser le système excepté pour l’envoi ponctuel d’argent d’un coin à l’autre du pays. Nous avons opté pour un autre système qui est également basé sur l’utilisation d’un téléphone, mais à la différence des systèmes décrits ci-dessus c’est une plate-forme qui utilise un compte en banque virtuel accessible avec un code depuis un numéro de téléphone donné. Donc si le téléphone est perdu, détruit ou volé, il suffit de demander une nouvelle carte sim avec le même numéro pour accéder à son compte. Ce système a également l’avantage de permettre de faire des virements sur des comptes en banque réels, d’obtenir des prêts et de toucher des intérêts sur les montants gardés en épargne. La banque, qui fait la promotion de ce système, s’engage à mettre en place un réseau d’agents chez qui les travailleurs peuvent se présenter pour retirer de l’argent (ou en verser), de mettre à disposition des téléphones bon marchés (10 euro) aux travailleurs qui le souhaitent et de faire la formation et vulgarisation du système. C’est un système peut-être fort élaboré pour la moyenne de nos employés, mais autant nous donner les moyens de faire plus que simplement transférer de l’argent pour ceux qui le veulent. Ainsi nous avons pour la première fois ce mois-ci fait un paiement électronique pour une partie de nos employés, il ne s’agit que de 10% de nos salariés, mais cela nous a permis de tester le système et de nous assurer qu’il n’y avait pas de couacs. Tout s’est très bien passé et nous espérons que le mois prochain nous pourrons monter à 25 ou 30% des employés avec l’objectif d’arriver à 100% d’ici la fin de l’année. Ce système nous permettra théoriquement de réduire voire éliminer les besoins d’acheminer des quantités de billets de banque de Kinshasa à Mapangu, même si nous devrons continuer de maintenir une certaine réserve de trésorerie pour palier aux défaillances des agents supposer fournir du cash à nos travailleurs (qui ne manqueront pas). Nous devrons en tout cas maintenir les vols pour permettre un approvisionnement en vivres frais des expatriés, car sinon je crois que peu d’entre eux (y compris nous-même) accepteraient de rester très longtemps à Mapangu. Côté “social”, nous (enfin l’équipe de construction) avons commencé le montage de notre petite piscine hors-sol qui devrait nous donner un peu d’agrément lorsqu’il fait chaud ou simplement pour faire un semblant d’exercices. Cela intéressera peut-être aussi les autres expatriés, pour “faire autre chose”, se changer les idées, raison pour laquelle nous l’avons stratégiquement placée pour être près mais suffisamment loin de la maison pour permettre à d’autres d’en profiter sans nous sentir envahis. Mais ça c’est une autre histoire. Il faut d’abord terminer de monter la chose et la remplir d’eau (avec des citernes qui sont remplies à une petite rivière en-dessous de la Cathédrale). Pour ceux qui ont connu les 23 Palmiers à Altea, cette technique d’approvisionnement en eau est bien connue et à l’époque les conditions de la route qui montait à la maison était probablement comparable à celle qui arrive jusque chez nous. A part cela, nous avons reçu tous les expatriés présents pour déjeuner les dimanches et continuons à avoir toute l’équipe agro à table tous les mercredis midi. Marc a aussi “coiffé” Makala qui a une coupe toute fraîche ce qui comme d’habitude, traumatise complètement le chat pendant quelques jours! On n’en est plus à la queue en brosse de cabinet mais elle a boudé le salon et fait de grands détours pour ne pas passer trop près… Nous n’avons plus revu Hedwige la chouette mais n’avons, comme vous le savez, pas vraiment les mêmes horaires et, maintenant qu’elle a sa propre entrée, il n’y a plus vraiment d’occasion de la voir. La saison des pluies est bien avancée ce qui me fait mentionner un sport dont Marc n’a pas parlé dans le blog intitulé “SPORTS” : l’aquagym, que nous pratiquons régulièrement au saut du lit si la tempête souffle dans une certaine direction, armés de raclette et serpillière car il y a un ou deux cm d’eau dans une partie de la chambre et sur le chemin menant à la salle de bains. Un de ces dimanches, c’était dans la salle à manger devant son bureau, il a décidé de commencer sa séance sans moi puis est revenu au lit un peu sonné car un salto arrière l’a projeté contre le mur… Nous étions un peu inquiet mais il a été très prudent , a travaillé depuis la maison le lendemain et mis une minerve fabrication système D pendant quelques jours et tout est renté dans l’ordre. Comme quoi, le sport, ce n’est pas toujours sain ! D’autre part, le conseil d’administration ayant lieu en Belgique dans deux semaines, nous quitterons ensemble Mapangu vendredi prochain pour y revenir le vendredi suivant ce qui permettra à Marc de voir des clients avant et après son séjour éclair en Belgique (qui lui donnera quand même l’occasion de voir ses parents et Emilie et sa famille) et de régler l’une ou l’autre chose au bureau à Kinshasa. Et à Marie-Claude de se changer les idées en partageant le séjour de Marc à Kinshasa tout en échappant à sa résidence surveillée quelques jours ! Comme disent les Valaisans: “C’est tout’d’bon”. Nous espérons de vos nouvelles aussi, merci à ceux qui se manifestent ! Marc & Marie-Claude
What an odd title, you might say, and rightly so. In fact (without explaining the strangeness of the title) it is the binary representation of the number 170. Sometimes, as is the case this week, it’s a bit harder to find an interesting subject to relate and then, is it the excess of bush, the effects of the Congolese heat or something else, you start thinking of more biscornuous things to write about. In fact the answer is very simple and for those who have followed our stories from the beginning will perhaps realize that this is episode number 170 (or CLXX in Roman numerals, 10101010 in binary or AA in hexadecimal numbering). Roughly every week of our presence in the Congo we wrote something, which suggests that we have spent about 170 weeks here over the last four years, during which time much has happened and the adventure continues. Why binary numbering? As you know, there are almost no other businesses or commercial activities worthy of the name in our remote area, which means that there are no banks, ATMs or financial agencies either, and that all the money we pay to our employees, suppliers and other service providers has to be flown in from Kinshasa, so nothing digital. In addition to the security risk that exists when transporting hundreds of millions of francs from one side of the country to the other, as we have to make sure that we have the right denominations, this means hundreds of kilos of small notes to be transported, counted, etc. every time. We therefore decided to try to bring Brabanta gradually into the digital era and electronic (or binary) payments, in small steps so as not to create a revolution. For our suppliers, especially those based in Kinshasa, it wasn’t too difficult to ask them to give us a bank account number on which we could pay our dues instead of distributing bundles of banknotes in our offices. Some were more resistant than others, but on the whole this objective was achieved. The second step was to transfer all of our accounting to Mapangu and arrange to be able to make payments electronically directly from here. Fortunately we have our own satellite internet connection which allows us to connect to the banks’ websites at any time, but the platforms of the Congolese banks themselves are not always up to date and some payment systems require almost a PhD to validate them. The next step is to pay our employees electronically as well, this step is much more complex because on the one hand the majority of our employees are illiterate and do not have even a basic mobile phone, much less a tablet or a computer and generally no electricity. And, on the other hand, these workers need to be able to withdraw their money in cash, because locally electronic payments are not yet possible with a few rare exceptions. There are different electronic payment platforms, some established by telephone operators, which use the phone’s sim card as a wallet and allow you to send money to another phone or an agent who will remit the corresponding amount in cash (minus a commission). The system is quite popular and already very widespread in the countries neighbouring the DRC, while here its use is more modest. The great risk associated with this system is that the money is on the sim card and if it is lost or destroyed the money it contains is also lost, and as here losses, breakages and thefts are very frequent, nobody really dares to use the system except for the occasional sending of money from one corner of the country to another. We have opted for another system that is also based on the use of a telephone, but unlike the systems described above it is a platform that uses a virtual bank account accessible with a code from a given telephone number. So if the phone is lost, destroyed or stolen, all you have to do is request a new sim card with the same number to access your account. This system also has the advantage of making transfers to real bank accounts possible, obtaining loans and earning interest on amounts kept in savings. The bank, which promotes this system, undertakes to set up a network of agents to whom workers can go to withdraw (or pay) money, to provide cheap telephones (10 euros) to workers who wish to do so, and to provide training and popularisation of the system. It may be a very elaborate system for the average employee, but the purpose goes beyond the simple transfer money, at least for those who want and understand it. This month, for the first time, we made an electronic payment for some of our employees, only 10% to start with, but it allowed us to test the system and make sure there were no problems. Everything went smoothly and we hope that next month we will be able to increase to 25 or 30% of the employees with the objective of reaching 100% by the end of the year. This system will theoretically allow us to reduce or even eliminate the need to transport quantities of banknotes from Kinshasa to Mapangu, even though we will have to continue to maintain a certain cash reserve to compensate for the failures of the agents who are supposed to provide cash to our workers (failures which will not be lacking). In any case, we will have to maintain flights to allow fresh food supplies to the expatriates, as otherwise I believe that few of them (including ourselves) would agree to stay in Mapangu for very long periods of time. On the “social” side, we (that is mainly the construction team) have started the assembly of our small above ground swimming pool which should give us a bit of fun when it’s hot or just to do some semblance of exercise. It may also be of interest to other expatriates, to “do something else”, to change their ideas, which is why we have strategically placed it to be close but far enough away from the house to allow others to enjoy it without feeling invaded. But that’s another story. First we have to finish putting the thing up and fill it with water (with cisterns that are filled at a small river below the Cathedral). For those who have known Las 23 Palmeras in Altea, this technique of water supply is well known and at the time the conditions of the road that went up to the house at the time was probably comparable to the one that reaches us. Apart from that, we received all the expatriates for lunch on Sundays and continue to have the whole agric team at our table every Wednesday lunchtime. Marc has also “hairdressed” Makala who has a very fresh haircut which, as usual, completely traumatises the cat for a few days! It is not quite the reaction of straight tail, but she’s been avoiding the living room and taking long detours so as not to get too close… We haven’t seen Hedwige the owl anymore but, as you know, we don’t really have the same hours and, now that she has her own entrance, there’s not much chance to see her anymore. The rainy season is well advanced which makes me think of a sport that Marc didn’t mention in the blog called “SPORTS”: that is aquagym, which we regularly practice jumping out of bed if the storm is blowing in a certain direction, armed with a towels and mops because there is one or two cm of water in part of the room and on the way to the bathroom. One of these Sundays, it was in the dining room in front of his desk, Marc decided to start his “aquagym” session without me and then came back to bed a bit stunned because of a back salto which threw him head first against the wall… We were a bit worried but he was very careful, worked from home the next day and put on a D system neck brace for a few days and everything was back to normal. So, sport is not always healthy! As the next board meeting is taking place in Belgium in two weeks time, we’ll leave Mapangu together next Friday and come back the following Friday, which will allow Marc to see a few clients in Kinshasa before and after his short stay in Belgium (which will still give him the opportunity to see his parents, daughter, etc. ) and to settle one or the other thing at the office in Kinshasa. And for Marie-Claude to take her mind off things by joining Marc going to Kinshasa while escaping her Mapangu house arrest for a few days! As the Valaisans say: “It’s all good”. We hope to hear from you too, thanks to those who show up! Marc & Marie-Claude
Pourquoi parler d’organisation alors que nous sommes sans conteste dans le pays le plus désorganisé que nous ayons jamais connu. C’est bien simple, rien ne fonctionne et quand il y a encore un peu d’espoir au mieux cela marche en retard ou à moitié. Ce n’est pas juste une question d’organisation, mais aussi de propension à utiliser les choses (machines, outils, accessoires), même flambants neufs, d’une manière qui fait que leur durée de vie en est réduite drastiquement malgré (ou à cause ?) des réparations “plan B”, à la locale. d’une façon ou d’une autre ils ne sont jamais plus pareils . . . Les exemples ne manquent pas, ainsi nous avons équipé nos coupeurs avec des ciseaux en acier trempé qu’il suffit d’affûter de temps en temps avec une pierre à aiguiser pour pouvoir travailler le plus efficacement possible. Nous en avons distribué plusieurs centaines et pour faciliter la tâche des coupeurs nous avons même mis en place un système où les coupeurs ramènent leur ciseau en fin de travail pour qu’une personne formée à cela se charge d’affûter tous les outils. Toute une organisation, même si en principe c’est très simple, car chaque travailleur est responsable son ciseau propre, marqué, soit parce qu’il a une préférence pour le type de manche ou sa longueur, ou encore pour pouvoir s’assurer que les outils qui disparaissent sont facturés à la bonne personne. Les travailleurs estiment que ce système n’est pas à leur convenance et emportent donc les ciseaux au village après le travail où ils vont chauffer les lames pour les marteler et ainsi “améliorer” leur performance. Seulement voilà, en chauffant la lame dans un brasier l’acier perd sa dureté et doit donc être aiguisé beaucoup plus fréquemment (ce qu’ils ne font pas). Le résultat est qu’avec les ciseaux “modifiés” le travailleur doit donner 4-5 coups de lames pour couper une palme alors qu’avec la lame d’origine un seul coup suffit… Malheureusement le constat est amer, car à l’appel plus de 90% des ciseaux montrent les caractéristiques de chauffage et de martellement, le mal est maintenant fait jusqu’au prochain arrivage d’outils, si les travailleurs ont compris, ce qui est loin d’être certain. Mais l’organisation dont je souhaitais vous écrire concerne plutôt la façon dont certains travaux sont organisés et pour lesquels nous ne semblons pas arriver à former nos agents à des méthodes plus efficaces de travail. L’exemple que je cite le plus souvent, certains d’entre vous l’auront déjà certainement entendu, c’est lorsque nos fonds arrivent et qu’il faut ranger l’argent dans le coffre. L’argent arrive dans des malles et avant de ranger celui-ci dans le coffre nous faisons un comptage. Les billets viennent en briques de 500 billets (ne vous emballez pas, les coupures principales font 1.000 francs ce qui est équivalent à un peu moins de 60 cents à l’heure actuelle et nous avons aussi beaucoup de coupures de 500, 200, 100 et même 50 francs (je vous laisse faire la conversion), donc une brique ne représente pas nécessairement un montant faramineux. Bref, pour faciliter le comptage des briques celles-ci sont disposées par paquet de 10, ce qui (par hasard) correspond aussi exactement à la hauteur des étagères dans le coffre et devrait (en théorie) faciliter le rangement. Visualisez maintenant l’étagère du coffre avec une brique de billets qui reste de l’envoi précédent, logiquement nous la mettrions de côté pour mettre les paquets de 10 briques les uns à côté des autres sur l’étagère, mais pas ici… Comme il y a déjà une brique en place sur l’étagère, la seule solution est de recomposer un paquet de briques en prélevant une à une les briques d’un paquet se trouvant à côté du coffre, mais évidemment il reste alors une brique de trop qui nécessite de recommencer le même processus jusqu’à ce que le tout soit rangé dans le coffre. Si cette méthode était “justifiée” par le souhait de recompter chaque brique, je pourrais peut-être comprendre, mais non ici il s’agit seulement et uniquement de ranger l’argent dans le coffre. Un exemple similaire est survenu au port hier matin où une barge est arrivée pour nous livrer des brouettes et du carburant. Le carburant se trouvant dans les cales de la barge tandis que les brouettes étaient entassées sur les écoutilles des mêmes cales. Pour vous donner une idée claire des opérations je dois rapidement vous décrire notre port où, d’une part nous avons un quai en béton permettant aux barges de ce mettre à fleur de terre (du moins en-dehors de la saison sèche quand le tirant d’eau est suffisant) et d’autre part nous avons des quais en terre où se trouvent les tuyaux permettant de pomper le carburant en-dehors des cales. Hier matin quand je suis arrivé, le bateau était à quai (là où il y a le béton) et le capitaine a décidé de bouger la barge pour se positionner près du tuyau de dépotage de carburant. La barge reste accessible depuis la terre, mais cette fois avec une grosse planche (pas trop large quand même) qui permet de relier le bateau à la berge. Une fois en place pour dépoter le carburant, le capitaine à réalisé qu’il fallait d’abord débarquer les brouettes (il y en avait quand même 300) pour accéder aux écoutilles abritant le carburant. Mais cette fois il ne suffisait pas de juste passer celle-ci du bateau au quai, mais de les transporter individuellement via la passerelle ( qui penchait quand même un peu), ce qui a évidemment pris au moins deux fois plus longtemps… De plus, il s’est révélé que les amarres qu’ils avaient ne permettaient pas de fixer le bateau à l’emplacement choisi, mais la solution a été vite trouvée avec un morceau de ficelle en nylon (en espérant que le courant ou les mouvements d’une autre barge ne viennent pas perturber la solution. Les situations de ce genre ne manquent pas et sont parfois désespérantes. La semaine passée nous devions charger 5 tonnes de graviers dans un camion, mais le camion ne pouvait pas reculer jusqu’au tas de gravier à cause d’une poutre en bois que personne n’a pensé à déplacer. La solution, évidente me direz-vous, a consisté à prendre des brouettes, de charger celles-ci avec le gravier, contourner la poutre et venir déverser celles-ci au pied du camion pour ensuite les charger à la pelle dans le camion. Quand j’ai vu cela j’ai cru que j’allais pleurer, car en plus la poutre en question n’a pas nécessité plus de 3 personnes pour la déplacer et reculer le camion jusqu’au tas de graviers. Le commentaire du chef d’équipe était: “vous les blancs vous avez la technique!”, malheureusement je n’oserais pas garantir que la prochaine fois ils ne feront pas la même chose, mais nous ne perdons pas espoir. Heureusement qu’à la maison c’est tout du contraire, Marie-Claude nous fabrique continuellement des choses qui embellissent ou rendent plus facile notre vie de brousse, beaucoup de couture pour le moment mais aussi des systèmes-D pour lutter contre les cafards qui semblent coloniser les lieux en force. Ces créatures nous amènent d’ailleurs à une observation des plus remarquables car, parmi les stratagèmes de Marie-Claude il y a la solution de mettre tous les rouleaux de papier alu, papier de cuisson, etc. dans un zip-lock pour que les cafards ne s’y installent pas. Grande était donc notre surprise de voir que le sachet était en fait occupé par un gros cafard. Plutôt que d’essayer de le pourchasser nous avons pensé être malin en mettant le tout pendant la nuit au congélateur et effectivement le lendemain matin la créature était raide et dure, en principe une fin assez douce. Toutefois à notre grande surprise, un quart d’heure après sa sortie du congélateur le cafard a décidé de se réveiller… il paraît qu’ils résistent aussi au micro-onde, mais ça nous ne l’avons pas testé. A très bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
Why talk about organisation when we are unquestionably in the most disorganized country we have ever known. It is quite simple, nothing works and when there is still a little hope at best it works late or halfway. It’s not just a question of organization, but also of the propensity to use things (machines, tools, accessories), even brand new ones, in a way that drastically reduces their lifespan despite (or because of?) local “plan B” repairs. Somehow they are never the same again … There is no lack of examples, one is that we have equipped our harvesters with hardened steel chisels that just need to be sharpened from time to time with a whetstone in order to work as efficiently as possible. We have distributed several hundred of them and to make the work of the harvesters easier, we have even set up a system where the harvesters bring their chisel back at the end of the work so that a person, trained in this work, can sharpen all the tools. A whole organisation, even if in principle it is very simple, because each worker is responsible for his own chisel, which is marked, either because he has a preference for the type of handle or its length, or to ensure that tools that disappear are charged to the right person. The workers feel that this system is not to their liking and therefore take the chisel to the village after work where they will heat the blades to hammer them and thus “improve” their performance. However, by heating the blade in a fire, the steel loses its hardness and therefore has to be sharpened much more frequently (which they do not do). The result is that with the “modified” chisels the worker has to give 4-5 strokes of the blade to cut a palm, whereas with the original blade one stroke is enough… Unfortunately the perspective is not great, because at muster in the morning I notice that more than 90% of the chisels show the heating and hammering characteristics, the damage is now done until the next arrival of tools, if the workers have understood, which is far from certain. But the “organisation” I wanted to write to you about is rather about the way in which some work is organised and for which we do not seem to be able to train our workers in more efficient working methods. The example I cite most often, as some of you will no doubt have already heard, is when our funds arrive and we have to put the money in the safe. The money comes in trunks, and before we put it in the safe we do a count. The notes come in bricks of 500 notes (don’t get excited, the main denominations are 1,000 francs which is equivalent to just under 60 euro cents at the moment and we also have a lot of 500, 200, 100 and even 50 franc notes (I’ll let you do the conversion), so a brick doesn’t necessarily represent a huge amount. In short, to make it easier to count the bricks, they are arranged in bundles of 10, which (by chance) also corresponds exactly to the height of the shelves in the safe and should (in theory) make storage easier. Now visualize the shelf of the safe with a brick of bills left over from the previous shipment, logically we would put it aside to put the packs of 10 bricks next to each other on the shelf, but not here … As there is already a brick on the shelf, the only solution is to reconstitute a packet of bricks by removing one by one the bricks of a packet next to the safe, but obviously there is then one brick too many that needs to repeat the same process until the whole thing is stored in the safe. If this method was “justified” by the wish to recount each brick, I could perhaps understand, but not here, it is just and only a matter of putting the money in the safe. A similar example occurred at the port yesterday morning where a barge arrived to deliver wheelbarrows and fuel. The fuel was in the barge’s holds while the wheelbarrows were piled up on the hatches of the same holds. To give you a clear idea of the operations I must quickly describe our harbour where, on the one hand we have a concrete dock allowing the barges to tie up flush with the ground (at least outside the dry season when the draught is sufficient) and on the other hand we have earthen wharves (slopes) where the hoses for pumping the fuel out of the holds are located. Yesterday morning when I arrived, the boat was docked at the main wharf (where the concrete is) and the captain decided to move the barge to position himself near the fuel pumping hose. The barge is still accessible from the shore, but this time with a big board (not too wide though) that allows access from the barge to be river side. Once in place to pump the fuel, the shipmaster realised that the wheelbarrows (of which there were 300) had to be unloaded first to gain access to the fuel hatches. This time, however, it wasn’t enough to simply pass the whelbarrows from the boat to the quay, but it required to transport them individually via the gangway (which was tilted a little), which obviously took at least twice as long… Moreover, it turned out that the mooring lines they had didn’t allow the boat to be fixed in the chosen location, but the solution was quickly found with a piece of nylon string (hoping that the current or the movements of another barge wouldn’t disrupt the solution. There is no shortage of such situations and they can be desperate at times. Last week we had to load 5 tons of gravel into a truck, but the truck couldn’t back up to the gravel pile because of a wooden beam that no one thought to move. The obvious solution, you might say, was to take wheelbarrows, load them with the gravel, go around the beam and come and dump them at the bottom of the truck and then shovel them into the truck. When I saw that, I thought I was going to cry, because not only that, but the beam in question required no more than three people to move out of the way and allow the truck to back up to the gravel pile. The comment of the team leader was: “you white guys have the technique”, unfortunately I wouldn’t dare to guarantee that next time they won’t do the same thing, but we don’t give up hope. Luckily at home it’s quite the opposite, Marie-Claude is constantly making things that make our bush life more beautiful or easier, a lot of sewing for the moment but also D-systems to fight against the cockroaches that seem to colonize the place in force. These creatures bring us to a most remarkable observation. Among Marie-Claude’s solutions is to put all the rolls of aluminum foil, baking paper, etc. in a zip-lock so that the cockroaches cannot get access to them. Great was our surprise to see that the bag was in fact occupied by a big cockroach. Rather than trying to chase it we thought we were being clever by putting the whole thing overnight in the freezer and actually the next morning the creature was stiff and lifeless, in principle a fairly soft end. However to our great surprise, a quarter of an hour after it had come out of the freezer the cockroach decided to wake up… it seems that they are also resistant to the microwave, but that we have not tested. See you soon, Marc & Marie-Claude
Comme partout, ici aussi il y a des coutumes, certaines prétendument ancestrales et d’autres manifestement motivées par l’aspect pécuniaire des choses. En général quand le point de vue coutumier est invoqué il est invariablement motivé par un bénéfice d’une forme ou d’une autre pour la personne qui invoque la dite coutume. Ainsi, depuis que nous sommes arrivés ici on m’explique invariablement que lorsque quelqu’un vient me rendre visite au bureau, parfois mais très rarement pour me saluer et le plus souvent pour me présenter une liste de doléances plus ou moins sérieuses, il serait “coutumier” de donner un peu d’argent pour le voyage ou le “café” du visiteur, et s’il m’arrivait d’oublier la “coutume” le plus souvent le visiteur (quel que soit son niveau du simple travailleur au chef de secteur) ne manquera pas de me rappeler à l’ordre. Ces demandes sont néanmoins devenues moins fréquentes dernièrement, peut-être parce qu’il est de notoriété publique que sauf besoin avéré les visiteurs ressortent le plus souvent sans leur “café”. Curieusement, lorsque c’est moi qui vais rendre visite aux chefs de village ou autorités locales, la coutume veut que je leur apporte quelque chose (un peu d’argent) pour une bière ou un café, donc logiquement la définition de la coutume devrait être revue car c’est plutôt “lors d’une rencontre entre un blanc et un ou plusieurs congolais, le blanc donne de l’argent”. Certains droits coutumiers sont plus logiques et ne posent pas problème (enfin presque), ainsi les communautés locales de Mapangu reçoivent chaque année quelques centaines de litres d’huile de palme de Brabanta en reconnaissance des terres qui ont jadis été achetées pour y établir la plantation, aménager une route ou construire des infrastructures. Le problème est que depuis la centaine d’années que la plantation est établie à Mapangu la population a plus que décuplé et le quota d’huile n’a pas évolué de la même manière. De plus certains villages se sont fractionnés suite à des conflits entre chefs et se pose évidemment la question de savoir qui peut prétendre au colis de fin d’année ou comment le départager. Curieusement pour ces choses-là la coutume est très vague et donne invariablement lieu à des disputes qui se règlent parfois à coups de machettes et fatalités, tout cela pour quelques litres d’huile. Il faut dire que l’attraction que représente une plantation comme celle de Brabanta qui, rappelons-le est la seule entreprise de taille à plus de 400km à la ronde, fait que beaucoup de personnes sont venues des contrées voisines pour chercher fortune et que les traditions et coutumes locales se sont trouvées quelque peu diluées. Ainsi Sa Majesté le Grand Chef Félix, un chef coutumier qui règne en principe sur toute la région du grand Mapangu, a de plus en plus de difficultés pour asseoir son autorité et se tourne de plus en plus vers Brabanta pour chercher un appui physique et financier et garder la tête hors de l’eau. L’une des coutumes ou pratiques qui reste le plus difficile à comprendre pour nous européens, mais qui n’est pas propre à Mapangu même si elle semble plus exacerbée par ici, est la façon dont les femmes sont traitées. Ainsi même l’un de nos cadres, fils de diplomate ayant vécu de nombreuses années à l’étranger, m’a expliqué que dans le cas ou son frère venait à décéder, c’est lui qui hériterait des biens et des responsabilités de son défunt frère. Il hériterait des biens matériels, de la responsabilité de ses neveux et nièces (en particulier de leur éducation) et de la ou des femme(s) de son frère. En pratique cela ne veut pas dire qu’il doit seulement subvenir aux besoins matériaux de sa ou de ses belles-sœurs mais que celle(s)-ci devien(nen)t effectivement sa ou ses femmes à lui sans autre forme de procès. Il faut dire qu’ici le concept de polygamie est plutôt complexe car en principe l’église (les gens sont majoritairement chrétiens dans la région) n’autorise pas le fait qu’un homme ait plusieurs femmes, mais compte tenu des aspects coutumiers cette pratique est de fait tolérée voir considérée comme normale. En-dehors de ces aspects traditionnels, il y a évidemment l’élément monétaire et la femme est tout comme la plus grande partie des biens juste une question de prix. Un de mes employés m’a un jour raconté que pour préparer sa retraite il souhaitait encore construire une maison, mais qu’il avait quand même déjà 4 femmes et 70 têtes de bétail pour assurer ses vieux jours. Les filles n’ont généralement peu ou pas droit à la parole quand il s’agit de décider à qui elles seront “vendues” et il n’est pas envisageable de fréquenter une fille sans s’acquitter d’une dot qui se chiffre souvent en milliers de dollars (énorme quand on sait que certains travailleurs n’ont pas plus de 50 dollars par mois). Les conséquences ne sont pas anodines pour ceux qui essayent de goûter à la marchandise sans payer car si par hasard la fille se trouve être enceinte la dot est payable immédiatement et il y a beaucoup moins de marge de négociation. Celui qui ne paie pas se retrouve généralement au cachot pour dette impayée. Nombre de travailleurs viennent me demander de l’aide pour s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de la famille d’une fille qui aurait été accidentellement engrossée par eux-même ou l’un de leurs enfants (sans moyens) pour évider d’être arrêtés (et payer des amendes aux autorités en plus). Mais, tout comme dans nos magasins, il n’est pas interdit de retourner la “marchandise” et d’exiger un remboursement si la dame se révèle infertile ou autrement incapable de fournir les services normalement attendus d’une épouse (travaux au champs, ménage, collecte de combustible et d’eau, soin des enfants, etc.). Le remboursement n’intervient généralement que lorsque la famille de la fille arrive à “revendre” celle-ci à un autre parti, mais le processus inverse de plaintes et arrestations fonctionne également. En fait ici ils adorent porter plainte pour un oui ou pour un non, même si généralement cela ne bénéficie qu’aux autorités en termes d’argent. Une autre coutume, nettement plus inquiétante, est de considérer que tout événement inattendu (en particulier maladie ou accident entraînant un décès, une fausse-couche, une perte d’animaux) est forcément le résultat de sorcellerie. Le sorcier ou la sorcière est généralement une personne et/ou la famille de celle-ci avec qui il y aurait eu un désaccord dans le passé et qui avait donc forcément une mauvaise intention à l’égard de la victime. La solution plutôt radicale est d’éliminer la personne et les membres de la famille (sauf s’ils arrivent à fuir en forêt avant de se faire attraper) et de prendre et/ou détruire leurs biens, ce qui implique généralement de brûler leur maison (un peu comme les bûchers chez nous dans le temps). Les responsables de ces homicides ne sont le plus souvent peu ou pas inquiétés par les autorités qui semblent penser que la sorcellerie est une chose bien réelle et qu’il est donc légitime que les villageois cherchent à se protéger, même si de temps en temps il peut y avoir des erreurs… Finalement une coutume que nous apprécions beaucoup plus, même si nous n’en maîtrisons pas toujours toute l’histoire, est celle de l’artisanat traditionnel et en particulier les tapis du Kasaï et les masques traditionnels. Pour ces derniers nous commençons à avoir une collection assez variée de masques de toutes origines, dont certains sont tout à fait spectaculaires. Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien. A bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
As everywhere, here too there are customs, some supposedly ancestral and others clearly motivated by the pecuniary aspect of things. In general, when the customary point of view is invoked it is invariably motivated by a benefit of one form or another for the person invoking the said custom. Thus, since we arrived here it has invariably been explained to me that when someone comes to visit me in the office, sometimes but very rarely only to greet me and most often to present me with a list of more or less serious grievances, it would be “customary” to give some money for the visitor’s trip or “coffee”, and if I forget the “custom” most often the visitor (whatever his level from simple worker to head of sector) will not fail to remind me that some token of appreciation is expected. These requests have nevertheless become less frequent lately, perhaps because it is common knowledge that, unless there is a real need, visitors usually go out without their “coffee” when they come for a visit to the GM’s office. Curiously, when it is me who goes visiting the village chiefs or local authorities, the custom is that I bring them something (a little money) for a beer or a coffee, so logically the definition of the custom should be reviewed because it is rather “during a meeting between a white man and one or more Congolese, the white man gives money”. Some customary rights are more logical and do not pose a problem (at least most of the time), for example the local communities of Mapangu receive a few hundred litres of palm oil from Brabanta every year in recognition of the land that was once bought to establish the plantation, build a road or construct infrastructure. The problem is that in the 100 years that the plantation has been established in Mapangu the population has increased more than tenfold and the oil quota has not evolved in the same way. Moreover, some villages have split up due to conflicts between chiefs and there is obviously the question of who is entitled to the end-of-year package or how to divide it up. Curiously for these things the custom is very vague and invariably gives rise to disputes that are sometimes settled with machetes and fatalities, all for a few litres of oil. It must be said that the attraction of a plantation such as the one in Brabanta, which is the only one of its kind within a radius of more than 400 km, means that many people have come from neighbouring regions in search of fortune and that local traditions and customs have been somewhat diluted. Thus His Majesty Grand Chief Felix, a customary chief who in principle reigns over the entire Great Mapangu region, is finding it increasingly difficult to assert his authority and is turning more and more to Brabanta to seek physical and financial support to keep his head above water. One of the customs or practices that remains the most difficult for us Europeans to understand, but which is not unique to Mapangu, although it seems more exacerbated here, is the way women are treated. For example, even one of our officials, the son of a diplomat who had lived abroad for many years, explained to me that in the event of his brother’s death, he would inherit the property and responsibilities of his late brother. He would inherit the material goods, the responsibility for his nephews and nieces (in particular their education) and his brother’s wife(s). In practice this does not mean that he should only provide for the material needs of his sister(s) in law, but that the sister(s) in law actually become his wife(s) without any further proceedings. It must be said that here the concept of polygamy is rather complex because in principle the church (the people are mostly Christians in the region) does not allow a man to have several wives, but given the customary aspects this practice is in fact tolerated or even considered normal. Apart from these traditional aspects, there is of course the monetary element, and women, like most goods, are just a question of price. One of my employees once told me that to prepare for his retirement he still wanted to build a house, but that he already had 4 wives and 70 head of cattle to ensure his old age… Girls generally have little or no say in deciding who they will be “sold” to, and it is not possible to date a girl without paying a dowry that often runs into thousands of dollars (huge when you consider that some workers have no more than $50 a month). The consequences are not insignificant for those who try to taste the merchandise without paying because if by chance the girl happens to be pregnant the dowry is payable immediately and there is much less room for negotiation. Those who do not pay usually end up in prison for unpaid debts. Many workers come to me for help to pay their debts to the family of a girl who has accidentally been knocked up by themselves or one of their children (without the means) and risk being arrested (and pay fines to the authorities in addition). But, just as in some of our western stores, it is not forbidden to return the “merchandise” and demand a refund if the lady proves to be infertile or otherwise unable to provide the services normally expected of a wife (field work, housework, fuel and water collection, child care, etc.). Reimbursement usually only occurs when the girl’s family manages to “resell” the girl to another party, but the reverse process of complaints and arrests also works. In fact here they love to file a complaint for whatever reason, even if it usually only benefits the authorities in terms of money. Another custom, much more worrying, is the fact that any unexpected event (in particular illness or accident leading to death, miscarriage, loss of animals) is necessarily the result of witchcraft. The witch is usually a person and/or the family of the witch with whom there has been a disagreement in the past and who therefore necessarily had a bad intention towards the victim. The rather radical solution is to eliminate the person and family members (unless they manage to flee into the forest before being caught) and to take and/or destroy their property, which usually involves burning down their house (a bit like the pyres at home in the old days). Those responsible for these homicides are most often little or not worried by the authorities who seem to think that witchcraft is a very real thing and that it is therefore legitimate for the villagers to seek protection, even if from time to time there may be mistakes? Finally a custom that we appreciate much more, even if we do not always master the whole story, is that of traditional crafts, and in particular the Kasai carpets and traditional masks. For the latter we are beginning to have a rather varied collection of masks of all origins, some of which are quite spectacular. We hope that these news will find you well. See you soon, Marc & Marie-Claude
Nous vivons en pleine nature avec peu ou pas de routes dignes de ce nom et où tout le monde se déplace principalement à pied ou avec des vélos plus ou moins opérationnels, mais très peu de véhicules motorisés à l’exception de motos taxi et de nos transports de personnel en camion. Donc théoriquement nous vivons dans un environnement qui est sain (il n’y a quasi pas de pollution atmosphérique si l’on s’abstient de rester à coté de l’un de camions russes qui démarre et qui semble être conçu plus pour la fumigation des moustiques que pour répondre aux normes d’émissions européennes), n’ayant pas d’électricité le soir le ciel est d’une clarté comme elle n’existe plus dans la plus grande partie de nos contrées et sur les routes il n’y a que du sable donc pas d’asphalte nauséabond ou autre surface dure qui esquinte les rotules des coureurs. Et pourtant, nous les expatriés bénéficiant de véhicules 4×4 pour nous déplacer partout, nous finissons par réaliser que malgré l’environnement des plus favorables nous ne faisons pas ou peu d’exercice au quotidien. Nous allons en voiture à l’appel le matin, puis en voiture jusqu’au bureau, etc. Ce, pour revenir à la maison épuisé et heureux de se mettre dans un fauteuil pour souffler un peu. Certes lors des visites de la plantation il faut marcher assez bien, surtout dans les terrasses où il est souvent difficile de se déplacer en voiture et donc une occasion de faire un peu d’exercice, mais cela reste limité aux agronomes (et une fois par semaine pour moi). Chacun doit donc trouver un moyen pour garder la forme d’une manière ou d’une autre et le sport est donc un des moyens pour y arriver. Nous essayons d’organiser des activités physiques pour tous, ainsi dans les camps nous avons aménagé des terrains de football où des tournois sont régulièrement organisés, mais n’étant au départ pas un grand fan de foot quand en plus je vois la violence avec laquelle nos amis congolais se lancent dans chaque échange de balle je préfère rester à distance et au mieux encourager les joueurs à distance. Nous avons aménagé un terrain de volleyball où des rencontres amicales sont organisées presque tous les dimanches et, outre le fait que ces rencontres sont beaucoup plus civilisées, où tant les expatriés que les autochtones participent sans qu’il soit nécessaire d’être un champion. Le terrain de volley est en voie d’être amélioré pour y inclure également des paniers de basketball qui ont la préférence d’autres collègues et permettent ainsi de varier les plaisirs. A la Cathédrale nous avons évidemment un terrain de tennis, mais le nombre de joueurs semble nettement plus limité avec le résultat que son utilisation est assez sporadique. Afin de permettre aux uns ou aux autres d’utiliser le terrain sans avoir un partenaire, nous avons décidé d’agrémenter le terrain d’un mur. Sinon le sport le plus populaire à la Cathédrale semble être la pétanque, surtout quand nous jouons avec l’un de nos collègues français qui considère cette discipline comme digne des jeux olympiques dont il est le principal défenseur, donc pas question de prendre cela trop à la rigolade. A la maison nous avons décidé d’installer une petite piscine qui devrait nous permettre de nous rafraîchir en fin de journée, mais les moyens étant limités celle-ci est juste un bassin hors-sol dont la profondeur n’excède pas 1,35m. En fait tous les accessoires du bassin sont sur place depuis un bon moment, reste à trouver le temps d’assembler le tout et de commencer à en profiter. A titre individuel chacun essaye de trouver une solution (ou pas) pour garder la forme, ainsi notre directeur huilerie fait de la corde à sauter, du vélo elliptique et de la moto (qui même si motorisée est très physique dans le sable), notre directrice agro fait du jogging et de la boxe, notre directeur financier fait du yoga et de la marche et moi j’essaye de faire régulièrement du vélo. En réalité je n’ai plus fait de vélo ici depuis quelques temps, d’abord parce qu’il était en panne et puis parce que les conditions sécuritaires faisaient qu’il était préférable de circuler en voiture et accompagné et il n’est ni justifiable ni agréable de faire du vélo suivi d’une voiture de sécurité, même si dans d’autres pays comme le Nigeria c’est la seule manière pour le DG de profiter de son vélo. Les choses semblent toutefois se calmer et j’espère donc pouvoir reprendre la petite reine pour aller au bureau très bientôt. Pour la maison nous avons également acquis un rameur qui sert plus pour Marie-Claude que pour moi, car je n’ai pas la discipline de me mettre sur la machine pour la simple raison de se faire des muscles, mais peut-être devrais-je revoir ma copie car dernièrement mes vertèbres semblent indiquer qu’il serait bon de compenser les secousses de la voiture sur les pistes avec des exercices plus ciblés pour renforcer les muscles du dos principalement. Voilà, ainsi vous avez une petite idée de nos activités physiques et sportives, même si elles sont limitées. Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles, Marc & Marie-Claude
We live in the middle of nature with few or no roads worthy of the name and where everyone moves around mainly on foot or with more or less operational bicycles, but very few motorised vehicles except for motorcycle taxis and our staff transport by truck. So theoretically we live in an environment that is healthy (there is almost no air pollution if one refrains from standing next to one of the Russian trucks that are starting up and which seems to be designed more for fumigating mosquitoes than for meeting European emission standards), With no electricity in the evening, the sky is so clear that the full milky way is clearly visible, something no longer possible in most of our western european countries and on the roads there is only sand so there is no smelly asphalt or other hard surface that destroys the joints of the joggers. And yet, we expatriates benefiting from 4×4 vehicles to move everywhere, we end up realizing that despite the most favorable environment we do not or do little exercise daily. We drive to muster in the morning, then drive to the office, etc., only to come home exhausted and happy to sit in a chair to take a breather. Certainly during visits to the plantation we have to walk more extensively, especially on the terraces where it is often difficult to get around by car and therefore an opportunity to get some exercise, but this is limited to the agronomists (and once a week for me). So everyone has to find a way to keep in shape in one way or another and sport is one of the ways to do this. We try to organise physical activities for everyone, so in the camps we have set up football pitches where tournaments are regularly organised, but not being at first a big football fan when I see the violence with which our Congolese friends throw themselves into every ball exchange I prefer to stay at a distance and at best encourage the players from the sidelines. We have set up a volleyball court where friendly matches are organised almost every Sunday and, apart from the fact that these matches are much more civilised, where both expatriates and locals participate without the need to be a champion. The volleyball court is being upgraded to also include basketball boards that seem to be preferred by other colleagues and thus allow for a variety of pleasures. At the Cathedral we obviously have a tennis court, but the number of players seems much more limited with the result that its use is rather sporadic. In order to allow everyone to use the court without having a partner, we decided to build a wall that will enable whoever feels like it to exercice. Otherwise the most popular sport at the Cathedral seems to be pétanque, especially when we play with one of our French colleagues who considers this discipline worthy of the Olympic Games of which he is the main defender, so there is no question of taking it too lightly when a game is on. At home we have decided to install a small swimming pool which should allow us to cool down at the end of the day, but as the means are limited, this one is just an above-ground pool with a depth not exceeding 1.35m. In fact all the accessories for the pool have been on site for quite a while, but we still have to find the time to put it all together and start enjoying it. Individually each one tries to find a solution (or not) to keep in shape, so our oil manager does skipping rope, elliptical bike and motorbike (which even if motorized is very physical in the sand), our agro manager does jogging and boxing, our financial manager does yoga and walking and I try to bike regularly in addition to walking everywhere from my office when visiting the mill, the garage or any other industrial facility. In fact I haven’t been cycling here for some time, first because my mountaibike broke down and then because the safety conditions made it preferable to travel by car and being accompanied. It is neither justifiable nor pleasant to cycle followed by a safety car, even if in other countries like Nigeria it is the only way for the GM to enjoy his bike. Things seem to be calming down though, so I hope to be able to take the two wheeler back to the office very soon. For home we have also acquired a rowing machine which is more useful for Marie-Claude than for me, as I don’t have the discipline to get on the machine for the simple reason of building up muscles, but maybe I should review my copy as lately my vertebrae seem to indicate that it would be good to compensate for the jerking of the car on the tracks with more targeted exercises to strengthen the back muscles. There you have it, so you have a little idea of our physical and sports activities, even if they are limited. We hope to hear from you soon, Marc & Marie-Claude
Après près de deux mois d’absence de Mapangu, nous voici de retour à la maison où nous avons retrouvé nos poilues en grande forme, la maison bien en ordre (si ce n’est pour une invasion de cafards qui apparaissent dans tous les coins) et un accueil généralement enthousiaste de nos collègues. Nous sommes évidemment passés par Kinshasa comme étape obligée et y avons passé deux jours dans notre oasis de l’hôtel Elaïs. Même si nous n’y sommes pas très souvent, l’hôtel connaît maintenant nos préférences et petites habitudes et ainsi nous avons presque chaque fois un petit studio au rez-de-chaussée dans le fond du parc qui est relativement plus calme et surtout très facile d’accès. Malgré la situation économique difficile du pays, le propriétaire de l’Elaïs a décidé de construire un nouveau bâtiment avec des chambres et studios de grand luxe, mais pour lesquels ils ont réussi à maintenir le caractère de l’hôtel. J’ai logé une fois dans une de ces nouvelles chambres toute moderne et de grand confort, mais pour une raison que j’aurais du mal à expliquer nous préférons les studios un peu vieillots où nous logeons d’habitude, même si parfois la douche ne marche plus tout à fait comme elle devrait ou la climatisation est un peu poussive. Durant nos quelques jours à Kinshasa les divers partenaires et autorités n’ont évidemment pas manqué de solliciter des rencontres, l’un pour essayer d’obtenir ma clémence vis-à-vis des délégués syndicaux licenciés il y a 3 mois, l’autre pour présenter ses produits ou d’autres enfin pour simplement essayer de nous faire payer une “motivation” d’une sorte ou d’une autre. J’ai également été visiter un client potentiel pour notre huile de palme et ce fut, pour dire le moins, édifiant… Le client en question possède une minoteries dans laquelle à côté de la farine de blé ils produisent également des aliments pour animaux dont une des composantes est l’huile de palme. Cette même société possède également une des plus grandes boulangeries d’Afrique qui produit industriellement des baguettes et des pains de mie qui se retrouvent partout dans Kinshasa et même dans certaines villes voisines. Les bureaux du dit-client se trouvent en fait dans l’enceinte de la boulangerie plutôt que la minoterie (qui se trouve à plusieurs kilomètres de là et surtout de longues heures de bouchons, je sais parce que par erreur nous avons d’abord été à la minoterie…). A la boulangerie, quand j’y suis finalement arrivé, dans le périmètre de l’usine (qui est gigantesque) il y a un espèce de marché permanent avec des centaines voire des milliers de personnes occupant tous les espaces vides qui vendent ou achètent du pain dans des bacs, des sacs ou simplement à la main. Régulièrement des camions de toutes tailles se frayent un chemin à travers la foule pour aller charger des quantités plus importantes de pains. Tout cela dans un espace qui était tout sauf propre car de temps en temps des pains tombent à terre, se font piétiner et absorbent l’eau de la dernière pluie pour créer une sorte de magma que personne ne semble vouloir nettoyer. Mais ce spectacle n’était rien comparé à ce qui m’attendait pour ma réunion avec le responsable des achats qui m’a invité à le suivre vers son “bureau”. Le responsable des achats, tout comme le reste de l’équipe de management de la société est membre de la communauté libanaise installée de longue date en RDC et donc probablement un petit peu influencé par la culture locale. Pour arriver au “bureau” de mon interlocuteur il fut nécessaire d’enjamber des caniveaux, se faufiler entre des carcasses de conteneurs et de camions en état de démantèlement plus ou moins avancés, marcher entre des flaques d’huile de vidange et autre vestiges d’intervention mécaniques diverses en passant à côté d’un nombre impressionnant de personnes (membre du personnel ou visiteurs?) l’un assis sur un carton au pied d’un mur, l’autre installé sur la carcasse d’une moto sans roues, bref un peu l’image de la rue des miracles. Nous sommes finalement arrivés dans le “bureau”, un local dont la porte ne ferme plus tout à fait qui nécessite de passer au-dessus de ce qui devrait être un poste à souder avec une multitude de câbles à moité dénudés. Le “bureau” était occupé par 4 ou 5 tables dont émergeait ici et là l’écran d’un ordinateur entre les piles de papiers, de cartons éventrés et d’autres objets dont la présence dans un bureau était difficile à expliquer. On m’a proposé une chaise pour prendre place, mais avant de pouvoir m’y installer elle s’est affaissée et pour finir j’ai pris place dans un des fauteuils de bureau qui se balançait dangereusement mais qui a tenu bon durant les 5 minutes où je suis resté assis. L’équipe responsable des achats de matières premières pour le groupe m’a brièvement expliqué qu’il souhaitaient acheter de l’huile de palme et que pour cela ils pourraient nous fournir des récipients, de vieux cubitainers de 1.000 litres qui ont manifestement déjà servi à contenir une grande variété de produits et dont il est difficile de définir la couleur d’origine. Ils m’ont toutefois rassuré en disant que comme l’huile ne servirait “officiellement” que pour la production d’aliments pour animaux, il n’était pas nécessaire de se tracasser de trop sur la qualité du contenant… je ne suis pas certain que mon chien apprécierait d’avoir des restes d’huile de vidange dans ses croquettes! L’entrevue n’a pas duré très longtemps et pour repartir ils m’ont simplement suggéré de suivre le même itinéraire que celui par lequel nous étions arrivé en recommandant de faire attention où je mettais les pieds. ( 😉 ) En retournant au bureau, au milieu du délabrement dans lequel sont les rues et bâtiments de Kinshasa nous sommes tout à coup passés à côté d’un complexe dans les murs d’enceinte et surtout les bas-côtés bordant la rue étaient immaculés, avec des petites frises sur les murs, pas un point ou la peinture s’écaille, une pelouse digne des meilleurs gazons anglais le long du trottoir, bref un miracle. Outre les fortunes qui ont sans doute été investies dans la réalisation de ce travail, c’est surtout le fait que cela ait été réalisé et maintenu dans une ville comme Kinshasa qui m’a réellement surpris. Quand nous sommes finalement passés devant un énorme portail en fer forgé, une plaque informait le visiteur qu’il s’agissait non pas de l’ambassade des Etats-Unis mais de “L’Eglise du dernier jour du Christ” avec en effet un imposant édifice religieux tout blanc visible dans la distance d’un parc lui aussi manucuré. Comme quoi, tout est possible au Congo! Ici à Mapangu il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un tel niveau de perfection, mais probablement que les moyens mis en œuvre ne sont pas comparables et contrairement aux églises qui généralement demandent une contribution mensuelle de 10% du salaire à tous leurs membres, nous sommes la source de revenus de tous nos visiteurs, même ceux qui ne travaillent pas pour nous… Comme d’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi, donc n’hésitez pas à nous écrire. Bien à vous, Marc & Marie-Claude
After almost two months of absence from Mapangu, we are back home where we found our hairy guys in great shape, the house in good order (except for an invasion of cockroaches that appear in every corner) and a generally enthusiastic welcome from our colleagues. Of course, we passed through Kinshasa as a compulsory stopover and spent two days there in our oasis at the Hotel Elaïs. Even if we are not there very often, the hotel now knows our preferences and little habits and so we almost always have a small studio on the ground floor at the back of the park which is relatively quieter and above all very easy to access. In spite of the difficult economic situation of the country, the owner of Elaïs decided to build a new building with rooms and studios of great luxury, but in which they managed to maintain the character of the hotel. I once stayed in one of these new rooms, which are very modern and comfortable, but for some reason I would find it difficult to explain, we prefer the old studios where we usually stay, even if sometimes the shower doesn’t work as it should or the air conditioning is a bit cranky. During our few days in Kinshasa the various partners and authorities obviously did not fail to ask for meetings, one to try to obtain my leniency towards the union delegates who were fired 3 months ago, the other to present its products or others to simply try to make us pay for a “motivation” of one kind or another. I also went to visit a potential customer for our palm oil and it was, to say the least, edifying… The client in question owns a flour mill where, in addition to wheat flour, they also produce animal feed, one of the components of which is palm oil. The same company also owns one of the largest bakeries in Africa that industrially produces baguettes and bread loaves that can be found everywhere in Kinshasa and even in some neighbouring cities. The offices of the said customer are actually located in the bakery rather than the flour mill (which is several kilometres away and especially long hours of traffic jams, I know because by mistake we went to the flour mill first). At the bakery, when I finally got there, within the perimeter of the factory (which is gigantic) there is a sort of permanent market with hundreds or even thousands of people occupying all the empty spaces selling or buying bread in bins, bags or simply by hand. Regularly trucks of all sizes make their way through the crowd to load larger quantities of bread. All of this in a space that was anything but clean because every once in a while bread fall on the ground, gets trampled on and absorbs the water from the last rainfall to create a kind of magma that nobody seems to want to clean up. But this spectacle was nothing compared to what I was expecting for my meeting with the purchasing manager who invited me to follow him to his “office”. The purchasing manager, just like the rest of the company’s management team, is a member of the Lebanese community that has been living in the DRC for a long time and therefore probably a little bit influenced by the local culture. To get to my interlocutor’s “office” it was necessary to climb over gutters, to slip between the carcasses of containers and trucks in a more or less advanced state of dismantling, to walk between puddles of used oil and other remnants of various mechanical interventions while passing by an impressive number of people (staff members or visitors?) one sitting on a cardboard box at the foot of a wall, the other installed on the carcass of a motorcycle without wheels, in short a little bit the image of the slums in the middle ages. We finally arrived in the “office”, a room with a door that doesn’t quite close anymore, which required to step over what should be a welding machine with a multitude of half stripped cables. The “office” was occupied by 4 or 5 tables from which emerged here and there the screen of a computer between piles of paper, torn cardboard and other objects whose presence in an office was difficult to explain. I was offered a chair to sit, but before I could make use of it, it collapsed and I finally sat down in one of the office chairs that swayed dangerously but held on for the 5 minutes I sat there. The team in charge of purchasing raw materials for the group briefly explained to me that they wanted to buy palm oil and that to do so they could provide us with containers, old 1,000-litre cubitainers that had obviously been used to hold a wide variety of products in the past and of which it would be difficult to establish the original colour. However, they reassured me that since the oil would only be used “officially” for the production of animal feed, there was no need to worry too much about the quality of the container… I’m not sure my dog would appreciate having leftover engine oil in his food! The interview did not last very long and to leave, they simply suggested that I follow the same route as the one we had arrived by recommending to be careful where I put my feet. ( 😉 ) On our way back to the office (by car), in the midst of the dilapidated streets and buildings of Kinshasa we suddenly passed a complex with the perimeter walls and especially the sides of the street which were immaculate, with small designs on the walls, not a spot where the paint was peeling, a lawn worthy of the best English lawns along the pavement, in short a miracle. Apart from the fortunes that were undoubtedly invested in this work, it was above all the fact that it was done and maintained in a city like Kinshasa that really surprised me. When we finally passed in front of a huge wrought iron gate, a plaque informed the visitor that it was not the US Embassy but “L’Eglise du dernier jour du Christ” (Church of the Last Day of Christ) with an imposing white religious building visible in the distance of a manicured park. Everything is possible in the Congo! Here in Mapangu there is still a long way to go before reaching such a level of perfection, but probably the means used are not comparable, and unlike the churches which generally ask a monthly contribution of 10% of the salary from all their members, we are the source of income for all our visitors, even those who do not work for us… As usual we hope to hear from you too, so do not hesitate to write to us. Kind regards, Marc & Marie-Claude
Eh oui, plus que 6 fois dormir avant de prendre l’avion pour les vacances, mais cela veut aussi dire 6 jours particulièrement intenses car il faut passer la main à mon intérimaire qui n’est arrivé ici qu’il y a une semaine et doit donc découvrir encore beaucoup de choses. Même si à Brabanta il a le titre de directeur financier c’est en fait un habitué de la maison (Socfin) où il a déjà exercé le rôle de directeur général et il connaît donc les trucs et ficelles du métier. Nous venons d’ailleurs de passer quelques heures ensemble pour passer en revue les différents aspects de la plantation, des dossiers à suivre, des problèmes à tenir à l’œil, etc. et c’est fort agréable de faire cela avec quelqu’un qui sait quelles sont les questions à poser et surtout qui semble partager ma vision des choses à de nombreux points de vue. Nous avons décidé de faire cela ce dimanche, calmement à la maison, car au bureau il est quasi impossible d’avoir le temps de discuter des choses calmement et posément avec toutes les demandes qui fusent de tous les côtés. Il faut dire que l’approche de la fin de l’année est une période fébrile pour tous, en interne il y a tous les rapports de fin d’année à préparer et dans ce domaine les autorités congolaises semble exceller dans la quantité d’informations qui doivent être communiquées allant des chiffres de production et comptes en général aux statistiques médicales, informations demandées par les le ministère du travail ou encore les données concernant écoles et autres institutions publiques présentes dans la concession. La plus grande partie de ces informations ne sont pas encore informatisées, ce qui fait par exemple que toutes les déclarations des employés qui sont passés par la Brabanta doivent être déclarés en remplissant un formulaire spécial qui est vendu par le ministère responsable et qui ne tolère aucune rature ou correction. Ainsi l’année dernière nous avons du acheter et compléter près de 4.500 formulaires qui nous ont pris pas loin de deux semaines à compléter avec une équipe de 5 personnes. Nous devons évidemment payer des pénalités si une partie des formulaires est envoyée en retard et ce qu’il advient des ses même formulaires une fois qu’ils ont été reçus par les autorités compétentes est un total mystère, mais à mon avis ils sont “soigneusement” classés et pourront un jour être consultés si les souris, rats ou simplement l’humidité ne les aura pas consommé avant. Certains services de l’état ont des représentants provinciaux ou territoriaux et ceux-ci espèrent aussi leur part du gâteau, ainsi même si la loi prévoit que les rapports doivent être envoyés aux instances nationales, les agents locaux viennent réclamer leur copie sous peines de toutes sortes de pénalités qui sont parfois basées sur des codes datant de l’époque coloniale. Il faut dire que les fêtes de fin d’année sont très importantes ici et il est donc logique que toutes les autorités fassent un baroud d’honneur en cette fin d’année pour essayer de grappiller quelque chose, de manière légitime ou un peu moins. Le gouvernement a annoncé que tous les contrôles fiscaux étaient suspendus jusqu’à nouvel ordre, sauf en cas de dénonciation de fraude. Ainsi comme par hasard nous recevons des avis de contrôle sur base de dénonciation, mais ne demandez pas d’où viennent ces dénonciations car c’est évidemment secret. Bien entendu en cette approche de période festive, les autorités sont ouvertes à des négociations qui permettent aux sociétés d’éviter les lourdes amendes potentielles, jusqu’à l’année prochaine. A lire ces lignes vous pensez peut-être que nous sommes en pleins préparatifs pour les fêtes, ce qui n’est pas le cas car même si nous devons prendre les devants, nous aurons encore un avion qui viendra en plantation avant la Noël et qui pourra apporter les petits extras pour les agents (expatriés) qui resteront ici pendant les fêtes. Les autorités (locales) savent, elles, que pour obtenir quelque chose elles doivent s’y prendre à temps car le DG est en partance. En l’absence du DG il est beaucoup plus facile à l’équipe en charge de Brabanta de prétendre devoir attendre le retour du patron avant de pouvoir prendre une décision, donc les jours sont comptés. Je ne compte plus le nombre de personnes qui ont annoncé leur visite dans les prochains jours et si le motif de ces demandes de rendez-vous n’est pas nécessairement précisé, il est certain que toutes comporteront une demande de contribution financière d’une forme ou d’une autre. Voilà donc le menu des quelques jours à venir, des remises-reprises, des demandes d’aides et plus que quelques consignes à donner pour les bons soins de nos poilues et des semis de Jacaranda de Marie-Claude. A très bientôt vous lire ou vous voir, Marc & Marie-Claude
Yes, no more than 6 times sleeping before flying for the holidays, but it also means 6 particularly intense days because of the need to hand over the responsibilities to my temporary replacement, who only arrived here a week ago and must therefore discover many more things about Brabanta. Even if here at Brabanta he has the title of financial director, he is in fact an old hand in the group (Socfin), where he has already held the role of general manager and therefore knows the tricks and tarps of the trade. We have just spent a few hours together to review the different aspects of the plantation, the issues that will require particular attention, the problems to keep an eye on, etc. and it is very pleasant to do this with someone who knows which questions to ask and who seems to share my vision in many ways. We decided to do this on Sunday, calmly at home, because in the office it is almost impossible to have time to discuss things quietly and undisturbed with all the requests coming from all sides. It must be said that the approach of the end of the year is a feverish period for all, internally there are all the year-end reports to be prepared and in this area the Congolese authorities seem to excel in the amount of information that must be communicated, ranging from production figures and accounts in general to medical statistics, information requested by the Ministry of Labour or data concerning schools and other public institutions present in the concession. Most of this information is not yet computerized, which means, for example, that all declarations of employees who have passed through Brabanta must be reported by completing a special form (that is to be purchased from the relevant ministry and on which it is not tolerated to make any erasures or corrections (you need to use/buy a new form). So last year we had to buy and complete nearly 4,500 forms that took us almost two weeks to complete with a team of 5 people. We obviously have to pay penalties if some of the forms are sent late and what happens to the same forms once they have been received by the competent authorities is a total mystery, but in my opinion they are “carefully” filed and will one day be available for consultation if the mice, rats or simply humidity has not consumed them before. Some state departments have provincial or territorial representatives and they also expect their share of the cake, so even though the law requires reports to be sent to national authorities only, local agents come to request copies under threat of all kinds of penalties that are sometimes based on codes dating from colonial times. It must be said that the end-of-year celebrations are very important here and it is therefore logical that all the authorities should make an honorary round at the end of the year to try to grab something, legitimately or a little less so. The government has announced that all tax audits are suspended until further notice, except in the event of a report of fraud. Thus, as if by chance, we receive control notices on the basis of denunciation, but do not ask where these denunciations come from, because it is obviously secret. Of course, in this approaching festive period, the authorities are open to “negotiations” that allow companies to avoid potential heavy official fines until next year. Reading these lines you may think that we are in the middle of preparing for the festive season and decorating our Christmas tree, which is not the case because even if we have to make allowance for the delay in getting things delivered here, we still have a plane that will come to the plantation before Christmas and that can bring the little extras for the agents (expatriates) who will stay here during the holidays. The (local) authorities know that in order to get something they have to do it in time because the GM is leaving. In the absence of the GM it is much easier for the team in charge of Brabanta to pretend to have to wait for the boss’s return before being able to take a decision, especially when money is concerned, so the days are numbered. I no longer count the number of people who have announced their visit in the coming days and if the reason for these appointment requests is not necessarily specified, it is certain that all will involve a request for a financial contribution of some kind. So here is the menu for the next few days, handing over, requests for help and more than just a few instructions to give for the proper care of our hairy friends and Marie-Claude’s Jacaranda seedlings. We look forward to hearing from you or seeing you soon, Marc & Marie-Claude
Dire que les dernières semaines voir les derniers mois ont été faciles et pleins de satisfaction serait une légère exagération, mais malgré les aléas de notre vie de brousse congolaise il y a quand même des moments de pur bonheur. Un de ces moments nous est arrivé cette semaine grâce à quelques plumes et une petite pelote trouvée sur la terrasse de la Cathédrale. En fait je raconte les choses dans le désordre, mais c’est pour essayer de donner un peu de suspens à notre histoire, car à notre grande joie et surprise Marie-Claude a vu à deux reprises notre Hedwige (la chouette que Marie-Claude avait sauvée il y a quelques semaines) s’envoler d’un perchoir qu’elle s’est choisie sur une des poutres de la toiture de notre terrasse. Quelle joie de voir les efforts faits pour la survie de cette petite bête couronnés de succès!!! Pour en arriver là, il a fallu: d’abord la récupérer en état de choc et à moitié déshydratée sur le bord de la route à Kinshasa, convaincre un vétérinaire de remplir un formulaire lui permettant de prendre le petit coucou qui fait la liaison Kinshasa-Mapangu (et suivre une initiation rapide au maniement d’un rapace…) pour ensuite la ramener en “mission humanitaire” à la maison. Là, nous l’avons sortie de son carton pour constater qu’elle était déjà capable de voler (“tic”) et avons commencé (Marie-Claude surtout) à lui administrer à l’aide d’une seringue des rasades d’huile, d’eau et avec une longue pince, des viandes diverses pour lui rendre des forces. Ce, plusieurs fois par jour, il fallait l’attraper d’abord et cela devenait de plus en plus sportif ;). Tout cela pour enfin la laisser s’envoler dans la nuit en espérant qu’elle arriverait seule à trouver nourriture et eau nécessaire à sa survie et surtout qu’elle ne se fasse pas à nouveau attraper ou zigouiller. Non seulement nous avons maintenant la confirmation qu’elle va bien et qu’elle trouve de quoi se nourrir, mais comble de bonheur elle a choisi de revenir s’installer à la Cathédrale. Dans le coin où Marie-Claude l’a repérée les deux premières fois il y a une petite ouverture qui donne accès au grenier, fermée avec un morceau de grillage pour empêcher les chauves-souris de s’y installer trop facilement. Les chauves-souris sont elles aussi des créatures que nous aimons bien, mais leurs déjections ont tendance à devenir très nauséabondes lorsqu’elles s’accumulent dans le grenier, sans mentionner leur chahut car elles sont fort vocales! En fait, il y avait un grillage, car il semblerait que Hedwige ait trouvé le moyen de le faire descendre et avoir dès lors accès à un endroit où elle ne sera pas dérangée par nos petites visites inquisitives. C’est peut-être pure coïncidence, mais depuis que notre chouette est revenue s’installer dans le grenier de la Cathédrale nous entendons beaucoup moins de passages de souris ou de rats… sans doute psychologique, mais c’est une idée qui nous plaît beaucoup. Mis à part notre volatile “humanitaire”, les autres créatures de la maison vont bien. Makala sort juste ce qu’il faut pour signaler à tous et toutes que c’est elle la réelle garde de la maison, enfin dans la mesure ou Griezeltchoum ne lui fait pas courber l’échine avec un petit coup de patte sur la truffe. Et puis nous avons Prosper, un combattant bleu qui hante le pot dans lequel nous gardons une jacinthe d’eau et où il a la charge de dévorer les larves de moustiques qui auraient la mauvaise idée de vouloir s’y développer. Nous avons à nouveau un Théo à la Cathédrale, non il ne s’agit pas d’un perroquet, même si nous aurions aimé revoir ou entendre notre Théo pour savoir si il (ou elle) va bien, mais qui doit probablement profiter de sa liberté dans la forêt avec ses congénères. Le nouveau Théo est en fait mon chauffeur qui est venu habiter à la Cathédrale (dans une petite maison derrière chez nous) et qui m’accompagne tous les jours dans tous mes déplacements en conduisant parfois, chose qu’il fait très bien. Les raisons d’avoir un chauffeur sont multiples, d’abord pour des raisons de sécurité car depuis un certain temps il y a des rumeurs de grogne contre le DG et mes collègues (congolais) ont estimé que outre le fait qu’un DG devait nécessairement avoir un chauffeur comme ses prédécesseurs, il était surtout préférable que je ne sois pas seul dans ma voiture pour qu’on ne puisse pas m’accuser à tort d’avoir heurté ou autrement dérangé quelqu’un sur la la route. “Présentement”, donc, je circule comme un Pacha avec Théo qui est un des rares chauffeurs d’ici ayant voyagé dans plusieurs pays voisins du Congo et qui a donc pas mal de choses à raconter. Ensuite, comme pour le moment j’ai la jambe qui tire un petit peu, cela m’arrange de pouvoir me faire conduire de temps en temps. De plus pour le moment je me déplace avec un canne, donc vous imaginez l’image du DG qui arrive dans son carrosse pour en descendre avec son bâton de Maréchal… Bon bon ne nous emportons pas, même si certains travailleurs me disent que maintenant je ressemble à un vrai DG, et avant j’étais quoi alors ? Malgré toutes ces bonnes choses nous ne manquons pas d’avoir notre quotidien de tracasseries, mais le gros de la troupe est passé et les choses sont infiniment plus relaxantes qu’elles ne l’étaient il y a quelques semaines. Il y a aussi des changements importants dans l’organisation de notre équipe, je ne parle pas des dix délégués syndicaux qui sont en procédure de licenciement (qui s’ajoute quand même à la réputation que l’on me donne de virer tout le monde…) mais de notre nouveau directeur financier, un monsieur bruxellois avec une solide expérience africaine qui va certainement changer beaucoup de choses (pour un mieux j’espère) à en juger par les actions entreprises après moins de 24 heures en plantation. C’est lui qui s’occupera de faire mon intérim pendant nos prochains congés et j’ai l’impression que les choses devraient tourner rond sans trop me tracasser, mais bon il faut peut-être se donner un peu plus que 24 heures avant d’émettre un tel avis. Voila pour les “petites” nouvelles de cette semaine, en espérant comme toujours recevoir vos petites nouvelles à vous. A bientôt, Marc & Marie-Claude
To say that the last few weeks or months have been easy and full of satisfaction would be a slight exaggeration, but despite the vagaries of our life in the Congolese bush there are still moments of pure happiness. One of these moments happened to us this week thanks to a few feathers and a small ball found on the terrace of the Cathedral. In fact I tell things in a disorderly way, but it’s to try to give a little suspense to our story, because to our great joy and surprise Marie-Claude saw our Hedwig (the owl) fly away twice from a perch she chose on one of the beams of the roof of our terrace. What a joy to see that the efforts made for the survival of this little beast crowned with success! To get there, it was necessary: first to recover her in a state of shock and half dehydrated on the side of the road in Kinshasa, convince a veterinarian to fill out a form allowing her to take the small plane that ensures the Kinshasa-Mapangu connection (and follow a quick introduction on how to handle such a bird of prey…) and then take her home on a “humanitarian mission”. Here, we took her (we have assumed it is a she) out of her cardboard box to see that she was already able to fly (“tic”) and began (especially Marie-Claude) to administer to her with a syringe, portions of oil, water and with long pliers, various meats to give her strength. This, several times a day, requiring first to catch her (by ten sshe was roaming the house freely) and it was getting more and more sporty. All this to finally let her fly away in the night hoping that she would be able to find the food and water she needs to survive on her own and above all that she would not be caught or killed again. Not only do we now have confirmation that she is doing well and finding food, but she has chosen to return to the Cathedral. In the area where Marie-Claude spotted her the first two times, there is a small opening that gives access to the attic, closed with a piece of wire mesh to prevent bats from settling in too easily. Bats are also creatures we like, but their droppings tend to become very smelly when they accumulate in the attic, not to mention their heckling because they are very vocal! In fact, there was a wire mesh, because it seems that Hedwige has found a way to get it out of the way and then have access to a place where she won’t be disturbed by our little inquisitive visits. It may be a pure coincidence, but since our owl has settled in the attic of the Cathedral we hear far fewer mouse or rat passages… probably psychological, but it’s an idea we really like. Apart from our “humanitarian” bird, the other creatures in the house are fine. Makala just goes out just enough to signal to everyone that she is the real guard of the house, at last insofar as Griezeltchoum (the new name of our cat after some video exchanges with our grand-daughter Lynn) does not make her retreat with the threat of a paw on her nose. And then we have Prosper, a blue fighter fish who haunts the pot on the terrace in which we keep a water hyacinth and where he is in charge of devouring the mosquitoe larvaes that would have the bad idea to want to grow there. We have a Theo again at the Cathedral, no it is not a parrot, although we would have liked to see or hear our Theo again to see if he (or she) is doing well, but it is probably enjoying his freedom in the forest with his fellow creatures. The new Theo is actually my driver who came to live at the Cathedral (in a small house behind us) and who accompanies me every day in all my travels and sometimes even drives himself, which he does very well. The reasons for having a driver are multiple, first for security reasons because for some time now there have been rumours of grumbling against the GM and my (Congolese) colleagues have insisted that in addition to the fact that a GM must necessarily have a driver like his predecessors, it was preferable that I would not be alone in my car so as to avoid being wrongly accused of having hit or otherwise disturbed someone on the road. “Currently”, therefore, I am being driven around like a Pasha with Theo who is one of the few drivers here who has travelled to several neighbouring countries of Congo and who therefore has a lot more to tell than the average person from Mapangu. Then, as for the moment my leg is pulling a little bit, it suits me to be able to be driven from time to time. Moreover at the moment I have chosen to go around with a walking stick, so you can imagine the image of the GM who arrives in his carriage and steps out with his chief’s staff…. Well, let’s not get carried away, even if some workers tell me that now I look like a real GM, and I just wonder what I was supposed to be before that? Despite all these good things we do not fail to have our daily worries, but the bulk of the difficulties seem to have passed and things are infinitely more relaxing than they were a few weeks ago. There are also important changes in the organisation of our team, I am not talking about the ten trade union delegates who are in the process of dismissal (which is still in addition to the reputation I am given to fire everyone…) but about our new CFO, a colleague who just arrived from Brussels with a solid African experience and who will certainly change many things (for the better I hope) judging by the actions undertaken after less than 24 hours in the plantation. He will be in charge of replacing me during our next holidays and I have the impression that things should go smoothly without having to worry too much, but maybe we need to give ourselves a little more than 24 hours before issuing such an opinion. So much for this week’s “brief” news, hoping as always to receive your own news. Hear from you soon, Marc & Marie-Claude