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Sorcellerie – Sorcery

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Nous avons tous le souvenir d’histoires avec des sorcières et/ou sorciers aux grands chapeaux et nez crochus qui préparent des potions magiques dans de grands chaudrons avec de la bave de crapaud, des racines de mandragore et d’autres ingrédients extraordinaires. Dans notre histoire nombre de ces sorciers terminent sur des bûchers car ils sont considérés comme maléfiques et que seul le feu peut venir à bout de telles créatures.
Ici dans le Kasaï (comme dans beaucoup d’autres contrées africaines) la sorcellerie est encore une réalité de tous les jours, les gens (même éduqués) croient fermement dans les pouvoirs magiques de certaines personnes, que certains œufs (premier œuf, tout petit, d’une poule) sont pondus par des coqs et ont donc un pouvoir magique et que l’usage des grigris peuvent avoir un effet dramatique sur la vie des hommes, animaux et plantes qui nous entourent. Les sorciers et/ou sorcières d’ici prennent toutes les formes allant du petit enfant qui sait à peine marcher jusqu’aux animaux comme les hiboux ou les caméléons et sont présumés avoir un pouvoir de vie et de mort sur ceux et celles qui les entourent. Tout comme dans les pays occidentaux au temps de nos ancêtres, il n’est pas bon d’être soupçonné de sorcellerie ici car généralement ces personnes n’ont d’autre choix que de fuir ou d’espérer la protection des autorités pour ne pas périr massacrés à coups de pierres, bâtons et/ou machettes.
Nous entendons malheureusement régulièrement des nouvelles de personnes qui ont été retrouvées mortes parce que soupçonnées d’actes magiques malveillants. Il y a quelque temps nous avons trouvé le cadavre d’un jeune homme émacié dans la plantation et après enquête il est apparu que ce garçon avait été tué par des villageois à la demande de la mère de celui-ci car elle le soupçonnait d’être à l’origine maléfique de ses problèmes de santé. Soupçons qui auraient été prouvés par la réaction agressive du garçon lorsque sa mère l’aurait confronté avec ses conclusions. Il va sans dire que la mère et les villageois n’ont pas été réellement inquiétés par la justice car les autorités auraient confirmé le caractère maléfique de la victime.
Un autre exemple est celui d’un couple de personnes âgées qui ont été tués et ensuite brûlés dans leur maison suite au décès suspicieux d’une jeune femme dans une maison voisine. Les proches de la jeune femme ont considéré que la seule explication pour cette mort ne pouvait être que magique et l’indifférence du couple de vieux démontrait leur rôle maléfique dans ce drame. Avant même que la jeune fille ne soit enterrée les deux personnes l’avaient rejointe dans l’au-delà dans des conditions plutôt dramatiques et, ici aussi, ni police ni justice n’ont vraiment trouvé à redire sur les actions de la population locale.
Un troisième exemple plus récent, qui heureusement ne s’est pas terminé de manière aussi dramatique, concerne l’un de nos travailleurs qui nous a appelé à l’aide car il était poursuivi par des villageois pour la mort (par sorcellerie) d’une personne. La personne décédée était partie en forêt pour couper du bois et l’arbre qu’il était en train de couper lui est tombé dessus avec conséquences mortelles. Il est évident que si l’arbre est tombé du mauvais côté c’est forcément parce que quelqu’un a provoqué cela et dans ce cas-ci c’est notre travailleur qui s’est retrouvé accusé. Heureusement ces moments de folies passent assez vite et notre travailleur peut à nouveau se promener au village sans craintes.
Dans un autre registre, ici il est coutumier de faire des sacrifices lors de cérémonies de consécration afin d’assurer le succès ou le bon fonctionnement de l’objet de la consécration. Le type de sacrifice dépend de l’importance de l’objet et sera généralement fait avec un coq ou un bouc. Dernièrement, nous souhaitions réaliser un forage pour alimenter notre hôpital avec de l’eau potable. Pour cela le responsable du forage a demandé au Chef Coutumier de faire une cérémonie traditionnelle afin d’assurer le succès du forage. Le médecin chef de l’hôpital a été invité à participer à la cérémonie mais a refusé car il avait peur (n’étant pas originaire de cette région) que le chef coutumier profite de cette occasion pour lui jeter un mauvais sort. Il m’a d’ailleurs certifié que quelqu’un devait vouloir lui jeter un sort car récemment il avait souffert d’une infection au pied qui ne pouvait s’expliquer que par de la magie…
Lorsque nous avions dû évacuer la plantation à cause des menaces des milices Kamuina Nsapu il y a deux ans, les notables de Mapangu m’avaient contacté à Kinshasa pour me demander de bien vouloir autoriser la sortie de caisse d’un montant assez significatif pour financer une cérémonie traditionnelle afin de protéger Mapangu et les installations de Brabanta. Quand j’ai demandé ce que cela comportait, on m’a affirmé que vu la gravité de la menace ils allaient effectuer un sacrifice humain, mais que l’argent ne servirait que pour la bière et les autres dépenses. Quand j’ai refusé, on m’a expliqué que cela n’avait rien d’inhabituel car pour la consécration de l’huilerie de Brabanta il y avait aussi eu un sacrifice humain et que la preuve de son efficacité était faite puisque l’huilerie produisait de l’huile de bonne qualité…
Il y a probablement beaucoup de choses que nous ne savons pas et que , peut-être, préférons continuer à ne pas savoir, mais pour nos collègues congolais, il n’y a pas de doutes, magie et sorcellerie sont bien réelles et efficaces.

Nous espérons bientôt lire vos expériences occultes.

Marc & Marie-Claude

We all remember stories with witches with big hats and crooked noses preparing magic potions in large cauldrons with toad slime, mandrake roots and other extraordinary ingredients. In our history many of these wizards end up being burned because they are considered evil and only fire can defeat such creatures.
Here in Kasai (as in many other African countries) witchcraft is still a daily reality, people (even educated) firmly believe in the magical powers of some people and that the use of grigris can have a dramatic effect on the lives of the men, animals and plants around us.. For example it is commonly accepted that some eggs (first (very small) egg of a hen) are laid by roosters and therefore have magical power. Wizards and/or witches here take all forms from the little child who barely knows how to walk to animals like owls or chameleons and are presumed to have a power of life and death over those around them. Just as in Western countries in the time of our ancestors, it is not good to be suspected of witchcraft here because generally the suspected people have no choice but to flee or hope for the protection of the authorities in order not to perish massacred with stones, sticks and/or machetes.
Unfortunately, we regularly hear about people who have been found dead because they were suspected of malicious magical acts. Some time ago we found the body of an emaciated young man in the plantation and after investigation it appeared that this boy had been killed by villagers at the request of his mother because she suspected him of being evil cause of her health problems. Suspicions that would have been proven by the boy’s aggressive reaction when his mother confronted him with her belief that he had magical powers. It goes without saying that the mother and the villagers were not really worried by the justice system because the authorities allegedly confirmed the evil nature of the victim.
Another example is that of an elderly couple who were killed and then burned in their homes following the suspicious death of a young woman in a neighbouring house. The young woman’s relatives considered that the only explanation for her death could only be magical and the indifference of the old couple demonstrated their evil role in this tragedy. Even before the girl was buried, the two people had joined her in the afterlife in rather dramatic conditions and, here too, neither the police nor the courts really found fault with the actions of the local population.
A third more recent example, which fortunately did not end so dramatically, concerns one of our workers who called us for help because he was being pursued by villagers for the death (by witchcraft) of a person. The deceased had gone into the forest to cut wood and the tree he was cutting fell on him with deadly consequences. It is obvious that if the tree fell on the wrong side it is necessarily because someone caused this and in this case it was our worker who was accused. Fortunately, these moments of madness pass quickly enough and our worker can walk around the village again without fear.
In another respect, it is customary here to make sacrifices during consecration ceremonies in order to ensure the success or proper functioning of the object of the consecration. The type of sacrifice depends on the importance of the object and will usually be made with a cock or goat. Recently, we wanted to drill a borehole to supply our hospital with drinking water. To this end, the person in charge of drilling asked the Customary Chief to hold a traditional ceremony to ensure the success of the drilling. The hospital’s chief medical officer was invited to attend the ceremony but refused because he was afraid (not being from this region) that the locals would use this opportunity to cast a curse on him. He also assured me that someone must want to cast a spell on him because recently he had suffered from a foot infection that could only be explained by magic…
When we had to evacuate the plantation because of threats from the Kamuina Nsapu militias two years ago, the Mapangu elders contacted me in Kinshasa to ask me for a significant amount of cash to finance a traditional ceremony to protect Mapangu and the Brabanta facilities. When I asked what it meant, I was told that given the seriousness of the threat, they would make a human sacrifice, but that the money would only be used for beer and other expenses. When I refused, it was explained to me that this was not unusual because for the consecration of the Brabanta oil mill there had also been a human sacrifice and that the proof of its effectiveness was made since the oil mill produced good quality oil…
There are probably a lot of things we don’t know and that, perhaps, we prefer not to know anymore, but for our Congolese colleagues, there are no doubts, magic and witchcraft are very real and effective.

We hope to read your occult experiences soon,

Marc & Marie-Claude


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Deforestation

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Quand on parle de d’huile de palme ou de palmiers à huile la question de déforestation est généralement un des sujets qui y est associé avec des images d’orang-outang en détresse et tout et tout. Même ici en Afrique on illustre parfois les messages décriant la déforestation avec celle de ces grands primates attachants alors que, pour ceux qui ne le sauraient pas, l’orang-outang est plutôt rare par ici. Cela ne veut toutefois pas dire que le problème de déforestation n’est pas à l’ordre du jour en Afrique et en particulier dans la province du Kasaï où se trouve implantée notre plantation de Brabanta.
La plantation où nous habitons a été établie par les frères Lever au début des années 1900 et il est plus que probable qu’à l’époque bon nombre d’arbres ou de parties de forêts on fait les frais de la mise en place d’une palmeraie industrielle, même si le palmier à huile est natif de la région. Mais à côté de cela nous sommes aussi à côté d’énormes étendues de “savane” (rien qu’à proximité de la plantation nous estimons qu’il y a plus de 9.000 hectares de zone herbeuse) avec seulement quelques arbustes éparpillés par ci par là, qui selon certains étaient précédemment des forêts qui ont disparu à la suite d’incendies volontaires provoqués par les villageois pour attraper le gibier, mais pas pour y planter quoi que ce soit et certainement pas de palmiers.
Selon les dires des personnes qui connaissent mieux le pays que nous, il y aurait actuellement en RDC pas loin de 100.000 hectares de palmeraies datant du début du siècle dernier qui sont abandonnées où au mieux les palmiers survivants sont utilisées pour la production de petites quantités d’huile artisanale. Avec un tel potentiel de réhabilitation, ce serait un non-sens économique de vouloir remplacer de la forêt avec des plantations compte tenu du coup de défrichement énorme nécessaire.
En revenant de Kinshasa dans notre petit avion, nous survolons à relativement basse altitude une contrée parsemée de petits villages isolés vivant manifestement encore exclusivement d’agriculture extensive pour leur seule consommation (maïs et manioc) avec exceptionnellement des bassins où il y a peut-être un peu de pisciculture ou de riziculture. Toutes ces cultures se font sur brûlis ce qui depuis notre petit avion montre des grandes plages de forêts noircies avec des squelettes d’arbres aux reflets blanchâtres qui jonchent le sol. Au rythme ou cela va, je ne serais pas surpris si le voyageur qui survolera cette contrée dans 4 ou 5 ans ne verra plus ou quasi plus de forêts, les superficies décimées en cette fin de saison sèche sont inquiétantes et sans perspective de changement car les villages concernés sont manifestement isolés et sans alternative.
Il en va de même autour de notre plantation où pas un jour ne passe sans que depuis notre point de vue de la Cathédrale au sommet de la colline nous ne puissions voire des volutes de fumées dans toutes les directions. L’orée de la forêt que nous pouvions voir depuis la Cathédrale lors de notre arrivée il y a un peu plus de 3 ans est maintenant difficile à distinguer sans prendre des jumelles, mais il faut espérer que c’est peut-être notre vue qui baisse et que la forêt est toujours présente…
Nous avons récemment fait faire une étude d’impact environnemental et social de la plantation dans le cadre de notre démarche pour l’obtention d’un certificat de durabilité. Des “experts” environnementaux sont venu sur place pour faire une étude de la faune et de la flore afin de déterminer dans quelle mesure la présence de la plantation pourrait affecter leur développement ou même survie. Nos spécialistes ne sont restés que quelques jours et ont effectué leurs visites selon l’horaire de Kinshasa, c’est à dire sur le terrain dès 9h du matin (s’il ne pleut pas) et de retour à la maison de passage au plus tard à 18h avec une pause de midi de deux heures. Cela leur à toutefois permis d’inventorier toute la faune et la flore présente dans et autour de la plantation et grâce à leur expertise ont pu voir des animaux qu’aucun de nous n’ont pu distinguer depuis toutes les années de présence à Brabanta. Rassurez-vous, ils n’ont pas vu d’orang-outang, mais l’inventaire des animaux observés comporte néanmoins des gorilles, éléphants, jaguars, antilopes et même des autruches. Je ne vais pas énumérer tous les genres d’animaux qui ont été inventoriés, mais sachez que la liste comporte pas moins de 30 mammifères, dont plusieurs espèces rares. Nos “experts” ne veulent pas perdre la face et reconnaître que certaines observations étaient le résultat d’un copié collé d’un autre rapport, à l’exception des autruches qu’ils ont accepté comme erreur, et notre rapport final comporte donc une liste d’animaux que beaucoup payeraient pour venir observer. Plutôt que de développer notre palmeraie nous devrions peut-être organiser des safaris…
En attendant nous nous battons pour essayer d’empêcher les gens de venir faire des feux dans les quelques îlots de verdure qui persistent dans notre concession et qui parfois, surtout quand ils sont allumés en début de soirée pour échapper à la vigilance de nos gardiens, débordent dans la plantation et endommagent les palmiers. Cette année nous n’avons heureusement “perdu” que 500 palmiers, mais ils ne sont pas vraiment perdus car les palmiers sont très résilients et finiront pas reprendre un aspect normal après environ une année.
Afin de combattre la déforestation, nous avons essayé encore une fois de mettre en place une pépinière de reboisement et espérons dans les prochains mois planter pas moins de 10.000 arbres de toutes sortes dans les zones qui doivent être protégées ou qui méritent d’être reboisées.

Nous espérons recevoir de vos nouvelles et vous souhaitons une excellente semaine de rentrée,

Marc & Marie-Claude

When we talk about palm oil or oil palms, the issue of deforestation is usually one of the subjects associated with it, with images of orangutans in distress and all that. Even here in Africa, messages decrying deforestation are sometimes illustrated with those of these great endearing primates, while for those who do not know, orangutans are rather rare here. However, this does not mean that the problem of deforestation is not on the agenda in Africa and in particular in Kasai province where our Brabanta plantation is located.
The plantation where we live was established by the Lever brothers in the early 1900s and it is more than likely that at that time many trees or parts of forests were being damaged by the establishment of an industrial palm grove, even if the oil palm tree was native to the region. But besides that we are also next to huge expanses of “savannah” (just near the plantation we estimate that there are more than 9,000 hectares of grassy area) with only a few shrubs scattered here and there, which according to some were previously forests that disappeared as a result of bush fires organised by the neighbouring villagers to catch game, but not to plant anything and certainly not palm trees.
According to people who know the country better than we do, there are currently in the DRC almost 100,000 hectares of palm groves dating from the beginning of the last century that are abandoned, or where at best the surviving palm trees are used for the production of small quantities of artisanal oil. With such a potential for rehabilitation, it would be an economic nonsense to want to replace forest with plantations given the huge clearing effort and costs involved.
Coming back from Kinshasa in our small plane, we flew at a relatively low altitude over an area dotted with small isolated villages that obviously still live exclusively on subsistance agriculture (based on maize and casava) with exceptionally ponds where there may be a little fish farming or rice growing. All these crops are grown on slash-and-burn, which from the vantage point of our small plane shows large areas of blackened soil with skeletons of trees with whitish reflections strewn all over the ground. At the rate at which it is going, I would not be surprised if the traveller who flies over this region in 4 or 5 years’ time will no longer see any forests, the areas decimated at the end of the dry season are worrying and without any prospect of change because the villages concerned are clearly isolated and without alternatives.
The same is true around our plantation where not a day passes without seeing, from the Cathedral at the top of the hill from volutes of smoke in all directions. The edge of the forest that we could see from the Cathedral when we arrived a little over 3 years ago is now difficult to distinguish without taking binoculars, but we must hope that it is perhaps our view that is declining and that the forest is still present….
We recently had an environmental and social impact study of the plantation carried out as part of our process to obtain a sustainability certificate. Environmental “experts” came to the site to study the fauna and flora in order to determine to what extent the presence of the plantation could affect their development or even survival. Our specialists stayed only a few days and organised their field visits according to Kinshasa’s schedule, i.e. on the ground from 9am (if it did not rain) and back to the guest house by 6pm at the latest with a two-hour lunch break. However, this allowed them to inventory all the fauna and flora present in and around the plantation and thanks to their expertise they were able to see animals that none of us have been able to see or even imagine since all the years of presence in Brabanta. Don’t worry, they haven’t seen an orangutan, but the inventory of animals observed includes gorillas, elephants, jaguars, antelopes and even ostriches. I will not list all the types of animals that have been inventoried, but the list includes no less than 30 mammals, including several rare species. Our “experts”, not wanting to lose face and acknowledge that some observations were the result of a copy and paste of another report, with the exception of ostriches, which they accepted as a mistake, and so our final report includes a list of animals that many would pay to come and observe. Rather than developing our palm grove we should perhaps organize safaris…
In the meantime, we are fighting to try to prevent people from making fires in the few islands of greenery that persist in our concession and that sometimes, especially when they are lit in the early evening to escape the vigilance of our guards, overflow into the plantation and damage the palm trees. This year we have fortunately “lost” only 500 palms, but they are not really lost because the palms are very resilient and will eventually regain a normal appearance after about a year.
In order to combat deforestation, we have once again tried to set up a reforestation nursery and hope in the coming months to plant no less than 10,000 trees of all kinds in areas that need protection or deserve to be reforested.

We look forward to hearing from you and wish you a great start to the new school year,

Marc & Marie-Claude

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Kinshasa

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Après presque trois mois passés en plantation, il était temps de faire une visite à Kinshasa pour rencontrer collègues, clients, fournisseurs, partenaires et autres personnes avec qui nous sommes en contact régulier par téléphone ou mail mais avec qui dans certains cas nous ne nous connaissons pas encore. Pour Marie-Claude aussi c’est une opportunité de sortir de sa cage dorée et pouvoir manger un bon repas sans l’avoir préparé ou programmé elle-même, visiter les magasins pour se rafraîchir la mémoire sur les produits qu’il y a moyen de  commander et surtout échapper pour quelques jours à la présence quasi permanente du personnel de maison, même si charmant et utile.

Nous sommes arrivés à Kinshasa ce vendredi, profitant de notre avion de fin de mois qui nous a permis d’embarquer à Mapangu plutôt que de faire d’abord trois heures de pirogue jusqu’à Ilebo. Nous étions nombreux à voyager dans l’avion car la famille de notre directeur financier (quatre enfants et nounou) devait repartir au Cameroun pour la rentrée scolaire, l’auditeur environnemental qui terminait une mission de deux semaines passée dans la plantation, un de nos divisionnaires devait se rendre à Kinshasa dans l’espoir d’obtenir un visa Shengen pour ses prochaines vacances, plus d’autres enfants de cadres Brabanta qui sont à l’école ici à Kinshasa et devaient repartir après les vacances passées en famille à Mapangu. En plus des passager il y a toujours une quantité non négligeable de bagages et autres colis que les uns et les autres envoient à leur famille à Kinshasa, mais heureusement cette fois pas de viande ou poisson « frais » qui ont tendance à parfumer la carlingue de l’avion et d’attirer des mouches. Ce genre de colis est en principe interdit, mais nos amis sont passés maîtres dans les techniques de dissimulation qui font que parfois ce n’est qu’une fois en l’air que la présence de ces charges odorisées se manifeste.

Nous avons certainement déjà raconté cela, mais on dit que la répétition ne nuit pas (certainement pas ici), il y n’y a qu’un seul opérateur aérien commercial (Kinavia) qui effectue des liaisons ou affrètements entre Kinshasa et Mapangu ou Ilebo avec des avions tchèques (Let 410), bimoteur de une capacité maximale de 18 passagers ou 1.500kg que nous utilisons généralement jusqu’au dernier gramme car le service n’est pas des plus abordables. Cette fois également l’avion était chargé au maximum et dans ces conditions il est nécessaire de rajouter du carburant lors de l’escale à Mapangu. Brabanta ayant la seule piste d’aviation fiable dans la région, Kinavia utilise aussi notre piste pour des vols qui n’ont rien à voir avec Brabanta, justement pour y faire le plein lorsqu’ils font par exemple la liaison de Kinshasa à Goma ou Bukavu dans l’est du pays. A côté de notre piste d’aviation nous avons donc un petit dépôt où Kinavia garde une réserve de kérosène qui nous est envoyé de temps en temps par barge. N’ayant pas d’électricité à la piste d’aviation (qui se trouve à une demi-heure de route de nos installations à Mapangu), le plein se fait à l’aide d’une petite pompe alimentée par une batterie qui est régulièrement rapatriée à Kinshasa pour être rechargée. Quand la batterie est déchargée la pompe est branchée sur la batterie d’une voiture ou alors dans les cas extrêmes le fût est déversé dans des bassines qui sont utilisées pour remplir les réservoirs de l’avion à la main. Les escales à Mapangu durent ainsi généralement entre 30 et 45 minutes, le temps de décharger et de recharger les marchandises, faire le plein et dégager les abords de l’avion. L’équipage de l’avion est presque toujours composé d’un pilote russe et d’un co-pilote et d’une hôtesse congolais. Eh oui, nous avons parfois même deux hôtesses dans notre petit coucou, sans pour autant que cela n’affecte la charge que nous sommes autorisés à mettre dans l’avion, encore un de ces mystères congolais. Le travail de l’hôtesse se limite à faire un (très) bref briefing de sécurité avant le décollage, de servir une bouteille d’eau en cours de vol et de fermer et ouvrir la porte au départ et à l’arrivée. A l’arrivée à Kinshasa, pour parcourir la centaine de mètres entre l’avion et le bâtiment un petit bus (qui doit dater du saint empire à juger de son état) attend au pied de l’avion. Malgré le fait que le vol soit interne au pays, à l’arrivée il y a toute une équipe d’officiels qui doivent enregistrer les passeports (ou cartes d’électeurs pour les locaux, car la majorité des congolais n’ont ni passeport ni carte d’identité), visas, carnets de vaccination, etc. Ces contrôles prennent assez bien de temps car non seulement ils sont multiples mais rien n’est informatisé et tout doit donc être recopié à la main sur des formulaires qui disparaissent certainement dans des montagnes de papiers pour être perdus à jamais. Heureusement, en qualité de cadres Brabanta nous avons un service de protocole qui se charge de faire toutes ces formalités (y compris la récupération des bagages éventuels) et hormis une salutation aux agents de l’immigration et de la santé nous passons directement à l’extérieur où un véhicule nous attend pour nous amener au bureau ou à l’hôtel.

Comme c’est devenu notre habitude, nous logeons au Cercle Elais, un oasis de verdure dans le centre de la ville situé tout près du bureau et proche des commerces ce qui nous convient parfaitement. Nous serons ici pendant une semaine, ce qui nous donne largement le temps de voir toutes les partenaires et faire une provision de quasi-civilisation pour les prochains mois, car nous n’avons plus de visites prévues pour le reste de l’année. A Kinshasa tout le monde est en attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, mais sans grands espoirs quant aux changements que cela pourrait apporter au pays. Sinon il fait frais et agréable, au point que la piscine de l’hôtel est beaucoup moins fréquentée qu’habituellement, mais peut-être est-ce parce que c’est encore les vacances scolaires…

Comme à l’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi. A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

After almost three months in the plantation, it was time to visit Kinshasa to meet colleagues, customers, suppliers, partners and other people with whom we are in regular contact by phone or email but with whom in some cases we do not yet know each other. For Marie-Claude too, it is an opportunity to get out of her golden cage and eat a good meal without having prepared or programmed it herself, to visit the stores to refresh her memory on the products that can be ordered and especially to escape for a few days from the almost permanent presence of the house staff, even if charming and useful.

We arrived in Kinshasa on Friday, taking advantage of our end-of-month flight that allowed us to board in Mapangu instead of first spending three hours in a dugout canoe to Ilebo. There were quite a few of us in the plane, our mill manager’s family (four children and nanny) had to go back to Cameroon for the start of the school year, the environmental auditor who was finishing a two-week mission in the plantation, one of our division heads had to go to Kinshasa in the hope of getting a Shengen visa for his next vacation, plus other Brabanta executive children who are at school here in Kinshasa and had to leave after the family vacation in Mapangu. In addition to the passengers there is always a significant amount of luggage and other packages that some send to their families in Kinshasa, but fortunately this time no “fresh” meat or fish that tend to scent the plane’s cabin and attract flies. This type of package is in principle prohibited, but our friends are masters in concealment techniques that sometimes make their presence known only once in the air and once the presence of these odorized charges becomes apparent it is too late to do something about it.

We have certainly already written about this in previous posts, but it is said that repetition does not harm (certainly not here), there is only one commercial air operator (Kinavia) that operates routes or charters between Kinshasa and Mapangu or Ilebo. This companies flies with Czech made aircrafts (Let 410), twin-engine airplane with a maximum capacity of 18 passengers or 1,500 kg that we generally use until the last gram because the service is not the most affordable. This time too the aircraft was fully loaded and in these conditions it is necessary to add fuel during the stopover in Mapangu. Brabanta having the only reliable airfield in the region, Kinavia also uses our runway for flights that have nothing to do with Brabanta, mainly to refuel when they fly from Kinshasa to Goma or Bukavu in the east of the country. Next to our airfield we have a small depot where Kinavia keeps a supply of kerosene that is sent to us from time to time by barge. Since there is no electricity at the airfield (which is half an hour’s drive from our facilities in Mapangu), the tank is refuelled using a small pump powered by a battery that is regularly repatriated to Kinshasa for recharging. When the battery is discharged the pump is connected to the battery of a car or in extreme cases the drum is poured into basins that are used to fill the aircraft’s tanks by hand. The stops in Mapangu generally last between 30 and 45 minutes, the time it takes to unload and recharge the goods, refuel and clear the area around the plane. The aircraft’s crew is almost always composed of a Russian pilot and a Congolese co-pilot and hostess. Yes, we sometimes even have two hostesses in our little aircraft, without affecting the load we are allowed to put on the plane, another one of those Congolese mysteries. The hostess’ job is limited to providing a (very) brief safety anouncement before take-off, serving a bottle of water during the flight and closing and opening the door on departure and arrival. On arrival in Kinshasa, to travel a hundred meters between the plane and the building, a small bus (which must date from the Holy Empire to judge its condition) awaits at the foot of the plane. Despite the fact that the flight is internal to the country, on arrival there is a whole team of officials who must register passports (or voters’ cards for the locals, as the majority of Congolese have no passport or identity card), visas, vaccination cards, etc. These controls take quite a long time because not only are they multiple but nothing is computerized and everything must therefore be copied by hand on forms that certainly disappear into mountains of paper to be lost forever. Fortunately, as Brabanta executives we have a protocol agent who takes care of all these formalities (including the recovery of any luggage) and apart from a greeting to immigration and health officials we go directly outside where a vehicle is waiting to take us to the office or hotel.

As we have become accustomed to, we stay at the Elais Club, a green oasis in the city centre located very close to the office and close to the shops, which suits us perfectly. We will be here for a week, which gives us plenty of time to see all the partners and make a provision of quasi-civilization for the next few months, as we no longer have any visits planned for the rest of the year. In Kinshasa everyone is waiting for the appointment of a new government, but without much hope for the changes this could bring to the country. Otherwise it is cool and pleasant, to the point that the hotel’s swimming pool is much less frequented than usual, but perhaps it is because school holidays are not yet finished….

As usual we hope to read about your news as well.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Déchets – Rubbish

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Une des choses auxquelles on ne pense généralement pas quand on débarque au milieu de la brousse dans un endroit comme Mapangu est de savoir ce qui se passe avec les déchets. Ce n’est parce que nous produisons une bonne partie de notre nourriture localement (légumes en tout cas) que le problème des déchets domestiques ne se pose pas et quand on commence à regarder au niveau des opérations de la société la liste s’allonge rapidement.
Tout ce qui est “compostable” au sens large, comme les déchets organiques, papiers, cartons et autres restes végétaux se retrouvent soit dans une fosse ou des tas qui avec le temps deviennent du compost. Ainsi nous avons un (deux en fait) tas de compostage dans le potager et dans la plantation nous avons une grande fosse où tous les déchets compostables, qui sont rassemblés dans des poubelles marquées à cet effet, sont acheminés une fois par semaine par un véhicule de collection. Tous les déchets organiques de l’huilerie tels que rafles, fibres, boues et noix sont utilisés directement comme apport de matière organique dans la plantation ou dans les potagers.
Il y a aussi des “déchets” qui sont recyclés plus ou moins efficacement, ainsi les vieux pneus sont utilisés pour délimiter des zones de parking ou utilisés pour lutter contre l’érosion en les plaçant dans les ravines ou ils se remplissent de sable. Les pneus sont aussi “récupérés” par des gens de la cité de Mapangu pour en faire des semelles ou récupérer les armatures pour les utiliser comme fil de fer. Les sacs vides d’engrais sont utilisés eux aussi pour fabriquer des barrières anti-érosives en les remplissant de sable ou pour les transport de diverses choses comme par exemple les fruits des palmiers. Tous les vieux métaux allant de la cannette en aluminium au châssis de camion de plusieurs tonnes sont rassemblés dans ce que nous appelons le “parc à mitrailles” et envoyés vers Kinshasa pour être vendus à des marchands de métaux. Les bidons vides qui ont contenu des produits chimiques sont aussi réutilisés mais uniquement pour y mettre de l’eau ou des mélanges de produits utilisés pour les traitements en plantation, sinon ils sont consignés dans une zone de stockage (qui se remplit de plus en plus) pour éviter qu’ils ne soient utilisés pour de l’eau à usage domestique.
L’huile de vidange est elle aussi utilisée à toutes sortes de fins allant du traitement du bois (pour limiter ou freiner les dégâts provoqués par les termites), la lubrification de certains outils comme les tronçonneuses voire même réutilisée dans certains engins qui ont tendance à consommer beaucoup d’huile.
Et puis il y a tous les déchets qui ne sont ni compostables ni réutilisables comme les vieux filtres à huile et carburant, les plastiques, les vieilles batteries, les aiguilles et emballages médicaux, piles usagées, électriques et électroniques, vieux pots de peinture ou de bitume, etc. pour lesquels la seule option pour le moment est de les stocker. Nous avons ainsi un nombre croissant de conteneurs qui ne servent qu’à ça, stocker des déchets en attendant de trouver une solution pour les recycler ou les détruire de manière fiable, option qui pour le moment n’existe pas ici à Mapangu ou même dans le pays. Les choses vont plus loin car il y a aussi le problèmes des déchets liquides tels que les produits périmés de l’hôpital ou du département phyto, qui parfois sont incompatibles et ne peuvent donc pas être stockés à proximité l’un de l’autre, sans compter qu’après un certain temps les contenants commencent à montrer des signes de fatigue et qu’il faut donc s’assurer que toutes ces choses soient stockés sur ou dans des bacs de rétention en cas de fuites.
Pour les produits phyto périmés, nous avons régulièrement la visite d’inspecteurs du service de quarantaine qui viennent faire l’inventaire de nos magasins et qui proposent leurs “services professionnels” pour éliminer les produits ne pouvant plus être utilisés (contre paiement évidemment). Quand nous cherchons à savoir comment ces “spécialistes” proposent de détruire les dits produits chimiques, ils nous répondent candidement qu’ils vont soit les brûler soit les enfouir dans un trou ou faire les deux et sont fort surpris quand nous refusons cette approche qui pourrait soit créer des gaz toxiques soit polluer la nappe phréatique et que nous ne sommes donc pas disposés à les payer. La loi ne nous empêche pas de stocker les produits périmés pour des durées indéterminées, même si un moment donné se posera le problème de place disponible. Heureusement certains de cse produits ne sont pas inutilisables pour autant, ainsi nous avons des engrais dont la date de péremption est passée depuis plusieurs années, mais dont le seul problème éventuel est qu’ils ont formés des grumeaux sans pour autant être devenus toxiques ou dangereux à utiliser.
Le plus grand problème dans la plantation sont les plastiques qui sont manifestement venus bien plus vite que prévus et pour lesquels la population n’est pas “préparée”. Ainsi dans les villages il est coutumier de balayer les crasses vers les bordures de la parcelle où, quand il s’agit de déchets organiques, ceux-ci finissent par se décomposer et même enrichir le sol et la croissance des plantes qui y poussent. Mais cette tradition persiste avec les plastiques, sachets, morceaux de récipients cassés et emballages plastifiés divers qui s’accumulent petit à petit en bordure des routes et villages sans disparaître. Au mieux ces plastiques sont entraînés par des grosses pluies un peu plus loin et finissent par rester accrochés dans des cuvettes ou autres zones d’accumulation, le plus souvent dans la plantation ou dans le bas des ravines. Au centre de la cité de Mapangu où se concentrent toutes petites boutiques qui vendent des articles venant principalement de Chine et toujours emballés dans des plastiques, la rue s’est petit à petit transformée en tapis de détritus (principalement non décomposables), que personne ne songerait à nettoyer, et qui se répand graduellement dans les zones avoisinantes. Les autorités n’y voient pas de problème car après tout c’est ce qui est fait partout, y compris à la maison…
Chez nous à la maison ne n’est que marginalement mieux car nous jetons tous nos déchets non-compostables dans un trou et y mettons de temps en temps le feu pour décourager les rats (ou le vent) de les éparpiller un peu partout, mais ce n’est pas une solution dont nous sommes fiers, même si pour le moment nous n’avons pas de meilleure alternative. Les suggestions sont évidemment les bienvenues.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Nos fraisiers poussent – Our strawberries are growing

One of the things you don’t usually think about when you land in the middle of the bush in a place like Mapangu is what happens with the waste. Just because we produce a good part of our food locally (vegetables at least) does not mean that the problem of domestic waste does not arise and when we start looking at the operations of the company the list quickly gets longer.
Anything that is “compostable” in the broadest sense, such as organic waste, paper, cardboard and other plant remains, is either accumulated in a pit or on a pile that over time will become compost. At home we have one (actually two) compost heaps in the vegetable garden and in the plantation we have a large pit, where all the compostable waste, which is collected in specially marked bins, is transported once a week by a collection vehicle. All organic waste from the oil mill such as empty fruit bunches, fibres, sludge and nuts are used directly as organic matter in the plantation or vegetable gardens.
There is also “non-compostable waste” that is recycled more or less efficiently. For example old tires are used to delimit parking areas or used to fight against erosion by placing them in gullies where they fill with sand. The tires are also “recovered” by people in the city of Mapangu to make shoe soles or to recover the reinforcements (usually by burning the tire) to use them as wires. Empty fertilizer bags are also used to make anti-erosion barriers by filling them with sand or to transport various items such as palm fruits. All old metals ranging from aluminium cans to multi-ton truck chassis are collected in what we call the “scrap yard” and sent to Kinshasa for sale to metal dealers. Empty containers that have held chemicals are also reused but only to put water or mixtures of products used for plantation treatments, otherwise they are consigned to a storage area (which is increasingly getting filled up) to prevent them from being used for domestic water.
Used oil is also used for all kinds of purposes, from treating wood (to limit or stop termite damage), to lubricating certain tools such as chainsaws and even reusing them in certain machines that tend to consume a lot of oil.
And then there is all the waste that is neither compostable nor reusable, such as old oil and fuel filters, plastics, old batteries, medical needles and packaging, used electric and electronic items, batteries, old paint or bitumen pots, etc., for which the only option at the moment is to store them. We have a growing number of containers that are only used for that purpose, to store waste until a solution is found to recycle or destroy these in a reliable way, an option that does not currently exist here in Mapangu or even in the country. Things go further because there is also the problem of liquid waste such as expired chemicals from the hospital or phyto department, which are sometimes incompatible and therefore cannot be stored close to each other, not to mention that after a while the containers start to show signs of fatigue and that it is therefore necessary to ensure that all these products are stored on or in retention tanks in case of leaks.
For outdated plant treatment products, we regularly have quarantine service inspectors who come to make an inventory of our stores and offer their “professional services” to eliminate products that can no longer be used (against payment, of course). When we ask how these “specialists” propose to destroy these chemicals, they answer us candidly that they will either burn them or bury them in a hole or do both. They are very surprised when we refuse this approach, which could either create toxic gases or pollute the groundwater, and that we are therefore not willing to pay for them. The law does not prevent us from storing expired products for an indefinite period of time, even if at some point there will be a problem of available space. Fortunately, some of these products are not unusable, so we have fertilizers whose expiry date has passed several years ago, but whose only possible problem is that they have formed lumps, but without having become toxic or dangerous to use.
The biggest problem in and around the plantation are plastics, which have obviously come much faster than expected and for which the population is not “prepared”. Thus in villages it is customary to sweep the dirt towards the edges of the plot where, when it comes to organic waste, it eventually decomposes and even enriches the soil and helps the growth of the plants that grow there. But this tradition persists with plastics, sachets, broken container parts and various plastic packaging that gradually accumulate along roads and villages without disappearing. At best, these plastics are carried away by heavy rains a little further away and end up hanging in depressions or other accumulation areas, most often in the plantation or at the bottom of the ravines. In the centre of the city of Mapangu, where a large number of small stalls selling a variety of products are located, items mainly from China and all coming in plastic wrappings, the street has gradually been transformed into a carpet of rubbish (mainly non-decomposable), which no one would think of cleaning up, and which is gradually spreading to the surrounding areas. When discussing about this issue with the local authorities, they do not understand what problem there is in leaving all the stuff on the ground, after all that is what everybody does at home too…
At our home things are only marginally better because we throw all our non-compostable waste in a hole and occasionally set it on fire to discourage rats (or wind) from scattering it everywhere, but this is not a solution we are proud of, even if for the moment we have no better alternative. Suggestions are of course welcome.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Rapaces – Birds of Prey

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Les rapaces les plus fréquents dans les environs de Mapangu sont les milans, on en trouve un peu partout dans la plantation où ces oiseaux se nourrissent probablement de petits rongeurs, eux, attirés par les fruits et noix de palme qui sont disponibles en grande quantité dans toute la région. Il y a d’autres sortes de rapaces aussi mais moins fréquents dont de petits faucons et une espèce d’aigle huppé parfois mêlé à un groupe de milans.
Il m’arrive régulièrement de déranger un milan posé sur le bord de la route qui parfois précède tout juste la voiture l’accompagnant en planant avant de finir par bifurquer et disparaître dans la palmeraie pour se percher ou poursuivre sa chasse.
Une autre sorte de rapaces tout aussi présente à Mapangu sont les agents de l’état qui essayent de faire payer la plantation pour toutes sortes de taxes, amendes, participations et collations diverses. Du fait que le pays est toujours sans gouvernement beaucoup si pas tous les services de l’état se retrouvent sans budget et doivent donc se débrouiller pour trouver des moyens de fonctionnement, alors quelle meilleure proie que la Brabanta qui doit forcément regorger de moyens financiers cachés.
Peu importe que nous soyons localisés au milieu du pays, nous (Mapangu) avons depuis peu été dotés de deux nouveaux services de l’état (payants), l’un étant le service de quarantaine animale et végétale (donc rien àvoir avec une éventuelle crainte de voir Ebola se propager dans le pays), et l’autre étant le service de contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers. Peu importe si à l’arrivée en RDC le visiteur doit présenter un visa et carnet de vaccination en ordre pour pouvoir entrer dans le pays, service du reste gratuit, ici à Mapangu il y a un agent de l’état chargé de vérifier ces documents contre paiement (évidemment).
La justification de ces services est assez vague. Au départ tout ce qui concerne les contrôles frontaliers était de la responsabilité de l’état, mais vu la taille du pays et le nombre incalculable de zones potentielles où les gens peuvent entrer et sortir de celui-ci, l’état a décidé de déléguer les responsabilités frontalières aux provinces. Évidemment certaines provinces n’ont pas de frontières avec des pays voisins et pour ne pas perdre l’opportunité de bénéficier de ressources potentielles liées aux taxes frontalières, rien de plus simple que de décréter qu’à partir de maintenant la frontière n’est plus nationale mais provinciale ouvrant ainsi la porte à une multitude de taxes potentielles telles que taxes d’importation et d’exportation, taxe de transport transfrontalier, taxe de contrôle sanitaire frontalier, taxe de quarantaine (même sur des engrais et produits phyto, puisqu’ils relèvent du ministère de l’agriculture) et évidemment (comme nous l’avons découvert la semaine passée) taxe sur le contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers.
Les prétentions des autorités locales ne se limitent bien évidemment pas aux aspects transfrontaliers, ce sont juste des petites opportunités supplémentaires pour arrondir les fins de mois. Ainsi nous payons évidemment des taxes de production, de chargement, de déchargement, de pollution, de contrôle de qualité, de certification de conformité, et la longue liste continue. Évidemment ce serait trop simple de limiter cela à la seule perception des taxes car celles-ci sont “officielles” et donc payées par voie bancaire sans opportunité pour les agents locaux de prendre leur dîme. Alors ils essayent de déceler des prétendues irrégularités telles un paiement qui aurait été perçu en retard ou dont le montant n’est pas tout à fait correct, etc. pour pouvoir réclamer des pénalités qui, selon les grilles nationales, peuvent aller jusqu’à 320% par mois de retard. Ainsi on nous réclame actuellement l’équivalent de 5 millions de dollars de soi-disant amendes, négociables bien entendu, avec à la clef le paiement d’une somme plus ou moins conséquente comme frais de “mission” pour l’agent responsable afin de fermer les yeux sur nos prétendues “fautes”.
Le seul réel avantage que nous avons par rapport aux sociétés basées dans des grandes villes est le fait que nous sommes fort isolés et qu’il est donc difficile d’arriver jusqu’à Mapangu sans être certain de pouvoir repartir avec quelque chose en poche. Nos concurrents, dont la direction est basée à Kinshasa, nous disent qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils soient harassés pour de prétendues irrégularités et où parfois on finit par payer quelque chose pour pouvoir faire du vrai travail plutôt que d’avoir un dialogue de sourds avec des rapaces de l’administration. Dans mon cas j’essaye de déléguer le plus possible ce genre de problèmes au secrétaire général, directeur financier ou directeur des relations publiques de la société et, peut-être le plus important, aller le moins souvent possible à Kinshasa.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

The most frequent birds of prey in the vicinity of Mapangu are kites, which are found just about everywhere in the plantation, where these birds probably feed on small rodents, attracted by the fruits and palm nuts that are available in large quantities throughout the region. There are other kinds of birds of prey as well, but less frequent, including small falcons and a species of crested eagle sometimes mixed with a group of kites.
I regularly disturb kites on the side of the road, which sometimes glides just in front of the car for a while, before eventually veering off and disappearing into the palm grove to perch or continue hunting.
Another kind of raptors also present in Mapangu are state agents who try to make the plantation pay for all kinds of taxes, fines, fees and other claims. Because the country is still without a government, many if not all state services are without a budget and must therefore manage to find other financial means to operate, then what better prey than Brabanta, which must necessarily be overflowing with hidden financial resources.
Regardless of whether we are located in the middle of the country, we (Mapangu) have recently been equipped with two new state services (fee based, of course), one being the animal and plant quarantine service (therefore nothing to do with a possible fear of Ebola spreading in the country), even though we neither import nor export any kind of animals or plants. The other being the control service for foreigners’ visa and vaccination certificates. It does not matter if on arrival in the DRC the visitor must present a visa and vaccination booklet in order to enter the country, a service that is free of charge, here in Mapangu there is a state agent in charge of checking these documents against payment (obviously) of a fee that seems to be based on a rather creative interpretation of some state law.
The justification for these services is rather vague. Initially everything related to border controls was the responsibility of the state, but given the size of the country and the countless potential areas where people can enter and leave it, the state decided to delegate border responsibilities to the provinces. Obviously, some provinces do not have borders with neighbouring countries and in order not to lose the opportunity to benefit from potential resources related to border taxes. Nothing could be simpler than to decide that, from now on, the border is no longer national but provincial, thus opening the door to a multitude of potential taxes such as import and export taxes, cross-border transport tax, border health control tax, quarantine tax (even on fertilizers and phyto products, since they fall under the Ministry of Agriculture) and of course (as we discovered last week) tax on the control of visas and vaccination records for foreigners.
The claims from local authorities are obviously not limited to cross-border aspects, they are just small additional opportunities to make ends meet. Thus we cannot avoid paying taxes for production, loading, unloading, pollution, quality control, conformity certification, and the long list goes on. Obviously, it would be too simple to limit this to the collection of taxes alone, because they are “official” and therefore paid by bank transfer without any opportunity for local agents to take their fair share. So they try to detect alleged irregularities such as a payment that has been received late or whose amount is not quite correct, etc. in order to be able to claim penalties which, according to national grids, can go up to 320% per month in case of delayed payment of the penalties. Thus, we are currently being asked to pay the equivalent of $5 million in so-called fines, negotiable of course, with the payment of a more or less substantial sum as “mission” costs for the agent in charge in order for them to close their eyes regarding our alleged “faults”.
The only real advantage we have over companies based in large cities is the fact that we are very isolated and it is therefore difficult to get to Mapangu. Agents therefore think twice before coming here without being sure that we can leave with something in their pockets, but that does obviously not bear on those that are stationed here. Our competitors, whose management is based in Kinshasa, tell us that not a day goes by without them being harassed for alleged irregularities and where often they end up paying something to be able to do real work rather than having a dialogue of the deaf with raptors in the administration. In my case, I try to delegate as many of these problems as possible to the company’s secretary general, CFO or public relations director and, perhaps most importantly, I go to Kinshasa as little as possible.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Les Visiteurs – The Visitors

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Parfois on pourrait avoir l’impression d’être comme les visiteurs, non pas du moyen age vers les temps modernes mais l’inverse, c’est évidemment tout à fait exagéré car le Congo et le Kasaï ne sont certainement pas restés isolés des développements du monde, mais certaines choses, assez fondamentales, sont manifestement restées inchangées depuis très longtemps.

Les exemples les plus frappants sont les moyens de navigation fluviaux, les habitations et les croyances magiques.
Sur le Kasaï la navigation se fait quasi exclusivement avec des pirogues creusées dans des troncs d’arbres mus au moyen de pagaies elles aussi façonnées à partir d’une seule pièce en bois. Les pirogues sont parfois tellement étroites qu’il est seulement possible de s’y tenir debout un pied devant l’autre et exigent un sens de l’équilibre assez extraordinaire car le centre de gravité de ces embarcations avec une personne debout est nécessairement bien au-dessus du niveau de l’eau. Il est assez facile d’imaginer qu’il y a des centaines voire milliers d’années le moyen de locomotion sur l’eau était absolument identique, la seule différence étant que maintenant il y a aussi des pirogues équipées de moteurs hors-bord, mais cela reste des exceptions. Il est aussi probable que dans le passé il y avait des pirogues qui étaient beaucoup plus grandes fabriquées au départ d’arbres gigantesques, alors qu’aujourd’hui les plus grandes embarcations sont assemblées avec des planches et du goudron, même si heureusement les grands arbres n’ont pas encore tout à fait disparus. Ces pirogues ne sont pas des reliques du passé car dans les villages au bord des cours d’eau la fabrication de pirogues continue et il n’est pas difficile de trouver un artisan pour fabriquer une embarcation selon les dimensions souhaitées (et la disponibilité d’un arbre répondant aux besoins).

Dans les villages, la population habite dans des cases fabriquées avec des sticks de bois entre lesquels on tresse de plus petites branches qui sont ensuite enduites de boue pour faire les murs. La construction est chapeautée par une structure couverte de rameaux de palme dont les couches superposées assurent une relative étanchéité en cas d’averses. Le sol est de terre battue et les meubles (couches en particulier) sont fabriquées avec des rameaux de palmes assemblés au moyen de pointes en bois (“chevilles”) ou grosses épines. De même que les pirogues, il est difficile d’imaginer qu’à l’époque des premiers explorateurs voire même avant les habitations aient été fort différentes car même aujourd’hui la majorité des maisons n’ont ni eau ni électricité, la cuisine est le plus souvent faite sur un feu de bois sous un abris ou une petite construction séparée dont la couleur noircie suggère la présence prolongée de fumée. Certes de nos jours certaines maisons dans les villages plus affluents sont dotées de toits en tôles et sont parfois construites avec des briques en terre pressée, on y voit également l’un ou l’autre panneau solaire et exceptionnellement même une parabole de télévision, mais à la base les villages ont très peu changé et certains petits villages en brousse pourraient être transposés au moyen age sans que personne ne se rende compte qu’il a en fait été construit au 21ième siècle.

Le troisième thème qui nous parait médiéval est la magie, ici beaucoup de choses telles que maladie, décès, panne, problème technique, etc. trouve son explication dans un acte de magie, généralement malicieux. Certaines croyances sont assez banales comme par exemple l’organisation d’une cérémonie traditionnelle avant de réaliser un forage pour assurer que celui-ci produira de l’eau en abondance ou consacrer une nouvelle construction aux ancêtres de la communauté. Mais ces croyances vont beaucoup plus loin, ainsi lorsque nous avons dû évacuer la plantation à cause des menaces de milices Kamuina Nsapu, les notables de Mapangu envisageaient très sérieusement de réaliser un sacrifice humain pour la protection de la contrée. Leur argument étant que c’est ce qui avait été fait pour la consécration de l’huilerie et son bon fonctionnement est la preuve qu’une telle mesure est justifiée et effective… Il y a peu notre médecin avait une infection au pied, mais malgré le fait que c’est un homme de science il était convaincu que son infection était le résultat d’un sortilège et qu’il ne servait à rien de soigner cela avec des antibiotiques. Plus dramatique encore est le sort des personnes accusées de sorcellerie, soit parce qu’un membre de sa famille est mort d’une maladie inconnue ou parce que son voisin a été tué par la chute d’un arbre, car celles-ci sont généralement tuées par la communauté si elles n’arrivent pas à se réfugier quelque part avant cela. La justice dans tout cela? Trop souvent ils prennent le parti des tortionnaires parce que, disent-ils, il n’y a pas de fumée sans feu et tout le monde sait qu’ici il y a vraiment des sorciers…

Nous avons aussi des visiteurs plus traditionnels et cela semble être la période car après une courte visite du directeur technique du groupe au mois de juin, nous venons d’avoir la visite de notre directeur agronomique du groupe avec un spécialiste mondial du palmier. Ensuite au mois d’août nous aurons la visite pendant deux semaines d’une auditrice pour tout ce qui concerne la certification environnementale de la plantation. Cette visite sera suivie par celle du responsable “durabilité” du groupe pendant une semaine. En octobre on nous annonce la possible visite des grands patrons du groupe, seulement pour un jour ou deux mais qui demande une préparation logistique sans failles. Bref tout un petit monde qu’il faut loger, nourrir, balader, etc., mais heureusement pas tous à la Cathédrale car nous avons une maison de passage tout à fait correcte et certains visiteurs ne sont pas aussi agréables à avoir à la maison que d’autres…

Outre la maison de passage VIP où nous logeons certains de nos visiteurs du groupe, nous avons également aménagé une maison de passage beaucoup plus basique disposant de 5 chambres que nous mettons à la disposition des visiteurs locaux contre une petite participation financière. Ils ont la possibilité d’y manger si nécessaire et comme elle n’est pas trop éloignée de l’huilerie il y a de l’électricité presque tout le temps, plus que chez nous à la Cathédrale en tous les cas. L’endroit semble être devenu assez populaire car il y a des chambres occupées et des réservations presque tous les jours. Il faut dire que mis à part notre “Maison de Passage Brabanta” Mapangu ne dispose pas de logement digne de ce nom pour des visiteurs, sauf pour ceux qui connaissent l’un de nos employés et peuvent utiliser ou louer une chambre d’amis chez celui ou celle-ci.

Nous espérons que vous recevrez ces nouvelles en bonne forme et espérons vous lire très bientôt,

Marc & Marie-Claude

Sometimes we could have the impression of being like The Visitors, not from the Middle Ages to modern times but the other way around, it is obviously quite exaggerated because Congo and Kasai have certainly not remained isolated from the developments of the world, but some things, quite fundamental, have obviously remained unchanged for a very long time. The most striking examples are the means of river navigation, dwellings and magical beliefs.

On the Kasai, navigation is almost exclusively by dugout canoes made out of hollowed tree trunks powered by paddles, which are also made from a single piece of wood. Canoes are sometimes so narrow that it is only possible to stand with one foot in front of the other and require an extraordinary sense of balance because the centre of gravity of these boats with one person standing is necessarily well above the water level. It is quite easy to imagine that hundreds or even thousands of years ago the means of locomotion on the water was absolutely identical, the only difference being that nowadays there are also dugouts equipped with outboard motors, but these are still exceptions. It is also likely that in the past there were dugout canoes that were much larger made from gigantic trees, whereas today the larger boats are assembled with boards and tar, although fortunately the large trees have not yet completely disappeared. These canoes are not relics of the past because in villages along the banks of rivers the manufacture of canoes continues and it is not difficult to find a craftsman to manufacture a boat according to the desired dimensions (and the availability of a tree to meet the needs).

In the villages, the population lives in huts made of wooden sticks between which smaller branches are braided and then coated with mud to make the walls. The construction is covered by a structure covered with palm branches whose superposed layers ensure relative watertightness in the event of showers. The floor is made of clay and the furniture (beds in particular) is made of palm branches assembled with wooden spikes or large thorns. Like dugout canoes, it is difficult to imagine that during the time of the first explorers or even before, the dwellings would have been very different. Even today the majority of houses have no water or electricity, the kitchen is most often made on a wood fire under a shelter or a small separate building whose blackened colour suggests the prolonged presence of smoke. Nowadays, some houses in the more affluent villages are equipped with sheet metal roofs and are sometimes built with pressed clay bricks, occasionally a solar panel and exceptionally even a television dish, but at the base the villages have changed very little and some small bush villages could be transposed to the Middle Ages without anyone realizing that they were actually built in the 21st century.

The third theme that seems medieval to us is magic, here many things such as illness, death, breakdown, technical problem, etc. find their explanation in an act of magic, usually malicious. Some beliefs are quite common, such as organizing a traditional ceremony before drilling a well to ensure that it will produce abundant water or dedicate a new construction to the community’s ancestors. But these beliefs go much further, so when we had to evacuate the plantation because of threats from Kamuina Nsapu militias, the Mapangu elders were very seriously considering making a human sacrifice for the protection of the area. Their argument being that this is what had been done for the consecration of the oil mill and its proper functioning is proof that such a measure is justified and effective… Not long ago our doctor had an infection on his foot, but despite the fact that he is a medically trained scientist, he was convinced that his infection was the result of a spell and that it was useless to cure it with antibiotics. Even more dramatic is the fate of those accused of witchcraft, either because a member of his family died of an unknown disease or because his neighbour was killed by the fall of a tree, as these people are often killed by the community if they cannot take refuge somewhere before that. Justice in all this? Too often they take the torturers’ side because, they say, there is no smoke without fire and everyone knows that there are really witches here….

We also have more traditional visitors and this seems to be the period because after a short visit by the group’s technical director in June, we have just had the visit of our group’s agronomic director with a world renown palm specialist. Then in August we will have a two-week visit from an auditor for all aspects of the environmental certification of the plantation. This visit will be followed by a one-week visit by the group’s sustainability manager. In October we are informed of the possible visit of the group’s big bosses, only for a day or two but which requires flawless logistical preparation. In short, a whole small world that needs to be housed, fed, walked, etc., but fortunately not all of them stay at the Cathedral because we have a very comfortable guest house close to the river and some visitors are not as pleasant to have at home as others…

In addition to the VIP guest house where we accommodate some of our group visitors, we have also set up a much more basic guest house with 5 rooms that we make available to local visitors for a small financial contribution. They have the possibility to eat there if necessary and as it is not too far from the oil mill there is electricity almost all the time, more than at home at the Cathedral in any case. The place seems to have become quite popular as there are occupied rooms and reservations almost every day. It must be said that apart from our “Brabanta Guest House” Mapangu does not have any decent accommodation for visitors, except for those who know one of our employees and can use or rent a guest room in their home.

We hope this news will find you well and hope to read you very soon,

Marc & Marie-Claude

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Un peu de tout . . .

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Bonjour,

la semaine passée, j’ai eu la surprise de voir Marc m’ apporter la manche à air de notre aéroport à raccommoder. . . Il avait d’abord été confié à une couturière locale qui s’était hâtée de fermer cet énorme trou au bout de ce sac rouge et blanc. J’ai donc décousu la couture de l’extrémité pour en refaire une manche comme il se doit, y ai ajouté un ourlet, retourné la manche pour que les couleurs délavées par le soleil soient à l’intérieur et les plus vives à l’extérieur, remplacé quelques œillets “et voilà”. Elle n’est pas comme neuve mais survivra peut-être à la prochaine inspection.
L’aéroport est pour nous un peu comme le cordon ombilical d’un futur nouveau-né, sans possibilité d’avion pas de vivres frais ou d’évacuation d’urgence, mais aussi et plus important pas de possibilité d’approvisionnement en fonds pour la paie, ce qui est totalement impossible à envisager. Donc ne pas obtenir l’homologation de notre piste serait un peu comme si on coupait ce cordon avant la naissance. Ici il y a évidemment toujours la possibilité d’invoquer l’article “congolais” (négocier une solution avec petit pécule à la clef), mais nous préférons éviter de nous lancer dans cette voie un peu incertaine, donc mieux vaut une manche à air fonctionnelle. Lors d’une inspection précédente, l’agent de la régie des voies aériennes nous avait pénalisé parce que notre manche à air n’était pas aux dimensions internationales mais que heureusement et de manière tout à fait fortuite il avait amené une manche à air aux dimensions officielles dans son sac qu’il était prêt à nous céder pour un prix d’amis et ainsi nous éviter une lourde amende… Après d’âpres négociations nous avons pu obtenir la manche à air pour la modeste somme de 800 dollars (720 euros) et vous conviendrez qu’il serait regrettable de ne pas utiliser celle-ci le plus longtemps possible afin de justifier cet investissement. Outre les vents parfois assez violents et les assauts du soleil, nous soupçonnons que la qualité de la dite manche à air n’était peut-être pas aussi extraordinaire que ce qui avait été annoncé ou que le prix aurait pu laisser supposer et ce superbe tube conique s’est rapidement retrouvé déchiré et troué à plusieurs endroits, mais peut-être pas au point de fermer l’embout pour en faire un sac comme cela avait été fait pas notre couturière locale dont c’était sans nul doute la première manche à air qu’elle a été amenée à réparer en se demandant pourquoi diables ces blancs laissent ainsi se déchirer le fond de leur sac…
La manche à air flotte à nouveau fièrement et il ne reste plus qu’à expliquer aux pilotes qu’en principe ils doivent atterrir contre le vent, mais cela nécessiterait de faire un survol de la piste avant d’atterrir et donc perdre du temps. Au moins le décollage se fait généralement contre le vent, bien que nous soupçonnons que cela soit un fait du hasard car les vents dominants viennent généralement de l’ouest et c’est dans cette direction que l’avion doit partir pour rejoindre Kinshasa.

Ici il faut aussi être un peu plombier, électricien, savoir se servir d’une foreuse, scie, etc. Le “multi-tasking” de Marc va bien plus loin comme vous avez eu l’occasion d’apprécier tout au long de nos lettres de nouvelles hebdomadaires. La tâche la plus surprenante restant probablement la gestion du bon fonctionnement de l’hôpital, maternités et dispensaires Brabanta. Les choses n’en sont heureusement pas encore à gérer des épidémies comme l’Ebola qui sévit dans l’est du pays, mais nous avons récemment une épidémie de rougeole qui s’est déclarée et comme peu de personnes sont vaccinées cela provoque malheureusement assez bien de fatalités, surtout parmi les enfants et personnes plus âgées. A l’hôpital nous avons un pavillon d’isolement qui a été fortement sollicité lors de l’épidémie de Choléra que nous avions eu l’année passée et qui maintenant sert à mettre les cas de rougeole en quarantaine. Ce week-end on a également appelé Marc pour organiser l’évacuation d’un Père flamand qui est basé à Mwembe (à environ 1h30 de Mapangu) qui est ici depuis plus de 50 ans mais souffre régulièrement de crises de malaria et dont le cœur n’est plus très vaillant. Il a toutefois refusé de prendre place dans le véhicule que nous avions envoyé avec un infirmier car il prétend que s’il a survécu ici au Congo depuis 50 ans il pourra certainement gérer sa “petite” crise de malaria sans problèmes…

Depuis vendredi nous avons quelques visiteurs à la maison qui sont ici pour 5 jours et, comme c’est souvent le cas lors de telles visites, cela veut dire courtes nuits, programmes constamment variables et des discussions interminables sur les différents aspects du palmier. Outre notre directeur agronomique groupe, nous avons également la compagnie d’un des grands spécialistes mondiaux du palmier à huile qui est venu mettre le doigt sur tout ce que nous ne faisons pas aussi bien que cela pourrait être fait et dont l’objectif principal est de nous démontrer qu’en appliquant les techniques culturales adéquates nous devrions pouvoir augmenter nos rendements de 25 à 30%. Le potentiel est donc énorme et les discussions très animées car ce genre d’amélioration n’est pas possible sans faire de très sérieux efforts sur le long terme et il est toujours difficile de changer les (parfois mauvaises) habitudes qui sont bien ancrées. Passionnant donc mais aussi épuisant et comme tout cela se passe en même temps que la pointe de production et plein d’autres problèmes qui ne peuvent pas attendre les journées sont bien remplies. Ce midi nous avons quand même pris le temps de nous retrouver avec tous les expatriés (nous étions 15 à table) et c’est en devinant le coucher du soleil (car il fait très brumeux en cette saison sèche) que nous vous écrivons ces quelques lignes).

Nous vous souhaitons une excellente semaine,

Marie-Claude et Marc

last week, I was surprised to see Marc bring me the windsock from our airport to mend… . It had first been entrusted to a local seamstress who had hastened to close the huge hole at the end of this red and white bag. So I sewed the seam from the end to make a new sleeve as it should be, added a hem, turned the sleeve over so that the colours faded by the sun were inside and the brightest on the outside, replaced a few “rings” and voila. It is not as good as new but may survive the next inspection.
For us, the airport is a bit like the umbilical cord of a future newborn baby, without the possibility of an airplane, no fresh food or emergency evacuation, but also and most importantly no possibility of providing funds for the payroll, which is totally impossible to envisage. So not getting the certification of our air strip would be a bit like cutting that cord before birth. Here there is obviously always the possibility of invoking the “Congolese” article (negotiating a solution with a “small” financial settlement), but we prefer to avoid embarking on this somewhat uncertain path, so it is better to have a functional windsock. During a previous inspection, the airway control agent penalized us because our windsock did not meet the international standards but fortunately and completely fortuitously he brought an windsock meeting the official standards in his bag that he was willing to let us have it for a friendly price and thus avoid paying a heavy fine… After tough negotiations we were able to get the windsockg for the modest sum of 800 dollars (720 euros) and you will agree that it would be regrettable not to use it as long as possible to justify this investment. In addition to the sometimes rather violent winds and the assaults of the sun, we suspect that the quality of the said windsock was perhaps not as extraordinary as what had been announced or that the price could have suggested and this superb conical tube was quickly torn and punctured in several places, but maybe not to the point of closing the tip of the tube to make a look like a bag. This work had however been given to a local seamstress, who probably never repaired one of those open ended tubes before and must have wondered why the hell these whites let the bottom of their bag tear…
The windsock now floats proudly again and all that remains is to explain to the pilots that in principle they should land against the wind, but this would require flying over the runway before landing and therefore wasting time. At least the takeoff is generally against the wind, although we suspect that this is a coincidence because the prevailing winds generally come from the west and it is in this direction that the plane must leave for Kinshasa.

Here you also have to be a bit of a plumber, electrician, know how to use a drill, saw, etc. Marc’s “multi-tasking” goes much further as you have had the opportunity to enjoy weekly news throughout our letters. The most surprising task probably remaining the management of the proper functioning of the hospital, maternity hospitals and Brabanta dispensaries. Fortunately, things are not yet as critical as managing epidemics such as Ebola, which is currently an issue in the east of the country, but we recently had a measles outbreak and since few people are vaccinated, this unfortunately causes quite a few fatalities, especially among children and older people. At the hospital we have an isolation ward that was heavily used during the Cholera outbreak we had last year and which is now used to quarantine measles cases. This weekend Marc was also called to organize the evacuation of a Flemish Father who is based in Mwembe (about 1h30 from Mapangu) who has been here for over 50 years but regularly suffers from malaria attacks and whose heart is no longer very strong. However, he refused to take a seat in the vehicle we sent with a nurse because he claims that if he has survived here in Congo for 50 years he will certainly be able to manage his “small” malaria crisis without problems…

Since Friday we have had some visitors at home who are here for 5 days and, as is often the case during such visits, this means short nights, constantly changing schedules and endless discussions on the different aspects of the palm tree. In addition to our group agronomic director, we also have the company of one of the world’s leading oil palm specialists who has come to highlight everything we are not doing as well as it could be done and whose main objective is to demonstrate to us that by applying the right cultivation techniques we should be able to increase our yields by 25 to 30%. The potential is therefore enormous and the discussions very lively because this kind of improvement is not possible without making very serious efforts in the long term and it is always difficult to change (sometimes bad) habits that are well established. So exciting but also exhausting and as all this happens at the same time as the peak production and many other problems that can’t wait, thus ensuring that the days are well filled. This lunchtime we still took the time to meet all the expatriates (we were 15 at the table) and it is by guessing the sunset (because it is very misty in this dry season) that we write these few lines to you).

We wish you an excellent week,

Marie-Claude and Marc




Bonjour,

la semaine passée, j’ai eu la surprise de voir Marc m’ apporter la manche à air de notre aéroport à raccommoder. . . Il avait d’abord été confié à une couturière locale qui s’était hâtée de fermer cet énorme trou au bout de ce sac rouge et blanc. J’ai donc décousu la couture de l’extrémité pour en refaire une manche comme il se doit, y ai ajouté un ourlet, retourné la manche pour que les couleurs délavées par le soleil soient à l’intérieur et les plus vives à l’extérieur, remplacé quelques œillets "et voilà". Elle n’est pas comme neuve mais survivra peut-être à la prochaine inspection.
L’aéroport est pour nous un peu comme le cordon ombilical d’un future nouveau-né, sans possibilité d’avion pas de vivres frais ou d’évacuation d’urgence, mais aussi et plus important pas de possibilité d’approvisionnement en fonds pour la paie, ce qui est totalement impossible à envisager. Donc ne pas obtenir l’homologation de notre piste serait un peu comme si on coupait ce cordon avant la naissance. Ici il y a évidemment toujours la possibilité d’invoquer l’article "congolais" (négocier une solution avec petit pécule à la clef), mais nous préférons éviter de nous lancer dans cette voie un peu incertaine, donc mieux vaut une manche à air fonctionnelle. Lors d’une inspection précédente, l’agent de la régie des voies aériennes nous avait pénalisé parce que notre manche à air n’était pas aux dimensions internationales mais que heureusement et de manière tout à fait fortuite il avait amené une manche à air aux dimensions officielles dans son sac qu’il était prêt à nous céder pour un prix d’amis et ainsi nous éviter une lourde amende… Après de âpres négociations nous avons pu obtenir la manche à air pour la modeste somme de 800 dollars (720 euros) et vous conviendrez qu’il serait regrettable de ne pas utiliser celle-ci le plus longtemps possible afin de justifier cet investissement. Outre les vents parfois assez violents et les assauts du soleil, nous soupçonnons que la qualité de la dite manche à air n’était peut-être pas aussi extraordinaire que ce qui avait été annoncé ou que le prix aurait pu laisser supposer et ce superbe tube conique s’est rapidement retrouvé déchiré et troué à plusieurs endroits, mais peut-être pas au point de fermer l’embout pour en faire un sac comme cela avait été fait pas notre couturière locale dont c’était sans nul doute la première manche à air qu’elle a été amenée à réparer en se demandant pourquoi diables ces blancs laissent ainsi se déchirer le fond de leur sac…
La manche à air flotte à nouveau fièrement et il ne reste plus qu’à explique aux pilotes qu’en principe ils doivent atterrir contre le vent, mais cela nécessiterait de faire un survol de la piste avant d’atterrir et donc perdre du temps. Au moins le décollage se fait généralement contre le vent, bien que nous soupçonnons que cela soit un fait du hasard car les vents dominants viennent généralement de l’ouest et c’est dans cette direction que l’avion doit partir pour rejoindre Kinshasa.

Il faut aussi être un peu plombier, électricien, savoir se servir d’une foreuse, scie, etc.
Le "multi-tasking" de Marc va bien plus loin comme vous avez eu l’occasion d’apprécier tout au long de nos lettres de nouvelles hebdomadaires. La tâche la plus surprenante restant probablement la gestion du bon fonctionnement de l’hôpital, maternités et dispensaires Brabanta. Les choses n’en sont heureusement pas encore à gérer des épidémies comme l’Ebola qui sévit dans l’est du pays, mais nous avons récemment une épidémie de rougeole qui s’est déclarée et comme peu de personnes sont vaccinées cela provoque malheureusement assez bien de fatalités, surtout parmi les enfants et personnes plus âgées. A l’hôpital nous avons un pavillon d’isolement

Fin de cette semaine, nous avons quelques visiteurs

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Sable – Sand

See below for an English version of the text

A quelques très petites exceptions près, toute la plantation se trouve sur du sable de couleur dorée qui, lorsqu’il est sec et poudreux donne la parfaite illusion de dunes au bord de la mer ou dans le désert. Heureusement il ne fait jamais vraiment sec ici, car même en saison sèche les matinées sont brumeuses et humides et l’alimentation assez régulière en eau de pluie permet malgré tout le développement d’une végétation assez luxuriante si laissée en paix. Tout comme la plage, le sable se retrouve partout dans la maison, les chaussures, la voiture, le bureau, ce n’est pas parce qu’il y est soufflé par le vent mais plutôt insidieusement accroché aux semelles des chaussures, bas de pantalon ou pattes des chiens. Je suis surpris par la quantité de sable qu’il faut balayer hors de mon bureau tous les jours, mais cela s’explique sans doute par les nombreux visiteurs qui entrent et sortent lorsque je suis présent.

Cette abondance de sable implique de nombreux défis, dont un plutôt important qui concerne l’alimentation hydrique et minérale des palmiers. Les sols étant relativement pauvres en matière organique, l’eau et les éléments nutritifs ont tendance à rapidement percoler vers les couches profondes et être difficiles d’accès surtout pour les jeunes palmiers. Pour compenser cela, nous essayons de maximiser la matière organique dans la plantation en faisant d’une part, pousser diverses sortes de plantes de couverture (principalement des légumineuses pour leur apport en azote) d’autre part, en redistribuant les sous-produits de l’huilerie tels que les rafles (régimes de fruits qui ont été débarrassés de leurs fruits) et fibres (restant après avoir pressé les fruits) dans la plantation. Comme nous utilisons également une partie des fibres pour alimenter les chaudières de l’huilerie afin d’assurer son alimentation en vapeur, il n’y a évidemment pas assez de matière organique pour alimenter toute la plantation donc seule une petite partie (environ 7%) bénéficie de ces rafles et fibres.
Compenser le manque d’eau est beaucoup plus difficile car il n’est économiquement pas envisageable d’irriguer la plantation dont le déficit hydrique n’est problématique que certaines années. Nous essayons de limiter l’évaporation en veillant à ce que le sol soit le moins exposé possible de plus les palmiers ont tendance à développer un enracinement profond qui permet d’aller puiser de l’eau et des éléments nutritifs assez loin.
Pour essayer de limiter le lessivage des éléments nutritifs, même si cela demande plus de mains d’œuvre, nous appliquons de l’engrais dans les parties de la plantation qui ne reçoivent pas assez de matière organique en fractionnant les applications le plus possible. Nous faisons également des essais avec des engrais enrobés qui se diffusent lentement dans le sol et devraient ainsi mieux profiter aux palmiers, mais cela ne se fait pas encore de manière généralisée car c’est une option plus coûteuse.

Une autre influence du sable est son effet sur la mécanique car étant assez fin il a tendance à pénétrer partout provquant ainsi l’usure des pièces en mouvement façon papier émeri. Malheureusement la solution n’est pas d’augmenter la lubrification car les petits grains de sable viennent alors se coller dans l’huile ou la graisse et accélérant ainsi leur travail d’usure. J’en ai fait les frais avec mon vélo qui après quelques semaines a commencé à faire des grincements et craquements sinistres, d’abord attribué à un mauvais réglage du changement de vitesse. En fait, j’ai découvert que le sable a trouvé son chemin à l’intérieur de l’axe de la roue et complètement rongé celui-ci ainsi que les roulements à billes avec le résultat que la roue ne peut plus tourner sans ballotter d’un côté à l’autre. Cette situation me frustre un petit peu car lors de nos derniers congés j’avais ramené le vélo en Belgique justement pour faire vérifier toutes les pièces mobiles et les techniciens ont effectivement remplacé la chaîne et les pignons qui s’étaient eux aussi fortement usés à cause du sable, mais semblent avoir oublié de vérifier l’état des axes et en particulier celui de la roue arrière, chose que je ne pourrai malheureusement pas faire arranger ici. Je vais donc devoir profiter du passage de l’un de nos visiteurs pour renvoyer la roue en Belgique en espérant que cette fois elle sera réparée correctement car malheureusement je vais devoir suspendre à nouveau mes déplacements en bicyclette sous peine de détruire irrévocablement l’axe.

L’on pourrait espérer qu’avec tout ce sable, au moins pour la construction nous n’avons pas trop de difficultés, mais ce serait oublier qu’au Congo le sous-sol appartient au gouvernement (et leur interprétation du sous-sol commence dès la surface du sol), donc pas question de ramasser du sable sans, d’une part, s’acquitter des taxes et droits appropriés et, d’autre part, payer le prix officiel fixé par l’autorité des mines. Heureusement jusqu’à présent nous ne devons pas payer de taxe sur le sable que nos cantonniers enlèvent des drains et autres zones d’accumulation sur les routes, dans la mesure ou celui-ci est laissé sur place sur un tas que les prochaines pluies auront tôt fait de disperser. Pour consolider les routes, mais aussi pour les surfaces du terrain de tennis ou de volley, nous utilisons des petites termitières qui poussent un peu partout comme des champignons. La matière de ces termitières a l’avantage de se compacter assez bien lorsqu’elle est humide, mais surtout comme elle poussent au-dessus du niveau du sol celles-ci ne sont pas taxables…

Nous vous souhaitons une excellente semaine en espérant recevoir de vos nouvelles aussi,

Marc & Marie-Claude

With a few very small exceptions, the entire plantation is on golden sand which, when dry and powdery, gives the perfect illusion of dunes by the sea or in the desert. Fortunately it is never really dry here, because even in the dry season the mornings are foggy and humid and the fairly regular supply of rainwater still allows the development of a rather lush vegetation if left in peace. Just like the beach, sand is found everywhere in the house, shoes, car, office, it is not because it is blown by the wind but rather insidiously attached to the soles of shoes, trousers or dogs’ paws. I am surprised by the amount of sand that has to be swept out of my office every day, but this is probably due to the many visitors who come in and out when I am present.

This abundance of sand presents many challenges, including a rather important one concerning the water and mineral supply of palm trees. As soils are relatively low in organic matter, water and nutrients tend to percolate rapidly to the deep layers and are difficult to access, especially for young palm trees. To compensate for this, we try to maximize organic matter in the plantation by growing various kinds of cover crops (mainly legumes for their nitrogen supply) on the one hand, and by redistributing oil mill by-products such as empty fruit bunches and fibre (remaining after pressing the fruit) in the plantation on the other hand. As we also use part of the fibres to feed the oil mill’s boilers to ensure its steam supply, there is obviously not enough organic matter to feed the whole plantation, so only a small part (about 7%) benefits from these empty fruit bunches and fibres.
Compensating for the lack of water is much more difficult because it is not economically feasible to irrigate the plantation, whose water deficit is only problematic in certain years. We try to limit evaporation by ensuring that the soil is as little exposed as possible, and palm trees tend to develop deep roots that allow them to draw water and nutrients from the deeper layers in the ground.
To try to limit nutrient leaching, even if it requires more labour, we apply fertilizer to those parts of the plantation that do not receive enough organic matter by splitting applications as much as possible. We are also testing with coated fertilizers that release the nutrients slowly through the soil and should thus better benefit palm trees, but this is not yet widespread because it is a more expensive option.

Another influence of sand is its effect on the mechanics because being quite fine it tends to penetrate everywhere causing wear and tear of moving parts like emery paper. Unfortunately, the solution is not to increase lubrication because the small grains of sand then stick to the oil or grease and accelerate their wear work. I know firts hand what it can do with my bike, which after a few weeks started squeaking and creaking sinisterly. I first assumed this was due to a bad gear shift setting. In fact, I discovered that the sand had found its way inside the wheel axle and completely eaten away at it as well as the ball bearings with the result that the wheel can no longer rotate without tossing from one side to the other. This situation frustrates me a little bit because during our last holidays I brought the bike back to Belgium precisely to have all the moving parts checked and the technicians actually replaced the chain and sprockets which had also worn out badly because of the sand, but seem to have forgotten to check the condition of the axles and in particular that of the rear wheel, something that I unfortunately could not have fixed here. I will therefore have to take advantage of the passage of one of our visitors to send the wheel back to Belgium in the hope that this time it will be repaired correctly and unfortunately I will have to suspend my bicycle trips for the time being as otherwise it will irrevocably destroy the axle.

One could hope that with all this sand, at least for construction we do not have too many difficulties, but that would be forgetting that in Congo the subsoil belongs to the government (and their interpretation of the subsoil starts from the surface of the ground), so there is no question of collecting sand without, on the one hand, paying the appropriate taxes and fees and, on the other hand, paying the official price set by the mining authority. Fortunately so far we do not have to pay any sand tax that our roadmen remove from drains and other accumulation areas on the roads, as long as it is left on site on a pile that the next rains will soon disperse. To consolidate the roads, but also for the surfaces of the tennis or volleyball court, we use small termite mounds that grow everywhere like mushrooms. The material of these termite mounds has the advantage of compacting quite well when it is wet, but especially as they grow above ground level they are not taxable….

We wish you an excellent week and hope to hear from you too,

Marc & Marie-Claude

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Hivernage / Dry season

Bonjour vous tous,

dimanche 14 juillet, déjà plus de quinze jours que nous sommes de nouveau ensemble à Mapangu et je n’ai (presque) pas vu le temps passer! Par contre, changer, oui: aujourd’hui est l’un des premiers jours que nous n’avons pas commencé dans une purée de pois très romantique, soit, mais un peu oppressante. Je pense n’avoir jamais autant vécu de jours de brouillard l’un à la suite de l’autre à Londres que durant ces quinze derniers jours en Toscane congolaise!
D’ordinaire, le voile se lève vers onze heures, midi mais ces derniers jours la luminosité était la même jusqu’au coucher du soleil réduit à un halo orange avant de se fondre dans les ombres nocturnes jusqu’à son prochain essai d’aube. C’est donc avec grand plaisir que nous nous sommes,
1° levés plus tard que 4:20h.
2° réveillés avec une belle lumière dorée et, presque, une vue jusqu’au Kasaï!
Pour parfaire ce début de journée magnifique, Marc nous a préparé une délicieuse assiette de fruits frais du jardin (comme tous les matins !) suivie d’une remarquable omelette au fromage, toasts avec du pain aux noix fait maison et même des tranches de saumon fumé! Vous voyez, on ne se laisse pas aller !

A part cela, toujours pas de signe de Théo, notre psittacidé que nous espérons heureux avec des congénères en forêt.
Des personnes se sont présentées pour nous proposer d’autres gris du Gabon. Et, bien que le doux babil de Théo nous manque le matin, nous avons de nouveau expliqué que nous étions contre la capture de perroquets sauvages et que si l’un revenait, ce ne serait que Théo et parce qu’il avait été capturé depuis longtemps et que nous ne savions pas si il pouvait se débrouiller seul. S’il revient hanter le jardin, notre intention est de laisser la cage ouverte pour le laisser aller à sa guise et/ou de le nourrir à l’extérieur. Avec l’idée d’un retour à la vie sauvage, bien sûr. J’avoue que cela me ferait très plaisir d’apprendre que quelqu’un l’a entendu…
Pour rester dans le chapitre des familiers je dois absolument laver Makala qui dégage des essences très personnelles et peu à mon goût mais c’est une entreprise de grande envergure et j’aimerais tant avoir le nez bouché ce jour-là! Et Griezel importe des souris dans la maison ! Elle les ramène de l’extérieur puis les perds et les oublie! Donc, dorénavant, lorsqu’elle revient avec le produit de sa chasse, de grand matin, il me faut fermer la porte de correspondance entre le salon et nos quartiers jusqu’à ce que je sois certaine que la proie est passée de vie à trépas ou repartie dans la nature. Ce, pour éviter une infestation! Si vous ajoutez à cela une invasion de la nouvelle génération de cafards, il ne manque que quelques serpents pour parachever le chapitre faune. je vais essayer la terre de diatomées pour ma prochaine campagne de lutte anti-vermine.

En plantation, les agronomes et Marc sont un peu concernés car le nombre de régimes de palme est nettement inférieurs aux périodes de pointes des autres années. Il semblerait que d’autres plantations au Congo sont dans la même situation, ce serait “une année sans”. Cela implique une gestion encore plus prudente pour les différent DG… Et un peu plus de stress, il y a des impondérables partout… Mais à part cela, le calme est revenu et Marc va de nouveau au bureau en deux roues et cela lui fait du bien. La piscine hors-sol commandée par nos soins est enfin arrivée à destination après un périple en avion, camion et finalement baleinière. Les paris sont ouverts quant à quand elle sera montée et opérationnelle. Nous l’avons ici à la cathédrale depuis mercredi 10/07/2019, mais sans notice de montage… Heureusement il y a YouTube avec toutes sortes de vidéos qui montrent comment d’autres ont fait pour assembler leur bassin et s’assurer que l’eau reste dedans. N’oublions-pas que nous sommes au Congo et ici tout est possible.

Outre les activités de la plantation, Brabanta se doit aussi de mener des actions à caractère “social”. Ainsi nous distribuons des lampes solaires, des foyers améliorés pour la cuisine, du manioc, du maïs (contre participation financière) et de l’huile (gratuitement) à titre individuel pour nos employés, mais nous avons aussi des actions “communautaires”. Il y a peu nous avons finalisé le premier forage pour la distribution d’eau dans les campements de Mapangu, il faut savoir que les forages précédents (certains jusqu’à 200m de profondeur) avaient tous échoués, donc celui-ci est une réelle première. Au niveau communautaire nous construisons également des écoles et dans ce cadre se pose la question des bancs pour les élèves. Le prix des bancs varie de 12 à 40 dollars pièce, mais nous sommes arrivés à la conclusion que la durée de vie des bancs était la même quelque soit son prix et/ou sa qualité au départ, ici le label “Congo proof” n’a pas encore été inventé. Espérons que notre piscine survivra assez longtemps pour en profiter un peu, c’est la deuxième tentative et la précédente n’a pas même tenu assez longtemps pour être remplie avec de l’eau…

Sur cette note, nous vous quittons, bonnes vacances à ceux qui profitent de l’été et excellente semaine à venir à tous,

Marie-Claude et Marc

Good morning, all of you,

Sunday July 14th, already more than two weeks that we are together again in Mapangu and I (almost) didn’t see the time pass! On the other hand, changes, yes! Today is one of the first days that we did not start in a very dense fog, romantic yes, but a little oppressive. I think I have never experienced so many days of fog in a row while living in London as I have in the last two weeks in our Congolese Tuscany!
Usually, the veil rises around eleven o’clock or noon, but in recent days the lack of brightness has been the same until sunset, with the sun reduced to an orange halo before melting into the night shadows until its next dawn test. So it was a great pleasure for us to
1° get out of bed later than 4:20h.
2° wake up with a beautiful golden light and, almost, a view to Kasai!
To complete this wonderful start to the day, Marc prepared a delicious plate of fresh fruit from the garden (as he does every morning!) followed by a remarkable cheese omelette, toast with home made walnut bread and even a few slices of smoked salmon! You see, we don’t let ourselves drift into despair!

Apart from that, still no sign of Theo, our feathered friend, we hope it to be happy with fellow forest dwellers.
Some people came forward to offer us other Grays (as these parrots are known). Although we miss Theo’s sweet babbling in the morning, we explained again that we were against catching wild parrots and we only agreed to keep this one because we were otherwise unsure of its fate when its previous “owner” departed, but that if one came were to come back at home, it would only be Theo and because he had been caught a long time ago and we didn’t know if he could do it alone in the wild. If he comes back to haunt the garden, our intention is to leave the cage open to let him go as he pleases and/or to feed him outside. With the idea of a return to wildlife, of course. I must admit that I would be very happy to know that someone heard it somewhere around the plantation…

To stay in the chapter of the company animals, I must absolutely wash Makala which gives off very personal fragrance that is not really to my taste, but this is a large-scale enterprise and I would like so much to have my nose blocked that day! And Griezel, our feline companion, imports mice into the house! She brings them back from the outside and then loses them and/or forgets them! So from now on, when she comes back with the product of her hunt, in the early morning, I have to close the connecting door between the living room and our quarters until I am sure that the prey has either been eaten or returned to the wild. This is to avoid an infestation! If you add to that an invasion of the new generation of cockroaches, the omnipresence of termites in various parts of the house, only a few snakes are missing to complete the wildlife chapter of our home. I will try diatomaceous earth for my next vermin control campaign.

In the plantation, the agronomists and Marc are a little concerned because the number of palm bunches are much lower than the peak periods of other years. It seems that other plantations in Congo are in the same situation, it would be “a year without”. This implies even more prudent management for the different plantation managers…. And a little more stress, there are imponderables everywhere…. But apart from that, the calm has returned and Marc goes back to the office on two wheels and it seems to do him good.

The above-ground pool we ordered finally arrived at its destination after a trip by plane, truck and finally canoe. The bets are open as to when it will be assembled and operational. We have it here at the cathedral since Wednesday, but without assembly instructions… Fortunately there is YouTube with all kinds of videos that show how others have done to assemble their pool and make sure the water stays in. Let us not forget that we are in Congo and here everything is possible.

In addition to the plantation activities, Brabanta must also carry out “social” actions. For example, we distribute solar lamps, improved cooking stoves, cassava, maize (for a financial contribution) and oil (free of charge) individually for our employees, but we also have “community” actions. Recently we finalized the first borehole for water distribution in the Mapangu camps, it should be known that the previous boreholes (some up to 200m deep) had all failed, so this is a real first. At the community level we are also building schools and in this context the question of benches for students arises. The price of the benches varies from 12 to 40 dollars each, but we have come to the conclusion that the life span of the benches was the same regardless of its price and/or quality at the beginning, here the label “Congo proof” has not yet been invented. Hopefully our pool will survive long enough to enjoy it a little, this is the second attempt and the previous one didn’t even last long enough to be filled with water…

On this note, we leave you, have a good holiday for those who are enjoying summer and an excellent week ahead for all of you,

Marie-Claude and Marc

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Houdini

See below for English version

Comme vous le savez, outre nos deux compagnons poilus, Makala la chienne et Griezel la chatte, nous avions également hérité d’un volatile, un perroquet gris, répondant au nom de Théo. Théo, un perroquet gris qui avait été capturé dans la nature environnante et vendu à l’un des expatriés qui travaillait et vivait ici à Mapangu, vivait depuis les 5 dernières années dans une cage alors que ses congénères passaient régulièrement au-dessus de la maison en poussant leurs cris très caractéristiques mais bien moins spectaculaires que le large répertoire de Théo.
L’avenir de Théo était une question qui nous tourmentait l’esprit car d’une part comme il avait été capturé dans la nature il ne pourrait en aucun cas être admis à voyager car il fait partie d’une espèce protégée, même si ici le nombre de perroquets de son espèce ne manquent pas. D’autre part, si nous quittons Mapangu, ce qui finira par arriver tôt ou tard, qu’adviendra-t-il de Théo si les nouveaux occupant de la maison ne veulent pas prendre en charge un tel volatile.
L’alternative à laquelle nous avons également pensé serait de relâcher Théo dans la nature, mais un perroquet ayant vécu autant d’années en captivité serait-il capable de subvenir à ses besoins de nourriture et d’eau sans avoir un approvisionnement régulier dans sa mangeoire? Nous avons néanmoins préféré lui laisser pousser les plumes (que notre prédécesseur faisait couper régulièrement) en estimant que si d’une part il serait plus difficile de le rattraper s’il sortait de sa cage, d’autre part il aurait plus de chances d’échapper aux chiens, chats et autres prédateurs qui errent dans le coin.
Hier, à la faveur d’une distraction de notre cuisinier qui n’a pas correctement refermé la cage après avoir nourri Théo, celui-ci a décidé de se faire la belle et a disparu dans la nature. Soit le fait de se retrouver dans la nature lui a cloué le bec et même si pas trop éloigné il a décidé de ne donner aucun signe auditif de présence, soit il a décidé de prendre ses distances de manière radicale, et, où qu’il se trouve, ses manifestations ne sont pas audibles jusqu’à la Cathédrale. Nous avons gardé la cage ouverte avec de la nourriture et de l’eau dans son bol pour le cas où il déciderait de revenir nous rendre visite, mais il n’est pas impossible qu’il ait profité du passage de congénères pour se joindre à ses pareils et redécouvrir la vie sans barreaux et humains qui viennent lui apprendre des paroles insensées et lui gratter la tête. En principe, vu son jeune age, il (ou elle car nous ne savons en fait pas si notre volatile est mâle ou femelle) a encore de longues années de vie devant lui et même si sa présence bruyante fait tout à coup défaut, nous sommes soulagés de ne pas avoir à prendre la décision de le lâcher dans la nature ou de le laisser à une personne qui n’en prendrait peut-être pas bien soin lorsque nous bougerons. Qui sait, un de ces jours nous serons peut-être surpris par un “Cracoucas”, “Alerte Rouge”, “Makala pfiuuu!”, “Rise & shine” tonitruant dans la plantation et rien ne nous ferait plus plaisir.

Changeons de sujet, beaucoup plus technique cette fois, à savoir le principe de JIT (Just in Time ou Juste à Temps) utilisé par maintes entreprises pour gérer de manière optimale leurs stocks et éviter ainsi l’immobilisation de moyens financiers importants. C’est un concept éminemment difficile à appliquer ici puisque nos commandes peuvent prendre entre 12 et 18 mois pour arriver sur plantation à cause des délais d’expédition, de dédouanement et d’acheminement jusqu’à chez nous. De fait c’est souvent juste à temps que nous recevons les fournitures (carburant, lubrifiants, outillage, pièces de rechange), malgré le fait de les avoir commandées avec des délais difficiles à imaginer en Europe.
Il n’y a pas que pour les approvisionnements qu’ici à Mapangu nous appliquons le JIT, mais il s’agit d’une variante à la congolaise qui n’est pas exactement favorable à nos besoins de trésorerie et qui me garde parfois éveillé la nuit. Il faut savoir que nos cuves de stockage d’huile sont actuellement quasi pleines ce qui” , faute de barge nous permettant de charger de l’huile pour l’un de nos clients, nous obligerait de suspendre nos activités de production dès le début de semaine prochaine, dans deux jours. Nous avons fait monter des barges à vide depuis Kinshasa qui auraient dû nous parvenir il y a près d’un mois, mais c’est sans compter avec les aléas de la navigation en saison sèche, les pannes, le vent (eh oui, apparemment même sur le Kasaï le vent peut obliger les convois à s’arrêter) avec le résultat que la première barge ne nous est parvenue qu’aujourd’hui, juste à temps pour nous permettre de la nettoyer, la faire inspecter par l’office de contrôle congolais (OCC) et commencer à charger mardi, juste au moment où nous aurions été obligés de suspendre nos activités de production. Si ça n’est pas du Just in Time il faudra redéfinir la notion, même si dans ce cas-ci c’est exactement l’opposé de la solution optimale recherchée…

Comme vous voyez, il y a toujours quelque chose pour nous tenir occupés et éviter que l’on se morfonde de lassitude sur notre île virtuelle.

Nous espérons entendre ou lire de vos nouvelles également, même s’il ne s’agit pas d’animaux sauvages qui reprennent leur liberté ou de stress de livraisons hors délais,
bises à tous,

Marc & Marie-Claude

As you know, in addition to our two hairy companions, Makala the dog and Griezel the cat, we also inherited a bird, a grey parrot, named Theo. Theo, a protected parrot that had been captured in the surrounding wilderness and sold to one of the expatriates who worked and lived here in Mapangu, had been living in a cage for the past 5 years while his fellow creatures regularly passed over the house shouting their very characteristic but much less spectacular cries than Theo’s wide repertoire.
Theo’s future was a question that tormented our minds because on the one hand, as he had been captured in the wild, he could never be allowed to travel because he was part of a protected species, even if there is no shortage of parrots of his species here. On the other hand, if we leave Mapangu, which will eventually happen sooner or later, what will happen to Theo if the new occupants of the house do not want to take care of such a bird?
The alternative we also thought about would be to release Theo into the wild, but would a parrot that had lived so many years in captivity be able to provide for its food and water needs without having a regular supply in its feeder? Whatever the option, we decided to let him grow back his feathers (which our predecessor had cut regularly), considering that while it would be more difficult to catch him if he got out of his cage, he would also have a better chance of escaping from the dogs, cats and other predators that roam the area.
Yesterday, as a result of a distraction from our cook, who did not properly close the cage after feeding Theo, he (Theo) decided to make the best out of it and disappeared into the wild. Either the fact of being out in the open has shut his beak and even if not too far away he has decided not to give any auditory sign of presence, or he has decided to distance himself radically, and, wherever he is, his manifestations are not audible up to the Cathedral. We kept the cage open with food and water in his bowl in case he decided to come back to visit us, but it is not impossible that he took advantage of the passage of a other parrots to join them and rediscover life without bars and humans who come to teach him crazy words and scratch his head. In principle, given his young age, he (or she because we don’t actually know if our bird is male or female) still has many years of life ahead of him and even if his noisy presence is suddenly missing, we are relieved not to have to make the decision to release him into the wild or leave him to someone who might not take good care of him when we move. Who knows, one of these days we may be surprised by a thundering “Krakoukas”, “Red Alert”, “Makala pfiuuuu!”, “Rise & shine” in the plantation and nothing would please us more.

Let’s change the subject, much more technical this time, namely the principle of JIT (Just in Time) used by many companies to optimally manage their stocks and thus avoid the immobilization of significant financial resources. This is an extremely difficult concept to apply here since our orders can take between 12 and 18 months to arrive on the plantation because of the delays in shipping, customs clearance and local delivery difficulties to reach us. In fact, it is often just in time that we receive the supplies (fuel, lubricants, tools, spare parts), despite the fact that we ordered them with lead times that are difficult to imagine in Europe.
It is not only for supplies that here in Mapangu we apply the JIT, but latter I am about to describe is a Congolese variant that is not exactly favourable to our cash flow needs and that sometimes keeps me awake at night. It should be noted that our oil storage tanks are currently almost full, and without a barge to load oil for one of our customers, we would have to suspend our production activities early next week, in fact as sson as within two days. We have paid for empty barges to be brought from Kinshasa, which should have reached us almost a month ago, but that is without taking into account the hazards of navigation in the dry season, breakdowns, wind (yes, apparently even on Kasai the wind can force convoys to stop) with the result that the first barge has only reached us today, just in time to allow us to clean it, have it inspected by the Congolese Control Authority (OCC) and start loading on Tuesday, just when we would have been forced to suspend our production activities. If it is not Just in Time, it will be necessary to redefine the notion, even if in this case it is exactly the opposite of the optimal solution sought…

As you can see, there is always something to keep us busy and avoid being bored from life on our virtual island.

We hope to hear or read your news as well, even if they are not wild animals being returning to their freedom or the stress of late deliveries.
Kisses to all of you,

Marc & Marie-Claude