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Mondanités – Socialising

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Mardi, avec notre avion du mois, Marie-Claude a rejoint la plantation après plus de deux mois d’absence. Cet exil prolongé n’était pas prévu, mais vu l’incertitude sur l’état de sécurité à Mapangu nous avions choisi de revenir en différé. Avec le recul ce n’était probablement pas nécessaire mais comme il se dit “avec si on peut mettre Paris en bouteille”.
Dans le même avion, nous avons également accueilli le directeur technique du groupe Socfin qui est venu passer quelques jours à Mapangu pour faire le point sur nos installations (huilerie, garage, etc.). Pendant sa courte visite, il est resté seulement deux jours sur place avant de repartir à Kinshasa via Ilebo ce vendredi, les déjeuners et dîners se sont succédé et nous avons probablement mangé et bu plus en deux jours que toute une semaine normale.
Cela ne nous a pas empêché de retrouver tous les expatriés pour un déjeuner à la Cathédrale hier midi, car exceptionnellement nous avoins un long week-end à l’occasion de la fête nationale de la RDC. Au-delà du plat principal qui était délicieux, Marie-Claude nous a gâté avec une tarte tatin aux pommes et noix qui était particulièrement réussie et bonne. Tout le monde ayant été très raisonnable, il en reste même quelques morceaux pour faire une deuxième dégustation pour me permettre de confirmer si réellement cette tarte est aussi exceptionnelle que lors du déjeuner de hier.

Aujourd’hui c’est le cinquante neuvième anniversaire de l’indépendance du Congo, mais, à l’instar des trois années précédentes, les autorités ont décidé qu’il n’était pas approprié d’organiser de défilé ou de manifestation publique pour des raisons de sécurité. Il faut dire que la semaine dernière était consacrée aux examens d’état qui mobilisent toutes les autorités locales (policières, renseignement, administratives et même militaires), officiellement, pour s’assurer que les examens se déroulent en toute impartialité, pratiquement, parce que tous veulent leur part du gâteau… Officiellement les élèves doivent s’acquitter d’une inscription aux examens de 35.000 francs, mais certaines écoles et inspecteurs de Mapangu n’hésitent pas à demander jusqu’à 150.000 francs sous prétexte de devoir couvrir des frais de mission et de logistique, la différence étant pour la poche des “autorités” locales. Ce racket se déroule chaque année et personne ne semble pouvoir ou vouloir dénoncer le processus de peur de voir leurs enfants refoulés aux examens, probablement aussi car “le gâteau” est partagé jusqu’aux plus hauts échelons de l’administration. Beaucoup de travailleurs (et non-travailleurs) sont obligés de s’endetter fortement pour que leur(s) enfant(s) puisse(nt) être admis aux examens. Quand j’appelle les préfets des écoles de Mapangu pour comprendre ce qui se passe, ils me jurent les grands dieux que le tarif officiel est strictement appliqué, mais quand je propose de venir payer moi-même ce montant contre réception d’un reçu officiel toutes sortes de complications sont avancées pour expliquer que c’est aux élèves de venir régler cela eux-même parce que parfois ils ont des dettes pour du matériel ou d’autres services non-payés.

Une autre raison, officieuse celle-là, pour laquelle les manifestations de célébration de la fête nationale ont été supprimée est beaucoup plus typique d’ici, à savoir le risque pour les hommes de perdre leur sexe. Je devine que cela demande quelques lignes d’explications car, moi non plus, je n’ai pas bien compris le problème. A la base, il circule une rumeur comme quoi certaines personnes seraient dotées de pouvoirs magiques qui leur permettent de dérober le sexe d’un homme en lui serrant simplement la main. Ce ne serait rien si les autorités, y compris notre médecin, le chef de secteur et d’autres notables, n’étaient pas convaincus de la véracité de ces allégations, au point d’émettre une recommandation officielle d’éviter de serrer la main des personnes rencontrées. Cela va jusqu’au point ou lors des célébrations à l’église, lorsque vient le moment pour la congrégation de se serrer la main avec ses voisins, les recommandations sont de simplement faire un petit geste mais d’éviter le contact physique. Il va sans dire que personne n’est en mesure de témoigner avoir vu de ses propres yeux une personne ayant été dérobée de ses attributs masculins et encore moins d’avoir vu l’effective absence des attributs. En attendant, dans l’ignorance de ce grave fléau, je continuais à serrer la main de mes collaborateurs et travailleurs. Mon directeur des relations publiques m’a entre-temps informé que compte tenu des circonstances (auxquelles il ne donne évidemment aucune crédibilité…???) il serait préférable que je ne serre plus la main des gens….

Ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière fois que des rumeurs farfelues circulent dans le coin. La dernière fois l’histoire était que le chef de secteur et notre directeur des relations publiques étaient impliqués avec les expatriés dans un trafic d’organes humains. Ici la frontière entre la réalité et le mystique est très vague et tout ce qui ne s’explique pas tout à fait clairement dans la tête des gens est forcément lié à de la magie. Ainsi notre médecin a eu une inflammation du pied qui a gonflé et était fort douloureux, probablement le résultat d’une infection, mais selon le médecin (et là, les choses deviennent quand même inquiétantes) c’était le résultat d’un sort qui lui avait été jeté… Il n’est donc pas nécessaire d’expliquer en détail pourquoi, en cas de problème médical, nous préférons nous rendre à Kinshasa ou en Europe.

En espérant que ces quelques lignes vous trouveront bien et dans l’attente de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

On Tuesday, with our monthly plane to Mapangu, Marie-Claude rejoined me on the plantation after more than two months of absence. This prolonged exile was not planned, but given the uncertainty about the security situation in Mapangu, we chose to return in a staggered manner. With hindsight this was probably not necessary but with hindsight everything is possible.

In the same plane, we also welcomed the technical director of the Socfin group who came to Mapangu for a few days to review our facilities (oil mill, garage, etc.). During his short visit, he stayed only two days here before leaving for Kinshasa via Ilebo on Friday, lunches and dinners followed one another and we probably ate and drank more in two days than in a normal week.

This did not prevent us from meeting all the expatriates for a lunch at the Cathedral yesterday, because exceptionally we are having a long weekend on the occasion of the DRC’s national holiday. Beyond the main course which was delicious, Marie-Claude spoiled us with a particularly successful and delicious apple and walnut tatin pie. Everyone having been very reasonable, there are even a few pieces left to make a second tasting, which may enable me to confirm if really this pie is as exceptional as it was during yesterday’s lunch.

Today is the fifty-ninth anniversary of Congo’s independence, but, as for the previous three years, the authorities have decided that it is not appropriate to hold a parade or public demonstration for security reasons. It must be said that last week was devoted to the school’s state exams that involve all local authorities (police, intelligence, administrative and even military), officially, to ensure that the reviews are conducted in complete impartiality, practically, because everyone wants their share of the cake… Officially, students must pay 35,000 francs for exam registration, but some schools and inspectors in Mapangu do not hesitate to ask up to 150,000 francs on the pretext of having to cover mission and logistics costs, the difference being for the pocket of the local “authorities”. This racket takes place every year and no one seems to be able or willing to denounce the process for fear of having their children turned away for exams, probably also because the “cake” is shared up to the highest levels of the administration. Many workers (and non-workers) are forced to incur significant debt in order for their child(ren) to be admitted to the examinations. When I call the heads of the Mapangu schools to understand what is going on, they swear to the gods that the official rate is strictly applied, but when I propose to come and pay this amount myself against receipt of an official receipt, all kinds of complications are put forward to explain that it is up to the students to come and pay for it themselves because sometimes they have debts for unpaid equipment or other services accrued during the school year.

Another reason, unofficial that one, for which the parade and other events celebrating the national holiday have been suppressed is much more typical of here, namely the risk for men to lose their sex. I guess this statement requires a few lines of explanation because I didn’t understand the problem either. Basically, there is a rumour that some people have magical powers that allow them to steal a man’s sex by simply shaking his hand. It would be nothing if the authorities, including our doctor, the sector head (mayor) and other notables, were not convinced of the truth of these allegations, to the point of issuing an official recommendation to avoid shaking hands when meeting people, whether known or not. This goes to the point that during church celebrations, when it comes time for the congregation to shake hands with its neighbours, the priest recommendations are to simply make a small gesture but avoid physical contact. It goes without saying that no one is able to testify that they have seen with their own eyes a person who has been robbed of their male attributes, let alone that they have seen the actual absence of the attributes. In the meantime, in ignorance of this serious scourge, I continued to shake hands with my collaborators and workers. In the meantime, my Director of Public Relations has informed me that given the circumstances (to which he obviously gives no credibility…???) it would be better if I no longer shake hands with people….

This is not the first time and certainly not the last time that crazy rumours are circulating in the area. The last time the story was that the local mayor and our public relations director were involved with expatriates in human organ trafficking. Here in Mapangu the boundary between reality and mysticism is very vague and everything that is not quite clearly explained in people’s minds is necessarily linked to magic. Even our doctor, who had an inflammation of the foot that swelled and was very painful, probably the result of an infection, was convinced (and things are getting worrying anyway) that it was the result of a spell that had been cast on him… It is therefore not necessary to explain in detail why, in the event of a medical problem, we prefer to travel to Kinshasa or Europe.

We hope that these few lines will find you well and waiting for your news,

Marc & Marie-Claude

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Relax ?!

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Quand on vit en brousse comme nous, sur notre île du Kasaï, loin du stress de la ville, du trafic, du bruit, de la lumière omniprésente, de la pollution, il est aisé de penser que l’on vit dans un endroit qui doit être reposant. Ce serait peut-être encore plus le cas si nous étions réellement sur une île avec la mer et la plage où l’on pourrait s’installer sous les cocotiers pour profiter de la quiétude des lieux.
Ici il n’y a pas la plage à proprement parler, mais depuis la reprise de la saison sèche le niveau de l’eau de la rivière Kasaï a rapidement baissé révélant des bancs de sable où il est possible d’aller s’installer pour un barbecue et où les plus courageux vont se baigner dans la rivière en évitant les zones de fort courant et tourbillons. Aller jusqu’au bancs de sable nécessite toutefois toute une logistique et n’est pas quelque chose que nous pouvons faire de manière impulsive ou seuls. Outre le piroguier et matelot qui sont nécessaires pour nous amener à bon port, le banc de sable est dénué de toute forme d’abris (il est sous l’eau pendant plus de six mois de l’année) et il faut donc aussi y construire une paillote pour ne pas être grillés vifs par le haut (le soleil) et le bas (le sable devient extrêmement chaud).
Pour palier à cela, nous avons investi dans une petite piscine surélevée que nous allons installer près de la Cathédrale. A défaut de sable cela nous permettra de faire quelques brasses en rentrant du travail ou durant le week-end. La piscine doit toutefois encore arriver, elle était supposée être chargée sur une barge qui est arrivée chez nous la semaine passée, mais c’est sans compter sur le fait que nous sommes au Congo et que le transporteur à oublié de la mettre à bord…
Il est indéniable que le fait de ne pas avoir d’artère routière fonctionnelle et/ou importante dans les environs (même éloignés), pas d’électricité généralisée, pas d’industrie polluante et un paysage généralement sauvage assure un environnement où les seuls bruits sont ceux du vent, des oiseaux, des insectes et occasionnellement les cris, chants ou autres bruits humains dans la distance. Nous bénéficions d’un air qui ne pourrait être plus propre puisque nous sommes entourés de plantes, arbres et autre végétaux qui éliminent les rares petites particules indésirables qu’il pourrait y avoir dans l’air. Cela ne veut pas dire que nos véhicules ne génèrent pas des crasses dans l’air, certains de nos camions sont de vrais fumigènes dont les émanations gazeuses échoueraient sans aucun doute tout test de contrôle technique en Europe, mais compte tenu de leur nombre limité sur une étendue gigantesque leur impact est imperceptible dans notre environnement.
Un autre bénéfice de notre région est le fait d’avoir des ciels étoilés comme il n’est plus possible de voir en Europe, à quelques rares exceptions près (quand il ne fait pas nuageux évidemment). Je me souviens de la magie de la voie lactée lors de nos premières vacances en Espagne, époque où il n’y avait que les petits villages qui avaient de l’électricité et le reste de la vallée devant la maison était sinon plongée dans l’obscurité quasi totale avec un ciel exceptionnel de clarté. En Espagne, du moins dans les environs où nous allions en vacances, cette magie n’existe plus, mais ici les ciels resteront probablement encore longtemps indemnes de la pollution de lumière.
Quand je pars à l’appel le matin ou je me déplace dans la plantation à n’importe quelle heure de la journée, le seul trafic que je risque de croiser est un tracteur ou camion qui transporte la récolte entre la plantation et l’huilerie. Le risque d’embouteillage est une illusion que les gens d’ici ont du mal à imaginer, d’autant plus qu’ici tous les chauffeurs et moi nous nous connaissons, donc le retard éventuel serait plus lié à un arrêt pour discuter plutôt que de faire la file derrière d’autres véhicules. En plus quand les autres véhicules voient ma voiture arriver, privilège de DG obligeant, ils se mettent de côté pour me laisser passer.
Donc on est en droit de s’imaginer que la vie ici est assez relax, pas de stress et tout et tout. Pour certains aspects c’est vrai, mais pour d’autres c’est tout du contraire à commencer par les heures de travail qui frisent souvent avec 13 ou 14 heures par jour, certes avec une pause d’une petite heure à midi. Heureusement il y a le dimanche pour souffler un peu et s’occuper des choses qui n’ont pas un lien direct avec le travail, comme par exemple écrire ces nouvelles.
De même, le fait de vivre en quelque sorte sur une “île”, il n’est pas question de filer rapidement chez un fournisseur pour aller chercher le produit qui nous manque. Pour la maison nous sommes organisés et planifier nos achats de manière mensuelle ne pose pas trop de problèmes, mais quand il s’agit des pièces de rechange pour l’huilerie ou les véhicules c’est une autre histoire. Beaucoup de nos pièces doivent être importées et quand il s’agit de blocs moteur, pièces d’usine, etc. qui pèsent individuellement plusieurs centaines de kilos, cela doit venir par bateau. Ainsi certaines de nos commandes arrivent plus de 12 mois après les avoir passées à cause de tous les délais et points d’attente en cours de route. Je puis vous assurer que prévoir plus de 12 mois à l’avance quelles pièces de rechange nous aurons besoin n’est pas une science exacte et il y a des moments où cette incertitude est tout sauf relaxante. Dans certains cas extrêmes nous en arrivons à fabriquer nous-mêmes des pièces mécaniques (roue dentée pour boite de vitesse, axes de transmission, etc.) pour ne pas être bloqués et puis dans d’autre cas les pièces commandées, quand elles nous arrivent finalement, ne correspondent pas à ce que nous avons besoin. C’est le cas en particulier des pièces pour nos camions Kamaz (russes) qui semblent changer de références de manière fréquente mais sans réelle possibilité de contrôle, ce qui ne nous aide pas.
Finalement, la saison sèche et les bancs de sable n’aident pas à la navigation fluviale et, combinant cela avec de sérieux problèmes logistiques au port d’Ilebo où les barges doivent parfois attendre 4 mois pour être déchargées, les barges qui sont supposées évacuer notre huile ne viennent pas ou ne peuvent charger qu’une infime partie de leur capacité. Entre temps nos cuves se remplissent et on voit le moment où nous serons obligés de tout mettre à l’arrêt à cause d’une capacité d’évacuation insuffisante, ce qui n’est pas exactement relaxant ! Jusqu’à présent nous avons chaque fois réussi à éviter ce genre de désastre, nous devrions arriver à encore une fois contourner le problème, mais je croise quand même les doigts.

Nous espérons avoir de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

When one lives in the bush like us, on our Kasai “island”, far from the stress of the city, the traffic, the noise, the omnipresent light, the pollution, it is easy to think that we live in a place that must be relaxing. This would perhaps be even more the case if we were really on an island with the sea and the beach where we could settle under the coconut trees to enjoy the tranquility of the place.
There is no beach here strictly speaking, but since the dry season resumed, the water level of the Kasai River has quickly dropped, revealing sandbanks where it is possible to go for a barbecue and where the most courageous go swimming in the river avoiding areas of strong currents and whirlpools. However, going to the sandbanks requires a whole logistic setup and is not something we can do on impulse or alone. In addition to the dugout canoe and sailor who are necessary to get us to our destination, the sandbank is devoid of any form of shelter (it is under water for more than six months of the year) and it is therefore also necessary to build a straw hut so as not to be grilled alive from the top (the sun) and the bottom (the sand becomes extremely hot).
To compensate for this, we have invested in a small raised swimming pool that we will install near the Cathedral. Even thought there will be no sand or beach, it will allow us to swim a few strokes when we get home from work or during the weekend. However, the pool still has to arrive, it was supposed to be loaded on a barge that arrived here last week, but that’s without counting on the fact that we are in Congo and that the carrier forgot to put it on board…
It is undeniable that the fact of not having a functional and/or important road artery in the surroundings (even far away), no generalized electricity, no polluting industry and a generally wild landscape all around us ensures an environment where the only noises are those of the wind, birds, insects and occasionally screams, songs or other human noises in the distance. We enjoy an air that couldn’t be cleaner since we are surrounded by plants, trees and other plants that remove the rare small unwanted particles that may be in the air. This does not mean that our vehicles do not generate dirt in the air, some of our trucks are real smoke generators whose gaseous emissions would undoubtedly fail any roadworthiness test in Europe, but given their limited number over a huge area their impact is imperceptible in our environment.
Another benefit of our region is the fact that it has starry skies like it is no longer possible to see in Europe, with a few rare exceptions (when it is not cloudy of course). I remember the magic of the Milky Way during our first holidays in Spain, when there were only the small villages with electricity and the rest of the valley in front of the house was otherwise almost completely dark with an exceptional skylight. In Spain, at least in the surroundings where we used to go on holiday, this magic no longer exists, but here the skies will probably remain free of light pollution for a long time to come.
When I leave for muster in the morning or move around the plantation at any time of the day, the only traffic I may encounter is a tractor or truck that transports the crop between the plantation and the oil mill. The risk of traffic jams is an illusion that people here have a hard time imagining, especially since here all the drivers know each other, so the possible delay would be more related to a stop to chat rather than queuing up behind other vehicles. In addition, when the other vehicles see my car arrive, GM privilege obliging, they put themselves aside to let me pass.
So we are entitled to imagine that life here is quite relaxed, no stress and all that. For some aspects this is true, but for others it is quite the opposite, starting with working hours, which are often close to 13 or 14 hours a day, even though with a break of about one hour at noon. Fortunately, there is Sunday to take a break and take care of things that are not directly related to work, such as writing this posting
Likewise, living on an “island” of sorts, there is no question of rushing to a supplier to get the product we need. For the house we are organized and planning our purchases on a monthly basis does not pose too many problems, but when it comes to spare parts for the oil mill or vehicles it is another story. Many of our parts have to be imported and when it comes to engine blocks, factory parts, etc. that individually weigh several hundred kilos, it has to come by boat. Thus some of our orders arrive more than 12 months after having placed the order, because of all the delays and waiting points along the way. I can assure you that predicting more than 12 months in advance what spare parts we will need is not an exact science and there are times when this uncertainty is anything but relaxing. In some extreme cases we manage to manufacture mechanical parts ourselves (gearwheel for gearboxes, transmission axles, etc.) so as not to be blocked and then in other cases the parts ordered, when they finally arrive, do not correspond to what we need. This is particularly the case for parts for our Kamaz (Russian) trucks, which seem to change references frequently but without any real possibility of control, which does not help us.
Finally, the dry season and the sandbanks do not help inland navigation and, combined with serious logistical problems at the port of Ilebo where barges sometimes have to wait 4 months to be unloaded, the barges that are supposed to transport our oil do not come or can only load a small part of their intended capacity. In the meantime our tanks are filling up and we see the moment when we will have to shut down everything because of insufficient storage capacity, which is not exactly relaxing! So far we have managed to avoid this kind of disaster every time, we should be able to get around the problem again, but I am keeping my fingers crossed.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Boum! – Bang!

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Depuis mon retour de congé j’ai été bien occupé principalement avec des tâches administratives et des visites de toutes sortes de personnes dont beaucoup venaient exprimer leur surprise et satisfaction de mon retour car une rumeur circulait dans Mapangu que nous étions parti définitivement, certains prétendant même que j’en aurais profité pour vider la caisse de la société (c’est pour cela que vous m’avez peut-être vu circuler dans une voiture de luxe pendant mes congés)… Mais le soulagement des travailleurs était surtout de savoir que comme j’étais de retour il leur serait possible d’acheter encore des lampes Waka-waka. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la lampe Wake-waka, il s’agit d’un petit boîtier dont une des faces est munie d’un panneau solaire et l’autre de deux lampes LED ainsi que d’une prise USB permettant de charger un téléphone par exemple. Comme ici la région est démunie d’électricité ces lampes permettent à nos travailleurs de s’éclairer (il y a une autonomie allant jusqu’à 150 heures d’éclairage) et de recharger leur téléphone sans devoir acheter des piles (chinoises) qui ne durent que quelques heures ou de payer quelqu’un pour charger leur téléphone via un panneau solaire. A ce jour nous avons déjà distribué plus de 2.500 de ces lampes qui commencent à se retrouver également via des marchés parallèles dans les villes voisines comme Ilebo, Idiofa et Kikwit. Je crois aussi que bon nombre aboutissent à Kinshasa qui, malgré le fait d’être électrifié, souffre de fréquentes coupures de courant durant lesquelles une lampe de poche est la bienvenue. Etant fort prisées, ces lampes sont la convoitise de voleurs qui savent qu’elles devront tôt ou tard être laissées au soleil pour être rechargées, et ils profitent de ces moments pour les dérober. Bref, la seule raison qui fait que les travailleurs de Brabanta auraient regretté mon départ était l’éventuelle suspension de l’approvisionnement en lampes Waka-waka. Au moins je sais quelles sont les priorités et puis nous ne sommes pas encore parti!

Mais ce n’est pas cela l’objet du titre car, non, les lampes Waka-waka permettent de faire beaucoup de choses mais pas vraiment de boum. En fait, le boum dont je voulais parler est celui de la production de la plantation. A la fin de la semaine dernière nous étions à spéculer combien il serait nécessaire de revoir nos budgets de production à la baisse vu le faible nombre de régimes et de fruits de palme sortant de la plantation. Et puis cette semaine BOUM! la production a explosé passant de 150 tonnes de récolte par jour à 600 tonnes par jour, le pourquoi et le comment restant un de ces mystères de la nature car durant les mois précédents nous avons maintes fois pensé que la production devait augmenter au vu des régimes sur les palmiers et rien ne se passait et maintenant, alors que nous nous étions résignés à attendre encore un peu, sans crier gare les palmiers commencent à cracher leurs régimes et fruits plus vite que nous ne pouvons les récolter. Heureusement nous avons tout un lot d’outillage qui arrive avec une barge aujourd’hui ou demain (brouettes, ciseaux de récolte, etc.) et nous sommes, à part cela, fin prêts pour fonctionner à plein pots pendant les mois de pointe qui viennent.

Tout est prêt, ou presque car par acquis de conscience j’ai demandé au directeur de l’huilerie de s’assurer que notre deuxième générateur était tout à fait opérationnel car, en période de pointe, nous devons fonctionner 24h sur 24 . Si par hasard le premier générateur s’arrête pour une raisons ou une autre je préfère savoir qu’il suffit d’allumer l’autre. Eh bien non, le deuxième générateur refusait de s’allumer, ce qui fait que nous avons fait venir d’urgence un technicien de Kinshasa (car le générateur en question est encore sous garantie) et, ouf, les choses sont maintenant opérationnelles. Il semblerait que c’était une petite chose (une alarme à désactiver) mais qui était quand même assez sérieuse pour que la venue du technicien en personne soit nécessaire. Heureusement, ayant fait ce contrôle jeudi, nous avons encore eu juste le temps d’organiser la venue du technicien avec l’avion hebdomadaire d’Ilebo.

Pour pouvoir évacuer tous les régimes de la plantation vers l’huilerie, nous avons mis en place quatre points de collecte munis d’un quai sec où il est possible de charger de gros camions et éviter ainsi que les tracteurs doivent aller déposer leur charge jusqu’à l’usine (car cela prend beaucoup de temps). Il ne restait qu’un seul quai à compléter et, naïvement, nous nous sommes dits que fort de l’expérience des trois quais précédents celui-ci serait un jeu d’enfant. Comme expliqué la semaine passée les débuts ont été difficiles et nous pensions sincèrement que les problèmes avaient été résolus, malheureusement c’est sans compter avec “l’ingéniosité” de nos hommes qui ont encore une fois réussi à plier le conteneur. J’ai envie de dire “boum” ici aussi car je soupçonne la nouvelle déformation d’être le résultat d’une manœuvre malencontreuse avec la pelle mécanique, mais je n’y étais pas donc c’est peut-être, comme ils disent, “un fait de Dieu”. Étant, maintenant, acculés à la pointe de production et vu que le quai est utilisable malgré le vilain ballonnement de celui-ci. Nous allons travailler avec ce que nous avons, mais ce ne sera certainement pas le plus beau quai et mon illusion de bénéfice de l’expérience n’est manifestement pas d’application ici. Après la pointe nous verrons s’il y lieu de défaire la construction et de refaire les choses correctement, mais pour le moment espérons qu’il tienne les prochains mois.

Le matin, nous aimons prendre des fruits pour le petit déjeuner. En général c’est un choix de papaye, ananas et fruits de la passion, mais depuis que j’étais rentré il n’y avait guère plus qu’une papaye ratatinée de temps en temps. Après avoir signalé que je trouvais la production de notre jardin décevante il y a eu comme une explosion et je me retrouve maintenant avec 2-3 ananas et papayes tous les jours, les fruits de la passion restant encore modestes. Vu cette explosion soudaine, je suis “présentement” le pourvoyeur de fruits pour les autres expatriés en particulier notre directeur d’usine qui est un grand amateur de fruits en tout genres.

Pendant que j’écris ces lignes il y a Théo qui me fait une démonstration de son répertoire avec des appels de Makala et Griezel, des grincements de porte, des rires, des sifflements, appels de gardiens, aboiements, couinements (la chienne de notre voisin a eu des chiots), chants, miaulements, mots divers comme Cracoucas, Alerte Rouge, Bonjour Théo et monologues auxquels je ne comprends pas grand chose. Ce volatile n’arrête pas de nous surprendre par l’étendue de son répertoire, dont les interventions sont souvent très à propos ce qui fait parfois bien rire.

J’espère que ces lignes vous trouveront bien. N’hésitez-pas à nous faire part de vos nouvelles.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

Qai de chargement – Loading bay
Graines d’hévéa en germination – Germinating Hevea seeds

Since my return from leave I have been very busy mainly with administrative tasks and visits from all kinds of people, many of whom came to express their surprise and satisfaction with my return because there was a rumour in Mapangu that we had left for good, some of them even claiming I would have taken the opportunity to empty the company’s cash register (that’s why you may have seen me drive in a luxury car during my holidays)… But the relief of the workers was above all to know that since I was back it would be possible for them to buy more Waka-waka lamps. For those who are not familiar with the Wake-waka lamp, it is a small flat box with a solar panel on one side and two LED lamps on the other side, as well as a USB socket for charging a phone for example. As the region here is without electricity, these lamps allow our workers to have a source of light (there is an autonomy of up to 150 hours of lighting) and to recharge their phones without having to buy (Chinese) batteries that only last a few hours or to pay someone to charge their phones via a solar panel. To date we have already distributed more than 2,500 of these lamps, which are also starting to appear via parallel markets in neighbouring cities such as Ilebo, Idiofa and Kikwit. I also believe that many end up in Kinshasa which, despite being electrified, suffers from frequent power outages during which a flashlight is welcome. Being highly prized, these lamps are the envy of thieves who know that sooner or later they will have to be left in the sun to be recharged, and they take advantage of these moments to steal them. In short, the only reason the Brabanta workers would have regretted my departure was the possible suspension of the supply of Waka-waka lamps. At least I know what the priorities are and after all we are not gone yet!

But that was not the purpose of the title because, no, Waka-waka lamps allow you to do many things but I am not sure you would get a noisy BANG out of them. In fact, the bang I wanted to talk about is the one about the production of the plantation. At the end of last week we were speculating how wise it would be to revise our production budgets downwards given the low number of palm bunches and fruits leaving the plantation. And then this week BANG! production exploded from 150 tons of harvest per day to 600 tons per day, the why and how remaining one of nature’s mysteries, because during the previous months we repeatedly thought that production should increase in view of the bunches on the palm trees and nothing was happening and now, when we had resigned ourselves to waiting a little longer, without warning the palm trees start to spit out their bunches and fruits faster than we can harvest them. Fortunately we have a whole lot of tools coming in with a barge today or tomorrow (wheelbarrows, harvest scissors, etc.) and we are otherwise ready to operate at full capacity during the coming peak months.

Everything is ready, or almost ready because to be absolutely certain I asked the director of the oil mill to make sure that our second generator was fully operational. This is because in peak periods we have to operate 24 hours a day and if by chance the first generator stops for one reason or another I prefer to know that all we have to do is turning on the other one. Well no, the second generator refused to start despite all the efforts of our mechanics, so we urgently brought in a technician from Kinshasa (because the generator in question is still under warranty) and, I can breathe again, things are now operational. It seemed like a small thing (an alarm that neede to be disabled or something of the sort) but it was still serious enough that a specialist needed to come in person and, fortunately, having done this check on Thursday, we had just enough time to organize the technician’s visit with the weekly plane from Ilebo the following day.

To be able to evacuate all the fruit bunches from the plantation to the oil mill, we have set up four collection points equipped with a dry dock where it is possible to load large trucks and thus avoid that tractors having to drop off their loads at the factory, as this takes a long time going there and back. There was only one dock left to complete and, naively, we thought that with the experience of the three previous docks, it would be child’s play. As explained last week the beginnings were difficult and we sincerely thought that the problems had been solved, unfortunately this is without counting on the “ingenuity” of our men, who once again managed to fold the container. I want to say “boom” here too because I suspect the new deformation to be the result of an unfortunate manoeuvre with the excavator, but I was not there so it may have been, as they say, a act of God… Since we are now at the peak of production and the dock is usable despite its ugly bloat, we will work with what we have, but it will certainly not be the most beautiful dock and my illusion that we were going to benefit from the experience is clearly not applicable here. After the peak we will see if it is necessary to undo the construction and redo things properly, but for the moment let’s hope it will last for the next few months.

In the morning, we like to have fruit for breakfast. In general it is a choice of papaya, pineapple and passion fruit, but since I came home there has been little more than a shrivelled papaya from time to time. After letting our staff know that I found the production of our garden disappointing there was like an explosion and I now find myself with 2-3 pineapples and papayas every day, the passion fruit still remaining modest. Given this sudden explosion, I am currently the fruit supplier for the other expatriates and in particular our plant manager who is a great lover of all kinds of fruit.

As I write these lines, Theo shows off his repertoire with calls for Makala and Griezel, noise of a door squeaking, laughter, whistles, guard calls, barking, squealing (our neighbour had puppies), songs, meows, miscellaneous words like Cracoucas, Red Alert, Hello Theo and monologues of which I don’t understand much. This bird does not stop surprising us by the extent of its repertoire, whose interventions are often very appropriate and which sometimes make us laugh.

I hope these lines will find you well. Feel free to share your news with us.

Until soon,

Marc & Marie-Claude



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Ratées – Failures

See below for text in English

Les choses ne marchent pas toujours comme on le souhaite, parfois c’est anodin et dans d’autres cas les conséquences sont plus dramatiques. Cette semaine a été caractérisée par pas mal d’événements qui pourraient figurer dans la catégorie des ratées, allez savoir pourquoi, mais il y a des semaines comme cela.
Aujourd’hui c’est le pain qui m’a fait un pied de nez et pourtant ce n’est pas faute de faire du pain de manière régulière avec une recette que l’on pourrait décrire comme standard car mis à part l’adjonction variable de noix, noisettes ou graines de potirons, la quantité de farine, de levure, d’eau, de sel, etc. est la même chaque fois. Cette fois il est possible que ce que j’ai utilisé comme farine (blanc, poudreux et semblable en toute apparence à de la farine) ne l’était pas car la pâte était cassante au lieu d’être élastique, le pain n’a pas vraiment monté et pis encore le goût est… pas bon. Heureusement, comme cette première fournée avait été faite ce matin, j’ai eu le temps de faire un deuxième lot qui semble cette fois plus prometteur. A voir toutefois car pour le moment les pains sont supposer lever. J’espère quand même que cette fois sera la bonne car sinon demain matin il n’y aura pas de toast au petit déjeuner.
Cette semaine a commencé du mauvais pied car au niveau des activités de la plantation il y a aussi eu quelques problèmes. Tout a commencé par un de nos employés qui a fait un accident vasculaire cérébral dimanche dernier et qui, malheureusement, après quelques jours de coma profond nous a quitté. Il est peu probable que même dans d’autres circonstances on aurait pu le sauver, mais il n’en reste pas moins que c’est dans ces cas que l’on se rend encore plus compte combien nous sommes isolés. Même si nous avions fait venir un avion médicalisé de l’Afrique du Sud, il est peu probable que l’issue aurait été différente.
En même temps, les premiers jours de la semaine ont été marqués par des débuts de grève sauvage. Ceux-ci étaient très localisés et ne se sont pas prolongés les jours suivants, ce qui est du reste très déconcertant car un jour nos travailleurs crient et réclament toutes sortes de choses que nous ne sommes pas en mesure de leur donner et le lendemain ils sont tout sourires comme si rien ne s’était passé.
Hier, samedi, soir nous avions prévu une réunion au cercle avec tous les agents d’encadrement de la société, soit une petite cinquantaine de personnes. J’essaie d’organiser de telles rencontres pour nous donner une occasion de se retrouver en expatriés et collègues nationaux dans un cadre social et parler d’autre chose que de palmiers et d’huile. Seulement avec le décès de notre collègue il ne semblait pas approprié de se retrouver autour d’un verre alors que la famille pleure la perte de leur papa. Nous avons donc décidé de reporter cette rencontre à une date ultérieure et tout le monde est resté tranquillement chez soi pour le week-end.
Au niveau de la construction nous avons également eu nos ratées. D’une part la clôture du terrain de tennis s’était écroulée car minée par les termites et pour éviter que cela ne se reproduise j’ai suggéré de faire des socles en béton sur lesquels fixer les poteaux de la clôture. Nous avons testé cette solution pour la construction de nos abris et toilettes sèches en plantation et cela semble donner de bons résultats car les termites n’ont plus d’accès direct au bois. Dans le cas du terrain de tennis, croyant sans doute bien faire, l’équipe de construction a fabriqué des touts petits socles en béton qui sont tout à fait sous-dimensionnés pour supporter des poteaux de 3-4m de hauteur avec le résultat qu’ils sont tous tombés, à nouveau…
L’autre chantier qui pose problème concerne la construction d’un quai sec pour le chargement de régimes. Il s’agit d’une structure où d’un côté il y a une rampe qui permet aux tracteurs de reculer avec les remorques pleines de régimes tandis que de l’autre côté en contre-bas du quai il y a de la place pour stationner un gros camion qui se charge ensuite d’acheminer les régimes jusqu’à l’huilerie. Nous avons quatre quais de la sorte, en fait trois seulement car le quatrième a connu des problèmes lors de sa construction. La base de la structure du quai consiste en deux conteneurs de 40 pieds (12m) superposés et remplis de terre. Lors de la première pose des conteneurs, celui du bas s’est complètement plié en le remplissant de terre et pour le remplacer a d’abord du être vidé à la main (ce qui fait quand même plus de 50 tonnes de terre à bouger). Lors de la deuxième tentative, le conteneur du bas n’a pas plié mais une fois plein de terre s’est incliné, ce qui n’est pas non plus idéal. Cette fois, plutôt que de vider encore une fois le conteneur à la main, nous avons décidé de placer une cale entre les deux conteneurs pour que celui du dessus ne soit plus (trop) incliné. Une solution qui est loin d’être idéale mais permet d’économiser beaucoup de temps et d’argent, surtout parce que la pointe de production commence.
Certes il y a des choses qui ne marchent pas comme prévu, mais il y a aussi des surprises agréables et l’une de celles-ci, même si cela paraît anodin, est le développement des petits arbres du voyageur (Ravenala madagascariensis) que nous avons planté dans le jardin. Pour ceux qui ne le connaissent pas, l’arbre du voyageur, dont les feuilles ressemblent un peu à celles d’un bananier, a la particularité d’avoir des feuilles parfaitement opposées et ainsi de se développer en forme de grand éventail. Les nôtres sont encore petits mais prometteurs

Voilà pour les nouvelles de cette semaine, n’hésitez-pas à nous faire part des vôtres.

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Quai de chargement – Loading quay
Chargeurs – Loaders
Cale de redressement – Straightening blocs
Ravenala – Arbre du voyageur – Traveller’s tree
Fleurs devant la porte – Flowers in fron of the door
Potager – Vegetable garden

Things do not always work as we would like, sometimes it is harmless and in other cases the consequences are more dramatic. This week has been characterized by quite a few events that could fall into the category of failures, who knows why, but there are weeks like this.
Today it is the bread that has given me headaches and yet it is not for lack of making bread on a regular basis with a recipe that could be described as standard because apart from the variable addition of nuts, hazelnuts or pumpkin seeds, the quantity of flour, yeast, water, salt, etc. is the same every time. This time it is possible that what I used as flour (white, powdery and similar in appearance to flour) was not, because the dough was brittle instead of elastic, the bread did not really rise and worse still the taste is… not good. Fortunately, since this first batch was made this morning, I had time to make a second batch, which this time seems more promising. It remains to be seen however, because right now the bread loaves are supposed to rise. I hope this time it will be OK because otherwise tomorrow morning there will be no breakfast toast.
This week started off on the wrong foot because there were also some problems with the planting activities. It started with one of our employees who suffered a stroke last Sunday and unfortunately, after a few days of deep coma, left us. It is unlikely that even in other circumstances he could have been saved, but it is in these cases that we become even more aware of how isolated we are. Even if we had brought a medical plane from South Africa, it is unlikely that the outcome would have been different.
At the same time, the first days of the week were marked by the beginning of a wildcat strike. These were very localized and did not last for the next few days, which is very disconcerting because one day our workers are screaming and demanding all kinds of things that we are not able to give them and the next day they are all smiling as if nothing had happened.
Yesterday, Saturday, evening we had planned a meeting at the circle with all the company’s management staff, i.e. a group of about fifty people. I try to organize such meetings to give us an opportunity to meet between expatriates and national colleagues in a social setting and talk about something other than palm trees and oil. Only with the death of our colleague it didn’t seem appropriate to have a drink while the family mourned the loss of their father. So we decided to postpone this meeting to a later date and everyone stayed home quietly for the weekend.
In terms of construction, we also had our failures. On the one hand, the tennis court fence had collapsed because it was undermined by termites and to prevent this from happening again, I suggested making concrete bases on which to attach the fence posts. We have tested this solution for the construction of our shelters and dry toilets in plantations and it seems to give good results because termites no longer have direct access to the wood. In the case of the tennis court, probably believing they were doing the right thing, the construction team made very small concrete bases that were completely undersized to support 3-4m high poles with the result that they all fell, again….
The other problematic site relates to the construction of a dry dock for loading regimes. It is a structure where on one side there is a ramp that allows tractors to back up with trailers full of fruit bunches while on the other side below the dock there is space to park a large truck that then takes care of transporting the fruit bunches to the oil mill. We have four docks of this kind, actually only three because the fourth had problems during its construction. The base of the wharf structure consists of two 40-foot (12m) containers stacked one above the other and filled with soil. During the first installation of the containers, the bottom one was completely folded while filling it with soil and to replace it had to be emptied by hand first (which represents more than 50 tons of soil to move with shovels out of a confined space). On the second attempt, the bottom container did not bend, but once full of soil, it tilted, which is not ideal either. This time, rather than emptying the container by hand again, we decided to place a bloc between the two containers so that the top one would no longer be (too) inclined. A solution that is far from ideal but saves a lot of time and money, especially because the peak production is about to start.
Certainly there are things that do not work as expected, but there are also pleasant surprises and one of them, even if it seems meaningless to some, is the development of the little traveller’s trees (Ravenala madagascariensis) that we planted in the garden. For those who do not know it, the traveller’s tree, whose leaves resemble those of a banana tree, has the particularity of having perfectly opposite leaves and thus developing into a large fan. Ours are still small but promising.

So much for this week’s news, don’t hesitate to let us know yours.

Looking forward to hear from you,

Marc & Marie-Claude

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Sauvé par un Chien Puant – Saved by a Filthy Dog

See below for an English language version of the text.

Après des vacances partagées entre France, Belgique, Suisse et Allemagne qui nous ont permis de voir famille et amis, généralement trop brièvement, il était temps de revenir à la maison et de reprendre le boulot. Je suis arrivé à Mapangu vendredi en fin de matinée, seul dans un premier temps afin d’évaluer la situation et préparer à fond la pointe de production qui risque de démarrer incessamment. Marie-Claude profite encore un peu de temps de la Normandie et aura peut-être une autre occasion de revoir famille et amis avant de me rejoindre.

Pour le moment nous ne sommes pas nombreux en tant qu’expatriés à Mapangu car plusieurs collègues ont profité de ce que la pointe n’ait pas encore commencé pour prendre quelques semaines de vacances de plus. Pour ceux qui ne le sauraient pas, même si le palmier produit en théorie de manière continue pendant toute l’année, ici à Mapangu les condition climatiques font qu’une grande partie de la récolte (production d’huile) est concentrée sur les mois de juin à septembre, voire même de mi-juin à mi-septembre, avec deux tiers de la production annuelle concentrée sur ces 3 mois. Il va sans dire que ces mois sont cruciaux pour la plantation et que pendant cette période nous travaillons 7 jours sur 7 et, pour l’huilerie certainement, 24 heures sur 24. Il y a donc lieu d’être reposés et prêts à travailler comme des malades pendant ces quelques mois de pointe. Tout cela se passe cette fois-ci dans un contexte politique et économique en déroute, car le pays ne dispose pas encore de gouvernement et les services de l’état n’étant pas payés se retournent vers les sociétés pour assurer leurs revenus (légitimes ou non). Tant que possible nous prenons les devants en constituant des stocks de carburant et en faisant monter des barges à vide pour évacuer les huiles produites avant que nos tanks de stockages ne soient pleins et nous ce qui nous forcerait à suspendre les opérations. Normalement il y a des barges qui remontent le Kasaï pour livrer des marchandises à Ilebo, où celles-ci sont transférées sur des wagons de chemin de fer à destination de l’est du pays. Seulement la voie de chemin de fer reliant Ilebo à Mbuji-Mayi et Lubumbashi est en tellement mauvais état que la circulation des trains n’est possible qu’au compte gouttes et que les barges doivent parfois patienter jusqu’à 3 mois pour pouvoir être déchargées dans des wagons. Dans ces conditions beaucoup de transporteurs préfèrent ne pas envoyer leur barges sur le Kasaï et nous ne pouvons pas bénéficier des barges qui redescendent à vide pour charger notre huile… La voie d’eau étant le seul moyen pour évacuer notre production (les routes ne permettent pas le passage de camions citernes – qui n’existent pas) nous devons payer des transporteurs pour faire monter des barges sans charge.

Pour corser un petit peu les choses, notre pic de production correspond à la saison sèche dans notre région et une des conséquences logiques est que le niveau du Kasaï baisse significativement, au point que les barges ne peuvent pas prendre de charge complète sans risque d’échouer. Non seulement est-il donc nécessaire de faire monter des barges vides, mais en plus nous sommes limités en capacité de chargement par le tirant d’eau du Kasaï. Le fait que la saison sèche commence, devrait me permettre de reprendre le vélo quasi tous les jours, vélo que j’avais ramené avec moi en Belgique pour une révision complète car après plus de 5.000km de piste il y avait quelques éléments qui commençaient à donner des signes de fatigue. Cela m’amène au titre de ces nouvelles car, arrivé à l’aéroport de Bruxelles avec mes bagages, composés d’une grosse valise et de mon vélo proprement emballé dans un sac spécial pour ce genre de choses, je me suis vu refuser l’embarquement du vélo. Alors que cela n’avait pas été le cas à Kinshasa pour l’aller, il semblerait que le transport de vélo en avion au départ de Bruxelles n’est possible que si une réservation spéciale a été faite et un supplément payé en ligne à cette fin. Je n’avais évidemment fait ni l’un ni l’autre et n’étais pas prêt à abandonner ma bicyclette en Belgique. La dame chargée de l’enregistrement de mes bagages a commencé par appeler différents services (qui ne répondaient pas au téléphone) puis consulter collègues et supérieurs pour essayer de trouver une solution. Est alors arrivé au guichet à côté du nôtre un monsieur avec une cage contenant un chien qui, je crois, était un jeune berger allemand. Cela serait resté une simple anecdote s’il n’est que ce chien dégageait une odeur pestilentielle qui incommoda très fort la dame chargée de mon enregistrement, au point qu’elle en avait des nausées. Elle ne pouvait évidemment pas abandonner son poste étant en milieu de l’enregistrement de mes bagages (ma valise était déjà étiquetée et partie), mais manifestement elle n’allait pas tenir beaucoup plus longtemps sans craquer et m’a déclaré les larmes aux yeux qu’elle devait absolument aller aux toilettes pour s’éloigner de cette bombe puante. La seule solution étant de clôturer mon enregistrement, elle a donc promptement enregistré mon vélo, m’a donné ma carte d’embarquement et quitté le guichet avant même que je puisse la remercier de cette faveur. Je l’ai vu courir vers les toilettes tandis que sa collègue au guichet d’à côté me regardait avec une interrogation dans les yeux et quand j’ai pointé vers le chien elle m’a dit avoir le nez bouché à cause d’un rhume et de ne rien sentir (la bienheureuse). Je ne souhaite à aucun chien de sentir de la sorte, mais dans ce cas particulier je ne puis qu’exprimer de la reconnaissance à ce canin qui m’a “sauvé” la mise. Entre temps la bicyclette est bien arrivée à Mapangu et est à présent ré-assemblée et prête à attaquer la piste entre la maison et le bureau.

Notre ménagerie (Makala, Griezel et Théo) m’a accueilli avec beaucoup de bruits de plaisir et même si Makala dégage un certain fumet de canin, cela ne peut se comparer avec l’expérience de Zaventem…

Espérant avoir de vos nouvelles très bientôt, j’espère que vous avez apprécié ces nouvelles,

Marc et Marie-Claude

After a holiday shared between France, Belgium, Switzerland and Germany that allowed us to see family and friends, usually too briefly, it was time to come home and get back to work. I arrived in Mapangu on Friday late morning, alone at first to assess the situation and fully prepare for the peak production that may start soon. Marie-Claude is spending some extra time in Normandy and will hopefully be able to see a little more of family and friends before joining me in Mapangu.

For the time being we are not many expatriates in Mapangu, because several colleagues have taken advantage of the peak not having started yet to take another few weeks of vacation. For those who do not know, even if the palm tree produces in theory continuously throughout the year, here in Mapangu the climatic conditions mean that a large part of the harvest (oil production) is concentrated in the months of June to September, or even from mid-June to mid-September, with two thirds of the annual production concentrated over these 3 months. It goes without saying that these months are crucial for the plantation and that during this period we work 7 days a week and, for the oil mill certainly, 24 hours a day. There is therefore a need to be rested and ready to work like mad during these few high production months. All this is obviously happening in a failed political and economic context, because the country does not yet have a government and the state services are not being paid, these turn to companies to ensure their revenues (legitimate or not). Whenever possible, we prepare ourselves as best we can for the rush by building up fuel stocks and bringing empty barges up the river to make sure we can evacuate the oils produced before our storage tanks are full and would force us to suspend operations. Normally there are barges going up the Kasai to deliver goods in Ilebo, where they are transferred to railway cars bound for the east of the country. Only the railway line linking Ilebo to Mbuji May and Lubumbashi is in such poor condition that train traffic is reduced to a trickle and barges sometimes have to wait up to 3 months to be unloaded into wagons. Under these conditions many carriers prefer not to send their barges up the Kasai river and we lack barges that come back empty to load our oil… The waterway being the only way to evacuate our production (roads do not allow the passage of tank trucks – which do not exist) we have to pay carriers to bring their barges up river without a load.

To make things a little more difficult, our peak production corresponds to the dry season in our region and one of the logical consequences is that the level of Kasai river drops significantly, to the point where the barges cannot take full loads at the risk of running aground. Not only is it necessary to pay for empty barges to come all the way from Kinshasa, but we are also limited in loading capacity by the draught of the Kasai. The fact that the dry season is starting should allow me to resumes cycling almost every day. I had brought my mountain bike back with me to Belgium for a complete overhaul because after more than 5,000km of cycling on sandy roads there were some elements that were starting to show signs of fatigue. This brings me to the title of this posting because when I arrived at Brussels airport with my luggage, consisting of a large suitcase and my bike properly packed in a special bag for this kind of thing, I was denied checking in with a bicycle. While this was not the case in Kinshasa for the flight to Brussels, it would seem that transporting a bicycle from Brussels is only possible if a special reservation has been made with an appropriate supplement paid in advance. Of course, I hadn’t done either and I wasn’t ready to leave my bike in Belgium. The lady in charge of checking in my luggage started calling different departments (who were not answering the phone) and consulting her colleagues and superiors to try to find a solution. Then, at the counter next to ours, a gentleman arrived with a cage containing a dog which, I believe, was a young German shepherd. It would have been a simple anecdote, except this dog or its cage produced a pestilential smell that made the lady in charge of my registration very uncomfortable, to the point that she was nauseous. She obviously couldn’t leave her post as she was in the middle of checking in my luggage (my suitcase was already tagged and gone), but obviously she wasn’t going to last much longer without some kind of drame and she told me with tears in her eyes that she absolutely had to go to the bathroom to get away from that stinking bomb. The only solution being to close my check-in, she promptly checked in my bike, gave me my boarding pass and left the counter before I could even thank her for doing me this favor. I saw her running to the toilet while her colleague at the next counter looked at me with a questioning look in her eyes and when I pointed at the dog she told me that her nose was blocked because of a cold and she didn’t smell anything (the blessed one). I do not wish any dog to feel this way, but in this particular case I can only express gratitude to this canine who “saved” my day. Meanwhile the bicycle has arrived in Mapangu and is now reassembled and ready to attack the track between the house and the office.

Our menagerie (Makala, Griezel and Théo) welcomed me with many noises of pleasure and even if Makala gives off a certain canine aroma, this cannot in no way rival with Zaventem’s experience…

I hope to hear from you very soon, and I hope you enjoyed this posting,

Marc and Marie-Claude

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Mendicité – Begging

Il y a probablement différentes manières de définir la mentalité des congolais en ce qui concerne leur capacité à demander de l’aide, qu’elle soit justifiée ou non, mais j’en arrive à conclure qu’ici il est probablement approprié de qualifier cela de mendicité institutionnalisée. Les demandes d’aide financière ou autre concerne toutes les catégories d’age, de sexe et/ou de position sociale et si par hasard la personne rencontrée ne demande rien, c’est généralement parce qu’elle attend un moment plus propice pour formuler sa demande.

De petits enfants qui tiennent à peine debout et savent à peine parler, quand ils voient un blanc passer la seule expression qu’ils clament tous n’est pas bonjour (ou mbote), ni comment allez-vous, mais “donne moi l’argent” (en français, parce qu’ils savent déjà à ce jeune age que tous les blancs ne comprennent pas le lingala). Ces enfants, de 2-3 ans ne vont certainement pas encore à l’école donc cette expression est acquise à la maison et est quasi généralisée chez tous les enfants croisés sur le bord de la route. Je sais que personne ne leur donne quoi que ce soit comme argent, et pourtant cette demande fuse sans relâche à chaque passage. Même si c’est dans la bouche des tout petits enfants que cette demande est la plus surprenant voire même choquante, c’est loin d’être quelque chose qui est limité aux petits, personne ne semble avoir de honte ou de fierté à cet égard, jeunes ou vieux. Les adultes sont certes parfois un peu plus “diplomatiques” et échangent d’abord des salutations, mais très courtes pour être certain d’avoir le temps de placer leur demande de contribution financière.

Parfois j’hésite à saluer les personnes croisées le long de la route parce que j’ai l’impression que le fait de leur adresser la parole est interprété comme une invitation à formuler leurs besoins. Combien de fois je n’ai pas dis bonjour à un homme ou une femme sur la route pour recevoir comme réponse une demande d’argent (pour les adultes souvent en lingala) prétextant qu’ils n’ont pas eu de café le matin ou que leurs enfants (pas eux…) ont faim. Les personnes (travailleurs ou personnes extérieures) qui viennent me voir au bureau sont principalement motivés par une demande d’argent ou de prêt (dans le cas des travailleurs) car ici tout le monde vit à crédit, avec parfois des conséquences désastreuses (lire plus bas).

Ces demandes ne sont toutefois pas le propre des seuls travailleurs ou visiteurs locaux, il en va de même de toutes les autorités jusqu’à l’administrateur du territoire voire même le ministre, mais dans ces cas-là l’on parle généralement de corruption alors que cette mentalité est acquise depuis le plus jeune age. Il est vrai que le ministre n’a pas vraiment besoin de notre aide financière pour vivre et que dans ces situations de demandes il est plus question d’éviter que notre dossier ne finisse au fond d’un tiroir ou dans une poubelle.

Les niveaux de demandes varient aussi énormément en fonction du demandeur, un personne sur le bord de la route ou un policier pourra se satisfaire d’un billet de 500 francs (environ 25 cents), tandis que le ministre ne réagit pas si le montant est en-dessous de quelques dizaines de milliers de dollars. Comme il en va de même pour les autorités judiciaires (chefs de parquet, juges, etc.) qui doivent être “motivés” pour prendre une décision plutôt que de laisser trainer un dossier. La décision favorable ou non dépend plus de la considération accordée à l’autorité que les éléments du dossier. Ainsi même dans des cas ou il n’y a aucun doute possible et que toutes les preuves sont réunies, le jugement est tributaire du montant payé par le plaignant ou l’accusé et, quand c’est possible ce jugement ne sera pas définitif afin de laisser la porte ouverte à une autre “motivation” pour finaliser la chose. Vous comprendrez donc qu’il est impossible (ou suicidaire) de demander à la justice de traiter d’un différent opposant un privé ou une société à un représentant de l’état et comme ce dernier a le pouvoir de bloquer les comptes d’une société (par exemple) à titre de mesure de conservation, ne pas payer quelque chose n’est pas vraiment une option viable…

Comme indiqué ci-dessus, beaucoup de nos travailleurs vivent à crédit, au point que pour certains l’entièreté de leur salaire disparait le jour même de la paie dans la poche de la personne qui l’aurait “aidé”. Nous interdisons la présence de personnes extérieures à la société près de nos bureaux de paie, mais il y a généralement une escouade de motos qui attendent à la sortie pour amener l’agent en dette jusque chez son bailleur de fonds.

Certains travailleurs désespérés font appel à ce qui est appelé la “Banque Lambert” pour une assistance financière. Je ne sais pas si le nom à un quelconque rapport avec la BBL, mais le principe de cette “banque” est que tout prêt est remboursable dans le mois avec un intérêt de 50% (par mois) et faute de remboursement l’usurier n’hésitera pas à faire incarcérer son créditeur avec généralement une saisie de ses biens. Il est difficile de comprendre comment quelqu’un peut espérer rembourser de tels montants, mais les causes de dettes sont parfois tellement farfelues que rien n’est impossible ici. Par exemple, en cas de décès d’un parent, il est normal d’accueillir toute personne qui viendrait assister à la veillée, qu’elle soit une membre de la famille proche ou moins proche ou simplement un voisin. Tout visiteur doit être accueilli dignement ce qui nécessite généralement la location de chaises, d’une installation de musique (généralement plus disco que funèbre) et la mise à disposition de boissons, le tout représentant souvent des multiples du salaire mensuel de la personne concernée, quand celle-ci a un emploi.

Enfin il arrive malheureusement trop fréquemment qu’un personne dépasse toutes ses possibilités de sources financières (salaire, prêts, dons et autres) et se retrouver dans une situation ou un remboursement est tout simplement impossible. Ces personnes se retrouvent soit au cachot (ce qui ne fait qu’aggraver leur situation financière et ne résout rien), soit ils fuient en abandonnant femmes et enfants pour se refaire une vie ailleurs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas nécessairement nos employés aux plus petits salaires qui disparaissent ainsi dans la nature, probablement parce que ceux qui ont des revenus plus importants pensent peut-être pouvoir prendre plus de risques en matière de prêts et d’engagements financiers.

Rassurez-vous, nous n’avons pas encore été trop influencés par la gestion financière congolaise et ne devrions pas avoir à vous demander “donne moi l’argent”.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

There are probably different ways of defining the mentality of the Congolese with regard to their ability to ask for help, whether justified or not, but I come to the conclusion that here it is probably appropriate to qualify this as institutionalized begging. Requests for financial or other assistance concern all age, gender and/or social position categories and if by chance the person interviewed does not ask for anything, it is generally because he or she waits for a more favourable time to make the request.

Little children who can barely stand up and barely speak, when they see a white person, the only expression they all shout is not “hello” (or “mbote”), nor “how are you”, but “give me the money” (in French, because they already know at this young age that not all white people understand Lingala). These 2-3 year old children certainly do not yet go to school so this expression is acquired at home and is almost universal among all children seen on the roadside. I know that no one gives them any money, and yet this request is relentlessly made every time. Even if it is in the mouths of very young children that this request is the most surprising or even shocking, it is far from being something that is limited to children, no one seems to have shame or pride in this regard, young or old. Adults are certainly sometimes a little more “diplomatic” and first exchange greetings, but very short to be sure to have time to place their request for a financial contribution.

Sometimes I hesitate to greet people along the road because I feel that speaking to them is seen as an invitation to formulate their needs. I cannot recal the number of times I said hello to a man or woman on the road and receive as an answer a request for money (for adults often in Lingala) claiming that they did not have coffee in the morning or that their children (not them…) are hungry. The people (workers or outsiders) who come to see me at the office are mainly motivated by a request for money or a loan (in the case of workers) because everyone here lives on credit, with sometimes disastrous consequences (read below).

However, these requests are not the sole preserve of local workers or visitors, they seem to be normal for any kind of authority, including the territory administrator (direct authority under the governor) or even a minister, but in these cases, these kind of requests are generally referred to as a form of corruption, even though this mentality has been acquired since the earliest age. It is true that the minister does not really need our financial assistance to live and that in these situations the request is more a matter of preventing our file from ending up in a drawer or in a bin. The levels of requests also vary enormously depending on the requester, a person on the roadside or a police officer will be satisfied with a 500-franc note (about 25 cents), while the Minister does not react if the amount is below a few tens of thousands of dollars. The same goes for judicial authorities (heads of prosecution, judges, etc.) who must be “motivated” to take a decision rather than leave a case lying around. Whether or not a decision is favourable depends more on the consideration given to the authority than on the elements of the file. Thus, even in cases where there is no doubt possible and all the evidence is gathered, the judgment depends on the amount paid by the plaintiff or the accused and, when possible, this judgment will not be final in order to leave the door open to another “motivation” to finalize the matter. You will therefore understand that it is impossible (or suicidal) to ask the courts to deal with a matter opposing a private individual or company with a representative of the state and since the latter has the power to block a company’s accounts (for example) as a preventive measure, not paying for something is not really a viable option…

As mentioned above, many of our workers live on credit, to the point that for some of them, see their entire salary disappear on the same day it is paid, into the pocket of the person who “helped” them. We prohibit the presence of outsiders near our payroll offices, but there is usually a squad of motorcycles waiting at the exit to take the agent in debt to the lender.

Some desperate workers are turning to what is called “Banque Lambert” for financial assistance. I don’t know if the name has any connection with the BBL, but the principle of this “bank” is that any loan is repayable within a month with interest of 50% (per month) and failing repayment the loan shark will not hesitate to incarcerate his creditor with usually a seizure of his meagre belongings. It is difficult to understand how anyone can hope to repay such amounts, but the causes of debt are sometimes so far-fetched that nothing is impossible. For example, in the event of the death of a parent, it is normal to welcome anyone who would wish to assist during the vigil, whether they are a close or less close family member or simply a neighbour. All visitors must be welcomed with dignity, which generally requires the rental of chairs, a music installation (generally more disco than funeral) and the provision of drinks, all of which often represent multiples of the person’s monthly salary, provided the person concerned has a job.

Finally, it is unfortunately all too often the case that a person exceeds all his or her possibilities from financial sources (salary, loans, donations and others) and finds himself or herself in a situation where a repayment is simply impossible. These people either end up in jail (which only worsens their financial situation and solves nothing), or they flee, abandoning wife and children to start a new life elsewhere. Contrary to what one might think, it is not necessarily our employees with the lowest salaries who disappear into the wild in this way, probably because those with higher incomes may think they can take more risks with loans and financial commitments.

Don’t worry, we have not yet been too influenced by Congolese financial management and should not have to ask you to “give the money”.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Petites Créatures – Small Creatures

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C’est sans doute le propre des pays chauds d’avoir toutes sortes de créatures qui vivent dans le sol, les airs et les maisons, y compris des toutes petites choses qui individuellement ne représentent pas grand chose mais de par leur nombre ont un impact qui peut être spectaculaire. Dans la maison celles qui sont les plus présentes sont des petites fourmis folles, les termites et, un peu moins petits, les cafards.

Les fourmis folles, petites créatures qui font à peine un mm ou deux de longueur, semblent parasitaire de nulle par dès que le moindre reste de nourriture, même quelques miettes, se trouve abandonné sur le sol ou surface de travail et forment une longue colonne disparaissant dans un petit trou qui serait passé totalement inaperçu sinon. Cela laisse supposer que ces petites choses ont présentes par milliers en-dessous du carrelage à l’affût de la moindre odeur qui signale l’abandon d’une particule de matière organique. Parfois on retrouve ainsi une graine de papaye qui est entourée d’une centaine de ces petites fourmis dont l’effort coordonné permet de transporter celle-ci vers un lieu de stockage ou de consommation sous nos pieds. Il en va de même pour les insectes qui, attirés par les lumières après le coucher du soleil, viennent mourir sur la terrasse et sont ensuite transportés après avoir été dépecés par des fourmis qui n’ont même pas un centième de la taille ou du poids du trophée en question. Dans la mesure ou les surfaces sont maintenues propres, le problème de ces petites fourmis reste plutôt limité et elles sont tellement petites que leur présence éventuelle sur la peau est quasi imperceptible, un petit chatouillement au plus.
Il y a évidemment des fourmis beaucoup plus grosses qui elles sont loin d’être agréables quand elles aboutissent sur les bras, la tête ou les jambes, mais jusqu’à présent (excepté une attaque de fourmis sur la maison que nous vous avions relaté dans des nouvelles précédentes) elles sont généralement présentes seulement en plantation, où embusquées sur les palmes elles attendent le passage d’une personne pour s’attaquer à l’impudent en lestant leur acide plutôt agressif. J’ai vu certains collègues se déculotter au milieu de la plantation pour se débarrasser des quelques de ces fourmis qui avaient réussi à pénétrer à l’intérieur de leur linge intime…

Les créatures peut-être les plus spectaculaires sont les termites. Dans le jardin elles ne dérangent pas trop en construisant des vrais châteaux, dont un qui se trouve juste devant la maison et dépasse les 3 m de hauteur. Malgré le fait que les bâtisseurs de ces édifices sont des toutes petites choses de quelques millimètres et que le seul matériel de construction soit du sable, curieusement les structures se construisent plutôt rapidement et résistent aux pluies qui sont loin d’être légères ici. Je présume que c’est le fait de mélanger le sable avec une substance produite par les termites qui fait sa résistance, mais cela fait une sacrée quantité de litres voire de mètres cubes que ces insectes doivent produire pour arriver à construire leurs nids, d’autant plus que la partie aérienne ne représente qu’une fraction du système.
Si les termites se confinaient dans le jardin cela ne poserait pas trop de problèmes, mais elles semblent avoir un faible pour les maisons, même en dur, et sont ainsi omniprésentes aussi dans notre maison. Vous vous rappellerez qu’il y a quelque temps nous avons même du remplacer le plancher d’une des chambres de l’étage parce que les termites avaient miné la poutre maîtresse que soutenait les structures de celui-ci. Le plancher en question est, pour le moment indemne de termites, mais cela ne les empêche pas de prendre les murs voisins d’assaut et ce n’est qu’une question de temps avant que les structures en bois ne soient à nouveau visitées par ces dévoreuses de bois. La où la présence de termites est visible et accessible nous essayons de détruire leurs galeries et éventuellement les traiter avec un insecticide d’une forme ou d’une autre, mais manifestement l’effet de nos interventions est de courte durée et doit être renouvelé constamment si nous souhaitons garder un toit au-dessus de nos têtes.

Enfin, beaucoup plus agréables (sauf quand elles décident de se défendre) sont les abeilles qui, contrairement à l’Europe où elles ont tendance à succomber aux assauts des traitements et autres effets néfastes de la civilisation humaine, semblent prospérer et se développer sans problèmes dans nos contrées d’ici. Il y a peu, Marie-Claude avait repéré un gros essaim qui s’était installé dans un Ylang-ylang près de l’une de nos maisons, mais le temps d’organiser le matériel nécessaire pour le récupérer cet essaim avait disparu. En fait il n’est pas parti très loin et s’est installé dans un coin en-dessous de la toiture de la maison où, entre temps, les abeilles ont construit tout une série de rayons en plein air. Il aurait été plus facile de les récupérer lorsque les abeilles étaient en essaim (d’une part parce qu’elles sont moins agressives lorsqu’elles sont gorgées de miel pour se déplacer en masse et, d’autre part, parce que découper des rayonnages sans les endommager est assez compliqué). Nous allons néanmoins essayer car cela fait déjà un bon moment que j’aurais voulu installer des ruches à la Cathédrale et là nous avons une opportunité idéale pour organiser cela.

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Termitière Cathédrale – Cathedral Thermite Hill
Colonie d’abeill

It is probably the characteristic of warm countries to have all kinds of creatures living in the ground, air and houses, including very small things that individually do not represent much but by their number have an impact that can be spectacular. In the house, the most common ones are tiny ants, termites and, a little less small, cockroaches.

Tiny ants, creatures that are barely a mm or two long, seem to appear from nowhere as soon as the slightest remnant of food, even a tiny piece of bread crumb, is left on the ground or work surface and form a long column disappearing into a small hole that would otherwise have gone completely unnoticed. This suggests that these little things are present by the thousands below the kitchen tiles looking for the slightest smell that signals the availability of a particle of organic matter. Sometimes we find a papaya seed surrounded by a hundred or so of these little ants whose coordinated effort makes it possible to transport it to a place of storage or consumption under our feet. The same applies to insects that, attracted by the lights after sunset, die on the terrace and are then transported after being broken down int pieces by ants that are not even one hundredth the size or weight of the trophy in question. As long as the surfaces are kept clean, the problem of these small ants remains rather limited and they are so small that their possible presence on the skin is almost imperceptible, a slight tickling at most.

There are obviously much larger ants that are far from pleasant when they end up on their arms, heads or legs, but so far (except for an ant attack on the house that we told you about in previous news) they are generally only present in plantations, where they are sitting on the palms and wait for a person to pass by to attack the impudent by applying their rather aggressive acid. I saw some colleagues undress in the middle of the plantation to get rid of some of these ants that had managed to get inside their underwear….

Perhaps the most spectacular creatures are termites. In the garden they do not disturb too much by building real castles, one of which is just in front of the house and exceeds 3 m in height. Despite the fact that the builders of these structures are very small things of a few millimetres and that the only building material is sand, curiously the structures are built rather quickly and resist the rains which are far from being light here. I assume that it is the mixing of sand with a substance produced by termites that makes it resistant, but it is a considerable quantity of litres or even cubic metres that these insects must produce to be able to build their nests, especially since the aerial part represents only a fraction of the system.
If termites were confined to the garden it would not pose too many problems, but they seem to have a weakness for houses, even those built from brick and mortar, and are thus omnipresent also in our house. You will remember that some time ago we even had to replace the floor of one of the bedrooms on the first floor because the termites had undermined the master beam supporting its structures. The floor in question is, for the time being, free of termites, but this does not prevent them from colonising the neighbouring walls and it is only a matter of time before the wooden structures will be visited again by these wood-eaters. Where the presence of termites is visible and accessible we try to destroy their galleries and sometimes treat them with an insecticide of one form or another, but obviously the effect of our interventions is short lived and must be constantly renewed if we want to keep a roof over our heads.

Finally, much more pleasant (except when they decide to defend themselves) are the bees which, unlike Europe where they tend to succumb to the onslaught of chemicals and other harmful effects of human civilization, here seem to thrive and develop without problems in our local environment. Not long ago, Marie-Claude had spotted a large swarm that had settled in a Ylang-ylang near one of our houses, but by the time I organised the necessary equipment to recover it, it had disappeared. In fact, the sarw did not go very far and settled in a corner under the roof of the house where, in the meantime, the bees have built a whole series of outdoor combs. It would have been easier to recover them when the bees were in a swarm (on the one hand because they are less aggressive when they are full of honey to move en masse and, on the other hand, because cutting shelves without damaging them is quite complicated). However, we will try because it has been a while since I would have liked to set up hives at the Cathedral and there we have an ideal opportunity to organize it.


We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Feu – Fire

Les congolais ont une relation tout à fait particulière avec le feu, logique pour certains aspects et plus compliquée à comprendre pour nous occidentaux par d’autres. Le feu est omniprésent dans la vie du villageois, même si aujourd’hui l’avènement des systèmes d’éclairage de grande capacité avec des piles au lithium et lampes LED a éliminé la nécessité d’une flamme permanente dans les foyers.

La visibilité de l’impact du feu est visible dès que l’on survole le pays, surtout avec l’avion qui nous amène de Kinshasa à Mapangu ou Ilebo, volant à relativement basse altitude et permettant ainsi de distinguer tous les détails ou presque de la vie au niveau de la terre. Le paysage survolé est bariolé de grandes taches noires, souvent au milieu de nulle part en savane ou à l’orée d’une forêt, qui dénotent des zones récemment brûlées et dont les contours laissent généralement penser qu’ils sont dus au hasard plutôt qu’une volonté de dégager une zone spécifique. Parfois ces zones côtoient des habitations (presque toutes construites en pisé avec des toits en feuilles de palmes), mais je n’ai pas encore vu de constructions brûlées, donc il doit y avoir un certain contrôle de la progression des feux.

La raison de ces feux de brousse n’est pas toujours très claire. L’on pourrait croire que c’est pour préparer des champs ou renouveler l’herbe pour le pâturage des animaux, mais ce sont des zones où il est rare de voir des cultures d’aucune sorte et les zones savanicoles sont presque toutes dépourvues de bétail, quelque soit la sorte. Des anciennes personnes de la région, avec qui nous échangeons de temps en temps, m’ont expliqué que les feux de brousse étaient une tradition au village et que ceux qui habitent en ville ont des regrets principalement parce qu’ils ne peuvent pas participer à ces activités. Je leur ai fait remarquer que souvent, quand nous passons à côté de la savane en feu, nous n’y voyons personne qui pourrait être responsable de la mise à feu ou de son contrôle et encore moins de la raison pour laquelle cette mise à feu est tellement prisée.

L’origine de ces feux de brousse traditionnels est multiple, disent les anciens. D’abord la culture des villageois du Kasaï est de vivre de la chasse et de la cueillette et, lorsqu’il y avait encore un peu de gibier…, il était coutumier pour le village de se rassembler pour mettre le feu d’un côté tandis que de l’autre les chasseurs guettaient le gibier qui aurait tenté de fuir la progression des flammes. Malgré le fait que le gibier d’aujourd’hui soit réduit à quelques rongeurs et petits oiseaux, la tradition de mettre le feu persiste mais seuls les enfants essayent encore de capturer ou trouver les petits animaux qui auraient eu la témérité de survivre dans la savane jusqu’à ce jour. Je n’ai pas retrouvé des preuves ou documents pouvant l’attester, mais je crois que les zones herbeuses qui parsèment la région et que nous appelons savane étaient à l’origine des zones forestières qui ont petit à petit été transformées par le passage répété de feux qui ont graduellement éliminé toute trace de forêt, à l’exception de quelques buissons qui résistent à l’effet de la chaleur des flammes. La base de ma théorie repose sur le fait que les forêts avoisinant la plantation sont graduellement envahies pour faire des champs de maïs et ensuite de manioc. Même si les grands arbres ne sont pas abattus ou autrement éliminés, le simple fait de supprimer le sous-bois fait qu’ils meurent et finissent pas tomber suite à l’assaut combiné des termites et de la collecte de bois. Des zones qui étaient couvertes de forêt intacte quand nous sommes arrivés il y a 3 ans sont maintenant des zones dénudées qui deviendront sans doute de la savane si le feu y sévit régulièrement.

Ensuite il y a des raisons sécuritaires car, lorsque les fauves comme le léopard étaient encore présents dans la région, il était impératif de se protéger (en particulier les enfants) en assurant une aire dégagée autour des villages et le seul moyen disponible pour garder une végétation courte était le feu. Les fauves ont disparu depuis belle lurette mais cette nécessité de dégager les abords des villages et maisons est restée dans les mœurs, aujourd’hui vaguement justifié par le risque que représentent les serpents. C’est probablement pour la même raison, et je disgresse un moment du sujet de ces nouvelles, que les abords des maisons est ici traditionnellement tout à fait dénudé au point que la première chose que tout habitant respectable doit faire c’est balayer sa parcelle. Dans un petit village cette pratique ne porte pas trop à conséquences et lorsque le village est entouré d’une zone sauvage de savane et/ou restes de forêt il est imaginable que cette pratique réduit le nombre de bêtes indésirables venant dans les maisons. Mais dans une cité comme Mapangu, qui compte aujourd’hui plus de 35.000 habitants, les effets de cette habitude est dévastatrice car lors des pluies il n’y a pratiquement pas d’infiltration et donc toute l’eau ruisselle, s’accumule et le flot qui en résulte crée des problèmes d’érosion accentués par le fait qu’il n’y a que du sable…

Revenons à nos moutons, le feu. Il est probable qu’occasionnellement le feu soit le résultat de d‘un éclair « bien » placé, phénomène que nous avons vécu dans l’huilerie il y a quelques jours où la foudre est tombée sur une conduite (d’huile) de l’usine qui a immédiatement pris feu. Il est donc probable que lorsque la foudre tombe sur une herbe un peu sèche en savane le même résultat soit obtenu et que certaines des taches noires observées depuis le ciel sont isolées parce qu’elle ne sont pas le fait de l’homme mais de l’éclair.

Outre les effets du feu sur le paysage, le feu de bois ou indirectement celui du charbon de bois est ici le seul combustible disponible pour faire la cuisine, bouillir de l’eau ou même faire le repassage. Les quelques rares personnes qui sont raccordées au réseau électrique de notre usine peuvent faire un peu de cuisine sur des plaques chauffantes, mais sinon seuls les expatriés (pas tous) ont des cuisinières à gaz dont le combustible doit être importé car la RDC ne produit pas de gaz domestique. L’utilisation du charbon de bois est réservée aux personnes qui ont des moyens financiers pour en acheter tandis que la majorité restante utilise du bois ramassé dans les restes des forêts qui entourent la plantation, parfois à plusieurs heures de marche de leur domicile. Il n’est pas rare de voir hommes et/ou femmes revenant du travail avec un énorme tronc d’arbre sur la tête qui servira à chauffer la soupe pendant les prochains jours. Le bois ramassé est rarement tout à fait sec, mais comme l’approvisionnement est généralement en flux tendu il est utilisé tel quel dans la maison et génère souvent des quantités impressionnantes de fumée. Les premières maisons que nous avons construit pour nos travailleurs avaient des cuisines attachées à la maison. Nous pensions ainsi rendre les choses plus faciles pour nos travailleurs et étions étonnés de voir ces cuisines utilisées comme débarras avec une hutte un peu plus loin de la maison servant de cuisine. La raison est très simple, la fumée du feu de la cuisine, qui brûle en quasi permanence, trouvait son chemin dans le reste de la maison et je passe la description de la cuisine elle-même après seulement quelques semaines d’utilisation… Les maisons que nous construisons maintenant sont dépourvues de cuisine car même celles qui ont été équipées d’une cheminée se sont révélées être un échec.

De même que la distribution de lampes solaires que nous avons mis en place depuis près de 3 ans (lampes Waka-Waka découvertes grâce à mon meilleur ami qui se reconnaîtra) et qui ont permis d’équiper plus de 2.000 foyers à ce jour, nous avons initié la distribution de foyers améliorés. Ne vous attendez pas à quelque chose d’extraordinaire, il s’agit simplement d’un brasero en tôle dans lequel est placé un réceptacle en céramique qui permet d’économiser jusqu’à 50% de combustible (charbon de bois) et devrait ainsi encourager les travailleurs à utiliser un combustible plus sain qui peut s’utiliser également dans une cuisine moderne (dans la maison).

Il est possible d’acheter des allumettes (de fabrication locale) sur le marché, mais outre le fait que seuls des experts arrivent à les allumer, la population considère que c’est une dépense inutile et qu’il est préférable d’utiliser une braise d’un feu existant. Ainsi il est fréquent de voir une femme au bord de la route avec un panier ou une bassine sur la tête dont émane de la fumée, ce sont en fait quelques braises emballées dans plusieurs couches de feuilles de banane qui sont ainsi véhiculées, parfois sur un trajet de plusieurs heures, afin de pouvoir démarrer un feu facilement à destination.

Je pourrais encore vous parler de nombreux autres aspects du feu au Kasaï, mais il faut garder des choses à narrer dans une prochaine missive et utiliser cette excuse pour clôturer ces nouvelles, en espérant qu’elles vous trouveront bien.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Rien à voir avec le feu, mais je ne pouvais résister à partager cette photo de notre petite-fille – Nothing to do with fire, but I could not resist sharing this picture of our grand-daughter

The Congolese have a very particular relationship with fire, logical for some aspects and more complicated for us Westerners to understand by others. Fire is omnipresent in the villagers’ lives, even if today the advent of high-capacity lighting systems with lithium batteries and LED lamps has eliminated the need for a permanent flame in the homes.

The visibility of the impact of fire is noticeable as soon as you fly over the country, especially with the plane that takes you from Kinshasa to Mapangu or Ilebo, flying at relatively low altitude and thus making it possible to distinguish all or almost all the details of life on the ground. The landscape overflown is variegated with large black areas, often in the middle of nowhere in the savannah or on the edge of a forest, which indicate recently burned areas and whose contours generally suggest that they are due to chance rather than a desire to clear a specific area. Sometimes these areas are next to houses (almost all built of mud with palm leaf roofs), but I have not yet seen any burnt buildings, so there must be some control over the progress of the fires.

The reason for these bushfires is not always very clear. One might think it is to prepare fields or renew grass for animal grazing, but these are areas where it is rare to see crops of any kind and savannah areas are almost all devoid of livestock of any kind. Some elder people from the region, with whom we talk from time to time, explained to me that bushfires were a tradition in the village and that those who live in the city have regrets mainly because they cannot participate in these activities. I pointed out to them that often, when we pass by the burning savannah, we do not see anyone who could be responsible for the fire or its control, let alone why it is so popular.

The origin of these traditional bushfires is multiple, say the elders. First, the culture of the villagers of Kasai is to make a living from hunting and gathering and, when there was still some game…, it was customary for the village to gather to set fire to one side while on the other side the hunters were watching for the game that would have tried to escape the progression of the flames. Despite the fact that today’s game is reduced to a few rodents and small birds, the tradition of setting fires persists but only children still try to capture or find small animals that would have had the temerity to survive in the savannah until now. I have not found any evidence or documents to support this, but I believe that the grassy areas that dot the region and that we call savannah were originally forested areas that were gradually transformed by the repeated passage of fires, with the exception of a few bushes that resist the effect of the heat of the flames. The basis of my theory is that the forests around the plantation are gradually invaded to grow corn and then cassava. Even if large trees are not felled or otherwise removed, the simple fact of removing the undergrowth causes them to die and eventually fall as a result of the combined assault of termites and wood collection. Areas that were covered with intact forest when we arrived 3 years ago are now bare areas that are likely to become savannah if there is regular fire.

Then there are security reasons because, when wild animals such as the leopard were still present in the region, it was imperative for villagers to protect themselves (especially children) by ensuring an open area around villages, and the only way to keep vegetation short was through fire. Wild animals have long since disappeared, but this need to clear the surroundings of villages and houses has remained a common practice, nowadays vaguely justified by the risk posed by snakes. It is probably for the same reason, and I digress for a moment from the subject of this posting, that the surroundings of the houses here are traditionally so bare that the first thing every respectable inhabitant must do is sweep his plot of any debris that could have settled on the ground overnight. In a small village this practice does not have too many consequences and when the village is surrounded by a wild area of savannah and/or forest remains it is conceivable that this practice reduces the number of unwanted animals coming into the houses. But in a city like Mapangu, which now has more than 35,000 inhabitants, the effects of this habit are devastating because during the rains there is practically no infiltration and therefore the water just  accumulates and the resulting flow creates erosion problems accentuated by the fact that there is only sand…

Let’s get back to our business, fire. It is likely that occasionally the fire is also the result of a “well placed” lightning, a phenomenon we experienced in the oil mill a few days ago when the lightning struck a (oil) pipe of the factory that immediately caught fire. It is therefore likely that when lightning strikes a slightly dry grass in the savannah the same result is obtained and that some of the black areas observed from the sky are isolated because they are not the result of man’s doing but of lightning.

In addition to the effects of fire on the landscape, wood or indirectly charcoal is the only fuel available here for cooking, boiling water or even ironing. The few people who are connected to our factory’s power grid can do some cooking on hotplates, but otherwise only expatriates (not all) have gas stoves whose fuel must be imported because the DRC does not produce domestic gas. The use of charcoal is reserved for people who have the financial means to buy it, while the remaining majority use wood collected from the remains of the forests surrounding the plantation, sometimes several hours’ walk from their homes. It is not uncommon to see men and/or women returning from work with a huge tree trunk on their heads that will be used to heat the soup for the next few days. The wood collected is rarely completely dry, but as the supply is generally just-in-time, it is used as it is in the house and often generates impressive amounts of smoke. The first houses we built for our workers had kitchens attached to the house. We thought this would make things easier for our workers and were surprised to see these kitchens used as storage rooms with a hut a little further away from the house used as a kitchen. The reason is very simple, the smoke from the kitchen fire, which burns almost permanently, found its way into the rest of the house and I pass the description of the kitchen itself after only a few weeks of use… The houses we are now building have no kitchen because even those with a chimney have proven to be a failure.

As well as the distribution of solar lamps that we have set up for nearly 3 years (Waka-Waka lamps discovered thanks to my best friend who will recognize himself) and which have made it possible to equip more than 2,000 homes to date, we have initiated the distribution of improved stoves. Don’t expect something extraordinary, these are just a sheet metal brazier with a ceramic receptacle in it, but it saves up to 50% of fuel (charcoal) and should encourage workers to use a healthier fuel in addition to the fact that these stoves can also be used in a modern kitchen (inside the house).

Matches (locally made) can be purchased on the market, but in addition to the fact that only experts can light them, the population considers that this is an unnecessary expense and that it is preferable to use an ember from an existing fire. Thus it is frequent to see someone walking along the side of the road with a basket or basin on his/her head from which smoke emanates, these are in fact a few embers packed in several layers of banana leaves that are thus transported, sometimes over a journey of several hours, in order to start a fire easily at its destination.

I could still talk to you about many other aspects of the fire in Kasai, but one has to keep things in reserve to tell in a future posting and use this excuse to conclude here for this week, hoping that it will find you well.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Valeur de la Vie – Life’s Worth

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En Europe et dans les pays développés en général nous attachons une grande valeur à la vie humaine, la souffrance animale, voire même parfois au traitement de tout être vivant quel qu’il soit. Ici au Congo, les choses sont différentes et, à nos yeux d’occidentaux, la vie est généralement considérée de manière fort différente. Par certains aspects on pourrait être amené à penser qu’elle n’a pas la même valeur…

Ainsi dans les derniers mois il y a eu plusieurs accidents, deux naufrages sur le Kasaï et un déraillement de train qui ont fait au total près d’une centaine de morts. Le nombre de victimes est et restera approximatif parce que, d’une part personne ne sait combien de passagers étaient à bord des pirogues ou baleinières surchargées qui ont chaviré ou du train de marchandise qui a déraillé et s’est retrouvé dans une rivière, d’autre part parce que la plupart des victimes sont emportées par le cours de la rivière et ne sont jamais retrouvées. Quand il est question de pirogues surchargées, c’est un euphémisme lorsque l’on voit certaines grandes embarcations avec des centaines de personnes à bord et à peine quelques centimètres de marge pour empêcher l’eau de couler dans la pirogue. Quand l’eau est calme cela ne devrait pas poser trop de problèmes, mais sachant que par endroits la rivière Kasaï est large de plusieurskilomètres et que la combinaison de courant et de vent peut parfois provoquer la formation de vagues assez impressionnantes le voyage paraît,dès lors, nettement plus précaire. De plus, la vaste majorité des passagers qui prennent place dans les frêles esquifs du Kasaï ne savent pas nager et ne portent évidemment pas de gilets de sauvetage, car il n’y en a pas. Souvent aussi, lorsque nous voyons ces bateaux surchargés quitter le port de Mapangu, nombres de passagers sont déjà fébrilement occupés à écoper de l’eau avec des vestiges de seaux, bidons ou autre récipients.

Lorsque nous prenons notre pirogue motorisée pour aller ou venir d’Ilebo, les gens ne comprennent pas pourquoi nous limitons strictement le nombre de passagers et insistons pour que tous soient munis d’un gilet de sauvetage. Il faut dire qu’en plus du courant d’eau qui est assez puissant, il y a régulièrement des tourbillons où même de bons nageurs auraient du mal à garder la tête hors de l’eau. Deux de nos collègues ont, il y a déjà quelque temps à l’occasion d’un pique-nique sur un banc de sable, décidé d’essayer de rejoindre la rive à la nage. Bien que nageurs accomplis, ils ont sagement décidé de mettre un gilet de sauvetage “à tous hasards” et ont reconnu que, même avec cette précaution, leur taux d’adrénaline avait atteint quelques pics avant d’être à bon port… Plus aucun d’entre nous n’a essayé depuis.

La voie de chemin de fer qui relie Ilebo à Lubumbashi fait un peu moins de 1.600 km et, officiellement, il y aurait une liaison par semaine. Aux dires des autorités de la SNCC qui exploite cette ligne, la voie unique date en grande partie de l’époque coloniale et outre les dégradations liées à l’usure et l’érosion, a aussi beaucoup souffert de vols de ballast, de fixations de rails et autres pièces métalliques. Le résultat est une voie dont le parallélisme des rails est illusoire et où les trains avancent parfois à pas d’homme ou doivent s’arrêter le temps de faire un réalignement de fortune pour que le train ne tombe pas des rails… Nous avons fait quelques essais d’envoi d’huile à Lubumbashi par train et l’essai le plus rapide à pris un peu plus d’un mois… mais toute notre marchandise est arrivée plus ou moins en bon état! Le tout donc est d’être patient et d’avoir un peu de chance, ce qui ne fut pas le cas des 32 victimes du déraillement d’un train de marchandises au niveau d’un pont et qui ont péri, noyées elles aussi.

Parmi les victimes nous avons eu plusieurs membres de famille directe de nos travailleurs, mais les personnes ne semblent pas trop affectées si ce n’est pour venir négocier un maximum de compensation auprès de la société car après tout nous sommes le “papa” de tous et il faut soutenir ses “enfants” dans les moments difficiles. Il en va de même dans tous les cas de maladie ou de décès qui sont prétextes pour solliciter de l’argent pour les soins (nous prenons en charge les soins dans notre hôpital mais pas les soins dits “traditionnels” qui souvent ne font que reculer le moment où le malade est amené, trop tard, à l’hôpital) ou pour offrir de l’alcool aux personnes présentes à la veillée. Malheureusement il y a beaucoup de jeunes enfants qui succombent à la malaria ou d’autres maladies souvent liées à une mauvaise hygiène, alimentation et l’aversion à faire appel aux soins médicaux à temps. Nous essayons d’organiser des campagnes de prévention médicale où les personnes présentes (souvent les femmes et personnes âgées) reçoivent des conseils sur les précautions à prendre avec l’eau, l’hygiène corporelle, le planning familial et la prévention du paludisme. Mais une famille moyenne étant composée de 6-7 enfants, souvent avec en plus des “nièces” ou petites ” sœurs” des parents qui viennent aider dans le ménage, et vivant dans une maison qui souvent ne fait pas plus de 20m², il est difficile d’imaginer comment tout ce monde peut dormir en-dessous d’une moustiquaire, pour ne parler que de cela.

Malgré tous ces obstacles, nous continuons de croire que les choses progressent dans le bon sens avec l’aménagement de sources, la réalisation de forages pour de l’eau potable, la distribution de dalles pour latrines et la mise en place de toilettes sèches, la construction ou réhabilitation d’écoles, la prévention naturelle de la malaria, etc. mais le travail est immense et comme les initiatives des autorités sont… nulles et que nous ne pouvons pas tout faire, il faudra encore un peu de temps et de patience…

Dernière anecdote pour ces nouvelles, notre voyage pour venir à Kinshasa il y a deux jours. Comme de coutume lorsque nous voyageons en en milieu de mois, nous avons fait le voyage de Mapangu à Ilebo en pirogue et malgré le fait que ce voyage nous l’avons déjà fait bon nombre de fois, cela reste toujours aussi extraordinairement beau et hors du temps. Les seules autres embarcations sont des petites pirogues creusées dans des troncs d’arbres qui permettent tout juste à une ou deux personnes de s’y tenir debout avec une pagaie et pour lesquelles il faut un sacré sens de l’équilibre et de temps en temps une baleinière plus imposante avec un moteur que l’on entend venir à des kilomètres. A Ilebo tout était calme car c’est la journée de “Salongo”, c’est-à-dire une journée où la population est supposée aider à nettoyer les lieux publiques mais de fait se résume par un ou deux volontaires désignés qui sont supposés remplir des sacs avec de la terre (sans outil) pour essayer d’enrayer l’érosion qui ici aussi creuse de profondes ravines dans les rues. J’ai envie de dire, comme d’habitude, l’avion que nous devions prendre est arrivé avec 2-3 heures de retard et nous avons passé ce temps sur la terrasse du “Business” un bar un peu plus propre de la ville qui sert des boissons fraîches et même un petit quelque chose à grignoter quand il faut. L’avion est finalement arrivé et une fois les bagages et diverses charges à bord nous sommes partis hoquetant sur la piste en herbe qui sert d’aéroport. Il faut savoir que les abords de la piste de l’aéroport d’Ilebo se sont, petit à petit, retrouvés entourés d’habitations et de champs cultivés de maïs et manioc jusqu’aux limites extrêmes de la piste. Comme l’aéroport n’est pas clôturé le spectacle de l’avion qui atterrit et décolle attire moult spectateurs dont beaucoup d’enfants. Lors du décollage, nous étions assis à l’avant de l’avion et de ma place je pouvais voir la piste devant nous où des enfants s’étaient placés au milieu de la trajectoire de l’avion les bras écartés et se jetant sur le côté au dernier moment. Je n’avais encore jamais remarqué cela, si ce n’est que des policiers courent régulièrement sur la piste pour, nous pensions, chasser les animaux en divagation. Certains jeunes semblent avoir parfait l’art d’esquiver l’avion au point de disparaître de vue sous le nez de l’avion au moment où celui-ci prend son envol, phénomène auquel les pilotes sont, semble-t-il habitués…

Nous vous envoyons un grand bonjour de Kinshasa où nous sommes de passage pour quelques jours,

Marc & Marie-Claude


Baleinière sur le Kasaï – “Whaler” on the Kasai river
Kasaï
Village au bord du Kasaï – Village on the Kasai river
Visiteurs de la plantation – Plantation visitors
Fertlisation de la pépinière – Nursery fertilisation
“Business”

In Europe and in developed countries in general, we attach great value to human life, animal suffering and sometimes even the treatment of any living being. Here in Congo, things are different and in our Westerners’ eyes life is generally considered in a very different way and somehow we could be led to think that it is not very valuable.

Thus in recent months there have been several accidents, two shipwrecks on the Kasai and a train derailment which have resulted in a total of nearly a hundred deaths. The number of victims is and will remain approximate because, on the one hand, no one knows how many passengers were on board the overloaded canoes or whaleboats that capsized or the freight train that derailed and ended up in a river, and on the other hand, most of the victims are swept away by the river’s course and are never found. When it comes to overcrowded canoes, it is a euphemism when you see some large boats with hundreds of people on board and only a few centimetres of margin to prevent water from flowing into the canoe. When the water is calm it should not cause too many problems, but knowing that in some places the Kasai River is several kilometres wide and that the combination of water flow and wind can sometimes generate rather impressive waves, the journey seems much more precarious. In addition, the vast majority of passengers who sit in these frail skiffs cannot swim and obviously do not wear life jackets, as there are none. Often, too, when we see these overloaded boats leaving Mapangu port, many passengers are already feverishly busy scooping up water with the remains of buckets, cans or other containers.

When we take our motorised dugout canoe to and from Ilebo, people do not understand why we strictly limit the number of passengers and insist that everyone be wearing a lifejacket. It must be said that in addition to the water flow, which is quite powerful, there are regularly eddies where even good swimmers would have trouble keeping their heads above water. Two of our colleagues decided, some time ago during a picnic on a sandbank, to try to swim to shore. Although accomplished swimmers, they wisely decided to wear a lifejacket and acknowledged that without this precaution (and even with it), their adrenaline levels had reached a few peaks before they were safe….

The railway line linking Ilebo to Lubumbashi is just under 1,600 km long and officially there is reported to be one passenger train per week. According to the SNCC authorities operating this line, the single track dates largely from colonial times and, in addition to wear and tear and erosion-related damages, it has also suffered greatly from the pilferage of ballast, rail fastenings and other metal parts. The result is a track whose parallelism of the rails is illusory and where trains sometimes advance at a man’s pace or have to stop until they make a temporary realignment so that the train does not fall off the rails… We did some tests sending oil to Lubumbashi by train and the fastest trip took a little over a month… however despite the long journey all our goods arrived more or less in good condition! The important thing is to be patient and have a little luck, which was not the case for the 32 victims of a freight train derailment at a bridge and who drowned.

Among the victims we have had several direct family members of our workers, but the people did not seem too affected by their loss, except to come and negotiate maximum compensation with the company because after all we are everyone’s “father” and we have to support our “children” in difficult times. The same applies in all cases of illness or death, which are excuses to request financial aid for care (we pay for care in our hospital but not for so-called “traditional” care, which often only postpones the moment when the patient is brought to the hospital, too late) or to offer alcohol to people present at the wake of a deceased relative. Unfortunately, many young children die of malaria or other diseases often linked to poor hygiene, nutrition and reluctance to seek medical care in time. We try to organize medical prevention campaigns where those present (often women and the elderly) receive advice on precautions to be taken with water, personal hygiene, family planning and malaria prevention. But an average family being composed of 6-7 children, often with in addition to “nieces” or little “sisters” who come to help in the household, and living in a house that is often no more than 20m², it is difficult to imagine how everyone can sleep under a mosquito net, to name just that, or to maintain adequate personal hygiene.

Despite all these obstacles, we still believe that things are progressing in the right direction with the development of springs, the drilling of wells for drinking water, the distribution of latrine slabs and the installation of dry toilets, the construction or rehabilitation of schools, the prevention of malaria with natural methods, etc. But the work is immense and since the authorities’ initiatives are… non existent, and we cannot do everything, it will still take a little time and patience.

Last anecdote for this blog posting, relates to our trip to Kinshasa two days ago. As usual for the middle of the month, we made the trip from Mapangu to Ilebo by canoe and despite the fact that we have already done it many times, it is still extraordinarily timeless. The only other boats are small pirogues dug into tree trunks that allow just one or two people to stand on them with a paddle and for which you need a great sense of balance, and occasionally a larger whaleboat with a motor that you can hear coming from miles away. In Ilebo everything was quiet because it was the day of “Salongo”, i.e. a day when the population is supposed to help clean public places but in fact it is summed up by one or two designated volunteers who are supposed to fill bags with soil (without tools) to try to stop the erosion that here too digs deep ravines in the streets. I am tempted to say, “as usual”, the plane we were supposed to catch arrived 2-3 hours late and we spent that time on the terrace of the “Business” a somewhat better kept bar in the city that serves cold drinks and even a little something to nibble when needed. The plane finally arrived and once the luggage and various loads were on board we hiccupped on the grassy runway that serves as an airport. It should be noted that Ilebo airport has gradually found itself surrounded by houses and the surroundings of the runway, in addition to the corn and cassava fields that are cultivated there up to the edge of the runway. As the airport is not fenced off, the spectacle of the plane landing and taking off attracts many spectators including many children. During take-off, we were sitting at the front of the plane and from my seat I could see the runway in front of us where children had placed themselves in the middle of the plane’s trajectory with their arms spread and threw themselves to the side at the last moment. I had never noticed this before, except that police officers regularly run on the track to, we thought, chase the animals away. Some young people seem to have perfected the art of dodging the plane to the point of disappearing from view under the nose of the plane as it takes off, a phenomenon to which pilots are, it seems, used to…

We send you a big hello from Kinshasa where we are visiting for a few days,

Marc & Marie-Claude

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Transport

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Comme nous l’avons expliqué dans nos nouvelles précédentes, le transport ou les déplacements ne sont pas aisés dans la plantation et encore moins dès que l’on se déplace en-dehors de celle-ci. De bout en bout la plantation fait environ 60km et, bien que certains villageois parcourent une bonne partie de cette distance à pied de manière assez régulière, pour aller au marché de Mapangu ou de Basongo (une bourgade voisine) par exemple, il est généralement nécessaire de faire appel à un véhicule (voiture, camion, benne de tracteur, moto (taxi) voire même vélo) pour se déplacer.

Nous avons actuellement plus de 2.000 travailleurs actifs dans la plantation et nous avons essayé de les loger à chaque fois au plus près de leur lieu de travail, au plus près cela veut dire à moins de 5km, qui est considéré comme une distance raisonnable à parcourir à pied pour se rendre au boulot. Evidemment, la loi de la vexation universelle étant incontournable, il arrive que les travailleurs soient appelés à intervenir dans une partie de la plantation éloignée de leur lieu de résidence, se pose alors le problème du déplacement. Il y a aussi bon nombre de travailleurs qui préfèrent résider en “ville” dans la cité de Mapangu et pour lesquels nous essayons d’organiser un transport tôt le matin pour qu’ils puissent être à pied d’œuvre pour l’heure de l’appel (5h45 au plus tard). Pour ces déplacements, nous utilisons des tracteurs avec bennes et avons modifié un camion qui permet de transporter une cinquantaine de personnes en toute sécurité et dans lequel nous avons même aménagé un éclairage pour que le transport de nuit (il fait nuit noire jusque peu avant 6h30 le matin) puisse se faire dans les meilleures conditions possibles. Pour l’aller, le matin, le camion est plein car il part à heure fixe afin d’assurer une arrivée dans les temps au lieu d’appel. Mais en fin de journée c’est plus compliqué car les opérations dans les champs se terminant à des heures variables en fonction de la tâche et/ou de la rapidité d’exécution, variant de 11 à 15h voire plus, l’horaire de départ du camion est, dès lors, plus difficile à établir. En général, les travailleurs qui terminent plus tôt préfèrent ne pas attendre et rentrent à la maison à pied, ce qui dans le cas des résidents de Mapangu représente souvent une marche de deux bonnes heures (en espérant qu’il ne pleuve pas). Ne voulant pas abandonner des travailleurs trop tard au champs, il est fréquent que le camion ne retourne vers Mapangu qu’aux alentours de 16 voire 17h, ce qui fait une bien longue journée de présence pour les travailleurs, même s’ils ne sont effectivement actifs que pendant une partie seulement de ce temps.

Quant aux travailleurs qui doivent se déplacer de manière régulière pour les besoins de leur travail, tels que les superviseurs, responsables de départements, etc. par le passé ils avaient l’usage d’une moto de service, mais cela nous a causé beaucoup d’inconvénients car, d’une part nous n’arrivions pas à suivre avec toutes les réparations demandées (généralement juste avant le week-end) et, d’autre part, il y avait un trafic considérable avec les pièces de rechanges qui comme par miracle devaient être changées parfois après seulement une semaine alors que les mêmes motos privées de la cité circulaient avec les mêmes pièces toutes neuves. Pour remédier à cela nous avons privatisé toutes les motos, les agents achètent leur moto par mensualités et reçoivent une allocation mensuelle destinée à couvrir les frais d’entretien et de réparation qu’ils sont libres de faire en-dehors des installations de Brabanta s’ils le souhaitent. Depuis un peu plus de deux ans de fonctionnement de ce système c’est le bonheur car les pannes de motos ont miraculeusement cessé, nous ne devons plus acheter de pièces de rechange car tout le monde semble préférer faire réparer ou entretenir sa moto dans la cité et les travailleurs sont contents car à terme ils deviennent propriétaires de leur engin. Le nombre de travailleurs qui demandent de pouvoir obtenir une moto sous contrat a évidemment également augmenté de manière spectaculaire, mais c’est un moindre mal comparé aux complications que nous avions avant pour assurer un suivi de pièces et de main d’œuvre pour la réparation des motos.

Les cadres de direction se déplacent en voiture, toutes des voitures tous terrains et même comme cela il ne se passe presque pas un jour sans que l’un ou l’autre se trouve coincé soit dans de la boue soit, plus fréquemment, dans une d’ornière trop profonde formée par le passage répétitif de camions et/ou tracteurs. Je me balade en permanence avec deux pelles et une machette dans la voiture pour éviter de me retrouver les quatre roues dans le vide sur des ornières et le plus souvent, en cas de doute, je m’arrête et je diminue la berme centrale avant que la voiture ne soit dessus car il est plus facile de procéder ainsi que de devoir creuser sous la voiture. Cette technique n’est pas encore 100% au point car il m’arrive encore de me retrouver coincé de temps en temps, mais en général, je touche du bois, cela n’arrive pas plus d’une fois par mois. Il faut dire que je me déplace un peu moins en plantation que mes collègues agronomes qui, par contre, ont l’avantage de mieux connaître les routes de la plantation et donc de savoir quels sont les coins à éviter. Certaines de nos voitures ont déjà un age plus que vénérable (la mienne doit avoir environ 10 ans). Comme les conditions de circulation sont loin d’être idéales pour les véhicules (même 4×4) ici, de plus avec des chauffeurs qui ne sont pas toujours des plus tendres avec leurs engins, nos voitures passent régulièrement par les doigts d’or de notre chef mécanicien pour rester opérationnelles.

Certains expatriés ont opté pour des véhicules plus simples, deux ont des motos de cross, un autre se déplace en quad et pour les dépannages et visiteurs nous avons un “viking” qui était supposé être une solution alternative plus économique que les voitures, mais qui, à l’usage, s’est avéré être plus cher à l’achat (car considéré comme un véhicule de luxe et donc taxé en conséquence), consommer relativement beaucoup et être extrêmement bruyant… Finalement il y a le vélo, mais je dois avouer que sans l’assistance électrique je n’utiliserais pas le mien de manière aussi régulière et les vélos locaux (originaires de Chine) ne disposant pas de vitesse et étant plutôt lourds ne sont réellement utiles que dans les descentes ou terrain plat lorsque il n’est pas trop sableux. Alors pour finir les déplacements à pied ne sont pas si mal… Sauf s’il faut aller d’un bout à l’autre de la plantation.

En espérant que ces nouvelles vous trouveront bien, nous vous envoyons nos chaudes salutations,

Marc & Marie-Claude

Motivations des troupes – Troup motivation
Quad
Viking
Papillons – Butterflies

As explained in some of our previous postings, transportation or travel is not easy in the plantation and even less so when you wander outside it. From one end to another the plantation is about 60km long and, although some villagers walk a good part of this distance on foot on a fairly regular basis, to get to the market in Mapangu or Basongo (a neighbouring town) for example, it is usually necessary to use a vehicle (car, truck, tractor trailer, motorcycle (taxi) or even bicycle) to get around.

We currently have more than 2,000 active workers in the plantation and we have tried to provide accomodation for most of them as close to their workplace as possible, closer means less than 5km from home to muster point, which is considered a reasonable distance to walk to and from work. Obviously, as here also sod’s law applies, workers are regularly required to work in a part of the plantation far from their place of residence, and the problem of transportation arises. There are also many workers who prefer to reside in the “city” of Mapangu and for whom we try to arrange early morning transport so that they can be on the job by the time muster is organised (5:45 at the latest). For these trips, we use trucks, tractors with trailers and have a modified truck that can safely transport about 50 people and in which we have even provided lighting so that night transport (it is dark until just before 6:30 in the morning) can be done under the best possible circumstances. On the way to work, in the morning, the truck is full because it leaves at a fixed time to ensure a timely arrival at the place of work. But at the end of the day it is more complicated because operations in the fields end at variable times depending on the task and/or the speed of execution, staff will be finishing at varying times ranging from 11 to 15 hours or even later, the truck’s departure time is therefore more difficult to establish. In general, workers who finish early prefer not to wait and walk home, which in the case of Mapangu residents often represents at least a two-hour walk (hopefully without rain). Not wanting to late finishing workers in the field, it is common for the truck to return to Mapangu only around 4 or 5 p.m., which makes for a very long day’s presence, even if staff are only active for a part of that time.

As for workers who have to travel regularly for work purposes, such as supervisors, department heads, etc., they must be able to do so on a regular basis. In the past they had the use of a service motorcycle, but this caused us a lot of inconvenience because, on the one hand we could not keep up with all the repairs requested (usually just before the weekend) and, on the other hand, there was considerable traffic with spare parts which as a miracle had to be changed sometimes after only a week while the same private bikes of the city were going around with the same brand new parts. To remedy this, we have privatized all motorcycles, the agents buy their motorcycles in monthly instalments and receive a monthly allowance to cover the maintenance and repair costs that they are free to do outside the Brabanta facilities if they so wish. For a little over two years since this system has been operating, it is all happiness because the breakdowns of motorcycles have miraculously stopped, we no longer have to buy spare parts because everyone seems to prefer to have their motorcycle repaired or maintained in the city and the workers are happy because in the end they become owners of their machine. The number of workers who ask to be able to obtain a motorcycle under contract has also increased dramatically, but this is a lesser evil compared to the complications we had before to keep up with the ordering of spare parts and the labour involved in motorcycle repairs.

The executives travel by car, all off-road cars and even so hardly a day goes by without one or the other getting stuck either in mud or, more frequently, in a deep rut formed by the repetitive passage of trucks and/or tractors. I always drive around with two shovels and a machete in the car to avoid finding myself with all four wheels hanging in the air and more often, in case of doubt, I stop and use my shovel to reduce the central berm before getting stuck on it, because it is easier to proceed like that rather than having to dig under the car. This technique is not yet 100% perfect because I still get stuck from time to time, but in general, touch wood, it doesn’t happen more than once a month. I must admit that I am not as often in the plantations as my agronomist colleagues who, on the other hand, have the advantage of knowing better the roads of the plantation and therefore to know which parts to avoid. Some of our cars are already quite old (mine must be about 10 years old) and have not always been driven with tender love and care. As the local driving conditions are far from ideal for any kind of vehicles (including four wheel drive), and with drivers who are not always the most qualified or caring for their vehicles, our cars regularly have to get the attention of the golden fingers of our chief mechanic to remain operational.

Some expatriates have opted for simpler vehicles, two have acquired their own motor bikes, another one uses a quad and for replacements and (longer term) visitors we have a “Viking” (see picture above), which was supposed to be a more economical alternative to cars, but turned out to be more expensive to buy (as it is considered a luxury vehicle and therefore taxed accordingly), consume relatively much fuel and is extremely loud… Finally there is the bicycle, but I must admit that without the electric assistance I have on mine I would not use it as regularly and the local bikes (made in China) not having any gears and being rather heavy are really only useful downhill or on flat stretches of the road if not too sandy. So, in the end, walking is not so bad…. Unless you have to go from one end of the plantation to the other.

We hope that this news will find you well, we send you our warmest greetings,

Marc & Marie-Claude