Mapangu est un endroit où les rumeurs, aussi fantastiques et incroyables soient-elles, semblent trouver un terrain fertile inégalé. Est-ce parce que l’éducation et le niveau intellectuel de la population est généralement extrêmement limité, est-ce à cause des coutumes et croyances qui elles-mêmes baignent dans toutes sortes d’idées qui nous paraissent incongrue, ou est-ce simplement parce qu’à défaut d’autres manières de s’occuper la population s’accroche à toute histoire qui circule quelle qu’en soit la source. Il y a les rumeurs et croyances qui n’affectent que les locaux et qui concernent le plus souvent des histoires de grigris, sorciers ou autres formes de sortilèges. Ces croyances concernent des choses qui sont simplement destinées à faire gagner une équipe de foot, aider à obtenir un travail ou protéger son champs contre les rapines. Mais elles sont parfois beaucoup plus sérieuses lorsqu’il s’agit prétendument de jeter un sort sur une autre personne voire toute une communauté. Lors de la réalisation du premier forage à l’hôpital, qui a finalement échoué à cause d’une dalle rocheuse que nous n’avons pas réussi à percer, il a été nécessaire d’organiser une cérémonie traditionnelle avec sacrifice (d’un coq), danses, etc. pour garantir que l’eau coulerait à flot et serait d’une pureté inégalée. Le médecin à préférer ne pas assister à la cérémonie qui se déroulait juste en dehors de son bureau de peur qu’un contre-sort lui soit jeté. Il (le médecin) est convaincu que certaines personnes lui veulent du mal et ne reculeraient pas devant un sortilège pour lui nuire, il est d’ailleurs convaincu que l’infection dont il souffrait au pied était le résultat d’un sortilège plutôt qu’une plaie mal soignée. On raconte que, lorsque l’huilerie de Brabanta a été construite, pour assurer le succès et bon fonctionnement de celle-ci les notables de Mapangu ont organisé un sacrifice humain et que si aujourd’hui notre huilerie fonctionne si bien c’est grâce aux incantations des chefs coutumiers et des offrandes et rituels associés. Les expatriés n’échappent pas aux rumeurs rocambolesques, par exemple à un moment donné l’information circulait qu’avec l’aide de mon directeur des relations publiques (congolais du cru) et le chef de secteur j’avais mis en place un réseau de trafic d’organes humains à destination de l’étranger, ou, lors de notre dernier retour de congé, l’un des notables de Mapangu est venu me trouver pour exprimer sa joie de savoir que j’avais malgré tout décidé de revenir à Mapangu, car le bruit circulait dans la cité que j’avais quitté la contrée définitivement emportant, évidemment, avec moi la caisse de la société. Il y a tellement d’informations extraordinaires qui circulent que même nous avons parfois du mal à distinguer le vrai du faux et c’est là qu’intervient le service de renseignements (d’où le titre de ces nouvelles). Ce service comporte un réseau d’agents (secrets) déployés par “l’Etat” dans toute la plantation. Leur rôle est principalement de renseigner le dit état sur les activités illicites et surtout subversives qui pourraient avoir lieu dans notre coin, mais comme beaucoup d’autres agents officiels, nos amis des renseignements sont mal ou peu payés et doivent donc trouver d’autres moyens pour arrondir leur fins de mois. Ce pour quoi Brabanta semble avoir été désignée. Le responsable du service, qui lui n’est pas une personne anonyme, essaye régulièrement d’avancer que son réseau d’agents permet à la Brabanta de déjouer des vols, attaques et autres méfaits qui pourraient nuire à notre bon fonctionnement, et que cela mérite bien entendu une rétribution … Un des problèmes auxquels nous faisons face est le vol de régimes et de fruits dans la plantation pour fabriquer de l’huile artisanale dans ce qu’ils appellent ici des malaxeurs, sorte de mini-huilerie fabriquée avec des fûts métalliques. Notre responsable des renseignements a donc proposé de nous aider, contre monnaies sonnantes et trébuchantes, à traquer et déloger les fameux malaxeurs situés dans et autour de la plantation et nous avons accepté de payer une prime pour chaque malaxeur trouvé et détruit, ce qui s’est limité à un seul depuis les trois derniers mois. Notre responsable local des renseignements trouve évidemment que ses revenus ne sont pas à la hauteur de ses aspirations et a essayé de faire valoir que dans d’autres sociétés (minières principalement) ses collègues étaient payés comme des cadres alors que lui ne reçoit que des miettes pour des renseignements qui valent de l’or… Renseignements qui ne sont pas toujours très précis ou corrects car dernièrement nous avons reçu une convocation du parquet nous sommant de venir expliquer pourquoi (selon le pré-cité service de renseignements) l’un de nos cadres se cachait dans sa maison suite à un retour illicite de Kinshasa sans passer par les contrôles sanitaires requis. Notre cadre est en réalité bloqué à Kinshasa où il est en contact avec nos collègues kinois en attente d’une possibilité de revenir sur la plantation. Nous avons essayé d’expliquer cela au service de renseignements en les mettant même directement en contact téléphonique avec notre cadre, mais ils étaient tellement certains de leurs “informations” que le Gouverneur de la province a été alerté et qu’une équipe de la police est venue contrôler le domicile où notre cadre était supposé se cacher. Tout cela pour dire que jusqu’à présent les informations que nous recevons ne sont pas des plus impressionnantes et donc certainement pas une base sur laquelle nous pouvons nous reposer ou qui justifie un salaire de cadre… Sinon la vie ici continue dans le calme et l’isolation habituelle, nous continuons de profiter de nos belles vues, y compris depuis la piscine qui, malgré sa petite taille, offre une conclusion idéale à la journée de travail, surtout quand je reviens du bureau à vélo. Nous espérons que vous aussi êtes bien et pas trop frustrés par les restrictions de déplacement. Soyez prudents et restez en bonne santé, Marc & Marie-Claude
Mapangu is a place where rumours, however fantastic and unbelievable, seem to find unparalleled fertile ground. Is it because the education and intellectual level of the population is generally extremely limited, is it because of the customs and beliefs which themselves are steeped in all sorts of ideas that seem incongruous to us, or is it simply because, for want of other ways of dealing with them, the population clings to any story that circulates whatever the source. There are the rumours and beliefs that only affect the locals and which most often concern stories of grigris, sorcerers or other forms of sorcery. These beliefs concern things that are simply meant to win a football team, help to get a job or protect one’s crop from robbery. But sometimes they are much more serious when it is allegedly about putting a spell on another person or even an entire community. During the first well drilling at the hospital, which finally failed because of a rocky slab that we were unable to break through, it was necessary to hold a traditional ceremony with sacrifice (of a rooster), dances, etc. to ensure that the water would flow freely and be of unparalleled purity. The doctor preferred not to attend the ceremony that took place just outside his office for fear that a counter spell would be thrown at him. He (the doctor) was convinced that some people wanted to harm him and would not shy from a casting a spell to harm him, and he was convinced that the infection he suffered on his foot was the result of a spell rather than a poorly healed wound. It is said that when the oil mill of Brabanta was built, to ensure its success and good functioning, the notables of Mapangu organized a human sacrifice and that if our oil mill is working so well today it is thanks to the incantations of the customary chiefs and the associated offerings and rituals. Expatriates do not escape the incredible rumours, for example at one point a story was going around that with the help of my public relations director (local Congolese) and the administrative sector chief I had set up a network of trafficking in human organs to foreign countries, On our last return from leave, one of the notables of Mapangu came to me to express his joy at knowing that I had decided to return to Mapangu despite everything, because there was a rumour going around the city that I had left the country for good, obviously taking the company’s cash with me. There is so much extraordinary information circulating that even we sometimes have trouble distinguishing the true from the false and that’s where the intelligence service comes in (hence the title of this news). This service has a network of (secret) agents deployed by the “State” throughout the plantation. Their role is mainly to inform the “state” about illegal and especially subversive activities that could take place in our area, but like many other official agents, our intelligence friends are poorly or not paid on time and therefore have to find other ways to make ends meet. This is what Brabanta seems to have been designated for. The head of the service, who is obviously not an anonymous person, regularly tries to argue that his network of agents allows Brabanta to thwart robberies, attacks and other misdeeds that could harm our smooth functioning, and that this of course deserves a reward … One of the problems we face is the theft of palm fruit from the plantation to make artisanal oil in what they call blenders, a sort of mini-oil mill made from metal drums. So our information officer offered to help us, in exchange for hard cash, to track down and dismantle the famous mixers located in and around the plantation. We agreed to pay a premium for each blender found and destroyed, which has been limited to one for the last three months. Our local intelligence officer obviously finds that his income is not up to his aspirations and has tried to argue that in other (mainly mining) companies his colleagues are paid as executives while he only receives crumbs for the intelligence he provides us with and which is worth more than gold… Information which is not always very precise or correct because recently we received a summons from the Public Prosecutor’s Office asking us to come and explain why (according to the above-mentioned intelligence service) one of our executives was hiding in his house following an illegal return from Kinshasa without passing through the required health checks. Our executive is in fact stuck in Kinshasa where he is in contact with our Kinshasa colleagues waiting for the possibility of returning to the plantation. We tried to explain this to the intelligence service, even putting them in direct telephone contact with our colleague, but they were so certain of their “information” that the Governor of the province was alerted and a police team came to check the house where our executive was supposed to be in hiding. All this to say that so far the information we are receiving is not the most impressive and therefore certainly not a basis on which we can rely on or which justifies an executive’s salary … Otherwise life here continues in the usual calm and isolation, we continue to enjoy our beautiful views, including from the swimming pool which, despite its small size, offers an ideal conclusion to the working day, especially when I come back from the office on my bike. We hope you too are well and not too frustrated by the lockdown. Be careful and stay healthy, Marc & Marie-Claude
Comme vous le savez déjà, ici à Mapangu nous sommes dépourvu d’un supermarché ou même d’une épicerie où aller faire nos courses alimentaires au jour le jour. Certes il y a un marché toutes les semaines à Mapangu, mais les produits que l’on peut y acheter sont généralement limités aux produits de base tels que manioc (en farine ou racine), maïs, oignons, ail, feuilles de manioc, arachides, œufs (exceptionnellement) et animaux vivants divers comme les chèvres, moutons, cochons, poules et canards, et des viandes et poissons boucanés. Ce n’est pas tout à fait exact car nous avons également mis un conteneur à la disposition d’un commerçant qui y vend des aliments secs tels que boîtes de conserve (maïs, champignons, tomates, sardines), de l’huile, du lait en poudre, parfois un peu de riz et des produits cosmétiques de base. La majorité des produits que nous retrouvons sur notre assiette provient de notre jardin et des provisions que nous faisons une fois par mois à Kinshasa. Comme les approvisionnements sont incertains, nous avons généralement des réserves pour le cas où il y aurait des visiteurs et/ou pour les repas organisés avec les expatriés, donc point de vue nourriture nous sommes plutôt bien fournis, même si les approvisionnements de Kinshasa sont un peu moins certains pour le moment à cause des restrictions d’accès et la fermeture de beaucoup de commerces. Le souci ici à Mapangu est surtout que cette incertitude concernant les approvisionnements provoque des hausses de prix qui relèvent plus de la spéculation que de la réalité du terrain, mais rend les choses plus difficiles pour nos employés dont le pouvoir d’achat ne suit pas nécessairement ces hausses parfois assez significatives. Pour essayer de palier à cela, nous essayons d’organiser l’achat en gros de produits de base que nous revendons ensuite à prix coûtant voire subsidié à nos travailleurs. Certains produits comme le maïs et le manioc sont achetés dans l’arrière-pays et amenés ensuite par camion jusqu’ici pour être distribués. Pour des produits un peu plus élaborés comme la farine et la semoule de blé, le riz, le lait en poudre, le sel, etc. nous sommes en train de mettre en place un système d’achat en gros à Kinshasa pour ensuite envoyer ces aliments par barge jusqu’ici à Mapangu. Le problème est évidemment de limiter la vente de produits à des prix subsidiés à nos travailleurs, d’une part pour limiter les coûts pour la société et d’autre part pour que ceux-ci soient disponibles pour tous et ne soient pas une source de commerce parallèle. Pour cela nous avons fait imprimer des bons d’achat assez élaborés (pour qu’ils ne soient pas trop faciles à copier) auxquels seuls nos employés auront accès et en principe les produits alimentaire ne pourront être payés qu’avec les dits bons d’achat. Il ne faudra évidemment pas beaucoup de temps avant que les bons d’achat eux-même fassent l’objet d’un marché parallèle, mais nous devons nous résigner au fait que nous ne pouvons pas tout contrôler. A côté de cela, tous les trimestres nous faisons une distribution d’huile à nos travailleurs, car ici l’huile de palme est considéré comme un aliment de base qui entre dans la préparation de presque tous les plats. Cette distribution représente quand même pas loin de 15 tonnes ou 3.000 bidons d’huile à distribuer chaque fois ce qui représente également un challenge logistique car cela doit se faire dans chaque lieu de rassemblement des travailleurs dont nous en avons environ 15 à travers la plantation. Chaque trimestre on voit ainsi des personnes se balader dans tous les sens dans la plantation avec leur bidon d’huile sur la tête et comme par hasard beaucoup de ces bidons se retrouvent également sur le marché de Mapangu, sans doute parce que certains travailleurs ont besoin d’un peu plus de cash pour subvenir à leurs besoins. A Kinshasa les choses sont habituellement plus faciles car il y a beaucoup de marchés, échoppes et supermarchés où il est possible de se procurer presque tous les produits au jour-le-jour. Seulement avec les restrictions de mouvement qui ont été imposées dans la ville et le confinement obligatoire imposé pour deux semaines dans une partie de la ville, beaucoup de personnes se trouvent dans des situation précaires et, même quand elles en ont les moyens, ne peuvent pas toujours se procurer les aliments nécessaires pour la journée. Heureusement, il ne nous est pas trop difficile d’aider les quelques travailleurs que nous avons à Kinshasa et comme nous avions préventivement établi un petit stock d’huile de palme dans notre magasin de la capitale, tous nos collègues ont au moins accès à leur dose de lipides pendant cette période de relative difficulté d’approvisionnement. Ici à la maison les choses n’ont pas trop changé, si ce n’est que Marie-Claude prépare régulièrement des petites gâteries pour nous et à distribuer aux autres expatriés (shortbread, cake, truffes au chocolat) pour compenser le manque d’activités sociales et de repas communs. Grande nouveauté aussi, depuis hier nous sommes dotés d’une petite piscine hors-sol autour de laquelle nous sommes en train de construire une terrasse. Mis à part le fait que le filtre ne marche pas encore tout à fait comme il devrait, nous avons maintenant la possibilité de nous rafraîchir après journée tout en profitant de la magnifique vue sur les terrasses de la plantation. Il faut savoir que cette piscine a été commandée il y a pratiquement un an, mais avec les délais d’acheminement jusqu’en RDC, puis jusque Mapangu, et puis le temps de monter le tout, il a été nécessaire de patienter un petit peu… Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et nous nous réjouissons de vous lire, Marc & Marie-Claude
As you already know, here in Mapangu we don’t have a supermarket or even a grocery store to go to for our day-to-day food shopping. Although there is a weekly market in Mapangu, the products that can be bought there are generally limited to basic commodities such as cassava (in flour or root form), maize, onions, garlic, cassava leaves, peanuts, eggs (exceptionally) and various live animals such as goats, sheep, pigs, chickens and ducks, and smoked meat and fish. This is not quite accurate as we have also made a container available to a trader who sells dry food such as cans (corn, mushrooms, tomatoes, sardines), oil, powdered milk, sometimes a little rice and basic cosmetics. Most of the products we find on our plate come from our garden and from the provisions we make once a month in Kinshasa. As supplies are uncertain, we generally have reserves in case of visitors and/or for meals organized with expatriates, so from a food point of view we are rather well supplied, even if supplies in Kinshasa are a little less certain at the moment because of access restrictions and the closure of many shops. The main concern here in Mapangu is that this uncertainty about supplies is causing price increases that are more speculative than because of real shortages, but makes things more difficult for our employees whose purchasing power does not necessarily follow these sometimes quite significant increases. To try to counter this, we are trying to organise the bulk purchase of commodities which we then sell back to our workers at cost or even subsidised prices. Some products such as corn and cassava are bought in the hinterland and then brought by truck here for distribution. For slightly more elaborate products such as wheat flour, semolina, rice, powdered milk, salt, sugar, etc. we are setting up a bulk purchasing system in Kinshasa and then sending these foodstuffs by barge to Mapangu. The problem, of course, is to limit the sale of products at subsidised prices to our workers only, on the one hand to limit the costs for the company and on the other hand to ensure that these products are available to everyone and do not become a source of parallel trade. To this end we have printed vouchers that are quite elaborate (so that they are not too easy to copy) to which only our employees will have access, and in principle food products can only be paid for with the so-called vouchers. Of course, it will not be long before the vouchers themselves become the subject of a parallel market, but we have to resign ourselves to the fact that we cannot control everything. In addition, every quarter we distribute oil to our workers, because here palm oil is considered a staple food that is used in the preparation of almost every dish. This distribution represents about 15 tons or 3,000 cans of oil to be distributed each time, which also represents a logistical challenge because it has to be done at each muster place of the workers, of which we have about 15 throughout the plantation. Every quarter we see people walking around the plantation with their oil cans on their heads and as if by chance many of these cans also end up in the Mapangu market, probably because some workers need a little more cash to meet their needs. In Kinshasa things are usually easier because there are many markets, stalls and supermarkets where it is possible to get almost all the products on a daily basis. Only with the restrictions on movement that have been imposed in the city and the compulsory confinement imposed for two weeks in one part of the city, many people find themselves in precarious situations and, even when they can afford it, cannot always get the food they need for the day. Fortunately, it is not too difficult for us to help the few workers we have in Kinshasa, and as we had preventively established a small stock of palm oil in our store in the capital, all our colleagues at least have access to their fat requirements during this period of relative supply difficulty. Here at home things haven’t changed too much, except that Marie-Claude regularly prepares small treats for us and to distribute to the other expatriates (shortbread, cake, chocolate truffles) to make up for the lack of social activities and common meals. Also new, since yesterday we have a small above-ground swimming pool around which we are building a terrace. Apart from the fact that the filter is still not working quite as it should, we now have the possibility to refresh ourselves after the day while enjoying the magnificent view on the terraces of the plantation. It should be noted that this pool was ordered almost a year ago, but with the delays in getting it to the DRC, then to Mapangu, and then the time to assemble the various parts, it was necessary to wait a little bit… We hope this news finds you well and we look forward to reading you, Marc & Marie-Claude
Une des caractéristiques de notre coin du Congo est qu’il n’y a peu ou pas d’armes, il est rare de voir circuler un chasseur avec autre chose que des chiens, une catapulte et une machette et les policiers qui circulent à Mapangu sont généralement sans armes, sauf mission spéciale ou situation qui nécessite un peu plus de muscle. Je n’y connais rien en armes et j’ai donc demandé à l’un des policiers armés qui était venu sécuriser notre paie quelle était la “marque” de sa sulfateuse et il m’a dit que c’était un AK-47 (ou Kalashnikov), mais il n’a pas voulu me dire s’il avait des munitions ou pas. Selon les dires des personnes “informées” la police est limitée dans la disponibilité de munitions et qu’ils partent du principe que le seul fait de tenir leur pétoire en main est assez dissuasif en soi. Enfin, toujours est-il que l’avènement de la pandémie du Covid-19 provoque une certaine agitation chez nos autorités locales qui, à défaut de savoir quoi faire d’un point de vue sanitaire, ont décidé de patrouiller toutes les frontières du territoire pour empêcher les entrées de personnes “contaminées” chez nous. La police, l’armée et toutes les autorités allant des responsables de la migration aux responsables sanitaires sont sur le pied de guerre et y vont de leur interprétation des mesures à prendre ou pas, mais généralement leur souci principal est que la plantation (source principale voire unique de leurs revenus) puisse continuer à fonctionner sans encombres. L’ Administrateur du Territoire, représentant local du Gouverneur, est venu à Mapangu pour y coordonner les activités et mettre en place un dispositif de prévention et de lutte pour protéger la population locale d’une contamination potentielle. Ainsi il a été décidé de faire un contrôle de température de la population, estimée à plus de 125.000 personnes dans le seul secteur de Mapangu, afin de mettre en observation toute personne ayant de la température et pour cela les autorités disposent de UN thermomètre à infrarouge. Nous avons eu une réunion avec les autorités pour recevoir des instructions concernant les mesures que nous devons prendre (en plus du fait que nous avons déjà installé une centaine de stations de lavage de mains au travers de la plantation, interdisons les rassemblements, etc.), mais ils n’ont aucune idée. Les personnes qui doivent être mises en observation doivent rester isolées à leur domicile, mais comment faire cela alors qu’il y a, en moyenne, une dizaine de personnes dans chaque case n’a pas été pensé. Les personnes chargées du suivi sont du reste démunies d’équipements car dans le territoire il n’y a que deux tenues, vingt masques et l’unique thermomètre de disponible. Pour remédier à tout cela, la solution la plus simple et la plus visible a été de mettre des patrouilles de police et de l’armée en place, qui circulent dans Mapangu pour identifier les personnes suspectées d’infiltration clandestine… Aujourd’hui les autorités nous ont demandé de les aider avec notre pirogue motorisée pour aller patrouiller et sensibiliser les villages le long de la rivière Loange, un tributaire du Kasaï qui délimite la frontière entre la province du Kasaï et la province du Kwilu, d’où “l’invasion” pourrait venir. Avant le week-end l’Administrateur du Territoire (“AT”) avait déjà fait mettre en quarantaine une barge arrivée de Kinshasa avec des “cas suspects” à bord, il nous a expliqué avoir refusé que la barge accoste chez nous et reste de l’autre côté du Kasaï qui est une autre province (le Maï-Ndombe dans ce cas-ci)… peu importe si tous les jours il y a des centaines de personnes qui traversent le Kasaï en pirogue pour aller s’occuper de leurs champs situés sur l’autre rive, car ceux-là sont “légitimes”… Les autorités nous ont expliqué que cette mission sur la Loange était de la plus haute importance et qu’il avait donc été décidé que l’AT et le Chef de Secteur devaient faire celle-ci en personne au péril de leur vie, car, disent-ils, ils sont envoyés au “front” sans équipement de protection adéquat, mais heureusement avec une solide garde policière. Depuis quelques jours je constate une circulation inhabituelle sur la rivière, à savoir une petite embarcation avec un moteur hors-bord qui fait des aller-retours sur la rivière pour, me dit-on, patrouiller. L’embarcation, que je n’avais jamais vue auparavant, est toute petite et ne peut transporter que deux personnes, le pilote et un policier, mais je suppose que c’est suffisant pour dissuader les personnes malintentionnées, même si j’ai du mal à comprendre comment cette seule coquille de noix peut avoir un effet significatif sur une longueur de rivière d’environ 75km. De notre côté nous essayons de nous organiser pour le cas où… Ainsi nous avons remis en ordre notre pavillon d’isolement, dont la capacité est limitée mais qui rassure les autorités car c’est la seule structure du genre dans le territoire mis à part un camp de tentes que l’on est en train de mettre en place à Ilebo, pour rappel, trois heures de pirogue depuis chez nous (avec des bâches fournies par Brabanta). Nous avons également commandé un stock supplémentaire de fournitures médicales, y compris des thermomètres infrarouge, pour éventuellement mettre en place un système de dépistage au travail, encore que la prévalence de fièvres liées à la malaria, infections et autres causes, risque de déclencher pas mal d’inquiétudes et nous voulons quand même éviter de créer un sentiment de panique ou des agressions sur les “porteurs possibles”. Ce matin, un avion cargo aurait dû faire une escale de ravitaillement chez nous pour aller prendre des marchandises à Bukavu, mais les autorités ont décidé que l’équipage serait obligé de se soumettre à une quarantaine de 2 semaines au retour du voyage, l’opérateur a, dès lors, décidé que dans ces conditions il n’était pas justifié de faire le vol. C’est dommage, car nous aurions pu profiter de cet avion pour nous faire approvisionner avec des fournitures médicales et quelques pièces urgentes… ce sera pour une autre fois. Parlant d’avions, un de nos collègues d’une plantation au Cameroun est actuellement bloqué à Kinshasa, où il était venu rendre visite à sa belle-famille. Comme c’était supposé être un séjour court, ils avaient laissé leurs enfants en bas-âge à la garde de la nounou à Douala, mais les quelques jours se sont transformés en semaines et il s’inquiètent évidemment de savoir si la nounou prend les précautions nécessaires pour protéger les enfants. Nous avons demandé une dérogation pour l’organisation d’un vol de rapatriement, qui a été accordé par la présidence mais bloqué par les autorités de migration (dont le patron est de “l’ancien” camp), mais on garde l’espoir car il est compréhensible de vouloir empêcher des personnes extérieures d’accéder au pays, mais pourquoi empêcher les personnes de partir. A partir de lundi la commune de la Gombe à Kinshasa, où se trouvent nos bureaux, sera soumise à un confinement obligatoire car c’est de là que sont venu les cas de coronavirus. Toutefois pour ne pas paralyser les activités des entreprises, une dérogation est donnée aux personnes dont le travail est essentiel et ne peut se faire qu’au bureau. Cette dérogation est matérialisée par un macaron qu’il faut acheter à l’hôtel de ville et comme cette information a été diffusée en dernière minute samedi, l’hôtel de ville s’est retrouvé assailli par une foule venue se presser pour obtenir le laisser-passer, rien de tel pour qu’avant le confinement il soit donné une dernière opportunité au virus pour se répandre le plus possible, y compris et surtout avec des personnes qui habitent en-dehors de la Gombe… J’ai suggéré à mes collègues de travailler depuis la maison et de ne pas se mêler à la foule pour rien car en plus de tout cela les autorités n’auraient pas eu le temps de préparer un nombre suffisant de macarons, d’où la cohue. Nous sommes conscients que chez vous il y a probablement pas mal de couacs aussi, mieux vaut prendre son mal en patience car nous ne savons pas pour combien de temps tout cela va continuer. En attendant nous nous habituons à voir un peu plus de policiers qui rôdent autour de nos installations à la recherche des “infiltrés”. A très bientôt vous lire, gardez le moral Marc & Marie-Claude
One of the characteristics of our corner of the Congo is that there are few or no weapons, it is rare to see a hunter circulating with anything other than dogs, a catapult and a machete and the police officers circulating in Mapangu are generally unarmed, except for special missions or situations that require a little more muscle. I know nothing about weapons, so I asked one of the armed policemen who came to secure our pay what the “brand” of his machine was, and he told me it was an AK-47 (or Kalashnikov), but he wouldn’t tell me if he had ammunition or not. According to the “informed” persons, the police are limited in the availability of ammunition and they assume that just holding a gun in their hands is a deterrent enough in itself. So now, the advent of the Covid-19 pandemic is causing a certain amount of unrest among our local authorities who, not knowing what to do from a health point of view, have decided to patrol all the borders of the territory to prevent the entry of “contaminated” people into our county. The police, the army and all the authorities from migration officials to health officials are on the warpath, and they are all at loggerheads as to what to do or not to do, but generally their main concern is that the plantation (the main or even sole source of their income) can continue to operate without hindrance. The Territorial Administrator, the local representative of the Governor, came to Mapangu to coordinate activities and set up a prevention and control mechanism to protect the local population from potential contamination. Thus it was decided to monitor the temperature of the population, estimated at more than 125,000 people in the Mapangu sector alone, in order to put any person with a temperature under observation, and for this purpose the authorities have ONE infrared thermometer at their disposal. We had a meeting with the authorities to receive instructions about the measures we have to take (in addition to the fact that we have already installed about 100 hand washing stations throughout the plantation, banning gatherings, etc.), but they have no idea. The people who are to be put under observation must remain isolated in their homes, but how to do this when there are, on average, about ten people in each hut has not been thought of. The people in charge of monitoring are also without any equipment because in the territory there are only two protection suits, twenty masks and the only thermometer available. To remedy all this, the simplest and most visible solution has been to put police and army patrols in place, which circulate in Mapangu to identify persons suspected of clandestine infiltration . Today the authorities have asked us to help them with our motorized dugout canoe to go out and patrol and sensitize the villages along the Loange River, a tributary of the Kasai River that marks the border between Kasai and Kwilu provinces, where the “invasion” could come from. Before the weekend the Territorial Administrator (“AT”) had already quarantined a barge arriving from Kinshasa with “suspicious cases” on board, he explained that he had refused to allow the barge to dock on our side and stay on the other side of the Kasai which is another province (the Maï-Ndombe in this case) to keep the potential virus out… no matter if every day there are hundreds of people crossing the Kasai by dugout canoe to tend their fields located on the other bank, because those are “legitimate” ones. The authorities explained to us that this mission to the Loange was of the utmost importance and that it had therefore been decided that the AT and the Head of Sector had to carry out this mission in person at the risk of their lives, because, they said, they were sent to the “frontline” without adequate protective equipment, but fortunately with a strong police guard. For the past few days I have noticed unusual traffic on the river, namely a small boat with an outboard motor that goes back and forth on the river to, I am told, patrol the river for clandestine immigrants coming from Kinshasa. The boat, which I had never seen before, is very small and can only carry two people, the pilot and a police officer, but I suppose that is enough to deter the malicious persons, although I have difficulty understanding how this one nutshell alone can have a significant effect on a river length of about 75 km. On our side we are trying to organise ourselves in case… Thus we have put in order our isolation pavilion, whose capacity is limited but which reassures the authorities because it is the only structure of its kind in the territory apart from a tent camp that we are setting up in Ilebo (with tarpaulins provided by Brabanta), for memory Ilebo is three hours by dugout canoe from our home. We have also ordered an additional stock of medical supplies, including infrared thermometers, to possibly set up a workplace screening system, although the prevalence of fevers linked to malaria, infections and other causes may cause a lot of concern and we still want to avoid creating a sense of panic or aggression on the “possible carriers”. This morning, a cargo plane should have made a refuelling stop at our premises to pick up goods in Bukavu, but the authorities decided that the crew would have to undergo a 2-week quarantine on their return from the trip, so the operator decided that under these conditions it was not justified to make the flight. It’s a pity, because we could have taken advantage of this plane to get medical supplies and some urgent parts… it will be for another time. Speaking of planes, one of our colleagues from a plantation in Cameroon is currently stuck in Kinshasa, where he had come to visit his in-laws. As it was supposed to be a short stay, they had left their young children in the care of the nanny in Douala, but the few days turned into weeks and he is obviously worried about whether the nanny is taking the necessary precautions to protect the children. We asked for an exemption for the organisation of a repatriation flight, which was granted by the Presidency but blocked by the migration authorities (whose boss is from the “old” camp), but there is still hope, because it is understandable to want to prevent outsiders from entering the country, but why prevent people from leaving. From this Monday the commune of La Gombe in Kinshasa, where our offices are located, will be subject to compulsory confinement because that is where the coronavirus cases came from (about 3 weeks ago…). However, in order not to paralyse the activities of companies, an exemption is given to people whose work is essential and can only be done in the office. This exemption is materialized by a badge that must be bought at the city hall and as this information was released at the last minute on Saturday, the city hall was assaulted by a crowd that came rushing to get the pass, nothing better than to give the virus one last opportunity before the containment to spread as much as possible, including and especially with people who live outside the Gombe… I suggested to my colleagues to work from home and not to mingle with the crowd for nothing because on top of all this the authorities appear not have had time to prepare a sufficient number of badges, hence the mob. We are aware that there are probably a lot of blunders in your areas too, so the situation here is just spiced in a local manner rather than exceptional. However we better to be patient because we do not know for how long all this will continue. In the meantime we are getting used to seeing a little more police officers lurking around our facilities looking for the “infiltrators”. Read you soon, keep your morale up. Marc & Marie-Claude
La presse sous toutes ses formes ne semble avoir qu’un seul sujet à présenter : le Coronavirus et son impact dans le monde, et pourtant la vie continue avec beaucoup d’autres choses d’actualité. Pour le moment nous nous sentons plutôt privilégiés car les choses ont peu ou pas changé dans notre vie quotidienne et les activités de la plantation continuent comme avant avec seuls quelques changements qui s’avèrent être pour un mieux même, probablement, à l’avenir. La production de la plantation est meilleure que prévue et comme la population à besoin de continuer à manger quoi qu’il advienne, nous ne constatons pas non-plus d’impact défavorable sur les débouchés pour notre huile, si ce n’est quelques difficultés logistiques pour évacuer celle-ci vers Kinshasa, mais ça n’est pas nouveau. Dire que le foutu virus n’a pas d’impact ici serait toutefois mentir car, par prudence, nous avons supprimé les rencontres sociales entre expatriés, pas par crainte de se contaminer les uns et les autres mais parce que nous estimons devoir montrer l’exemple vis-à-vis de nos collègues congolais à qui il est temporairement interdit de se retrouver à l’église, de se rassembler sur la voie publique, d’envoyer leurs enfants à l’école ou de voyager. Mais certains changements sont probablement également pour un mieux, ainsi un peu partout dans la plantation, à l’entrée des bureaux, des magasins, des dépôts, etc. nous avons placé des stations de lavages pour les mains avec de l’eau et du savon, qui sont de plus en plus utilisés par tout le monde. Si l’on peut se référer à l’expérience du Sierra Leone ou de telles mesures avaient été prises lors de l’épidémie d’Ebola, outre le fait que cela a permis d’éviter une contagion de la maladie dans la plantation, ce lavage des mains a drastiquement réduit beaucoup d’autres problèmes médicaux telles que des dysenteries et autres problèmes gastriques. Pour éviter les grands attroupements, nous avons également décidé d’organiser la paie des travailleurs sur un plus grand nombre de sites. Cela nécessite, certes, de mettre en place des moyens plus importants en branle : voitures, policiers, agents payeurs, etc. mais les résultat en est que les travailleurs peuvent généralement se rendre à pied vers leur lieu de paie, que nous ne devons pas organiser des transports pour les travailleurs, parmi lesquels il y a souvent des personnes en état d’ébriété et des passagers externes en plus d’une quantité incontrôlable de marchandises, avec tous les risques que cela comporte. Un peu plus compliquée est l’organisation des appels matinaux, que nous ne maîtrisons pas encore tout à fait avec la nouvelle formule de mini groupes dispersés sur un grand périmètre pour permettre une meilleure “distance sociale”. Vu que tout se monde se retrouve joyeusement entassé dans la cité après les journée de travail nous sommes évidemment en droit de nous demander si nos mesures de distanciation sont vraiment utiles et nécessaires, mais, de nouveau, l’exemple doit venir d’en haut même si il ne s’applique que sur le lieu du travail… Les plus grandes difficultés que nous rencontrons sont liées aux décisions du chef de l’état qui, à l’instar d’autres pays affectés par la pandémie, a décidé d’isoler le pays mais aussi la capitale. Cet isolement n’affecte que les personnes, ce qui veut dire que théoriquement nos approvisionnements en intrants, matériels, fournitures et nourriture n’est pas affecté. Ainsi ce vendredi nous avions l’autorisation de faire venir notre avion mensuel avec les fonds pour payer nos travailleurs, des pièces de rechange urgentes et des vivres pour les expatriés et cadres, mais aucun passager n’était autorisé à voyager dans un sens ou dans l’autre. Nos agents qui avaient choisi de passer leurs congés à Kinshasa s’y trouvent à présent bloqués pour une période indéterminée. Le départ de l’avion depuis Kinshasa a toutefois été problématique car, alors que le Président avait clairement indiqué que le transport de marchandises était autorisé et qu’il n’y avait pas de passagers à bord, les autorités de l’aéroport de Kinshasa ont estimé qu’il fallait une autorisation spéciale du Président pour autoriser notre vol, autorisation que nous avons réussi à obtenir en dernière minute. Le trafic des barges sur le Kasaï reste fort limité, même si le virus n’est pas la cause primaire de cette situation car ce n’est pas nouveau, mais cela nous affecte quand même car les transports de marchandises depuis Kinshasa sont encore plus difficile (y compris notre approvisionnement en carburant qui est pour le moins critique). De plus, les restrictions imposées à Kinshasa font que nombre de nos fournisseurs sont, soit ouverts de manière limitée, soit fermés et il n’est donc pas toujours possible de trouver les pièces et/ou fournitures dont nous avons besoin pour fonctionner. Le trafic réduit sur le Kasaï nous impose aussi d’utiliser chaque opportunité de barge à la descente pour charger de l’huile dont les besoins à Kinshasa sont de plus en plus critiques, mais ces mêmes barges sont aussi sollicitées pour transporter d’autres marchandises essentielles comme du maïs, du charbon de bois, farine de manioc, etc. et les conséquences sont évidemment une augmentation des prix qu’il est difficile de ne pas comprendre. Nous sommes donc privilégiés là aussi car nous sommes à la source de nombreux produits de première nécessité, qui restent accessibles à des prix abordables alors qu’à Kinshasa on parle de prix ayant triplé pour des produits comme de la farine. Parlant de Kinshasa, il faut que l’on vous fasse part d’une situation qui fait sourire ou pleurer selon le cas et qui n’était possible qu’ici au Congo. Ainsi jeudi soir, outre l’isolement de la ville qui avait été décidé par le Président, le Gouverneur de la province de Kinshasa a pris la décision d’imposer un confinement total intermittent à la population de la ville. En pratique ce confinement intermittent devait se dérouler sur une période de 30 jours durant lesquels alternativement la population serait confinée chez elle pendant 4 jours à partir de ce samedi, puis autorisée à sortir librement pendant 2 jours pour acheter des aliments, puis à nouveau un confinement de 4 jours et ainsi de suite. Ce n’est pas une blague! Il faut savoir qu’à Kinshasa (qui compte environ 12 millions d’habitants) la majorité de la population vit au jour le jour car ils gagnet un peu d’argent en faisant des petites tâches, un peu de commerce ou d’autres activités informelles et n’ont généralement pas de réfrigérateur et souvent pas de courant, donc rester 4 jours à la maison aurait impliqué un jeune forcé. Qui plus est, la police (qui n’est payée que très sporadiquement) vit elle aussi au jour le jour avec le résultat de leur racket sur les taxis, motos et passants et le confinement de la population ne leur aurait pas permis de manger tous les jours eux non-plus. Cela étant, et compte tenu de premières émeutes vendredi soir quand tout le monde à voulu se jeter sur le peu de pain et de farine encore disponible sur le marché de Kinshasa, les autorités ont sagement décidé de reporter la mesure de confinement à une date ultérieure… à suivre donc. Nous espérons que votre confinement à vous n’est pas trop dur à vivre et que ces nouvelles vous trouveront en bonne santé. A bientôt vous lire ou vous parler, Marc & Marie-Claude
The press in all its forms seems to have only one subject to present: the Coronavirus and its impact in the world, yet life goes on with many other things of current interest. For the moment we feel rather privileged because things have changed little or not at all in our daily life and the activities of the plantation continue as before with only a few changes that might prove to be even for the better in the future. The production of the plantation is better than expected and as the population needs to eat no matter what happens, we also do not see any adverse impact on the demand for our oil, apart from some logistical difficulties to transport it to Kinshasa, but this is nothing new. To say that the damn virus has no impact here, however, would be a lie, because we have, as a precaution, abolished social meetings between expatriates, not for fear of infecting each other, but because we feel we have to set an example to our Congolese colleagues, who are temporarily forbidden to go to church, to gather on the public highway, to send their children to school or to travel. But some changes are probably also for the better, so throughout the plantation, at the entrance to offices, workshops, warehouses, etc. we have placed hand washing stations with soap and water, which are increasingly used by everyone. If we can refer to the experience of a sister plantation in Sierra Leone where such measures were taken during the Ebola epidemic, apart from the fact that it prevented the disease from spreading to the plantation, this hand washing has drastically reduced many other medical problems such as dysentery and other gastric problems. In order to avoid large crowds, we also decided to organize the workers’ pay on a larger number of sites. This does, of course, require more resources to be set in motion: cars, policemen, paying agents, etc., but the result is that workers can generally walk to their place of pay, that we do not have to organise transport for workers, among whom there are often drunk people and external passengers in addition to an uncontrollable quantity of goods, with all the risks that this entails. A little more complicated is the organisation of morning calls or muster, which we have not yet fully mastered with the new formula of mini groups spread over a large area to allow for greater social distancing. Given that everyone is happily crammed into the city after the working day, we are obviously entitled to ask ourselves whether our distancing measures are really useful and necessary, but, once again, the example must come from above, even if it only applies in the workplace… The greatest difficulties we face are linked to the decisions of the Head of State who, like other countries affected by the pandemic, has decided to isolate not only the country but also the capital. This isolation only affects people, which means that theoretically our supplies of inputs, materials, consumables and food are not affected. So this Friday we were allowed to operate our monthly plane with the funds to pay our workers, urgent spare parts and food for expatriates and executives, but no passengers were allowed to travel one way or the other. Our workers who had chosen to spend their leave in Kinshasa are now stranded there for an indefinite period of time. The departure of the aircraft from Kinshasa was somewhat problematic, because although the President had clearly indicated that the transport of goods was authorized and that there were no passengers on board our plane, the authorities at Kinshasa airport considered that a special authorization from the President was needed to authorize our flight, which we managed to obtain at the last minute. The barge traffic on the Kasai remains very limited, even if the virus is not the primary cause of this situation as it is not new, but it still affects us because the transport of goods from Kinshasa is even more difficult (including our fuel supply which is critical to say the least). In addition, the restrictions imposed in Kinshasa mean that many of our suppliers are either open on a limited basis or closed and it is therefore not always possible to find the parts and/or supplies we need to operate. The reduced traffic on the Kasai also means that we have to use every opportunity to load barges with our oil, which is increasingly critically needed in Kinshasa, but these same barges are also used to transport other essential goods such as maize, charcoal, cassava flour, etc. and the consequences are obviously an increase in prices that would be difficult not to understand. We are therefore privileged here too, because we are the source of many basic necessities, which remain accessible at relatively affordable prices, whereas in Kinshasa we are talking about prices that have tripled for some basic products such as flour. Speaking of Kinshasa, we must tell you about a situation that will make you smile or cry, as the case may be, and which was only possible here in the Congo. Thus, on last Thursday evening, in addition to the isolation of the city which had been decided by the President, the Governor of the province of Kinshasa took the decision to impose an intermittent total confinement on the population of the city. In practice, this intermittent confinement was to take place over a period of 30 days, during which the population would alternately be confined to their homes for four days starting this Saturday, then allowed to go out freely for two days to buy food, followed by another four-day confinement and so on. This is no joke! It is important to know that in Kinshasa (which has about 12 million inhabitants) the majority of the population lives from day to day because they generally earn some money on a daily basis, do not have a refrigerator and often no electricity, so staying 4 days at home would have meant obligatory fasting. Moreover, the police (who are paid only very sporadically) also live from day to day with the result of their racketeering on taxis, motorcycles and passers-by and the confinement of the population would not have allowed them to eat every day either. This being the case, and considering the first riots on Friday evening when everyone wanted to throw themselves on the little bread and flour still available on the Kinshasa market, the authorities wisely decided to postpone the measure of confinement to a later date… to be followed. We hope that your confinement is not too hard to live with and that this news will find you in good health. We look forward to hearing from you, Marc & Marie-Claude
Ce n’est pas la première fois que nous évoquons l’isolation qui caractérise Mapangu, qui est un peu comme une île difficilement accessible, mais aujourd’hui le terme d’isolation prend une autre dimension que la plupart de ceux qui lisent ces lignes doivent expérimenter aujourd’hui eux aussi, à savoir une isolation à domicile. En effet, alors que beaucoup d’entre vous sont coincés à la maison avec des sorties fortement contrôlées et une interaction sociale réduite à des échanges à distance, ici la vie continue quasi normalement, si ce n’est que nous avons été amené à réorganiser les appels et autres formes de rassemblements pour éviter les risques de propager le fameux virus Covid-19, dont la présence à Mapangu n’est pas encore détectée ou confirmée, vu que nous ne sommes pas équipés pour identifier le virus spécifiquement. Aujourd’hui notre plus grand risque est probablement celui de personnes venant de l’extérieur, de Kinshasa en particulier, qui pourraient l’introduire ici en ignorant être porteuses. Heureusement les déplacements à l’intérieur du pays sont découragés par les autorités et certaines mesures de contrôle ont été mises en place aux frontières provinciales. Il est à remarquer que beaucoup ici pensent que si le continent africain a été relativement préservé jusqu’à présent, c’est dû au fait que les africains sont plus résistants ou que le climat plus chaud ne convient pas au méchant virus qui dévaste l’Europe... Il est vrai qu’ici les gens ont leur lot d’épidémies, depuis que nous sommes à Mapangu il y a déjà eu plusieurs épidémies de choléra, il y a encore toujours une épidémie de rougeole en cours et jusqu’à récemment il y avait une épidémie d’Ebola dans l’est du pays. Cette dernière semble sous contrôle car il n’y aurait plus eu de nouveaux cas depuis plus de trois semaines et dans ce cas particulier il faut reconnaître que les autorités sanitaires congolaises ont fait preuve d’une efficacité assez impressionnante sachant que les centres de santé ou les malades étaient traités ont fait l’objet d’attaques régulières de bandes armées et autres agressions. En plus de cela, dans plusieurs zones contaminées la population refusait de faire soigner ses malades par manque de confiance dans les “officiels” du pays. Mettre en place des mesures de distanciation sociale ici au niveau du travail n’est pas trop compliqué, nous avons réduit le nombre de personnes pouvant se rassembler dans un même lieu, réduit le nombre de travailleurs dans un même transport et mis en place des stations de lavage de mains un peu partout dans la plantation. Mais après le travail les gens se retrouvent regroupés dans la cité de Mapangu qui compte actuellement plus de 35.000 personnes avec des installations sanitaires précaires voire inexistantes et une promiscuité énorme vu que les maisons (qui ne sont pas très grandes et ne comptent généralement que deux chambres) sont en moyenne occupées par dix personnes. Que dire aussi des barges qui remontent depuis Kinshasa avec des villages entiers sur les ponts où les personnes vivent les unes contre les autres pendant plusieurs semaines d’affilée dans des conditions que je ne saurais essayer de décrire. A côté de cela nos mesures préventives semblent pour le moins ridicules, mais ce n’est pas que pour leur efficacité nous sommes obligés de respecter à la lettre les instructions émanant de l’état et du bon sens mais aussi pour éviter toute accusation de négligence et pénalités résultantes. Pour le moment tous les expatriés passent leur temps libre en relative isolation: hormis les rencontres “professionnelles” nous évitons pour le moment les rencontres sociales. En plus de rester cloîtrés chez nous encore plus que d’habitude, deux de nos expatriés n’ont pas pu rejoindre la RDC après leurs congés car les vols entre l’Europe et la RDC ont été interdits parmi les mesures de sécurité édictées par les autorités congolaises. Nous sommes donc en effectif (expatrié) réduit pour le moment et avons dû nous organiser en conséquence pour que les activités continuent le plus souplement possible. Tous les visiteurs qui étaient supposés venir en plantation dans les prochaines semaines ont, soit (sagement) décidé que le moment n’était pas le meilleur pour faire des voyages inter-continentaux, soit été contraints de changer leurs plans parce qu’il n’est plus possible d’entrer dans le pays sans se soumettre à une quarantaine obligatoire. L’énorme avantage que nous avons ici, tout comme ceux qui ont la chance d’habiter à la campagne ou de disposer d’un grand jardin, est de pouvoir sortir à notre guise. Nous imaginons que les conditions de vie doivent être plus difficiles si vous êtes confinés en famille dans un appartement ou une petite maison de ville sans jardin. Question approvisionnement, nous espérons que les magasins d’alimentation de Kinshasa seront en mesure de continuer de répondre à nos commandes de vivres mensuelles, mais, de toutes façons, nous exploitons au maximum les ressources de notre jardin et ne manquons certainement pas de nourriture saine à nous mettre sous la dent. Nous remarquons l’impact du “confinement” dans les plantations d’une certaine manière car la bande passante pour internet que nous partageons avec les autres plantations du groupe est soudainement beaucoup plus sollicitée et nos connexions beaucoup plus lentes. Il est donc probable qu’un plus grand nombre parmi les expatriés utilisent les moyens de communication électroniques plutôt que les réunions en personne. Mais le principal est que cette connexion électronique continue de fonctionner et nous permet d’échanger par mail, whatsapp et autres systèmes avec notre famille et nos amis. N’hésitez-donc pas à nous contacter! A très bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
This is not the first time that we have mentioned the isolation that characterizes Mapangu, which is a bit like an island that is difficult to access, but today the term isolation takes on another dimension that most of those who read these lines have to experience today as well, namely home insulation. Indeed, while many of you are stuck at home with tightly controlled outings and social interaction reduced to remote exchanges, here life goes on almost normally, except that we have had to reorganize musters and other forms of gatherings to avoid the risks of spreading the famous Covid-19 virus, whose presence in Mapangu has not yet been detected or confirmed, since we are not equipped to identify the virus specifically. Today our greatest risk is probably that of people from outside the country, from Kinshasa in particular, who could introduce it here, unaware that they are carriers. Fortunately, movement within the country is discouraged by the authorities and some control measures have been put in place at the provincial borders. It should be noted that many here believe that if the African continent has been relatively unspoilt so far, it is because Africans are more resistant or the warmer climate is not suited to the nasty virus that is devastating Europe… It is true that here people have their share of epidemics, since we are in Mapangu there have already been several cholera epidemics, there is still an ongoing measles epidemic and until recently there was an Ebola epidemic in the east of the country. The latter seems to be under control, as there have been no new cases for more than three weeks, and in this particular case it must be acknowledged that the Congolese health authorities have shown quite impressive efficiency, given that the health centres where the sick were being treated have been regularly attacked by armed gangs and other assaults. In addition, in several contaminated areas the population refused to have their patients treated because of a lack of confidence in the country’s “officials”. Setting up social distancing measures here at the work level is not too complicated, we have reduced the number of people who can gather in the same place, reduced the number of workers in the same transport and set up hand washing stations all over the plantation. But after work, people gather together in the township of Mapangu, which currently has more than 35,000 people with poor or non-existent sanitary facilities and enormous promiscuity, since the houses (which are not very large and generally have only two bedrooms) are on average occupied by ten people. Even worse are the barges that travel up from Kinshasa with entire villages on the bridge, where people live against each other for several weeks at a time in conditions that I cannot try to describe. Besides that, our preventive measures seem ridiculous to say the least, but it is not only for their effectiveness that we are obliged to follow the instructions of the state and common sense to the letter, but also to avoid all accusations of negligence and resulting penalties. At the moment all expatriates spend their free time in relative isolation: apart from “professional” meetings, we avoid social gatherings for the time being. In addition to remaining cloistered at home even more than usual, two of our expatriates were not able to reach the DRC after their holidays because flights between Europe and the DRC have been banned as part of the security measures decreed by the Congolese authorities. We are therefore downsized (expatriate-wise) for the moment and have had to organize ourselves accordingly so that activities continue as smoothly as possible. All visitors who were supposed to come to the plantation in the coming weeks have either (wisely) decided that this was not the best time to make intercontinental trips or have been forced to change their plans because it is no longer possible to enter the country without undergoing a mandatory quarantine. The huge advantage we have here, as well as those of you who are lucky enough to live in the country or have a large garden, is that we can go out as we please. We imagine that living conditions must be more difficult if you are confined as a family in an apartment or a small town house without a garden. As far as supplies are concerned, we hope that the food stores in Kinshasa will be able to continue to meet our monthly food orders, but, in any case, we are making the most of our garden resources and certainly don’t lack healthy food to put on our plates. We are noticing the impact of “containment” in the plantations in a way because the internet bandwidth we share with the other plantations in the group is suddenly much more stretched and our connections are much slower. Because of the confinement, it is likely that more expatriates are using electronic means of communication rather than face-to-face meetings. But the main thing is that this electronic connection continues to work and allows us to exchange via email, whatsapp and other systems with our family and friends. So don’t hesitate to contact us! We look forward to hearing from you soon, Marc & Marie-Claude
Tout le monde ne semble avoir que le fameux Coronavirus en tête, enfin ici (en plantation) pas trop, car beaucoup n’ont pas accès à la presse internationale et officiellement il n’y a qu’un seul cas détecté dans le pays. Il n’en reste pas moins que les autorités ont pris des mesures de précaution pour les personnes qui arrivent (par voie aérienne) dans le pays. Ainsi à la descente de l’avion il y avait une équipe de contrôle sanitaire qui prenait la température de tous les passagers débarquant et qui distribuait des formulaires dans lesquels il fallait indiquer où le passager avait séjourné durant les deux semaines précédentes, s’il avait souffert de fièvre, toux ou autres symptômes assimilés au Coronavirus et comment il pouvait être contacté en cas de nécessité par les autorités. Dans l’aérogare tous les employés étaient munis de masques gants, etc. et tous les passagers étaient tenus de se désinfecter les mains avant de pénétrer sur le sol congolais. Le formulaire soigneusement complété était versé dans un grand carton, je présume spécifique à l’avion dont nous débarquions, encore que les autorités sanitaires n’ont posé aucune question à ce sujet et n’ont pas non-plus vérifié si j’avais indiqué avoir eu une fièvre, toux ou être passé par l’Italie récemment. Je présume que tous ces formulaires allaient être consultés calmement par la suite par un personnel spécialement affecté à cela. Un contraste énorme avec l’aéroport de Bruxelles où il n’y avait aucun contrôle ou mesures de précautions (visibles). A Kinshasa, les passagers en provenance de Bruxelles, comme moi, ne sont soumis à aucune autre procédure, par-contre ceux en provenance de France, Allemagne, Italie, Chine, Iran et Iraq doivent obligatoirement être mis en quarantaine, à la maison pour ceux qui n’ont pas de fièvre à l’arrivée et dans les installations sanitaires de l’état pour ceux qui ont 37,5°C de température ou plus. Ces mesures sont susceptibles d’évoluer rapidement et il est donc déconseillé de visiter la RDC ces jours-ci si on ne veut pas courir le risque de passer deux semaines dans un centre médical congolais. Cela dit, malgré les difficultés qui prévalent dans le pays, les autorités sanitaires ont réussi à contrôler l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans l’est du pays, sans oublier que ce travail a dû être réalisé dans un contexte sécuritaire particulièrement difficile avec de fréquentes attaques terroristes contre les centres de santé. Il y a donc lieu d’espérer que sur base de cette expérience le Congo est plutôt bien équipé pour contenir des épidémies bien plus meurtrières que celle du Coronavirus. L’effet du Coronavirus est par contre beaucoup plus marqué ici sur le marché et en particulier sur le marché de l’huile de palme qui s’est littéralement effondré en perdant près de 30% depuis le début de l’épidémie du virus. Cela n’est pas sans conséquences pour notre plantation qui perd ainsi potentiellement 30% de sa seule source de revenus. Cette approche n’est toutefois pas tout à fait exacte car s’il est vrai que le marché mondial de l’huile affecte les prix en RDC, le contexte logistique et économique local fait que nous n’aurions probablement pas pu bénéficier entièrement des prix élevés du marché il y a quelques mois, principalement à cause du faible pouvoir d’achat de la population, et de même nous bénéficions d’une certaine protection à cause du coût élevé qui prévaut pour acheminer l’huile qui serait éventuellement importée depuis le port de Matadi jusqu’à Kinshasa. Tout n’est pas nécessairement négatif, peut-être pourrons-nous bénéficier de meilleurs prix pour notre approvisionnement en carburant (ce qui n’est pas bon écologiquement mais nous aidera éventuellement à compenser les pertes de revenus), dans la mesure où les recettes d’exportations principalement minières de l’état ne sont pas affectées au point de devoir limiter les importations de carburant. Toujours est-il que nos clients profitent à fond de la situation pour négocier des prix à la baisse et comme il n’y a que deux clients potentiels ici en RDC pour l’huile que nous produisons, nous ne sommes pas exactement dans une position de force. En attendant tous les autres fournisseurs profitent évidemment de la situation pour augmenter leurs prix, que ce soit justifié ou pas, qui ne seront probablement pas revus à la baisse lorsque la situation des marchés se normalisera. Ce que nous devons avant-tout espérer est que les fournisseurs tels que les transporteurs aériens internationaux qui desservent la RDC arriveront à tenir le coup malgré les restrictions imposées aux voyageurs. C’est un luxe énorme d’avoir un vol quotidien entre Kinshasa et Bruxelles sur lequel nous pouvons compter, plutôt que devoir voyager via Paris (ce qui n’est pas encore trop grave), Rabat, Istanbul ou Addis-Abeba, mais à en juger sur base du nombre de passagers qu’il y avait dans l’avion qui m’a ramené à Kinshasa la semaine dernière (le vol était tout à fait plein), ce n’est pas encore un problème immédiat. Ici en plantation les choses continuent normalement, même si nous évitons de nous serrer la main et que des dispositifs ont été mis en place partout dans la plantation pour se laver les mains, mais même cela certains de nos collègues semblent trouver superflu et exagéré. Car, disent-ils, le virus n’est pas présent au Congo et ne résiste probablement pas au climat local, alors pourquoi se tracasser. Aujourd’hui les problèmes de santé sont plutôt ceux liés à la malaria (600.000 morts par an dans le monde), la rougeole (qui a probablement fait des dizaines de milliers de morts dans le pays) et autres maladies déjà bien présentes dans nos contrées. Comme ici il n’y a pas de restaurants (dignes de ce nom), cinémas et autres événements qui attirent des foules, nous vivons, de fait, déjà une espèce de quarantaine à domicile (certainement pour Marie-Claude qui ne bouge pas de la maison, sauf pour faire des balades avec Makala en plantation) et donc toutes les précautions sont prises de fait. Nous espérons que vous aussi resterez indemnes du fameux virus, ne prenez pas de risques et écrivez-nous, Marc & Marie-Claude
Everybody seems to have only the famous Coronavirus in mind, well here (in our plantation) not too much so, because many have no access to the international press and officially there is only one case detected in the country so far. Nevertheless, the Congolese authorities have taken precautionary measures for people arriving (by air) in the country. For example, on disembarking from the plane, a health control team took the temperature of all passengers disembarking and distributed forms in which passenger need to indicate where they had been for the previous two weeks, whether they had suffered from fever, cough or other symptoms similar to the Coronavirus and how they could be contacted if necessary by the authorities. In the terminal all employees were equipped with glove masks, etc. and all passengers were required to disinfect their hands before entering the Congolese territory. The carefully completed form was placed in a large cardboard box, I presume specific to the aircraft we were disembarking from, although the health authorities did not ask any questions about this, nor did they check whether I had indicated that I had a fever, cough or had recently passed through Italy. I assume that all these forms are going to be carefully read afterwards by specially assigned personnel… A huge contrast with Brussels airport where there were no (visible) checks or precautionary measures. In Kinshasa, passengers coming from Brussels, like me, are not subject to any other procedure, while those coming from France, Germany, Italy, China, Iran and Iraq have to undergo a compulsorily quarantine, at home for those without a fever on arrival and in the state’s sanitary facilities for those with a temperature of 37.5°C or more. These measures are likely to change rapidly, so it is not advisable to visit the DRC these days if you do not want to run the risk of spending two weeks in a Congolese medical centre. That said, despite the difficulties prevailing in the country, the health authorities have managed to control the Ebola epidemic in the east of the country, not forgetting that this work had to be carried out in a particularly difficult security context with frequent terrorist attacks on health centres. It is therefore to be hoped that, on the basis of this experience, that Congo is rather well equipped to contain epidemics far more deadly than that of Coronavirus. The effect of the Coronavirus is, on the other hand, much more pronounced here on the market and in particular on the palm oil market, which has literally collapsed, losing nearly 30% since the beginning of the virus epidemic. This is not without consequences for our plantation, which is potentially losing 30% of its only source of income. However, this approach is not entirely accurate because, while it is true that the world oil market affects prices in the DRC, the local logistical and economic context means that we would probably not have been able to benefit fully from the high market prices a few months ago, mainly due to the low purchasing power of the population, and we also benefit from some protection due to the high cost of transporting oil that would eventually be imported from the port of Matadi to Kinshasa. Not everything is necessarily negative, perhaps we will be able to benefit from better prices for our fuel supply (which is not good ecologically but will eventually help us to compensate for the loss of income), provided the state’s, mainly mining, export revenues are not affected to the extent that we will have to limit fuel imports. Still, our customers are taking full advantage of the situation to negotiate lower prices and as there are only two potential customers here in the DRC for the oil we produce, we are not exactly in a strong position. In the meantime, all the other suppliers are obviously taking advantage of the situation to increase their prices, whether justified or not, which will probably not be revised downwards when the market situation normalises. What we have to hope above all is that suppliers such as the international air carriers serving the DRC will be able to hold their own despite the restrictions imposed on travellers. It is a huge luxury to have a daily flight between Kinshasa and Brussels that we can rely on, rather than having to travel via Paris (which is not yet too serious), Rabat, Istanbul or Addis Ababa, but judging by the number of passengers on the plane that took me back to Kinshasa last week (the flight was fully booked), this is not yet a problem. Here on the plantation things continue normally, although we avoid shaking hands and hand washing facilities have been set up all over the plantation, but some of our colleagues seem to find these measures superfluous and exaggerated. Because, they say, the virus is not present in the Congo and probably does not withstand the local climate, so why bother. Today’s health problems in Mapangu are rather those linked to malaria (600,000 deaths per year worldwide), measles (which has probably caused tens of thousands of deaths in the country) and other diseases already well present in our regions. As here there are no restaurants (worthy of the name), cinemas and other events that attract crowds, we already live, in fact, a kind of home quarantine (certainly for Marie-Claude who does not move from the house, except to go for solitary walks with Makala on the plantation) and therefore all precautions are in fact already taken. We hope that you too will remain unharmed by the famous virus, don’t take any risks and write to us, Marc & Marie-Claude
Le concept de ce qui est une route varie énormément d’un endroit à l’autre tant d’un point de vue physique que du point de vue de ce qui y circule. Mapangu se trouve être sur un des axes routiers principaux (RN20) reliant le pays de Kinshasa via Kikwit à l’ouest et Bukavu via Kananga et Kindu à l’est, enfin au moins en théorie et sur certaines cartes. Jusqu’à l’année dernière il était encore possible de passer sur cette route en moto (pour les courageux) mais pas en voiture car le bac qui permet de traverser l’un des affluents du Kasaï, la rivière Loange (qui fait quand même une centaine de mètres de largeur) n’est plus opérationnel. Même en moto il fallait être courageux et/ou chanceux car la traversée se fait en mettant la moto dans une pirogue qui, de temps en temps, finit au fond de la rivière à cause d’une perte d’équilibre malencontreuse. Mais depuis l’année dernière le pont qui permettait de traverser un autre affluent de la rivière Kasaï est lui aussi cassé et le manque d’entretien de la route fait que même en moto il est devenu impossible de passer. Marie-Claude et moi avons fait la route de Kinshasa à Mapangu lorsque c’était encore tout juste possible fin 2016, mais déjà à ce moment-là nous avions serré les fesses lorsque nous sommes passés sur le pont (en métal) qui penchait fortement dans le sens où il a fini par tomber et à certains endroits en bordure de rivière où la moindre déviation se serait soldé par un plouf. Donc la RN20 est, à la différence des routes nationales européennes, impraticable et donc quasi sans trafic mis à part des piétons et des courageux qui poussent leur vélo brouette chargé de sacs de maïs ou autre denrée. La route nationale (RN1) qui se passe au sud de la province serait asphaltée jusqu’au chef-lieu de la province du Kasaï, Tshikapa, et permet de poursuivre son voyage vers le sud-est du pays jusque Lubumbashi, ici aussi en théorie car l’asphalte ne continue pas jusqu’au bout et certains tronçons de route sont “difficilement” praticables. Nous ne l’avons jamais utilisée donc cette information est tout à fait conditionnelle. En théorie il y a aussi une route “principale” qui relie l’extrême sud de la plantation avec Tshikapa et devrait nous permettre de rejoindre Kinshasa par ce chemin. Mais même si la distance entre la plantation et Tshikapa n’est “que” de 350km, ce sont des kilomètres de piste qui nécessitent beaucoup de courage avec pelles, treuils et autres travaux et à voir l’état des quelques véhicules qui ont réussi à passer il ne faut pas être trop regardant sur l’état de sa carrosserie à l’issue du voyage. Bref nous avons pris l’option de faire l’impasse sur cette route-là également, ce qui nous laisse la route fluviale rivière et celle des airs. Mis à part le voyage en pirogue de Mapangu à Ilebo ou vice versa, voyager plus loin par la rivière n’est pas vraiment une option, sauf pour celui qui est prêt à vivre sur le pont d’une barge pendant 2-3 semaines entouré parfois de centaines de personnes, de poules, chèvres, cochons et autres victuailles pour la route et une petite tente pour y passer la nuit si possible à l’abri des moustiques. La voie des airs est donc la seule solution “civilisée” et nous avons notre propre piste d’aviation sur la plantation, une piste faite de termitières tassées qui ressemble un petit peu à de l’asphalte du fait de sa couleur noire et qui résiste assez bien aux intempéries. Selon les pilotes qui utilisent notre piste (nous avons un stock stratégique de kérosène qui permet aux avions de se ravitailler en route entre Kinshasa et Bukavu) c’est de loin la meilleure piste de la province et meilleure même que l’aéroport de Ndolo à Kinshasa dont l’asphalte commence à montrer des signes évidents de fatigue. Nous devons évidemment faire homologuer notre piste chaque année par l’AAC (autorité de l’aviation civile) qui vient en grande pompe (et à grands frais à notre charge) à Mapangu pour trouver les “failles” sujettes à pénalités financières. Chaque année ils trouvent de nouvelles excuses pour nous taxer de plusieurs milliers de dollars, il y a trois ans c’était notre manche à air qui n’avait pas les dimensions réglementaires, mais heureusement (pour nous éviter de lourdes pénalités) ils avaient par hasard une manche à air dans leurs bagages pour la modique somme de 800 dollars (après négociations). Inutile de faire remarquer les les autres aéroports (Ndolo, Ilebo) n’ont même pas de manche à air, réglementaire ou pas. Il y a deux ans c’était la peinture du marquage de la piste qui était un peu abimée et le fait que nous n’avions pas le nombre réglementaire d’extincteurs (nous en avons 8 et le “code de l’AAC selon la RDC” prévoit qu’il en faut 1 de réserve en plus). Là encore, inutile de faire remarquer qu’à Ndolo et Ilebo il n’y a pas de marquage au sol et qu’il n’y a pas un seul extincteur à Ilebo… Enfin l’année dernière c’est l’absence de cônes de sécurité pour définir le périmètre de sécurité autour de l’avion, le manque de tenues ignifugées pour les pompiers et l’absence de poubelles qui était à l’origine des pénalités. En fait nous n’avons pas de cônes mais de marqueurs fabriqués avec d’anciens casques de sécurité pontés sur des socles en métal pour éviter qu’ils ne puissent s’envoler, le code ne prévoit pas que les marqueurs soient de forme conique, mais je présume que cela aura changé d’ici le prochain contrôle. De toutes les façons, les seules personnes généralement présentes (hormis les passagers qui attendent à l’ombre des ailes) sont celles qui doivent charger ou décharger l’avion et donc personne ne comprend l’utilité des “cônes” qui restent sagement rangés dans le dépôt en attendant le contrôle de l’AAC. Chaque fois que nous avons un avion qui vient à Mapangu, il y a toute une escouade d’officiels qui sont également présents pour “contrôler” les passagers en général et les expatriés en particulier, il y a la DGM (direction générale de la migration) qui contrôle les passeports et les visas (peu importe si cela a déjà été fait lors de l’entrée dans le pays) avec les frais qui s’y rapportent, il y a l’ANR (agence nationale de sécurité) qui s’assure que la sécurité du pays n’est pas compromise avec l’arrivée de personnes louches ou d’armes (eux aussi un service payant), il y a le service de santé et de quarantaine qui vérifie les carnets de vaccination pour s’assurer que les passagers (expatriés) sont en bonne santé (il est bien connu que seuls les expatriés sont potentiellement porteurs de maladies contagieuses, mais si le carnet de vaccination est en ordre il n’y a pas de risques), etc. Ce vendredi Marie-Claude et moi avons voyagé de Mapangu à Kinshasa via Ilebo en prenant la pirogue, qui reste pour nous un moment magique, de Mapangu à Ilebo. L’aéroport d’Ilebo est un espace herbeux entre des cultures de manioc et de maïs ou circulent une multitude de personnes, adultes et enfants, et animaux qui se tiennent plus ou moins à l’écart lorsque l’avion atterrit ou décolle. Comme il faut à peu près deux heures et demi de pirogue pour aller de Mapangu à Ilebo, le départ est généralement matinal pour être certain d’arriver à temps si par hasard l’avion décolle à l’heure prévue de Kinshasa (il y a deux heures de vol entre Kinshasa et Ilebo). Le plus souvent nous arrivons bien trop tôt, mais il est arrivé, une fois, que l’avion ait atterri à l’heure “prévue” et décollé de même … La pirogue étant partie un peu en retard de Mapangu ce fut donc une semaine d’attente suplémentaire et un aller-retour jusque Ilebo pour rien. La route de la pirogue jusqu’au centre ville d’Ilebo n’est pas très longue, mais comme nous avons des bagages nous louons les services d’une voiture qui vient nous attendre au point de débarquement pour nous amener en ville via ce qui reste de la route qui est tout juste praticable s’il ne pleut pas. La route qui relie la ville et le port n’est plus praticable pour des véhicules, donc nous sommes obligés de débarquer de la pirogue sur une petite plage située en amont d’une petite rivière sur le côté de la ville. Ce vendredi Ilebo était très calme car “officiellement” c’était l’opération “Salongo”, c’est à dire une matinée ou tout le monde participe au nettoyage de la ville, du moins en théorie car mis à part le fait que les commerces étaient “officiellement” fermés nous n’avons pas vu une seule personne ramasser quoi que ce soit, alors que les plastiques (plaie de notre monde de consommation) jonchent les rues d’Ilebo en couche épaisse un peu partout. En fait tout le monde attend que l’heure du Salongo se termine pour reprendre les choses où elles avaient été laissées. Dire qu’Ilebo est une ville sale serait un euphémisme, c’est un grand dépotoir qui ne semble déranger personne. Arrivés en ville nos bagages sont enregistrés à l’agence de la compagnie d’aviation “JJ Muller” où tous les colis (y compris les bagages à main) sont pesés sur une balance qui permet d’estimer plutôt que déterminer le poids, l’aiguille ne se déplaçant plus tout à fait librement. Heureusement en général il manque de passagers et de fret pour le voyage d’Ilebo à Kinshasa et je ne m’inquiète donc pas trop d’une surcharge éventuelle de l’avion. Après cela il faut patienter, cette fois l’avion a décollé avec plus de deux heures de retard et comme nous étions arrivé bien à temps nous avons attendu plus de trois heures dans un bar en mangeant quelques cacahouètes et des griots de chèvre (délicieux) au son de musique locale bruyante. Comme généralement la présence du DG (de Brabanta) à Ilebo se sait presque avant que nous ne débarquions de la pirogue, cette période d’attente voit généralement défiler toute une varété de notables, d’autorités et autres personnes avec qui nous avons des contacts d’une sorte ou d’une autre, cette fois n’a pas fait exception… mais tout cela fait partie de l’expérience. Comme aujourd’hui c’est la journée des droits de la femme, je laisse à Marie-Claude le privilège de clôturer ces nouvelles. AH ! Belle sortie Mr van Strydonck 😉 ! Journée de la femme en RDC, comme partout dans le monde, mais ici, cela devient presque le mois de la femme… Avec, le 8 mars comme joyau de la tiare. Cela signifie, pour Marc des demandes, voire, revendications diverses allant de l’achat de pagnes et confection de tenues pour tout le personnel féminin, à l’attente de subsides pour rafraichissement et victuailles pour “célébrer” le jour “J”. Quitte à se faire invectiver comme l’année passée s’il est estimé que le DG n’en fait pas assez. Et quant au genre féminin, pour le reste du mois des allusions à la journée (étendue) de la femme et remerciements de “tout ce que la femme fait pour ses semblables”, remarquez que, là, le genre devient neutre. Cela n’empêche pas les femmes de continuer à faire les champs et d’aller puiser l’eau pour leur ménage en plus de et après ou avant leur travail aux champs. Mais au moins, cela donne bonne conscience aux hommes qui y pensent quelques jours par an. A Kinshasa, un effort particulier est fait, par exemple, au magasin “Régal” proche de l’hôtel Elaïs, toute cliente femme recevait 20% de ristourne toute la journée. Et tout le mois, la clientèle féminine uniquement, reçoit un cadeau proportionnel au montant de sa facture (allant de la bouteille de jus de fruit à la bouteille de vin en passant par le pain de savon). La vilaine cynique que je suis va continuer et terminer en mentionnant avoir reçu un bien intentionné message enregistré à l’éloge des femmes un peu sirupeux et très valide pour justifier la canonisation immédiate (si le sexe faible était mieux considéré dans les Saintes Écritures) de l’idéal féminin évoqué, récité par un très photogénique barbu du Moyen Orient dont je soupçonne très fort que la mère, les sœurs et les filles soient à l’abri d’un voile… Bah, cette intention là aussi était bonne. Sur cette bonne parole, je vous souhaite une très bonne semaine et ne vous demande même plus de nous donner aussi de vos nouvelles. A très bientôt vous lire quand même, Marc et Marie-Claude
The concept of what a road is varies enormously from place to place, both in terms of physical construction as to what goes on in terms of circulation. Mapangu happens to be on one of the main roads (RN20) linking the country from Kinshasa via Kikwit in the west and Bukavu via Kananga and Kindu in the east, at least in theory and on some maps. Until last year it was still possible to follow this road between Kikwit and Mapangu by motorbike (for the brave ones) but not by car because the ferry that allows one to cross one of the tributaries of the Kasai, the Loange River (which is still about a hundred meters wide) is no longer operational. Even on a motorbike you had to be brave and/or lucky because the crossing is done by putting the motorbike in a dugout canoe which, from time to time, ends up at the bottom of the river because of an unfortunate loss of balance. But since last year the bridge that allowed to cross another tributary of the Kasai River is also broken and the lack of maintenance of the road makes it impossible to pass even by motorbike. Marie-Claude and I drove from Kinshasa to Mapangu when it was still possible at the end of 2016, but even then we already had to hold our breath when we crossed the (metal) bridge, which was leaning clearly in the direction in which it eventually fell, and in some places along the river where the slightest deviation would have resulted in a splash. So the RN20 is, unlike the European national roads, impassable and therefore virtually traffic-free except for pedestrians and the brave people pushing their wheelbarrow bikes loaded with bags of corn or other commodities. The national road (RN1) in the south of the province is reportedly asphalted from Kinshasa all the way to the capital of the province of Kasai, Tshikapa, and supposedly continues its journey towards the south-east of the country up to Lubumbashi, here too it is theoretical because the asphalt does not extend beyond Tshikapa and some stretches of road are “difficult” to use. We have never used this road so this information is second hand and needs to be verified. In theory there is also a “main” road that connects the extreme south of our plantation with Tshikapa and should allow us to reach Kinshasa going this way. However, even if the distance between the plantation and Tshikapa is “only” 350km, these are kilometers of track that require a lot of courage with shovels, winches and other tools and given the state of the few vehicles that managed to pass one should not be too concerned about the state of the car’s bodywork at the end of the trip. In short, we took the option to rule out the use of this road as well, which leaves us with only the river and the air as ways in or out of Mapangu. Apart from travelling by dugout canoe from Mapangu to Ilebo or vice versa, travelling further by river is not really an option, except for the one who is ready to live on the deck of a barge for 2-3 weeks surrounded sometimes by hundreds of people, chickens, goats, pigs and other victuals for the road and a small tent to spend the night in the hope of being sheltered from mosquitoes. The only “civilized” solution is therefore to travel by air and we have our own airfield on the plantation, a runway made of packed termite mounds which looks a little bit like asphalt because of its black colour and is quite resistant to the weather. According to the pilots who use our runway (we have a strategic stock of kerosene that allows planes to refuel en route between Kinshasa and Bukavu) it is by far the best runway in the province and even better than the Ndolo airport in Kinshasa whose asphalt is starting to show obvious signs of fatigue. We obviously have to have our runway approved every year by the CAA (Civil Aviation Authority) which comes with great pomp (and at great expense to us) to Mapangu to find “loopholes” subject to financial penalties. Every year they find new excuses to charge us several thousands of dollars, three years ago it was our windsock which was not the regulatory dimensions, but fortunately (to avoid us heavy penalties) they had by chance a windsock in their luggage for the modest sum of 800 dollars (after negotiations). Needless to point out that other airports (Ndolo, Ilebo) do not even have a windsock, regulatory or not. Two years ago it was the paint on the runway markings that was a bit damaged and the fact that we did not have the regulatory number of fire extinguishers (we have 8 and the “CAA code according to the DRC” provides that we need 1 more in reserve). Again, needless to point out that in Ndolo and Ilebo there are no ground markings and that there is not a single extinguisher in Ilebo… Finally, last year it was the lack of safety cones to define the security perimeter around the aircraft, the lack of fireproof clothing for firefighters and the lack of garbage cans that was the cause of the penalties. In fact, we don’t have cones but markers made with old safety helmets that are decked out on metal bases to prevent them from flying away, the code doesn’t require the markers to be cone-shaped, but I presume that will have changed by the next inspection. In any case, the only people usually present (apart from the passengers waiting in the shadow of the wings) are those who have to load or unload the aircraft, and so nobody understands the usefulness of the “cones” that remain wisely stowed away in the depot while waiting for the CAA check. Every time we have a plane that comes to Mapangu, there is a whole squad of officials who are also present to “control” the passengers in general and the expatriates in particular, there is the DGM (Directorate General of Migration) that controls the passports and visas (no matter if this has already been done when entering the country) with the related fees, there is the ANR (National Security Agency) which makes sure that the country’s security is not compromised with the arrival of suspicious people or weapons (also a paid service), there is the health and quarantine service which checks the vaccination records to make sure that the passengers (expatriates) are in good health (it is well known that only expatriates are potentially carriers of contagious diseases, but if the vaccination record is in order there is no risk), etc. This Friday Marie-Claude and I travelled from Mapangu to Kinshasa via Ilebo by taking the dugout canoe from Mapangu to Ilebo, which remains an out of the world experience for us despite the number of times we have done this trip. Ilebo airport is a grassy area between casava and maize crops, where a multitude of people (adults and children) and animals seem to circulate freely, more or less standing aside when the plane lands or takes off. As it takes about two and a half hours by dugout canoe to get from Mapangu to Ilebo, the departure is usually early to make sure to arrive on time if by chance the plane takes off at the scheduled time from Kinshasa (there is a two-hour flight from Kinshasa to Ilebo). Most of the time we arrive much too early, but it happened once that the plane landed at the “scheduled” time and took off the same way … The dugout canoe left Mapangu a bit late, so it was an extra week of waiting and a return trip to Ilebo for nothing for the unfortunate passengers. The road from the landing of the dugout canoe to Ilebo town center is not very long, but as we have luggage we rent a car that comes to wait for us at the disembarkation point to take us to town via what is left of the road which is barely passable if it does not rain. The road that connects the town and the port is no longer passable for vehicles, so we are forced to disembark from the dugout canoe on a beach located upstream of a small river on the side of the town. This Friday, Ilebo was very quiet because “officially” it was the “Salongo” operation, that is to say a morning where everyone participates in the cleaning of the city, at least in theory because apart from the fact that the shops were “officially” closed, we didn’t see a single person picking up anything, while plastics (the plague of our consumer world) litter the streets of Ilebo in thick layers everywhere. In fact everyone is waiting for Salongo time to end to pick up things where they were left. To say that Ilebo is a dirty city would be an understatement, it is a massive garbage dump that does not seem to bother anyone. Arriving in town our luggage is checked in at the airline agency “JJ Muller” where all parcels (including hand luggage) are weighed on a scale which allows us to estimate rather than establish the precise weight, the needle of the scale no longer moving quite freely. Fortunately in general there is a lack of passengers and freight for the trip from Ilebo to Kinshasa, so I’m not too worried about a possible overload of the plane. After that we have to be patient, this time the plane took off with more than two hours delay and as we arrived well in time we waited more than three hours in a bar eating some peanuts and (delicious) goat griots to the sound of loud local music. As usually the presence of the GM (from Brabanta) in Ilebo is almost known before we disembark from the dugout canoe, this waiting period usually is the opportunity to meet a whole variety of notables, authorities and other people with whom we have contact of one sort or another, this time was no exception… but that’s all part of the experience. Since today is Women’s Rights Day, I will leave it to Marie-Claude to close this posting… AH! Nice exit Mr van Strydonck 😉 ! Women’s Day in the DRC, as everywhere in the world, but here, it becomes almost women’s month… With, the 8th of March as the tiara jewel. For Marc, this means various demands, even demands ranging from buying cloth and making dresses for all the female staff, to expecting funds for refreshments and victuals to “celebrate” the “D” day. Even if, as was the case last year, it is felt that the GM is not doing enough and that besides the dresses he should have ensured food, drinks, extra money and whatever else comes through one’s mind. And as for the female gender, for the rest of the month, allusions to the (extended) day of the woman and thanks for “all what the woman does for her fellow men”, note that, there, gender becomes neutral. This does not prevent women from continuing to work in the fields and fetching water for their households in addition to and after or before their work in the fields. But at least it gives men a clear conscience when they think about it for a few days a year. In Kinshasa, a special effort is made, for example, at the “Régal” store near the Elaïs Hotel, every female customer received a 20% discount all day long. And for the whole month, female customers only, receive a gift proportional to the amount of their bill (ranging from a bottle of fruit juice to a bottle of wine and a bar of soap). The naughty cynic that I am is going to continue and end by mentioning having received a well-intentioned recorded message in praise of women, a little syrupy and very valid to justify the immediate canonization (if the weaker sex were better considered in the Holy Scriptures) of the feminine ideal evoked, recited by a very photogenic bearded man from the Middle East, whose mother, sisters and daughters I strongly suspect are safely tucked behind a veil, but here I am being politically incorrect… Well, that intention was good too. On this good word, I wish you a very good week and don’t even ask you any more to give us your news. Read you soon anyway, Marie-Claude & Marc
Quel titre bizarre direz-vous, à raison. En fait (sans pour autant expliquer l’étrangeté du titre) c’est la représentation binaire du chiffre 170. Parfois, comme c’est le cas cette semaine, c’est un peu plus difficile de trouver un sujet intéressant à relater et alors, est-ce le coup de bambou, les effets de la chaleur congolaise ou autre chose, on commence à penser à des choses plus biscornues. En fait la réponse est très simple et pour ceux qui ont suivi nos histoires depuis le début réaliserons peut-être que ceci est l’épisode numéro 170 (ou CLXX en chiffres romains, 10101010 en binaire ou AA en numérotation hexadécimale). A peu de choses près nous avons écris quelque chose chaque semaine de notre présence au Congo, ce qui laisse donc à penser que nous avons passé environ 170 semaines ici durant les quatre dernières années, période durant lesquelles beaucoup de choses se sont passées et l’aventure continue. Pourquoi la numérotation binaire? Comme vous le savez, notre coin reculé ne compte quasi aucune autre entreprise ou activité commerciale digne de ce nom, ce qui veut dire qu’il n’y a pas non plus de banque, de distributeur de billets ou d’agence financière et que tout l’argent que nous payons à nos employés, fournisseurs et autres prestataires de services doit venir en avion de Kinshasa, donc rien de digital. Outre le risque sécuritaire qui existe lorsque l’on transporte des centaines de millions de francs d’un côté du pays à l’autre, comme il faut veiller à disposer des coupures adaptées cela représente chaque fois des centaines de kilos de petites coupures à transporter, compter, etc. Nous avons donc décidé d’essayer de faire passer Brabanta graduellement dans l’ère du digital et des paiements électroniques (ou binaires), par petites étapes pour ne pas créer de révolution. Pour nos fournisseurs, en particuliers ceux qui sont basés à Kinshasa, cela n’a pas été trop difficile de leur demander de nous communiquer un numéro de compte en banque sur lesquels nous pourrions payer nos dûs au lieu de distribuer des liasses de billets dans nos bureaux. Certains ont été plus résistants que d’autres, mais dans l’ensemble cet objectif là a été atteint. La deuxième étape a été de transférer toute notre comptabilité à Mapangu et de s’organiser pour pouvoir faire les paiements par voie électronique directement depuis ici. Heureusement nous avons notre propre connexion internet via satellite ce qui permet à tout moment de se connecter sur les sites des banques, mais les plate-formes des banques congolaises elles-même ne sont pas encore toujours à la pointe et certains systèmes de paiement nécessitent presque un doctorat pour arriver à valider un paiement. L’étape suivante est de payer nos employés par voie électronique également, cette étape est nettement plus complexe car d’une part la majorité de nos employés sont illettrés et ne disposent pas d’un téléphone portable même basique, encore moins d’une tablette ou d’un ordinateur et généralement pas de courant. D’autre part il faut que ces travailleurs puissent retirer leur argent, car localement les paiements électroniques ne sont pas encore possibles à quelques rares exceptions près. Il existe différentes plate-formes de paiement électroniques, certaines établies par les opérateurs téléphoniques qui utilisent la carte sim du téléphone comme porte-monnaie et permet d’envoyer de l’argent à un autre téléphone ou un agent qui remettra la somme correspondante en cash (moins une commission). Le système est assez populaire et déjà très étendu dans les pays voisins de la RDC, tandis qu’ici son utilisation est plus modeste. Le grand risque lié à ce système est que l’argent se trouve sur la carte sim et si celle-ci est perdue ou détruite l’argent qu’elle contient est également perdu, et comme ici les pertes, casses et vols sont très fréquents, personne n’ose réellement utiliser le système excepté pour l’envoi ponctuel d’argent d’un coin à l’autre du pays. Nous avons opté pour un autre système qui est également basé sur l’utilisation d’un téléphone, mais à la différence des systèmes décrits ci-dessus c’est une plate-forme qui utilise un compte en banque virtuel accessible avec un code depuis un numéro de téléphone donné. Donc si le téléphone est perdu, détruit ou volé, il suffit de demander une nouvelle carte sim avec le même numéro pour accéder à son compte. Ce système a également l’avantage de permettre de faire des virements sur des comptes en banque réels, d’obtenir des prêts et de toucher des intérêts sur les montants gardés en épargne. La banque, qui fait la promotion de ce système, s’engage à mettre en place un réseau d’agents chez qui les travailleurs peuvent se présenter pour retirer de l’argent (ou en verser), de mettre à disposition des téléphones bon marchés (10 euro) aux travailleurs qui le souhaitent et de faire la formation et vulgarisation du système. C’est un système peut-être fort élaboré pour la moyenne de nos employés, mais autant nous donner les moyens de faire plus que simplement transférer de l’argent pour ceux qui le veulent. Ainsi nous avons pour la première fois ce mois-ci fait un paiement électronique pour une partie de nos employés, il ne s’agit que de 10% de nos salariés, mais cela nous a permis de tester le système et de nous assurer qu’il n’y avait pas de couacs. Tout s’est très bien passé et nous espérons que le mois prochain nous pourrons monter à 25 ou 30% des employés avec l’objectif d’arriver à 100% d’ici la fin de l’année. Ce système nous permettra théoriquement de réduire voire éliminer les besoins d’acheminer des quantités de billets de banque de Kinshasa à Mapangu, même si nous devrons continuer de maintenir une certaine réserve de trésorerie pour palier aux défaillances des agents supposer fournir du cash à nos travailleurs (qui ne manqueront pas). Nous devrons en tout cas maintenir les vols pour permettre un approvisionnement en vivres frais des expatriés, car sinon je crois que peu d’entre eux (y compris nous-même) accepteraient de rester très longtemps à Mapangu. Côté “social”, nous (enfin l’équipe de construction) avons commencé le montage de notre petite piscine hors-sol qui devrait nous donner un peu d’agrément lorsqu’il fait chaud ou simplement pour faire un semblant d’exercices. Cela intéressera peut-être aussi les autres expatriés, pour “faire autre chose”, se changer les idées, raison pour laquelle nous l’avons stratégiquement placée pour être près mais suffisamment loin de la maison pour permettre à d’autres d’en profiter sans nous sentir envahis. Mais ça c’est une autre histoire. Il faut d’abord terminer de monter la chose et la remplir d’eau (avec des citernes qui sont remplies à une petite rivière en-dessous de la Cathédrale). Pour ceux qui ont connu les 23 Palmiers à Altea, cette technique d’approvisionnement en eau est bien connue et à l’époque les conditions de la route qui montait à la maison était probablement comparable à celle qui arrive jusque chez nous. A part cela, nous avons reçu tous les expatriés présents pour déjeuner les dimanches et continuons à avoir toute l’équipe agro à table tous les mercredis midi. Marc a aussi “coiffé” Makala qui a une coupe toute fraîche ce qui comme d’habitude, traumatise complètement le chat pendant quelques jours! On n’en est plus à la queue en brosse de cabinet mais elle a boudé le salon et fait de grands détours pour ne pas passer trop près… Nous n’avons plus revu Hedwige la chouette mais n’avons, comme vous le savez, pas vraiment les mêmes horaires et, maintenant qu’elle a sa propre entrée, il n’y a plus vraiment d’occasion de la voir. La saison des pluies est bien avancée ce qui me fait mentionner un sport dont Marc n’a pas parlé dans le blog intitulé “SPORTS” : l’aquagym, que nous pratiquons régulièrement au saut du lit si la tempête souffle dans une certaine direction, armés de raclette et serpillière car il y a un ou deux cm d’eau dans une partie de la chambre et sur le chemin menant à la salle de bains. Un de ces dimanches, c’était dans la salle à manger devant son bureau, il a décidé de commencer sa séance sans moi puis est revenu au lit un peu sonné car un salto arrière l’a projeté contre le mur… Nous étions un peu inquiet mais il a été très prudent , a travaillé depuis la maison le lendemain et mis une minerve fabrication système D pendant quelques jours et tout est renté dans l’ordre. Comme quoi, le sport, ce n’est pas toujours sain ! D’autre part, le conseil d’administration ayant lieu en Belgique dans deux semaines, nous quitterons ensemble Mapangu vendredi prochain pour y revenir le vendredi suivant ce qui permettra à Marc de voir des clients avant et après son séjour éclair en Belgique (qui lui donnera quand même l’occasion de voir ses parents et Emilie et sa famille) et de régler l’une ou l’autre chose au bureau à Kinshasa. Et à Marie-Claude de se changer les idées en partageant le séjour de Marc à Kinshasa tout en échappant à sa résidence surveillée quelques jours ! Comme disent les Valaisans: “C’est tout’d’bon”. Nous espérons de vos nouvelles aussi, merci à ceux qui se manifestent ! Marc & Marie-Claude
What an odd title, you might say, and rightly so. In fact (without explaining the strangeness of the title) it is the binary representation of the number 170. Sometimes, as is the case this week, it’s a bit harder to find an interesting subject to relate and then, is it the excess of bush, the effects of the Congolese heat or something else, you start thinking of more biscornuous things to write about. In fact the answer is very simple and for those who have followed our stories from the beginning will perhaps realize that this is episode number 170 (or CLXX in Roman numerals, 10101010 in binary or AA in hexadecimal numbering). Roughly every week of our presence in the Congo we wrote something, which suggests that we have spent about 170 weeks here over the last four years, during which time much has happened and the adventure continues. Why binary numbering? As you know, there are almost no other businesses or commercial activities worthy of the name in our remote area, which means that there are no banks, ATMs or financial agencies either, and that all the money we pay to our employees, suppliers and other service providers has to be flown in from Kinshasa, so nothing digital. In addition to the security risk that exists when transporting hundreds of millions of francs from one side of the country to the other, as we have to make sure that we have the right denominations, this means hundreds of kilos of small notes to be transported, counted, etc. every time. We therefore decided to try to bring Brabanta gradually into the digital era and electronic (or binary) payments, in small steps so as not to create a revolution. For our suppliers, especially those based in Kinshasa, it wasn’t too difficult to ask them to give us a bank account number on which we could pay our dues instead of distributing bundles of banknotes in our offices. Some were more resistant than others, but on the whole this objective was achieved. The second step was to transfer all of our accounting to Mapangu and arrange to be able to make payments electronically directly from here. Fortunately we have our own satellite internet connection which allows us to connect to the banks’ websites at any time, but the platforms of the Congolese banks themselves are not always up to date and some payment systems require almost a PhD to validate them. The next step is to pay our employees electronically as well, this step is much more complex because on the one hand the majority of our employees are illiterate and do not have even a basic mobile phone, much less a tablet or a computer and generally no electricity. And, on the other hand, these workers need to be able to withdraw their money in cash, because locally electronic payments are not yet possible with a few rare exceptions. There are different electronic payment platforms, some established by telephone operators, which use the phone’s sim card as a wallet and allow you to send money to another phone or an agent who will remit the corresponding amount in cash (minus a commission). The system is quite popular and already very widespread in the countries neighbouring the DRC, while here its use is more modest. The great risk associated with this system is that the money is on the sim card and if it is lost or destroyed the money it contains is also lost, and as here losses, breakages and thefts are very frequent, nobody really dares to use the system except for the occasional sending of money from one corner of the country to another. We have opted for another system that is also based on the use of a telephone, but unlike the systems described above it is a platform that uses a virtual bank account accessible with a code from a given telephone number. So if the phone is lost, destroyed or stolen, all you have to do is request a new sim card with the same number to access your account. This system also has the advantage of making transfers to real bank accounts possible, obtaining loans and earning interest on amounts kept in savings. The bank, which promotes this system, undertakes to set up a network of agents to whom workers can go to withdraw (or pay) money, to provide cheap telephones (10 euros) to workers who wish to do so, and to provide training and popularisation of the system. It may be a very elaborate system for the average employee, but the purpose goes beyond the simple transfer money, at least for those who want and understand it. This month, for the first time, we made an electronic payment for some of our employees, only 10% to start with, but it allowed us to test the system and make sure there were no problems. Everything went smoothly and we hope that next month we will be able to increase to 25 or 30% of the employees with the objective of reaching 100% by the end of the year. This system will theoretically allow us to reduce or even eliminate the need to transport quantities of banknotes from Kinshasa to Mapangu, even though we will have to continue to maintain a certain cash reserve to compensate for the failures of the agents who are supposed to provide cash to our workers (failures which will not be lacking). In any case, we will have to maintain flights to allow fresh food supplies to the expatriates, as otherwise I believe that few of them (including ourselves) would agree to stay in Mapangu for very long periods of time. On the “social” side, we (that is mainly the construction team) have started the assembly of our small above ground swimming pool which should give us a bit of fun when it’s hot or just to do some semblance of exercise. It may also be of interest to other expatriates, to “do something else”, to change their ideas, which is why we have strategically placed it to be close but far enough away from the house to allow others to enjoy it without feeling invaded. But that’s another story. First we have to finish putting the thing up and fill it with water (with cisterns that are filled at a small river below the Cathedral). For those who have known Las 23 Palmeras in Altea, this technique of water supply is well known and at the time the conditions of the road that went up to the house at the time was probably comparable to the one that reaches us. Apart from that, we received all the expatriates for lunch on Sundays and continue to have the whole agric team at our table every Wednesday lunchtime. Marc has also “hairdressed” Makala who has a very fresh haircut which, as usual, completely traumatises the cat for a few days! It is not quite the reaction of straight tail, but she’s been avoiding the living room and taking long detours so as not to get too close… We haven’t seen Hedwige the owl anymore but, as you know, we don’t really have the same hours and, now that she has her own entrance, there’s not much chance to see her anymore. The rainy season is well advanced which makes me think of a sport that Marc didn’t mention in the blog called “SPORTS”: that is aquagym, which we regularly practice jumping out of bed if the storm is blowing in a certain direction, armed with a towels and mops because there is one or two cm of water in part of the room and on the way to the bathroom. One of these Sundays, it was in the dining room in front of his desk, Marc decided to start his “aquagym” session without me and then came back to bed a bit stunned because of a back salto which threw him head first against the wall… We were a bit worried but he was very careful, worked from home the next day and put on a D system neck brace for a few days and everything was back to normal. So, sport is not always healthy! As the next board meeting is taking place in Belgium in two weeks time, we’ll leave Mapangu together next Friday and come back the following Friday, which will allow Marc to see a few clients in Kinshasa before and after his short stay in Belgium (which will still give him the opportunity to see his parents, daughter, etc. ) and to settle one or the other thing at the office in Kinshasa. And for Marie-Claude to take her mind off things by joining Marc going to Kinshasa while escaping her Mapangu house arrest for a few days! As the Valaisans say: “It’s all good”. We hope to hear from you too, thanks to those who show up! Marc & Marie-Claude
Pourquoi parler d’organisation alors que nous sommes sans conteste dans le pays le plus désorganisé que nous ayons jamais connu. C’est bien simple, rien ne fonctionne et quand il y a encore un peu d’espoir au mieux cela marche en retard ou à moitié. Ce n’est pas juste une question d’organisation, mais aussi de propension à utiliser les choses (machines, outils, accessoires), même flambants neufs, d’une manière qui fait que leur durée de vie en est réduite drastiquement malgré (ou à cause ?) des réparations “plan B”, à la locale. d’une façon ou d’une autre ils ne sont jamais plus pareils . . . Les exemples ne manquent pas, ainsi nous avons équipé nos coupeurs avec des ciseaux en acier trempé qu’il suffit d’affûter de temps en temps avec une pierre à aiguiser pour pouvoir travailler le plus efficacement possible. Nous en avons distribué plusieurs centaines et pour faciliter la tâche des coupeurs nous avons même mis en place un système où les coupeurs ramènent leur ciseau en fin de travail pour qu’une personne formée à cela se charge d’affûter tous les outils. Toute une organisation, même si en principe c’est très simple, car chaque travailleur est responsable son ciseau propre, marqué, soit parce qu’il a une préférence pour le type de manche ou sa longueur, ou encore pour pouvoir s’assurer que les outils qui disparaissent sont facturés à la bonne personne. Les travailleurs estiment que ce système n’est pas à leur convenance et emportent donc les ciseaux au village après le travail où ils vont chauffer les lames pour les marteler et ainsi “améliorer” leur performance. Seulement voilà, en chauffant la lame dans un brasier l’acier perd sa dureté et doit donc être aiguisé beaucoup plus fréquemment (ce qu’ils ne font pas). Le résultat est qu’avec les ciseaux “modifiés” le travailleur doit donner 4-5 coups de lames pour couper une palme alors qu’avec la lame d’origine un seul coup suffit… Malheureusement le constat est amer, car à l’appel plus de 90% des ciseaux montrent les caractéristiques de chauffage et de martellement, le mal est maintenant fait jusqu’au prochain arrivage d’outils, si les travailleurs ont compris, ce qui est loin d’être certain. Mais l’organisation dont je souhaitais vous écrire concerne plutôt la façon dont certains travaux sont organisés et pour lesquels nous ne semblons pas arriver à former nos agents à des méthodes plus efficaces de travail. L’exemple que je cite le plus souvent, certains d’entre vous l’auront déjà certainement entendu, c’est lorsque nos fonds arrivent et qu’il faut ranger l’argent dans le coffre. L’argent arrive dans des malles et avant de ranger celui-ci dans le coffre nous faisons un comptage. Les billets viennent en briques de 500 billets (ne vous emballez pas, les coupures principales font 1.000 francs ce qui est équivalent à un peu moins de 60 cents à l’heure actuelle et nous avons aussi beaucoup de coupures de 500, 200, 100 et même 50 francs (je vous laisse faire la conversion), donc une brique ne représente pas nécessairement un montant faramineux. Bref, pour faciliter le comptage des briques celles-ci sont disposées par paquet de 10, ce qui (par hasard) correspond aussi exactement à la hauteur des étagères dans le coffre et devrait (en théorie) faciliter le rangement. Visualisez maintenant l’étagère du coffre avec une brique de billets qui reste de l’envoi précédent, logiquement nous la mettrions de côté pour mettre les paquets de 10 briques les uns à côté des autres sur l’étagère, mais pas ici… Comme il y a déjà une brique en place sur l’étagère, la seule solution est de recomposer un paquet de briques en prélevant une à une les briques d’un paquet se trouvant à côté du coffre, mais évidemment il reste alors une brique de trop qui nécessite de recommencer le même processus jusqu’à ce que le tout soit rangé dans le coffre. Si cette méthode était “justifiée” par le souhait de recompter chaque brique, je pourrais peut-être comprendre, mais non ici il s’agit seulement et uniquement de ranger l’argent dans le coffre. Un exemple similaire est survenu au port hier matin où une barge est arrivée pour nous livrer des brouettes et du carburant. Le carburant se trouvant dans les cales de la barge tandis que les brouettes étaient entassées sur les écoutilles des mêmes cales. Pour vous donner une idée claire des opérations je dois rapidement vous décrire notre port où, d’une part nous avons un quai en béton permettant aux barges de ce mettre à fleur de terre (du moins en-dehors de la saison sèche quand le tirant d’eau est suffisant) et d’autre part nous avons des quais en terre où se trouvent les tuyaux permettant de pomper le carburant en-dehors des cales. Hier matin quand je suis arrivé, le bateau était à quai (là où il y a le béton) et le capitaine a décidé de bouger la barge pour se positionner près du tuyau de dépotage de carburant. La barge reste accessible depuis la terre, mais cette fois avec une grosse planche (pas trop large quand même) qui permet de relier le bateau à la berge. Une fois en place pour dépoter le carburant, le capitaine à réalisé qu’il fallait d’abord débarquer les brouettes (il y en avait quand même 300) pour accéder aux écoutilles abritant le carburant. Mais cette fois il ne suffisait pas de juste passer celle-ci du bateau au quai, mais de les transporter individuellement via la passerelle ( qui penchait quand même un peu), ce qui a évidemment pris au moins deux fois plus longtemps… De plus, il s’est révélé que les amarres qu’ils avaient ne permettaient pas de fixer le bateau à l’emplacement choisi, mais la solution a été vite trouvée avec un morceau de ficelle en nylon (en espérant que le courant ou les mouvements d’une autre barge ne viennent pas perturber la solution. Les situations de ce genre ne manquent pas et sont parfois désespérantes. La semaine passée nous devions charger 5 tonnes de graviers dans un camion, mais le camion ne pouvait pas reculer jusqu’au tas de gravier à cause d’une poutre en bois que personne n’a pensé à déplacer. La solution, évidente me direz-vous, a consisté à prendre des brouettes, de charger celles-ci avec le gravier, contourner la poutre et venir déverser celles-ci au pied du camion pour ensuite les charger à la pelle dans le camion. Quand j’ai vu cela j’ai cru que j’allais pleurer, car en plus la poutre en question n’a pas nécessité plus de 3 personnes pour la déplacer et reculer le camion jusqu’au tas de graviers. Le commentaire du chef d’équipe était: “vous les blancs vous avez la technique!”, malheureusement je n’oserais pas garantir que la prochaine fois ils ne feront pas la même chose, mais nous ne perdons pas espoir. Heureusement qu’à la maison c’est tout du contraire, Marie-Claude nous fabrique continuellement des choses qui embellissent ou rendent plus facile notre vie de brousse, beaucoup de couture pour le moment mais aussi des systèmes-D pour lutter contre les cafards qui semblent coloniser les lieux en force. Ces créatures nous amènent d’ailleurs à une observation des plus remarquables car, parmi les stratagèmes de Marie-Claude il y a la solution de mettre tous les rouleaux de papier alu, papier de cuisson, etc. dans un zip-lock pour que les cafards ne s’y installent pas. Grande était donc notre surprise de voir que le sachet était en fait occupé par un gros cafard. Plutôt que d’essayer de le pourchasser nous avons pensé être malin en mettant le tout pendant la nuit au congélateur et effectivement le lendemain matin la créature était raide et dure, en principe une fin assez douce. Toutefois à notre grande surprise, un quart d’heure après sa sortie du congélateur le cafard a décidé de se réveiller… il paraît qu’ils résistent aussi au micro-onde, mais ça nous ne l’avons pas testé. A très bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
Why talk about organisation when we are unquestionably in the most disorganized country we have ever known. It is quite simple, nothing works and when there is still a little hope at best it works late or halfway. It’s not just a question of organization, but also of the propensity to use things (machines, tools, accessories), even brand new ones, in a way that drastically reduces their lifespan despite (or because of?) local “plan B” repairs. Somehow they are never the same again … There is no lack of examples, one is that we have equipped our harvesters with hardened steel chisels that just need to be sharpened from time to time with a whetstone in order to work as efficiently as possible. We have distributed several hundred of them and to make the work of the harvesters easier, we have even set up a system where the harvesters bring their chisel back at the end of the work so that a person, trained in this work, can sharpen all the tools. A whole organisation, even if in principle it is very simple, because each worker is responsible for his own chisel, which is marked, either because he has a preference for the type of handle or its length, or to ensure that tools that disappear are charged to the right person. The workers feel that this system is not to their liking and therefore take the chisel to the village after work where they will heat the blades to hammer them and thus “improve” their performance. However, by heating the blade in a fire, the steel loses its hardness and therefore has to be sharpened much more frequently (which they do not do). The result is that with the “modified” chisels the worker has to give 4-5 strokes of the blade to cut a palm, whereas with the original blade one stroke is enough… Unfortunately the perspective is not great, because at muster in the morning I notice that more than 90% of the chisels show the heating and hammering characteristics, the damage is now done until the next arrival of tools, if the workers have understood, which is far from certain. But the “organisation” I wanted to write to you about is rather about the way in which some work is organised and for which we do not seem to be able to train our workers in more efficient working methods. The example I cite most often, as some of you will no doubt have already heard, is when our funds arrive and we have to put the money in the safe. The money comes in trunks, and before we put it in the safe we do a count. The notes come in bricks of 500 notes (don’t get excited, the main denominations are 1,000 francs which is equivalent to just under 60 euro cents at the moment and we also have a lot of 500, 200, 100 and even 50 franc notes (I’ll let you do the conversion), so a brick doesn’t necessarily represent a huge amount. In short, to make it easier to count the bricks, they are arranged in bundles of 10, which (by chance) also corresponds exactly to the height of the shelves in the safe and should (in theory) make storage easier. Now visualize the shelf of the safe with a brick of bills left over from the previous shipment, logically we would put it aside to put the packs of 10 bricks next to each other on the shelf, but not here … As there is already a brick on the shelf, the only solution is to reconstitute a packet of bricks by removing one by one the bricks of a packet next to the safe, but obviously there is then one brick too many that needs to repeat the same process until the whole thing is stored in the safe. If this method was “justified” by the wish to recount each brick, I could perhaps understand, but not here, it is just and only a matter of putting the money in the safe. A similar example occurred at the port yesterday morning where a barge arrived to deliver wheelbarrows and fuel. The fuel was in the barge’s holds while the wheelbarrows were piled up on the hatches of the same holds. To give you a clear idea of the operations I must quickly describe our harbour where, on the one hand we have a concrete dock allowing the barges to tie up flush with the ground (at least outside the dry season when the draught is sufficient) and on the other hand we have earthen wharves (slopes) where the hoses for pumping the fuel out of the holds are located. Yesterday morning when I arrived, the boat was docked at the main wharf (where the concrete is) and the captain decided to move the barge to position himself near the fuel pumping hose. The barge is still accessible from the shore, but this time with a big board (not too wide though) that allows access from the barge to be river side. Once in place to pump the fuel, the shipmaster realised that the wheelbarrows (of which there were 300) had to be unloaded first to gain access to the fuel hatches. This time, however, it wasn’t enough to simply pass the whelbarrows from the boat to the quay, but it required to transport them individually via the gangway (which was tilted a little), which obviously took at least twice as long… Moreover, it turned out that the mooring lines they had didn’t allow the boat to be fixed in the chosen location, but the solution was quickly found with a piece of nylon string (hoping that the current or the movements of another barge wouldn’t disrupt the solution. There is no shortage of such situations and they can be desperate at times. Last week we had to load 5 tons of gravel into a truck, but the truck couldn’t back up to the gravel pile because of a wooden beam that no one thought to move. The obvious solution, you might say, was to take wheelbarrows, load them with the gravel, go around the beam and come and dump them at the bottom of the truck and then shovel them into the truck. When I saw that, I thought I was going to cry, because not only that, but the beam in question required no more than three people to move out of the way and allow the truck to back up to the gravel pile. The comment of the team leader was: “you white guys have the technique”, unfortunately I wouldn’t dare to guarantee that next time they won’t do the same thing, but we don’t give up hope. Luckily at home it’s quite the opposite, Marie-Claude is constantly making things that make our bush life more beautiful or easier, a lot of sewing for the moment but also D-systems to fight against the cockroaches that seem to colonize the place in force. These creatures bring us to a most remarkable observation. Among Marie-Claude’s solutions is to put all the rolls of aluminum foil, baking paper, etc. in a zip-lock so that the cockroaches cannot get access to them. Great was our surprise to see that the bag was in fact occupied by a big cockroach. Rather than trying to chase it we thought we were being clever by putting the whole thing overnight in the freezer and actually the next morning the creature was stiff and lifeless, in principle a fairly soft end. However to our great surprise, a quarter of an hour after it had come out of the freezer the cockroach decided to wake up… it seems that they are also resistant to the microwave, but that we have not tested. See you soon, Marc & Marie-Claude
Comme partout, ici aussi il y a des coutumes, certaines prétendument ancestrales et d’autres manifestement motivées par l’aspect pécuniaire des choses. En général quand le point de vue coutumier est invoqué il est invariablement motivé par un bénéfice d’une forme ou d’une autre pour la personne qui invoque la dite coutume. Ainsi, depuis que nous sommes arrivés ici on m’explique invariablement que lorsque quelqu’un vient me rendre visite au bureau, parfois mais très rarement pour me saluer et le plus souvent pour me présenter une liste de doléances plus ou moins sérieuses, il serait “coutumier” de donner un peu d’argent pour le voyage ou le “café” du visiteur, et s’il m’arrivait d’oublier la “coutume” le plus souvent le visiteur (quel que soit son niveau du simple travailleur au chef de secteur) ne manquera pas de me rappeler à l’ordre. Ces demandes sont néanmoins devenues moins fréquentes dernièrement, peut-être parce qu’il est de notoriété publique que sauf besoin avéré les visiteurs ressortent le plus souvent sans leur “café”. Curieusement, lorsque c’est moi qui vais rendre visite aux chefs de village ou autorités locales, la coutume veut que je leur apporte quelque chose (un peu d’argent) pour une bière ou un café, donc logiquement la définition de la coutume devrait être revue car c’est plutôt “lors d’une rencontre entre un blanc et un ou plusieurs congolais, le blanc donne de l’argent”. Certains droits coutumiers sont plus logiques et ne posent pas problème (enfin presque), ainsi les communautés locales de Mapangu reçoivent chaque année quelques centaines de litres d’huile de palme de Brabanta en reconnaissance des terres qui ont jadis été achetées pour y établir la plantation, aménager une route ou construire des infrastructures. Le problème est que depuis la centaine d’années que la plantation est établie à Mapangu la population a plus que décuplé et le quota d’huile n’a pas évolué de la même manière. De plus certains villages se sont fractionnés suite à des conflits entre chefs et se pose évidemment la question de savoir qui peut prétendre au colis de fin d’année ou comment le départager. Curieusement pour ces choses-là la coutume est très vague et donne invariablement lieu à des disputes qui se règlent parfois à coups de machettes et fatalités, tout cela pour quelques litres d’huile. Il faut dire que l’attraction que représente une plantation comme celle de Brabanta qui, rappelons-le est la seule entreprise de taille à plus de 400km à la ronde, fait que beaucoup de personnes sont venues des contrées voisines pour chercher fortune et que les traditions et coutumes locales se sont trouvées quelque peu diluées. Ainsi Sa Majesté le Grand Chef Félix, un chef coutumier qui règne en principe sur toute la région du grand Mapangu, a de plus en plus de difficultés pour asseoir son autorité et se tourne de plus en plus vers Brabanta pour chercher un appui physique et financier et garder la tête hors de l’eau. L’une des coutumes ou pratiques qui reste le plus difficile à comprendre pour nous européens, mais qui n’est pas propre à Mapangu même si elle semble plus exacerbée par ici, est la façon dont les femmes sont traitées. Ainsi même l’un de nos cadres, fils de diplomate ayant vécu de nombreuses années à l’étranger, m’a expliqué que dans le cas ou son frère venait à décéder, c’est lui qui hériterait des biens et des responsabilités de son défunt frère. Il hériterait des biens matériels, de la responsabilité de ses neveux et nièces (en particulier de leur éducation) et de la ou des femme(s) de son frère. En pratique cela ne veut pas dire qu’il doit seulement subvenir aux besoins matériaux de sa ou de ses belles-sœurs mais que celle(s)-ci devien(nen)t effectivement sa ou ses femmes à lui sans autre forme de procès. Il faut dire qu’ici le concept de polygamie est plutôt complexe car en principe l’église (les gens sont majoritairement chrétiens dans la région) n’autorise pas le fait qu’un homme ait plusieurs femmes, mais compte tenu des aspects coutumiers cette pratique est de fait tolérée voir considérée comme normale. En-dehors de ces aspects traditionnels, il y a évidemment l’élément monétaire et la femme est tout comme la plus grande partie des biens juste une question de prix. Un de mes employés m’a un jour raconté que pour préparer sa retraite il souhaitait encore construire une maison, mais qu’il avait quand même déjà 4 femmes et 70 têtes de bétail pour assurer ses vieux jours. Les filles n’ont généralement peu ou pas droit à la parole quand il s’agit de décider à qui elles seront “vendues” et il n’est pas envisageable de fréquenter une fille sans s’acquitter d’une dot qui se chiffre souvent en milliers de dollars (énorme quand on sait que certains travailleurs n’ont pas plus de 50 dollars par mois). Les conséquences ne sont pas anodines pour ceux qui essayent de goûter à la marchandise sans payer car si par hasard la fille se trouve être enceinte la dot est payable immédiatement et il y a beaucoup moins de marge de négociation. Celui qui ne paie pas se retrouve généralement au cachot pour dette impayée. Nombre de travailleurs viennent me demander de l’aide pour s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de la famille d’une fille qui aurait été accidentellement engrossée par eux-même ou l’un de leurs enfants (sans moyens) pour évider d’être arrêtés (et payer des amendes aux autorités en plus). Mais, tout comme dans nos magasins, il n’est pas interdit de retourner la “marchandise” et d’exiger un remboursement si la dame se révèle infertile ou autrement incapable de fournir les services normalement attendus d’une épouse (travaux au champs, ménage, collecte de combustible et d’eau, soin des enfants, etc.). Le remboursement n’intervient généralement que lorsque la famille de la fille arrive à “revendre” celle-ci à un autre parti, mais le processus inverse de plaintes et arrestations fonctionne également. En fait ici ils adorent porter plainte pour un oui ou pour un non, même si généralement cela ne bénéficie qu’aux autorités en termes d’argent. Une autre coutume, nettement plus inquiétante, est de considérer que tout événement inattendu (en particulier maladie ou accident entraînant un décès, une fausse-couche, une perte d’animaux) est forcément le résultat de sorcellerie. Le sorcier ou la sorcière est généralement une personne et/ou la famille de celle-ci avec qui il y aurait eu un désaccord dans le passé et qui avait donc forcément une mauvaise intention à l’égard de la victime. La solution plutôt radicale est d’éliminer la personne et les membres de la famille (sauf s’ils arrivent à fuir en forêt avant de se faire attraper) et de prendre et/ou détruire leurs biens, ce qui implique généralement de brûler leur maison (un peu comme les bûchers chez nous dans le temps). Les responsables de ces homicides ne sont le plus souvent peu ou pas inquiétés par les autorités qui semblent penser que la sorcellerie est une chose bien réelle et qu’il est donc légitime que les villageois cherchent à se protéger, même si de temps en temps il peut y avoir des erreurs… Finalement une coutume que nous apprécions beaucoup plus, même si nous n’en maîtrisons pas toujours toute l’histoire, est celle de l’artisanat traditionnel et en particulier les tapis du Kasaï et les masques traditionnels. Pour ces derniers nous commençons à avoir une collection assez variée de masques de toutes origines, dont certains sont tout à fait spectaculaires. Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien. A bientôt vous lire, Marc & Marie-Claude
As everywhere, here too there are customs, some supposedly ancestral and others clearly motivated by the pecuniary aspect of things. In general, when the customary point of view is invoked it is invariably motivated by a benefit of one form or another for the person invoking the said custom. Thus, since we arrived here it has invariably been explained to me that when someone comes to visit me in the office, sometimes but very rarely only to greet me and most often to present me with a list of more or less serious grievances, it would be “customary” to give some money for the visitor’s trip or “coffee”, and if I forget the “custom” most often the visitor (whatever his level from simple worker to head of sector) will not fail to remind me that some token of appreciation is expected. These requests have nevertheless become less frequent lately, perhaps because it is common knowledge that, unless there is a real need, visitors usually go out without their “coffee” when they come for a visit to the GM’s office. Curiously, when it is me who goes visiting the village chiefs or local authorities, the custom is that I bring them something (a little money) for a beer or a coffee, so logically the definition of the custom should be reviewed because it is rather “during a meeting between a white man and one or more Congolese, the white man gives money”. Some customary rights are more logical and do not pose a problem (at least most of the time), for example the local communities of Mapangu receive a few hundred litres of palm oil from Brabanta every year in recognition of the land that was once bought to establish the plantation, build a road or construct infrastructure. The problem is that in the 100 years that the plantation has been established in Mapangu the population has increased more than tenfold and the oil quota has not evolved in the same way. Moreover, some villages have split up due to conflicts between chiefs and there is obviously the question of who is entitled to the end-of-year package or how to divide it up. Curiously for these things the custom is very vague and invariably gives rise to disputes that are sometimes settled with machetes and fatalities, all for a few litres of oil. It must be said that the attraction of a plantation such as the one in Brabanta, which is the only one of its kind within a radius of more than 400 km, means that many people have come from neighbouring regions in search of fortune and that local traditions and customs have been somewhat diluted. Thus His Majesty Grand Chief Felix, a customary chief who in principle reigns over the entire Great Mapangu region, is finding it increasingly difficult to assert his authority and is turning more and more to Brabanta to seek physical and financial support to keep his head above water. One of the customs or practices that remains the most difficult for us Europeans to understand, but which is not unique to Mapangu, although it seems more exacerbated here, is the way women are treated. For example, even one of our officials, the son of a diplomat who had lived abroad for many years, explained to me that in the event of his brother’s death, he would inherit the property and responsibilities of his late brother. He would inherit the material goods, the responsibility for his nephews and nieces (in particular their education) and his brother’s wife(s). In practice this does not mean that he should only provide for the material needs of his sister(s) in law, but that the sister(s) in law actually become his wife(s) without any further proceedings. It must be said that here the concept of polygamy is rather complex because in principle the church (the people are mostly Christians in the region) does not allow a man to have several wives, but given the customary aspects this practice is in fact tolerated or even considered normal. Apart from these traditional aspects, there is of course the monetary element, and women, like most goods, are just a question of price. One of my employees once told me that to prepare for his retirement he still wanted to build a house, but that he already had 4 wives and 70 head of cattle to ensure his old age… Girls generally have little or no say in deciding who they will be “sold” to, and it is not possible to date a girl without paying a dowry that often runs into thousands of dollars (huge when you consider that some workers have no more than $50 a month). The consequences are not insignificant for those who try to taste the merchandise without paying because if by chance the girl happens to be pregnant the dowry is payable immediately and there is much less room for negotiation. Those who do not pay usually end up in prison for unpaid debts. Many workers come to me for help to pay their debts to the family of a girl who has accidentally been knocked up by themselves or one of their children (without the means) and risk being arrested (and pay fines to the authorities in addition). But, just as in some of our western stores, it is not forbidden to return the “merchandise” and demand a refund if the lady proves to be infertile or otherwise unable to provide the services normally expected of a wife (field work, housework, fuel and water collection, child care, etc.). Reimbursement usually only occurs when the girl’s family manages to “resell” the girl to another party, but the reverse process of complaints and arrests also works. In fact here they love to file a complaint for whatever reason, even if it usually only benefits the authorities in terms of money. Another custom, much more worrying, is the fact that any unexpected event (in particular illness or accident leading to death, miscarriage, loss of animals) is necessarily the result of witchcraft. The witch is usually a person and/or the family of the witch with whom there has been a disagreement in the past and who therefore necessarily had a bad intention towards the victim. The rather radical solution is to eliminate the person and family members (unless they manage to flee into the forest before being caught) and to take and/or destroy their property, which usually involves burning down their house (a bit like the pyres at home in the old days). Those responsible for these homicides are most often little or not worried by the authorities who seem to think that witchcraft is a very real thing and that it is therefore legitimate for the villagers to seek protection, even if from time to time there may be mistakes? Finally a custom that we appreciate much more, even if we do not always master the whole story, is that of traditional crafts, and in particular the Kasai carpets and traditional masks. For the latter we are beginning to have a rather varied collection of masks of all origins, some of which are quite spectacular. We hope that these news will find you well. See you soon, Marc & Marie-Claude