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Nous – We

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Cette fois, on s’est dit que nous allions être très égocentriques et parler de nous plutôt que de tout ce qui nous entoure, enfin façon de parler car c’est ce qui nous entoure qui nous affecte dans notre vie de tous les jours.
Aujourd’hui c’est dimanche, une journée que nous essayons de réserver pour rester à deux et faire toutes ces choses que nous n’avons pas le temps ou l’occasion de faire pendant la semaine, du moins les choses que nous ne n’avons pas l’occasion de faire à deux ou qui sont plus agréables à faire quand il n’y a pas de monde autour de nous. C’est évidemment un privilège d’avoir un domestique à demeure ou presque (nous n’avons plus qu’une personne qui travaille à la maison, le deuxième domestique travaille maintenant pour notre collègue agronome qui devenait un peu désespérée de ne pas avoir quelqu’un capable de cuisiner correctement), mais c’est aussi une invasion dans sa vie privée car il est toujours à portée d’oreilles et suit de manière plus ou moins constante les faits et gestes de Marie-Claude dans la maison. Le week-end (c’est à dire le dimanche dans notre cas) c’est une occasion pour échapper à l’observation permanente pendant une journée, même s’il y a encore toujours une série de gardiens, mais ceux-ci gardent généralement leurs distances sachant que Makala veille dans la maison.
Le dimanche nous avons évidemment nos routines comme paresser et ne prendre notre petit déjeuner que vers 7h30, faire du pain et écrire les nouvelles que vous lisez en ce moment. Mais à part cela c’est l’occasion de lire, regarder un film, faire des mots croisés, faire une balade, prendre des photos (pas assez, nous devons faire mieux dans ce département), bricoler ou simplement paresser.
Il est vrai que pendant la semaine les moments de relâche sont plutôt limités, nous prenons notre petit déjeuner ensemble, mais c’est souvent limité à une quinzaine de minutes, juste le temps de manger nos fruits et une ou deux tranches de pain. Parfois Marie-Claude se prépare un deuxième café après mon départ et il arrive même que, comble de luxe, elle se fasse un œuf à la coque ou un œuf poché, bien que ce petit extra soit souvent réservé au dimanche.
Nous avons choisi de vivre à la Cathédrale, perchée au sommet d’une colline avec une vue spectaculaire la plupart du temps, mais cela nécessite environ 30 minutes de route pour aller jusqu’au bureau ou en revenir. A midi, même si théoriquement nous avons une pause de deux heures, le plus souvent j’ai tout juste le temps de manger le repas et faire 10 minutes chrono de sieste avant de redescendre de notre perchoir jusqu’au bureau. Pour être certain de pouvoir manger ensemble sans trop de précipitation, je donne un coup de téléphone à Marie-Claude lorsque je quitte le bureau (souvent en retard, c’est vrai…) ainsi elle sait quand le repas peut être servi à table et que nous puissions en profiter au maximum.
Ces derniers temps je n’ai pas pu utiliser mon vélo dont une des roues avait succombé aux assauts du sable et de l’humidité du Kasaï, mais il est maintenant à nouveau opérationnel et a cela de bon que je suis tenu de quitter le bureau à temps en fin de journée pour ne pas me faire surprendre par la tombée du jour (ici la transition entre le jour et la nuit est très courte). Idéalement j’essaye d’être rentré à la maison pour 18h ou 18h30 au plus tard, ce qui nous laisse juste assez de temps pour déguster un yaourt maison et passer un petit moment de calme après des journées qui ont quasi invariablement leur lots de surprises et de problèmes. Il n’est pas rare que nous soyons prêts pour aller au lit vers 20h (parfois même avant) avec tout juste le courage de lire encore quelques pages (plutôt lignes pour moi) avant l’extinction des feux. Cela nous permet d’avoir nos huit heures de sommeil, même si cela ne semble jamais suffisant quand le réveil nous signale qu’il est 4h30 et temps de sortir des plumes.

Il est vrai que tous les dimanches ne sont pas passés en reclus à la Cathédrale, une ou deux fois par mois nous invitons tous les expatriés à venir partager un repas dominical à la maison et profitons parfois de l’occasion pour faire une partie de pétanque ou de billard (nous avons un billard dans le salon du studio des visiteurs de la Cathédrale). Cela fait un bon moment que le terrain de tennis n’a plus été utilisé car, d’une part la clôture s’était affaissée des suites du travail des termites, d’autre part parce que nous n’avons pas (ou plus) beaucoup de joueurs de tennis parmi les expatriés.
Pour le moment nous ne sommes que 5 expatriés de tous poils sur la plantation, 3 ayant profité de la fin de la pointe de production pour prendre quelques semaines de relâche hors du pays. A partir de maintenant c’est d’ailleurs une suite de départs, chacun prenant ses congés plus ou moins à tour de rôle, les nôtres étant prévus pour le mois de décembre.
Je ne sais pas encore quand nous pourrons vous envoyer ces nouvelles car nous venons d’avoir un gros orage (qui a comme d’habitude inondé partiellement la maison) et nous nous retrouvons provisoirement sans connexion internet.
Dans l’attente nous vous envoyons nos salutations humides en espérant très vite avoir de vos nouvelles.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

This time, we thought we were going to be very self-centered and talk about ourselves rather than everything around us, or at least a way of speaking because it is what surrounds us that affects us in our daily lives.
Today is Sunday, a day we try to set aside to stay together and do all those things that we don’t have the time or opportunity to do during the week, at least the things that we don’t have the opportunity to do together or that are more enjoyable to do when there are no people around us. It is obviously a privilege to have a housekeeper permanently or almost permanently (we have only one person working at home now, the second housekeeper now works for our agronomist colleague who was becoming a little desperate not to have someone who could cook properly), but it is also an invasion into our private life because he is always within earshot and follows Marie-Claude’s actions in the house in a more or less constant way. The weekend (i.e. Sunday in our case) is an opportunity to escape the constant observation for a day, even if there is still a series of guards, but they usually keep their distance knowing that Makala is watching in the house.
On Sundays we obviously have our routines like having a lie in and not having breakfast until around 7:30, baking bread and writing the news you are reading right now. But apart from that, it’s an opportunity to read, watch a movie, do crossword puzzles, take a walk, take pictures (not enough, we have to do better in this department), tinker or just hang around.
It is true that during the week the breaks are rather limited, we have breakfast together, but it is often limited to about fifteen minutes, just the time to eat our fruits and one or two slices of bread. Sometimes Marie-Claude makes a second coffee after I leave and sometimes, to top it off, she even makes a boiled or poached egg, although this little extra is often reserved for Sundays.
We chose to live at the Cathedral, perched on top of a hill with a spectacular view most of the time, but it takes about 30 minutes to get to and from the office. At noon, even if theoretically we have a two-hour break, most often I just have time to eat the meal and take a 10 minute nap before going down to the office. To be sure that we can eat together without too much haste, I give Marie-Claude a phone call when I leave the office (often late, it’s true…) so she knows when the meal can be served and that we can enjoy it to the full.
Recently I have not been able to use my bike, one of whose wheels had succumbed to the assaults of the sand and humidity of Kasai, but it is now operational again and it is good to have it usable again because this means I have to leave the office in time at the end of the day so as not to be surprised by the fall of the day (here the transition between day and night is very short). Ideally I try to be home by 6:00 p. m. or 6:30 p. m. at the latest, which gives us just enough time to enjoy a homemade yogurt and spend a little quiet time after days that almost invariably have their share of surprises and problems. It is not uncommon for us to be ready to go to bed around 8pm (sometimes even before) with just the courage to read a few more pages (rather lines for me) before the lights go out. This allows us to get our eight hours of sleep, even if it never seems enough when the alarm clock tells us that it is 4:30 am and time to get out of the feathers.
It is true that not every Sunday has been a seclusion at the Cathedral, once or twice a month we invite all expatriates to come and share a Sunday meal at home and sometimes take the opportunity to play petanque or pool (we have a pool table in the lounge of the Cathedral’s visitors’ studio). The tennis court has not been used for some time now because, on the one hand, the fence had collapsed as a result of the termite work, and on the other hand, because we do not have (or no longer have) many tennis players among the expatriates.
At the moment we are only 5 expatriates of all kinds on the plantation, 3 having taken advantage of the end of the peak production to take a few weeks of break outside the country. From now on, it is a series of departures, each one taking his leave more or less in turn, ours being scheduled for December.
I don’t know yet when we will be able to send you this news because we just had a big storm (which as usual partially flooded the house) and we find ourselves temporarily without an internet connection.
In the meantime we send you our wet greetings and hope to hear from you soon.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Language

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La langue officielle du Congo est le Français, mais aussi un nombre d’autres langues comme le Lingala ou le Swahili sont parlées plus que le français dans des grandes parties du pays. Ici à Mapangu beaucoup de personnes parlent plutôt le Kikongo ou le Kilele et ne comprennent pas nécessairement (bien) le Français ni même le Lingala. De plus, même les personnes qui semblent bien maîtriser le Français ne le comprennent pas nécessairement pour autant et cela nous amène parfois à des situations de confusion ou d’incompréhension tant dans la vie privée que pour le travail. Ce qui arrive aussi de manière assez fréquente est l’usage d’un mot dont la signification peut être diamétralement différente selon les cultures ou qui est utilisé parce qu’il semble bien sonner dans le contexte de la conversation.
Ainsi un mot qui revient fréquemment dans la conversation est “déjà” qui pour nous signifie qu’un acte ou une chose est déjà accomplie comme “je suis déjà arrivé” ou “le carburant est déjà épuisé” ou encore moins plaisant mais fréquent “patron, c’est déjà cassé”. Ici toutefois ce mot “déjà” est utilisé beaucoup plus largement pour indiquer une notion temporelle proche tant dans le passé que dans l’avenir. Ainsi quand nous recevons l’information que “le véhicule est déjà en route”, ce qui pour nous sous-entend que le dit véhicule a effectivement pris son départ, peut vouloir dire que le départ est imminent, le chauffeur est “déjà” présent (ou attendu à tout moment) et sauf imprévu tel que panne, manque de carburant ou autre contre-temps de dernière minute devrait effectivement se mettre en route dans les moments qui suivent. Cette interprétation différente de la nôtre n’est pas limitée aux personnes dont l’éducation est limitée car je me suis entendu dire par un collègue qu’il était déjà en possession de mon passeport avec le nouveau visa, alors qu’en vérité le passeport était encore avec les autorités et que contrairement aux attentes de recevoir dans la même journée il a fallu attendre encore plus d’une semaine pour que le passeport soit effectivement dans les mains de mon collègue.
Une autre expression que nous entendons presque tous les jours est “la prise d’air” qui est l’explication pour tout arrêt brusque d’un moteur que celui-ci soit effectivement le résultat d’une prise d’air au niveau de l’alimentation en carburant, une panne sèche ou un colmatage du filtre à carburant.
Certaines expressions ou utilisations de mots sont plutôt drôles, ainsi notre domestique est venu un jour nous demander de l’aide car il y avait un problème avec la toilette dans une des maisons voisines, en effet lorsqu’il appuyait sur le bouton de chasse celle-ci refusait “d’éjaculer”. A une autre occasion, après avoir reçu un bélier du chef coutumier, le chef du personnel m’a demandé si j’avais l’intention “d’immoler” celui-ci (il parlait du bélier pas du chef coutumier). Une autre expression assez courante est de “faire les pieds” qui veut dire que l’on se déplace à pied plutôt qu’à bord d’un véhicule, moto ou même vélo.
Une autre observation intéressante, qui ne relève toutefois pas de langage proprement dit, concerne les conditions d’écolage ou de présence au travail. L’on peut comprendre qu’en cas d’abondante pluie, orage ou autre événement climatique extrême les travailleurs ou élèves ne se présentent pas à l’heure car ils ne disposent pas toujours d’imperméables ou autre moyen de protection contre la pluie. Mais ici le retard, l’absence ou le non fonctionnement d’une école est fréquemment justifié par le fait que “la pluie menace”, même si pour finir il ne tombe pas une goutte de pluie. Il faut dire que les orages ici peuvent être assez violent et les plus gros dégâts sont souvent le résultat de coups de vents violents plutôt que de précipitations abondantes. Il y a aussi le danger des coups de foudre car, contrairement à ce qui nous a toujours été expliqué, celle-ci ne frappe pas nécessairement les points culminants. Nous avons ainsi eu des dégâts de foudre à des endroits ou les bâtiments et/ou arbres voisins beaucoup plus hauts n’ont pas été touchés. Quelque part c’est une constatation heureuse pour nous car la Cathédrale se trouve au sommet d’une colline et offre une cible parfaite pour les éclairs et pourtant nous avons jusqu’à présent échappé aux gros dégâts alors que le générateur qui se trouve dans une petite cahute entourée d’arbres a déjà été touché. Par précaution les responsables des générateurs ont d’ailleurs pour mission d’arrêter ceux-ci et de débrancher les câbles en cas d’orage proche.
Un dernier terme sur lequel nous interrogeons souvent est celui de “baleinière”, nom que l’on donne aux embarcations en bois fabriquées en planches plutôt que troncs évidés comme les pirogues. Il est évident que dans la rivière Kasaï il n’y a pas et il n’y a jamais eu de baleines, donc on est en droit de se demander d’où vient cette expression dans une contrée fort éloignée des océans ou autres lieux ou sévissent les cétacés.
Sur cette interrogation nous vous laissons en espérant bien entendu avoir de vos nouvelles, y compris des suggestion sur l’origine de la baleinière.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

The official language of Congo is French, but also a number of other languages such as Lingala or Swahili are spoken more than French in large parts of the country. Here in Mapangu many people speak more Kikongo or Kilele and do not necessarily (well) understand French or even Lingala. Moreover, even people who seem to have a good command of French do not necessarily understand it and this sometimes leads us to situations of confusion or misunderstanding both in private life and at work. What also happens quite frequently is the use of a word whose meaning may be diametrically different according to cultures or which is used because it seems to sound good in the context of the conversation.
So a word that comes up frequently in the conversation is “already” which for us means that an act or thing is already done such as “I have already arrived” or “the fuel is already exhausted” or even less pleasant but frequent “boss, it’s already broken”. Here, however, this word “already” is used much more widely to indicate a close temporal notion both in the past and in the future. So when we receive information that “the vehicle is already on the road”, which for us implies that the said vehicle has actually started, may mean that the departure is imminent, the driver is “already” present (or expected at any time) and unless unforeseen events should occur such as breakdown, lack of fuel or other last minute inconvenience, said vehicle should actually start its journey in the following moments. This interpretation, which is different from ours, is not limited to people whose education is limited because I was told by a colleague that he was already in possession of my passport with the new visa, whereas in reality the passport was still with the authorities and that, contrary to expectations of receiving it on the same day, it took more than a week for the passport to be actually in the hands of my colleague.
Another term we hear almost every day is “air intake”, which is the explanation for any sudden stop of an engine whether it is actually the result of an air intake in the fuel supply, a dry run or a clogged fuel filter.
Some expressions or words uses are rather funny, so one day our house keeper came to us for help because there was a problem with the toilet in one of the neighbouring houses, in fact when he pressed the flushing button it refused to “ejaculate”. On another occasion, after receiving a ram from the customary chief, our head of human resources asked me if I intended to “immolate” it (he was talking about the ram not the customary chief). Another fairly common expression is “doing the feet”, which means walking rather than riding a vehicle, motorcycle or even bicycle.
Another interesting observation, which is not strictly speaking a matter of language, concerns the conditions of schooling or presence at work. It is understandable that in the event of heavy rain, storms or other extreme weather events, workers or students do not show up on time because they do not always have raincoats or other means of protection against rain. But here the delay, absence or non-operation of a school is often justified by the fact that “rain threatens”, even if in the end not a drop of rain falls. It must be said that thunderstorms here can be quite violent and the greatest damage is often the result of strong gales rather than heavy rainfall. There is also the danger of lightning strikes because, contrary to what has always been explained to us, it does not necessarily strike the highest points. We have had lightning damage in places where neighbouring buildings and/or trees much higher up have not been affected. Somehow this is a happy observation for us because the Cathedral is on top of a hill and offers a perfect target for lightning and yet we have so far escaped any major damage while the generator in a small hut surrounded by trees has already been hit. As a precaution, the generator managers are responsible for stopping the generators and disconnecting the cables in the event of a nearby storm.
A final term we often question is “whaleboat”, the name given to wooden boats made of planks rather than hollow trunks like the traditional dugout canoes. It is obvious that in the Kasai River there are no whales and there have never been any, so one may wonder where this expression comes from in a country far from the oceans or other places where cetaceans are found.
On this question we leave you hoping of course to hear from you, including suggestions on the origin of the whaleboat terminology.
Until soon,
Marc & Marie-Claude

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Saturation

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A force de ne pas entretenir ou réparer les choses finissent par ne plus fonctionner aussi bien qu’avant ou même ne plus fonctionner du tout. Sur ce dernier point, les congolais ont une énorme qualité, ils arrivent à faire fonctionner, certes parfois seulement à moitié et souvent mal, ce que nous considérerions comme irrémédiablement mort. Il suffit pour cela de regarder certains véhicules qui circulent à Kinshasa que l’on imaginerait plutôt à la casse et même là il n’y aurait peu ou pas de candidats pour y récupérer des pièces. Il en va un peu de même pour certains de nos véhicules qui continuent de fonctionner tant bien que mal avec, pour certains, plus de temps passé au garage que sur la route. L’état de nos véhicules est le résultat de l’âge, certains ont été achetés d’occasion il y a 10 ans, les routes ou plutôt le manque de routes sur lesquelles les véhicules doivent fonctionner, et les chauffeurs qui, souvent, n’avaient jamais vu de véhicule et donc encore moins conduit quoi que ce soit comme engin avant l’arrivée de Brabanta. Les hommes (et femmes) que nous recrutons pour conduire nos tracteurs et camions sont formés par les meilleurs chauffeurs que nous avons (pas toujours des spécialistes eux-mêmes) et une fois capables de se débrouiller nous leur achetons un permis de conduire et le tour est joué…
Vous imaginerez que les résultats n’affichent pas toujours “sans-fautes” et dans certains cas nous devons nous résoudre à la défaite et rechercher de nouveaux candidats chauffeurs, mais en période de pointe (dont nous venons de sortir) le nombre de véhicules dépasse souvent le nombre de chauffeurs disponibles, ce qui nous oblige de faire travailler ceux-ci pendant de longues heures, parfois jusqu’à saturation. En effet il est possible de travailler, exceptionnellement, des journées de 14 voire même 16 heures. Ce n’est bon ni pour les travailleurs (même s’ils sont heureux d’être payés des heures supplémentaires) ni pour les véhicules qui subissent les conséquences d’un chauffeur fatigué.
Et puis il y a les impondérables, ainsi cette semaine un de nos camions a pris feu dans la cabine, probablement un court-circuit ou quelque chose du genre, c’était le soir et le chauffeur était seul et il a essayé d’éteindre le feu en jetant du sable sur le feu, mais avec les plastiques, mousses et autres matières inflammables de la cabine le feu a rapidement pris le dessus. Heureusement nous sommes équipés de gros extincteurs à poudre un peu partout dans la plantation, extincteurs dûment contrôlés tous les ans par un organisme agréé… sauf qu’ils ne marchent pas, sur quatre extincteurs essayés un seul a fini par marcher après que le feu ait détruit entièrement la cabine du camion. Le fournisseur nous a dit qu’il viendrait rapidement faire une enquête…
Il n’y pas que les chauffeurs qui saturent, en effet l’huilerie arrive elle-aussi à ses limites, en particulier en ce qui concerne notre capacité de stockage d’huile. Mais pour cela il faut dépeindre le contexte dans lequel nous travaillons. Notre huile est vendue principalement à Kinshasa à des industriels qui l’utilisent pour faire de l’huile de table, des sauces, mayonnaises, margarines, savons et détergents. L’huile est transportée en vrac dans des barges qui viennent la chercher dans notre port situé juste en-dessous de l’huilerie. Le principe serait que les barges montent depuis Kinshasa avec des marchandises jusqu’à Ilebo, où elles devraient être déchargées dans des wagons à destination de l’est du pays. Seulement voilà, le rail est dans un état de délabrement tel qu’il devient difficile d’y faire circuler des trains, en fait il est dit qu’un train sur deux déraille au moins en partie et comme il n’y a qu’une seule voie le trafic se trouve interrompu jusqu’à plusieurs semaines d’affilée. Les barges qui arrivent à Ilebo sont dans l’incapacité d’être délivrées de leurs marchandises, ce parfois, pendant plusieurs mois et tant que celles-ci n’ont libérées elles ne peuvent évidemment pas venir prendre notre huile. Le problème va plus loin car, compte tenu des temps d’attente interminables au déchargement, une grande partie des transporteurs ne viennent plus avec leurs barges sur le Kasaï. Donc non content de devoir attendre des mois pour que les barges soient déchargées, leur nombre est tellement réduit que nous sommes obligés de, soit doubler notre capacité de stockage, soit, ce que nous faisons pour le moment, faire monter des barges à vide pour éviter l’arrêt de nos activités. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes au Congo et faire monter une barge à vide ne veut pas dire qu’elle arrivera (une des barges que nous avions contracté s’est échoué en route vers Mapangu) ou arrivera dans les temps annoncés (une autre barge que nous avons contracté a maintenant plus de 6 semaines de retard sur le programme prévu). Nous nous sommes donc retrouvés dans une situation où notre capacité de stockage atteinte, enfin presque car nous avons décidé de stocker de l’huile dans une citerne normalement réservée pour de l’huile non-alimentaire et nous avons rempli des bidons en plastique de 5 litres que nous avions encore en stock, 40.000 bidons quand même. Cela nous a permis d’avoir les quelques jours de plus nécessaires pour éviter un arrêt complet des opérations avant que la prochaine possibilité d’évacuation ne se présente.
Comme vous pouvez en juger, nous ne manquons pas de diversité de soucis et de sources de stress, mais grâce à cela nous ne voyons pas le temps passer et, en fait, nous manquons de temps pour faire un tas de choses comme monter la piscine que nous avons acheté et qui est en pièce détachées dans notre remise depuis un mois. Je vais essayer de m’y atteler cet après-midi…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

By not maintaining or repairing things, they end up not working as well as before or even not at all. On this last point, the Congolese have an enormous quality, they manage to make it work, to be honest sometimes only halfway and often badly, but for items which we would consider irremediably dead. All you have to do is look at some of the vehicles that circulate in Kinshasa, which in Europe you would rather imagine being scrapped or shredded and even then there would be few or no candidates to pick up parts. The same is true for some of our own vehicles, which continue to operate as best they can, with some spending more time in the garage than on the road. The condition of our vehicles is the result of age, some were bought second-hand 10 years ago, the roads, or rather the lack of them, on which the vehicles must operate, and drivers who, often, had never seen a vehicle and therefore even less driven anything mechanical before the arrival of Brabanta. The men (and women) we recruit to drive our tractors and trucks are trained by the best drivers we have (not always specialists themselves) and once they are able to handle it, we buy them a driving licence and that’s it…
You will imagine that the results are not always “flawless” and in some cases we have to give in to defeat and look for new candidate drivers, but in peak periods (which we have just had) the number of vehicles often exceeds the number of drivers available, which forces us to make them work for long hours, sometimes until they become saturated. Indeed, it is possible to work, exceptionally, days of 14 or even 16 hours. This is not good for workers (even if they are happy to be paid overtime) or for vehicles that suffer the consequences of a tired driver.
And then there are the imponderables, so this week one of our trucks caught fire in the cabin, probably a short circuit or something like that, it was evening and the driver was alone and he tried to put out the fire by throwing sand on the fire, but with the plastics, foams and other flammable materials in the cabin the fire quickly took over. Fortunately we are equipped with large powder extinguishers all over the plantation, extinguishers duly controlled every year by an approved body… except that they do not work, out of four extinguishers tested only one ended up working after the fire completely destroyed the truck’s cabin. The supplier told us that he would come quickly to investigate….
It is not only the drivers who saturate, the same goes for the oil mill, which is reaching its limits, particularly with regard to its oil storage capacity. But for that to happen, we have to describe the context in which we work. Our oil is mainly sold in Kinshasa to industrialists who use it to make edible oil, sauces, mayonnaises, margarines, soaps and detergents. The oil is transported in bulk in barges that pick it up at our port just below the oil mill. The principle would be that the barges would travel from Kinshasa with goods to Ilebo, where they would have to be unloaded into wagons bound for the east of the country. However, the rail is in such a state of disrepair that it is becoming difficult to operate trains on it, in fact it is said that at least one in two trains derails at least in part and since there is only one track, traffic is interrupted for several weeks in a row. The barges that arrive in Ilebo are unable to be off-load their goods, sometimes for several months and as long as they have not been released they obviously cannot come and take our oil. The problem goes further because, given the endless waiting times at unloading, a large proportion of carriers no longer come with their barges up the Kasai river. So not only do we have to wait months for the barges to be unloaded, their number is also so small that we are forced to either plan to double our storage capacity or, as we are doing at the moment, to contract empty barges from Kinshasa to prevent our activities from stopping. But we must not forget that we are in Congo and contracting an empty barge does not mean that it will arrive (one of the barges we contracted ran aground on the way to Mapangu) or will arrive on time (another barge we contracted is now more than 6 weeks late). So we found ourselves in a situation where our storage capacity was reached, to the point that we decided to store oil in a tank normally reserved for non-food oil and we also filled 5-litre plastic cans that we still had in stock (as illustrated in our post of last week), 40,000 cans that is… This allowed us to have the extra few days needed to avoid a complete shutdown of operations before the next evacuation opportunity presented itself.
As you can see, we don’t lack a diversity of concerns and sources of stress, but because of that we don’t see time passing and, in fact, we don’t have time to do a lot of things like setting up the pool we bought and which has been in parts in our shed for a month. I’m going to try to start working on it this afternoon….

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Merci – Thank You

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Il est difficile d’imaginer un lieu où tout est parfait ou même presque parfait, ce serait probablement un endroit ou l’on doit s’ennuyer. Ce qui est certain c’est qu’à beaucoup de points de vue le Congo est sans conteste à l’autre bout du spectre, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose pour tout, même si les aspects positifs sont parfois plus difficiles à discerner. Par exemple le fait de ne pas avoir de super marché ou même de petite épicerie dans le coin est certes une complication pour l’ approvisionnement en fruits et légumes, mais lorsque, comme nous, ces produits proviennent majoritairement de notre propre jardin ils sont plus frais, garantis sans produits chimiques et tellement meilleurs que les mêmes produits provenant de contrées distantes et inconnues. Soyons honnêtes, si nous avions un petit épicier pas trop loin de la maison nous ferions probablement moins d’efforts pour faire pousser toutes sortes de légumes et de fruits, en particulier ceux dont les résultats sont parfois frustrants. Certains des légumes que nous récoltons maintenant dans le jardin sont le résultat de plusieurs essais et surtout de longues explication répétées encore et encore à notre jardinier qui semble à chaque fois avoir compris et puis fait exactement le contraire.
L’exemple le plus marquant fut notre souhait de mettre des tuteurs aux plants de tomates et, plus compliqué, de les égourmander. J’ai expliqué longuement au jardinier que je souhaitais qu’il trouve des tuteurs de 2m de hauteur pour mettre au pied de chaque plante afin de pouvoir les attacher. Par sécurité, j’ai demandé au jardinier de me répéter l’instruction afin d’être certain que la procédure soit bien comprise et il m’a répété exactement ce que j’avais demandé de faire, donc tout était clair. Vous imaginerez donc la surprise lorsqu’à la prochaine visite au potager on découvre au pied de chaque plant de tomate un tuteur de 20cm de hauteur… Le jardinier m’a expliqué que, comme demandé, il avait coupé un stick de 2m et avait ensuite coupé celui-ci en dix morceaux pour les dix plants de tomate… Quand je lui ai expliqué encore une fois que l’idée était d’attacher le plant de tomate en hauteur et qu’il fallait donc un stick de 2m pour chaque plant il m’a dit “merci”. Après plusieurs itérations du même genre, nous avons fini par installer un tuteur de démonstration, attaché le plant de tomate et montré comment enlever les gourmands. Nous n’y sommes pas encore tout à fait et il faut répéter l’opération chaque fois que des nouveaux plants de tomate sont mis en terre (avec chaque fois un “merci” pour l’explication), mais dans l’ensemble nous n’avons plus de plants de tomate qui traînent au sol et dans la vaste majorité des cas les gourmands sont enlevés régulièrement. Résultat, nous avons des tomates tout à fait honorables de manière régulière, donc merci au jardinier.
Hors du jardin c’est un peu la même chose, par exemple les chauffeurs de tracteurs ont l’interdiction de prendre des passager sur les ailes de leur tracteur et ils n’ont pas non plus le droit de prendre des non-travailleurs dans leur remorque, en particulier les enfants qui ne demandent évidemment pas mieux. Lorsque nous surprenons un tracteur avec une ou plusieurs personnes sur leur tracteur, la réponse est généralement du style “ce ne sont pas des passager, ce sont des travailleurs…” ou quand il y a des enfants dans la remorque la réponse est souvent dans la veine de “je ne les avais pas vu, ce sont des diables…”. Après avoir expliqué longuement pourquoi ils ne pouvaient prendre personne sur le tracteur et pas d’enfants dans la remorque à cause des risques d’accident, de non-intervention de l’assurance, etc. la réponse est presque toujours “merci!”.
Un exemple récent de “non-compréhension” a eu lieu lorsque notre pirogue est partie chercher un passager à Ilebo ce vendredi. Peu après le départ le piroguier a appelé le chef de garage pour lui signaler que le moteur hors-bord était tombé en panne et qu’il n’arrivait pas à le redémarrer. Le chef de garage a demandé au piroguier s’il avait bien pris le moteur de réserve comme instruit, ce que le piroguier à confirmé. Pas de problèmes donc, il suffit de changer de moteur et de continuer le voyage, sauf que le moteur de réserve est en panne “depuis”… “Pourquoi avez-vous pris le moteur de réserve en panne?” – “Parce que vous nous avez dit de prendre le moteur de réserve, chef!”… La pirogue est rentrée à la pagaie (heureusement avec le courant) et une voiture a été envoyée braver la route (ou ce qu’il en reste) pour accueillir notre voyageur à Ilebo. Quand nous avons expliqué le fond de notre pensée au piroguier, il nous a répondu “merci!”.
Une des choses qui ne tourne pas tout à fait rond chez nous c’est l’évacuation des huiles par barge. Les problèmes sont multiples et nous les avons déjà relatés dans de précédentes lettres, mais nous avons atteint un nouveau sommet car toutes nos cuves sont pleines et il n’y a donc plus de choix sinon d’arrêter l’usine… Pour encore gagner une journée ou deux de production nous avons décidé de remplir des bidons d’huile, mais ce sont des bidons de 5 litres et nous devons libérer au moins 100 tonnes d’huile par journée de production, soit 22.000 bidons à raison de 3.000 bidons par conteneur donc plus de 7 conteneurs et tout cela à la main. Heureusement ici les gens n’ont pas peur de travailler la nuit s’il le faut (ils sont mieux payés) et nous avons donc mis la barre très haut en visant le remplissage de plus de 20.000 bidons par jour… “Merci!”.
En espérant bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

It is difficult to imagine a place where everything is perfect or even almost perfect, it would probably be a place where one must be bored. What is certain is that in many ways Congo is undoubtedly at the other end of the spectrum, which may not be a bad thing for everything, even if the positive aspects are sometimes more difficult to discern. For example, not having a super market or even a small grocery store in the area is certainly a complication for the supply of fruit and vegetables, but when, like us, these products come mainly from our own garden they are fresher, guaranteed without chemicals and so much better than the same products from distant and unknown countries. Let’s be honest, if we had a small grocery store not too far from home we would probably make fewer efforts to grow all kinds of vegetables and fruits, especially those whose results are sometimes frustrating. Some of the vegetables we now harvest in the garden are the result of several trials and especially long explanations repeated over and over again to our gardener who gave the impression of having understood and then done exactly the opposite.
The most striking example was our desire to put stakes on tomato plants and, more complicated, to remove the suckers. I explained at length to the gardener that I wanted him to find 2m stick to put at the foot of each plant so that he could then attach them. For safety’s sake, I asked the gardener to repeat the instruction to make sure that the procedure was well understood and he repeated exactly what I had asked him to do, so everything was clear. You will therefore imagine my surprise when, at the next visit to the vegetable garden, a 20cm stick is discovered at the foot of each tomato plant… The gardener explained to me that, as requested, he had cut a 2m stick and then cut it into ten pieces for the ten tomato plants… When I explained to him again that the idea was to attach the tomato plant to keep it upright and that he needed a 2m stick for each plant, he said “thank you”. After several iterations of the same kind, we finally installed a demonstration stake, tied the tomato plant and showed how to remove the suckers. We are not quite there yet and it is necessary to repeat the operation each time new tomato plants are planted (with each time a “thank you” for our explanation), but on the whole we no longer have tomato plants lying around on the ground and in the vast majority of cases the suckers are removed regularly. As a result, we have quite honourable tomatoes on a regular basis, so thank you to the gardener.
Outside the garden it is a little bit the same thing, for example tractor drivers are forbidden to take passengers on the wings of their tractor and they are also not allowed to take non-workers in their trailer, especially children who obviously love to join for a ride. When we surprise a tractor with one or more people on their tractor, the answer is usually like “they are not passengers, they are workers…” or when there are children in the trailer the answer is often in the vein of “I didn’t see them, they are little devils…”. After explaining at length why they cannot take anyone on the tractor and no children in the trailer because of the risk of accidents, non-intervention by the insurance company, etc. the answer is almost always “thank you!
A recent example of “misunderstanding” occurred when our pirogue went to Ilebo this Friday to pick up a passenger. Shortly after departure, the boatman called the garage manager to inform him that the outboard engine had failed and that he could not restart it. The garage manager asked the boatman if he had taken the spare engine as instructed, which the boatman confirmed. No problem then, just change the engine and continue the trip, except that the spare engine is down “actually has been broken since”…. “Why did you take the spare engine while knowing it was out of order?” – “Because you told us to take the spare engine, sir!”…. The pirogue paddled back (fortunately with the current) and a car was sent to brave the road (or what was left of it) to welcome our traveller in Ilebo. When we explained the substance of our thinking to the piroguer, he replied “thank you!”.
One of the things that is not quite right with us is the evacuation of oils by barge. The problems are many and we have already reported them in previous letters, but we have reached a new peak because all our tanks are full and there is no choice but to stop the mill…. To save another day or two of production we have decided to fill oil cans, but they are 5-litre cans and we must release at least 100 tonnes of oil per day of production, or 22,000 cans at a rate of 3,000 cans per container, so more than 7 containers and all this by hand. Fortunately here people are not afraid to work at night if necessary (they are better paid) and so we have set the bar very high by aiming to fill more than 20,000 cans a day…. “Thank you!”..
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Sorcellerie – Sorcery

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Nous avons tous le souvenir d’histoires avec des sorcières et/ou sorciers aux grands chapeaux et nez crochus qui préparent des potions magiques dans de grands chaudrons avec de la bave de crapaud, des racines de mandragore et d’autres ingrédients extraordinaires. Dans notre histoire nombre de ces sorciers terminent sur des bûchers car ils sont considérés comme maléfiques et que seul le feu peut venir à bout de telles créatures.
Ici dans le Kasaï (comme dans beaucoup d’autres contrées africaines) la sorcellerie est encore une réalité de tous les jours, les gens (même éduqués) croient fermement dans les pouvoirs magiques de certaines personnes, que certains œufs (premier œuf, tout petit, d’une poule) sont pondus par des coqs et ont donc un pouvoir magique et que l’usage des grigris peuvent avoir un effet dramatique sur la vie des hommes, animaux et plantes qui nous entourent. Les sorciers et/ou sorcières d’ici prennent toutes les formes allant du petit enfant qui sait à peine marcher jusqu’aux animaux comme les hiboux ou les caméléons et sont présumés avoir un pouvoir de vie et de mort sur ceux et celles qui les entourent. Tout comme dans les pays occidentaux au temps de nos ancêtres, il n’est pas bon d’être soupçonné de sorcellerie ici car généralement ces personnes n’ont d’autre choix que de fuir ou d’espérer la protection des autorités pour ne pas périr massacrés à coups de pierres, bâtons et/ou machettes.
Nous entendons malheureusement régulièrement des nouvelles de personnes qui ont été retrouvées mortes parce que soupçonnées d’actes magiques malveillants. Il y a quelque temps nous avons trouvé le cadavre d’un jeune homme émacié dans la plantation et après enquête il est apparu que ce garçon avait été tué par des villageois à la demande de la mère de celui-ci car elle le soupçonnait d’être à l’origine maléfique de ses problèmes de santé. Soupçons qui auraient été prouvés par la réaction agressive du garçon lorsque sa mère l’aurait confronté avec ses conclusions. Il va sans dire que la mère et les villageois n’ont pas été réellement inquiétés par la justice car les autorités auraient confirmé le caractère maléfique de la victime.
Un autre exemple est celui d’un couple de personnes âgées qui ont été tués et ensuite brûlés dans leur maison suite au décès suspicieux d’une jeune femme dans une maison voisine. Les proches de la jeune femme ont considéré que la seule explication pour cette mort ne pouvait être que magique et l’indifférence du couple de vieux démontrait leur rôle maléfique dans ce drame. Avant même que la jeune fille ne soit enterrée les deux personnes l’avaient rejointe dans l’au-delà dans des conditions plutôt dramatiques et, ici aussi, ni police ni justice n’ont vraiment trouvé à redire sur les actions de la population locale.
Un troisième exemple plus récent, qui heureusement ne s’est pas terminé de manière aussi dramatique, concerne l’un de nos travailleurs qui nous a appelé à l’aide car il était poursuivi par des villageois pour la mort (par sorcellerie) d’une personne. La personne décédée était partie en forêt pour couper du bois et l’arbre qu’il était en train de couper lui est tombé dessus avec conséquences mortelles. Il est évident que si l’arbre est tombé du mauvais côté c’est forcément parce que quelqu’un a provoqué cela et dans ce cas-ci c’est notre travailleur qui s’est retrouvé accusé. Heureusement ces moments de folies passent assez vite et notre travailleur peut à nouveau se promener au village sans craintes.
Dans un autre registre, ici il est coutumier de faire des sacrifices lors de cérémonies de consécration afin d’assurer le succès ou le bon fonctionnement de l’objet de la consécration. Le type de sacrifice dépend de l’importance de l’objet et sera généralement fait avec un coq ou un bouc. Dernièrement, nous souhaitions réaliser un forage pour alimenter notre hôpital avec de l’eau potable. Pour cela le responsable du forage a demandé au Chef Coutumier de faire une cérémonie traditionnelle afin d’assurer le succès du forage. Le médecin chef de l’hôpital a été invité à participer à la cérémonie mais a refusé car il avait peur (n’étant pas originaire de cette région) que le chef coutumier profite de cette occasion pour lui jeter un mauvais sort. Il m’a d’ailleurs certifié que quelqu’un devait vouloir lui jeter un sort car récemment il avait souffert d’une infection au pied qui ne pouvait s’expliquer que par de la magie…
Lorsque nous avions dû évacuer la plantation à cause des menaces des milices Kamuina Nsapu il y a deux ans, les notables de Mapangu m’avaient contacté à Kinshasa pour me demander de bien vouloir autoriser la sortie de caisse d’un montant assez significatif pour financer une cérémonie traditionnelle afin de protéger Mapangu et les installations de Brabanta. Quand j’ai demandé ce que cela comportait, on m’a affirmé que vu la gravité de la menace ils allaient effectuer un sacrifice humain, mais que l’argent ne servirait que pour la bière et les autres dépenses. Quand j’ai refusé, on m’a expliqué que cela n’avait rien d’inhabituel car pour la consécration de l’huilerie de Brabanta il y avait aussi eu un sacrifice humain et que la preuve de son efficacité était faite puisque l’huilerie produisait de l’huile de bonne qualité…
Il y a probablement beaucoup de choses que nous ne savons pas et que , peut-être, préférons continuer à ne pas savoir, mais pour nos collègues congolais, il n’y a pas de doutes, magie et sorcellerie sont bien réelles et efficaces.

Nous espérons bientôt lire vos expériences occultes.

Marc & Marie-Claude

We all remember stories with witches with big hats and crooked noses preparing magic potions in large cauldrons with toad slime, mandrake roots and other extraordinary ingredients. In our history many of these wizards end up being burned because they are considered evil and only fire can defeat such creatures.
Here in Kasai (as in many other African countries) witchcraft is still a daily reality, people (even educated) firmly believe in the magical powers of some people and that the use of grigris can have a dramatic effect on the lives of the men, animals and plants around us.. For example it is commonly accepted that some eggs (first (very small) egg of a hen) are laid by roosters and therefore have magical power. Wizards and/or witches here take all forms from the little child who barely knows how to walk to animals like owls or chameleons and are presumed to have a power of life and death over those around them. Just as in Western countries in the time of our ancestors, it is not good to be suspected of witchcraft here because generally the suspected people have no choice but to flee or hope for the protection of the authorities in order not to perish massacred with stones, sticks and/or machetes.
Unfortunately, we regularly hear about people who have been found dead because they were suspected of malicious magical acts. Some time ago we found the body of an emaciated young man in the plantation and after investigation it appeared that this boy had been killed by villagers at the request of his mother because she suspected him of being evil cause of her health problems. Suspicions that would have been proven by the boy’s aggressive reaction when his mother confronted him with her belief that he had magical powers. It goes without saying that the mother and the villagers were not really worried by the justice system because the authorities allegedly confirmed the evil nature of the victim.
Another example is that of an elderly couple who were killed and then burned in their homes following the suspicious death of a young woman in a neighbouring house. The young woman’s relatives considered that the only explanation for her death could only be magical and the indifference of the old couple demonstrated their evil role in this tragedy. Even before the girl was buried, the two people had joined her in the afterlife in rather dramatic conditions and, here too, neither the police nor the courts really found fault with the actions of the local population.
A third more recent example, which fortunately did not end so dramatically, concerns one of our workers who called us for help because he was being pursued by villagers for the death (by witchcraft) of a person. The deceased had gone into the forest to cut wood and the tree he was cutting fell on him with deadly consequences. It is obvious that if the tree fell on the wrong side it is necessarily because someone caused this and in this case it was our worker who was accused. Fortunately, these moments of madness pass quickly enough and our worker can walk around the village again without fear.
In another respect, it is customary here to make sacrifices during consecration ceremonies in order to ensure the success or proper functioning of the object of the consecration. The type of sacrifice depends on the importance of the object and will usually be made with a cock or goat. Recently, we wanted to drill a borehole to supply our hospital with drinking water. To this end, the person in charge of drilling asked the Customary Chief to hold a traditional ceremony to ensure the success of the drilling. The hospital’s chief medical officer was invited to attend the ceremony but refused because he was afraid (not being from this region) that the locals would use this opportunity to cast a curse on him. He also assured me that someone must want to cast a spell on him because recently he had suffered from a foot infection that could only be explained by magic…
When we had to evacuate the plantation because of threats from the Kamuina Nsapu militias two years ago, the Mapangu elders contacted me in Kinshasa to ask me for a significant amount of cash to finance a traditional ceremony to protect Mapangu and the Brabanta facilities. When I asked what it meant, I was told that given the seriousness of the threat, they would make a human sacrifice, but that the money would only be used for beer and other expenses. When I refused, it was explained to me that this was not unusual because for the consecration of the Brabanta oil mill there had also been a human sacrifice and that the proof of its effectiveness was made since the oil mill produced good quality oil…
There are probably a lot of things we don’t know and that, perhaps, we prefer not to know anymore, but for our Congolese colleagues, there are no doubts, magic and witchcraft are very real and effective.

We hope to read your occult experiences soon,

Marc & Marie-Claude


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Deforestation

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Quand on parle de d’huile de palme ou de palmiers à huile la question de déforestation est généralement un des sujets qui y est associé avec des images d’orang-outang en détresse et tout et tout. Même ici en Afrique on illustre parfois les messages décriant la déforestation avec celle de ces grands primates attachants alors que, pour ceux qui ne le sauraient pas, l’orang-outang est plutôt rare par ici. Cela ne veut toutefois pas dire que le problème de déforestation n’est pas à l’ordre du jour en Afrique et en particulier dans la province du Kasaï où se trouve implantée notre plantation de Brabanta.
La plantation où nous habitons a été établie par les frères Lever au début des années 1900 et il est plus que probable qu’à l’époque bon nombre d’arbres ou de parties de forêts on fait les frais de la mise en place d’une palmeraie industrielle, même si le palmier à huile est natif de la région. Mais à côté de cela nous sommes aussi à côté d’énormes étendues de “savane” (rien qu’à proximité de la plantation nous estimons qu’il y a plus de 9.000 hectares de zone herbeuse) avec seulement quelques arbustes éparpillés par ci par là, qui selon certains étaient précédemment des forêts qui ont disparu à la suite d’incendies volontaires provoqués par les villageois pour attraper le gibier, mais pas pour y planter quoi que ce soit et certainement pas de palmiers.
Selon les dires des personnes qui connaissent mieux le pays que nous, il y aurait actuellement en RDC pas loin de 100.000 hectares de palmeraies datant du début du siècle dernier qui sont abandonnées où au mieux les palmiers survivants sont utilisées pour la production de petites quantités d’huile artisanale. Avec un tel potentiel de réhabilitation, ce serait un non-sens économique de vouloir remplacer de la forêt avec des plantations compte tenu du coup de défrichement énorme nécessaire.
En revenant de Kinshasa dans notre petit avion, nous survolons à relativement basse altitude une contrée parsemée de petits villages isolés vivant manifestement encore exclusivement d’agriculture extensive pour leur seule consommation (maïs et manioc) avec exceptionnellement des bassins où il y a peut-être un peu de pisciculture ou de riziculture. Toutes ces cultures se font sur brûlis ce qui depuis notre petit avion montre des grandes plages de forêts noircies avec des squelettes d’arbres aux reflets blanchâtres qui jonchent le sol. Au rythme ou cela va, je ne serais pas surpris si le voyageur qui survolera cette contrée dans 4 ou 5 ans ne verra plus ou quasi plus de forêts, les superficies décimées en cette fin de saison sèche sont inquiétantes et sans perspective de changement car les villages concernés sont manifestement isolés et sans alternative.
Il en va de même autour de notre plantation où pas un jour ne passe sans que depuis notre point de vue de la Cathédrale au sommet de la colline nous ne puissions voire des volutes de fumées dans toutes les directions. L’orée de la forêt que nous pouvions voir depuis la Cathédrale lors de notre arrivée il y a un peu plus de 3 ans est maintenant difficile à distinguer sans prendre des jumelles, mais il faut espérer que c’est peut-être notre vue qui baisse et que la forêt est toujours présente…
Nous avons récemment fait faire une étude d’impact environnemental et social de la plantation dans le cadre de notre démarche pour l’obtention d’un certificat de durabilité. Des “experts” environnementaux sont venu sur place pour faire une étude de la faune et de la flore afin de déterminer dans quelle mesure la présence de la plantation pourrait affecter leur développement ou même survie. Nos spécialistes ne sont restés que quelques jours et ont effectué leurs visites selon l’horaire de Kinshasa, c’est à dire sur le terrain dès 9h du matin (s’il ne pleut pas) et de retour à la maison de passage au plus tard à 18h avec une pause de midi de deux heures. Cela leur à toutefois permis d’inventorier toute la faune et la flore présente dans et autour de la plantation et grâce à leur expertise ont pu voir des animaux qu’aucun de nous n’ont pu distinguer depuis toutes les années de présence à Brabanta. Rassurez-vous, ils n’ont pas vu d’orang-outang, mais l’inventaire des animaux observés comporte néanmoins des gorilles, éléphants, jaguars, antilopes et même des autruches. Je ne vais pas énumérer tous les genres d’animaux qui ont été inventoriés, mais sachez que la liste comporte pas moins de 30 mammifères, dont plusieurs espèces rares. Nos “experts” ne veulent pas perdre la face et reconnaître que certaines observations étaient le résultat d’un copié collé d’un autre rapport, à l’exception des autruches qu’ils ont accepté comme erreur, et notre rapport final comporte donc une liste d’animaux que beaucoup payeraient pour venir observer. Plutôt que de développer notre palmeraie nous devrions peut-être organiser des safaris…
En attendant nous nous battons pour essayer d’empêcher les gens de venir faire des feux dans les quelques îlots de verdure qui persistent dans notre concession et qui parfois, surtout quand ils sont allumés en début de soirée pour échapper à la vigilance de nos gardiens, débordent dans la plantation et endommagent les palmiers. Cette année nous n’avons heureusement “perdu” que 500 palmiers, mais ils ne sont pas vraiment perdus car les palmiers sont très résilients et finiront pas reprendre un aspect normal après environ une année.
Afin de combattre la déforestation, nous avons essayé encore une fois de mettre en place une pépinière de reboisement et espérons dans les prochains mois planter pas moins de 10.000 arbres de toutes sortes dans les zones qui doivent être protégées ou qui méritent d’être reboisées.

Nous espérons recevoir de vos nouvelles et vous souhaitons une excellente semaine de rentrée,

Marc & Marie-Claude

When we talk about palm oil or oil palms, the issue of deforestation is usually one of the subjects associated with it, with images of orangutans in distress and all that. Even here in Africa, messages decrying deforestation are sometimes illustrated with those of these great endearing primates, while for those who do not know, orangutans are rather rare here. However, this does not mean that the problem of deforestation is not on the agenda in Africa and in particular in Kasai province where our Brabanta plantation is located.
The plantation where we live was established by the Lever brothers in the early 1900s and it is more than likely that at that time many trees or parts of forests were being damaged by the establishment of an industrial palm grove, even if the oil palm tree was native to the region. But besides that we are also next to huge expanses of “savannah” (just near the plantation we estimate that there are more than 9,000 hectares of grassy area) with only a few shrubs scattered here and there, which according to some were previously forests that disappeared as a result of bush fires organised by the neighbouring villagers to catch game, but not to plant anything and certainly not palm trees.
According to people who know the country better than we do, there are currently in the DRC almost 100,000 hectares of palm groves dating from the beginning of the last century that are abandoned, or where at best the surviving palm trees are used for the production of small quantities of artisanal oil. With such a potential for rehabilitation, it would be an economic nonsense to want to replace forest with plantations given the huge clearing effort and costs involved.
Coming back from Kinshasa in our small plane, we flew at a relatively low altitude over an area dotted with small isolated villages that obviously still live exclusively on subsistance agriculture (based on maize and casava) with exceptionally ponds where there may be a little fish farming or rice growing. All these crops are grown on slash-and-burn, which from the vantage point of our small plane shows large areas of blackened soil with skeletons of trees with whitish reflections strewn all over the ground. At the rate at which it is going, I would not be surprised if the traveller who flies over this region in 4 or 5 years’ time will no longer see any forests, the areas decimated at the end of the dry season are worrying and without any prospect of change because the villages concerned are clearly isolated and without alternatives.
The same is true around our plantation where not a day passes without seeing, from the Cathedral at the top of the hill from volutes of smoke in all directions. The edge of the forest that we could see from the Cathedral when we arrived a little over 3 years ago is now difficult to distinguish without taking binoculars, but we must hope that it is perhaps our view that is declining and that the forest is still present….
We recently had an environmental and social impact study of the plantation carried out as part of our process to obtain a sustainability certificate. Environmental “experts” came to the site to study the fauna and flora in order to determine to what extent the presence of the plantation could affect their development or even survival. Our specialists stayed only a few days and organised their field visits according to Kinshasa’s schedule, i.e. on the ground from 9am (if it did not rain) and back to the guest house by 6pm at the latest with a two-hour lunch break. However, this allowed them to inventory all the fauna and flora present in and around the plantation and thanks to their expertise they were able to see animals that none of us have been able to see or even imagine since all the years of presence in Brabanta. Don’t worry, they haven’t seen an orangutan, but the inventory of animals observed includes gorillas, elephants, jaguars, antelopes and even ostriches. I will not list all the types of animals that have been inventoried, but the list includes no less than 30 mammals, including several rare species. Our “experts”, not wanting to lose face and acknowledge that some observations were the result of a copy and paste of another report, with the exception of ostriches, which they accepted as a mistake, and so our final report includes a list of animals that many would pay to come and observe. Rather than developing our palm grove we should perhaps organize safaris…
In the meantime, we are fighting to try to prevent people from making fires in the few islands of greenery that persist in our concession and that sometimes, especially when they are lit in the early evening to escape the vigilance of our guards, overflow into the plantation and damage the palm trees. This year we have fortunately “lost” only 500 palms, but they are not really lost because the palms are very resilient and will eventually regain a normal appearance after about a year.
In order to combat deforestation, we have once again tried to set up a reforestation nursery and hope in the coming months to plant no less than 10,000 trees of all kinds in areas that need protection or deserve to be reforested.

We look forward to hearing from you and wish you a great start to the new school year,

Marc & Marie-Claude

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Kinshasa

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Après presque trois mois passés en plantation, il était temps de faire une visite à Kinshasa pour rencontrer collègues, clients, fournisseurs, partenaires et autres personnes avec qui nous sommes en contact régulier par téléphone ou mail mais avec qui dans certains cas nous ne nous connaissons pas encore. Pour Marie-Claude aussi c’est une opportunité de sortir de sa cage dorée et pouvoir manger un bon repas sans l’avoir préparé ou programmé elle-même, visiter les magasins pour se rafraîchir la mémoire sur les produits qu’il y a moyen de  commander et surtout échapper pour quelques jours à la présence quasi permanente du personnel de maison, même si charmant et utile.

Nous sommes arrivés à Kinshasa ce vendredi, profitant de notre avion de fin de mois qui nous a permis d’embarquer à Mapangu plutôt que de faire d’abord trois heures de pirogue jusqu’à Ilebo. Nous étions nombreux à voyager dans l’avion car la famille de notre directeur financier (quatre enfants et nounou) devait repartir au Cameroun pour la rentrée scolaire, l’auditeur environnemental qui terminait une mission de deux semaines passée dans la plantation, un de nos divisionnaires devait se rendre à Kinshasa dans l’espoir d’obtenir un visa Shengen pour ses prochaines vacances, plus d’autres enfants de cadres Brabanta qui sont à l’école ici à Kinshasa et devaient repartir après les vacances passées en famille à Mapangu. En plus des passager il y a toujours une quantité non négligeable de bagages et autres colis que les uns et les autres envoient à leur famille à Kinshasa, mais heureusement cette fois pas de viande ou poisson « frais » qui ont tendance à parfumer la carlingue de l’avion et d’attirer des mouches. Ce genre de colis est en principe interdit, mais nos amis sont passés maîtres dans les techniques de dissimulation qui font que parfois ce n’est qu’une fois en l’air que la présence de ces charges odorisées se manifeste.

Nous avons certainement déjà raconté cela, mais on dit que la répétition ne nuit pas (certainement pas ici), il y n’y a qu’un seul opérateur aérien commercial (Kinavia) qui effectue des liaisons ou affrètements entre Kinshasa et Mapangu ou Ilebo avec des avions tchèques (Let 410), bimoteur de une capacité maximale de 18 passagers ou 1.500kg que nous utilisons généralement jusqu’au dernier gramme car le service n’est pas des plus abordables. Cette fois également l’avion était chargé au maximum et dans ces conditions il est nécessaire de rajouter du carburant lors de l’escale à Mapangu. Brabanta ayant la seule piste d’aviation fiable dans la région, Kinavia utilise aussi notre piste pour des vols qui n’ont rien à voir avec Brabanta, justement pour y faire le plein lorsqu’ils font par exemple la liaison de Kinshasa à Goma ou Bukavu dans l’est du pays. A côté de notre piste d’aviation nous avons donc un petit dépôt où Kinavia garde une réserve de kérosène qui nous est envoyé de temps en temps par barge. N’ayant pas d’électricité à la piste d’aviation (qui se trouve à une demi-heure de route de nos installations à Mapangu), le plein se fait à l’aide d’une petite pompe alimentée par une batterie qui est régulièrement rapatriée à Kinshasa pour être rechargée. Quand la batterie est déchargée la pompe est branchée sur la batterie d’une voiture ou alors dans les cas extrêmes le fût est déversé dans des bassines qui sont utilisées pour remplir les réservoirs de l’avion à la main. Les escales à Mapangu durent ainsi généralement entre 30 et 45 minutes, le temps de décharger et de recharger les marchandises, faire le plein et dégager les abords de l’avion. L’équipage de l’avion est presque toujours composé d’un pilote russe et d’un co-pilote et d’une hôtesse congolais. Eh oui, nous avons parfois même deux hôtesses dans notre petit coucou, sans pour autant que cela n’affecte la charge que nous sommes autorisés à mettre dans l’avion, encore un de ces mystères congolais. Le travail de l’hôtesse se limite à faire un (très) bref briefing de sécurité avant le décollage, de servir une bouteille d’eau en cours de vol et de fermer et ouvrir la porte au départ et à l’arrivée. A l’arrivée à Kinshasa, pour parcourir la centaine de mètres entre l’avion et le bâtiment un petit bus (qui doit dater du saint empire à juger de son état) attend au pied de l’avion. Malgré le fait que le vol soit interne au pays, à l’arrivée il y a toute une équipe d’officiels qui doivent enregistrer les passeports (ou cartes d’électeurs pour les locaux, car la majorité des congolais n’ont ni passeport ni carte d’identité), visas, carnets de vaccination, etc. Ces contrôles prennent assez bien de temps car non seulement ils sont multiples mais rien n’est informatisé et tout doit donc être recopié à la main sur des formulaires qui disparaissent certainement dans des montagnes de papiers pour être perdus à jamais. Heureusement, en qualité de cadres Brabanta nous avons un service de protocole qui se charge de faire toutes ces formalités (y compris la récupération des bagages éventuels) et hormis une salutation aux agents de l’immigration et de la santé nous passons directement à l’extérieur où un véhicule nous attend pour nous amener au bureau ou à l’hôtel.

Comme c’est devenu notre habitude, nous logeons au Cercle Elais, un oasis de verdure dans le centre de la ville situé tout près du bureau et proche des commerces ce qui nous convient parfaitement. Nous serons ici pendant une semaine, ce qui nous donne largement le temps de voir toutes les partenaires et faire une provision de quasi-civilisation pour les prochains mois, car nous n’avons plus de visites prévues pour le reste de l’année. A Kinshasa tout le monde est en attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, mais sans grands espoirs quant aux changements que cela pourrait apporter au pays. Sinon il fait frais et agréable, au point que la piscine de l’hôtel est beaucoup moins fréquentée qu’habituellement, mais peut-être est-ce parce que c’est encore les vacances scolaires…

Comme à l’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi. A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

After almost three months in the plantation, it was time to visit Kinshasa to meet colleagues, customers, suppliers, partners and other people with whom we are in regular contact by phone or email but with whom in some cases we do not yet know each other. For Marie-Claude too, it is an opportunity to get out of her golden cage and eat a good meal without having prepared or programmed it herself, to visit the stores to refresh her memory on the products that can be ordered and especially to escape for a few days from the almost permanent presence of the house staff, even if charming and useful.

We arrived in Kinshasa on Friday, taking advantage of our end-of-month flight that allowed us to board in Mapangu instead of first spending three hours in a dugout canoe to Ilebo. There were quite a few of us in the plane, our mill manager’s family (four children and nanny) had to go back to Cameroon for the start of the school year, the environmental auditor who was finishing a two-week mission in the plantation, one of our division heads had to go to Kinshasa in the hope of getting a Shengen visa for his next vacation, plus other Brabanta executive children who are at school here in Kinshasa and had to leave after the family vacation in Mapangu. In addition to the passengers there is always a significant amount of luggage and other packages that some send to their families in Kinshasa, but fortunately this time no “fresh” meat or fish that tend to scent the plane’s cabin and attract flies. This type of package is in principle prohibited, but our friends are masters in concealment techniques that sometimes make their presence known only once in the air and once the presence of these odorized charges becomes apparent it is too late to do something about it.

We have certainly already written about this in previous posts, but it is said that repetition does not harm (certainly not here), there is only one commercial air operator (Kinavia) that operates routes or charters between Kinshasa and Mapangu or Ilebo. This companies flies with Czech made aircrafts (Let 410), twin-engine airplane with a maximum capacity of 18 passengers or 1,500 kg that we generally use until the last gram because the service is not the most affordable. This time too the aircraft was fully loaded and in these conditions it is necessary to add fuel during the stopover in Mapangu. Brabanta having the only reliable airfield in the region, Kinavia also uses our runway for flights that have nothing to do with Brabanta, mainly to refuel when they fly from Kinshasa to Goma or Bukavu in the east of the country. Next to our airfield we have a small depot where Kinavia keeps a supply of kerosene that is sent to us from time to time by barge. Since there is no electricity at the airfield (which is half an hour’s drive from our facilities in Mapangu), the tank is refuelled using a small pump powered by a battery that is regularly repatriated to Kinshasa for recharging. When the battery is discharged the pump is connected to the battery of a car or in extreme cases the drum is poured into basins that are used to fill the aircraft’s tanks by hand. The stops in Mapangu generally last between 30 and 45 minutes, the time it takes to unload and recharge the goods, refuel and clear the area around the plane. The aircraft’s crew is almost always composed of a Russian pilot and a Congolese co-pilot and hostess. Yes, we sometimes even have two hostesses in our little aircraft, without affecting the load we are allowed to put on the plane, another one of those Congolese mysteries. The hostess’ job is limited to providing a (very) brief safety anouncement before take-off, serving a bottle of water during the flight and closing and opening the door on departure and arrival. On arrival in Kinshasa, to travel a hundred meters between the plane and the building, a small bus (which must date from the Holy Empire to judge its condition) awaits at the foot of the plane. Despite the fact that the flight is internal to the country, on arrival there is a whole team of officials who must register passports (or voters’ cards for the locals, as the majority of Congolese have no passport or identity card), visas, vaccination cards, etc. These controls take quite a long time because not only are they multiple but nothing is computerized and everything must therefore be copied by hand on forms that certainly disappear into mountains of paper to be lost forever. Fortunately, as Brabanta executives we have a protocol agent who takes care of all these formalities (including the recovery of any luggage) and apart from a greeting to immigration and health officials we go directly outside where a vehicle is waiting to take us to the office or hotel.

As we have become accustomed to, we stay at the Elais Club, a green oasis in the city centre located very close to the office and close to the shops, which suits us perfectly. We will be here for a week, which gives us plenty of time to see all the partners and make a provision of quasi-civilization for the next few months, as we no longer have any visits planned for the rest of the year. In Kinshasa everyone is waiting for the appointment of a new government, but without much hope for the changes this could bring to the country. Otherwise it is cool and pleasant, to the point that the hotel’s swimming pool is much less frequented than usual, but perhaps it is because school holidays are not yet finished….

As usual we hope to read about your news as well.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Déchets – Rubbish

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Une des choses auxquelles on ne pense généralement pas quand on débarque au milieu de la brousse dans un endroit comme Mapangu est de savoir ce qui se passe avec les déchets. Ce n’est parce que nous produisons une bonne partie de notre nourriture localement (légumes en tout cas) que le problème des déchets domestiques ne se pose pas et quand on commence à regarder au niveau des opérations de la société la liste s’allonge rapidement.
Tout ce qui est “compostable” au sens large, comme les déchets organiques, papiers, cartons et autres restes végétaux se retrouvent soit dans une fosse ou des tas qui avec le temps deviennent du compost. Ainsi nous avons un (deux en fait) tas de compostage dans le potager et dans la plantation nous avons une grande fosse où tous les déchets compostables, qui sont rassemblés dans des poubelles marquées à cet effet, sont acheminés une fois par semaine par un véhicule de collection. Tous les déchets organiques de l’huilerie tels que rafles, fibres, boues et noix sont utilisés directement comme apport de matière organique dans la plantation ou dans les potagers.
Il y a aussi des “déchets” qui sont recyclés plus ou moins efficacement, ainsi les vieux pneus sont utilisés pour délimiter des zones de parking ou utilisés pour lutter contre l’érosion en les plaçant dans les ravines ou ils se remplissent de sable. Les pneus sont aussi “récupérés” par des gens de la cité de Mapangu pour en faire des semelles ou récupérer les armatures pour les utiliser comme fil de fer. Les sacs vides d’engrais sont utilisés eux aussi pour fabriquer des barrières anti-érosives en les remplissant de sable ou pour les transport de diverses choses comme par exemple les fruits des palmiers. Tous les vieux métaux allant de la cannette en aluminium au châssis de camion de plusieurs tonnes sont rassemblés dans ce que nous appelons le “parc à mitrailles” et envoyés vers Kinshasa pour être vendus à des marchands de métaux. Les bidons vides qui ont contenu des produits chimiques sont aussi réutilisés mais uniquement pour y mettre de l’eau ou des mélanges de produits utilisés pour les traitements en plantation, sinon ils sont consignés dans une zone de stockage (qui se remplit de plus en plus) pour éviter qu’ils ne soient utilisés pour de l’eau à usage domestique.
L’huile de vidange est elle aussi utilisée à toutes sortes de fins allant du traitement du bois (pour limiter ou freiner les dégâts provoqués par les termites), la lubrification de certains outils comme les tronçonneuses voire même réutilisée dans certains engins qui ont tendance à consommer beaucoup d’huile.
Et puis il y a tous les déchets qui ne sont ni compostables ni réutilisables comme les vieux filtres à huile et carburant, les plastiques, les vieilles batteries, les aiguilles et emballages médicaux, piles usagées, électriques et électroniques, vieux pots de peinture ou de bitume, etc. pour lesquels la seule option pour le moment est de les stocker. Nous avons ainsi un nombre croissant de conteneurs qui ne servent qu’à ça, stocker des déchets en attendant de trouver une solution pour les recycler ou les détruire de manière fiable, option qui pour le moment n’existe pas ici à Mapangu ou même dans le pays. Les choses vont plus loin car il y a aussi le problèmes des déchets liquides tels que les produits périmés de l’hôpital ou du département phyto, qui parfois sont incompatibles et ne peuvent donc pas être stockés à proximité l’un de l’autre, sans compter qu’après un certain temps les contenants commencent à montrer des signes de fatigue et qu’il faut donc s’assurer que toutes ces choses soient stockés sur ou dans des bacs de rétention en cas de fuites.
Pour les produits phyto périmés, nous avons régulièrement la visite d’inspecteurs du service de quarantaine qui viennent faire l’inventaire de nos magasins et qui proposent leurs “services professionnels” pour éliminer les produits ne pouvant plus être utilisés (contre paiement évidemment). Quand nous cherchons à savoir comment ces “spécialistes” proposent de détruire les dits produits chimiques, ils nous répondent candidement qu’ils vont soit les brûler soit les enfouir dans un trou ou faire les deux et sont fort surpris quand nous refusons cette approche qui pourrait soit créer des gaz toxiques soit polluer la nappe phréatique et que nous ne sommes donc pas disposés à les payer. La loi ne nous empêche pas de stocker les produits périmés pour des durées indéterminées, même si un moment donné se posera le problème de place disponible. Heureusement certains de cse produits ne sont pas inutilisables pour autant, ainsi nous avons des engrais dont la date de péremption est passée depuis plusieurs années, mais dont le seul problème éventuel est qu’ils ont formés des grumeaux sans pour autant être devenus toxiques ou dangereux à utiliser.
Le plus grand problème dans la plantation sont les plastiques qui sont manifestement venus bien plus vite que prévus et pour lesquels la population n’est pas “préparée”. Ainsi dans les villages il est coutumier de balayer les crasses vers les bordures de la parcelle où, quand il s’agit de déchets organiques, ceux-ci finissent par se décomposer et même enrichir le sol et la croissance des plantes qui y poussent. Mais cette tradition persiste avec les plastiques, sachets, morceaux de récipients cassés et emballages plastifiés divers qui s’accumulent petit à petit en bordure des routes et villages sans disparaître. Au mieux ces plastiques sont entraînés par des grosses pluies un peu plus loin et finissent par rester accrochés dans des cuvettes ou autres zones d’accumulation, le plus souvent dans la plantation ou dans le bas des ravines. Au centre de la cité de Mapangu où se concentrent toutes petites boutiques qui vendent des articles venant principalement de Chine et toujours emballés dans des plastiques, la rue s’est petit à petit transformée en tapis de détritus (principalement non décomposables), que personne ne songerait à nettoyer, et qui se répand graduellement dans les zones avoisinantes. Les autorités n’y voient pas de problème car après tout c’est ce qui est fait partout, y compris à la maison…
Chez nous à la maison ne n’est que marginalement mieux car nous jetons tous nos déchets non-compostables dans un trou et y mettons de temps en temps le feu pour décourager les rats (ou le vent) de les éparpiller un peu partout, mais ce n’est pas une solution dont nous sommes fiers, même si pour le moment nous n’avons pas de meilleure alternative. Les suggestions sont évidemment les bienvenues.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Nos fraisiers poussent – Our strawberries are growing

One of the things you don’t usually think about when you land in the middle of the bush in a place like Mapangu is what happens with the waste. Just because we produce a good part of our food locally (vegetables at least) does not mean that the problem of domestic waste does not arise and when we start looking at the operations of the company the list quickly gets longer.
Anything that is “compostable” in the broadest sense, such as organic waste, paper, cardboard and other plant remains, is either accumulated in a pit or on a pile that over time will become compost. At home we have one (actually two) compost heaps in the vegetable garden and in the plantation we have a large pit, where all the compostable waste, which is collected in specially marked bins, is transported once a week by a collection vehicle. All organic waste from the oil mill such as empty fruit bunches, fibres, sludge and nuts are used directly as organic matter in the plantation or vegetable gardens.
There is also “non-compostable waste” that is recycled more or less efficiently. For example old tires are used to delimit parking areas or used to fight against erosion by placing them in gullies where they fill with sand. The tires are also “recovered” by people in the city of Mapangu to make shoe soles or to recover the reinforcements (usually by burning the tire) to use them as wires. Empty fertilizer bags are also used to make anti-erosion barriers by filling them with sand or to transport various items such as palm fruits. All old metals ranging from aluminium cans to multi-ton truck chassis are collected in what we call the “scrap yard” and sent to Kinshasa for sale to metal dealers. Empty containers that have held chemicals are also reused but only to put water or mixtures of products used for plantation treatments, otherwise they are consigned to a storage area (which is increasingly getting filled up) to prevent them from being used for domestic water.
Used oil is also used for all kinds of purposes, from treating wood (to limit or stop termite damage), to lubricating certain tools such as chainsaws and even reusing them in certain machines that tend to consume a lot of oil.
And then there is all the waste that is neither compostable nor reusable, such as old oil and fuel filters, plastics, old batteries, medical needles and packaging, used electric and electronic items, batteries, old paint or bitumen pots, etc., for which the only option at the moment is to store them. We have a growing number of containers that are only used for that purpose, to store waste until a solution is found to recycle or destroy these in a reliable way, an option that does not currently exist here in Mapangu or even in the country. Things go further because there is also the problem of liquid waste such as expired chemicals from the hospital or phyto department, which are sometimes incompatible and therefore cannot be stored close to each other, not to mention that after a while the containers start to show signs of fatigue and that it is therefore necessary to ensure that all these products are stored on or in retention tanks in case of leaks.
For outdated plant treatment products, we regularly have quarantine service inspectors who come to make an inventory of our stores and offer their “professional services” to eliminate products that can no longer be used (against payment, of course). When we ask how these “specialists” propose to destroy these chemicals, they answer us candidly that they will either burn them or bury them in a hole or do both. They are very surprised when we refuse this approach, which could either create toxic gases or pollute the groundwater, and that we are therefore not willing to pay for them. The law does not prevent us from storing expired products for an indefinite period of time, even if at some point there will be a problem of available space. Fortunately, some of these products are not unusable, so we have fertilizers whose expiry date has passed several years ago, but whose only possible problem is that they have formed lumps, but without having become toxic or dangerous to use.
The biggest problem in and around the plantation are plastics, which have obviously come much faster than expected and for which the population is not “prepared”. Thus in villages it is customary to sweep the dirt towards the edges of the plot where, when it comes to organic waste, it eventually decomposes and even enriches the soil and helps the growth of the plants that grow there. But this tradition persists with plastics, sachets, broken container parts and various plastic packaging that gradually accumulate along roads and villages without disappearing. At best, these plastics are carried away by heavy rains a little further away and end up hanging in depressions or other accumulation areas, most often in the plantation or at the bottom of the ravines. In the centre of the city of Mapangu, where a large number of small stalls selling a variety of products are located, items mainly from China and all coming in plastic wrappings, the street has gradually been transformed into a carpet of rubbish (mainly non-decomposable), which no one would think of cleaning up, and which is gradually spreading to the surrounding areas. When discussing about this issue with the local authorities, they do not understand what problem there is in leaving all the stuff on the ground, after all that is what everybody does at home too…
At our home things are only marginally better because we throw all our non-compostable waste in a hole and occasionally set it on fire to discourage rats (or wind) from scattering it everywhere, but this is not a solution we are proud of, even if for the moment we have no better alternative. Suggestions are of course welcome.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Rapaces – Birds of Prey

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Les rapaces les plus fréquents dans les environs de Mapangu sont les milans, on en trouve un peu partout dans la plantation où ces oiseaux se nourrissent probablement de petits rongeurs, eux, attirés par les fruits et noix de palme qui sont disponibles en grande quantité dans toute la région. Il y a d’autres sortes de rapaces aussi mais moins fréquents dont de petits faucons et une espèce d’aigle huppé parfois mêlé à un groupe de milans.
Il m’arrive régulièrement de déranger un milan posé sur le bord de la route qui parfois précède tout juste la voiture l’accompagnant en planant avant de finir par bifurquer et disparaître dans la palmeraie pour se percher ou poursuivre sa chasse.
Une autre sorte de rapaces tout aussi présente à Mapangu sont les agents de l’état qui essayent de faire payer la plantation pour toutes sortes de taxes, amendes, participations et collations diverses. Du fait que le pays est toujours sans gouvernement beaucoup si pas tous les services de l’état se retrouvent sans budget et doivent donc se débrouiller pour trouver des moyens de fonctionnement, alors quelle meilleure proie que la Brabanta qui doit forcément regorger de moyens financiers cachés.
Peu importe que nous soyons localisés au milieu du pays, nous (Mapangu) avons depuis peu été dotés de deux nouveaux services de l’état (payants), l’un étant le service de quarantaine animale et végétale (donc rien àvoir avec une éventuelle crainte de voir Ebola se propager dans le pays), et l’autre étant le service de contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers. Peu importe si à l’arrivée en RDC le visiteur doit présenter un visa et carnet de vaccination en ordre pour pouvoir entrer dans le pays, service du reste gratuit, ici à Mapangu il y a un agent de l’état chargé de vérifier ces documents contre paiement (évidemment).
La justification de ces services est assez vague. Au départ tout ce qui concerne les contrôles frontaliers était de la responsabilité de l’état, mais vu la taille du pays et le nombre incalculable de zones potentielles où les gens peuvent entrer et sortir de celui-ci, l’état a décidé de déléguer les responsabilités frontalières aux provinces. Évidemment certaines provinces n’ont pas de frontières avec des pays voisins et pour ne pas perdre l’opportunité de bénéficier de ressources potentielles liées aux taxes frontalières, rien de plus simple que de décréter qu’à partir de maintenant la frontière n’est plus nationale mais provinciale ouvrant ainsi la porte à une multitude de taxes potentielles telles que taxes d’importation et d’exportation, taxe de transport transfrontalier, taxe de contrôle sanitaire frontalier, taxe de quarantaine (même sur des engrais et produits phyto, puisqu’ils relèvent du ministère de l’agriculture) et évidemment (comme nous l’avons découvert la semaine passée) taxe sur le contrôle des visas et carnets de vaccination des étrangers.
Les prétentions des autorités locales ne se limitent bien évidemment pas aux aspects transfrontaliers, ce sont juste des petites opportunités supplémentaires pour arrondir les fins de mois. Ainsi nous payons évidemment des taxes de production, de chargement, de déchargement, de pollution, de contrôle de qualité, de certification de conformité, et la longue liste continue. Évidemment ce serait trop simple de limiter cela à la seule perception des taxes car celles-ci sont “officielles” et donc payées par voie bancaire sans opportunité pour les agents locaux de prendre leur dîme. Alors ils essayent de déceler des prétendues irrégularités telles un paiement qui aurait été perçu en retard ou dont le montant n’est pas tout à fait correct, etc. pour pouvoir réclamer des pénalités qui, selon les grilles nationales, peuvent aller jusqu’à 320% par mois de retard. Ainsi on nous réclame actuellement l’équivalent de 5 millions de dollars de soi-disant amendes, négociables bien entendu, avec à la clef le paiement d’une somme plus ou moins conséquente comme frais de “mission” pour l’agent responsable afin de fermer les yeux sur nos prétendues “fautes”.
Le seul réel avantage que nous avons par rapport aux sociétés basées dans des grandes villes est le fait que nous sommes fort isolés et qu’il est donc difficile d’arriver jusqu’à Mapangu sans être certain de pouvoir repartir avec quelque chose en poche. Nos concurrents, dont la direction est basée à Kinshasa, nous disent qu’il ne se passe pas un jour sans qu’ils soient harassés pour de prétendues irrégularités et où parfois on finit par payer quelque chose pour pouvoir faire du vrai travail plutôt que d’avoir un dialogue de sourds avec des rapaces de l’administration. Dans mon cas j’essaye de déléguer le plus possible ce genre de problèmes au secrétaire général, directeur financier ou directeur des relations publiques de la société et, peut-être le plus important, aller le moins souvent possible à Kinshasa.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

The most frequent birds of prey in the vicinity of Mapangu are kites, which are found just about everywhere in the plantation, where these birds probably feed on small rodents, attracted by the fruits and palm nuts that are available in large quantities throughout the region. There are other kinds of birds of prey as well, but less frequent, including small falcons and a species of crested eagle sometimes mixed with a group of kites.
I regularly disturb kites on the side of the road, which sometimes glides just in front of the car for a while, before eventually veering off and disappearing into the palm grove to perch or continue hunting.
Another kind of raptors also present in Mapangu are state agents who try to make the plantation pay for all kinds of taxes, fines, fees and other claims. Because the country is still without a government, many if not all state services are without a budget and must therefore manage to find other financial means to operate, then what better prey than Brabanta, which must necessarily be overflowing with hidden financial resources.
Regardless of whether we are located in the middle of the country, we (Mapangu) have recently been equipped with two new state services (fee based, of course), one being the animal and plant quarantine service (therefore nothing to do with a possible fear of Ebola spreading in the country), even though we neither import nor export any kind of animals or plants. The other being the control service for foreigners’ visa and vaccination certificates. It does not matter if on arrival in the DRC the visitor must present a visa and vaccination booklet in order to enter the country, a service that is free of charge, here in Mapangu there is a state agent in charge of checking these documents against payment (obviously) of a fee that seems to be based on a rather creative interpretation of some state law.
The justification for these services is rather vague. Initially everything related to border controls was the responsibility of the state, but given the size of the country and the countless potential areas where people can enter and leave it, the state decided to delegate border responsibilities to the provinces. Obviously, some provinces do not have borders with neighbouring countries and in order not to lose the opportunity to benefit from potential resources related to border taxes. Nothing could be simpler than to decide that, from now on, the border is no longer national but provincial, thus opening the door to a multitude of potential taxes such as import and export taxes, cross-border transport tax, border health control tax, quarantine tax (even on fertilizers and phyto products, since they fall under the Ministry of Agriculture) and of course (as we discovered last week) tax on the control of visas and vaccination records for foreigners.
The claims from local authorities are obviously not limited to cross-border aspects, they are just small additional opportunities to make ends meet. Thus we cannot avoid paying taxes for production, loading, unloading, pollution, quality control, conformity certification, and the long list goes on. Obviously, it would be too simple to limit this to the collection of taxes alone, because they are “official” and therefore paid by bank transfer without any opportunity for local agents to take their fair share. So they try to detect alleged irregularities such as a payment that has been received late or whose amount is not quite correct, etc. in order to be able to claim penalties which, according to national grids, can go up to 320% per month in case of delayed payment of the penalties. Thus, we are currently being asked to pay the equivalent of $5 million in so-called fines, negotiable of course, with the payment of a more or less substantial sum as “mission” costs for the agent in charge in order for them to close their eyes regarding our alleged “faults”.
The only real advantage we have over companies based in large cities is the fact that we are very isolated and it is therefore difficult to get to Mapangu. Agents therefore think twice before coming here without being sure that we can leave with something in their pockets, but that does obviously not bear on those that are stationed here. Our competitors, whose management is based in Kinshasa, tell us that not a day goes by without them being harassed for alleged irregularities and where often they end up paying something to be able to do real work rather than having a dialogue of the deaf with raptors in the administration. In my case, I try to delegate as many of these problems as possible to the company’s secretary general, CFO or public relations director and, perhaps most importantly, I go to Kinshasa as little as possible.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Les Visiteurs – The Visitors

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Parfois on pourrait avoir l’impression d’être comme les visiteurs, non pas du moyen age vers les temps modernes mais l’inverse, c’est évidemment tout à fait exagéré car le Congo et le Kasaï ne sont certainement pas restés isolés des développements du monde, mais certaines choses, assez fondamentales, sont manifestement restées inchangées depuis très longtemps.

Les exemples les plus frappants sont les moyens de navigation fluviaux, les habitations et les croyances magiques.
Sur le Kasaï la navigation se fait quasi exclusivement avec des pirogues creusées dans des troncs d’arbres mus au moyen de pagaies elles aussi façonnées à partir d’une seule pièce en bois. Les pirogues sont parfois tellement étroites qu’il est seulement possible de s’y tenir debout un pied devant l’autre et exigent un sens de l’équilibre assez extraordinaire car le centre de gravité de ces embarcations avec une personne debout est nécessairement bien au-dessus du niveau de l’eau. Il est assez facile d’imaginer qu’il y a des centaines voire milliers d’années le moyen de locomotion sur l’eau était absolument identique, la seule différence étant que maintenant il y a aussi des pirogues équipées de moteurs hors-bord, mais cela reste des exceptions. Il est aussi probable que dans le passé il y avait des pirogues qui étaient beaucoup plus grandes fabriquées au départ d’arbres gigantesques, alors qu’aujourd’hui les plus grandes embarcations sont assemblées avec des planches et du goudron, même si heureusement les grands arbres n’ont pas encore tout à fait disparus. Ces pirogues ne sont pas des reliques du passé car dans les villages au bord des cours d’eau la fabrication de pirogues continue et il n’est pas difficile de trouver un artisan pour fabriquer une embarcation selon les dimensions souhaitées (et la disponibilité d’un arbre répondant aux besoins).

Dans les villages, la population habite dans des cases fabriquées avec des sticks de bois entre lesquels on tresse de plus petites branches qui sont ensuite enduites de boue pour faire les murs. La construction est chapeautée par une structure couverte de rameaux de palme dont les couches superposées assurent une relative étanchéité en cas d’averses. Le sol est de terre battue et les meubles (couches en particulier) sont fabriquées avec des rameaux de palmes assemblés au moyen de pointes en bois (“chevilles”) ou grosses épines. De même que les pirogues, il est difficile d’imaginer qu’à l’époque des premiers explorateurs voire même avant les habitations aient été fort différentes car même aujourd’hui la majorité des maisons n’ont ni eau ni électricité, la cuisine est le plus souvent faite sur un feu de bois sous un abris ou une petite construction séparée dont la couleur noircie suggère la présence prolongée de fumée. Certes de nos jours certaines maisons dans les villages plus affluents sont dotées de toits en tôles et sont parfois construites avec des briques en terre pressée, on y voit également l’un ou l’autre panneau solaire et exceptionnellement même une parabole de télévision, mais à la base les villages ont très peu changé et certains petits villages en brousse pourraient être transposés au moyen age sans que personne ne se rende compte qu’il a en fait été construit au 21ième siècle.

Le troisième thème qui nous parait médiéval est la magie, ici beaucoup de choses telles que maladie, décès, panne, problème technique, etc. trouve son explication dans un acte de magie, généralement malicieux. Certaines croyances sont assez banales comme par exemple l’organisation d’une cérémonie traditionnelle avant de réaliser un forage pour assurer que celui-ci produira de l’eau en abondance ou consacrer une nouvelle construction aux ancêtres de la communauté. Mais ces croyances vont beaucoup plus loin, ainsi lorsque nous avons dû évacuer la plantation à cause des menaces de milices Kamuina Nsapu, les notables de Mapangu envisageaient très sérieusement de réaliser un sacrifice humain pour la protection de la contrée. Leur argument étant que c’est ce qui avait été fait pour la consécration de l’huilerie et son bon fonctionnement est la preuve qu’une telle mesure est justifiée et effective… Il y a peu notre médecin avait une infection au pied, mais malgré le fait que c’est un homme de science il était convaincu que son infection était le résultat d’un sortilège et qu’il ne servait à rien de soigner cela avec des antibiotiques. Plus dramatique encore est le sort des personnes accusées de sorcellerie, soit parce qu’un membre de sa famille est mort d’une maladie inconnue ou parce que son voisin a été tué par la chute d’un arbre, car celles-ci sont généralement tuées par la communauté si elles n’arrivent pas à se réfugier quelque part avant cela. La justice dans tout cela? Trop souvent ils prennent le parti des tortionnaires parce que, disent-ils, il n’y a pas de fumée sans feu et tout le monde sait qu’ici il y a vraiment des sorciers…

Nous avons aussi des visiteurs plus traditionnels et cela semble être la période car après une courte visite du directeur technique du groupe au mois de juin, nous venons d’avoir la visite de notre directeur agronomique du groupe avec un spécialiste mondial du palmier. Ensuite au mois d’août nous aurons la visite pendant deux semaines d’une auditrice pour tout ce qui concerne la certification environnementale de la plantation. Cette visite sera suivie par celle du responsable “durabilité” du groupe pendant une semaine. En octobre on nous annonce la possible visite des grands patrons du groupe, seulement pour un jour ou deux mais qui demande une préparation logistique sans failles. Bref tout un petit monde qu’il faut loger, nourrir, balader, etc., mais heureusement pas tous à la Cathédrale car nous avons une maison de passage tout à fait correcte et certains visiteurs ne sont pas aussi agréables à avoir à la maison que d’autres…

Outre la maison de passage VIP où nous logeons certains de nos visiteurs du groupe, nous avons également aménagé une maison de passage beaucoup plus basique disposant de 5 chambres que nous mettons à la disposition des visiteurs locaux contre une petite participation financière. Ils ont la possibilité d’y manger si nécessaire et comme elle n’est pas trop éloignée de l’huilerie il y a de l’électricité presque tout le temps, plus que chez nous à la Cathédrale en tous les cas. L’endroit semble être devenu assez populaire car il y a des chambres occupées et des réservations presque tous les jours. Il faut dire que mis à part notre “Maison de Passage Brabanta” Mapangu ne dispose pas de logement digne de ce nom pour des visiteurs, sauf pour ceux qui connaissent l’un de nos employés et peuvent utiliser ou louer une chambre d’amis chez celui ou celle-ci.

Nous espérons que vous recevrez ces nouvelles en bonne forme et espérons vous lire très bientôt,

Marc & Marie-Claude

Sometimes we could have the impression of being like The Visitors, not from the Middle Ages to modern times but the other way around, it is obviously quite exaggerated because Congo and Kasai have certainly not remained isolated from the developments of the world, but some things, quite fundamental, have obviously remained unchanged for a very long time. The most striking examples are the means of river navigation, dwellings and magical beliefs.

On the Kasai, navigation is almost exclusively by dugout canoes made out of hollowed tree trunks powered by paddles, which are also made from a single piece of wood. Canoes are sometimes so narrow that it is only possible to stand with one foot in front of the other and require an extraordinary sense of balance because the centre of gravity of these boats with one person standing is necessarily well above the water level. It is quite easy to imagine that hundreds or even thousands of years ago the means of locomotion on the water was absolutely identical, the only difference being that nowadays there are also dugouts equipped with outboard motors, but these are still exceptions. It is also likely that in the past there were dugout canoes that were much larger made from gigantic trees, whereas today the larger boats are assembled with boards and tar, although fortunately the large trees have not yet completely disappeared. These canoes are not relics of the past because in villages along the banks of rivers the manufacture of canoes continues and it is not difficult to find a craftsman to manufacture a boat according to the desired dimensions (and the availability of a tree to meet the needs).

In the villages, the population lives in huts made of wooden sticks between which smaller branches are braided and then coated with mud to make the walls. The construction is covered by a structure covered with palm branches whose superposed layers ensure relative watertightness in the event of showers. The floor is made of clay and the furniture (beds in particular) is made of palm branches assembled with wooden spikes or large thorns. Like dugout canoes, it is difficult to imagine that during the time of the first explorers or even before, the dwellings would have been very different. Even today the majority of houses have no water or electricity, the kitchen is most often made on a wood fire under a shelter or a small separate building whose blackened colour suggests the prolonged presence of smoke. Nowadays, some houses in the more affluent villages are equipped with sheet metal roofs and are sometimes built with pressed clay bricks, occasionally a solar panel and exceptionally even a television dish, but at the base the villages have changed very little and some small bush villages could be transposed to the Middle Ages without anyone realizing that they were actually built in the 21st century.

The third theme that seems medieval to us is magic, here many things such as illness, death, breakdown, technical problem, etc. find their explanation in an act of magic, usually malicious. Some beliefs are quite common, such as organizing a traditional ceremony before drilling a well to ensure that it will produce abundant water or dedicate a new construction to the community’s ancestors. But these beliefs go much further, so when we had to evacuate the plantation because of threats from Kamuina Nsapu militias, the Mapangu elders were very seriously considering making a human sacrifice for the protection of the area. Their argument being that this is what had been done for the consecration of the oil mill and its proper functioning is proof that such a measure is justified and effective… Not long ago our doctor had an infection on his foot, but despite the fact that he is a medically trained scientist, he was convinced that his infection was the result of a spell and that it was useless to cure it with antibiotics. Even more dramatic is the fate of those accused of witchcraft, either because a member of his family died of an unknown disease or because his neighbour was killed by the fall of a tree, as these people are often killed by the community if they cannot take refuge somewhere before that. Justice in all this? Too often they take the torturers’ side because, they say, there is no smoke without fire and everyone knows that there are really witches here….

We also have more traditional visitors and this seems to be the period because after a short visit by the group’s technical director in June, we have just had the visit of our group’s agronomic director with a world renown palm specialist. Then in August we will have a two-week visit from an auditor for all aspects of the environmental certification of the plantation. This visit will be followed by a one-week visit by the group’s sustainability manager. In October we are informed of the possible visit of the group’s big bosses, only for a day or two but which requires flawless logistical preparation. In short, a whole small world that needs to be housed, fed, walked, etc., but fortunately not all of them stay at the Cathedral because we have a very comfortable guest house close to the river and some visitors are not as pleasant to have at home as others…

In addition to the VIP guest house where we accommodate some of our group visitors, we have also set up a much more basic guest house with 5 rooms that we make available to local visitors for a small financial contribution. They have the possibility to eat there if necessary and as it is not too far from the oil mill there is electricity almost all the time, more than at home at the Cathedral in any case. The place seems to have become quite popular as there are occupied rooms and reservations almost every day. It must be said that apart from our “Brabanta Guest House” Mapangu does not have any decent accommodation for visitors, except for those who know one of our employees and can use or rent a guest room in their home.

We hope this news will find you well and hope to read you very soon,

Marc & Marie-Claude