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Un peu de tout . . .

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Bonjour,

la semaine passée, j’ai eu la surprise de voir Marc m’ apporter la manche à air de notre aéroport à raccommoder. . . Il avait d’abord été confié à une couturière locale qui s’était hâtée de fermer cet énorme trou au bout de ce sac rouge et blanc. J’ai donc décousu la couture de l’extrémité pour en refaire une manche comme il se doit, y ai ajouté un ourlet, retourné la manche pour que les couleurs délavées par le soleil soient à l’intérieur et les plus vives à l’extérieur, remplacé quelques œillets “et voilà”. Elle n’est pas comme neuve mais survivra peut-être à la prochaine inspection.
L’aéroport est pour nous un peu comme le cordon ombilical d’un futur nouveau-né, sans possibilité d’avion pas de vivres frais ou d’évacuation d’urgence, mais aussi et plus important pas de possibilité d’approvisionnement en fonds pour la paie, ce qui est totalement impossible à envisager. Donc ne pas obtenir l’homologation de notre piste serait un peu comme si on coupait ce cordon avant la naissance. Ici il y a évidemment toujours la possibilité d’invoquer l’article “congolais” (négocier une solution avec petit pécule à la clef), mais nous préférons éviter de nous lancer dans cette voie un peu incertaine, donc mieux vaut une manche à air fonctionnelle. Lors d’une inspection précédente, l’agent de la régie des voies aériennes nous avait pénalisé parce que notre manche à air n’était pas aux dimensions internationales mais que heureusement et de manière tout à fait fortuite il avait amené une manche à air aux dimensions officielles dans son sac qu’il était prêt à nous céder pour un prix d’amis et ainsi nous éviter une lourde amende… Après d’âpres négociations nous avons pu obtenir la manche à air pour la modeste somme de 800 dollars (720 euros) et vous conviendrez qu’il serait regrettable de ne pas utiliser celle-ci le plus longtemps possible afin de justifier cet investissement. Outre les vents parfois assez violents et les assauts du soleil, nous soupçonnons que la qualité de la dite manche à air n’était peut-être pas aussi extraordinaire que ce qui avait été annoncé ou que le prix aurait pu laisser supposer et ce superbe tube conique s’est rapidement retrouvé déchiré et troué à plusieurs endroits, mais peut-être pas au point de fermer l’embout pour en faire un sac comme cela avait été fait pas notre couturière locale dont c’était sans nul doute la première manche à air qu’elle a été amenée à réparer en se demandant pourquoi diables ces blancs laissent ainsi se déchirer le fond de leur sac…
La manche à air flotte à nouveau fièrement et il ne reste plus qu’à expliquer aux pilotes qu’en principe ils doivent atterrir contre le vent, mais cela nécessiterait de faire un survol de la piste avant d’atterrir et donc perdre du temps. Au moins le décollage se fait généralement contre le vent, bien que nous soupçonnons que cela soit un fait du hasard car les vents dominants viennent généralement de l’ouest et c’est dans cette direction que l’avion doit partir pour rejoindre Kinshasa.

Ici il faut aussi être un peu plombier, électricien, savoir se servir d’une foreuse, scie, etc. Le “multi-tasking” de Marc va bien plus loin comme vous avez eu l’occasion d’apprécier tout au long de nos lettres de nouvelles hebdomadaires. La tâche la plus surprenante restant probablement la gestion du bon fonctionnement de l’hôpital, maternités et dispensaires Brabanta. Les choses n’en sont heureusement pas encore à gérer des épidémies comme l’Ebola qui sévit dans l’est du pays, mais nous avons récemment une épidémie de rougeole qui s’est déclarée et comme peu de personnes sont vaccinées cela provoque malheureusement assez bien de fatalités, surtout parmi les enfants et personnes plus âgées. A l’hôpital nous avons un pavillon d’isolement qui a été fortement sollicité lors de l’épidémie de Choléra que nous avions eu l’année passée et qui maintenant sert à mettre les cas de rougeole en quarantaine. Ce week-end on a également appelé Marc pour organiser l’évacuation d’un Père flamand qui est basé à Mwembe (à environ 1h30 de Mapangu) qui est ici depuis plus de 50 ans mais souffre régulièrement de crises de malaria et dont le cœur n’est plus très vaillant. Il a toutefois refusé de prendre place dans le véhicule que nous avions envoyé avec un infirmier car il prétend que s’il a survécu ici au Congo depuis 50 ans il pourra certainement gérer sa “petite” crise de malaria sans problèmes…

Depuis vendredi nous avons quelques visiteurs à la maison qui sont ici pour 5 jours et, comme c’est souvent le cas lors de telles visites, cela veut dire courtes nuits, programmes constamment variables et des discussions interminables sur les différents aspects du palmier. Outre notre directeur agronomique groupe, nous avons également la compagnie d’un des grands spécialistes mondiaux du palmier à huile qui est venu mettre le doigt sur tout ce que nous ne faisons pas aussi bien que cela pourrait être fait et dont l’objectif principal est de nous démontrer qu’en appliquant les techniques culturales adéquates nous devrions pouvoir augmenter nos rendements de 25 à 30%. Le potentiel est donc énorme et les discussions très animées car ce genre d’amélioration n’est pas possible sans faire de très sérieux efforts sur le long terme et il est toujours difficile de changer les (parfois mauvaises) habitudes qui sont bien ancrées. Passionnant donc mais aussi épuisant et comme tout cela se passe en même temps que la pointe de production et plein d’autres problèmes qui ne peuvent pas attendre les journées sont bien remplies. Ce midi nous avons quand même pris le temps de nous retrouver avec tous les expatriés (nous étions 15 à table) et c’est en devinant le coucher du soleil (car il fait très brumeux en cette saison sèche) que nous vous écrivons ces quelques lignes).

Nous vous souhaitons une excellente semaine,

Marie-Claude et Marc

last week, I was surprised to see Marc bring me the windsock from our airport to mend… . It had first been entrusted to a local seamstress who had hastened to close the huge hole at the end of this red and white bag. So I sewed the seam from the end to make a new sleeve as it should be, added a hem, turned the sleeve over so that the colours faded by the sun were inside and the brightest on the outside, replaced a few “rings” and voila. It is not as good as new but may survive the next inspection.
For us, the airport is a bit like the umbilical cord of a future newborn baby, without the possibility of an airplane, no fresh food or emergency evacuation, but also and most importantly no possibility of providing funds for the payroll, which is totally impossible to envisage. So not getting the certification of our air strip would be a bit like cutting that cord before birth. Here there is obviously always the possibility of invoking the “Congolese” article (negotiating a solution with a “small” financial settlement), but we prefer to avoid embarking on this somewhat uncertain path, so it is better to have a functional windsock. During a previous inspection, the airway control agent penalized us because our windsock did not meet the international standards but fortunately and completely fortuitously he brought an windsock meeting the official standards in his bag that he was willing to let us have it for a friendly price and thus avoid paying a heavy fine… After tough negotiations we were able to get the windsockg for the modest sum of 800 dollars (720 euros) and you will agree that it would be regrettable not to use it as long as possible to justify this investment. In addition to the sometimes rather violent winds and the assaults of the sun, we suspect that the quality of the said windsock was perhaps not as extraordinary as what had been announced or that the price could have suggested and this superb conical tube was quickly torn and punctured in several places, but maybe not to the point of closing the tip of the tube to make a look like a bag. This work had however been given to a local seamstress, who probably never repaired one of those open ended tubes before and must have wondered why the hell these whites let the bottom of their bag tear…
The windsock now floats proudly again and all that remains is to explain to the pilots that in principle they should land against the wind, but this would require flying over the runway before landing and therefore wasting time. At least the takeoff is generally against the wind, although we suspect that this is a coincidence because the prevailing winds generally come from the west and it is in this direction that the plane must leave for Kinshasa.

Here you also have to be a bit of a plumber, electrician, know how to use a drill, saw, etc. Marc’s “multi-tasking” goes much further as you have had the opportunity to enjoy weekly news throughout our letters. The most surprising task probably remaining the management of the proper functioning of the hospital, maternity hospitals and Brabanta dispensaries. Fortunately, things are not yet as critical as managing epidemics such as Ebola, which is currently an issue in the east of the country, but we recently had a measles outbreak and since few people are vaccinated, this unfortunately causes quite a few fatalities, especially among children and older people. At the hospital we have an isolation ward that was heavily used during the Cholera outbreak we had last year and which is now used to quarantine measles cases. This weekend Marc was also called to organize the evacuation of a Flemish Father who is based in Mwembe (about 1h30 from Mapangu) who has been here for over 50 years but regularly suffers from malaria attacks and whose heart is no longer very strong. However, he refused to take a seat in the vehicle we sent with a nurse because he claims that if he has survived here in Congo for 50 years he will certainly be able to manage his “small” malaria crisis without problems…

Since Friday we have had some visitors at home who are here for 5 days and, as is often the case during such visits, this means short nights, constantly changing schedules and endless discussions on the different aspects of the palm tree. In addition to our group agronomic director, we also have the company of one of the world’s leading oil palm specialists who has come to highlight everything we are not doing as well as it could be done and whose main objective is to demonstrate to us that by applying the right cultivation techniques we should be able to increase our yields by 25 to 30%. The potential is therefore enormous and the discussions very lively because this kind of improvement is not possible without making very serious efforts in the long term and it is always difficult to change (sometimes bad) habits that are well established. So exciting but also exhausting and as all this happens at the same time as the peak production and many other problems that can’t wait, thus ensuring that the days are well filled. This lunchtime we still took the time to meet all the expatriates (we were 15 at the table) and it is by guessing the sunset (because it is very misty in this dry season) that we write these few lines to you).

We wish you an excellent week,

Marie-Claude and Marc




Bonjour,

la semaine passée, j’ai eu la surprise de voir Marc m’ apporter la manche à air de notre aéroport à raccommoder. . . Il avait d’abord été confié à une couturière locale qui s’était hâtée de fermer cet énorme trou au bout de ce sac rouge et blanc. J’ai donc décousu la couture de l’extrémité pour en refaire une manche comme il se doit, y ai ajouté un ourlet, retourné la manche pour que les couleurs délavées par le soleil soient à l’intérieur et les plus vives à l’extérieur, remplacé quelques œillets "et voilà". Elle n’est pas comme neuve mais survivra peut-être à la prochaine inspection.
L’aéroport est pour nous un peu comme le cordon ombilical d’un future nouveau-né, sans possibilité d’avion pas de vivres frais ou d’évacuation d’urgence, mais aussi et plus important pas de possibilité d’approvisionnement en fonds pour la paie, ce qui est totalement impossible à envisager. Donc ne pas obtenir l’homologation de notre piste serait un peu comme si on coupait ce cordon avant la naissance. Ici il y a évidemment toujours la possibilité d’invoquer l’article "congolais" (négocier une solution avec petit pécule à la clef), mais nous préférons éviter de nous lancer dans cette voie un peu incertaine, donc mieux vaut une manche à air fonctionnelle. Lors d’une inspection précédente, l’agent de la régie des voies aériennes nous avait pénalisé parce que notre manche à air n’était pas aux dimensions internationales mais que heureusement et de manière tout à fait fortuite il avait amené une manche à air aux dimensions officielles dans son sac qu’il était prêt à nous céder pour un prix d’amis et ainsi nous éviter une lourde amende… Après de âpres négociations nous avons pu obtenir la manche à air pour la modeste somme de 800 dollars (720 euros) et vous conviendrez qu’il serait regrettable de ne pas utiliser celle-ci le plus longtemps possible afin de justifier cet investissement. Outre les vents parfois assez violents et les assauts du soleil, nous soupçonnons que la qualité de la dite manche à air n’était peut-être pas aussi extraordinaire que ce qui avait été annoncé ou que le prix aurait pu laisser supposer et ce superbe tube conique s’est rapidement retrouvé déchiré et troué à plusieurs endroits, mais peut-être pas au point de fermer l’embout pour en faire un sac comme cela avait été fait pas notre couturière locale dont c’était sans nul doute la première manche à air qu’elle a été amenée à réparer en se demandant pourquoi diables ces blancs laissent ainsi se déchirer le fond de leur sac…
La manche à air flotte à nouveau fièrement et il ne reste plus qu’à explique aux pilotes qu’en principe ils doivent atterrir contre le vent, mais cela nécessiterait de faire un survol de la piste avant d’atterrir et donc perdre du temps. Au moins le décollage se fait généralement contre le vent, bien que nous soupçonnons que cela soit un fait du hasard car les vents dominants viennent généralement de l’ouest et c’est dans cette direction que l’avion doit partir pour rejoindre Kinshasa.

Il faut aussi être un peu plombier, électricien, savoir se servir d’une foreuse, scie, etc.
Le "multi-tasking" de Marc va bien plus loin comme vous avez eu l’occasion d’apprécier tout au long de nos lettres de nouvelles hebdomadaires. La tâche la plus surprenante restant probablement la gestion du bon fonctionnement de l’hôpital, maternités et dispensaires Brabanta. Les choses n’en sont heureusement pas encore à gérer des épidémies comme l’Ebola qui sévit dans l’est du pays, mais nous avons récemment une épidémie de rougeole qui s’est déclarée et comme peu de personnes sont vaccinées cela provoque malheureusement assez bien de fatalités, surtout parmi les enfants et personnes plus âgées. A l’hôpital nous avons un pavillon d’isolement

Fin de cette semaine, nous avons quelques visiteurs

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Sable – Sand

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A quelques très petites exceptions près, toute la plantation se trouve sur du sable de couleur dorée qui, lorsqu’il est sec et poudreux donne la parfaite illusion de dunes au bord de la mer ou dans le désert. Heureusement il ne fait jamais vraiment sec ici, car même en saison sèche les matinées sont brumeuses et humides et l’alimentation assez régulière en eau de pluie permet malgré tout le développement d’une végétation assez luxuriante si laissée en paix. Tout comme la plage, le sable se retrouve partout dans la maison, les chaussures, la voiture, le bureau, ce n’est pas parce qu’il y est soufflé par le vent mais plutôt insidieusement accroché aux semelles des chaussures, bas de pantalon ou pattes des chiens. Je suis surpris par la quantité de sable qu’il faut balayer hors de mon bureau tous les jours, mais cela s’explique sans doute par les nombreux visiteurs qui entrent et sortent lorsque je suis présent.

Cette abondance de sable implique de nombreux défis, dont un plutôt important qui concerne l’alimentation hydrique et minérale des palmiers. Les sols étant relativement pauvres en matière organique, l’eau et les éléments nutritifs ont tendance à rapidement percoler vers les couches profondes et être difficiles d’accès surtout pour les jeunes palmiers. Pour compenser cela, nous essayons de maximiser la matière organique dans la plantation en faisant d’une part, pousser diverses sortes de plantes de couverture (principalement des légumineuses pour leur apport en azote) d’autre part, en redistribuant les sous-produits de l’huilerie tels que les rafles (régimes de fruits qui ont été débarrassés de leurs fruits) et fibres (restant après avoir pressé les fruits) dans la plantation. Comme nous utilisons également une partie des fibres pour alimenter les chaudières de l’huilerie afin d’assurer son alimentation en vapeur, il n’y a évidemment pas assez de matière organique pour alimenter toute la plantation donc seule une petite partie (environ 7%) bénéficie de ces rafles et fibres.
Compenser le manque d’eau est beaucoup plus difficile car il n’est économiquement pas envisageable d’irriguer la plantation dont le déficit hydrique n’est problématique que certaines années. Nous essayons de limiter l’évaporation en veillant à ce que le sol soit le moins exposé possible de plus les palmiers ont tendance à développer un enracinement profond qui permet d’aller puiser de l’eau et des éléments nutritifs assez loin.
Pour essayer de limiter le lessivage des éléments nutritifs, même si cela demande plus de mains d’œuvre, nous appliquons de l’engrais dans les parties de la plantation qui ne reçoivent pas assez de matière organique en fractionnant les applications le plus possible. Nous faisons également des essais avec des engrais enrobés qui se diffusent lentement dans le sol et devraient ainsi mieux profiter aux palmiers, mais cela ne se fait pas encore de manière généralisée car c’est une option plus coûteuse.

Une autre influence du sable est son effet sur la mécanique car étant assez fin il a tendance à pénétrer partout provquant ainsi l’usure des pièces en mouvement façon papier émeri. Malheureusement la solution n’est pas d’augmenter la lubrification car les petits grains de sable viennent alors se coller dans l’huile ou la graisse et accélérant ainsi leur travail d’usure. J’en ai fait les frais avec mon vélo qui après quelques semaines a commencé à faire des grincements et craquements sinistres, d’abord attribué à un mauvais réglage du changement de vitesse. En fait, j’ai découvert que le sable a trouvé son chemin à l’intérieur de l’axe de la roue et complètement rongé celui-ci ainsi que les roulements à billes avec le résultat que la roue ne peut plus tourner sans ballotter d’un côté à l’autre. Cette situation me frustre un petit peu car lors de nos derniers congés j’avais ramené le vélo en Belgique justement pour faire vérifier toutes les pièces mobiles et les techniciens ont effectivement remplacé la chaîne et les pignons qui s’étaient eux aussi fortement usés à cause du sable, mais semblent avoir oublié de vérifier l’état des axes et en particulier celui de la roue arrière, chose que je ne pourrai malheureusement pas faire arranger ici. Je vais donc devoir profiter du passage de l’un de nos visiteurs pour renvoyer la roue en Belgique en espérant que cette fois elle sera réparée correctement car malheureusement je vais devoir suspendre à nouveau mes déplacements en bicyclette sous peine de détruire irrévocablement l’axe.

L’on pourrait espérer qu’avec tout ce sable, au moins pour la construction nous n’avons pas trop de difficultés, mais ce serait oublier qu’au Congo le sous-sol appartient au gouvernement (et leur interprétation du sous-sol commence dès la surface du sol), donc pas question de ramasser du sable sans, d’une part, s’acquitter des taxes et droits appropriés et, d’autre part, payer le prix officiel fixé par l’autorité des mines. Heureusement jusqu’à présent nous ne devons pas payer de taxe sur le sable que nos cantonniers enlèvent des drains et autres zones d’accumulation sur les routes, dans la mesure ou celui-ci est laissé sur place sur un tas que les prochaines pluies auront tôt fait de disperser. Pour consolider les routes, mais aussi pour les surfaces du terrain de tennis ou de volley, nous utilisons des petites termitières qui poussent un peu partout comme des champignons. La matière de ces termitières a l’avantage de se compacter assez bien lorsqu’elle est humide, mais surtout comme elle poussent au-dessus du niveau du sol celles-ci ne sont pas taxables…

Nous vous souhaitons une excellente semaine en espérant recevoir de vos nouvelles aussi,

Marc & Marie-Claude

With a few very small exceptions, the entire plantation is on golden sand which, when dry and powdery, gives the perfect illusion of dunes by the sea or in the desert. Fortunately it is never really dry here, because even in the dry season the mornings are foggy and humid and the fairly regular supply of rainwater still allows the development of a rather lush vegetation if left in peace. Just like the beach, sand is found everywhere in the house, shoes, car, office, it is not because it is blown by the wind but rather insidiously attached to the soles of shoes, trousers or dogs’ paws. I am surprised by the amount of sand that has to be swept out of my office every day, but this is probably due to the many visitors who come in and out when I am present.

This abundance of sand presents many challenges, including a rather important one concerning the water and mineral supply of palm trees. As soils are relatively low in organic matter, water and nutrients tend to percolate rapidly to the deep layers and are difficult to access, especially for young palm trees. To compensate for this, we try to maximize organic matter in the plantation by growing various kinds of cover crops (mainly legumes for their nitrogen supply) on the one hand, and by redistributing oil mill by-products such as empty fruit bunches and fibre (remaining after pressing the fruit) in the plantation on the other hand. As we also use part of the fibres to feed the oil mill’s boilers to ensure its steam supply, there is obviously not enough organic matter to feed the whole plantation, so only a small part (about 7%) benefits from these empty fruit bunches and fibres.
Compensating for the lack of water is much more difficult because it is not economically feasible to irrigate the plantation, whose water deficit is only problematic in certain years. We try to limit evaporation by ensuring that the soil is as little exposed as possible, and palm trees tend to develop deep roots that allow them to draw water and nutrients from the deeper layers in the ground.
To try to limit nutrient leaching, even if it requires more labour, we apply fertilizer to those parts of the plantation that do not receive enough organic matter by splitting applications as much as possible. We are also testing with coated fertilizers that release the nutrients slowly through the soil and should thus better benefit palm trees, but this is not yet widespread because it is a more expensive option.

Another influence of sand is its effect on the mechanics because being quite fine it tends to penetrate everywhere causing wear and tear of moving parts like emery paper. Unfortunately, the solution is not to increase lubrication because the small grains of sand then stick to the oil or grease and accelerate their wear work. I know firts hand what it can do with my bike, which after a few weeks started squeaking and creaking sinisterly. I first assumed this was due to a bad gear shift setting. In fact, I discovered that the sand had found its way inside the wheel axle and completely eaten away at it as well as the ball bearings with the result that the wheel can no longer rotate without tossing from one side to the other. This situation frustrates me a little bit because during our last holidays I brought the bike back to Belgium precisely to have all the moving parts checked and the technicians actually replaced the chain and sprockets which had also worn out badly because of the sand, but seem to have forgotten to check the condition of the axles and in particular that of the rear wheel, something that I unfortunately could not have fixed here. I will therefore have to take advantage of the passage of one of our visitors to send the wheel back to Belgium in the hope that this time it will be repaired correctly and unfortunately I will have to suspend my bicycle trips for the time being as otherwise it will irrevocably destroy the axle.

One could hope that with all this sand, at least for construction we do not have too many difficulties, but that would be forgetting that in Congo the subsoil belongs to the government (and their interpretation of the subsoil starts from the surface of the ground), so there is no question of collecting sand without, on the one hand, paying the appropriate taxes and fees and, on the other hand, paying the official price set by the mining authority. Fortunately so far we do not have to pay any sand tax that our roadmen remove from drains and other accumulation areas on the roads, as long as it is left on site on a pile that the next rains will soon disperse. To consolidate the roads, but also for the surfaces of the tennis or volleyball court, we use small termite mounds that grow everywhere like mushrooms. The material of these termite mounds has the advantage of compacting quite well when it is wet, but especially as they grow above ground level they are not taxable….

We wish you an excellent week and hope to hear from you too,

Marc & Marie-Claude

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Hivernage / Dry season

Bonjour vous tous,

dimanche 14 juillet, déjà plus de quinze jours que nous sommes de nouveau ensemble à Mapangu et je n’ai (presque) pas vu le temps passer! Par contre, changer, oui: aujourd’hui est l’un des premiers jours que nous n’avons pas commencé dans une purée de pois très romantique, soit, mais un peu oppressante. Je pense n’avoir jamais autant vécu de jours de brouillard l’un à la suite de l’autre à Londres que durant ces quinze derniers jours en Toscane congolaise!
D’ordinaire, le voile se lève vers onze heures, midi mais ces derniers jours la luminosité était la même jusqu’au coucher du soleil réduit à un halo orange avant de se fondre dans les ombres nocturnes jusqu’à son prochain essai d’aube. C’est donc avec grand plaisir que nous nous sommes,
1° levés plus tard que 4:20h.
2° réveillés avec une belle lumière dorée et, presque, une vue jusqu’au Kasaï!
Pour parfaire ce début de journée magnifique, Marc nous a préparé une délicieuse assiette de fruits frais du jardin (comme tous les matins !) suivie d’une remarquable omelette au fromage, toasts avec du pain aux noix fait maison et même des tranches de saumon fumé! Vous voyez, on ne se laisse pas aller !

A part cela, toujours pas de signe de Théo, notre psittacidé que nous espérons heureux avec des congénères en forêt.
Des personnes se sont présentées pour nous proposer d’autres gris du Gabon. Et, bien que le doux babil de Théo nous manque le matin, nous avons de nouveau expliqué que nous étions contre la capture de perroquets sauvages et que si l’un revenait, ce ne serait que Théo et parce qu’il avait été capturé depuis longtemps et que nous ne savions pas si il pouvait se débrouiller seul. S’il revient hanter le jardin, notre intention est de laisser la cage ouverte pour le laisser aller à sa guise et/ou de le nourrir à l’extérieur. Avec l’idée d’un retour à la vie sauvage, bien sûr. J’avoue que cela me ferait très plaisir d’apprendre que quelqu’un l’a entendu…
Pour rester dans le chapitre des familiers je dois absolument laver Makala qui dégage des essences très personnelles et peu à mon goût mais c’est une entreprise de grande envergure et j’aimerais tant avoir le nez bouché ce jour-là! Et Griezel importe des souris dans la maison ! Elle les ramène de l’extérieur puis les perds et les oublie! Donc, dorénavant, lorsqu’elle revient avec le produit de sa chasse, de grand matin, il me faut fermer la porte de correspondance entre le salon et nos quartiers jusqu’à ce que je sois certaine que la proie est passée de vie à trépas ou repartie dans la nature. Ce, pour éviter une infestation! Si vous ajoutez à cela une invasion de la nouvelle génération de cafards, il ne manque que quelques serpents pour parachever le chapitre faune. je vais essayer la terre de diatomées pour ma prochaine campagne de lutte anti-vermine.

En plantation, les agronomes et Marc sont un peu concernés car le nombre de régimes de palme est nettement inférieurs aux périodes de pointes des autres années. Il semblerait que d’autres plantations au Congo sont dans la même situation, ce serait “une année sans”. Cela implique une gestion encore plus prudente pour les différent DG… Et un peu plus de stress, il y a des impondérables partout… Mais à part cela, le calme est revenu et Marc va de nouveau au bureau en deux roues et cela lui fait du bien. La piscine hors-sol commandée par nos soins est enfin arrivée à destination après un périple en avion, camion et finalement baleinière. Les paris sont ouverts quant à quand elle sera montée et opérationnelle. Nous l’avons ici à la cathédrale depuis mercredi 10/07/2019, mais sans notice de montage… Heureusement il y a YouTube avec toutes sortes de vidéos qui montrent comment d’autres ont fait pour assembler leur bassin et s’assurer que l’eau reste dedans. N’oublions-pas que nous sommes au Congo et ici tout est possible.

Outre les activités de la plantation, Brabanta se doit aussi de mener des actions à caractère “social”. Ainsi nous distribuons des lampes solaires, des foyers améliorés pour la cuisine, du manioc, du maïs (contre participation financière) et de l’huile (gratuitement) à titre individuel pour nos employés, mais nous avons aussi des actions “communautaires”. Il y a peu nous avons finalisé le premier forage pour la distribution d’eau dans les campements de Mapangu, il faut savoir que les forages précédents (certains jusqu’à 200m de profondeur) avaient tous échoués, donc celui-ci est une réelle première. Au niveau communautaire nous construisons également des écoles et dans ce cadre se pose la question des bancs pour les élèves. Le prix des bancs varie de 12 à 40 dollars pièce, mais nous sommes arrivés à la conclusion que la durée de vie des bancs était la même quelque soit son prix et/ou sa qualité au départ, ici le label “Congo proof” n’a pas encore été inventé. Espérons que notre piscine survivra assez longtemps pour en profiter un peu, c’est la deuxième tentative et la précédente n’a pas même tenu assez longtemps pour être remplie avec de l’eau…

Sur cette note, nous vous quittons, bonnes vacances à ceux qui profitent de l’été et excellente semaine à venir à tous,

Marie-Claude et Marc

Good morning, all of you,

Sunday July 14th, already more than two weeks that we are together again in Mapangu and I (almost) didn’t see the time pass! On the other hand, changes, yes! Today is one of the first days that we did not start in a very dense fog, romantic yes, but a little oppressive. I think I have never experienced so many days of fog in a row while living in London as I have in the last two weeks in our Congolese Tuscany!
Usually, the veil rises around eleven o’clock or noon, but in recent days the lack of brightness has been the same until sunset, with the sun reduced to an orange halo before melting into the night shadows until its next dawn test. So it was a great pleasure for us to
1° get out of bed later than 4:20h.
2° wake up with a beautiful golden light and, almost, a view to Kasai!
To complete this wonderful start to the day, Marc prepared a delicious plate of fresh fruit from the garden (as he does every morning!) followed by a remarkable cheese omelette, toast with home made walnut bread and even a few slices of smoked salmon! You see, we don’t let ourselves drift into despair!

Apart from that, still no sign of Theo, our feathered friend, we hope it to be happy with fellow forest dwellers.
Some people came forward to offer us other Grays (as these parrots are known). Although we miss Theo’s sweet babbling in the morning, we explained again that we were against catching wild parrots and we only agreed to keep this one because we were otherwise unsure of its fate when its previous “owner” departed, but that if one came were to come back at home, it would only be Theo and because he had been caught a long time ago and we didn’t know if he could do it alone in the wild. If he comes back to haunt the garden, our intention is to leave the cage open to let him go as he pleases and/or to feed him outside. With the idea of a return to wildlife, of course. I must admit that I would be very happy to know that someone heard it somewhere around the plantation…

To stay in the chapter of the company animals, I must absolutely wash Makala which gives off very personal fragrance that is not really to my taste, but this is a large-scale enterprise and I would like so much to have my nose blocked that day! And Griezel, our feline companion, imports mice into the house! She brings them back from the outside and then loses them and/or forgets them! So from now on, when she comes back with the product of her hunt, in the early morning, I have to close the connecting door between the living room and our quarters until I am sure that the prey has either been eaten or returned to the wild. This is to avoid an infestation! If you add to that an invasion of the new generation of cockroaches, the omnipresence of termites in various parts of the house, only a few snakes are missing to complete the wildlife chapter of our home. I will try diatomaceous earth for my next vermin control campaign.

In the plantation, the agronomists and Marc are a little concerned because the number of palm bunches are much lower than the peak periods of other years. It seems that other plantations in Congo are in the same situation, it would be “a year without”. This implies even more prudent management for the different plantation managers…. And a little more stress, there are imponderables everywhere…. But apart from that, the calm has returned and Marc goes back to the office on two wheels and it seems to do him good.

The above-ground pool we ordered finally arrived at its destination after a trip by plane, truck and finally canoe. The bets are open as to when it will be assembled and operational. We have it here at the cathedral since Wednesday, but without assembly instructions… Fortunately there is YouTube with all kinds of videos that show how others have done to assemble their pool and make sure the water stays in. Let us not forget that we are in Congo and here everything is possible.

In addition to the plantation activities, Brabanta must also carry out “social” actions. For example, we distribute solar lamps, improved cooking stoves, cassava, maize (for a financial contribution) and oil (free of charge) individually for our employees, but we also have “community” actions. Recently we finalized the first borehole for water distribution in the Mapangu camps, it should be known that the previous boreholes (some up to 200m deep) had all failed, so this is a real first. At the community level we are also building schools and in this context the question of benches for students arises. The price of the benches varies from 12 to 40 dollars each, but we have come to the conclusion that the life span of the benches was the same regardless of its price and/or quality at the beginning, here the label “Congo proof” has not yet been invented. Hopefully our pool will survive long enough to enjoy it a little, this is the second attempt and the previous one didn’t even last long enough to be filled with water…

On this note, we leave you, have a good holiday for those who are enjoying summer and an excellent week ahead for all of you,

Marie-Claude and Marc

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Houdini

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Comme vous le savez, outre nos deux compagnons poilus, Makala la chienne et Griezel la chatte, nous avions également hérité d’un volatile, un perroquet gris, répondant au nom de Théo. Théo, un perroquet gris qui avait été capturé dans la nature environnante et vendu à l’un des expatriés qui travaillait et vivait ici à Mapangu, vivait depuis les 5 dernières années dans une cage alors que ses congénères passaient régulièrement au-dessus de la maison en poussant leurs cris très caractéristiques mais bien moins spectaculaires que le large répertoire de Théo.
L’avenir de Théo était une question qui nous tourmentait l’esprit car d’une part comme il avait été capturé dans la nature il ne pourrait en aucun cas être admis à voyager car il fait partie d’une espèce protégée, même si ici le nombre de perroquets de son espèce ne manquent pas. D’autre part, si nous quittons Mapangu, ce qui finira par arriver tôt ou tard, qu’adviendra-t-il de Théo si les nouveaux occupant de la maison ne veulent pas prendre en charge un tel volatile.
L’alternative à laquelle nous avons également pensé serait de relâcher Théo dans la nature, mais un perroquet ayant vécu autant d’années en captivité serait-il capable de subvenir à ses besoins de nourriture et d’eau sans avoir un approvisionnement régulier dans sa mangeoire? Nous avons néanmoins préféré lui laisser pousser les plumes (que notre prédécesseur faisait couper régulièrement) en estimant que si d’une part il serait plus difficile de le rattraper s’il sortait de sa cage, d’autre part il aurait plus de chances d’échapper aux chiens, chats et autres prédateurs qui errent dans le coin.
Hier, à la faveur d’une distraction de notre cuisinier qui n’a pas correctement refermé la cage après avoir nourri Théo, celui-ci a décidé de se faire la belle et a disparu dans la nature. Soit le fait de se retrouver dans la nature lui a cloué le bec et même si pas trop éloigné il a décidé de ne donner aucun signe auditif de présence, soit il a décidé de prendre ses distances de manière radicale, et, où qu’il se trouve, ses manifestations ne sont pas audibles jusqu’à la Cathédrale. Nous avons gardé la cage ouverte avec de la nourriture et de l’eau dans son bol pour le cas où il déciderait de revenir nous rendre visite, mais il n’est pas impossible qu’il ait profité du passage de congénères pour se joindre à ses pareils et redécouvrir la vie sans barreaux et humains qui viennent lui apprendre des paroles insensées et lui gratter la tête. En principe, vu son jeune age, il (ou elle car nous ne savons en fait pas si notre volatile est mâle ou femelle) a encore de longues années de vie devant lui et même si sa présence bruyante fait tout à coup défaut, nous sommes soulagés de ne pas avoir à prendre la décision de le lâcher dans la nature ou de le laisser à une personne qui n’en prendrait peut-être pas bien soin lorsque nous bougerons. Qui sait, un de ces jours nous serons peut-être surpris par un “Cracoucas”, “Alerte Rouge”, “Makala pfiuuu!”, “Rise & shine” tonitruant dans la plantation et rien ne nous ferait plus plaisir.

Changeons de sujet, beaucoup plus technique cette fois, à savoir le principe de JIT (Just in Time ou Juste à Temps) utilisé par maintes entreprises pour gérer de manière optimale leurs stocks et éviter ainsi l’immobilisation de moyens financiers importants. C’est un concept éminemment difficile à appliquer ici puisque nos commandes peuvent prendre entre 12 et 18 mois pour arriver sur plantation à cause des délais d’expédition, de dédouanement et d’acheminement jusqu’à chez nous. De fait c’est souvent juste à temps que nous recevons les fournitures (carburant, lubrifiants, outillage, pièces de rechange), malgré le fait de les avoir commandées avec des délais difficiles à imaginer en Europe.
Il n’y a pas que pour les approvisionnements qu’ici à Mapangu nous appliquons le JIT, mais il s’agit d’une variante à la congolaise qui n’est pas exactement favorable à nos besoins de trésorerie et qui me garde parfois éveillé la nuit. Il faut savoir que nos cuves de stockage d’huile sont actuellement quasi pleines ce qui” , faute de barge nous permettant de charger de l’huile pour l’un de nos clients, nous obligerait de suspendre nos activités de production dès le début de semaine prochaine, dans deux jours. Nous avons fait monter des barges à vide depuis Kinshasa qui auraient dû nous parvenir il y a près d’un mois, mais c’est sans compter avec les aléas de la navigation en saison sèche, les pannes, le vent (eh oui, apparemment même sur le Kasaï le vent peut obliger les convois à s’arrêter) avec le résultat que la première barge ne nous est parvenue qu’aujourd’hui, juste à temps pour nous permettre de la nettoyer, la faire inspecter par l’office de contrôle congolais (OCC) et commencer à charger mardi, juste au moment où nous aurions été obligés de suspendre nos activités de production. Si ça n’est pas du Just in Time il faudra redéfinir la notion, même si dans ce cas-ci c’est exactement l’opposé de la solution optimale recherchée…

Comme vous voyez, il y a toujours quelque chose pour nous tenir occupés et éviter que l’on se morfonde de lassitude sur notre île virtuelle.

Nous espérons entendre ou lire de vos nouvelles également, même s’il ne s’agit pas d’animaux sauvages qui reprennent leur liberté ou de stress de livraisons hors délais,
bises à tous,

Marc & Marie-Claude

As you know, in addition to our two hairy companions, Makala the dog and Griezel the cat, we also inherited a bird, a grey parrot, named Theo. Theo, a protected parrot that had been captured in the surrounding wilderness and sold to one of the expatriates who worked and lived here in Mapangu, had been living in a cage for the past 5 years while his fellow creatures regularly passed over the house shouting their very characteristic but much less spectacular cries than Theo’s wide repertoire.
Theo’s future was a question that tormented our minds because on the one hand, as he had been captured in the wild, he could never be allowed to travel because he was part of a protected species, even if there is no shortage of parrots of his species here. On the other hand, if we leave Mapangu, which will eventually happen sooner or later, what will happen to Theo if the new occupants of the house do not want to take care of such a bird?
The alternative we also thought about would be to release Theo into the wild, but would a parrot that had lived so many years in captivity be able to provide for its food and water needs without having a regular supply in its feeder? Whatever the option, we decided to let him grow back his feathers (which our predecessor had cut regularly), considering that while it would be more difficult to catch him if he got out of his cage, he would also have a better chance of escaping from the dogs, cats and other predators that roam the area.
Yesterday, as a result of a distraction from our cook, who did not properly close the cage after feeding Theo, he (Theo) decided to make the best out of it and disappeared into the wild. Either the fact of being out in the open has shut his beak and even if not too far away he has decided not to give any auditory sign of presence, or he has decided to distance himself radically, and, wherever he is, his manifestations are not audible up to the Cathedral. We kept the cage open with food and water in his bowl in case he decided to come back to visit us, but it is not impossible that he took advantage of the passage of a other parrots to join them and rediscover life without bars and humans who come to teach him crazy words and scratch his head. In principle, given his young age, he (or she because we don’t actually know if our bird is male or female) still has many years of life ahead of him and even if his noisy presence is suddenly missing, we are relieved not to have to make the decision to release him into the wild or leave him to someone who might not take good care of him when we move. Who knows, one of these days we may be surprised by a thundering “Krakoukas”, “Red Alert”, “Makala pfiuuuu!”, “Rise & shine” in the plantation and nothing would please us more.

Let’s change the subject, much more technical this time, namely the principle of JIT (Just in Time) used by many companies to optimally manage their stocks and thus avoid the immobilization of significant financial resources. This is an extremely difficult concept to apply here since our orders can take between 12 and 18 months to arrive on the plantation because of the delays in shipping, customs clearance and local delivery difficulties to reach us. In fact, it is often just in time that we receive the supplies (fuel, lubricants, tools, spare parts), despite the fact that we ordered them with lead times that are difficult to imagine in Europe.
It is not only for supplies that here in Mapangu we apply the JIT, but latter I am about to describe is a Congolese variant that is not exactly favourable to our cash flow needs and that sometimes keeps me awake at night. It should be noted that our oil storage tanks are currently almost full, and without a barge to load oil for one of our customers, we would have to suspend our production activities early next week, in fact as sson as within two days. We have paid for empty barges to be brought from Kinshasa, which should have reached us almost a month ago, but that is without taking into account the hazards of navigation in the dry season, breakdowns, wind (yes, apparently even on Kasai the wind can force convoys to stop) with the result that the first barge has only reached us today, just in time to allow us to clean it, have it inspected by the Congolese Control Authority (OCC) and start loading on Tuesday, just when we would have been forced to suspend our production activities. If it is not Just in Time, it will be necessary to redefine the notion, even if in this case it is exactly the opposite of the optimal solution sought…

As you can see, there is always something to keep us busy and avoid being bored from life on our virtual island.

We hope to hear or read your news as well, even if they are not wild animals being returning to their freedom or the stress of late deliveries.
Kisses to all of you,

Marc & Marie-Claude

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Mondanités – Socialising

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Mardi, avec notre avion du mois, Marie-Claude a rejoint la plantation après plus de deux mois d’absence. Cet exil prolongé n’était pas prévu, mais vu l’incertitude sur l’état de sécurité à Mapangu nous avions choisi de revenir en différé. Avec le recul ce n’était probablement pas nécessaire mais comme il se dit “avec si on peut mettre Paris en bouteille”.
Dans le même avion, nous avons également accueilli le directeur technique du groupe Socfin qui est venu passer quelques jours à Mapangu pour faire le point sur nos installations (huilerie, garage, etc.). Pendant sa courte visite, il est resté seulement deux jours sur place avant de repartir à Kinshasa via Ilebo ce vendredi, les déjeuners et dîners se sont succédé et nous avons probablement mangé et bu plus en deux jours que toute une semaine normale.
Cela ne nous a pas empêché de retrouver tous les expatriés pour un déjeuner à la Cathédrale hier midi, car exceptionnellement nous avoins un long week-end à l’occasion de la fête nationale de la RDC. Au-delà du plat principal qui était délicieux, Marie-Claude nous a gâté avec une tarte tatin aux pommes et noix qui était particulièrement réussie et bonne. Tout le monde ayant été très raisonnable, il en reste même quelques morceaux pour faire une deuxième dégustation pour me permettre de confirmer si réellement cette tarte est aussi exceptionnelle que lors du déjeuner de hier.

Aujourd’hui c’est le cinquante neuvième anniversaire de l’indépendance du Congo, mais, à l’instar des trois années précédentes, les autorités ont décidé qu’il n’était pas approprié d’organiser de défilé ou de manifestation publique pour des raisons de sécurité. Il faut dire que la semaine dernière était consacrée aux examens d’état qui mobilisent toutes les autorités locales (policières, renseignement, administratives et même militaires), officiellement, pour s’assurer que les examens se déroulent en toute impartialité, pratiquement, parce que tous veulent leur part du gâteau… Officiellement les élèves doivent s’acquitter d’une inscription aux examens de 35.000 francs, mais certaines écoles et inspecteurs de Mapangu n’hésitent pas à demander jusqu’à 150.000 francs sous prétexte de devoir couvrir des frais de mission et de logistique, la différence étant pour la poche des “autorités” locales. Ce racket se déroule chaque année et personne ne semble pouvoir ou vouloir dénoncer le processus de peur de voir leurs enfants refoulés aux examens, probablement aussi car “le gâteau” est partagé jusqu’aux plus hauts échelons de l’administration. Beaucoup de travailleurs (et non-travailleurs) sont obligés de s’endetter fortement pour que leur(s) enfant(s) puisse(nt) être admis aux examens. Quand j’appelle les préfets des écoles de Mapangu pour comprendre ce qui se passe, ils me jurent les grands dieux que le tarif officiel est strictement appliqué, mais quand je propose de venir payer moi-même ce montant contre réception d’un reçu officiel toutes sortes de complications sont avancées pour expliquer que c’est aux élèves de venir régler cela eux-même parce que parfois ils ont des dettes pour du matériel ou d’autres services non-payés.

Une autre raison, officieuse celle-là, pour laquelle les manifestations de célébration de la fête nationale ont été supprimée est beaucoup plus typique d’ici, à savoir le risque pour les hommes de perdre leur sexe. Je devine que cela demande quelques lignes d’explications car, moi non plus, je n’ai pas bien compris le problème. A la base, il circule une rumeur comme quoi certaines personnes seraient dotées de pouvoirs magiques qui leur permettent de dérober le sexe d’un homme en lui serrant simplement la main. Ce ne serait rien si les autorités, y compris notre médecin, le chef de secteur et d’autres notables, n’étaient pas convaincus de la véracité de ces allégations, au point d’émettre une recommandation officielle d’éviter de serrer la main des personnes rencontrées. Cela va jusqu’au point ou lors des célébrations à l’église, lorsque vient le moment pour la congrégation de se serrer la main avec ses voisins, les recommandations sont de simplement faire un petit geste mais d’éviter le contact physique. Il va sans dire que personne n’est en mesure de témoigner avoir vu de ses propres yeux une personne ayant été dérobée de ses attributs masculins et encore moins d’avoir vu l’effective absence des attributs. En attendant, dans l’ignorance de ce grave fléau, je continuais à serrer la main de mes collaborateurs et travailleurs. Mon directeur des relations publiques m’a entre-temps informé que compte tenu des circonstances (auxquelles il ne donne évidemment aucune crédibilité…???) il serait préférable que je ne serre plus la main des gens….

Ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière fois que des rumeurs farfelues circulent dans le coin. La dernière fois l’histoire était que le chef de secteur et notre directeur des relations publiques étaient impliqués avec les expatriés dans un trafic d’organes humains. Ici la frontière entre la réalité et le mystique est très vague et tout ce qui ne s’explique pas tout à fait clairement dans la tête des gens est forcément lié à de la magie. Ainsi notre médecin a eu une inflammation du pied qui a gonflé et était fort douloureux, probablement le résultat d’une infection, mais selon le médecin (et là, les choses deviennent quand même inquiétantes) c’était le résultat d’un sort qui lui avait été jeté… Il n’est donc pas nécessaire d’expliquer en détail pourquoi, en cas de problème médical, nous préférons nous rendre à Kinshasa ou en Europe.

En espérant que ces quelques lignes vous trouveront bien et dans l’attente de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

On Tuesday, with our monthly plane to Mapangu, Marie-Claude rejoined me on the plantation after more than two months of absence. This prolonged exile was not planned, but given the uncertainty about the security situation in Mapangu, we chose to return in a staggered manner. With hindsight this was probably not necessary but with hindsight everything is possible.

In the same plane, we also welcomed the technical director of the Socfin group who came to Mapangu for a few days to review our facilities (oil mill, garage, etc.). During his short visit, he stayed only two days here before leaving for Kinshasa via Ilebo on Friday, lunches and dinners followed one another and we probably ate and drank more in two days than in a normal week.

This did not prevent us from meeting all the expatriates for a lunch at the Cathedral yesterday, because exceptionally we are having a long weekend on the occasion of the DRC’s national holiday. Beyond the main course which was delicious, Marie-Claude spoiled us with a particularly successful and delicious apple and walnut tatin pie. Everyone having been very reasonable, there are even a few pieces left to make a second tasting, which may enable me to confirm if really this pie is as exceptional as it was during yesterday’s lunch.

Today is the fifty-ninth anniversary of Congo’s independence, but, as for the previous three years, the authorities have decided that it is not appropriate to hold a parade or public demonstration for security reasons. It must be said that last week was devoted to the school’s state exams that involve all local authorities (police, intelligence, administrative and even military), officially, to ensure that the reviews are conducted in complete impartiality, practically, because everyone wants their share of the cake… Officially, students must pay 35,000 francs for exam registration, but some schools and inspectors in Mapangu do not hesitate to ask up to 150,000 francs on the pretext of having to cover mission and logistics costs, the difference being for the pocket of the local “authorities”. This racket takes place every year and no one seems to be able or willing to denounce the process for fear of having their children turned away for exams, probably also because the “cake” is shared up to the highest levels of the administration. Many workers (and non-workers) are forced to incur significant debt in order for their child(ren) to be admitted to the examinations. When I call the heads of the Mapangu schools to understand what is going on, they swear to the gods that the official rate is strictly applied, but when I propose to come and pay this amount myself against receipt of an official receipt, all kinds of complications are put forward to explain that it is up to the students to come and pay for it themselves because sometimes they have debts for unpaid equipment or other services accrued during the school year.

Another reason, unofficial that one, for which the parade and other events celebrating the national holiday have been suppressed is much more typical of here, namely the risk for men to lose their sex. I guess this statement requires a few lines of explanation because I didn’t understand the problem either. Basically, there is a rumour that some people have magical powers that allow them to steal a man’s sex by simply shaking his hand. It would be nothing if the authorities, including our doctor, the sector head (mayor) and other notables, were not convinced of the truth of these allegations, to the point of issuing an official recommendation to avoid shaking hands when meeting people, whether known or not. This goes to the point that during church celebrations, when it comes time for the congregation to shake hands with its neighbours, the priest recommendations are to simply make a small gesture but avoid physical contact. It goes without saying that no one is able to testify that they have seen with their own eyes a person who has been robbed of their male attributes, let alone that they have seen the actual absence of the attributes. In the meantime, in ignorance of this serious scourge, I continued to shake hands with my collaborators and workers. In the meantime, my Director of Public Relations has informed me that given the circumstances (to which he obviously gives no credibility…???) it would be better if I no longer shake hands with people….

This is not the first time and certainly not the last time that crazy rumours are circulating in the area. The last time the story was that the local mayor and our public relations director were involved with expatriates in human organ trafficking. Here in Mapangu the boundary between reality and mysticism is very vague and everything that is not quite clearly explained in people’s minds is necessarily linked to magic. Even our doctor, who had an inflammation of the foot that swelled and was very painful, probably the result of an infection, was convinced (and things are getting worrying anyway) that it was the result of a spell that had been cast on him… It is therefore not necessary to explain in detail why, in the event of a medical problem, we prefer to travel to Kinshasa or Europe.

We hope that these few lines will find you well and waiting for your news,

Marc & Marie-Claude

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Relax ?!

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Quand on vit en brousse comme nous, sur notre île du Kasaï, loin du stress de la ville, du trafic, du bruit, de la lumière omniprésente, de la pollution, il est aisé de penser que l’on vit dans un endroit qui doit être reposant. Ce serait peut-être encore plus le cas si nous étions réellement sur une île avec la mer et la plage où l’on pourrait s’installer sous les cocotiers pour profiter de la quiétude des lieux.
Ici il n’y a pas la plage à proprement parler, mais depuis la reprise de la saison sèche le niveau de l’eau de la rivière Kasaï a rapidement baissé révélant des bancs de sable où il est possible d’aller s’installer pour un barbecue et où les plus courageux vont se baigner dans la rivière en évitant les zones de fort courant et tourbillons. Aller jusqu’au bancs de sable nécessite toutefois toute une logistique et n’est pas quelque chose que nous pouvons faire de manière impulsive ou seuls. Outre le piroguier et matelot qui sont nécessaires pour nous amener à bon port, le banc de sable est dénué de toute forme d’abris (il est sous l’eau pendant plus de six mois de l’année) et il faut donc aussi y construire une paillote pour ne pas être grillés vifs par le haut (le soleil) et le bas (le sable devient extrêmement chaud).
Pour palier à cela, nous avons investi dans une petite piscine surélevée que nous allons installer près de la Cathédrale. A défaut de sable cela nous permettra de faire quelques brasses en rentrant du travail ou durant le week-end. La piscine doit toutefois encore arriver, elle était supposée être chargée sur une barge qui est arrivée chez nous la semaine passée, mais c’est sans compter sur le fait que nous sommes au Congo et que le transporteur à oublié de la mettre à bord…
Il est indéniable que le fait de ne pas avoir d’artère routière fonctionnelle et/ou importante dans les environs (même éloignés), pas d’électricité généralisée, pas d’industrie polluante et un paysage généralement sauvage assure un environnement où les seuls bruits sont ceux du vent, des oiseaux, des insectes et occasionnellement les cris, chants ou autres bruits humains dans la distance. Nous bénéficions d’un air qui ne pourrait être plus propre puisque nous sommes entourés de plantes, arbres et autre végétaux qui éliminent les rares petites particules indésirables qu’il pourrait y avoir dans l’air. Cela ne veut pas dire que nos véhicules ne génèrent pas des crasses dans l’air, certains de nos camions sont de vrais fumigènes dont les émanations gazeuses échoueraient sans aucun doute tout test de contrôle technique en Europe, mais compte tenu de leur nombre limité sur une étendue gigantesque leur impact est imperceptible dans notre environnement.
Un autre bénéfice de notre région est le fait d’avoir des ciels étoilés comme il n’est plus possible de voir en Europe, à quelques rares exceptions près (quand il ne fait pas nuageux évidemment). Je me souviens de la magie de la voie lactée lors de nos premières vacances en Espagne, époque où il n’y avait que les petits villages qui avaient de l’électricité et le reste de la vallée devant la maison était sinon plongée dans l’obscurité quasi totale avec un ciel exceptionnel de clarté. En Espagne, du moins dans les environs où nous allions en vacances, cette magie n’existe plus, mais ici les ciels resteront probablement encore longtemps indemnes de la pollution de lumière.
Quand je pars à l’appel le matin ou je me déplace dans la plantation à n’importe quelle heure de la journée, le seul trafic que je risque de croiser est un tracteur ou camion qui transporte la récolte entre la plantation et l’huilerie. Le risque d’embouteillage est une illusion que les gens d’ici ont du mal à imaginer, d’autant plus qu’ici tous les chauffeurs et moi nous nous connaissons, donc le retard éventuel serait plus lié à un arrêt pour discuter plutôt que de faire la file derrière d’autres véhicules. En plus quand les autres véhicules voient ma voiture arriver, privilège de DG obligeant, ils se mettent de côté pour me laisser passer.
Donc on est en droit de s’imaginer que la vie ici est assez relax, pas de stress et tout et tout. Pour certains aspects c’est vrai, mais pour d’autres c’est tout du contraire à commencer par les heures de travail qui frisent souvent avec 13 ou 14 heures par jour, certes avec une pause d’une petite heure à midi. Heureusement il y a le dimanche pour souffler un peu et s’occuper des choses qui n’ont pas un lien direct avec le travail, comme par exemple écrire ces nouvelles.
De même, le fait de vivre en quelque sorte sur une “île”, il n’est pas question de filer rapidement chez un fournisseur pour aller chercher le produit qui nous manque. Pour la maison nous sommes organisés et planifier nos achats de manière mensuelle ne pose pas trop de problèmes, mais quand il s’agit des pièces de rechange pour l’huilerie ou les véhicules c’est une autre histoire. Beaucoup de nos pièces doivent être importées et quand il s’agit de blocs moteur, pièces d’usine, etc. qui pèsent individuellement plusieurs centaines de kilos, cela doit venir par bateau. Ainsi certaines de nos commandes arrivent plus de 12 mois après les avoir passées à cause de tous les délais et points d’attente en cours de route. Je puis vous assurer que prévoir plus de 12 mois à l’avance quelles pièces de rechange nous aurons besoin n’est pas une science exacte et il y a des moments où cette incertitude est tout sauf relaxante. Dans certains cas extrêmes nous en arrivons à fabriquer nous-mêmes des pièces mécaniques (roue dentée pour boite de vitesse, axes de transmission, etc.) pour ne pas être bloqués et puis dans d’autre cas les pièces commandées, quand elles nous arrivent finalement, ne correspondent pas à ce que nous avons besoin. C’est le cas en particulier des pièces pour nos camions Kamaz (russes) qui semblent changer de références de manière fréquente mais sans réelle possibilité de contrôle, ce qui ne nous aide pas.
Finalement, la saison sèche et les bancs de sable n’aident pas à la navigation fluviale et, combinant cela avec de sérieux problèmes logistiques au port d’Ilebo où les barges doivent parfois attendre 4 mois pour être déchargées, les barges qui sont supposées évacuer notre huile ne viennent pas ou ne peuvent charger qu’une infime partie de leur capacité. Entre temps nos cuves se remplissent et on voit le moment où nous serons obligés de tout mettre à l’arrêt à cause d’une capacité d’évacuation insuffisante, ce qui n’est pas exactement relaxant ! Jusqu’à présent nous avons chaque fois réussi à éviter ce genre de désastre, nous devrions arriver à encore une fois contourner le problème, mais je croise quand même les doigts.

Nous espérons avoir de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

When one lives in the bush like us, on our Kasai “island”, far from the stress of the city, the traffic, the noise, the omnipresent light, the pollution, it is easy to think that we live in a place that must be relaxing. This would perhaps be even more the case if we were really on an island with the sea and the beach where we could settle under the coconut trees to enjoy the tranquility of the place.
There is no beach here strictly speaking, but since the dry season resumed, the water level of the Kasai River has quickly dropped, revealing sandbanks where it is possible to go for a barbecue and where the most courageous go swimming in the river avoiding areas of strong currents and whirlpools. However, going to the sandbanks requires a whole logistic setup and is not something we can do on impulse or alone. In addition to the dugout canoe and sailor who are necessary to get us to our destination, the sandbank is devoid of any form of shelter (it is under water for more than six months of the year) and it is therefore also necessary to build a straw hut so as not to be grilled alive from the top (the sun) and the bottom (the sand becomes extremely hot).
To compensate for this, we have invested in a small raised swimming pool that we will install near the Cathedral. Even thought there will be no sand or beach, it will allow us to swim a few strokes when we get home from work or during the weekend. However, the pool still has to arrive, it was supposed to be loaded on a barge that arrived here last week, but that’s without counting on the fact that we are in Congo and that the carrier forgot to put it on board…
It is undeniable that the fact of not having a functional and/or important road artery in the surroundings (even far away), no generalized electricity, no polluting industry and a generally wild landscape all around us ensures an environment where the only noises are those of the wind, birds, insects and occasionally screams, songs or other human noises in the distance. We enjoy an air that couldn’t be cleaner since we are surrounded by plants, trees and other plants that remove the rare small unwanted particles that may be in the air. This does not mean that our vehicles do not generate dirt in the air, some of our trucks are real smoke generators whose gaseous emissions would undoubtedly fail any roadworthiness test in Europe, but given their limited number over a huge area their impact is imperceptible in our environment.
Another benefit of our region is the fact that it has starry skies like it is no longer possible to see in Europe, with a few rare exceptions (when it is not cloudy of course). I remember the magic of the Milky Way during our first holidays in Spain, when there were only the small villages with electricity and the rest of the valley in front of the house was otherwise almost completely dark with an exceptional skylight. In Spain, at least in the surroundings where we used to go on holiday, this magic no longer exists, but here the skies will probably remain free of light pollution for a long time to come.
When I leave for muster in the morning or move around the plantation at any time of the day, the only traffic I may encounter is a tractor or truck that transports the crop between the plantation and the oil mill. The risk of traffic jams is an illusion that people here have a hard time imagining, especially since here all the drivers know each other, so the possible delay would be more related to a stop to chat rather than queuing up behind other vehicles. In addition, when the other vehicles see my car arrive, GM privilege obliging, they put themselves aside to let me pass.
So we are entitled to imagine that life here is quite relaxed, no stress and all that. For some aspects this is true, but for others it is quite the opposite, starting with working hours, which are often close to 13 or 14 hours a day, even though with a break of about one hour at noon. Fortunately, there is Sunday to take a break and take care of things that are not directly related to work, such as writing this posting
Likewise, living on an “island” of sorts, there is no question of rushing to a supplier to get the product we need. For the house we are organized and planning our purchases on a monthly basis does not pose too many problems, but when it comes to spare parts for the oil mill or vehicles it is another story. Many of our parts have to be imported and when it comes to engine blocks, factory parts, etc. that individually weigh several hundred kilos, it has to come by boat. Thus some of our orders arrive more than 12 months after having placed the order, because of all the delays and waiting points along the way. I can assure you that predicting more than 12 months in advance what spare parts we will need is not an exact science and there are times when this uncertainty is anything but relaxing. In some extreme cases we manage to manufacture mechanical parts ourselves (gearwheel for gearboxes, transmission axles, etc.) so as not to be blocked and then in other cases the parts ordered, when they finally arrive, do not correspond to what we need. This is particularly the case for parts for our Kamaz (Russian) trucks, which seem to change references frequently but without any real possibility of control, which does not help us.
Finally, the dry season and the sandbanks do not help inland navigation and, combined with serious logistical problems at the port of Ilebo where barges sometimes have to wait 4 months to be unloaded, the barges that are supposed to transport our oil do not come or can only load a small part of their intended capacity. In the meantime our tanks are filling up and we see the moment when we will have to shut down everything because of insufficient storage capacity, which is not exactly relaxing! So far we have managed to avoid this kind of disaster every time, we should be able to get around the problem again, but I am keeping my fingers crossed.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Boum! – Bang!

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Depuis mon retour de congé j’ai été bien occupé principalement avec des tâches administratives et des visites de toutes sortes de personnes dont beaucoup venaient exprimer leur surprise et satisfaction de mon retour car une rumeur circulait dans Mapangu que nous étions parti définitivement, certains prétendant même que j’en aurais profité pour vider la caisse de la société (c’est pour cela que vous m’avez peut-être vu circuler dans une voiture de luxe pendant mes congés)… Mais le soulagement des travailleurs était surtout de savoir que comme j’étais de retour il leur serait possible d’acheter encore des lampes Waka-waka. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la lampe Wake-waka, il s’agit d’un petit boîtier dont une des faces est munie d’un panneau solaire et l’autre de deux lampes LED ainsi que d’une prise USB permettant de charger un téléphone par exemple. Comme ici la région est démunie d’électricité ces lampes permettent à nos travailleurs de s’éclairer (il y a une autonomie allant jusqu’à 150 heures d’éclairage) et de recharger leur téléphone sans devoir acheter des piles (chinoises) qui ne durent que quelques heures ou de payer quelqu’un pour charger leur téléphone via un panneau solaire. A ce jour nous avons déjà distribué plus de 2.500 de ces lampes qui commencent à se retrouver également via des marchés parallèles dans les villes voisines comme Ilebo, Idiofa et Kikwit. Je crois aussi que bon nombre aboutissent à Kinshasa qui, malgré le fait d’être électrifié, souffre de fréquentes coupures de courant durant lesquelles une lampe de poche est la bienvenue. Etant fort prisées, ces lampes sont la convoitise de voleurs qui savent qu’elles devront tôt ou tard être laissées au soleil pour être rechargées, et ils profitent de ces moments pour les dérober. Bref, la seule raison qui fait que les travailleurs de Brabanta auraient regretté mon départ était l’éventuelle suspension de l’approvisionnement en lampes Waka-waka. Au moins je sais quelles sont les priorités et puis nous ne sommes pas encore parti!

Mais ce n’est pas cela l’objet du titre car, non, les lampes Waka-waka permettent de faire beaucoup de choses mais pas vraiment de boum. En fait, le boum dont je voulais parler est celui de la production de la plantation. A la fin de la semaine dernière nous étions à spéculer combien il serait nécessaire de revoir nos budgets de production à la baisse vu le faible nombre de régimes et de fruits de palme sortant de la plantation. Et puis cette semaine BOUM! la production a explosé passant de 150 tonnes de récolte par jour à 600 tonnes par jour, le pourquoi et le comment restant un de ces mystères de la nature car durant les mois précédents nous avons maintes fois pensé que la production devait augmenter au vu des régimes sur les palmiers et rien ne se passait et maintenant, alors que nous nous étions résignés à attendre encore un peu, sans crier gare les palmiers commencent à cracher leurs régimes et fruits plus vite que nous ne pouvons les récolter. Heureusement nous avons tout un lot d’outillage qui arrive avec une barge aujourd’hui ou demain (brouettes, ciseaux de récolte, etc.) et nous sommes, à part cela, fin prêts pour fonctionner à plein pots pendant les mois de pointe qui viennent.

Tout est prêt, ou presque car par acquis de conscience j’ai demandé au directeur de l’huilerie de s’assurer que notre deuxième générateur était tout à fait opérationnel car, en période de pointe, nous devons fonctionner 24h sur 24 . Si par hasard le premier générateur s’arrête pour une raisons ou une autre je préfère savoir qu’il suffit d’allumer l’autre. Eh bien non, le deuxième générateur refusait de s’allumer, ce qui fait que nous avons fait venir d’urgence un technicien de Kinshasa (car le générateur en question est encore sous garantie) et, ouf, les choses sont maintenant opérationnelles. Il semblerait que c’était une petite chose (une alarme à désactiver) mais qui était quand même assez sérieuse pour que la venue du technicien en personne soit nécessaire. Heureusement, ayant fait ce contrôle jeudi, nous avons encore eu juste le temps d’organiser la venue du technicien avec l’avion hebdomadaire d’Ilebo.

Pour pouvoir évacuer tous les régimes de la plantation vers l’huilerie, nous avons mis en place quatre points de collecte munis d’un quai sec où il est possible de charger de gros camions et éviter ainsi que les tracteurs doivent aller déposer leur charge jusqu’à l’usine (car cela prend beaucoup de temps). Il ne restait qu’un seul quai à compléter et, naïvement, nous nous sommes dits que fort de l’expérience des trois quais précédents celui-ci serait un jeu d’enfant. Comme expliqué la semaine passée les débuts ont été difficiles et nous pensions sincèrement que les problèmes avaient été résolus, malheureusement c’est sans compter avec “l’ingéniosité” de nos hommes qui ont encore une fois réussi à plier le conteneur. J’ai envie de dire “boum” ici aussi car je soupçonne la nouvelle déformation d’être le résultat d’une manœuvre malencontreuse avec la pelle mécanique, mais je n’y étais pas donc c’est peut-être, comme ils disent, “un fait de Dieu”. Étant, maintenant, acculés à la pointe de production et vu que le quai est utilisable malgré le vilain ballonnement de celui-ci. Nous allons travailler avec ce que nous avons, mais ce ne sera certainement pas le plus beau quai et mon illusion de bénéfice de l’expérience n’est manifestement pas d’application ici. Après la pointe nous verrons s’il y lieu de défaire la construction et de refaire les choses correctement, mais pour le moment espérons qu’il tienne les prochains mois.

Le matin, nous aimons prendre des fruits pour le petit déjeuner. En général c’est un choix de papaye, ananas et fruits de la passion, mais depuis que j’étais rentré il n’y avait guère plus qu’une papaye ratatinée de temps en temps. Après avoir signalé que je trouvais la production de notre jardin décevante il y a eu comme une explosion et je me retrouve maintenant avec 2-3 ananas et papayes tous les jours, les fruits de la passion restant encore modestes. Vu cette explosion soudaine, je suis “présentement” le pourvoyeur de fruits pour les autres expatriés en particulier notre directeur d’usine qui est un grand amateur de fruits en tout genres.

Pendant que j’écris ces lignes il y a Théo qui me fait une démonstration de son répertoire avec des appels de Makala et Griezel, des grincements de porte, des rires, des sifflements, appels de gardiens, aboiements, couinements (la chienne de notre voisin a eu des chiots), chants, miaulements, mots divers comme Cracoucas, Alerte Rouge, Bonjour Théo et monologues auxquels je ne comprends pas grand chose. Ce volatile n’arrête pas de nous surprendre par l’étendue de son répertoire, dont les interventions sont souvent très à propos ce qui fait parfois bien rire.

J’espère que ces lignes vous trouveront bien. N’hésitez-pas à nous faire part de vos nouvelles.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

Qai de chargement – Loading bay
Graines d’hévéa en germination – Germinating Hevea seeds

Since my return from leave I have been very busy mainly with administrative tasks and visits from all kinds of people, many of whom came to express their surprise and satisfaction with my return because there was a rumour in Mapangu that we had left for good, some of them even claiming I would have taken the opportunity to empty the company’s cash register (that’s why you may have seen me drive in a luxury car during my holidays)… But the relief of the workers was above all to know that since I was back it would be possible for them to buy more Waka-waka lamps. For those who are not familiar with the Wake-waka lamp, it is a small flat box with a solar panel on one side and two LED lamps on the other side, as well as a USB socket for charging a phone for example. As the region here is without electricity, these lamps allow our workers to have a source of light (there is an autonomy of up to 150 hours of lighting) and to recharge their phones without having to buy (Chinese) batteries that only last a few hours or to pay someone to charge their phones via a solar panel. To date we have already distributed more than 2,500 of these lamps, which are also starting to appear via parallel markets in neighbouring cities such as Ilebo, Idiofa and Kikwit. I also believe that many end up in Kinshasa which, despite being electrified, suffers from frequent power outages during which a flashlight is welcome. Being highly prized, these lamps are the envy of thieves who know that sooner or later they will have to be left in the sun to be recharged, and they take advantage of these moments to steal them. In short, the only reason the Brabanta workers would have regretted my departure was the possible suspension of the supply of Waka-waka lamps. At least I know what the priorities are and after all we are not gone yet!

But that was not the purpose of the title because, no, Waka-waka lamps allow you to do many things but I am not sure you would get a noisy BANG out of them. In fact, the bang I wanted to talk about is the one about the production of the plantation. At the end of last week we were speculating how wise it would be to revise our production budgets downwards given the low number of palm bunches and fruits leaving the plantation. And then this week BANG! production exploded from 150 tons of harvest per day to 600 tons per day, the why and how remaining one of nature’s mysteries, because during the previous months we repeatedly thought that production should increase in view of the bunches on the palm trees and nothing was happening and now, when we had resigned ourselves to waiting a little longer, without warning the palm trees start to spit out their bunches and fruits faster than we can harvest them. Fortunately we have a whole lot of tools coming in with a barge today or tomorrow (wheelbarrows, harvest scissors, etc.) and we are otherwise ready to operate at full capacity during the coming peak months.

Everything is ready, or almost ready because to be absolutely certain I asked the director of the oil mill to make sure that our second generator was fully operational. This is because in peak periods we have to operate 24 hours a day and if by chance the first generator stops for one reason or another I prefer to know that all we have to do is turning on the other one. Well no, the second generator refused to start despite all the efforts of our mechanics, so we urgently brought in a technician from Kinshasa (because the generator in question is still under warranty) and, I can breathe again, things are now operational. It seemed like a small thing (an alarm that neede to be disabled or something of the sort) but it was still serious enough that a specialist needed to come in person and, fortunately, having done this check on Thursday, we had just enough time to organize the technician’s visit with the weekly plane from Ilebo the following day.

To be able to evacuate all the fruit bunches from the plantation to the oil mill, we have set up four collection points equipped with a dry dock where it is possible to load large trucks and thus avoid that tractors having to drop off their loads at the factory, as this takes a long time going there and back. There was only one dock left to complete and, naively, we thought that with the experience of the three previous docks, it would be child’s play. As explained last week the beginnings were difficult and we sincerely thought that the problems had been solved, unfortunately this is without counting on the “ingenuity” of our men, who once again managed to fold the container. I want to say “boom” here too because I suspect the new deformation to be the result of an unfortunate manoeuvre with the excavator, but I was not there so it may have been, as they say, a act of God… Since we are now at the peak of production and the dock is usable despite its ugly bloat, we will work with what we have, but it will certainly not be the most beautiful dock and my illusion that we were going to benefit from the experience is clearly not applicable here. After the peak we will see if it is necessary to undo the construction and redo things properly, but for the moment let’s hope it will last for the next few months.

In the morning, we like to have fruit for breakfast. In general it is a choice of papaya, pineapple and passion fruit, but since I came home there has been little more than a shrivelled papaya from time to time. After letting our staff know that I found the production of our garden disappointing there was like an explosion and I now find myself with 2-3 pineapples and papayas every day, the passion fruit still remaining modest. Given this sudden explosion, I am currently the fruit supplier for the other expatriates and in particular our plant manager who is a great lover of all kinds of fruit.

As I write these lines, Theo shows off his repertoire with calls for Makala and Griezel, noise of a door squeaking, laughter, whistles, guard calls, barking, squealing (our neighbour had puppies), songs, meows, miscellaneous words like Cracoucas, Red Alert, Hello Theo and monologues of which I don’t understand much. This bird does not stop surprising us by the extent of its repertoire, whose interventions are often very appropriate and which sometimes make us laugh.

I hope these lines will find you well. Feel free to share your news with us.

Until soon,

Marc & Marie-Claude



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Ratées – Failures

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Les choses ne marchent pas toujours comme on le souhaite, parfois c’est anodin et dans d’autres cas les conséquences sont plus dramatiques. Cette semaine a été caractérisée par pas mal d’événements qui pourraient figurer dans la catégorie des ratées, allez savoir pourquoi, mais il y a des semaines comme cela.
Aujourd’hui c’est le pain qui m’a fait un pied de nez et pourtant ce n’est pas faute de faire du pain de manière régulière avec une recette que l’on pourrait décrire comme standard car mis à part l’adjonction variable de noix, noisettes ou graines de potirons, la quantité de farine, de levure, d’eau, de sel, etc. est la même chaque fois. Cette fois il est possible que ce que j’ai utilisé comme farine (blanc, poudreux et semblable en toute apparence à de la farine) ne l’était pas car la pâte était cassante au lieu d’être élastique, le pain n’a pas vraiment monté et pis encore le goût est… pas bon. Heureusement, comme cette première fournée avait été faite ce matin, j’ai eu le temps de faire un deuxième lot qui semble cette fois plus prometteur. A voir toutefois car pour le moment les pains sont supposer lever. J’espère quand même que cette fois sera la bonne car sinon demain matin il n’y aura pas de toast au petit déjeuner.
Cette semaine a commencé du mauvais pied car au niveau des activités de la plantation il y a aussi eu quelques problèmes. Tout a commencé par un de nos employés qui a fait un accident vasculaire cérébral dimanche dernier et qui, malheureusement, après quelques jours de coma profond nous a quitté. Il est peu probable que même dans d’autres circonstances on aurait pu le sauver, mais il n’en reste pas moins que c’est dans ces cas que l’on se rend encore plus compte combien nous sommes isolés. Même si nous avions fait venir un avion médicalisé de l’Afrique du Sud, il est peu probable que l’issue aurait été différente.
En même temps, les premiers jours de la semaine ont été marqués par des débuts de grève sauvage. Ceux-ci étaient très localisés et ne se sont pas prolongés les jours suivants, ce qui est du reste très déconcertant car un jour nos travailleurs crient et réclament toutes sortes de choses que nous ne sommes pas en mesure de leur donner et le lendemain ils sont tout sourires comme si rien ne s’était passé.
Hier, samedi, soir nous avions prévu une réunion au cercle avec tous les agents d’encadrement de la société, soit une petite cinquantaine de personnes. J’essaie d’organiser de telles rencontres pour nous donner une occasion de se retrouver en expatriés et collègues nationaux dans un cadre social et parler d’autre chose que de palmiers et d’huile. Seulement avec le décès de notre collègue il ne semblait pas approprié de se retrouver autour d’un verre alors que la famille pleure la perte de leur papa. Nous avons donc décidé de reporter cette rencontre à une date ultérieure et tout le monde est resté tranquillement chez soi pour le week-end.
Au niveau de la construction nous avons également eu nos ratées. D’une part la clôture du terrain de tennis s’était écroulée car minée par les termites et pour éviter que cela ne se reproduise j’ai suggéré de faire des socles en béton sur lesquels fixer les poteaux de la clôture. Nous avons testé cette solution pour la construction de nos abris et toilettes sèches en plantation et cela semble donner de bons résultats car les termites n’ont plus d’accès direct au bois. Dans le cas du terrain de tennis, croyant sans doute bien faire, l’équipe de construction a fabriqué des touts petits socles en béton qui sont tout à fait sous-dimensionnés pour supporter des poteaux de 3-4m de hauteur avec le résultat qu’ils sont tous tombés, à nouveau…
L’autre chantier qui pose problème concerne la construction d’un quai sec pour le chargement de régimes. Il s’agit d’une structure où d’un côté il y a une rampe qui permet aux tracteurs de reculer avec les remorques pleines de régimes tandis que de l’autre côté en contre-bas du quai il y a de la place pour stationner un gros camion qui se charge ensuite d’acheminer les régimes jusqu’à l’huilerie. Nous avons quatre quais de la sorte, en fait trois seulement car le quatrième a connu des problèmes lors de sa construction. La base de la structure du quai consiste en deux conteneurs de 40 pieds (12m) superposés et remplis de terre. Lors de la première pose des conteneurs, celui du bas s’est complètement plié en le remplissant de terre et pour le remplacer a d’abord du être vidé à la main (ce qui fait quand même plus de 50 tonnes de terre à bouger). Lors de la deuxième tentative, le conteneur du bas n’a pas plié mais une fois plein de terre s’est incliné, ce qui n’est pas non plus idéal. Cette fois, plutôt que de vider encore une fois le conteneur à la main, nous avons décidé de placer une cale entre les deux conteneurs pour que celui du dessus ne soit plus (trop) incliné. Une solution qui est loin d’être idéale mais permet d’économiser beaucoup de temps et d’argent, surtout parce que la pointe de production commence.
Certes il y a des choses qui ne marchent pas comme prévu, mais il y a aussi des surprises agréables et l’une de celles-ci, même si cela paraît anodin, est le développement des petits arbres du voyageur (Ravenala madagascariensis) que nous avons planté dans le jardin. Pour ceux qui ne le connaissent pas, l’arbre du voyageur, dont les feuilles ressemblent un peu à celles d’un bananier, a la particularité d’avoir des feuilles parfaitement opposées et ainsi de se développer en forme de grand éventail. Les nôtres sont encore petits mais prometteurs

Voilà pour les nouvelles de cette semaine, n’hésitez-pas à nous faire part des vôtres.

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Quai de chargement – Loading quay
Chargeurs – Loaders
Cale de redressement – Straightening blocs
Ravenala – Arbre du voyageur – Traveller’s tree
Fleurs devant la porte – Flowers in fron of the door
Potager – Vegetable garden

Things do not always work as we would like, sometimes it is harmless and in other cases the consequences are more dramatic. This week has been characterized by quite a few events that could fall into the category of failures, who knows why, but there are weeks like this.
Today it is the bread that has given me headaches and yet it is not for lack of making bread on a regular basis with a recipe that could be described as standard because apart from the variable addition of nuts, hazelnuts or pumpkin seeds, the quantity of flour, yeast, water, salt, etc. is the same every time. This time it is possible that what I used as flour (white, powdery and similar in appearance to flour) was not, because the dough was brittle instead of elastic, the bread did not really rise and worse still the taste is… not good. Fortunately, since this first batch was made this morning, I had time to make a second batch, which this time seems more promising. It remains to be seen however, because right now the bread loaves are supposed to rise. I hope this time it will be OK because otherwise tomorrow morning there will be no breakfast toast.
This week started off on the wrong foot because there were also some problems with the planting activities. It started with one of our employees who suffered a stroke last Sunday and unfortunately, after a few days of deep coma, left us. It is unlikely that even in other circumstances he could have been saved, but it is in these cases that we become even more aware of how isolated we are. Even if we had brought a medical plane from South Africa, it is unlikely that the outcome would have been different.
At the same time, the first days of the week were marked by the beginning of a wildcat strike. These were very localized and did not last for the next few days, which is very disconcerting because one day our workers are screaming and demanding all kinds of things that we are not able to give them and the next day they are all smiling as if nothing had happened.
Yesterday, Saturday, evening we had planned a meeting at the circle with all the company’s management staff, i.e. a group of about fifty people. I try to organize such meetings to give us an opportunity to meet between expatriates and national colleagues in a social setting and talk about something other than palm trees and oil. Only with the death of our colleague it didn’t seem appropriate to have a drink while the family mourned the loss of their father. So we decided to postpone this meeting to a later date and everyone stayed home quietly for the weekend.
In terms of construction, we also had our failures. On the one hand, the tennis court fence had collapsed because it was undermined by termites and to prevent this from happening again, I suggested making concrete bases on which to attach the fence posts. We have tested this solution for the construction of our shelters and dry toilets in plantations and it seems to give good results because termites no longer have direct access to the wood. In the case of the tennis court, probably believing they were doing the right thing, the construction team made very small concrete bases that were completely undersized to support 3-4m high poles with the result that they all fell, again….
The other problematic site relates to the construction of a dry dock for loading regimes. It is a structure where on one side there is a ramp that allows tractors to back up with trailers full of fruit bunches while on the other side below the dock there is space to park a large truck that then takes care of transporting the fruit bunches to the oil mill. We have four docks of this kind, actually only three because the fourth had problems during its construction. The base of the wharf structure consists of two 40-foot (12m) containers stacked one above the other and filled with soil. During the first installation of the containers, the bottom one was completely folded while filling it with soil and to replace it had to be emptied by hand first (which represents more than 50 tons of soil to move with shovels out of a confined space). On the second attempt, the bottom container did not bend, but once full of soil, it tilted, which is not ideal either. This time, rather than emptying the container by hand again, we decided to place a bloc between the two containers so that the top one would no longer be (too) inclined. A solution that is far from ideal but saves a lot of time and money, especially because the peak production is about to start.
Certainly there are things that do not work as expected, but there are also pleasant surprises and one of them, even if it seems meaningless to some, is the development of the little traveller’s trees (Ravenala madagascariensis) that we planted in the garden. For those who do not know it, the traveller’s tree, whose leaves resemble those of a banana tree, has the particularity of having perfectly opposite leaves and thus developing into a large fan. Ours are still small but promising.

So much for this week’s news, don’t hesitate to let us know yours.

Looking forward to hear from you,

Marc & Marie-Claude

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Sauvé par un Chien Puant – Saved by a Filthy Dog

See below for an English language version of the text.

Après des vacances partagées entre France, Belgique, Suisse et Allemagne qui nous ont permis de voir famille et amis, généralement trop brièvement, il était temps de revenir à la maison et de reprendre le boulot. Je suis arrivé à Mapangu vendredi en fin de matinée, seul dans un premier temps afin d’évaluer la situation et préparer à fond la pointe de production qui risque de démarrer incessamment. Marie-Claude profite encore un peu de temps de la Normandie et aura peut-être une autre occasion de revoir famille et amis avant de me rejoindre.

Pour le moment nous ne sommes pas nombreux en tant qu’expatriés à Mapangu car plusieurs collègues ont profité de ce que la pointe n’ait pas encore commencé pour prendre quelques semaines de vacances de plus. Pour ceux qui ne le sauraient pas, même si le palmier produit en théorie de manière continue pendant toute l’année, ici à Mapangu les condition climatiques font qu’une grande partie de la récolte (production d’huile) est concentrée sur les mois de juin à septembre, voire même de mi-juin à mi-septembre, avec deux tiers de la production annuelle concentrée sur ces 3 mois. Il va sans dire que ces mois sont cruciaux pour la plantation et que pendant cette période nous travaillons 7 jours sur 7 et, pour l’huilerie certainement, 24 heures sur 24. Il y a donc lieu d’être reposés et prêts à travailler comme des malades pendant ces quelques mois de pointe. Tout cela se passe cette fois-ci dans un contexte politique et économique en déroute, car le pays ne dispose pas encore de gouvernement et les services de l’état n’étant pas payés se retournent vers les sociétés pour assurer leurs revenus (légitimes ou non). Tant que possible nous prenons les devants en constituant des stocks de carburant et en faisant monter des barges à vide pour évacuer les huiles produites avant que nos tanks de stockages ne soient pleins et nous ce qui nous forcerait à suspendre les opérations. Normalement il y a des barges qui remontent le Kasaï pour livrer des marchandises à Ilebo, où celles-ci sont transférées sur des wagons de chemin de fer à destination de l’est du pays. Seulement la voie de chemin de fer reliant Ilebo à Mbuji-Mayi et Lubumbashi est en tellement mauvais état que la circulation des trains n’est possible qu’au compte gouttes et que les barges doivent parfois patienter jusqu’à 3 mois pour pouvoir être déchargées dans des wagons. Dans ces conditions beaucoup de transporteurs préfèrent ne pas envoyer leur barges sur le Kasaï et nous ne pouvons pas bénéficier des barges qui redescendent à vide pour charger notre huile… La voie d’eau étant le seul moyen pour évacuer notre production (les routes ne permettent pas le passage de camions citernes – qui n’existent pas) nous devons payer des transporteurs pour faire monter des barges sans charge.

Pour corser un petit peu les choses, notre pic de production correspond à la saison sèche dans notre région et une des conséquences logiques est que le niveau du Kasaï baisse significativement, au point que les barges ne peuvent pas prendre de charge complète sans risque d’échouer. Non seulement est-il donc nécessaire de faire monter des barges vides, mais en plus nous sommes limités en capacité de chargement par le tirant d’eau du Kasaï. Le fait que la saison sèche commence, devrait me permettre de reprendre le vélo quasi tous les jours, vélo que j’avais ramené avec moi en Belgique pour une révision complète car après plus de 5.000km de piste il y avait quelques éléments qui commençaient à donner des signes de fatigue. Cela m’amène au titre de ces nouvelles car, arrivé à l’aéroport de Bruxelles avec mes bagages, composés d’une grosse valise et de mon vélo proprement emballé dans un sac spécial pour ce genre de choses, je me suis vu refuser l’embarquement du vélo. Alors que cela n’avait pas été le cas à Kinshasa pour l’aller, il semblerait que le transport de vélo en avion au départ de Bruxelles n’est possible que si une réservation spéciale a été faite et un supplément payé en ligne à cette fin. Je n’avais évidemment fait ni l’un ni l’autre et n’étais pas prêt à abandonner ma bicyclette en Belgique. La dame chargée de l’enregistrement de mes bagages a commencé par appeler différents services (qui ne répondaient pas au téléphone) puis consulter collègues et supérieurs pour essayer de trouver une solution. Est alors arrivé au guichet à côté du nôtre un monsieur avec une cage contenant un chien qui, je crois, était un jeune berger allemand. Cela serait resté une simple anecdote s’il n’est que ce chien dégageait une odeur pestilentielle qui incommoda très fort la dame chargée de mon enregistrement, au point qu’elle en avait des nausées. Elle ne pouvait évidemment pas abandonner son poste étant en milieu de l’enregistrement de mes bagages (ma valise était déjà étiquetée et partie), mais manifestement elle n’allait pas tenir beaucoup plus longtemps sans craquer et m’a déclaré les larmes aux yeux qu’elle devait absolument aller aux toilettes pour s’éloigner de cette bombe puante. La seule solution étant de clôturer mon enregistrement, elle a donc promptement enregistré mon vélo, m’a donné ma carte d’embarquement et quitté le guichet avant même que je puisse la remercier de cette faveur. Je l’ai vu courir vers les toilettes tandis que sa collègue au guichet d’à côté me regardait avec une interrogation dans les yeux et quand j’ai pointé vers le chien elle m’a dit avoir le nez bouché à cause d’un rhume et de ne rien sentir (la bienheureuse). Je ne souhaite à aucun chien de sentir de la sorte, mais dans ce cas particulier je ne puis qu’exprimer de la reconnaissance à ce canin qui m’a “sauvé” la mise. Entre temps la bicyclette est bien arrivée à Mapangu et est à présent ré-assemblée et prête à attaquer la piste entre la maison et le bureau.

Notre ménagerie (Makala, Griezel et Théo) m’a accueilli avec beaucoup de bruits de plaisir et même si Makala dégage un certain fumet de canin, cela ne peut se comparer avec l’expérience de Zaventem…

Espérant avoir de vos nouvelles très bientôt, j’espère que vous avez apprécié ces nouvelles,

Marc et Marie-Claude

After a holiday shared between France, Belgium, Switzerland and Germany that allowed us to see family and friends, usually too briefly, it was time to come home and get back to work. I arrived in Mapangu on Friday late morning, alone at first to assess the situation and fully prepare for the peak production that may start soon. Marie-Claude is spending some extra time in Normandy and will hopefully be able to see a little more of family and friends before joining me in Mapangu.

For the time being we are not many expatriates in Mapangu, because several colleagues have taken advantage of the peak not having started yet to take another few weeks of vacation. For those who do not know, even if the palm tree produces in theory continuously throughout the year, here in Mapangu the climatic conditions mean that a large part of the harvest (oil production) is concentrated in the months of June to September, or even from mid-June to mid-September, with two thirds of the annual production concentrated over these 3 months. It goes without saying that these months are crucial for the plantation and that during this period we work 7 days a week and, for the oil mill certainly, 24 hours a day. There is therefore a need to be rested and ready to work like mad during these few high production months. All this is obviously happening in a failed political and economic context, because the country does not yet have a government and the state services are not being paid, these turn to companies to ensure their revenues (legitimate or not). Whenever possible, we prepare ourselves as best we can for the rush by building up fuel stocks and bringing empty barges up the river to make sure we can evacuate the oils produced before our storage tanks are full and would force us to suspend operations. Normally there are barges going up the Kasai to deliver goods in Ilebo, where they are transferred to railway cars bound for the east of the country. Only the railway line linking Ilebo to Mbuji May and Lubumbashi is in such poor condition that train traffic is reduced to a trickle and barges sometimes have to wait up to 3 months to be unloaded into wagons. Under these conditions many carriers prefer not to send their barges up the Kasai river and we lack barges that come back empty to load our oil… The waterway being the only way to evacuate our production (roads do not allow the passage of tank trucks – which do not exist) we have to pay carriers to bring their barges up river without a load.

To make things a little more difficult, our peak production corresponds to the dry season in our region and one of the logical consequences is that the level of Kasai river drops significantly, to the point where the barges cannot take full loads at the risk of running aground. Not only is it necessary to pay for empty barges to come all the way from Kinshasa, but we are also limited in loading capacity by the draught of the Kasai. The fact that the dry season is starting should allow me to resumes cycling almost every day. I had brought my mountain bike back with me to Belgium for a complete overhaul because after more than 5,000km of cycling on sandy roads there were some elements that were starting to show signs of fatigue. This brings me to the title of this posting because when I arrived at Brussels airport with my luggage, consisting of a large suitcase and my bike properly packed in a special bag for this kind of thing, I was denied checking in with a bicycle. While this was not the case in Kinshasa for the flight to Brussels, it would seem that transporting a bicycle from Brussels is only possible if a special reservation has been made with an appropriate supplement paid in advance. Of course, I hadn’t done either and I wasn’t ready to leave my bike in Belgium. The lady in charge of checking in my luggage started calling different departments (who were not answering the phone) and consulting her colleagues and superiors to try to find a solution. Then, at the counter next to ours, a gentleman arrived with a cage containing a dog which, I believe, was a young German shepherd. It would have been a simple anecdote, except this dog or its cage produced a pestilential smell that made the lady in charge of my registration very uncomfortable, to the point that she was nauseous. She obviously couldn’t leave her post as she was in the middle of checking in my luggage (my suitcase was already tagged and gone), but obviously she wasn’t going to last much longer without some kind of drame and she told me with tears in her eyes that she absolutely had to go to the bathroom to get away from that stinking bomb. The only solution being to close my check-in, she promptly checked in my bike, gave me my boarding pass and left the counter before I could even thank her for doing me this favor. I saw her running to the toilet while her colleague at the next counter looked at me with a questioning look in her eyes and when I pointed at the dog she told me that her nose was blocked because of a cold and she didn’t smell anything (the blessed one). I do not wish any dog to feel this way, but in this particular case I can only express gratitude to this canine who “saved” my day. Meanwhile the bicycle has arrived in Mapangu and is now reassembled and ready to attack the track between the house and the office.

Our menagerie (Makala, Griezel and Théo) welcomed me with many noises of pleasure and even if Makala gives off a certain canine aroma, this cannot in no way rival with Zaventem’s experience…

I hope to hear from you very soon, and I hope you enjoyed this posting,

Marc and Marie-Claude

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Mendicité – Begging

Il y a probablement différentes manières de définir la mentalité des congolais en ce qui concerne leur capacité à demander de l’aide, qu’elle soit justifiée ou non, mais j’en arrive à conclure qu’ici il est probablement approprié de qualifier cela de mendicité institutionnalisée. Les demandes d’aide financière ou autre concerne toutes les catégories d’age, de sexe et/ou de position sociale et si par hasard la personne rencontrée ne demande rien, c’est généralement parce qu’elle attend un moment plus propice pour formuler sa demande.

De petits enfants qui tiennent à peine debout et savent à peine parler, quand ils voient un blanc passer la seule expression qu’ils clament tous n’est pas bonjour (ou mbote), ni comment allez-vous, mais “donne moi l’argent” (en français, parce qu’ils savent déjà à ce jeune age que tous les blancs ne comprennent pas le lingala). Ces enfants, de 2-3 ans ne vont certainement pas encore à l’école donc cette expression est acquise à la maison et est quasi généralisée chez tous les enfants croisés sur le bord de la route. Je sais que personne ne leur donne quoi que ce soit comme argent, et pourtant cette demande fuse sans relâche à chaque passage. Même si c’est dans la bouche des tout petits enfants que cette demande est la plus surprenant voire même choquante, c’est loin d’être quelque chose qui est limité aux petits, personne ne semble avoir de honte ou de fierté à cet égard, jeunes ou vieux. Les adultes sont certes parfois un peu plus “diplomatiques” et échangent d’abord des salutations, mais très courtes pour être certain d’avoir le temps de placer leur demande de contribution financière.

Parfois j’hésite à saluer les personnes croisées le long de la route parce que j’ai l’impression que le fait de leur adresser la parole est interprété comme une invitation à formuler leurs besoins. Combien de fois je n’ai pas dis bonjour à un homme ou une femme sur la route pour recevoir comme réponse une demande d’argent (pour les adultes souvent en lingala) prétextant qu’ils n’ont pas eu de café le matin ou que leurs enfants (pas eux…) ont faim. Les personnes (travailleurs ou personnes extérieures) qui viennent me voir au bureau sont principalement motivés par une demande d’argent ou de prêt (dans le cas des travailleurs) car ici tout le monde vit à crédit, avec parfois des conséquences désastreuses (lire plus bas).

Ces demandes ne sont toutefois pas le propre des seuls travailleurs ou visiteurs locaux, il en va de même de toutes les autorités jusqu’à l’administrateur du territoire voire même le ministre, mais dans ces cas-là l’on parle généralement de corruption alors que cette mentalité est acquise depuis le plus jeune age. Il est vrai que le ministre n’a pas vraiment besoin de notre aide financière pour vivre et que dans ces situations de demandes il est plus question d’éviter que notre dossier ne finisse au fond d’un tiroir ou dans une poubelle.

Les niveaux de demandes varient aussi énormément en fonction du demandeur, un personne sur le bord de la route ou un policier pourra se satisfaire d’un billet de 500 francs (environ 25 cents), tandis que le ministre ne réagit pas si le montant est en-dessous de quelques dizaines de milliers de dollars. Comme il en va de même pour les autorités judiciaires (chefs de parquet, juges, etc.) qui doivent être “motivés” pour prendre une décision plutôt que de laisser trainer un dossier. La décision favorable ou non dépend plus de la considération accordée à l’autorité que les éléments du dossier. Ainsi même dans des cas ou il n’y a aucun doute possible et que toutes les preuves sont réunies, le jugement est tributaire du montant payé par le plaignant ou l’accusé et, quand c’est possible ce jugement ne sera pas définitif afin de laisser la porte ouverte à une autre “motivation” pour finaliser la chose. Vous comprendrez donc qu’il est impossible (ou suicidaire) de demander à la justice de traiter d’un différent opposant un privé ou une société à un représentant de l’état et comme ce dernier a le pouvoir de bloquer les comptes d’une société (par exemple) à titre de mesure de conservation, ne pas payer quelque chose n’est pas vraiment une option viable…

Comme indiqué ci-dessus, beaucoup de nos travailleurs vivent à crédit, au point que pour certains l’entièreté de leur salaire disparait le jour même de la paie dans la poche de la personne qui l’aurait “aidé”. Nous interdisons la présence de personnes extérieures à la société près de nos bureaux de paie, mais il y a généralement une escouade de motos qui attendent à la sortie pour amener l’agent en dette jusque chez son bailleur de fonds.

Certains travailleurs désespérés font appel à ce qui est appelé la “Banque Lambert” pour une assistance financière. Je ne sais pas si le nom à un quelconque rapport avec la BBL, mais le principe de cette “banque” est que tout prêt est remboursable dans le mois avec un intérêt de 50% (par mois) et faute de remboursement l’usurier n’hésitera pas à faire incarcérer son créditeur avec généralement une saisie de ses biens. Il est difficile de comprendre comment quelqu’un peut espérer rembourser de tels montants, mais les causes de dettes sont parfois tellement farfelues que rien n’est impossible ici. Par exemple, en cas de décès d’un parent, il est normal d’accueillir toute personne qui viendrait assister à la veillée, qu’elle soit une membre de la famille proche ou moins proche ou simplement un voisin. Tout visiteur doit être accueilli dignement ce qui nécessite généralement la location de chaises, d’une installation de musique (généralement plus disco que funèbre) et la mise à disposition de boissons, le tout représentant souvent des multiples du salaire mensuel de la personne concernée, quand celle-ci a un emploi.

Enfin il arrive malheureusement trop fréquemment qu’un personne dépasse toutes ses possibilités de sources financières (salaire, prêts, dons et autres) et se retrouver dans une situation ou un remboursement est tout simplement impossible. Ces personnes se retrouvent soit au cachot (ce qui ne fait qu’aggraver leur situation financière et ne résout rien), soit ils fuient en abandonnant femmes et enfants pour se refaire une vie ailleurs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas nécessairement nos employés aux plus petits salaires qui disparaissent ainsi dans la nature, probablement parce que ceux qui ont des revenus plus importants pensent peut-être pouvoir prendre plus de risques en matière de prêts et d’engagements financiers.

Rassurez-vous, nous n’avons pas encore été trop influencés par la gestion financière congolaise et ne devrions pas avoir à vous demander “donne moi l’argent”.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

There are probably different ways of defining the mentality of the Congolese with regard to their ability to ask for help, whether justified or not, but I come to the conclusion that here it is probably appropriate to qualify this as institutionalized begging. Requests for financial or other assistance concern all age, gender and/or social position categories and if by chance the person interviewed does not ask for anything, it is generally because he or she waits for a more favourable time to make the request.

Little children who can barely stand up and barely speak, when they see a white person, the only expression they all shout is not “hello” (or “mbote”), nor “how are you”, but “give me the money” (in French, because they already know at this young age that not all white people understand Lingala). These 2-3 year old children certainly do not yet go to school so this expression is acquired at home and is almost universal among all children seen on the roadside. I know that no one gives them any money, and yet this request is relentlessly made every time. Even if it is in the mouths of very young children that this request is the most surprising or even shocking, it is far from being something that is limited to children, no one seems to have shame or pride in this regard, young or old. Adults are certainly sometimes a little more “diplomatic” and first exchange greetings, but very short to be sure to have time to place their request for a financial contribution.

Sometimes I hesitate to greet people along the road because I feel that speaking to them is seen as an invitation to formulate their needs. I cannot recal the number of times I said hello to a man or woman on the road and receive as an answer a request for money (for adults often in Lingala) claiming that they did not have coffee in the morning or that their children (not them…) are hungry. The people (workers or outsiders) who come to see me at the office are mainly motivated by a request for money or a loan (in the case of workers) because everyone here lives on credit, with sometimes disastrous consequences (read below).

However, these requests are not the sole preserve of local workers or visitors, they seem to be normal for any kind of authority, including the territory administrator (direct authority under the governor) or even a minister, but in these cases, these kind of requests are generally referred to as a form of corruption, even though this mentality has been acquired since the earliest age. It is true that the minister does not really need our financial assistance to live and that in these situations the request is more a matter of preventing our file from ending up in a drawer or in a bin. The levels of requests also vary enormously depending on the requester, a person on the roadside or a police officer will be satisfied with a 500-franc note (about 25 cents), while the Minister does not react if the amount is below a few tens of thousands of dollars. The same goes for judicial authorities (heads of prosecution, judges, etc.) who must be “motivated” to take a decision rather than leave a case lying around. Whether or not a decision is favourable depends more on the consideration given to the authority than on the elements of the file. Thus, even in cases where there is no doubt possible and all the evidence is gathered, the judgment depends on the amount paid by the plaintiff or the accused and, when possible, this judgment will not be final in order to leave the door open to another “motivation” to finalize the matter. You will therefore understand that it is impossible (or suicidal) to ask the courts to deal with a matter opposing a private individual or company with a representative of the state and since the latter has the power to block a company’s accounts (for example) as a preventive measure, not paying for something is not really a viable option…

As mentioned above, many of our workers live on credit, to the point that for some of them, see their entire salary disappear on the same day it is paid, into the pocket of the person who “helped” them. We prohibit the presence of outsiders near our payroll offices, but there is usually a squad of motorcycles waiting at the exit to take the agent in debt to the lender.

Some desperate workers are turning to what is called “Banque Lambert” for financial assistance. I don’t know if the name has any connection with the BBL, but the principle of this “bank” is that any loan is repayable within a month with interest of 50% (per month) and failing repayment the loan shark will not hesitate to incarcerate his creditor with usually a seizure of his meagre belongings. It is difficult to understand how anyone can hope to repay such amounts, but the causes of debt are sometimes so far-fetched that nothing is impossible. For example, in the event of the death of a parent, it is normal to welcome anyone who would wish to assist during the vigil, whether they are a close or less close family member or simply a neighbour. All visitors must be welcomed with dignity, which generally requires the rental of chairs, a music installation (generally more disco than funeral) and the provision of drinks, all of which often represent multiples of the person’s monthly salary, provided the person concerned has a job.

Finally, it is unfortunately all too often the case that a person exceeds all his or her possibilities from financial sources (salary, loans, donations and others) and finds himself or herself in a situation where a repayment is simply impossible. These people either end up in jail (which only worsens their financial situation and solves nothing), or they flee, abandoning wife and children to start a new life elsewhere. Contrary to what one might think, it is not necessarily our employees with the lowest salaries who disappear into the wild in this way, probably because those with higher incomes may think they can take more risks with loans and financial commitments.

Don’t worry, we have not yet been too influenced by Congolese financial management and should not have to ask you to “give the money”.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude