Categories
Sao Tomé

Certification

Please scroll down for English text version

Pour ceux qui ont suivi nos nouvelles depuis un certain temps, ce titre n’est pas tout à fait nouveau car nous avions déjà évoqué la “Table Ronde pour Huile de Palme Durable” (RSPO) au sujet de Brabanta en novembre 2019 et les aspects “Bio” d’Agripalma il n’y a même pas un mois. Mais comme c’est un sujet particulièrement important pour Agripalma, je me permet d’y revenir comme promis dans les nouvelles de la semaine passée.
Sans revenir dans les détails de ce qui est couvert par les certifications, sachez que cela concerne un éventail assez vaste d’aspects concernant évidemment l’environnement, mais aussi le bien-être social (des travailleurs et communautés voisines), la traçabilité de la production, le respect des lois et règles et, un peu comme pour les normes ISO, la mise en place de procédures et formations pour toutes les activités de la plantation. Curieusement certains aspects ne sont pas vraiment pris en compte, ainsi la profitabilité de la plantation (qui est un facteur essentiel pour sa pérennité) ou l’efficacité de la production (rendements à l’hectare ou taux d’extraction de l’huilerie) ne font pas partie des critères importants pour juger de la durabilité d’une opération. L’environnement joue évidemment un rôle prépondérant dans tout ce processus et c’est d’ailleurs à cause des potentiels excès de déboisement en Asie du sud-est que la certification RSPO a vu le jour. A Sao Tomé il va sans dire que les aspects environnementaux sont cruciaux puisque plus d’un tiers de l’île de Sao Tomé est un parc naturel (Parc Naturel d’Obó) et qu’une partie importante des revenus en devises provient du tourisme, fortement axé sur les aspects environnementaux. A quelques exceptions près, les hôtels de Sao Tomé et Principe (y compris certains hôtels de la capitale) sont appelés eco-lodges, même si pour certains au mieux on peut dire qu’ils sont situés dans des écrins de verdure. Mais c’est un terme à la mode et qui est conforme à l’image que le pays souhaite donner aux visiteurs. Avec seulement 200.000 habitants sur l’île, seules les zones facilement accessibles sont plus ou moins exploitées et cela laisse donc beaucoup de place à la nature, même celles en-dehors du parc naturel.
Il se fait que la plantation d’Agripalma est en bordure du parc naturel à plusieurs endroits et il est donc logique que la plantation puisse jouer un rôle actif dans la protection de l’environnement. Environnement qui est également bénéfique aux palmiers grâce à la diversité d’animaux qui passent de l’un à l’autre. Cela étant, certaines parties de la plantation ont été aménagées sur des zones qui étaient d’anciennes plantations de cacao, café ou coco abandonnées où la nature avait partiellement repris ses droits. Ce ne sont pas des zones forestières à proprement parler, mais les certificateurs Bio et RSPO estiment (à juste titre) que la biodiversité dans ces anciennes plantations était probablement plus grande que celle que l’on trouve actuellement dans les palmeraies. Il ne faut pas imaginer les palmeraies comme des zones monospécifiques avec un sol nu en-dessous de palmiers, car dans les “sous-bois” des palmiers se développe toute une variété de plantes qui à leur tour attirent insectes, mollusques et oiseaux. Le revers de la médaille est que les rats sont très friands des noix de palme et que nous entretenons donc une population de rongeurs dont on se passerait bien. Ces rongeurs font le bonheur des rapaces, très nombreux dans la plantation et je suppose que l’abondance de fruits de palme fait que ces rats ne dévalisent pas les nids des oiseaux endémiques. En effet, avant la colonisation il n’y avait pas de mammifères sur l’île (mis à part des chauves-souris) et les oiseaux n’ont donc pas été habitués à devoir se défendre de ces prédateurs intéressés par leurs œufs ou leurs jeunes. Curieusement (et heureusement je suppose) il n’y a pas trop de chats, car ceux-ce feraient des ravages dans l’avifaune de Sao Tomé, la raison de leur faible nombre pourrait résider dans le fait qu’ils sont appréciés par la population, dans leur assiette.
Toujours est-il, donc, que certaines parties de la plantation ont été aménagées, sans le savoir, sur des zones que les certificateurs Bio et RSPO auraient préféré laisser à la nature et nous devons donc compenser ces méfaits par des mesures de remédiation. Cette remédiation peut se faire de plusieurs manières, soit reboiser des surfaces comparables et garantir leur maintient pendant une période d’au moins 25 ans, soit investir dans un ou des projets ayant un impact écologique positif sur le long terme. Dans le cas particulier d’Agripalma, l’option de reboisement n’est pas vraiment envisageable car il n’y a pas de zones qui pourraient être reboisées. Celles qui ne sont pas couvertes de végétation ligneuse comme les anciennes plantations ou autre sites sur lesquels la nature a repris la main sont généralement occupées par des villageois pour y cultiver des denrées alimentaires ou fruits. L’approche qui est la plus logique pour Agripalma serait de nous associer avec le parc naturel, notre voisin, et de les aider dans leurs activités de protection et de valorisation de la richesse écologique qui s’y trouve. Plusieurs pistes sont en cours de discussion (qui devront en fin de compte être approuvées par nos certificateurs) allant du financement de la formation, des équipements et du salaire d’eco gardes, à la participation pour la mise en place d’un centre de recherche et de visite écologique. Ce dernier projet m’intéresse particulièrement parce qu’il permettrait de combiner toute une série d’actions dans lesquelles nous pourrions être activement impliqué sur le long terme. Il se fait que dans unes des zones en bordure de la plantation avec le parc naturel il y a des ruines de bâtiments de l’époque coloniale (Monte Carmo) qui pourraient être réhabilitées pour en faire un centre de recherche et d’accueil relativement facile d’accès. Ce bâtiment est particulièrement intéressant car dans ces environs les ornithologues ont inventorié 26 des 28 espèces d’oiseaux endémiques de Sao Tomé. Toute médaille à toutefois son revers, car si nous aménageons la route pour rendre l’accès au centre plus facile, cela permet également aux personnes moins bien intentionnées (chasseurs, bucherons, etc.) d’y arriver plus aisément. Un tel centre sera évidemment occupé de manière quasi permanent, si ce n’est que par des gardes, donc il faudra également prévoir des solutions écologiques pour l’électricité, le traitement des eaux, la gestion des déchets, etc. toute une série d’aspect qui m’intéressent aussi beaucoup. Finalement, pour éviter que les visiteurs éventuels n’envahissent la zone avec leurs véhicules et créent potentiellement d’autres nuisances, on pourrait envisager n’avoir qu’un seul véhicule autorisé à accéder à cette zone (pour y déposer matériel, nourriture et visiteurs moins valides) et sinon ne rendre le centre accessible qu’à vélo. Pour cela nous pourrions prévoir un pool de VTT (certains électriques) équipés avec sacs, casques, ponchos, etc. au niveau des bureaux de la plantation, d’où les visiteurs auraient une petite heure de “balade” à faire pour rejoindre le centre via un itinéraire balisé. Je vous épargnerai pour le moment toutes les autres idées qui fusent, car elles sont toutes absolument hypothétiques et il faudra d’abord que le projet de remédiation soit approuvé par les instances de RSPO, ce qui n’est pas encore le cas.
Parlant de ruines coloniales, cette semaine nous avons visité un autre de ces sites situés dans la plantation, dans ce cas-ci nous pensons qu’il s’agit d’une ancienne station de traitement du café où subsistent encore certains vestiges des machines utilisées, apparemment mues par une roue à aubes dont il ne reste plus qu’une armature métallique très rouillée. Même si ce n’est pas très ancien, ce sont des sites intéressants à visiter car ils donnent une idée de l’importance des aménagements qui avaient été fait par les portugais à l’époque. A la différence de Monte Carmo, ici il ne semble pas y avoir eu de résidence, probablement parce que le site est situé dans une vallée plutôt qu’au somment d’une colline comme la plupart des autres vestiges de bâtiments que j’ai vu.
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

For those of you who have been following our news for a while, this title is not entirely new as we have already written about RSPO the “Roundtable for Sustainable Palm Oil” in relation to Brabanta in November 2019 and the “Organic” aspects of Agripalma not even a month ago. But as this is a particularly important topic for Agripalma, I will return to it as announced in last week’s news.
Without going into the details of what is covered by the certifications, you should know that it concerns a wide range of aspects concerning obviously the environment, but also the social well-being (of the workers and neighbouring communities), the traceability of the production, the respect of the laws and rules and, a bit like the ISO standards, establishing procedures and training for all the activities of the plantation. Curiously, some aspects are not really taken into account, such as the profitability of the plantation (which is an essential factor for its sustainability) or the efficiency of production (yields per hectare or extraction rate of the oil mill) are not among the important criteria for judging the sustainability of an operation. The environment obviously plays a major role in the whole process, and it is because of the potential for excessive deforestation in Southeast Asia that RSPO certification was born. In Sao Tome it goes without saying that environmental aspects are crucial as more than a third of the island of Sao Tome is a natural park (Obó Natural Park) and a significant part of the foreign exchange income comes from tourism, which is strongly focused on environmental aspects. With a few exceptions, hotels in Sao Tome and Principe (including some hotels in the capital) are called eco-lodges, although some at best can be said to be located in green areas. But it is a fashionable term and is in line with the image that the country wishes to give to visitors. With only 200,000 inhabitants on the island, only the easily accessible areas are more or less exploited and this leaves a lot of room for nature, even areas outside the park.
It so happens that the Agripalma’s plantation borders the nature park in several places and it is therefore logical that we should play an active role in protecting the environment, which is also beneficial to the palm trees thanks to the diversity of animals that move from one to the other. However, some parts of the plantation have been developed on areas that were formerly abandoned cocoa, coffee or coconut plantations where nature had partially reclaimed its rights. These are not strictly speaking forest areas, but the organic and RSPO certifiers (rightly) believe that the biodiversity in these former plantations was probably greater than that found in the palm groves today. One should not think of palm groves as monospecific areas, as underneath the palms there is a variety of plants that in turn attract insects, molluscs and birds. The other side of the coin is that rats are very fond of palm nuts, so we maintain a rodent population that we could do without. These rodents make the raptors happy, as they are very numerous in the plantation and I suppose that the abundance of palm fruits means that the rats do not raid the nests of the endemic birds, which, beacuse historically these were absent from the island prior to its colonisation, were not used to having to defend themselves from mammals interested in their eggs or young. Curiously (and fortunately I suppose) there are not too many cats, as they would wreak havoc on the birdlife of Sao Tome, the reason for their low numbers could be that they are appreciated by the population, as a source of food.
The fact remains, however, that some parts of the plantation have been unknowingly developed on areas that the organic and RSPO certifiers would have preferred to leave to nature, and we must therefore compensate for these misdeeds through remedial measures. This can be done in several ways, either by reforesting comparable areas and guaranteeing their maintenance for a period of at least 25 years, or by investing in a project or projects with a positive long-term ecological impact. In the particular case of Agripalma, the reforestation option is not really feasible because there are no areas that could be reforested. Those that are not covered by woody vegetation such as old plantations or other sites where nature has taken over are generally occupied by villagers to grow food or fruit. The approach that makes the most sense for Agripalma is to partner with our neighbouring nature park and help them in their activities to protect and enhance the ecological wealth found there. Several avenues are being discussed (which will ultimately have to be approved by our certifiers) ranging from financing training, equipment and the salary of eco-guards to participation in the setting up of a research and ecological visitors’ center. The latter project is of particular interest to me because it would combine a whole range of actions in which we could be actively involved in the long term. It so happens that at one of the areas bordering the plantation with the natural park there are ruins of buildings from the colonial period (Monte Carmo) which could be rehabilitated to make a research and visitor centre relatively easy to access. This building is particularly interesting because in its vicinity ornithologists have inventoried 26 of the 28 endemic bird species of Sao Tome. However, there is a downside to every medal, because if we make the road easier to get to the centre, it also makes it easier for less well-intentioned people (hunters, loggers, etc.) to get there. Such a centre will obviously be occupied almost permanently, if only by guards, so ecological solutions will also be needed for electricity, water treatment, waste management, etc. A whole series of aspects that also interest me greatly. Finally, to avoid potential visitors invading the area with their vehicles and potentially creating other nuisances, we could consider having only one vehicle authorised to access this area (to deposit equipment, food and less able visitors) and otherwise make the centre accessible only by bicycle. For this we could provide a pool of mountain bikes (some electric) equipped with bags, helmets, ponchos, etc. at the plantation offices, from where visitors would have a short hour’s “ride” to the centre following signposted tracks. I will spare you for the moment all the other ideas that are being floated around, as they are all absolutely hypothetical and the remediation project would first have to be approved by the RSPO authorities, which is not yet the case.
Speaking of colonial ruins, this week we visited another such site on the plantation, in this case we believe it to be an old coffee processing station where some remains of the machinery used, apparently driven by a paddle wheel with only a very rusty metal frame remaining, still exist. Even if it is not very old, these are interesting sites to visit because they give an idea of the importance of the installations that were made by the Portuguese at the time. Unlike Monte Carmo, there doesn’t seem to have been a residence here, probably because the site is located in a valley rather than on the top of a hill like most of the other building remains I have seen.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Logis – Home

Please scroll down for English text version

Après avoir vécu en invité pendant un peu plus d’un mois, nous disposons depuis ce week-end d’une maison à nous. C’est la même maison que celle où j’ai squatté une chambre d’amis depuis mon arrivée ici en mai, mais maintenant que mon prédécesseur est rentré en Europe nous pourrons commencer à l’arranger à notre goût.
Mon (ou mes) prédécesseur(s) n’étaient manifestement pas très regardants sur leurs conditions de confort de vie car non seulement la maison est dépourvue de toute forme de décoration murale, les murs eux-même n’ont probablement plus été rafraîchis depuis de nombreuses années et ont pris un ton grisâtre avec des taches de moisissures et autres “excroissances naturelles” qui ne sont pas nécessairement agréables à regarder. Cela doit faire aussi longtemps que personne n’a pensé à nettoyer les gouttières, avec le résultat que les boiseries de la terrasse sont… totalement pourries et les parties qui ne sont pas déjà décomposées sont d’un ton noir/vert très peu inspirants… Dès ce lundi une équipe de notre département de construction va venir s’attaquer aux structures qui doivent être réparées ou remplacées. Mais, conscients de la nécessité de minimiser les coûts, presque tout le bois provient de récupérations d’anciennes constructions abandonnées dans la plantation qui ne servaient à rien, si ce n’est l’entreposage de vielles ferrailles et autres matériaux inutilisables. Ici il n’y a heureusement presque pas de termites et le bois qui est suffisamment protégé des intempéries (contrairement aux structures de notre terrasse) résiste en fait bien et longtemps. Comme les constructions en question datent d’une époque qui précédent l’installation de la plantation, il semble qu’en plus la qualité du bois utilisé était très bonne, voire meilleure que celles des planches que l’on trouve actuellement sur le marché, ce qui explique aussi leur longévité. Nous allons essayer de remettre toute la maison en ordre avant l’arrivée de Marie-Claude dans quelques semaines, pour qu’il n’y ait plus tout un contingent d’ouvriers dans la maison à ce moment-là.
Notre maison dispose de deux chambres d’amis, où nous espérons pouvoir accueillir nos amis et famille qui décideraient de venir explorer cette île tropicale. Sachez toutefois que notre plantation est située dans la zone la plus pluvieuse de l’île (3.700 mm / an), mais l’île est plutôt petite et il est donc possible d’aller à l’autre bout (nord ou sud) ou les conditions météo sont nettement plus favorables (je dis cela pour ceux qui souhaitent profiter des plages et de la mer). Cela étant dit, il est vivement conseillé de ne pas oublier de prendre son parapluie ou autre équipement adapté à la pluie et aux sols mouillés pour visiter la plantation.
A cause du micro-climat de notre coin, les journées sont souvent très nuageuses et relativement sombres. Il est donc assez surprenant que les maisons où nous habitons ne soient dotées que de petites fenêtres en outre peu nombreuses, ce qui les rend, elles aussi, fort sombres. Dans notre salon / salle à manger par exemple il y a une porte fenêtre donnant accès à la terrasse et sinon une seule autre fenêtre qui ne fait même pas 1 mètre carré. A par cela, il y a une seule fenêtre de la même taille dans chacune des chambres à coucher et dans la cuisine. L’avantage est qu’il n’y a donc pas beaucoup de travail à faire pour les rideaux (petits et peu nombreux) qui doivent être remplacés car d’un style, disons, différent du nôtre.
La terrasse de la maison est construite avec un étage, au départ parce que la hauteur permettait de voir la mer, mais depuis les palmiers de la plantation ont grandi et cette vue à donc disparu. Le “rez-de-chaussée” de la terrasse est complètement fermé avec des toiles moustiquaires car, paraît-il, les moustiques d’ici sont redoutables. Je dis “paraît-il” car depuis que je suis ici je n’en ai pas encore vu ou senti un seul, tout ce que j’espère est que ce n’est pas parce que ce n’est pas (encore) la saison. Il faut dire que mon prédécesseur était particulièrement sensible à toute forme de piqure d’insecte avec des réactions épidermiques que je n’imaginais même pas être possibles.
La maison est située dans un grand parc (nommé parc vert) avec de nombreux arbres fruitiers, fleurs et autres buissons décoratifs, y compris de la citronnelle tout autour de la terrasse qui devrait, si pas dissuader, du moins réduire l’ardeur d’insectes piqueurs qui s’approcheraient de la maison. Nous avons même un plant (liane) de vanille qui pousse à l’étage de la terrasse. Cette liane (une orchidée comme vous le savez probablement) n’a pas besoin de sol pour se développer et celle-ci croît grâce à la seule humidité de l’air et de la toiture où elle a développé quelques racines. Je ne suis pas un expert en vanille, mais j’ai cru comprendre que pour que la liane produise des gousses il faut polliniser les fleurs manuellement, donc je guette l’apparition de fleurs éventuelles pour essayer de faire fructifier notre liane. Il y a évidemment d’autres (plus grands) plants de vanille dans le parc, mais je n’y ai pas non plus observé de fleurs ou de gousses, donc il faut exercer un peu de patience.
Comme déjà plusieurs dimanches depuis mon arrivée, ce matin aussi nous avons été faire un tour en VTT dans la plantation avec l’un de mes collègues. Cette fois nous avons traversé toute la plantation vers le nord-ouest pour atteindre le parc national d’Obo et plus particulièrement les ruines d’un complexe datant du temps de la colonie que nous pensons éventuellement restaurer (ou plus probablement aider à restaurer) pour en faire un centre de recherche ornithologique. Pour le moment il n’est pas aisément accessible, même avec un VTT, et nous avons dû terminer la route à pied avec beaucoup de boue et d’obstacles, mais cela valait la peine. Dans une prochaine nouvelle je vous donnerai un peu plus d’informations sur nos projets pour ce site et les activités que nous espérons y développer, donc restez à l’écoute.
Comme chaque semaine, nous espérons recevoir de vos nouvelles en vous remerciant pour votre lecture,
Marc & Marie-Claude

After being a guest for a little over a month, we finally have our own house since this weekend. It is the same house, in which I have been squatting a guest room since I arrived here in May, but now that my predecessor has returned to Europe we can start arranging it to our liking.
My predecessor(s) were obviously not very particular about their living conditions as not only is the house devoid of any form of wall decoration, the walls themselves have probably not been refreshed for many years and have taken on a greyish tone with patches of mould and other “natural” ornaments that are not necessarily pleasant to look at. It must also be a long time since anyone thought of cleaning the gutters, with the result that the woodwork on the terrace is… totally rotten and the parts that are not already decomposed a rather charming black/green tone. As of this Monday a team from our construction department will be coming to tackle the structures that need to be repaired or replaced. But conscious of the need to minimise costs, almost all of the wood comes from the salvage of old abandoned buildings on the plantation that were of no use except for the storage of old scrap metal and other unusable materials. Fortunately, there are hardly any termites here and the wood, as long as it is sufficiently protected from the weather (unlike the structures on our terrace), is in fact very resistant. As the structures in question date from a time before the plantation was installed, it seems that the quality of the wood used was very good, even better than the boards currently on the market, which also explains their longevity. We will try to get the whole house in order before Marie-Claude arrives in a few weeks, so that there will not be a whole contingent of workers in the house at that time.
Our house has two guest rooms, where we hope to be able to accommodate our friends and family should they decide to come and explore this tropical island. Please note that our plantation is located in the rainiest area of the island (3.700 mm / year), but the island is rather small so it is possible to go to the other end (north or south) where the weather conditions are much better (I say this for those who wish to enjoy the beaches and the sea). That being said, it is strongly advised not to forget to take your umbrella or other equipment adapted to rain and wet ground to visit the plantation.
Because of the micro-climate of our area, the days are often very cloudy and relatively dark. It is therefore quite surprising that the houses we live in have only small windows, which also make them very dark. In our living/dining room, for example, there is a door window to the terrace and otherwise only one other window that is not even 1 m². There are just one window of the same size in each of the bedrooms and in the kitchen. The advantage is that there is not much work to be done on the curtains (small and few) which have to be replaced because they are of a style… let us say different from ours.
The terrace of the house is built on two levels, initially because the height of the upper floor allowed a view of the sea, but since the palm trees of the plantation have grown this view has disappeared. The “ground floor” of the terrace is completely closed with mosquito netting because, it seems, the mosquitoes here are particularly aggressive. I say “apparently” because since I have been here I have not seen or felt a single one, and I hope it is not because the mosquito season is yet to start. It must be said that my predecessor was particularly sensitive to any kind of insect bite with reactions that I never imagined were possible on a human being.
The house is located in a large park (called a green park) with many fruit trees, flowers and other decorative bushes, including lemongrass all around the terrace which should if not deter at least reduce the ardour of biting insects that might approach the house. We even have a vanilla plant (liana) growing on the terrace floor. This liana (an orchid as you probably know) does not need soil to grow and it this one grows only with the humidity of the air and some some “roots” it has developed on the roof surface. I am not a vanilla expert, but I understand that for the vine to produce the sought after pods it is required to pollinate the flowers manually, so I am looking out for possible flowers to try and make our vine bear fruit. There are of course other (larger) vanilla plants growing in the park, but I did not (yet) see any flowers or pods on these either, so a little patience is required.
As on several previous Sundays, this morning a colleague and I went for a mountain bike ride in the plantation. This time we rode northwest through the entire plantation right to the Obo National Park and in particular to the ruins of a colony-era complex that is located just outside the plantation. We are considering to restore (or more likely help restore) these buildings for use as a bird research centre. At the moment it is not easily accessible, even with a mountain bike, and we had to finish the route on foot with lots of mud and obstacles, but it was worth it. In a future newsletter I will give you some more information about our plans for this site and the activities we hope to develop there, so stay tuned.
As every week, we hope to hear from you and thank you for reading,
Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Travail – Work

Please scroll down for English text version

Sao Tomé est l’image que l’on se fait le l’île de Robinson Crusoé, une végétation luxuriante plein de plantes et fruits à portée de main quand on a un creux, les plages de sable doré avec cocotiers et des rivières et/ou sources d’eau douce un peu partout. Qui ne serait pas tenté de s’installer dans un hamac entre deux cocotiers avec un petit poisson grillé sur le feu et une manne de fruits les plus délicieux les uns que les autres. Ajoutez à cela le fait que l’île grouille de personnes désirant améliorer les choses pour l’île et ses habitant comme l’aménagement de points d’eau, la construction d’écoles ou de logements, la protection des singes et civettes, le reboisement et j’en passe. Bref plus de 95% du budget annuel de l’état de Sao Tomé est financé par des aides diverses, le reste venant du tourisme et des quelques activités agro-industrielles comme le cacao (où ce qu’il en reste), la noix de coco et l’huile de palme.
Le code du travail est tout à fait aligné avec ce modus vivendi car pour tout travail dur (travail en plantation par exemple) les heures de travail sont limitées à 30 heures par semaine et il est interdit de faire travailler quelqu’un pendant plus de 5 heures d’affilées sans accorder une pause de une heure. En plantation ce n’est pas trop un problème car d’une part la toute grande majorité des travailleurs rangent leurs outils bien avant les cinq heures réglementaires (beaucoup rentrent à la maison à peine 2-3 heures après le début de la journée pour aller se reposer, pêcher, chasser ou travailler dans leur propre jardin) et d’autre part la journée réglementaire n’est que de cinq heures. Proposer à quelqu’un de faire des heures supplémentaires (après la pause de “midi”) est presque considéré comme une insulte. Cet horaire est un peu plus problématique à l’huilerie car on ne peut pas vraiment arrêter une usine comme cela pendant une heure et ici la pause de midi est sacrée, pas question de suggérer un décalage ou une compensation.
Le personnel administratif n’est pas aussi chanceux car eux doivent “travailler” 45 heures par semaine, avec la pause de midi qui fait évidemment partie (de fait) de l’horaire de travail. Ceux qui viennent de la ville considèrent que leur travail commence à partir du moment où ils posent leurs fesses dans le bus, donc pas besoin de demander au chauffeur de rouler trop vite, et il faut évidemment compter le voyage de retour (beaucoup plus rapide de fait, mais pas sur papier). En pratique, cela veut dire que les bureaux, garage, magasin, etc. sont déserts au plus tard à 16 heures, moment ou en principe on arrête le générateur. Seulement je n’ai pas nécessairement terminé de faire ma part du travail et qui dit pas de générateur dit pas d’internet, pas de lumière et pas de ventilateur dans le bureau (je n’ai pas de climatisation et cela m’arrange très bien). J’ai demandé au pauvre bougre qui s’occupe du générateur qu’il reste une demi heure de plus quand je suis au bureau, mais je me sens gêné de faire tourner une énorme machine (80 kvA) juste pour mon internet et mon ventilateur, il faudra que je trouve une autre solution. Travail fini ou pas, au plus tard à 16h30 je ferme boutique pour généralement passer encore une petite heure à l’huilerie, où se trouve également l’équipe comptable (enfin le directeur financier car à cette heure-là son équipe, qui vient de la capitale) a déjà repris la route de leur domicile alors que dans le meilleur des cas ils sont arrivés à 9h30 au bureau… (cela me rend fou, car en plus je ne vous explique pas combien ils sont productifs dans leur travail).
Mon horaire de travail est infiniment plus relax qu’à Brabanta, je ne quitte le maison que vers 6h30 puisque les appels sont à 5-10 minutes à vélo max, une luxueuse pause de midi de une heure et en théorie je suis à la maison au plus tard vers 17h30 (moment de la tombée de la nuit).
Le samedi est une demi-journée de travail, et quand je dis demi c’est exactement cela, personne (ni même les expatriés) ne sont encore au travail à 12h01, c’est sacré. Pour la plupart des expatriés c’est aussi le seul jour (après-midi) où il est possible d’aller faire ses emplettes au supermarché à la capitale (les magasins sont fermés le dimanche). Le samedi après-midi au supermarché est un peu comme le club des expatriés, car je ne connais pas encore grand monde mais les quelques personnes que je connais (et c’est encore très limité) sont souvent elles aussi dans les allées du magasin pour faire leurs réserves de la semaine.
Ce week-end était un peu spécial car samedi soir nous avons organisé un repas d’adieux pour notre directeur financier partant et il était donc nécessaire d’être de retour à temps, mais sinon il est “habituel” de se retrouver dans un restaurant sur la route vers Sao Tomé city pour prendre le déjeuner du samedi ensemble avant de l’un aller faire juste des courses et l’autre rester en ville pour visiter une plage ou passer un moment avec sa petite amie.
Comme c’était déjà le cas quelques fois précédemment, ce dimanche matin je suis allé faire un tour en plantation en VTT avec l’un de mes collègues. Cela permet de voir la plantation sous une autre perspective et surtout aller dans des coins où je ne peux certainement pas aller avec mon 4X4 de ville. Ici pas de sable comme à Mapangu, même lorsque nous longeons la mer, mais par contre il y a des pierres (beaucoup de pierres) et il suffit d’une pierre un peu grosse mal placée quand on est en train de gravir une côte pour se retrouver soudainement arrêté. Redémarrer dans une côte un peu raide pleine de cailloux est… difficile et m’oblige donc parfois à poursuivre à pied jusqu’à ce que la pente soit un peu moins raide. Je ne suis pas certain qu’un vélo avec assistance électrique comme celui que j’avais au Congo soit beaucoup plus aisé dans le genre de terrain que nous avons ici. J’avais fait la bêtise d’emporter mon VTT sans le faire vérifier avant de partir et comme c’est un vélo que j’ai depuis environ 12 ans, il y a certains accessoires qui commencent à afficher des signes de fatigue, dont un assez essentiel… le pneu arrière qui affichait des excroissances de plus en plus prononcées sur certains flancs. Heureusement notre magasinier à réussi à me trouver une nouvelle paire de pneus et de chambres à air, ce qui fait que ce matin j’ai pu faire mon tour avec un vélo nouvellement chaussé, sans craintes de voir mon pneu soudainement exploser ou autrement se désagréger.
Marie-Claude de son côté en Normandie a eu une semaine beaucoup plus mouvementée car suite à des pluies plus abondantes qu’à l’accoutumée, le Guiel (petite rivère à côté de la maison) à commencé à monter jusqu’au dessus du niveau de l’île pour finalement venir jusqu’à la maison et graduellement inonder celle-ci. Le niveau d’eau dans la maison n’a heureusement pas atteint des proportions catastrophiques, mais les quelques centimètres étaient suffisant pour potentiellement endommager tapis, fauteuils et autres meubles bas. Avec l’aide des sapeurs pompiers de Montreuil l’Argillé les meubles essentiels ont pu être placés à l’abri de l’eau montante (sans éviter le bris de l’un ou l’autre bibelot, comme il se doit quand il y a ce genre d’intervention). Le niveau d’eau est heureusement redescendu assez rapidement laissant une fine couche d’argile collante dans toute la maison qu’il a fallu nettoyer à force de passages répétés au savon noir. La maison est à nouveau tout à fait en ordre, mais les inondations ont provoqué des dégâts à l’extérieur en arrachant les supports de l’auvent du lavoir, forçant la structure des vannages, délogeant les grosses pierres qui protègent la berge côté maison et amenant une quantité impressionnante de débris de toutes sortes qui sont restés accrochés par ci par là dans le jardin.
Nous espérons que vous aussi avez pu passer une agréable week-end après une semaine de dur labeur. A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Sao Tomé is the image one has of Robinson Crusoe’s island, with lush vegetation full of plants and fruits at hand when one is hungry, golden sandy beaches with coconut palms and rivers and/or fresh water springs everywhere. Who wouldn’t be tempted to lay in a hammock between two coconut palms with a small fish grilled on the fire and a manna of fruits each more delicious than the other. Add to this the fact that the island is full of “volunteers” who want to improve things for the island and its inhabitants, such as the construction of water points, schools or housing, the protection of monkeys and civets, reforestation and so on. In short, more than 95% of the annual budget of the state of Sao Tome is financed by various aids, the rest coming from tourism and some agro-industrial activities such as cocoa (or what is left of it), coconut and palm oil.
The labour code is fully aligned with this modus vivendi as for any hard work (plantation work for example) working hours are limited to 30 hours per week and it is forbidden to make someone work for more than 5 hours in a row without giving a one hour break. For plantation work this is not too much of a problem because on the one hand the vast majority of workers put their tools away well before the five-hour limit (many go home just 2-3 hours after the start of the day to rest, fish, hunt or work in their own gardens) and on the other hand the work day is only five hours for these workers anyway. To suggest to someone to work overtime (after the “lunch” break) is almost considered an insult. This schedule is a bit more problematic at the oil mill because you can’t really shut down a factory like that for an hour and here the lunch break is sacred, so there’s no question of suggesting a shift or compensation.
The administrative and mill staff are not so lucky as they have to “work” 45 hours a week, with the lunch break obviously being a (de facto) part of the working hours. Those who come from the city consider that their work starts from the moment they get on the bus, so there’s no need to ask the driver to drive too fast, and of course you have to take into account the return journey (much faster in fact, but not on paper). In practice, this means that offices, garages, shops, etc. are deserted by 4pm at the latest, which is when the generator is normally switched off. But I have not necessarily finished doing my share of the work (I know, I should be more efficient!) and no generator means no internet, no light and no fan in the office (I do not have air-conditioning and that suits me fine). I have asked the poor bastard who runs the generator to stay for an extra half hour when I am in the office, but I feel embarrassed to run a huge machine (80 kvA) just for my internet and my fan, so I will have to find another solution. Work finished or not, at the latest at 4.30 pm I close up shop to generally spend another hour at the oil factory, where the accounting team is also based. Well that is the financial director because by the time I get there his team, who comes from the capital has already gone back home, even though in the best case they arrived at 9.30 am at the office… (it drives me crazy, because I don’t even want to tell you how productive they are at work).
My work schedule is infinitely more relaxed than in Brabanta, I only leave home around 6:30 am since muster calls are no more than 5-10 minutes away by bike, a luxurious one hour lunch break and in theory I’m home no later than 5:30 pm (when it gets dark).
Saturday is a half working day, and when I say half it is exactly that, no one (not even expatriates) are still at work at 12:01, it is sacred. For most expats it is also the only day (afternoon) when it is possible to go shopping at the supermarket in the capital (the shops are closed on Sundays). Saturday afternoon at the supermarket is a bit like the expat club, even though I don not know many people yet but the few I do know (and it is still very limited) are often also in the aisles of the shop to stock up for the week.
This weekend was somewhat special as last night (Saturday) we had a farewell meal for our departing finance director, so it was necessary to be back in time, but otherwise it is “usual” to meet at a restaurant on the way to Sao Tome city to have our Saturday lunch together before one goes off just to do some shopping and the other stays in town to visit a beach or spend some time with his girlfriend.
As was already the case a few times before, this Sunday morning I went for a bike (mountain bike) ride in the plantation with one of my colleagues. This allows me to see the plantation from another perspective and to go to places where I certainly cannot go with my city 4X4. Here there is no sand like in Mapangu, even when we ride along the sea, but there are stones (a lot of stones) and it only takes one big stone in the wrong place when you are climbing a hill to suddenly find yourself stopped. Restarting on a steep hill full of stones is… difficult and therefore sometimes forces me to continue on foot until the slope is a little less steep. I am not sure if an electrically assisted bike like the one I had in Congo would be much easier in the kind of terrain we have here. I had made the mistake of taking my mountain bike with me without checking it before I left and as the bike is about 12 yearsold, there are some accessories that are starting to show signs of fatigue, one of which is quite essential… the rear tyre which was showing increasingly pronounced growths on some of the sidewalls. Fortunately our shopkeeper managed to find me a new pair of tyres and tubes, so this morning I was able to ride my bike with a new set of tyres, without fear of my tyre suddenly exploding or otherwise falling apart.
Marie-Claude in Normandy had a much more eventful week as, following heavier than usual rainfall, the Guiel (a small river next to the house) began to rise above the level of the island and eventually came to the house and gradually flooded it. The water level in the house fortunately did not reach catastrophic proportions, but the few centimetres were enough to potentially damage carpets, armchairs and other low furniture. With the help of the Montreuil l’Argillé fire brigade, the essential furniture was able to be placed out of the way of the rising water (without avoiding the breakage of any of the knick-knacks, as is to be expected when there is this kind of intervention). Fortunately, the water level went down quite quickly, leaving a thin layer of sticky clay all over the house, which had to be cleaned by repeated use of black soap. The house is now back to normal, but the floods have caused damage to the exterior by tearing off the supports of the wash-house awning, forcing the structure of the sluices, dislodging the large stones that protect the bank on the house side and bringing an impressive quantity of debris of all kinds that has been left hanging here and there in the garden.
We hope that you too had a pleasant weekend after a week of hard work. See you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Bio – Organic

Please scroll down for the English text version

Cette semaine je voudrais vous parler de la plantation, puisque c’est la (seule) raison de notre présence à Sao Tomé. Je dis notre car Marie-Claude doit me rejoindre prochainement pour nous installer de manière plus ou moins prolongée dans le pays. La plantation, portant le nom d’Agripalma, est située dans la province de Caué, dans le sud-est de l’île de Sao Tomé. La plantation représente une superficie totale de 2.100 hectares de palmiers à huile, mais, compte tenu de la topographie du terrain, les parcelles plantées sont réparties sur une assez grande superficie et tout comme à Brabanta il me faut au moins une heure pour arriver aux abords de certains blocs, sans toutefois toujours pouvoir y pénétrer avec mon 4×4 “de luxe”. En effet, je dispose d’un 4×4 un peu “jouet” par rapport à mes habituels moyens de locomotion. La conséquence directe étant que je n’ose pas me risquer dans des terrains vraiment accidentés… Compte tenu de la nature des routes.
Une bonne partie de la plantation était déjà plantée avec du palmier à huile suite à une initiative de l’état par la suite abandonnée et une autre a été plantée dans d’anciennes plantations de cacaoyers abandonnées elles aussi. Pour ceux qui sont familiers avec Google Earth, la plantation est bien visible sur les photos satellites, séparée en deux parties, l’une plus petite dans l’extrême pointe sud et l’autre plus grande à une quinzaine de kilomètres au nord-est de celle-ci. Mais dans les deux cas les parcelles sont disposées un peu comme de la dentelle entre les rivières et les pentes trop escarpées. Et justement pour ceux qui pensent explorer les environs de la plantation sur les cartes en ligne, ne vous laissez pas tromper par l’apparente existence d’un aéroport à côté de Porto Alegre. Je suis allé repérer les lieux et il est encore possible de distinguer les contours de ce qui a jadis été une piste d’atterrissage, mais aujourd’hui l’avion qui s’y aventurerait rencontrerait des cultures de manioc et d’autres plantes vivrières, sans compter les trous qui ont probablement été creusés pour diverses raisons.
Parlant de cacao, pour lequel Sao Tomé était réputé dans la passé, nous avons aussi une petite plantation de cacaoyers d’environ 20 hectares que j’ai découvert au hasard d’une balade à vélo il y a quelques semaines. Malheureusement celle-ci a manifestement été négligée et est en assez piteux état. Néanmoins c’est un petit projet auquel j’ai l’intention de m’attaquer lorsque les aspects de la plantation des palmiers seront mieux sous contrôle. Je dis que Sao Tomé était un producteur de cacao réputé car il a produit jusqu’à 36.000 tonnes de cacao par an et a fait la fortune des colons portugais à côté des produits du cocotier. Aujourd’hui Sao Tomé produit tout juste 1.500 tonnes de cacao annuellement et la grande majorité des plantations sont abandonnées et envahies par la végétation naturelle. Bon nombre de nos îlots de palmeraies sont entourés de ce qui reste des cacaoyers, aujourd’hui mélangés à un mélange d’autres arbres et arbustes qui ont repris possession des lieux.
Mais revenons à nos moutons (palmiers), je voulais vous parler de la plantation de palmiers à huile et non de l’histoire du cacao à Sao Tomé. L’île de Sao Tomé est presque sur l’équateur ce qui fait que toute l’année (à quelques minutes près) le soleil se lève à 5h30 et se couche à 5h30. Il pleut aussi presque toute l’année, encore que pour le moment il se passe parfois trois ou quatre jours sans vraie pluie (ce qui m’arrange pour mes périples en vélo jusqu’au bureau). Outre la pluviométrie idéale pour le palmier à huile, les sols volcaniques de Sao Tomé sont naturellement assez fertiles et tout pousse donc de manière assez luxuriante sans devoir s’en occuper beaucoup. Les palmiers ont même tendance à croître de manière excessive, au point qu’il a été envisagé d’en arracher une partie pour donner à ceux qui restent plus de place pour se développer. Dans ces conditions, il était assez logique de décider de ne pas mettre d’engrais et comme le palmier n’est pas sensible à beaucoup de maladies ni menacé par beaucoup d’insectes nuisibles il n’est pas nécessaire d’utiliser de pesticide. La plantation et son huilerie ont ainsi pu obtenir une certification européenne “BIO” qui permet (en théorie) de vendre l’huile à un meilleur prix et ainsi compenser le fait que la plantation est plutôt petite.
Ne pas utiliser de pesticide ne pose absolument pas de problèmes, les quelques insectes qui s’aventurent à attaquer les palmiers sont plutôt rares et ceux qui pourraient faire des dégâts plus importants sont assez faciles à éliminer à la main lorsqu’ils sont présents. La seule inconnue pour le moment concerne un petit insecte qui fait des ravages dans les plantations de la côte ouest de l’Afrique, mais qui pour le moment ne semble pas être présent sur l’île. Croisons les doigts pour que cela reste ainsi.
Compter sur la seule fertilité naturelle des sols pour assurer une bonne production est toutefois une lubie, les palmiers sont très sains certes, mais avec une production de plus de 20 tonnes de régimes par hectare et par an, il est clair que les nutriments naturellement présents dans le sol ne peuvent pas être suffisants sur le long terme. Nous avons donc commencé à appliquer des engrais certifiés organiques pour essayer de booster la production et maintenir la fertilité des sols. Je puis vous assurer que, hormis le compost dont les performances nutritives sont bonnes nécessitent un apport de plusieurs dizaines de tonnes par hectare (faites le calcul), les engrais organiques certifiés ne courent pas les rues. Ici nous avons opté pour un engrais à base de fumier de moutons composté, séché et pelletisé qui vient d’Espagne et un apport en potasse naturelle allemand. Pour le moment l’engrais est stocké dans le seul dépôt disponible qui se trouve à côté des maisons d’habitation des expatriés ce qui fait que nous avons l’impression d’habiter près d’une bergerie, les bêlements en moins.
Toutes les autres opérations d’entretien (désherbage, élimination des ligneux, nettoyage des chemins, etc.) est uniquement effectuée à la main. Curieusement, probablement à cause du feuillage très dense des palmiers et l’absence d’ensoleillement intense permanent, la végétation en-dessous des palmiers reste très modeste et il est relativement facile de garder les sous-bois sous contrôle.
Outre la plantation, l’huilerie fait partie de la certification bio, ce qui n’est pas sans problèmes, parfois épineux. Ainsi dans d’autres huileries, lorsqu’il y a un débordement d’huile celle-ci est récupérée et réinjectée dans le processus de fabrication où elle est filtrée et stérilisée. Dans le cas d’une huilerie bio nous ne pouvons pas faire cela car il n’y a plus de garantie d’origine puisque l’huile aurait pu être contaminée avec des produits non-organiques tels que des lubrifiants. Pour résoudre ce problème nous sommes graduellement en train de remplacer tous les graisses, fluides hydrauliques et autre lubrifiants par des produits “alimentaires” qui, même s’ils ne sont pas nécessairement bio, évitent le risque de contamination de nos huiles par des produits minéraux ou synthétiques.
La certification bio ne se limite pas aux seuls aspects de la plantation et des produits qui y sont utilisés, ainsi des aspects environnementaux et sociaux entrent également en ligne de compte. Certains aspects peuvent paraître évidents, mais ils doivent néanmoins être documentés et prouvés. Cela concerne par exemple l’absence de travail forcé ou de travail de mineurs d’âge, le respect des lois, le paiement d’un salaire décent, le logement des travailleurs, l’accès aux soins, à l’éducation ou affiliation syndicale, le traitement des déchets et effluents, etc. Je découvre qu’il y a une énorme différence entre le fait d’appliquer toutes ces règles et le fait de devoir documenter et prouver que celles-ci sont bien suivies. Ainsi il n’y a rien de plus frustrant que d’avoir un auditeur auquel on vient rapporter qu’un travailleur a déchiré sa botte (parfois le jour même ou la veille) et de voir le processus de certification remis en question alors que tous les autres travailleurs présents sont en ordre. Heureusement ces exigences ne se limitent pas à la certification bio, ce travail est également nécessaire pour l’obtention de la certification de production d’huile de palme durable et aide donc à justifier (un peu) les montagnes de papier qu’il est nécessaire de produire dans le cadre de ces processus.
Compte tenu de la certification bio, en principe, tous les produits émanant de la plantation peuvent être vendus avec ce label. Pour le moment nous n’avons pas encore de débouchés pour les noix de palmistes (amandes restant après pressage des fruits de palmier à huile), qui sont elles aussi riches en huile et dont les tourteaux peuvent servir à l’alimentation animale. Nous espérons que dans un avenir pas trop lointains qu’Agripalma aura également la possibilité de valoriser les palmistes ou des produits dérivés de palmistes avec le label bio.
En espérant que ces lignes vous trouveront bien et de vous lire très bientôt,
Marc et Marie-Claude

This week I would like to talk to you about the plantation, as it is the (only) reason for our presence in Sao Tome. I say “our” because Marie-Claude will be joining me soon to settle in the country for a while. The plantation, named Agripalma, is located in the province of Caué, in the south-east of the island of Sao Tomé. The plantation has a total area of 2,100 hectares of oil palms, but due to the topography of the land, the planted plots are spread over a fairly large area and just like in Brabanta it takes me at least an hour to get to the outskirts of some of the blocks, although I cannot get inside the plantation itself with my luxury 4×4 due to the nature of the roads. Much of the plantation was already planted with oil palm as a result of a government initiative that was later abandoned, and some of it was part of former cocoa plantations that were also abandoned. For those familiar with Google Earth, the plantation is clearly visible on satellite photos, separated into two parts, a smaller one at the extreme southern tip of the island and a larger one some 15 km to the north-east of this one. But in both cases the plots are laid out like lace between the rivers and the steep slopes. And just for those who think they are exploring the plantation’s surroundings on online maps, do not be fooled by the apparent existence of an airport next to Porto Alegre. I went to check out the area and it is still possible to make out the outline of what was once an airstrip, but today the plane that ventures there will encounter cassava and other food crops, not to mention the holes that have probably been dug for various reasons.
Speaking of cocoa, for which Sao Tome was famous in the past, we also have a small cocoa plantation of about 20 hectares that I discovered during a bike ride a few weeks ago. Unfortunately this plantation has obviously been neglected and is in a rather poor state. Nevertheless it is a small project that I intend to tackle when the aspects of the oil palm plantation are better under control. I say that Sao Tome was a famous cocoa producer as it produced up to 36,000 tons of cocoa per year and made the fortune of the Portuguese settlers alongside coconut products. Today Sao Tome produces just 1,500 tonnes of cocoa annually and the vast majority of the plantations are abandoned and overgrown with natural vegetation. Many of our palm groves are surrounded by what remains of the cocoa trees, now mixed with a variety of other trees and shrubs that have taken over.
Coming back to the subject of this newsletter (palm trees), I wanted to talk to you about the oil palm plantation and not about the history of cocoa in Sao Tome. The island of Sao Tomé is almost on the equator, which means that all year round (give or take a few minutes) the sun rises at 5.30am and sets at 5.30am. It also rains almost all year round, although at the moment there are sometimes three or four days without any real rain (which suits me for my bike trips to the office). Apart from the ideal rainfall for oil palms, the volcanic soils of Sao Tomé are naturally quite fertile, so everything grows rather luxuriantly without having to tend to it much. The oil palms even tend to overgrow, so much so that at one point it was considered an option to uproot some of them to give the remaining ones more room to grow. Under these conditions, it was quite logical to decide not to use fertiliser and as the oil palm is not prey to many diseases or insects there is no need to use pesticides. The plantation and its oil mill have thus been able to obtain European “BIO” certification, which (in theory) allows the oil to be sold at a better price and thus compensates for the fact that the plantation is rather small.
Not using pesticides is not a problem at all, the few insects that venture to attack the palm trees are quite rare and those that could do more damage are quite easy to eliminate by hand when they are present. The only unknown at the moment is a small insect that wreaks havoc on plantations on the west coast of Africa, but for the moment does not seem to be present on the island. Fingers crossed that it stays that way.
Relying on natural soil fertility alone to ensure good production is however a fad, the palms are very healthy indeed, but with a production of more than 20 tons of bunches per hectare per year, it is clear that the nutrients naturally present in the soil cannot be sufficient in the long term. We have therefore started to apply certified organic fertilisers to try to boost production and maintain soil fertility. I can assure you that, apart from compost, which has a good nutritional performance but requires several dozen tonnes per hectare (do the maths), certified organic fertilisers are not widely available. Here we have opted for a fertilizer based on composted, dried and pelletized sheep manure from Spain and a complement of natural potash coming from Germany. At the moment the (remaining) fertiliser is stored in the only available depot, which is next to the expatriates’ houses, so we feel like we are living next to a sheepfold, minus the bleating.
All other maintenance operations (weeding, removal of woody plants, cleaning of paths, etc.) are done by hand. Curiously, probably because of the very dense foliage of the palms and the absence of permanent intense sunlight, the vegetation under the palms remains very modest and it is relatively easy to keep the undergrowth under control.
In addition to the plantation, the oil mill is part of the organic certification, which is not without its problems, some of them thorny. In other oil mills, for example, when there is an overflow of oil, it is recovered and fed back into the production process where it is filtered and sterilised. In the case of an organic oil mill we cannot do this as there is no guarantee of origin as the oil could have been contaminated with non-organic products such as lubricants. To solve this problem we are gradually replacing all greases, hydraulic fluids and other lubricants with “food grade” products which, although not necessarily organic, avoid the risk of contamination of our oils with mineral or synthetic products.
Organic certification is not limited to aspects of the plantation or mill and the products used, environmental and social aspects are also taken into account. Some aspects may seem obvious, but they must be documented and proven. These include, for example, the absence of forced or underage labour, compliance with laws, payment of a decent wage, workers’ housing, access to health care, education or trade union membership, waste and effluent treatment, etc. I am discovering that there is a huge difference between applying all these rules and having to document and prove that they are being followed. So there is nothing more frustrating than having an auditor come in and report that a worker has torn his boot (sometimes the same day or the day before) and having the certification process questioned when all the other workers present are in order. Fortunately these requirements are not limited to organic certification, this work is also required for sustainable palm oil production certification and therefore helps to justify (somewhat) the mountains of paper that need to be produced in these processes.
Being certified organic, in principle all products from the plantation can be sold with this label. At the moment we do not yet have an outlet for the palm kernels (inner “almond” left after pressing the oil palm fruit), which are also rich in oil and whose cake can be used for animal feed. We hope that in the not too distant future Agripalma will also have the possibility to valorise palm kernels or palm kernel products with the organic label.
We hope that these lines will find you well and hope to read you soon,
Marc and Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Plage – Beach

Scroll down for English text

Je n’oserais dire que la semaine qui s’est écoulée est une semaine ordinaire car je suis encore en pleine phase d’adaptation, de découvertes et d’apprentissage, mais je commence à trouver mes marques et à me sentir plus à l’aise, même quand mes interlocuteurs ne parlent que le portugais et ont l’air de penser qu’il va de même pour moi. Outre l’apprentissage de la langue, une de mes priorités était de trouver un logement pour notre nouveau directeur financier qui arrive jeudi. Car, comme je crois l’avoir déjà expliqué, nous serons sept expatriés sur la plantation d’ici peu et nous ne disposons que de cinq maisons, raison pour laquelle je squatte une chambre dans la maison de l’actuel directeur financier. Cette solution n’est pas envisageable pour le collègue qui va nous rejoindre car les autres maisons ne disposent pas d’une vraie chambre d’amis qui s’y prête et la construction de nouvelles maisons (programmée) prendra au minimum quelques mois. Même si l’hôtel où j’ai séjourné au début de ma mission est plein de charme et relativement proche de la plantation, c’est une solution acceptable pour une visite temporaire mais pas pour quelqu’un qui doit s’installer à long terme, donc je me suis mis en chasse pour une solution alternative. Il vous paraîtra peut-être surprenant que ce soit le nouveau venu, ne parlant pas encore bien la langue, qui s’occupe de la recherche d’un logement, mais j’ai découvert que si je ne le fais pas il y a un réel risque de ne pas avoir de solution (autre que l’hôtel). Lors de mon précédent séjour j’avais déjà abordé le sujet avec le propriétaire de l’hôtel qui m’avait proposé d’éventuellement nous louer une petite maison située à l’arrière de l’hôtel ce qui, sans être idéal, avait semblé être une bonne solution. Seulement voilà, après avoir convenu de petits travaux à faire et du loyer à payer, le propriétaire à soudainement fait volte face car il espère que le tourisme va reprendre et aura besoin de la place.
Cette semaine j’ai donc été visiter une autre maison, qui appartient à la belle-famille de l’un de mes prédécesseurs et qui serait tellement bien que j’aurais certainement l’envie de m’y installer moi-même. La maison est effectivement hyper moderne, construite avec des matériaux nobles (bois, céramique, liège) et située au milieu d’un grand parc avec de grands arbres. Qui plus est, dans le même complexe, il y a un hôtel avec restaurant, piscine et tout et tout, qui fournit l’eau (traitée) et l’électricité 24 heures sur 24. Mais il y a quand même un revers à la médaille, d’une part, la maison est située à 45 minutes de route de la plantation si on roule normalement et d’autre part, les propriétaires ont jugé bon de clôturer le jardin avec un grillage de 2 m de hauteur placé à 3-4 m de la maison elle-même… Bref une jolie maison donnant l’impression d’être dans un camp retranché. Cela étant dit, même si je n’envisagerait pas d’y habiter moi-même, c’est la seule solution que nous avons pour le moment pour loger notre nouveau collègue dans des conditions confortables et c’est probablement moins grave pour un directeur financier d’être un peu plus loin de la plantation.
De mon côté, je vais continuer à occuper la chambre d’amis du directeur financier actuel et comme c’est la maison que nous allons occuper après son départ dans quelques semaines cela me permet de prendre mes marques petit à petit. Le grand avantage de loger juste à côté de la plantation est de pouvoir aller au bureau en vélo, pour le moment tous les jours mais on verra comment cela se présente lorsque les pluies auront réellement repris. Comme pour le week-end passé, cette fin de semaine aussi j’ai décidé de laisser mon collègue profiter de sa maison sans être dérangé et cette fois je suis parti vers le sud de l’île où je loge dans un eco-lodge sur la plage faisant face à la “Isla das Rolhas”, petite île située juste au sud de Sao Tomé située juste sur l’équateur. Le lodge est composé de petits pavillons en bois sur pilotis d’un confort irréprochable avec eau, électricité et même une connexion wifi (qui me permet de vous écrire ces lignes). La plage est bordée de cocotiers comme il se doit et ce matin au lever du jour j’ai été faire un plongeon dans la mer qui est évidemment délicieuse. Même si la distance jusqu’ici n’est pas très grande, la route est fortement dégradée et (en particulier avec mon 4×4 de ville) il faut y aller tout doucement pour ne pas faire de casse, donc on met plus longtemps à parcourir la dizaine de kilomètres jusqu’ici que de remonter à la capitale. Fort de mon expérience hôtelière précédente je m’attendais à être en petit comité, mais à en juger par le nombre de tables préparées pour le petit déjeuner il y à plutôt beaucoup de monde. Outre la plage, qui est chouette mais pas ma passion, il y a moyen de faire des randonnées dans la forêt avoisinante, ce qui est beaucoup plus à mon goût.
Cette semaine nous avons également eu la visite de représentants de la fondation Real Madrid qui encadre des jeunes et leurs entraineurs qui veulent jouer au football. Outre les formations techniques la fondation essaye également d’équiper les (parfois très) jeunes avec des tenues, chaussures et matériel sportif. C’était l’occasion de réunir tous les jeunes (filles et garçons) sur le terrain de foot de la plantation. Les enfants étaient presque aussi excités par les tenues et les chaussures que les photos que nous prenions et dès que je me mettais accroupi pour prendre des photos des plus petits, immanquablement l’un ou l’autre venait se mettre à côté de moi pour regarder l’image sur l’appareil et aussi caresser mes cheveux car apparemment ma tignasse grisonnante et lisse est quelque chose d’inédit et les plus petits n’avaient aucune réserve à venir mettre leurs mains sur ma tête.
Cou-cou, c’est Marie-Claude! J’aurais bien voulu voir cela ;). Je suis toujours en train de profiter de notre petit coin de paradis Normand où la météo est plutôt clémente aussi. Cela fait du bien d’être en “pause civilisée” un peu plus longtemps que d’habitude après nos cinq années de brousse et, particulièrement, l’année passée durant laquelle je suis restée constamment à la maison et dans le jardin… Tout en étant consciente que c’était préférable à un petit appartement en ville quelque part. Mais là, au moins, j’aurais pu sortir de temps en temps avec un masque, et en prenant des précautions, pour voir d’autres personnes, faire quelques courses, etc je dois dire que dès notre arrivée ici, comparé à Mapangu, c’était la liberté!
C’est aussi la première fois depuis longtemps que je suis présente lors d’un passage de saison et c’est très très agréable! Le bémol, évidemment, c’était de ne pouvoir profiter pleinement de nos retrouvailles avec nos aimés, mais, au moins, nous avons pu nous voir “un peu”. De plus, cette semaine, Emilie et sa famille vont venir passer quelques jours en Normandie!
Nous espérons avoir de vos nouvelles en espérant que la normalisation des choses vous permet de voir plus facilement famille et amis,
Marc & Marie-Claude

Le Guiel à côté de la maison en Normandie – The Guiel next to the house in Normandy

I wouldn’t dare to say that the past week has been an ordinary one, as I am still in the middle of an adapting, discovering and learning phase, but I am starting to get my bearings and feel more comfortable, even when my interlocutors only speak Portuguese and seem to think that I do too. Apart from learning the language, one of my priorities was to find accommodation for our new finance director who arrives on Thursday. Because, as I think I’ve already explained, there will be seven of us on the plantation before long and we only have five houses, reason why I am squatting in a room in the house of the current financial director. This is not an option for the colleague who will be joining us, as the other houses do not have a proper guest room and the construction of new houses which are (planned) will take at least a few months. Although the hotel I stayed at at the beginning of my mission is charming and relatively close to the plantation, it is an acceptable solution for a temporary visit but not for someone who has to settle down for the long term, so I went on the hunt for an alternative solution. It may come as a surprise to you that the newcomer that I am, not yet fluent in the language, should be the one to do the accommodation search, but I found that if I did not do it, there was a real risk of not having a solution (other than a hotel). During my previous stay I had already discussed the subject with the owner of the hotel, who offered to rent us a small house located at the back of the hotel and without being ideal we had concluded that it would be a good solution. However, after having agreed on the small works to be done and the rent to be paid, the owner suddenly did an about-face because he hopes that tourism will resume and his expectation is that he will need the place to accomodate tourists.
So this week I went to visit another house, which belongs to the in-laws of one of my predecessors and which (I was told) was so nice that I would certainly want to move there myself. The house is indeed very modern, built with noble materials (wood, ceramics, cork) and situated in the middle of a large park with tall trees. What’s more, in the same complex, there is a hotel with a restaurant, swimming pool and everything, which provides (treated) water and electricity 24 hours a day. But there is a catch (two actually), on the one hand the house is a 45 minute drive from the plantation if you drive normally and on the other hand the owners have seen fit to fence off the garden with a 2m high fence placed 3-4m away from the house, in short a nice house that gives the impression of being in an entrenched camp. That said, although I wouldn’t consider living there myself, it is the only solution we have at the moment to house our new colleague in comfortable conditions and it is probably less of a problem for a financial director to be a little further away from the plantation.
For my part, I will continue to occupy the guest room of the current finance director and as this is the house we will occupy after his departure in a few weeks’ time this allows me to settle in gradually. The great advantage of staying right next to the plantation is that I can cycle to the office, at the moment every day but we’ll see how it goes when the rains really start. Like last weekend, this weekend too I decided to let my colleague enjoy his house without being disturbed and this time I went to the south of the island where I stay in an eco-lodge on the beach facing the “Isla das Rolhas”, a small island just south of Sao Tome located right on the equator. The lodge is made up of small wooden pavilions on stilts of impeccable comfort with water, electricity and even a wifi connection (which allows me to write these lines). The beach is lined with coconut trees as it should be and this morning at dawn I went for a dip in the sea which is obviously delicious. Even if the travel distance from the plantation to here is not very long, the road is very bad and (especially with my city 4×4) one has to go very slowly to avoid breakage, so it takes longer to cover the ten kilometres to here than to drive from the plantation to the capital. With my previous hotel experience I expected to encounter only few other guests, but judging by the number of tables prepared for breakfast there are rather many people. Apart from the beach, which is nice but not my passion, there are ways to hike in the nearby forest, which is much more to my taste.
This week we also had a visit from representatives of the Real Madrid Foundation (supported by Agripalma), which helps young people and their coaches who want to play football. In addition to technical training, the foundation also tries to equip the (sometimes very) young people with uniforms, shoes and sports equipment. It was the occasion to gather all the youngsters (boys and girls) on the football field of the plantation. The children were almost as excited about the outfits and shoes as the photos we were taking. As soon as I crouched down to take photos of the little ones, one or other would inevitably come and stand next to me to look at the picture on the camera and also stroke my hair as apparently my sleek greyish hair is something new and the little ones had no reservations about putting their hands on my head.
Hello! Marie-Claude here! Just a few words to prove “I am still alive and kicking”. I am still in our corner of paradise in Normandy where life can be so sweet and the weather, quite fine, actually ! It is nice to enjoy more time in a civilised corner of the world. Specially after five years in Mapangu, and, even more, after spending the whole of last year without leaving home, not even once… Even though I was aware of the privilege of not being in a small flat without garden in a city… But, in that case, I would, at least, have been able to go out, with a mask & taking precautions, to see other people or do something else, from time to time. And to do my own shopping and be sure they were still other people to see 😉 I have to say that arriving in Normandy, even in the worst of the confinement was like a breath of fresh air… Behind a mask.
It is also the first time since quite a while that I am in Europe during a season change, I had not seen winter changing into spring and now, almost summer for a very long time and it is delightful ! Downside of it was, of course, not to be able to be near our beloved ones, but we could spend some time together and see eachother “in the flesh” . On the top of this, I’m expecting Emilie’s family visit for a few days next week and very much looking forward to it !!!
We look forward to hearing from you and hope that the normalisation of things will make it easier for you to see family and friends,
Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Routine

Scroll down for English text

Petit à petit je fais mon nid a Agripalma, même si pour le moment j’ai plus le sentiment d’être un coucou, car j’ai décidé de quitter l’hôtel et de squatter une des chambres dans la maison qui sera la nôtre dans un mois. Je cohabite donc avec un de mes collègues qui a décidé de quitter la plantation pour se rapprocher de sa famille vivant en France. Habiter dans une maison dans la concession de la concession apporte un nombre de changements dans la routine de tous les jours et surtout un plus grand confort. En effet, ici plus de pannes de courant ou manque d’eau puisque nous assurons nous-mêmes la production d’électricité (malheureusement avec un générateur) et l’approvisionnement en eau. L’autre principal avantage est d’être à une courte distance de toutes les installations, ainsi j’ai pu même aller à pied à certains appels et cette semaine j’ai commencé à faire la route jusqu’au bureau ou l’huilerie à vélo (eh oui, j’ai déjà pris mon VTT dans mes bagages cette fois-ci). Les bureaux ne sont pas très loin (environ 2 km) mais situés au sommet d’une petite côte qui combinée avec une température ambiante qui fleurte avec les 30°C est suffisante pour être en nage à l’arrivée. Contrairement à Mapangu, ici il n’y a malheureusement pas de douches, mais je crois qu’avec l’habitude et un peu d’organisation (une chemise de rechange) cela doit être gérable. Car sinon, mis à part les sorties en vélo en plantation éventuelles du dimanche, si je ne fais pas cela je risque de passer tout mon temps, soit assis au bureau, soit les fesses dans le fauteuil (très confortable) de la voiture.
Les collègues qui me voient débarquer à pied ou à vélo aux lieux d’appel ou au bureau me demandent immanquablement si ma voiture est en panne, car ils conçoivent difficilement pourquoi je choisirais un vélo alors que je dispose d’une luxueuse voiture. En effet, ma voiture de fonction ici ne ressemble en rien à la vieille guimbarde que j’avais à Mapangu, mais malgré son confort et tous les gadgets que nous considérons comme normaux en Europe (airbag, climatisation, bluetooth, camera de recul, détecteurs de proximité, etc.) elle a un défaut majeur: ce n’est pas une voiture avec laquelle je puis me rendre dans les parties moins accessibles de la plantation. Raison de plus pour me mettre au vélo, car, au pire, je peux le pousser ou le porter pour traverser les zones difficiles. Cela étant dit, même le VTT a ses limites car dans certaines parties de la plantation (dans laquelle il y a beaucoup de rivières et de torrents) il faut traverser les cours d’eau via des gués dont les fonds ne sont pas souvent planes ou prévisibles. Rien de tel qu’une pierre (même pas trop grosse) cachée sous l’eau pour se retrouver… mouillé.
Mon challenge principal reste l’apprentissage de l’idiome local, le portugais, mais j’ose penser que les choses progressent favorablement car je n’ai plus peur de me lancer dans des discussions avec les employés, même si parfois j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qu’ils disent. En parallèle je fais assidument mes leçons de portugais tous les jours et mes cellules grises ne doivent pas encore toutes être perdues car j’arrive à retenir pas mal des mots que je suis supposé apprendre, tous les espoirs sont donc permis. Un collègue portugais m’a dit que si je ne parlais pas la langue de manière courante après trois mois, tous les espoirs étaient perdus… et je ne veux certainement pas faire partie de cette catégorie là.
Ce week-end, pour laisser mon collègue en paix dans sa maison, j’ai décidé de passer le week-end à l’extérieur et cette fois mon dévolu est tombé sur un “city trip” à la capitale où je me suis réservé une chambre dans un guesthouse tenu par un charmant portugais. Ce petit hôtel me rappelle celui où je logeais à Kigali, avec juste une dizaine de chambres, un joli petit jardin bien tenu et une piscine dans laquelle j’ai déjà fait un plongeon hier soir. Avant d’arriver en ville, je me suis arrêté pour déjeuner dans une gargote en bord de mer avec trois de mes collègues. Le petit cabanon ne paye pas de mine, mais la cuisine est absolument fabuleuse avec un poisson (bonito) fraîchement pêché cuit à la perfection sur un feu de bois… j’en ai encore les papilles gustatives qui frétillent.
Peu après m’être installé à l’hôtel, un ancien collègue de Socfin (qui à monté une petite usine fabricant des produits organiques à base de noix de coco ici à Sao Tomé) est venu me chercher pour prendre un verre et faire connaissance. Il se fait que juste derrière le coin de l’hôtel il y a une petite chocolaterie artisanale (et aussi bio) où il est possible de prendre un café (ou un chocolat chaud dans mon cas) et surtout de déguster toutes sortes de chocolats les plus délicieux les uns que les autres. Le chocolat chaud était divin et la compagnie fort agréable, bref mes premières expériences de week-end citadin sont plutôt positives. Je ne suis évidemment pas sorti sans acquérir quelques réserves de chocolat, ne fut-ce que pour maintenir mes papilles gustatives en éveil. Le hasard (?) faisant que j’ai des rendez-vous ici en ville lundi matin (rencontre avec notre secrétaire général, qui est aussi candidat aux présidentielles cette année…, visite du port et réunions avec des clients/partenaires potentiels), je profite de toute la journée de ce dimanche pour explorer un petit peu la ville. Ce matin je me suis contenté de faire le tour d’une partie de la baie et de visiter le musée national, visite pour laquelle ils ont dûs aller chercher les clefs car manifestement les visiteurs se font rares. Le musée rassemble une collection d’objets glanés dans les fermes coloniales (meubles, vaisselle, photos, outils) et des statues et vêtements religieux, le tout un peu défraîchi mais au milieu de tout cela il y avait un grand-father’s clock en état de marche et donnant une heure exacte. Beaucoup de bâtiments d’origine de la ville sont dans un état de délabrement plus ou moins avancé et dans la baie il y a plusieurs bateaux à moitié submergés, ce qui donne une bonne idée de la profondeur restreinte des eaux du port. Les portes-conteneurs doivent donc rester au large tandis que des barges font le va-et-vient entre le port et les bateaux pour acheminer les conteneurs.
L’ambiance est très agréable avec ça et là des petits groupes de personnes assises sous un arbre à refaire le monde avec les chiens (il y en beaucoup ici) profondément endormis à leurs pieds.
Ce midi j’ai l’intention d’aller manger dans un restaurant un peu plus huppé où, paraît-il, ils font une mousse au chocolat qui vaudrait le détour. Fort de ma dégustation de chocolat hier après-midi je me dis que ce n’est probablement pas une mauvaise idée de rester sur la lancée, mais pour le verdict de cette expérience il vous faudra attendre les nouvelles de la semaine prochaine.
Nous espérons avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Little by little I am making my nest in Agripalma, even if at the moment I feel more like a cuckoo, because I decided to leave the hotel and squat one of the rooms in the house that will be ours in a month. I am living with a colleagues who will be leaving the plantation early July to be closer to his family living in France. Living in a house in the concession brings a number of changes to my daily routine and above all a greater comfort. Indeed, here there are no more power cuts or lack of water, since we provide our own electricity (unfortunately with a generator) and supply of water. The other main advantage is to be at a short distance from all the facilities, so I can even walk to some muster calls and this week I started to ride my bike to the office or the oil mill (yes, I took my mountain bike in my luggage this time). The offices are not very far (about 2 km) but located at the top of a small hill which combined with an ambient temperature of 30°C is enough to be somewhat wet when arriving at the office. Unlike Mapangu, there are unfortunately no showers here, but I think that with practice and a bit of organisation (a spare shirt) it should be manageable. Otherwise, apart from the possible plantation bike rides on Sundays, if I do not do this I risk spending all my time either sitting in the office or with my butt in the (very comfortable) car seat.
Colleagues who see me walking or cycling to the muster or the office inevitably ask me if my car has broken down, as they find it hard to understand why I would choose to cycle when I have a luxury car. Indeed, my company car here is nothing like the old lady I had in Mapangu, but despite its comfort and all the gadgets we consider normal in Europe (airbag, air-conditioning, bluetooth, reversing camera, proximity sensors, etc.) it has one major drawback: it is not a car with which I can get to the less accessible parts of the plantation. All the more reason for me to take my bike, because in the worst case I can push or carry it through difficult areas. That said, even the mountain bike has its limits because in some parts of the plantation (in which there are many rivers and streams) you have to cross the streams via fords whose bottoms are often not flat or predictable. There is nothing like a stone (not even a big one) hidden under the water to find yourself… wet.
My main challenge remains learning the local idiom, Portuguese, but I dare to think that things are progressing favourably because I am no longer afraid to engage in discussions with the employees, even if sometimes I have a lot of trouble understanding what they say. Meanwhile I am continuing my Portuguese lessons every day and my grey cells must not be completely buggered yet because I am able to remember quite a few of the words I am supposed to learn, so all hopes are not lost. A Portuguese colleague told me that if I didn’t speak the language fluently after three months, all hope was lost… and I certainly don’t want to be in that category.
This weekend, in order to leave my colleague in peace in his house, I decided to spend the weekend away and this time my heart fell on a “city trip” to the capital, where I booked a room in a guesthouse run by a charming Portuguese. This small hotel reminds me of the one where I stayed in Kigali, with just under a dozen rooms, a nice little garden and a swimming pool in which I already took a dip yesterday evening. Before arriving in town, I stopped for lunch at a seaside shed with three of my colleagues. The little shack did not look like much, but the food is absolutely fabulous with freshly caught fish (bonito) cooked to perfection over a wood fire… my taste buds are still tingling.
Shortly after settling into the hotel, a former colleague from Socfin (who has set up a small factory producing organic coconut products here in Sao Tome) came to pick me up for a drink and to get to know each other. It just so happens that just around the corner from the hotel there is a small artisanal (and also organic) chocolate factory where you can have a coffee (or a hot chocolate in my case) and above all taste all sorts of chocolates, each more delicious than the last. The hot chocolate was heavenly and the company very pleasant, so my first experiences of my city weekend is rather positive. Of course I did not leave the place without acquiring some chocolate, if only to keep my taste buds on the alert. As chance (?) has it, I have appointments here in town on Monday morning (meeting with our secretary general, who is also running president in the elections this year…, a visit to the port and meetings with potential clients/partners), I can take advantage of the whole day this Sunday to explore the city a little. This morning I just walked around a part of the bay and visited the national museum, a visit for which they had to dearch for the keys because visitors are obviously scarce. The museum has a collection of items gleaned from colonial farms (furniture, crockery, photos, tools) and religious statues and vestments, all a bit faded but in the middle of it all there was a working grandfather clock giving an exact time. Many of the town’s original buildings are in varying degrees of disrepair and in the bay there are several half-submerged ships, which gives a good idea of the limited depth of the harbour. The container ships have to stay offshore while barges go back and forth between the port and the ships to move the containers.
The atmosphre is very pleasant, with small groups of people seated in the shade of a tree having highly philosophical discussions (I guess) with dogs (there are many here) lying unconscious at their feet.
This lunchtime I’m planning to eat at a slightly more upmarket restaurant where I hear they make a chocolate mousse that would be worth a visit. After my chocolate tasting yesterday afternoon I think it is probably not a bad idea to keep the momentum going, but you will have to wait for next week’s news for the verdict on this experience.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Une Semaine – One Week

Scroll down for English text

Après un bref séjour de courses entre la Belgique, la Suisse et la France pour faire rapport de ma mission à Sao Tomé, célébrer le mariage de notre fille et faire des bagages pour un nouveau séjour de longue durée sous les tropiques, me voici de retour à Sao Tomé.

Cela fait tout juste une semaine que je suis revenu à Ribeira Peixe, village où est établi la plantation d’Agripalma dont je suis à présent responsable. Je suis malheureusement reparti seul car pour le moment Marie-Claude et moi ne disposons pas encore d’une maison. Dans un premier temps ce n’est probablement pas un mal d’être seul pour prendre pied dans ce nouvel environnement et heureusement Marie-Claude ne se plaint pas trop d’être coincée dans notre petit nid de Normandie.

Dans un premier temps je suis à nouveau logé dans le même hôtel situé à 15km de la plantation, où nous espérions négocier la location d’une petite maison située à l’arrière de l’établissement pour avoir un peu plus de flexibilité. Malheureusement, alors que dans un premier temps c’était une suggestion du propriétaire de l’hôtel lui-même, cette option n’est plus envisageable car il a l’impression que les affaires reprennent et il veut garder la possibilité de loger des clients dans la petite maison aussi. Je ne me sens toutefois pas le courage de rester encore un mois dans ma chambre d’hôtel, sachant qu’un jour sur deux il n’y a pas de courant (donc pas d’eau pour la douche) et que je n’ai pas de place où déballer mes affaires. L’hôtel n’est pas non plus habitué à recevoir des clients de longue durée et il est donc par exemple difficile de faire faire des lessives.

J’ai la ferme intention d’aller squatter la chambre d’amis de la maison de l’actuel directeur financier, maison qui sera celle où Marie-Claude et moi allons habiter après son départ, car il a décidé de quitter la société. Cela me permettra, d’une part de déballer mes bagages et d’avoir une meilleure idée de ce que j’aurais pu oublier et, d’autre part, d’avoir accès à un réfrigérateur pour y garder des choses à grignoter le soir comme un yaourt par exemple.

Durant cette première semaine « officielle » à Agripalma, je me suis choisi un bureau qui n’a malheureusement pas de vue comparable à celle que j’avais à Mapangu, mais qui a l’avantage d’être au milieu des bureaux de l’administration, agronomes et ressources humaines. Je suis aussi juste à côté du garage et du magasin central, ce qui me permet d’être en contact avec une grande partie des collègues sans aller trop loin. Seuls les départements techniques (huilerie et construction) et financiers sont sur un autre site, mais à 2-3 kilomètres donc facilement joignables. Je n’ai pas de climatisation dans mon bureau, mais de manière surprenante compte tenu de la position quasi équatoriale de la plantation il ne fait ni trop chaud ni trop humide (pour le moment).

Pour célébrer mon arrivée, j’ai quand même eu droit à une première petite grève des coupeurs, tout cela à cause d’une modification bénigne apportée par le directeur de plantation dans l’attribution des lignes de palmiers à récolter. Ce changement ne change en rien la quantité de travail, la distance à parcourir ou la rémunération, mais c’est un changement et ici c’est (semble-t-il) inacceptable… Espérons qu’après un week-end de repos nos travailleurs auront repris leurs esprits.

Dans mes bagages j’ai également pris mon vélo car l’expérience de Mapangu nous a montré que c’est le meilleur (seul) moyen pour m’assurer de faire un peu d’exercices. Un plus dans ce cas-ci est le fait que deux de mes collègues expatriés (le directeur de l’huilerie et le directeur de plantation) ont également apporté leur vélo pour la même raison, donc cette fois je ne serai pas seul sur ma petite reine. Ce matin je suis d’ailleurs allé faire un premier tour en plantation avec le directeur de plantation pendant un peu plus d’une heure et demi et c’était fabuleux. La difficulté principale etant la nature plutôt rocailleuse du terrain, ce qui rend les choses parfois un peu difficile (surtout dans les portions de route plus escarpées et surtout dans les descentes). Nous sommes montés jusqu’au sommet d’une colline où il y a des ruines d’une installation datant de la colonie avec une vue panoramique sur 360° avec le Pico de Grand Cau d’un côté et la mer de l’autre, mais aussi une vue panoramique sur la plantation avec l’huilerie et les bureaux. Ainsi j’ai découvert que nous sommes également propriétaires de plantations de cacaoyers pour lesquelles je n’ai pas encore trouvé beaucoup d’informations, mais j’ai la ferme intention d’essayer de récolter quelques cabosses pour essayer de fabriquer du chocolat maison. Outre l’aspect gastronomique, je vais rechercher des informations sur la culture du cacao car je ne vais pas laisser passer la chance de découvrir une culture que je ne connais pas (plus que les cours de Gembloux qui ont pris beaucoup de poussière dans ma mémoire).

Heureusement nous avons complété notre parcours sans chutes ou autres problèmes et mieux encore en passant entre les gouttes de pluie. A ce propos, il paraîtrait que nous sommes actuellement en saison sèche, ce qui ici veut dire qu’il pleut moins et les avis divergent sur les moments les plus pluvieux de l’année. Certains disent que le déluge commence vers la mi-août (le record pour le moment est de presque 400 mm en 24 heures, mais j’attends de voir car cela dépasse largement la capacité d’un pluviomètre et donc comment cela a-t-il été mesuré ? N’étant pas trop sûr de la météo et ayant oublié de prendre une poche étanche pour mon appareil de photo, il n’y aura malheureusement pas de photos de l’expédition ci-dessus, mais je suis certain qu’une prochaine occasion se présentera et je ne manquerai pas de mieux me préparer.

Le grand luxe à Agripalma est un horaire de travail beaucoup plus humain (pour les expatriés) car nous pouvons dormir une heure de plus qu’à Brabanta, réveil à 5h30 au lieu de 4h30 avec 3 des 4 lieux d’appel à moins de 10 minutes de la maison. Il est vrai que le quatrième lieu d’appel est à grosse demi-heure de route du campement, mais c’est loin de la grosse heure de piste que je devais faire pour aller aux appels les plus éloignés de Brabanta. Tous les expatriés habitent (ou habiteront) dans le même site, ce qui devrait permettre une plus grande interaction sociale. Je dis habiteront car il nous manque encore deux maisons, pour lesquelles nous sommes en contact avec des fournisseurs de maisons préfabriquées en espérant ainsi pouvoir résoudre cette équation rapidement.

Espérant que ces nouvelles vous trouveront en bonne forme,

Marc & Marie-Claude

Une des plages bord

After a short busy trip between Belgium, Switzerland and France to report on my mission in Sao Tome, to celebrate our daughter’s wedding and to pack for another long stay in the tropics, I am back in Sao Tome.

It is just one week since I returned to Ribeira Peixe, the village where the Agripalma plantation is established and for which I am now responsible. Unfortunately, I left alone because Marie-Claude and I do not yet have a house. At first it’s probably not a bad thing to be alone to get a foothold in this new environment and fortunately Marie-Claude does not complain too much about being stuck in our little nest in Normandy.

Initially I am again staying in the same hotel located 15km from the plantation, where we were hoping to negotiate the rental of a small house located at the back of the establishment to have a little more flexibility. Unfortunately, while at first this was a suggestion from the hotel owner himself, this option no longer exists as he feels that business is picking up and he wants to keep the possibility of accommodating guests in the small house as well. However, I do not feel capable of staying in my hotel room for another month, knowing that every other day there is no power (so no water for the shower) and I have no place to unpack. The hotel is also not used to receiving long-term guests, so it is difficult to have laundry done.

I have the firm intention of squatting in the guest room of the current financial director’s house, which will be where Marie-Claude and I will live after he leaves, as he has decided to leave the company. This will allow me to unpack my luggage and to have a better idea of what I might have forgotten, and also to have access to a fridge to keep things to nibble on in the evening, like yoghurt for example.

During this first “official” week at Agripalma, I chose an office that unfortunately does not have a view comparable to the one I had in Mapangu, but which has the advantage of being in the middle of the administration, agronomists and human resources offices. I am also right next to the garage and the central shop, which allows me to be in contact with a large number of colleagues without going too far. Only the technical (oil mill and construction) and financial departments are on another site, but 2-3 kilometres away, so they are easily reachable. I do not have air-conditioning in my office, but surprisingly given the almost equatorial position of the plantation, it is neither too hot nor too humid (for the time being).

To celebrate my arrival, I had my first workers strike (fortunately limited to a small group of harvesters), all because of a minor change made by the plantation manager in the allocation of the palm lines to be harvested. This change does not change the amount of work, the distance to be covered or the pay, but it is a change and here it is (apparently) unacceptable… I hope that after a weekend of rest our workers will have come to their senses.

In my luggage, I also took my bike because the experience of Mapangu showed us that it is the best (only) way to make sure I get some exercise. A plus in this case is the fact that two of my expat colleagues (the oil mill managers and the plantation manager) also brought their bikes for the same reason, so this time I will not be alone on my quest. This morning I went for a first ride on the plantation with the plantation manager for a little over an hour and a half and it was fabulous. The main difficulty is the rather rocky nature of the terrain, which makes things a bit tricky at times (especially on the steeper parts of the road and especially on the downhill sections). We climbed to the top of a hill where there are ruins of a settlement with a 360° panoramic view including the Pico de Grand Cau on one side and the sea on the other, but also a panoramic view of the plantation with the oil mill and the offices. I also found out that we own cocoa plantations for which I have not yet found much information, but I have the firm intention to try to harvest some pods to try to make homemade chocolate. Apart from the gastronomic aspect, I will be looking for information on cocoa cultivation, as I am not going to pass up the chance to discover a culture I do not know anything about (more so than the courses I had at university have gathered a lot of dust in my memory).

Fortunately, we completed our route without any falls or other problems and even better by passing between the raindrops. By the way, it seems that we are currently in the dry season, which here means that it rains less and opinions differ on the rainiest time of the year. Some say the deluge starts around mid-August (the record at the moment is almost 400mm in 24 hours, but I’m waiting to see as this is way beyond the capacity of a rain gauge and so how was this measured? Not being too sure about the weather and having forgotten to take a waterproof pouch for my camera, there will unfortunately be no photos of the expedition above, but I am sure there will be a next opportunity and I will be better prepared.

The great luxury at Agripalma is a much more humane working schedule (certainly for expats) as we can sleep an hour longer than in Brabanta, wake up at 5:30am instead of 4:30am with 3 of the 4 muster locations within 10 minutes of home. Unfortunately, the fourth muster point is a generous half hour drive from the residential compound, but it is still much less than the hour drive I had to make to get to the farthest muster points at Brabanta. All the expats live (or will live) in the same site, which should allow for more social interaction. I say will live because we are still two houses short, for which we are in contact with suppliers of prefabricated houses in the hope that we can solve this equation soon.

Hopefully this news will find you in good shape,

Marc & Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Artemisia

See below for English version

Dans nos précédentes nouvelles du Congo nous vous avons déjà raconté comment l’Afrique centrale et la République Démocratique du Congo en particulier est ravagée par la malaria avec plusieurs centaines de milliers de morts chaque année. Pour nous prémunir contre cette maladie, depuis presque dix ans Marie-Claude et moi avons opté pour une solution préventive et curative naturelle en utilisant l’Artemisia annua, une plante utilisée depuis des millénaires en Chine pour combattre le plasmodium responsable de la malaria. Depuis que Marie-Claude et moi prenons préventivement une tisane faite avec les feuilles de cette plante cultivée dans notre jardin, nous n’avons jamais eu de malaria. Pourtant toutes les personnes autour de nous, préférant utiliser des médicaments “officiels”, y compris les autres expatriés, ont tous eu des crises de malaria, parfois même plusieurs d’affilée. Lorsque je faisais de missions ponctuelles en Afrique, l’Artemisia provenait de notre jardin en Belgique où nous arrivions à obtenir des plants de près de 2m de hauteur et dont quelques exemplaires étaient largement suffisants pour nos besoins toute l’année. Ces réserves nous ont même aidé dans nos débuts au Congo car nous avons eu un peu de mal à trouver des semences adaptées au climat local.
Pour ceux qui nous lisent depuis quelques années, vous vous souviendrez peut-être que nous avions écrit en février 2017 que j’avais eu une petite crise de malaria. Mais ce que nous avons oublié de vous écrire est que peu de temps après j’ai été faire des examens à l’institut tropical d’Anvers et ces examens ont révélé que je n’avais aucune trace de malaria dans le sang et que le trouble que j’avais décrit comme une petite crise de malaria devait être autre chose.
Il est quasi impossible de prouver une hypothèse négative, à savoir que c’est grâce à nos tisanes d’Artemisia que nous n’avons pas eu de malaria, mais compte tenu du fait que toutes les personnes autour de nous en ont eu, il est difficile de trouver une autre explication. Beaucoup d’entre vous doivent se poser la question : pourquoi est-ce que les personnes de notre entourage ne se sont pas précipités sur cette solution gratuite et efficace ? Pour la population locale c’est probablement parce qu’une tisane c’est un remède de grand-mère tandis qu’une piqure dans les fesses c’est de la “vraie” médecine et si de surcroit il y a quelques effets secondaires (comme de la somnolence ou des oreilles qui bourdonnent) on sait qu’il y a un médicament qui travaille dans le corps. La non-acceptation par les autres expatriés est plus difficile à expliquer, mais peut-être est-ce parce que leur médecin (comme beaucoup) ont déconseillé de prendre des risques avec la malaria qui développe de plus en plus de résistances aux traitements actuellement disponibles.
Une des difficultés avec l’Artemisia annua est que c’est une plante qui demande un minimum de soins, semis en pépinière, repiquage, arrosage et surtout récolter au bon moment. Dans un milieu comme le Kasaï, où la majorité de la population ne se donne même pas la peine de cultiver quelques légumes pour varier leur ordinaire, passer du temps à faire pousser une plante aussi “difficile” que l’Artemisia passe pour un caprice.
Une alternative existe en Afrique, l’Artemisia afra, une plante pérenne (et donc plus facile à cultiver) de la même famille qui serait elle aussi efficace pour prévenir ou guérir la malaria. Nous n’en avons pas trouvé dans notre coin du Congo et nous ne pouvons dons pas en dire grand chose. Il est toutefois intéressant de noter que l’Artemisia afra ne contient peu ou pas d’artémisine (matière active extraite de l’Artemisia annua par l’industrie pharmaceutique pour fabriquer des médicaments anti-malariens) et est pourtant active contre la malaria…
Ici à Sao Tomé il n’y a pas ou peu de malaria. Il semblerait que plusieurs fois par an les autorités du pays organisent des campagnes de fumigation à travers le pays pour contenir le développement des insectes potentiellement vecteurs du paludisme, tout ce que je sais est que les collègues recommandent de rester à l’intérieur quand l’on vient fumiger les installations.
Malgré l’absence de malaria, je suis venu en mission ici à Sao Tomé avec mes doses d’Artemisia, mais pas vraiment à cause de la malaria. Revenons (encore une fois) à la pandémie qui nous affecte tous depuis presque un an et demi. Une des observations qui me tourne en tête est la comparaison de l’impact que cette pandémie a eu en Belgique et la ville de Kinshasa, deux populations à peu près équivalentes (11,5 millions d’habitants) avec un impact du Covid totalement différent car en Belgique il y a eu plus de 24.000 morts attribués à la pandémie alors qu’au Congo (principalement Kinshasa) il y en a eu moins de 800. Pourtant à Kinshasa les gens vivent à 20-30 dans une maison avec des conditions d’hygiène douteuses et souvent peu ou pas d’eau pour se laver (les mains). Certains diront que c’est parce qu’il y a beaucoup moins de tests, c’est vrai mais les quelques hôpitaux ne sont pas débordés et il n’y a pas une soudaine augmentation des décès. D’autres diront que c’est le climat, mais comment expliquer alors que d’autres contrées au climat chaud (l’Inde par exemple) n’échappent pas au fléau. Cela nous ramène à la malaria, maladie omniprésente au Congo et en particulier dans une grande ville comme Kinshasa où la proximité des personnes favorise la transmission du plasmodium. La conséquence de cette pression de malaria est que la quasi totalité de la population prend régulièrement des traitements anti-paludiques (sauf la diaspora congolaise rentrant d’Europe qui représente une proportion non-négligeable des décès – données à vérifier).
Marie-Claude et moi avons donc décidé de continuer à prendre régulièrement nos tisanes d’Artemisia, raison pour laquelle je suis venu avec un surplus de doses à Sao Tomé.
Venons-en au point principal de ces nouvelles. En effet la semaine passée je vous faisais part que, malgré l’apparente protection de Sao Tomé du gros de la pandémie, un des collègues avec qui je venais de passer une semaine de travail intense (bureau, voiture, repas) avait non seulement testé positif pour le Covid-19 mais était sérieusement malade avec tous les symptômes (toux, fièvre, perte d’odorat et de goût, douleurs musculaires, etc.). Il était quasi impossible que je n’ai pas été contaminé compte tenu du temps et de la proximité passés ensemble et je me suis immédiatement isolé et pris ma tisane d’Artemisia tous les soirs. L’équipe médicale qui devait venir tester toutes les personnes qui avaient été en contact avec le collègue malade n’est finalement arrivée que mardi dernier (soit 4 jours après la confirmation d’un cas positif en plantation) et sans tests car ils voulaient d’abord vérifier si personne d’autre n’était “malade”. On a pris ma température et demandé si j’avais de symptômes, et j’ai été déclaré bon pour le service. Mais, comme je dois prendre l’avion ce dimanche pour rentrer en Europe, j’ai été me faire tester à la capitale en étant quasi certain que mon test serait positif, même si je n’ai absolument aucun symptôme. Car après tout j’ai passé une semaine entière avec une personne malade du Covid sans protections particulières (nous ne portions même pas de masque, puisque personne ici ne le fait… une pâle excuse je sais). Eh bien, ça y est, j’ai reçu le résultat de mon test et il est NEGATIF! Ce résultat, je l’attribue à l’Artemisia même si c’est impossible à prouver, pas pour m’avoir soigné mais pour avoir renforcé les capacités de mon corps pour empêcher le virus de s’y installer tout comme cette plante nous à protégé Marie-Claude et moi contre la malaria depuis toutes ces années. Il est regrettable que la vente de thé d’Artemisia soit interdite dans certains pays, mais il n’est pas interdit de la faire pousser ou d’aider d’autres à en bénéficier et ceux que cela intéresse je les invite à visiter le site de IDAY (www.iday.org), où il est même possible de commander des plantules pour votre balcon ou jardin (pour ceux qui habitent en Belgique ou proches environs).
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc et Marie-Claude

Artemisia annua (Source: La Maison de l’Artemisia)

In our previous news from Congo we already told you how Central Africa, and the Democratic Republic of Congo in particular, is ravaged by malaria with several hundred thousand deaths every year. To protect ourselves against this disease, Marie-Claude and I have been using a natural preventive and curative solution for almost ten years now, using Artemisia annua, a plant that has been used for thousands of years in China to fight the plasmodium responsible for malaria. Since Marie-Claude and I have been taking a preventive tea made from the leaves of this plant (grown in our garden), neither of us ever had malaria. However, all the people around us, who prefer to use “official” medicines, including the other expatriates, all had malaria attacks, sometimes even several in a row. When I was on short assignments in Africa, the Artemisia came from our garden in Belgium, where we managed to obtain plants of almost 2m in height and of which a few specimens were more than enough for our needs all year round. These reserves even helped us in our early days in the Congo as we had some difficulty in finding seeds adapted to the local climate.
For those of you who have been reading us for a few years, you may remember that we wrote in February 2017 that I had a small bout of malaria. But what we forgot to write to you is that shortly afterwards I went for tests at the Tropical Institute in Antwerp and these tests revealed that I had no trace of malaria in my blood and that the disorder I had described as a probable malaria attack must have been something else.
It is impossible to prove a negative hypothesis, that it was thanks to our Artemisia teas that we did not have malaria, but considering that everyone around us had malaria, it is difficult to find another explanation. Many of you must be asking yourselves: why did the people around us not rush for this free and effective solution? For the local population, it is probably because an herbal tea is a grandmother’s remedy whereas an injection in the backside is “real” medicine and if on top of that there are some side effects (like drowsiness or ringing in the ears) you know that there is a medicine working in the body. The non-acceptance by other expatriates is harder to explain, but perhaps it is because their doctors (like many) have advised against taking risks with malaria, which is developing more and more resistance to the treatments currently available.
One of the difficulties with Artemisia annua is that it is a plant that requires a minimum of care, sowing in a nursery, transplanting, watering and especially harvesting at the right time. In an area like the Kasai, where most people do not even bother to grow a few vegetables to vary their diet, spending time growing a plant as “difficult” as Artemisia is considered a whim.
An alternative exists in Africa, Artemisia afra, a perennial plant (and therefore easier to grow) of the same family which is also said to be effective in preventing or curing malaria. We did not find any in our part of Congo, so we cannot say much about it. However, it is interesting to note that Artemisia afra contains little or no artemisin (the active ingredient extracted from Artemisia annua by the pharmaceutical industry to make anti-malarial drugs) and yet is active against malaria…
Here in Sao Tome there is little or no malaria. It seems that several times a year the country’s authorities organise fumigation campaigns throughout the country to contain the development of insects potentially carrying malaria, all I know is that colleagues recommend staying indoors when fumigating the facilities is taking place.
Despite the absence of malaria, I came to Sao Tome with my doses of Artemisia, but not really because of malaria.
Let us scroll back (again) to the pandemic that has been affecting us all for almost a year and a half. One of the observations that has struck us is the impact that this pandemic had in Belgium compared to the city of Kinshasa, two roughly equivalent populations (11.5 million inhabitants) with a totally different impact of Covid. Because in Belgium there have been more than 24,000 deaths attributed to the pandemic, whereas in Congo (mainly Kinshasa) there have been less than 800. Yet in Kinshasa people live 20-30 in a house with dubious hygiene conditions and often little or no water to wash (their hands). Some will say it’s because there are far fewer tests, which is true, but the few hospitals of Kinshasa are not and have not been overwhelmed and there is no sudden increase in deaths. Others will say that it is the climate, but how can you explain that other countries with a warm climate (India, for example) do not escape the plague. This brings us back to malaria, a disease that is omnipresent in central Africa and in particular in a large city like Kinshasa where the proximity of people favours the transmission of plasmodium. Most of the malaria related deaths in the world are recorded in the central part of the African continent and RD Congo in particular. The consequence of this malaria pressure is that almost the entire population regularly takes anti-malarial treatments (except for the Congolese diaspora returning from Europe, which represents a non-negligible proportion of Covid deaths – data to be verified).
Marie-Claude and I therefore decided to continue to take our Artemisia teas regularly, even when back in Europe, and this is why I came to Sao Tome with a surplus of doses.
Now I return to the main topic of this news. Indeed, last week I informed you that, despite the apparent protection of Sao Tome from the bulk of the pandemic, one of the colleagues with whom I had just spent a week of intense work (office, car, meals) had not only tested positive for Covid-19 but was seriously ill with all the symptoms (cough, fever, loss of smell and taste, muscle aches, etc). It was almost impossible for me not to have been infected given the time and proximity spent together and I immediately isolated myself and took my Artemisia tea every night. The medical team that was supposed to come and test all the people who had been in contact with the sick colleague finally arrived only last Tuesday (4 days after the confirmation of a positive case in the plantation) and without any tests because they wanted to check first if nobody else was “sick”. They took my temperature and asked if I had any symptoms, and I was declared fit for duty. But, as I have to fly back to Europe this Sunday, I went to the capital to be tested, almost certain that I would test positive, even though I have absolutely no symptoms. After all, I spent a whole week with someone who was ill with Covid without any particular protection (we didn’t even wear masks, since nobody here does… a lame excuse I know). Well, I got my test result and it is NEGATIVE! I attribute this result to the consumption of Artemisia thea, even though it is impossible to prove, not for curing me but for strengthening my body’s ability to prevent the virus from taking hold just as this plant has protected Marie-Claude and me from malaria for all these years. It is unfortunate that the sale of Artemisia tea is forbidden in some countries, but it is not forbidden to grow it or to help others to benefit from it and for those who are interested I invite them to visit the IDAY website (www.iday.org), where it is even possible to order seedlings for your balcony or garden (for thos who live in or close to Belgium).
We hope to hear from you very soon,
Marc and Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Attente – Waiting

See below for English text

Cette semaine fut à nouveau remplie de journées ensoleillées et chaudes, à croire que les soit-disant journées ininterrompues de pluie sont une légende pour effrayer les visiteurs. Je n’ai toutefois pas eu l’occasion d’en profiter beaucoup car cette semaine j’ai été occupé principalement par la révision d’une montagne de procédures et autres documents et la rédaction de mon rapport de visite qui doit être prêt dès le jour de mon arrivée en Europe puisque je suis attendu au siège immédiatement après mon retour.
J’ai malgré tout en l’occasion de me balader un petit peu dans la plantation autour des bureaux, si ce n’est pour vérifier quelques détails concernant l’organisation des opérations et structures en place.
Comme indiqué dans les nouvelles précédentes, ici l’existence de la pandémie est loin des pensées de tous et venant de l’Europe (même si je n’y ai passé que quelques semaines), le contraste de l’attitude des gens est surprenante. Dans mon rapport j’ai d’ailleurs fait état du fait que peut-être l’approche est un peu trop désinvolte, en particulier compte tenu du fait qu’un nombre non négligeable de collègues font la navette entre la capitale et la plantation tous les jours dans un minibus sans que personne ne porte de masque et/ou ne se lave les mains en arrivant. Il y a quelques mois plusieurs collègues ont testé positif pour le Covid et l’un d’eux à même passé plusieurs semaines à l’hôpital, mais cela n’avait pas poussé la direction à faire plus que mettre quelques lave-mains à l’entrée des bureaux et de l’usine qui ne sont plus utilisés par personne à l’heure actuelle.
Alors est arrivé ce qui devait arriver et l’un des collègues avec qui je viens de passer plusieurs jours à partager bureau, voiture et repas vient de recevoir un résultat positif pour le Covid, test que je lui avais recommandé de faire par précaution car il se plaignait d’avoir un début de grippe. Il a fallu attendre quatre jours pour recevoir le résultat du test, mais heureusement dans l’attente il a quand même jugé plus prudent de rester à la maison. Toujours est-il que j’ai passé plusieurs jours avec lui alors qu’il commençait a ressentir le début de grippe et il a donc été décidé que je devais moi-aussi me mettre en isolation. Il n’était pas envisageable que je reste à l’hôtel, qui n’est absolument pas équipé pour assurer des mesures de protection adéquates et j’ai donc déménagé dans la maison d’un collègue qui est actuellement en congé, ce qui n’est pas sans certains avantages. A l’hôtel cela faisait bientôt trois jours qu’il n’y avait plus d’électricité et/ou d’eau, sauf pendant une demi-heure le soir quand ils allumaient le générateur pour que leur unique client (moi) puisse prendre une douche. Ici, la maison est alimentée en courant et en eau 24h/24h et est située dans un parc plein d’arbres et de fleurs magnifiquement entretenu.
Ce week-end mon intention était de faire une excursion vers l’une des plages des environs pour tâter un petit peu de la mer et partager quelques photos de ces sites extraordinaires et avec le soleil radieux qui brille aujourd’hui cela aurait effectivement été magnifique, mais voilà que je suis à présent interdit de sortie en attendant la venue d’une équipe médicale qui doit venir tester toutes les personnes qui ont été en contact avec le collègue malade et le résultat du test. Hormis le fait que je suis interdit de sortie (même si je me sens tout à fait bien), un test positif voudrait dire que je ne pourrai pas prendre le vol de retour vers l’Europe programmé pour samedi dans l’attente d’un test négatif… Ceci est particulièrement contrariant car notre fille se marie le 12 mai et je préfèrerais pouvoir être présent en personne plutôt qu’au travers d’un écran en visioconférence. Je devrais en savoir un peu plus dans le courant de la semaine et dans l’immédiat j’essaie de profiter du site magnifique dans lequel je réside (même si c’est un peu forcé). Je ne sais pas si c’est grâce aux tisanes d’Artémisia que Marie-Claude et moi continuons de prendre régulièrement ou une autre raison, mais je me sens tout à fait bien et j’espère donc que le test confirmera cela.
J’ai encore un paquet de documents (en portugais) à revoir, seule chose qui me reste à faire hormis mon rapport, et donc une occupation qui est possible même dans ma situation actuelle sans aucun problème. Ah oui parce qu’en plus de ne plus avoir de problèmes avec l’eau ou l’électricité, ici j’ai aussi un excellente connexion internet…
Dans l’immédiat mes problèmes sont plus d’un ordre logistique car je ne puis évidemment plus faire appel à la cuisine de l’hôtel pour mes repas et comme ce confinement a été décidé juste au début du week-end il me faut attendre jusqu’à lundi pour recevoir des provisions, car ici tout est fermé le week-end. Heureusement il a quelques boîtes de conserve dans la maison donc je ne vais pas dépérir pendant ces quelques jours.
Nous nous réjouissons de recevoir de vos nouvelles,
Marc et Marie-Claude

Un jour moins ensoleillé – A less sunny day
Le lever du Jour à Sao João do Angolares – Early morning at Sao João do Angolares
Art?
Mon logement actuel… – My current lodgings…
Tandis qu’en Normandie tout est calme – While in Normandy all is quiet

This week was again full of sunny and warm days, as if the so-called uninterrupted rainy days are just a legend to scare away visitors. However, I did not have the opportunity to enjoy them much as this week I was mainly busy with the revision of a mountain of procedures (in Portuguese) and other documents and the writing of my visit report which has to be ready on the day of my arrival in Europe as I am expected at the headquarters immediately after my return.
I have nevertheless had the opportunity to wander around the plantation around the offices, if only to check a few details about the organisation of the operations and structures in place.
As mentioned in the previous news, the existence of the pandemic is far from everyone’s thoughts here and coming from Europe (even though I only spent a few weeks there), the contrast in people’s attitudes is surprising. In my work report I mentioned that perhaps the approach is somewhat too casual, especially considering that a significant number of colleagues commute between the capital and the plantation every day in a minibus without anyone wearing a mask and/or washing their hands when they arrive. A few months ago several colleagues tested positive for Covid and one even spent several weeks in hospital, but this did not prompt management to do more than put a few hand-washing facilities at the entrance to the offices and the factory, which are no longer used by anyone.
Then what had to happen happened and one of the colleagues with whom I have just spent several days sharing office, car and meals has just received a positive result for Covid, a test I had recommended to get himself tested because he was complaining of having the beginning of the flu. It took four days to receive the test result, but fortunately he still thought it safer to stay home. However, I spent several days with him as he began to feel the onset of flu and it was decided that I too should go into isolation. It was not feasible for me to stay in the hotel, which is not equipped to provide adequate protection, so I moved into the house of a colleague who is currently on leave, which is not without its advantages. At the hotel there had been no electricity and/or water for nearly three days, except for half an hour in the evening when they turned on the generator so that their only guest (me) could have a shower. Here the house has 24 hour power and water and is situated in a beautifully maintained park full of trees and flowers.
This weekend my intention was to take a trip to one of the nearby beaches to feel the sea and share some photos of these extraordinary sites, and with the bright sun shining today it would have been wonderful indeed. But now I am banned from going out while waiting for a medical team to come and test everyone who has been in contact with the sick colleague and then wait for the result of the test. Apart from the fact that I am grounded (even though I feel perfectly fine), a positive test would mean that I would not be able to take the flight back to Europe scheduled for Saturday until such time as I can get a negative test… This is particularly upsetting as our daughter is getting married on the 12th of May and I would prefer to be there in person rather than through a video conference screen. I should know a bit more later this week and in the meantime I am trying to enjoy the beautiful location where I am currently staying (even if it is somewhat forced). I don’t know if it is because of the Artemisia teas that Marie-Claude and I continue to take regularly or some other reason, but I am feeling just fine, so I hope the test will confirm this.
I still have a bunch of documents (in Portuguese) to review, the only thing I have left to do apart from my report, and therefore I have an occupation that is possible even in my current situation without any problems. Oh yes, because in addition to not having any problems with water or electricity, here I also have an excellent internet connection…
For the time being my problems are more of a logistical nature as I can’t use the hotel kitchen for my meals and as this confinement was decided just at the beginning of the weekend I have to wait until Monday to receive provisions, because everything here is closed on weekends. Fortunately there are a few tins of food in the house so I won’t be wasting away during these few days.
We look forward to hearing from you,
Marc and Marie-Claude

Categories
Sao Tomé

Nature

Descendre plus bas pour le texte en français.

As I am currently preparing my mission report in English (colleagues here speak little French and I speak even less Portuguese), I decided that for once this newsletter could start in English as well. I just completed two weeks in Sao Tomé, and many ask me how it is, what I have seen, how are the people, etc. To be honest, this last week I have not been much out of the office as my focus was mainly on policies, procedures, reports, etc., but of course that did not stop me from chatting with local colleagues, sometimes with only my broken Portuguese as a means of communication.
The pandemic has temporarily put a serious dent in it, but Sao Tomé’s major source of revenues (other than international aid that is said to account for 90% of the country’s budget) is tourism. Although some nice resorts exist in Sao Tomé, most of the tourists come here for the (lush) nature and its bird life rather than for its beaches. So today, as the weather seemed to be nice, I decided to head into the hills and try to enjoy some of the nature that people are paying to come and visit.
As mentioned in my previous news, the hotel I am staying at is an old farm complex from the Portuguese colonial times and at the back of it there is a road that goes into the hills, so why not start there: The first three kilometres of the road is in rather good condition. It must have been build at great cost because in some places on one side it is carved out of the rock of the mountain and on the other it is build up with stone walls that seem to have resisted through time rather well. The road is paved with black volcanic stones that have been polished like cobble stones over the time and, as I discovered, are rather slippery when wet, but hardly any puddles or mud to walk through. On either side of the road there are plantations of cocoa, coffee, bananas and other crops that are obviously being maintained and regularly harvested. The road itself is also well maintained with the grass kept short and the fallen trees removed to allow the passage of a car or a truck (I guess to collect the harvest). The people I met along the road were tending their crops or clearing the road, all very friendly and surprised to see this guy just going for a walk. I guess this is not the place where most tourists go for their nature experience.
Eventually the maintained road and gardens stop and the road turns into a path going through the forest. In fact this is not true, the colonial road is still there in its full width, it just is not maintained like the first part is. I was told that the Portuguese build roads and railways going right to the centre of the island, so maybe this is one of these and I decided to explore further.
When the Portuguese came to Sao Tomé, the island had no population and also traditional food crops did not exist. The Portuguese therefore decided to line all the roads and railways with bread trees to provide part of the sustenance needs by the workers (slaves and contracted) brought to Sao Tomé from Angola, Mozambique and the Cape Verde islands. Many of these bread trees are still there, they have obviously become huge but they are a sure sign of the presence of a former road of some sort. Fruits of the bread tree are quite nice, they can be eaten as chips, fries, mashed (like potatoes) and probably other ways that I have not yet tested. However when left to (over) mature on the tree it becomes a ball of mushy white paste enclosed in a thick peel that literally explodes when it finally drops to the ground. Definitely not something one wants to be on the receiving end of. Anyway, it felt like I had reached the tropical forest that makes the reputation of the island as beyond the bread trees I could see nothing but dense tropical vegetation.
As I was walking along the path, I came across an old lady coming my way and obviously delighted to see me. I could not really understand what she was saying except going on and on about a “cabra” (which I think means goat) and promptly turned around and walked with me. A little further we did indeed come across a (rather large) billy goat and I thought that maybe she wanted me to help her get hold of the animal, but she just (albeit carefully) walked past the animal and I just followed suit. A little further along the path we came across a little shag where an elderly man gave me a long explanation, which I hardly understood. All I could make from it is that the lady was his wife and he thanked me for helping her. I did not know how to tell him that I had done nothing except walking in her company for a few hundred meters.
Pursuing my walk I eventually reached what seemed to be the ridge of the hill and was surprised to see an orange tree full of fruits. Then a little further along the path I found myself in the middles of a huge complex of buildings, largely reclaimed by nature, in front of which there was a whole orchard of citrus trees laden with oranges. A little further, two men apparently squatting in the remains of one of the buildings, explained that this place was used as a breeding farm for poultry, goats, pigs and other animals during the colonial period. I am not sure why they chose to go this far up the hill, but they certainly did not think small. From there on the path became much more difficult to follow and at several places I had to climb over mounts of fallen trees and branches, so eventually I decided that this was as far as my exploratory walk for the day would go. According to the app on my phone (what else do you do without a map) I had climbed 600 meters and covered 6 kilometres, not a hike but not bad for a Sunday stroll.
Obviously I returned the same way I came (there is only this one road), but it is surprising how things can look different depending on the direction of one’s travels. Except for snakes, there are no dangerous animals as such on the island and I felt therefore rather confident walking through the forest, with even a ray of sunshine coming through the canopy once in a while.
Then I came across our friend the billy goat, standing in the middle of the road and looking at me with what did not look like friendly eyes. It is just a billy goat right? But when I moved to the right, he moved to the right, when I moved to the left he moved to the left and somehow he was a rather large bugger. I am not really scared of goats, or any animals for that matter, but my back is just on the mend from having been quite painful and somehow jostling with a billy goat did not seem like the best idea just now. I started looking around me for a stick of some sort, but it is interesting how somehow in the middle of the forest, when you need a piece of wood there is none within reach. At least now I understood why the old lady (and her husband) were so happy about my presence, but clearly while the goat might not want to take it up to two people, now I was fair game. As I was pondering my options a (rather young) goat appeared a little further along the path and realising my adversary was a perv, I took my cue and promptly moved on. Voila, now you have a glimpse of my first encounter with the Sao Tomean nature, which is absolutely beautiful and the people really friendly, so do not hesitate to visit.
We hope to hear from you soon, as usual,
Marc and Marie-Claude

Old road – Vieille route
Symbol of Caué – Symbole de Caué
Less maintained road – Route moins entretenue
Another impressive roc – Un autre rocher impressionant
Hiding in the ruins – Caché dans les ruines

Comme je suis en train de préparer mon rapport de mission en anglais (les collègues ici parlent peu le français et je parle encore moins le portugais), j’ai décidé que, pour une fois, cette newsletter pourrait également commencer en anglais. Je viens de passer deux semaines à Sao Tomé, et beaucoup me demandent comment c’est, ce que j’ai vu, comment sont les gens, etc. Pour être honnête, cette dernière semaine, je ne suis pas beaucoup sorti du bureau car je me concentrais principalement sur les politiques, les procédures, les rapports, etc., mais bien sûr, cela ne m’a pas empêché de discuter avec des collègues locaux, parfois avec, pour seul moyen de communication, mon portugais approximatif.
La pandémie a temporairement porté un sérieux coup à l’économie de Sao Tomé, dont la principale source de revenus (hormis l’aide internationale qui représenterait 90 % du budget du pays) est le tourisme. Bien qu’il existe quelques belles stations balnéaires à Sao Tomé, la plupart des touristes viennent ici pour la nature (luxuriante) et ses oiseaux, plutôt que pour ses plages. Aujourd’hui, comme il semblait faire beau, j’ai décidé de me rendre dans les collines et d’essayer de profiter un peu de la nature que les gens paient pour venir voir.
Comme je l’ai mentionné dans mes précédentes nouvelles, l’hôtel où je loge est un ancien complexe agricole datant de l’époque coloniale portugaise et, à l’arrière, il y a une voie qui mène dans les collines, alors pourquoi ne pas commencer par là ? Les trois premiers kilomètres sont en assez bon état. Elle a dû être construite à grands frais car, à certains endroits, elle est taillée d’un côté dans la roche de la montagne et, de l’autre, construite avec des murs de pierre qui semblent avoir plutôt bien résisté au temps. La route est composéee de pierres volcaniques noires polies comme des pavés au fil du temps et, comme je l’ai découvert, plutôt glissantes lorsqu’elles sont mouillées, mais il n’y a pratiquement pas de flaques d’eau ou de boue tout au long du chemin. De part et d’autre on peut observer des plantations de cacao, café, bananes et autres cultures manifestement soignées et régulièrement récoltées. La route elle-même est également bien entretenue, l’herbe est maintenue courte et les arbres tombés sont enlevés pour permettre le passage d’une voiture ou d’un camion (j’imagine pour venir chercher la récolte). Les gens que j’ai rencontrés le long de celle-ci s’occupaient de leurs cultures ou l’entretenaient , tous très amicaux et surpris de voir ce type qui se promenait le long de ce passage carrossable. Je suppose que ce n’est pas l’endroit où la plupart des touristes vont pour faire l’expérience de la nature.
Finalement, route entretenue et jardins s’arrêtent et cèdent la place à un chemin qui traverse la forêt. En fait, ce n’est pas vrai, la route coloniale est toujours là dans toute sa largeur, mais n’est plus entretenue. On m’a expliqué que les Portugais ont conçu des routes et des chemins de fer allant jusqu’au centre de l’île, alors peut-être que celle que je suis aujourd’hui va elle aussi vers le centre et j’ai décidé d’explorer plus loin.
Lorsque les Portugais sont arrivés à Sao Tomé, l’île n’avait pas de population et les cultures vivrières traditionnelles n’existaient pas non plus. Les Portugais ont donc décidé de planter des arbres à pain le long de toutes les routes et voies ferrées afin de subvenir à une partie des besoins alimentaires des travailleurs (esclaves et contractuels) amenés à Sao Tomé depuis l’Angola, le Mozambique et les îles du Cap-Vert. Beaucoup de ces arbres à pain sont encore là, ils sont évidemment devenus énormes mais ils sont un signe certain de la présence d’une ancienne route en quelque sorte. Les fruits de l’arbre à pain sont assez agréables à manger, ils peuvent être consommés en chips, en frites, en purée (comme les pommes de terre) on en fait aussi une farine extrêmement nutritive et il y a probablement d’autres utilisations que je n’ai pas encore testées. Cependant, lorsqu’on les laisse (trop) mûrir sur l’arbre, ils se transforment en une boule de pâte blanche crêmeuse enfermée dans une peau épaisse qui explose littéralement lorsqu’elle tombe enfin sur le sol. Ce n’est certainement pas quelque chose que l’on a envie de recevoir sur la tête. Quoi qu’il en soit, j’avais l’impression d’avoir atteint la forêt tropicale qui fait la réputation de l’île, car au-delà des arbres à pain, je ne voyais plus que de la végétation tropicale dense.
Alors que je marchais le long du chemin, j’ai croisé une vieille dame qui venait dans ma direction et qui était visiblement ravie de me voir. Je n’ai pas vraiment compris ce qu’elle disait, si ce n’est qu’elle n’arrêtait pas de parler d’une “cabra” (ce qui, je pense, signifie chèvre) et elle s’est retournée et a marché avec moi. Un peu plus loin, nous avons effectivement rencontré un bouc (plutôt grand) et j’ai pensé qu’elle voulait peut-être que je l’aide à attraper l’animal, mais elle est simplement (bien que prudemment) passée devant l’animal et j’ai suivi. Un peu plus loin sur le chemin, nous sommes tombés sur une petite cabane où un homme âgé m’a donné une longue explication, que j’ai à peine comprise. Tout ce que j’ai pu en tirer, c’est que la dame était sa femme et qu’il m’a remercié de l’avoir aidée. Je ne savais pas comment lui dire que je n’avais rien fait d’autre que de marcher en sa compagnie pendant quelques centaines de mètres.
Poursuivant ma promenade, j’ai fini par atteindre ce qui semblait être la crête de la colline et j’ai été surpris de voir un oranger plein de fruits. Puis, un peu plus loin sur le chemin, je me suis retrouvé au milieu d’un immense complexe de bâtiments, en grande partie récupérés par la nature, devant lequel se trouvait tout un verger d’agrumes chargés d’oranges. Un peu plus loin, deux hommes apparemment installés dans les restes d’un des bâtiments, m’ont expliqué que cet endroit était utilisé comme ferme d’élevage de volailles, de chèvres, de porcs et d’autres animaux pendant la période coloniale. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont choisi d’aller aussi loin sur la colline, mais ils n’ont certainement pas pensé petit. À partir de là, le chemin est devenu beaucoup plus difficile à suivre et, à plusieurs endroits, j’ai dû escalader des amas d’arbres et de branches tombés, si bien que j’ai fini par décider que ma promenade exploratoire de la journée s’arrêterait là. Selon l’application de mon téléphone (que faire d’autre sans carte), j’avais grimpé 600 mètres et parcouru un peu plus 6 kilomètres (jusqu’au sommet) , pas une vraie randonnée mais pas mal pour une promenade dominicale.
Bien entendu, je suis revenu par le même chemin que celui par lequel je suis arrivé (il n’y a qu’une seule route), mais il est surprenant de voir à quel point les choses peuvent être différentes selon le sens du voyage. A l’exception des serpents, il n’y a pas d’animaux dangereux en tant que tels sur l’île et je me sentais donc plutôt confiant en marchant dans la forêt, avec même un rayon de soleil traversant la canopée de temps en temps.
C’est alors que je suis tombé sur notre ami le bouc, debout au milieu de la route et me regardant avec des yeux qui n’avaient pas l’air amicaux. C’est juste un bouc, non ? Mais quand je me suis déplacé vers la droite, il s’est déplacé vers la droite, quand je me suis déplacé vers la gauche, il s’est déplacé vers la gauche et c’était un bougre assez grand. Je n’ai pas vraiment peur des chèvres, ni d’aucun animal d’ailleurs, mais mon dos est en voie de guérison après avoir été assez douloureux et me mesurer avec un bouc ne semblait pas être la meilleure idée du moment. J’ai commencé à chercher un bâton autour de moi, mais c’est intéressant de voir comment, au milieu de la forêt, quand on a besoin d’un morceau de bois, il n’y en a pas à portée de main. Au moins, je comprenais maintenant pourquoi la vieille dame (et son mari) étaient si heureux de ma présence, mais il est clair que si le bouc ne voulait pas s’en prendre à deux personnes, j’étais maintenant une proie facile. Alors que je réfléchissais à mes options, une chèvre (plutôt jeune) est apparue un peu plus loin sur le chemin et, réalisant que mon adversaire était un pervers, j’ai pris la mesure de la situation et me suis rapidement éloigné. Voilà, vous avez maintenant un aperçu de ma première rencontre avec la nature de Sao Tomé, qui est absolument magnifique et les gens vraiment sympathiques, alors n’hésitez pas à la visiter.
Nous espérons avoir de vos nouvelles bientôt, comme d’habitude,
Marc et Marie-Claude