Categories
Mapangu Uncategorised

Organisation

Please see below for English text

Pourquoi parler d’organisation alors que nous sommes sans conteste dans le pays le plus désorganisé que nous ayons jamais connu. C’est bien simple, rien ne fonctionne et quand il y a encore un peu d’espoir au mieux cela marche en retard ou à moitié. Ce n’est pas juste une question d’organisation, mais aussi de propension à utiliser les choses (machines, outils, accessoires), même flambants neufs, d’une manière qui fait que leur durée de vie en est réduite drastiquement malgré (ou à cause ?) des réparations “plan B”, à la locale. d’une façon ou d’une autre ils ne sont jamais plus pareils . . .
Les exemples ne manquent pas, ainsi nous avons équipé nos coupeurs avec des ciseaux en acier trempé qu’il suffit d’affûter de temps en temps avec une pierre à aiguiser pour pouvoir travailler le plus efficacement possible. Nous en avons distribué plusieurs centaines et pour faciliter la tâche des coupeurs nous avons même mis en place un système où les coupeurs ramènent leur ciseau en fin de travail pour qu’une personne formée à cela se charge d’affûter tous les outils. Toute une organisation, même si en principe c’est très simple, car chaque travailleur est responsable son ciseau propre, marqué, soit parce qu’il a une préférence pour le type de manche ou sa longueur, ou encore pour pouvoir s’assurer que les outils qui disparaissent sont facturés à la bonne personne.
Les travailleurs estiment que ce système n’est pas à leur convenance et emportent donc les ciseaux au village après le travail où ils vont chauffer les lames pour les marteler et ainsi “améliorer” leur performance. Seulement voilà, en chauffant la lame dans un brasier l’acier perd sa dureté et doit donc être aiguisé beaucoup plus fréquemment (ce qu’ils ne font pas). Le résultat est qu’avec les ciseaux “modifiés” le travailleur doit donner 4-5 coups de lames pour couper une palme alors qu’avec la lame d’origine un seul coup suffit… Malheureusement le constat est amer, car à l’appel plus de 90% des ciseaux montrent les caractéristiques de chauffage et de martellement, le mal est maintenant fait jusqu’au prochain arrivage d’outils, si les travailleurs ont compris, ce qui est loin d’être certain.
Mais l’organisation dont je souhaitais vous écrire concerne plutôt la façon dont certains travaux sont organisés et pour lesquels nous ne semblons pas arriver à former nos agents à des méthodes plus efficaces de travail. L’exemple que je cite le plus souvent, certains d’entre vous l’auront déjà certainement entendu, c’est lorsque nos fonds arrivent et qu’il faut ranger l’argent dans le coffre.
L’argent arrive dans des malles et avant de ranger celui-ci dans le coffre nous faisons un comptage. Les billets viennent en briques de 500 billets (ne vous emballez pas, les coupures principales font 1.000 francs ce qui est équivalent à un peu moins de 60 cents à l’heure actuelle et nous avons aussi beaucoup de coupures de 500, 200, 100 et même 50 francs (je vous laisse faire la conversion), donc une brique ne représente pas nécessairement un montant faramineux. Bref, pour faciliter le comptage des briques celles-ci sont disposées par paquet de 10, ce qui (par hasard) correspond aussi exactement à la hauteur des étagères dans le coffre et devrait (en théorie) faciliter le rangement.
Visualisez maintenant l’étagère du coffre avec une brique de billets qui reste de l’envoi précédent, logiquement nous la mettrions de côté pour mettre les paquets de 10 briques les uns à côté des autres sur l’étagère, mais pas ici… Comme il y a déjà une brique en place sur l’étagère, la seule solution est de recomposer un paquet de briques en prélevant une à une les briques d’un paquet se trouvant à côté du coffre, mais évidemment il reste alors une brique de trop qui nécessite de recommencer le même processus jusqu’à ce que le tout soit rangé dans le coffre. Si cette méthode était “justifiée” par le souhait de recompter chaque brique, je pourrais peut-être comprendre, mais non ici il s’agit seulement et uniquement de ranger l’argent dans le coffre.
Un exemple similaire est survenu au port hier matin où une barge est arrivée pour nous livrer des brouettes et du carburant. Le carburant se trouvant dans les cales de la barge tandis que les brouettes étaient entassées sur les écoutilles des mêmes cales. Pour vous donner une idée claire des opérations je dois rapidement vous décrire notre port où, d’une part nous avons un quai en béton permettant aux barges de ce mettre à fleur de terre (du moins en-dehors de la saison sèche quand le tirant d’eau est suffisant) et d’autre part nous avons des quais en terre où se trouvent les tuyaux permettant de pomper le carburant en-dehors des cales.
Hier matin quand je suis arrivé, le bateau était à quai (là où il y a le béton) et le capitaine a décidé de bouger la barge pour se positionner près du tuyau de dépotage de carburant. La barge reste accessible depuis la terre, mais cette fois avec une grosse planche (pas trop large quand même) qui permet de relier le bateau à la berge.
Une fois en place pour dépoter le carburant, le capitaine à réalisé qu’il fallait d’abord débarquer les brouettes (il y en avait quand même 300) pour accéder aux écoutilles abritant le carburant. Mais cette fois il ne suffisait pas de juste passer celle-ci du bateau au quai, mais de les transporter individuellement via la passerelle ( qui penchait quand même un peu), ce qui a évidemment pris au moins deux fois plus longtemps… De plus, il s’est révélé que les amarres qu’ils avaient ne permettaient pas de fixer le bateau à l’emplacement choisi, mais la solution a été vite trouvée avec un morceau de ficelle en nylon (en espérant que le courant ou les mouvements d’une autre barge ne viennent pas perturber la solution.
Les situations de ce genre ne manquent pas et sont parfois désespérantes. La semaine passée nous devions charger 5 tonnes de graviers dans un camion, mais le camion ne pouvait pas reculer jusqu’au tas de gravier à cause d’une poutre en bois que personne n’a pensé à déplacer. La solution, évidente me direz-vous, a consisté à prendre des brouettes, de charger celles-ci avec le gravier, contourner la poutre et venir déverser celles-ci au pied du camion pour ensuite les charger à la pelle dans le camion. Quand j’ai vu cela j’ai cru que j’allais pleurer, car en plus la poutre en question n’a pas nécessité plus de 3 personnes pour la déplacer et reculer le camion jusqu’au tas de graviers. Le commentaire du chef d’équipe était: “vous les blancs vous avez la technique!”, malheureusement je n’oserais pas garantir que la prochaine fois ils ne feront pas la même chose, mais nous ne perdons pas espoir.
Heureusement qu’à la maison c’est tout du contraire, Marie-Claude nous fabrique continuellement des choses qui embellissent ou rendent plus facile notre vie de brousse, beaucoup de couture pour le moment mais aussi des systèmes-D pour lutter contre les cafards qui semblent coloniser les lieux en force. Ces créatures nous amènent d’ailleurs à une observation des plus remarquables car, parmi les stratagèmes de Marie-Claude il y a la solution de mettre tous les rouleaux de papier alu, papier de cuisson, etc. dans un zip-lock pour que les cafards ne s’y installent pas. Grande était donc notre surprise de voir que le sachet était en fait occupé par un gros cafard. Plutôt que d’essayer de le pourchasser nous avons pensé être malin en mettant le tout pendant la nuit au congélateur et effectivement le lendemain matin la créature était raide et dure, en principe une fin assez douce. Toutefois à notre grande surprise, un quart d’heure après sa sortie du congélateur le cafard a décidé de se réveiller… il paraît qu’ils résistent aussi au micro-onde, mais ça nous ne l’avons pas testé.
A très bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Un peu d’érosion – Slight erosion
La Monusco se déplace – Monusco on the move
Accès aisé aux cales – Easy access to the holds
Bien attaché – Securely fastened
Promenade en forêt ce matin – Walk in the forest this morning

Why talk about organisation when we are unquestionably in the most disorganized country we have ever known. It is quite simple, nothing works and when there is still a little hope at best it works late or halfway. It’s not just a question of organization, but also of the propensity to use things (machines, tools, accessories), even brand new ones, in a way that drastically reduces their lifespan despite (or because of?) local “plan B” repairs. Somehow they are never the same again …
There is no lack of examples, one is that we have equipped our harvesters with hardened steel chisels that just need to be sharpened from time to time with a whetstone in order to work as efficiently as possible. We have distributed several hundred of them and to make the work of the harvesters easier, we have even set up a system where the harvesters bring their chisel back at the end of the work so that a person, trained in this work, can sharpen all the tools. A whole organisation, even if in principle it is very simple, because each worker is responsible for his own chisel, which is marked, either because he has a preference for the type of handle or its length, or to ensure that tools that disappear are charged to the right person.
The workers feel that this system is not to their liking and therefore take the chisel to the village after work where they will heat the blades to hammer them and thus “improve” their performance. However, by heating the blade in a fire, the steel loses its hardness and therefore has to be sharpened much more frequently (which they do not do). The result is that with the “modified” chisels the worker has to give 4-5 strokes of the blade to cut a palm, whereas with the original blade one stroke is enough… Unfortunately the perspective is not great, because at muster in the morning I notice that more than 90% of the chisels show the heating and hammering characteristics, the damage is now done until the next arrival of tools, if the workers have understood, which is far from certain.
But the “organisation” I wanted to write to you about is rather about the way in which some work is organised and for which we do not seem to be able to train our workers in more efficient working methods. The example I cite most often, as some of you will no doubt have already heard, is when our funds arrive and we have to put the money in the safe. The money comes in trunks, and before we put it in the safe we do a count. The notes come in bricks of 500 notes (don’t get excited, the main denominations are 1,000 francs which is equivalent to just under 60 euro cents at the moment and we also have a lot of 500, 200, 100 and even 50 franc notes (I’ll let you do the conversion), so a brick doesn’t necessarily represent a huge amount. In short, to make it easier to count the bricks, they are arranged in bundles of 10, which (by chance) also corresponds exactly to the height of the shelves in the safe and should (in theory) make storage easier.
Now visualize the shelf of the safe with a brick of bills left over from the previous shipment, logically we would put it aside to put the packs of 10 bricks next to each other on the shelf, but not here … As there is already a brick on the shelf, the only solution is to reconstitute a packet of bricks by removing one by one the bricks of a packet next to the safe, but obviously there is then one brick too many that needs to repeat the same process until the whole thing is stored in the safe. If this method was “justified” by the wish to recount each brick, I could perhaps understand, but not here, it is just and only a matter of putting the money in the safe.
A similar example occurred at the port yesterday morning where a barge arrived to deliver wheelbarrows and fuel. The fuel was in the barge’s holds while the wheelbarrows were piled up on the hatches of the same holds. To give you a clear idea of the operations I must quickly describe our harbour where, on the one hand we have a concrete dock allowing the barges to tie up flush with the ground (at least outside the dry season when the draught is sufficient) and on the other hand we have earthen wharves (slopes) where the hoses for pumping the fuel out of the holds are located.
Yesterday morning when I arrived, the boat was docked at the main wharf (where the concrete is) and the captain decided to move the barge to position himself near the fuel pumping hose. The barge is still accessible from the shore, but this time with a big board (not too wide though) that allows access from the barge to be river side.
Once in place to pump the fuel, the shipmaster realised that the wheelbarrows (of which there were 300) had to be unloaded first to gain access to the fuel hatches. This time, however, it wasn’t enough to simply pass the whelbarrows from the boat to the quay, but it required to transport them individually via the gangway (which was tilted a little), which obviously took at least twice as long… Moreover, it turned out that the mooring lines they had didn’t allow the boat to be fixed in the chosen location, but the solution was quickly found with a piece of nylon string (hoping that the current or the movements of another barge wouldn’t disrupt the solution.
There is no shortage of such situations and they can be desperate at times. Last week we had to load 5 tons of gravel into a truck, but the truck couldn’t back up to the gravel pile because of a wooden beam that no one thought to move. The obvious solution, you might say, was to take wheelbarrows, load them with the gravel, go around the beam and come and dump them at the bottom of the truck and then shovel them into the truck. When I saw that, I thought I was going to cry, because not only that, but the beam in question required no more than three people to move out of the way and allow the truck to back up to the gravel pile. The comment of the team leader was: “you white guys have the technique”, unfortunately I wouldn’t dare to guarantee that next time they won’t do the same thing, but we don’t give up hope.
Luckily at home it’s quite the opposite, Marie-Claude is constantly making things that make our bush life more beautiful or easier, a lot of sewing for the moment but also D-systems to fight against the cockroaches that seem to colonize the place in force. These creatures bring us to a most remarkable observation. Among Marie-Claude’s solutions is to put all the rolls of aluminum foil, baking paper, etc. in a zip-lock so that the cockroaches cannot get access to them. Great was our surprise to see that the bag was in fact occupied by a big cockroach. Rather than trying to chase it we thought we were being clever by putting the whole thing overnight in the freezer and actually the next morning the creature was stiff and lifeless, in principle a fairly soft end. However to our great surprise, a quarter of an hour after it had come out of the freezer the cockroach decided to wake up… it seems that they are also resistant to the microwave, but that we have not tested.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Coutumes – Customs

See below for English language text

Comme partout, ici aussi il y a des coutumes, certaines prétendument ancestrales et d’autres manifestement motivées par l’aspect pécuniaire des choses. En général quand le point de vue coutumier est invoqué il est invariablement motivé par un bénéfice d’une forme ou d’une autre pour la personne qui invoque la dite coutume.
Ainsi, depuis que nous sommes arrivés ici on m’explique invariablement que lorsque quelqu’un vient me rendre visite au bureau, parfois mais très rarement pour me saluer et le plus souvent pour me présenter une liste de doléances plus ou moins sérieuses, il serait “coutumier” de donner un peu d’argent pour le voyage ou le “café” du visiteur, et s’il m’arrivait d’oublier la “coutume” le plus souvent le visiteur (quel que soit son niveau du simple travailleur au chef de secteur) ne manquera pas de me rappeler à l’ordre. Ces demandes sont néanmoins devenues moins fréquentes dernièrement, peut-être parce qu’il est de notoriété publique que sauf besoin avéré les visiteurs ressortent le plus souvent sans leur “café”.
Curieusement, lorsque c’est moi qui vais rendre visite aux chefs de village ou autorités locales, la coutume veut que je leur apporte quelque chose (un peu d’argent) pour une bière ou un café, donc logiquement la définition de la coutume devrait être revue car c’est plutôt “lors d’une rencontre entre un blanc et un ou plusieurs congolais, le blanc donne de l’argent”.
Certains droits coutumiers sont plus logiques et ne posent pas problème (enfin presque), ainsi les communautés locales de Mapangu reçoivent chaque année quelques centaines de litres d’huile de palme de Brabanta en reconnaissance des terres qui ont jadis été achetées pour y établir la plantation, aménager une route ou construire des infrastructures. Le problème est que depuis la centaine d’années que la plantation est établie à Mapangu la population a plus que décuplé et le quota d’huile n’a pas évolué de la même manière. De plus certains villages se sont fractionnés suite à des conflits entre chefs et se pose évidemment la question de savoir qui peut prétendre au colis de fin d’année ou comment le départager. Curieusement pour ces choses-là la coutume est très vague et donne invariablement lieu à des disputes qui se règlent parfois à coups de machettes et fatalités, tout cela pour quelques litres d’huile. Il faut dire que l’attraction que représente une plantation comme celle de Brabanta qui, rappelons-le est la seule entreprise de taille à plus de 400km à la ronde, fait que beaucoup de personnes sont venues des contrées voisines pour chercher fortune et que les traditions et coutumes locales se sont trouvées quelque peu diluées. Ainsi Sa Majesté le Grand Chef Félix, un chef coutumier qui règne en principe sur toute la région du grand Mapangu, a de plus en plus de difficultés pour asseoir son autorité et se tourne de plus en plus vers Brabanta pour chercher un appui physique et financier et garder la tête hors de l’eau.
L’une des coutumes ou pratiques qui reste le plus difficile à comprendre pour nous européens, mais qui n’est pas propre à Mapangu même si elle semble plus exacerbée par ici, est la façon dont les femmes sont traitées. Ainsi même l’un de nos cadres, fils de diplomate ayant vécu de nombreuses années à l’étranger, m’a expliqué que dans le cas ou son frère venait à décéder, c’est lui qui hériterait des biens et des responsabilités de son défunt frère. Il hériterait des biens matériels, de la responsabilité de ses neveux et nièces (en particulier de leur éducation) et de la ou des femme(s) de son frère. En pratique cela ne veut pas dire qu’il doit seulement subvenir aux besoins matériaux de sa ou de ses belles-sœurs mais que celle(s)-ci devien(nen)t effectivement sa ou ses femmes à lui sans autre forme de procès. Il faut dire qu’ici le concept de polygamie est plutôt complexe car en principe l’église (les gens sont majoritairement chrétiens dans la région) n’autorise pas le fait qu’un homme ait plusieurs femmes, mais compte tenu des aspects coutumiers cette pratique est de fait tolérée voir considérée comme normale. En-dehors de ces aspects traditionnels, il y a évidemment l’élément monétaire et la femme est tout comme la plus grande partie des biens juste une question de prix. Un de mes employés m’a un jour raconté que pour préparer sa retraite il souhaitait encore construire une maison, mais qu’il avait quand même déjà 4 femmes et 70 têtes de bétail pour assurer ses vieux jours. Les filles n’ont généralement peu ou pas droit à la parole quand il s’agit de décider à qui elles seront “vendues” et il n’est pas envisageable de fréquenter une fille sans s’acquitter d’une dot qui se chiffre souvent en milliers de dollars (énorme quand on sait que certains travailleurs n’ont pas plus de 50 dollars par mois). Les conséquences ne sont pas anodines pour ceux qui essayent de goûter à la marchandise sans payer car si par hasard la fille se trouve être enceinte la dot est payable immédiatement et il y a beaucoup moins de marge de négociation. Celui qui ne paie pas se retrouve généralement au cachot pour dette impayée. Nombre de travailleurs viennent me demander de l’aide pour s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de la famille d’une fille qui aurait été accidentellement engrossée par eux-même ou l’un de leurs enfants (sans moyens) pour évider d’être arrêtés (et payer des amendes aux autorités en plus).
Mais, tout comme dans nos magasins, il n’est pas interdit de retourner la “marchandise” et d’exiger un remboursement si la dame se révèle infertile ou autrement incapable de fournir les services normalement attendus d’une épouse (travaux au champs, ménage, collecte de combustible et d’eau, soin des enfants, etc.). Le remboursement n’intervient généralement que lorsque la famille de la fille arrive à “revendre” celle-ci à un autre parti, mais le processus inverse de plaintes et arrestations fonctionne également. En fait ici ils adorent porter plainte pour un oui ou pour un non, même si généralement cela ne bénéficie qu’aux autorités en termes d’argent.
Une autre coutume, nettement plus inquiétante, est de considérer que tout événement inattendu (en particulier maladie ou accident entraînant un décès, une fausse-couche, une perte d’animaux) est forcément le résultat de sorcellerie. Le sorcier ou la sorcière est généralement une personne et/ou la famille de celle-ci avec qui il y aurait eu un désaccord dans le passé et qui avait donc forcément une mauvaise intention à l’égard de la victime. La solution plutôt radicale est d’éliminer la personne et les membres de la famille (sauf s’ils arrivent à fuir en forêt avant de se faire attraper) et de prendre et/ou détruire leurs biens, ce qui implique généralement de brûler leur maison (un peu comme les bûchers chez nous dans le temps). Les responsables de ces homicides ne sont le plus souvent peu ou pas inquiétés par les autorités qui semblent penser que la sorcellerie est une chose bien réelle et qu’il est donc légitime que les villageois cherchent à se protéger, même si de temps en temps il peut y avoir des erreurs…
Finalement une coutume que nous apprécions beaucoup plus, même si nous n’en maîtrisons pas toujours toute l’histoire, est celle de l’artisanat traditionnel et en particulier les tapis du Kasaï et les masques traditionnels. Pour ces derniers nous commençons à avoir une collection assez variée de masques de toutes origines, dont certains sont tout à fait spectaculaires.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

As everywhere, here too there are customs, some supposedly ancestral and others clearly motivated by the pecuniary aspect of things. In general, when the customary point of view is invoked it is invariably motivated by a benefit of one form or another for the person invoking the said custom.
Thus, since we arrived here it has invariably been explained to me that when someone comes to visit me in the office, sometimes but very rarely only to greet me and most often to present me with a list of more or less serious grievances, it would be “customary” to give some money for the visitor’s trip or “coffee”, and if I forget the “custom” most often the visitor (whatever his level from simple worker to head of sector) will not fail to remind me that some token of appreciation is expected. These requests have nevertheless become less frequent lately, perhaps because it is common knowledge that, unless there is a real need, visitors usually go out without their “coffee” when they come for a visit to the GM’s office.
Curiously, when it is me who goes visiting the village chiefs or local authorities, the custom is that I bring them something (a little money) for a beer or a coffee, so logically the definition of the custom should be reviewed because it is rather “during a meeting between a white man and one or more Congolese, the white man gives money”.
Some customary rights are more logical and do not pose a problem (at least most of the time), for example the local communities of Mapangu receive a few hundred litres of palm oil from Brabanta every year in recognition of the land that was once bought to establish the plantation, build a road or construct infrastructure. The problem is that in the 100 years that the plantation has been established in Mapangu the population has increased more than tenfold and the oil quota has not evolved in the same way. Moreover, some villages have split up due to conflicts between chiefs and there is obviously the question of who is entitled to the end-of-year package or how to divide it up. Curiously for these things the custom is very vague and invariably gives rise to disputes that are sometimes settled with machetes and fatalities, all for a few litres of oil. It must be said that the attraction of a plantation such as the one in Brabanta, which is the only one of its kind within a radius of more than 400 km, means that many people have come from neighbouring regions in search of fortune and that local traditions and customs have been somewhat diluted. Thus His Majesty Grand Chief Felix, a customary chief who in principle reigns over the entire Great Mapangu region, is finding it increasingly difficult to assert his authority and is turning more and more to Brabanta to seek physical and financial support to keep his head above water.
One of the customs or practices that remains the most difficult for us Europeans to understand, but which is not unique to Mapangu, although it seems more exacerbated here, is the way women are treated. For example, even one of our officials, the son of a diplomat who had lived abroad for many years, explained to me that in the event of his brother’s death, he would inherit the property and responsibilities of his late brother. He would inherit the material goods, the responsibility for his nephews and nieces (in particular their education) and his brother’s wife(s). In practice this does not mean that he should only provide for the material needs of his sister(s) in law, but that the sister(s) in law actually become his wife(s) without any further proceedings. It must be said that here the concept of polygamy is rather complex because in principle the church (the people are mostly Christians in the region) does not allow a man to have several wives, but given the customary aspects this practice is in fact tolerated or even considered normal. Apart from these traditional aspects, there is of course the monetary element, and women, like most goods, are just a question of price. One of my employees once told me that to prepare for his retirement he still wanted to build a house, but that he already had 4 wives and 70 head of cattle to ensure his old age… Girls generally have little or no say in deciding who they will be “sold” to, and it is not possible to date a girl without paying a dowry that often runs into thousands of dollars (huge when you consider that some workers have no more than $50 a month). The consequences are not insignificant for those who try to taste the merchandise without paying because if by chance the girl happens to be pregnant the dowry is payable immediately and there is much less room for negotiation. Those who do not pay usually end up in prison for unpaid debts. Many workers come to me for help to pay their debts to the family of a girl who has accidentally been knocked up by themselves or one of their children (without the means) and risk being arrested (and pay fines to the authorities in addition).
But, just as in some of our western stores, it is not forbidden to return the “merchandise” and demand a refund if the lady proves to be infertile or otherwise unable to provide the services normally expected of a wife (field work, housework, fuel and water collection, child care, etc.). Reimbursement usually only occurs when the girl’s family manages to “resell” the girl to another party, but the reverse process of complaints and arrests also works. In fact here they love to file a complaint for whatever reason, even if it usually only benefits the authorities in terms of money.
Another custom, much more worrying, is the fact that any unexpected event (in particular illness or accident leading to death, miscarriage, loss of animals) is necessarily the result of witchcraft. The witch is usually a person and/or the family of the witch with whom there has been a disagreement in the past and who therefore necessarily had a bad intention towards the victim. The rather radical solution is to eliminate the person and family members (unless they manage to flee into the forest before being caught) and to take and/or destroy their property, which usually involves burning down their house (a bit like the pyres at home in the old days). Those responsible for these homicides are most often little or not worried by the authorities who seem to think that witchcraft is a very real thing and that it is therefore legitimate for the villagers to seek protection, even if from time to time there may be mistakes?
Finally a custom that we appreciate much more, even if we do not always master the whole story, is that of traditional crafts, and in particular the Kasai carpets and traditional masks. For the latter we are beginning to have a rather varied collection of masks of all origins, some of which are quite spectacular.
We hope that these news will find you well.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Sport

See below for English text version

Nous vivons en pleine nature avec peu ou pas de routes dignes de ce nom et où tout le monde se déplace principalement à pied ou avec des vélos plus ou moins opérationnels, mais très peu de véhicules motorisés à l’exception de motos taxi et de nos transports de personnel en camion. Donc théoriquement nous vivons dans un environnement qui est sain (il n’y a quasi pas de pollution atmosphérique si l’on s’abstient de rester à coté de l’un de camions russes qui démarre et qui semble être conçu plus pour la fumigation des moustiques que pour répondre aux normes d’émissions européennes), n’ayant pas d’électricité le soir le ciel est d’une clarté comme elle n’existe plus dans la plus grande partie de nos contrées et sur les routes il n’y a que du sable donc pas d’asphalte nauséabond ou autre surface dure qui esquinte les rotules des coureurs.
Et pourtant, nous les expatriés bénéficiant de véhicules 4×4 pour nous déplacer partout, nous finissons par réaliser que malgré l’environnement des plus favorables nous ne faisons pas ou peu d’exercice au quotidien. Nous allons en voiture à l’appel le matin, puis en voiture jusqu’au bureau, etc. Ce, pour revenir à la maison épuisé et heureux de se mettre dans un fauteuil pour souffler un peu. Certes lors des visites de la plantation il faut marcher assez bien, surtout dans les terrasses où il est souvent difficile de se déplacer en voiture et donc une occasion de faire un peu d’exercice, mais cela reste limité aux agronomes (et une fois par semaine pour moi). Chacun doit donc trouver un moyen pour garder la forme d’une manière ou d’une autre et le sport est donc un des moyens pour y arriver.
Nous essayons d’organiser des activités physiques pour tous, ainsi dans les camps nous avons aménagé des terrains de football où des tournois sont régulièrement organisés, mais n’étant au départ pas un grand fan de foot quand en plus je vois la violence avec laquelle nos amis congolais se lancent dans chaque échange de balle je préfère rester à distance et au mieux encourager les joueurs à distance. Nous avons aménagé un terrain de volleyball où des rencontres amicales sont organisées presque tous les dimanches et, outre le fait que ces rencontres sont beaucoup plus civilisées, où tant les expatriés que les autochtones participent sans qu’il soit nécessaire d’être un champion. Le terrain de volley est en voie d’être amélioré pour y inclure également des paniers de basketball qui ont la préférence d’autres collègues et permettent ainsi de varier les plaisirs.
A la Cathédrale nous avons évidemment un terrain de tennis, mais le nombre de joueurs semble nettement plus limité avec le résultat que son utilisation est assez sporadique. Afin de permettre aux uns ou aux autres d’utiliser le terrain sans avoir un partenaire, nous avons décidé d’agrémenter le terrain d’un mur. Sinon le sport le plus populaire à la Cathédrale semble être la pétanque, surtout quand nous jouons avec l’un de nos collègues français qui considère cette discipline comme digne des jeux olympiques dont il est le principal défenseur, donc pas question de prendre cela trop à la rigolade.
A la maison nous avons décidé d’installer une petite piscine qui devrait nous permettre de nous rafraîchir en fin de journée, mais les moyens étant limités celle-ci est juste un bassin hors-sol dont la profondeur n’excède pas 1,35m. En fait tous les accessoires du bassin sont sur place depuis un bon moment, reste à trouver le temps d’assembler le tout et de commencer à en profiter.
A titre individuel chacun essaye de trouver une solution (ou pas) pour garder la forme, ainsi notre directeur huilerie fait de la corde à sauter, du vélo elliptique et de la moto (qui même si motorisée est très physique dans le sable), notre directrice agro fait du jogging et de la boxe, notre directeur financier fait du yoga et de la marche et moi j’essaye de faire régulièrement du vélo. En réalité je n’ai plus fait de vélo ici depuis quelques temps, d’abord parce qu’il était en panne et puis parce que les conditions sécuritaires faisaient qu’il était préférable de circuler en voiture et accompagné et il n’est ni justifiable ni agréable de faire du vélo suivi d’une voiture de sécurité, même si dans d’autres pays comme le Nigeria c’est la seule manière pour le DG de profiter de son vélo. Les choses semblent toutefois se calmer et j’espère donc pouvoir reprendre la petite reine pour aller au bureau très bientôt.
Pour la maison nous avons également acquis un rameur qui sert plus pour Marie-Claude que pour moi, car je n’ai pas la discipline de me mettre sur la machine pour la simple raison de se faire des muscles, mais peut-être devrais-je revoir ma copie car dernièrement mes vertèbres semblent indiquer qu’il serait bon de compenser les secousses de la voiture sur les pistes avec des exercices plus ciblés pour renforcer les muscles du dos principalement.
Voilà, ainsi vous avez une petite idée de nos activités physiques et sportives, même si elles sont limitées.
Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

We live in the middle of nature with few or no roads worthy of the name and where everyone moves around mainly on foot or with more or less operational bicycles, but very few motorised vehicles except for motorcycle taxis and our staff transport by truck. So theoretically we live in an environment that is healthy (there is almost no air pollution if one refrains from standing next to one of the Russian trucks that are starting up and which seems to be designed more for fumigating mosquitoes than for meeting European emission standards), With no electricity in the evening, the sky is so clear that the full milky way is clearly visible, something no longer possible in most of our western european countries and on the roads there is only sand so there is no smelly asphalt or other hard surface that destroys the joints of the joggers.
And yet, we expatriates benefiting from 4×4 vehicles to move everywhere, we end up realizing that despite the most favorable environment we do not or do little exercise daily. We drive to muster in the morning, then drive to the office, etc., only to come home exhausted and happy to sit in a chair to take a breather. Certainly during visits to the plantation we have to walk more extensively, especially on the terraces where it is often difficult to get around by car and therefore an opportunity to get some exercise, but this is limited to the agronomists (and once a week for me). So everyone has to find a way to keep in shape in one way or another and sport is one of the ways to do this.
We try to organise physical activities for everyone, so in the camps we have set up football pitches where tournaments are regularly organised, but not being at first a big football fan when I see the violence with which our Congolese friends throw themselves into every ball exchange I prefer to stay at a distance and at best encourage the players from the sidelines. We have set up a volleyball court where friendly matches are organised almost every Sunday and, apart from the fact that these matches are much more civilised, where both expatriates and locals participate without the need to be a champion. The volleyball court is being upgraded to also include basketball boards that seem to be preferred by other colleagues and thus allow for a variety of pleasures.
At the Cathedral we obviously have a tennis court, but the number of players seems much more limited with the result that its use is rather sporadic. In order to allow everyone to use the court without having a partner, we decided to build a wall that will enable whoever feels like it to exercice. Otherwise the most popular sport at the Cathedral seems to be pétanque, especially when we play with one of our French colleagues who considers this discipline worthy of the Olympic Games of which he is the main defender, so there is no question of taking it too lightly when a game is on.
At home we have decided to install a small swimming pool which should allow us to cool down at the end of the day, but as the means are limited, this one is just an above-ground pool with a depth not exceeding 1.35m. In fact all the accessories for the pool have been on site for quite a while, but we still have to find the time to put it all together and start enjoying it.
Individually each one tries to find a solution (or not) to keep in shape, so our oil manager does skipping rope, elliptical bike and motorbike (which even if motorized is very physical in the sand), our agro manager does jogging and boxing, our financial manager does yoga and walking and I try to bike regularly in addition to walking everywhere from my office when visiting the mill, the garage or any other industrial facility. In fact I haven’t been cycling here for some time, first because my mountaibike broke down and then because the safety conditions made it preferable to travel by car and being accompanied. It is neither justifiable nor pleasant to cycle followed by a safety car, even if in other countries like Nigeria it is the only way for the GM to enjoy his bike. Things seem to be calming down though, so I hope to be able to take the two wheeler back to the office very soon.
For home we have also acquired a rowing machine which is more useful for Marie-Claude than for me, as I don’t have the discipline to get on the machine for the simple reason of building up muscles, but maybe I should review my copy as lately my vertebrae seem to indicate that it would be good to compensate for the jerking of the car on the tracks with more targeted exercises to strengthen the back muscles.
There you have it, so you have a little idea of our physical and sports activities, even if they are limited.
We hope to hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

A Nouveau en Ligne – Back on Line

See below for English version.

Après près de deux mois d’absence de Mapangu, nous voici de retour à la maison où nous avons retrouvé nos poilues en grande forme, la maison bien en ordre (si ce n’est pour une invasion de cafards qui apparaissent dans tous les coins) et un accueil généralement enthousiaste de nos collègues.
Nous sommes évidemment passés par Kinshasa comme étape obligée et y avons passé deux jours dans notre oasis de l’hôtel Elaïs. Même si nous n’y sommes pas très souvent, l’hôtel connaît maintenant nos préférences et petites habitudes et ainsi nous avons presque chaque fois un petit studio au rez-de-chaussée dans le fond du parc qui est relativement plus calme et surtout très facile d’accès. Malgré la situation économique difficile du pays, le propriétaire de l’Elaïs a décidé de construire un nouveau bâtiment avec des chambres et studios de grand luxe, mais pour lesquels ils ont réussi à maintenir le caractère de l’hôtel. J’ai logé une fois dans une de ces nouvelles chambres toute moderne et de grand confort, mais pour une raison que j’aurais du mal à expliquer nous préférons les studios un peu vieillots où nous logeons d’habitude, même si parfois la douche ne marche plus tout à fait comme elle devrait ou la climatisation est un peu poussive.
Durant nos quelques jours à Kinshasa les divers partenaires et autorités n’ont évidemment pas manqué de solliciter des rencontres, l’un pour essayer d’obtenir ma clémence vis-à-vis des délégués syndicaux licenciés il y a 3 mois, l’autre pour présenter ses produits ou d’autres enfin pour simplement essayer de nous faire payer une “motivation” d’une sorte ou d’une autre. J’ai également été visiter un client potentiel pour notre huile de palme et ce fut, pour dire le moins, édifiant… Le client en question possède une minoteries dans laquelle à côté de la farine de blé ils produisent également des aliments pour animaux dont une des composantes est l’huile de palme. Cette même société possède également une des plus grandes boulangeries d’Afrique qui produit industriellement des baguettes et des pains de mie qui se retrouvent partout dans Kinshasa et même dans certaines villes voisines. Les bureaux du dit-client se trouvent en fait dans l’enceinte de la boulangerie plutôt que la minoterie (qui se trouve à plusieurs kilomètres de là et surtout de longues heures de bouchons, je sais parce que par erreur nous avons d’abord été à la minoterie…). A la boulangerie, quand j’y suis finalement arrivé, dans le périmètre de l’usine (qui est gigantesque) il y a un espèce de marché permanent avec des centaines voire des milliers de personnes occupant tous les espaces vides qui vendent ou achètent du pain dans des bacs, des sacs ou simplement à la main. Régulièrement des camions de toutes tailles se frayent un chemin à travers la foule pour aller charger des quantités plus importantes de pains. Tout cela dans un espace qui était tout sauf propre car de temps en temps des pains tombent à terre, se font piétiner et absorbent l’eau de la dernière pluie pour créer une sorte de magma que personne ne semble vouloir nettoyer. Mais ce spectacle n’était rien comparé à ce qui m’attendait pour ma réunion avec le responsable des achats qui m’a invité à le suivre vers son “bureau”. Le responsable des achats, tout comme le reste de l’équipe de management de la société est membre de la communauté libanaise installée de longue date en RDC et donc probablement un petit peu influencé par la culture locale. Pour arriver au “bureau” de mon interlocuteur il fut nécessaire d’enjamber des caniveaux, se faufiler entre des carcasses de conteneurs et de camions en état de démantèlement plus ou moins avancés, marcher entre des flaques d’huile de vidange et autre vestiges d’intervention mécaniques diverses en passant à côté d’un nombre impressionnant de personnes (membre du personnel ou visiteurs?) l’un assis sur un carton au pied d’un mur, l’autre installé sur la carcasse d’une moto sans roues, bref un peu l’image de la rue des miracles. Nous sommes finalement arrivés dans le “bureau”, un local dont la porte ne ferme plus tout à fait qui nécessite de passer au-dessus de ce qui devrait être un poste à souder avec une multitude de câbles à moité dénudés. Le “bureau” était occupé par 4 ou 5 tables dont émergeait ici et là l’écran d’un ordinateur entre les piles de papiers, de cartons éventrés et d’autres objets dont la présence dans un bureau était difficile à expliquer. On m’a proposé une chaise pour prendre place, mais avant de pouvoir m’y installer elle s’est affaissée et pour finir j’ai pris place dans un des fauteuils de bureau qui se balançait dangereusement mais qui a tenu bon durant les 5 minutes où je suis resté assis. L’équipe responsable des achats de matières premières pour le groupe m’a brièvement expliqué qu’il souhaitaient acheter de l’huile de palme et que pour cela ils pourraient nous fournir des récipients, de vieux cubitainers de 1.000 litres qui ont manifestement déjà servi à contenir une grande variété de produits et dont il est difficile de définir la couleur d’origine. Ils m’ont toutefois rassuré en disant que comme l’huile ne servirait “officiellement” que pour la production d’aliments pour animaux, il n’était pas nécessaire de se tracasser de trop sur la qualité du contenant… je ne suis pas certain que mon chien apprécierait d’avoir des restes d’huile de vidange dans ses croquettes!
L’entrevue n’a pas duré très longtemps et pour repartir ils m’ont simplement suggéré de suivre le même itinéraire que celui par lequel nous étions arrivé en recommandant de faire attention où je mettais les pieds. ( 😉 )
En retournant au bureau, au milieu du délabrement dans lequel sont les rues et bâtiments de Kinshasa nous sommes tout à coup passés à côté d’un complexe dans les murs d’enceinte et surtout les bas-côtés bordant la rue étaient immaculés, avec des petites frises sur les murs, pas un point ou la peinture s’écaille, une pelouse digne des meilleurs gazons anglais le long du trottoir, bref un miracle. Outre les fortunes qui ont sans doute été investies dans la réalisation de ce travail, c’est surtout le fait que cela ait été réalisé et maintenu dans une ville comme Kinshasa qui m’a réellement surpris. Quand nous sommes finalement passés devant un énorme portail en fer forgé, une plaque informait le visiteur qu’il s’agissait non pas de l’ambassade des Etats-Unis mais de “L’Eglise du dernier jour du Christ” avec en effet un imposant édifice religieux tout blanc visible dans la distance d’un parc lui aussi manucuré. Comme quoi, tout est possible au Congo!
Ici à Mapangu il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un tel niveau de perfection, mais probablement que les moyens mis en œuvre ne sont pas comparables et contrairement aux églises qui généralement demandent une contribution mensuelle de 10% du salaire à tous leurs membres, nous sommes la source de revenus de tous nos visiteurs, même ceux qui ne travaillent pas pour nous…
Comme d’habitude nous espérons avoir de vos nouvelles aussi, donc n’hésitez pas à nous écrire.
Bien à vous,
Marc & Marie-Claude

After almost two months of absence from Mapangu, we are back home where we found our hairy guys in great shape, the house in good order (except for an invasion of cockroaches that appear in every corner) and a generally enthusiastic welcome from our colleagues.
Of course, we passed through Kinshasa as a compulsory stopover and spent two days there in our oasis at the Hotel Elaïs. Even if we are not there very often, the hotel now knows our preferences and little habits and so we almost always have a small studio on the ground floor at the back of the park which is relatively quieter and above all very easy to access. In spite of the difficult economic situation of the country, the owner of Elaïs decided to build a new building with rooms and studios of great luxury, but in which they managed to maintain the character of the hotel. I once stayed in one of these new rooms, which are very modern and comfortable, but for some reason I would find it difficult to explain, we prefer the old studios where we usually stay, even if sometimes the shower doesn’t work as it should or the air conditioning is a bit cranky.
During our few days in Kinshasa the various partners and authorities obviously did not fail to ask for meetings, one to try to obtain my leniency towards the union delegates who were fired 3 months ago, the other to present its products or others to simply try to make us pay for a “motivation” of one kind or another. I also went to visit a potential customer for our palm oil and it was, to say the least, edifying… The client in question owns a flour mill where, in addition to wheat flour, they also produce animal feed, one of the components of which is palm oil. The same company also owns one of the largest bakeries in Africa that industrially produces baguettes and bread loaves that can be found everywhere in Kinshasa and even in some neighbouring cities. The offices of the said customer are actually located in the bakery rather than the flour mill (which is several kilometres away and especially long hours of traffic jams, I know because by mistake we went to the flour mill first). At the bakery, when I finally got there, within the perimeter of the factory (which is gigantic) there is a sort of permanent market with hundreds or even thousands of people occupying all the empty spaces selling or buying bread in bins, bags or simply by hand. Regularly trucks of all sizes make their way through the crowd to load larger quantities of bread. All of this in a space that was anything but clean because every once in a while bread fall on the ground, gets trampled on and absorbs the water from the last rainfall to create a kind of magma that nobody seems to want to clean up. But this spectacle was nothing compared to what I was expecting for my meeting with the purchasing manager who invited me to follow him to his “office”. The purchasing manager, just like the rest of the company’s management team, is a member of the Lebanese community that has been living in the DRC for a long time and therefore probably a little bit influenced by the local culture. To get to my interlocutor’s “office” it was necessary to climb over gutters, to slip between the carcasses of containers and trucks in a more or less advanced state of dismantling, to walk between puddles of used oil and other remnants of various mechanical interventions while passing by an impressive number of people (staff members or visitors?) one sitting on a cardboard box at the foot of a wall, the other installed on the carcass of a motorcycle without wheels, in short a little bit the image of the slums in the middle ages. We finally arrived in the “office”, a room with a door that doesn’t quite close anymore, which required to step over what should be a welding machine with a multitude of half stripped cables. The “office” was occupied by 4 or 5 tables from which emerged here and there the screen of a computer between piles of paper, torn cardboard and other objects whose presence in an office was difficult to explain. I was offered a chair to sit, but before I could make use of it, it collapsed and I finally sat down in one of the office chairs that swayed dangerously but held on for the 5 minutes I sat there. The team in charge of purchasing raw materials for the group briefly explained to me that they wanted to buy palm oil and that to do so they could provide us with containers, old 1,000-litre cubitainers that had obviously been used to hold a wide variety of products in the past and of which it would be difficult to establish the original colour.
However, they reassured me that since the oil would only be used “officially” for the production of animal feed, there was no need to worry too much about the quality of the container… I’m not sure my dog would appreciate having leftover engine oil in his food!
The interview did not last very long and to leave, they simply suggested that I follow the same route as the one we had arrived by recommending to be careful where I put my feet. ( 😉 )
On our way back to the office (by car), in the midst of the dilapidated streets and buildings of Kinshasa we suddenly passed a complex with the perimeter walls and especially the sides of the street which were immaculate, with small designs on the walls, not a spot where the paint was peeling, a lawn worthy of the best English lawns along the pavement, in short a miracle. Apart from the fortunes that were undoubtedly invested in this work, it was above all the fact that it was done and maintained in a city like Kinshasa that really surprised me. When we finally passed in front of a huge wrought iron gate, a plaque informed the visitor that it was not the US Embassy but “L’Eglise du dernier jour du Christ” (Church of the Last Day of Christ) with an imposing white religious building visible in the distance of a manicured park. Everything is possible in the Congo!
Here in Mapangu there is still a long way to go before reaching such a level of perfection, but probably the means used are not comparable, and unlike the churches which generally ask a monthly contribution of 10% of the salary from all their members, we are the source of income for all our visitors, even those who do not work for us…
As usual we hope to hear from you too, so do not hesitate to write to us.
Kind regards,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

J-6 – D-6

See below for English text

Eh oui, plus que 6 fois dormir avant de prendre l’avion pour les vacances, mais cela veut aussi dire 6 jours particulièrement intenses car il faut passer la main à mon intérimaire qui n’est arrivé ici qu’il y a une semaine et doit donc découvrir encore beaucoup de choses. Même si à Brabanta il a le titre de directeur financier c’est en fait un habitué de la maison (Socfin) où il a déjà exercé le rôle de directeur général et il connaît donc les trucs et ficelles du métier. Nous venons d’ailleurs de passer quelques heures ensemble pour passer en revue les différents aspects de la plantation, des dossiers à suivre, des problèmes à tenir à l’œil, etc. et c’est fort agréable de faire cela avec quelqu’un qui sait quelles sont les questions à poser et surtout qui semble partager ma vision des choses à de nombreux points de vue. Nous avons décidé de faire cela ce dimanche, calmement à la maison, car au bureau il est quasi impossible d’avoir le temps de discuter des choses calmement et posément avec toutes les demandes qui fusent de tous les côtés. Il faut dire que l’approche de la fin de l’année est une période fébrile pour tous, en interne il y a tous les rapports de fin d’année à préparer et dans ce domaine les autorités congolaises semble exceller dans la quantité d’informations qui doivent être communiquées allant des chiffres de production et comptes en général aux statistiques médicales, informations demandées par les le ministère du travail ou encore les données concernant écoles et autres institutions publiques présentes dans la concession. La plus grande partie de ces informations ne sont pas encore informatisées, ce qui fait par exemple que toutes les déclarations des employés qui sont passés par la Brabanta doivent être déclarés en remplissant un formulaire spécial qui est vendu par le ministère responsable et qui ne tolère aucune rature ou correction. Ainsi l’année dernière nous avons du acheter et compléter près de 4.500 formulaires qui nous ont pris pas loin de deux semaines à compléter avec une équipe de 5 personnes. Nous devons évidemment payer des pénalités si une partie des formulaires est envoyée en retard et ce qu’il advient des ses même formulaires une fois qu’ils ont été reçus par les autorités compétentes est un total mystère, mais à mon avis ils sont “soigneusement” classés et pourront un jour être consultés si les souris, rats ou simplement l’humidité ne les aura pas consommé avant.
Certains services de l’état ont des représentants provinciaux ou territoriaux et ceux-ci espèrent aussi leur part du gâteau, ainsi même si la loi prévoit que les rapports doivent être envoyés aux instances nationales, les agents locaux viennent réclamer leur copie sous peines de toutes sortes de pénalités qui sont parfois basées sur des codes datant de l’époque coloniale. Il faut dire que les fêtes de fin d’année sont très importantes ici et il est donc logique que toutes les autorités fassent un baroud d’honneur en cette fin d’année pour essayer de grappiller quelque chose, de manière légitime ou un peu moins.
Le gouvernement a annoncé que tous les contrôles fiscaux étaient suspendus jusqu’à nouvel ordre, sauf en cas de dénonciation de fraude. Ainsi comme par hasard nous recevons des avis de contrôle sur base de dénonciation, mais ne demandez pas d’où viennent ces dénonciations car c’est évidemment secret. Bien entendu en cette approche de période festive, les autorités sont ouvertes à des négociations qui permettent aux sociétés d’éviter les lourdes amendes potentielles, jusqu’à l’année prochaine.
A lire ces lignes vous pensez peut-être que nous sommes en pleins préparatifs pour les fêtes, ce qui n’est pas le cas car même si nous devons prendre les devants, nous aurons encore un avion qui viendra en plantation avant la Noël et qui pourra apporter les petits extras pour les agents (expatriés) qui resteront ici pendant les fêtes. Les autorités (locales) savent, elles, que pour obtenir quelque chose elles doivent s’y prendre à temps car le DG est en partance. En l’absence du DG il est beaucoup plus facile à l’équipe en charge de Brabanta de prétendre devoir attendre le retour du patron avant de pouvoir prendre une décision, donc les jours sont comptés.
Je ne compte plus le nombre de personnes qui ont annoncé leur visite dans les prochains jours et si le motif de ces demandes de rendez-vous n’est pas nécessairement précisé, il est certain que toutes comporteront une demande de contribution financière d’une forme ou d’une autre.
Voilà donc le menu des quelques jours à venir, des remises-reprises, des demandes d’aides et plus que quelques consignes à donner pour les bons soins de nos poilues et des semis de Jacaranda de Marie-Claude.
A très bientôt vous lire ou vous voir,
Marc & Marie-Claude

Yes, no more than 6 times sleeping before flying for the holidays, but it also means 6 particularly intense days because of the need to hand over the responsibilities to my temporary replacement, who only arrived here a week ago and must therefore discover many more things about Brabanta. Even if here at Brabanta he has the title of financial director, he is in fact an old hand in the group (Socfin), where he has already held the role of general manager and therefore knows the tricks and tarps of the trade. We have just spent a few hours together to review the different aspects of the plantation, the issues that will require particular attention, the problems to keep an eye on, etc. and it is very pleasant to do this with someone who knows which questions to ask and who seems to share my vision in many ways. We decided to do this on Sunday, calmly at home, because in the office it is almost impossible to have time to discuss things quietly and undisturbed with all the requests coming from all sides. It must be said that the approach of the end of the year is a feverish period for all, internally there are all the year-end reports to be prepared and in this area the Congolese authorities seem to excel in the amount of information that must be communicated, ranging from production figures and accounts in general to medical statistics, information requested by the Ministry of Labour or data concerning schools and other public institutions present in the concession. Most of this information is not yet computerized, which means, for example, that all declarations of employees who have passed through Brabanta must be reported by completing a special form (that is to be purchased from the relevant ministry and on which it is not tolerated to make any erasures or corrections (you need to use/buy a new form). So last year we had to buy and complete nearly 4,500 forms that took us almost two weeks to complete with a team of 5 people. We obviously have to pay penalties if some of the forms are sent late and what happens to the same forms once they have been received by the competent authorities is a total mystery, but in my opinion they are “carefully” filed and will one day be available for consultation if the mice, rats or simply humidity has not consumed them before.
Some state departments have provincial or territorial representatives and they also expect their share of the cake, so even though the law requires reports to be sent to national authorities only, local agents come to request copies under threat of all kinds of penalties that are sometimes based on codes dating from colonial times. It must be said that the end-of-year celebrations are very important here and it is therefore logical that all the authorities should make an honorary round at the end of the year to try to grab something, legitimately or a little less so.
The government has announced that all tax audits are suspended until further notice, except in the event of a report of fraud. Thus, as if by chance, we receive control notices on the basis of denunciation, but do not ask where these denunciations come from, because it is obviously secret. Of course, in this approaching festive period, the authorities are open to “negotiations” that allow companies to avoid potential heavy official fines until next year.
Reading these lines you may think that we are in the middle of preparing for the festive season and decorating our Christmas tree, which is not the case because even if we have to make allowance for the delay in getting things delivered here, we still have a plane that will come to the plantation before Christmas and that can bring the little extras for the agents (expatriates) who will stay here during the holidays. The (local) authorities know that in order to get something they have to do it in time because the GM is leaving. In the absence of the GM it is much easier for the team in charge of Brabanta to pretend to have to wait for the boss’s return before being able to take a decision, especially when money is concerned, so the days are numbered.
I no longer count the number of people who have announced their visit in the coming days and if the reason for these appointment requests is not necessarily specified, it is certain that all will involve a request for a financial contribution of some kind.
So here is the menu for the next few days, handing over, requests for help and more than just a few instructions to give for the proper care of our hairy friends and Marie-Claude’s Jacaranda seedlings.
We look forward to hearing from you or seeing you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Heureux – Happy

Please see below for English version

Dire que les dernières semaines voir les derniers mois ont été faciles et pleins de satisfaction serait une légère exagération, mais malgré les aléas de notre vie de brousse congolaise il y a quand même des moments de pur bonheur. Un de ces moments nous est arrivé cette semaine grâce à quelques plumes et une petite pelote trouvée sur la terrasse de la Cathédrale. En fait je raconte les choses dans le désordre, mais c’est pour essayer de donner un peu de suspens à notre histoire, car à notre grande joie et surprise Marie-Claude a vu à deux reprises notre Hedwige (la chouette que Marie-Claude avait sauvée il y a quelques semaines) s’envoler d’un perchoir qu’elle s’est choisie sur une des poutres de la toiture de notre terrasse.
Quelle joie de voir les efforts faits pour la survie de cette petite bête couronnés de succès!!! Pour en arriver là, il a fallu: d’abord la récupérer en état de choc et à moitié déshydratée sur le bord de la route à Kinshasa, convaincre un vétérinaire de remplir un formulaire lui permettant de prendre le petit coucou qui fait la liaison Kinshasa-Mapangu (et suivre une initiation rapide au maniement d’un rapace…) pour ensuite la ramener en “mission humanitaire” à la maison. Là, nous l’avons sortie de son carton pour constater qu’elle était déjà capable de voler (“tic”) et avons commencé (Marie-Claude surtout) à lui administrer à l’aide d’une seringue des rasades d’huile, d’eau et avec une longue pince, des viandes diverses pour lui rendre des forces. Ce, plusieurs fois par jour, il fallait l’attraper d’abord et cela devenait de plus en plus sportif ;). Tout cela pour enfin la laisser s’envoler dans la nuit en espérant qu’elle arriverait seule à trouver nourriture et eau nécessaire à sa survie et surtout qu’elle ne se fasse pas à nouveau attraper ou zigouiller.
Non seulement nous avons maintenant la confirmation qu’elle va bien et qu’elle trouve de quoi se nourrir, mais comble de bonheur elle a choisi de revenir s’installer à la Cathédrale. Dans le coin où Marie-Claude l’a repérée les deux premières fois il y a une petite ouverture qui donne accès au grenier, fermée avec un morceau de grillage pour empêcher les chauves-souris de s’y installer trop facilement. Les chauves-souris sont elles aussi des créatures que nous aimons bien, mais leurs déjections ont tendance à devenir très nauséabondes lorsqu’elles s’accumulent dans le grenier, sans mentionner leur chahut car elles sont fort vocales! En fait, il y avait un grillage, car il semblerait que Hedwige ait trouvé le moyen de le faire descendre et avoir dès lors accès à un endroit où elle ne sera pas dérangée par nos petites visites inquisitives. C’est peut-être pure coïncidence, mais depuis que notre chouette est revenue s’installer dans le grenier de la Cathédrale nous entendons beaucoup moins de passages de souris ou de rats… sans doute psychologique, mais c’est une idée qui nous plaît beaucoup.
Mis à part notre volatile “humanitaire”, les autres créatures de la maison vont bien. Makala sort juste ce qu’il faut pour signaler à tous et toutes que c’est elle la réelle garde de la maison, enfin dans la mesure ou Griezeltchoum ne lui fait pas courber l’échine avec un petit coup de patte sur la truffe. Et puis nous avons Prosper, un combattant bleu qui hante le pot dans lequel nous gardons une jacinthe d’eau et où il a la charge de dévorer les larves de moustiques qui auraient la mauvaise idée de vouloir s’y développer.
Nous avons à nouveau un Théo à la Cathédrale, non il ne s’agit pas d’un perroquet, même si nous aurions aimé revoir ou entendre notre Théo pour savoir si il (ou elle) va bien, mais qui doit probablement profiter de sa liberté dans la forêt avec ses congénères. Le nouveau Théo est en fait mon chauffeur qui est venu habiter à la Cathédrale (dans une petite maison derrière chez nous) et qui m’accompagne tous les jours dans tous mes déplacements en conduisant parfois, chose qu’il fait très bien. Les raisons d’avoir un chauffeur sont multiples, d’abord pour des raisons de sécurité car depuis un certain temps il y a des rumeurs de grogne contre le DG et mes collègues (congolais) ont estimé que outre le fait qu’un DG devait nécessairement avoir un chauffeur comme ses prédécesseurs, il était surtout préférable que je ne sois pas seul dans ma voiture pour qu’on ne puisse pas m’accuser à tort d’avoir heurté ou autrement dérangé quelqu’un sur la la route. “Présentement”, donc, je circule comme un Pacha avec Théo qui est un des rares chauffeurs d’ici ayant voyagé dans plusieurs pays voisins du Congo et qui a donc pas mal de choses à raconter. Ensuite, comme pour le moment j’ai la jambe qui tire un petit peu, cela m’arrange de pouvoir me faire conduire de temps en temps. De plus pour le moment je me déplace avec un canne, donc vous imaginez l’image du DG qui arrive dans son carrosse pour en descendre avec son bâton de Maréchal… Bon bon ne nous emportons pas, même si certains travailleurs me disent que maintenant je ressemble à un vrai DG, et avant j’étais quoi alors ?
Malgré toutes ces bonnes choses nous ne manquons pas d’avoir notre quotidien de tracasseries, mais le gros de la troupe est passé et les choses sont infiniment plus relaxantes qu’elles ne l’étaient il y a quelques semaines. Il y a aussi des changements importants dans l’organisation de notre équipe, je ne parle pas des dix délégués syndicaux qui sont en procédure de licenciement (qui s’ajoute quand même à la réputation que l’on me donne de virer tout le monde…) mais de notre nouveau directeur financier, un monsieur bruxellois avec une solide expérience africaine qui va certainement changer beaucoup de choses (pour un mieux j’espère) à en juger par les actions entreprises après moins de 24 heures en plantation. C’est lui qui s’occupera de faire mon intérim pendant nos prochains congés et j’ai l’impression que les choses devraient tourner rond sans trop me tracasser, mais bon il faut peut-être se donner un peu plus que 24 heures avant d’émettre un tel avis.
Voila pour les “petites” nouvelles de cette semaine, en espérant comme toujours recevoir vos petites nouvelles à vous.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

To say that the last few weeks or months have been easy and full of satisfaction would be a slight exaggeration, but despite the vagaries of our life in the Congolese bush there are still moments of pure happiness. One of these moments happened to us this week thanks to a few feathers and a small ball found on the terrace of the Cathedral. In fact I tell things in a disorderly way, but it’s to try to give a little suspense to our story, because to our great joy and surprise Marie-Claude saw our Hedwig (the owl) fly away twice from a perch she chose on one of the beams of the roof of our terrace.
What a joy to see that the efforts made for the survival of this little beast crowned with success! To get there, it was necessary: first to recover her in a state of shock and half dehydrated on the side of the road in Kinshasa, convince a veterinarian to fill out a form allowing her to take the small plane that ensures the Kinshasa-Mapangu connection (and follow a quick introduction on how to handle such a bird of prey…) and then take her home on a “humanitarian mission”. Here, we took her (we have assumed it is a she) out of her cardboard box to see that she was already able to fly (“tic”) and began (especially Marie-Claude) to administer to her with a syringe, portions of oil, water and with long pliers, various meats to give her strength. This, several times a day, requiring first to catch her (by ten sshe was roaming the house freely) and it was getting more and more sporty. All this to finally let her fly away in the night hoping that she would be able to find the food and water she needs to survive on her own and above all that she would not be caught or killed again.
Not only do we now have confirmation that she is doing well and finding food, but she has chosen to return to the Cathedral. In the area where Marie-Claude spotted her the first two times, there is a small opening that gives access to the attic, closed with a piece of wire mesh to prevent bats from settling in too easily. Bats are also creatures we like, but their droppings tend to become very smelly when they accumulate in the attic, not to mention their heckling because they are very vocal! In fact, there was a wire mesh, because it seems that Hedwige has found a way to get it out of the way and then have access to a place where she won’t be disturbed by our little inquisitive visits. It may be a pure coincidence, but since our owl has settled in the attic of the Cathedral we hear far fewer mouse or rat passages… probably psychological, but it’s an idea we really like.
Apart from our “humanitarian” bird, the other creatures in the house are fine. Makala just goes out just enough to signal to everyone that she is the real guard of the house, at last insofar as Griezeltchoum (the new name of our cat after some video exchanges with our grand-daughter Lynn) does not make her retreat with the threat of a paw on her nose. And then we have Prosper, a blue fighter fish who haunts the pot on the terrace in which we keep a water hyacinth and where he is in charge of devouring the mosquitoe larvaes that would have the bad idea to want to grow there.
We have a Theo again at the Cathedral, no it is not a parrot, although we would have liked to see or hear our Theo again to see if he (or she) is doing well, but it is probably enjoying his freedom in the forest with his fellow creatures. The new Theo is actually my driver who came to live at the Cathedral (in a small house behind us) and who accompanies me every day in all my travels and sometimes even drives himself, which he does very well. The reasons for having a driver are multiple, first for security reasons because for some time now there have been rumours of grumbling against the GM and my (Congolese) colleagues have insisted that in addition to the fact that a GM must necessarily have a driver like his predecessors, it was preferable that I would not be alone in my car so as to avoid being wrongly accused of having hit or otherwise disturbed someone on the road. “Currently”, therefore, I am being driven around like a Pasha with Theo who is one of the few drivers here who has travelled to several neighbouring countries of Congo and who therefore has a lot more to tell than the average person from Mapangu. Then, as for the moment my leg is pulling a little bit, it suits me to be able to be driven from time to time. Moreover at the moment I have chosen to go around with a walking stick, so you can imagine the image of the GM who arrives in his carriage and steps out with his chief’s staff…. Well, let’s not get carried away, even if some workers tell me that now I look like a real GM, and I just wonder what I was supposed to be before that?
Despite all these good things we do not fail to have our daily worries, but the bulk of the difficulties seem to have passed and things are infinitely more relaxing than they were a few weeks ago. There are also important changes in the organisation of our team, I am not talking about the ten trade union delegates who are in the process of dismissal (which is still in addition to the reputation I am given to fire everyone…) but about our new CFO, a colleague who just arrived from Brussels with a solid African experience and who will certainly change many things (for the better I hope) judging by the actions undertaken after less than 24 hours in the plantation. He will be in charge of replacing me during our next holidays and I have the impression that things should go smoothly without having to worry too much, but maybe we need to give ourselves a little more than 24 hours before issuing such an opinion.
So much for this week’s “brief” news, hoping as always to receive your own news.
Hear from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Sous-Traitants – Sub-Contractors

See below for English text

Pour le moment nous sommes un peu sur les genoux, alors que pourtant la pointe de production est derrière le dos et qu’en plantation et à l’usine théoriquement les choses sont plus calmes. Plus de récoltes à suivre jusque tard dans la nuit, de transports qui s’embourbent à 1 heure du matin qu’il faut aller dépanner ou encore d’huilerie qui tourne 24h sur 24. Et pourtant,… C’est maintenant qu’ont choisi certains de nos travailleurs pour rendre les choses difficiles.
Depuis quelques années j’essaye de petit à petit externaliser des opérations qui ne cadrent pas vraiment avec notre métier et qui nous permettent ainsi d’avoir un meilleur suivi des services sans devoir former, contrôler et encadrer notre propre personnel. C’est toutefois plus facile à dire qu’à faire car dans notre coin reculé il n’y a quasi aucune autre société ou service et il faut donc convaincre des entrepreneurs extérieurs de venir s’installer à Mapangu.
Nous avons commencé par l’entretien et la réparation des climatiseurs car notre équipe d’électriciens, même s’ils sont plein de bonne volonté, ne connaissent pas ou peu de choses concernant le réel fonctionnement d’un climatiseur et il était donc logique de faire appel à un spécialiste. Dans un premier temps nous avons travaillé avec un frigoriste indépendant venu de Kinshasa, très gentil mais pas très efficace et surtout assez onéreux. Entre temps nous avons trouvé un autre entrepreneur qui semble bien connaître son affaire et qui prend tout en charge (main d’œuvre, pièces, etc.) pour un montant forfaitaire. Ce choix est d’autant plus intéressant que sur les huit climatiseurs qui avaient été déclassés par notre équipe interne, six ont pu être remis en activité par notre nouveau fournisseur.
Outre les climatiseurs, nous avons externalisé la plomberie, l’entretien et la réparation des maisons, certains travaux d’entretien en plantation et le transport des régimes en période de pointe. Récemment nous avons également décidé d’externaliser le gardiennage des installations de la plantation dans le but de professionnaliser la sécurité et aussi d’éliminer des conflits d’intérêts évidents qui existent lorsque la sécurité des biens et des personnes de la société est assurée par soi-même. L’externalisation des autres services avait été à l’origine de quelques petites frictions avec les autochtones de Mapangu qui ne comprenaient pas pourquoi eux n’avaient pas gagné ces marchés, mais l’introduction d’un service de gardiennage externe (utilisant pourtant des employés locaux) a provoqué une vague de résistance nettement plus importante, probablement parce que cela met en péril les trafics et autres combines qui avaient été mis en place depuis des années permettant de soustraire des quantités (non négligeables) de carburant et d’autres biens de la société de manière illicite. Cette résistance, pilotée par des personnes influentes extérieures à la société, a été jusqu’à provoquer des confrontations assez agressives (avec jets de pierre, menaces, etc.) qui n’ont pu être calmé que par la promesse de l’intervention de l’inspection du travail. Le dit inspecteur est venu en mission officielle de Kinshasa et nous a aidé à finaliser une arrangement avec les gardiens rebelles, mais un arrangement nettement moins lucratif que ce qui leur avait été promis par la délégation syndicale et leurs éminences grises. Nous avons entamé une procédure de licenciement à l’encontre des délégués syndicaux pour diverses fautes lourdes qui ont été validées par l’inspection du travail, issue qui ne leur était pas venue à l’esprit donc, dans une dernière tentative d’intimidation, ils ont notifié une préavis de grève générale pour le mois de décembre. Le timing n’est pas très bien choisi car d’une part il y a tellement peu de production qu’un arrêt de travail serait quasi sans effet sur les activités de la plantation et, d’autre part, parce que les travailleurs (qui ne semblent pas trop émus du sort réservé aux syndicalistes, qualifiés par beaucoup de brigands) ne veulent pas perdre leur salaire et le colis de fin d’année généralement octroyé au moment des fêtes.
Il n’empêche que tout cela nous tient occupés de manière assez intense et qu’il est heureux que les activités de la plantation tournent à bas régime et ne souffrent donc pas trop de tout ce remue-ménage.
A côté des ces divertissements “humains”, la nature elle aussi estime qu’elle a son mot à dire et nous a ainsi bombardé de quelques pluies très abondantes qui ont détruit des sections importantes de nos routes, y compris le chemin d’accès aux bureaux de la direction générale que nous venions à peine de remettre en état. Comme à côté de cela la même nature a décidé que les palmiers pouvaient se mettre en grève et ne quasi rien produire, nous disposons heureusement d’une main d’œuvre assez abondante qui peut aider parfaire le travail des bulldozer, pelles et niveleuses utilisés pour effectuer des réparations des routes.
J’ouvre une parenthèse concernant la main d’œuvre et les travaux agricoles, car avoir une faible production est aussi compliqué à gérer que quand elle est surabondante. En effet un régime mûr qui n’est pas récolté dans les quelques jours, finit par pourrir ou, dans le meilleur des cas, avoir une acidité élevée qui est indésirable dans l’huile produite. Idéalement il faut donc veiller à ce que le travailleur passe au minimum une fois toutes les deux semaines vérifier chaque palmier pour couper les régimes mûrs. Nous avons ainsi des travailleurs qui arrivent à récolter à peine 5-6 régimes sur toute une journée de travail alors qu’ils ont contrôlé plus d’un millier de palmiers. Ne pas récolter ceux-ci n’est pas vraiment une option car une fois pourris les régimes sont beaucoup plus difficiles à couper, demandent énormément de travail pour ramasser tous les fruits qui se sont détachés et qu’il faut jeter en dehors de la plantation pour éviter que ceux-ci ne germent et nécessitent une intervention de nettoyage supplémentaire. Qui plus est, l’huilerie nécessite un volume minimum de régimes et de fruits pour tourner, mais il ne faut pas que ceux-ci traînent trop longtemps sur la zone de déchargement de l’usine où ils se dégradent très rapidement. Ainsi pour le moment nous essayons de concentrer les opérations de récolte sur trois jours de la semaine et le troisième jour toute la production est traitée par l’huilerie.
Mis à part les régimes qui proviennent de notre plantation, nous achetons également des fruits de palme qui nous sont fournis par les villageois autour de la plantation. En effet, autour de notre plantation il y a beaucoup de palmiers sauvages et/ou palmiers qui ont peut-être été plantés jadis par nos prédécesseurs qui continuent de produire des régimes et des fruits riches en huile. Ces fruits sont apportés par les villageois à l’huilerie où nous les achetons cash et assurons ainsi un revenu régulier pour des personnes extérieures à Brabanta. Le facteur limitant des ces fruits ou noix villageoises est principalement le transport car certains de ces palmiers se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres de la plantation sans routes réellement praticables. La plus grande partie des fruits que nous achetons sont acheminés dans des pirogues qui viennent décharger leur production dans notre port. Nous évitons d’aller chercher les fruits nous-même dans les villages car nous devons alors payer des taxes de “commerce transfrontalier de produits vivriers”…
Cela m’amène à ouvrir une dernière parenthèse concernant les “frontières”. L’état congolais a décidé de décentraliser les compétences en matière de taxes frontalières aux provinces. Logiquement cela veut dire que chaque province doit gérer le trafic de biens allant ou venant de pays voisins. Mais voilà, ici nous sommes au Congo et les autorités provinciales ont ainsi décidé que la loi s’applique aux frontières au sens large, donc aussi aux limites entre les provinces. Ainsi tous les produits qui proviennent de notre concession de l’autre côté du Kasaï juste en face de Mapangu sont soumis à des taxes d’importation conformément à la loi sur le “commerce transfrontalier de produits vivriers”. Comme il n’y a pas réellement de poste frontière, les autorités font des “estimations” sur les quantités “importées ou exportées” qui sont parfois très généreuses, nous avons donc préféré nous abstenir de toute transaction qui ne serait pas faite à l’intérieur de notre concession, laissant le plaisir de négocier l’aspect frontalier aux villageois (qui eux ne payent pas et que les autorités n’osent pas poursuivre dans les villages).
Nous espérons que vous allez bien et attendons avec impatience de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

clone tag: -706781250808185222
Hiver ici aussi? – Winter here also?
Pépinière – Nursery

At the moment we are somewhat exhausted, despite the fact that theoretically the peak of production is behind our backs and things are supposed to be calmer in the plantation and mill. No more harvests to follow until late at night, no more transport vehicles that get stuck at 1 a.m. needing repair or even the oil mill running 24 hours a day. And yet,…. this is the time some of our workers have chosen to make things difficult.
For a few years now I have been gradually trying to outsource operations that do not really fit in with our core business and should help us ensure a better follow-up of services without having to train, control and supervise our own staff. However, this is easier said than done because in our remote area there is almost no other company or service and it is therefore necessary to convince outside entrepreneurs to come and settle in Mapangu.
We started with the maintenance and repair of air conditioners because our team of electricians, even if they are willing, know little or nothing about how an air conditioner actually works and it made sense to call in a specialist. At first we worked with an independent operator from Kinshasa, very nice but not very efficient and above all quite expensive. In the meantime we have found another contractor who seems to know his business well and who takes care of everything (labour, parts, etc.) for a fixed amount. This choice is all the more interesting because of the eight air conditioners that had been written off by our internal team, six are now back in operation at no extra cost thanks to our new contractor.
In addition to air conditioners, we have outsourced plumbing, home maintenance and repair, some plantation maintenance work and the transportation of harvest during peak periods. Recently we also decided to outsource the security of the plantation facilities in order to professionalize the service and also to eliminate obvious conflicts of interest that exist when the security of the company’s property and people is ensured by oneself. The outsourcing of other services had caused some minor friction with the Mapangu indigenous people who did not understand why they had not won these contracts, but the introduction of an external security service (using local employees) caused a much greater wave of resistance, probably because it jeopardizes the trafficking and other schemes that had been in place for years involving (significant) quantities of fuel and other goods from the company being taken out illegally. This resistance, led by influential people from outside the company, has gone so far as to provoke rather aggressive confrontations (with stone throwing, threats, etc.) that could only be calmed by the promise to call in inspectors from the Ministry of Labour. The said inspector came on an official mission from Kinshasa and helped us finalize an arrangement with the rebel guards, but one that was much less lucrative than what had been promised to them by the union representatives and their outside counselors. We started a dismissal procedure against the union delegates for various reasons of serious misconduct (validated by the labour authorities), an outcome that had not occurred to them, so in a final attempt at intimidation, they have served us with a notice of a general strike for the month of December. The timing is not very well chosen because, on the one hand, there is so little production that a work stoppage would have almost no effect on the plantation’s activities and, on the other hand, because the workers (who do not seem too moved by the fate reserved for trade unionists, qualified by many bandits) do not want to lose their wages and the year-end package generally granted during the year-end period.
Nevertheless, all this keeps us quite busy and it is fortunate that the plantation’s activities are running at low speed and therefore do not suffer too much from all this commotion.
Alongside these “human” entertainments, nature also feels that it has a say and has bombarded us with some very heavy rains that have destroyed important sections of our roads, including the access road to the offices of the general management that we had just restored. Since the same nature has also decided that palm trees could go on strike and produce almost nothing, we fortunately have a fairly abundant workforce that can help perfect the work of bulldozers, diggers and graders used to carry out road repairs.
I would like to make a parenthesis regarding labour and agricultural work, because having a low production is as complicated to manage as when it is overabundant. Indeed, a ripe fruit bunch that is not harvested within a few days will eventually rot or, in the best of cases, have a high acidity that is undesirable in the oil produced. Ideally, it is therefore necessary to ensure that the worker spends at least once every two weeks checking each palm tree to cut ripe bunches. We have workers who manage to harvest barely 5-6 fruit bunches over a whole working day, even though they have controlled more than a thousand palm trees. Not harvesting these is not really an option because once rotten the bunches are much harder to cut, require a lot of work to collect all the fruit that has come loose and that must be thrown away from the plantation to prevent them from germinating and requiring additional cleaning. Moreover, the oil mill requires a minimum volume of bunches and fruits to run, but they should not be left lying around for too long in the unloading bay of the plant where they degrade very quickly. So at the moment we are trying to concentrate the harvesting operations on three days of the week and on the third day the whole production is processed by the oil mill.
Apart from the fruit bunches that come from our plantation, we also buy palm fruits that are provided by the villagers around the plantation. Indeed, around our plantation there are many wild palm trees and/or palm trees that may have been planted in the past by our predecessors who continue to produce bunches and oil-rich fruits. These fruits are brought by the villagers to the oil mill where we buy them for cash and thus ensure a regular income for people outside Brabanta. The limiting factor of these village fruits or nuts is mainly transport because some of these palm trees are located several tens of kilometres from the plantation without really passable roads. Most of the fruit we buy is transported in dugout canoes that unload their production in our port. We avoid picking the fruit ourselves in the villages because we then have to pay taxes for “cross-border trade in food products”…
This leads me to make a final comment on “borders”. The Congolese state has decided to decentralize border tax management to the provinces. Logically, this means that each province must manage the movement of goods (and people) to and from neighbouring countries. But here we are in Congo and the provincial authorities have decided that the law applies to borders in the broad sense, and therefore also to the boundaries between the provinces. Thus all products that come from our concession on the other side of Kasai just opposite Mapangu are subject to import taxes in accordance with the law on “cross-border trade in food products”. As there is no real border crossing, the authorities make “estimates” on the “imported or exported” quantities, which are sometimes very generous, so we preferred to refrain from any transaction that would not be made within our concession, leaving the pleasure of negotiating the border aspect to the villagers (who do not pay and which the authorities dare not pursue in the villages).
We hope you are well and look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Peu – Little

See below for English text

Le palmier à huile est une plante tropicale qui produit des régimes de fruits riches en huile toute l’année, c’est ce qui fait son grand intérêt pour les populations locales car outre la disponibilité permanente d’une source de matière grasse alimentaire (quasi la seule produite dans ces contrées) elle permet aussi aux planteurs d’avoir des revenus toute l’année, ce qui n’est pas le cas pour des cultures saisonnières comme le café, cacao, maïs, etc.
La seule autre culture commune de la région qui est récoltée toute l’année est le manioc, qui avec l’huile de palme constitue la base alimentaire d’une grande partie de la population. En effet le manioc produit des grosses racines riches en amidon qui peuvent être récoltées à tout moment, la seule contrainte étant que plus elles sont vieilles plus elles deviennent fibreuses, mais sinon toujours comestibles. Le manioc est consommé sous forme de fufu (foufou) qui est une pâte plus ou moins ferme fabriquée avec de la farine de racines séchées et moulues et agrémenté d’une sauce de poisson séché, tomate ou autre selon les goûts et disponibilités. Une fois cuit ce n’est pas trop mauvais si ce n’est un peu insipide, mais avant d’être moulue les racines dégagent une odeur franchement peu appétissante. En effet les racines de manioc (excepté les variétés dites “douces”) contiennent du cyanure qu’il faut éliminer par rouissage. Le rouissage est réalisé en faisant tremper les racines pelées dans de l’eau (souvent un marigot dont la qualité de l’eau est douteuse) pendant un ou deux jours et ce processus dégage une odeur de vomi qui a tendance à rester sur les racines séchées après avoir été débarrassées de leurs toxines, d’où notre enthousiasme limité à en avoir dans la cuisine. Pour être tout à fait honnêtes, à la maison ce n’est même pas que nous mangeons peu de manioc, nous n’en mangeons pas!
Mais revenons au palmier à huile, qui théoriquement lui aussi produit toute l’année. Je dis théoriquement car Mapangu se trouve en zone limitrophe pour la production optimale du palmier et en plus nous sommes sur des sols sableux qui sont relativement plus pauvres que les sols généralement trouvés dans les zones équatoriales. Le résultat est que la production est beaucoup plus saisonnière et au lieu d’avoir des régimes à récolter de manière régulière toute l’année nous avons une période de pointe de production (de juin à septembre) et puis cela retombe comme un soufflé et nous passons de 600 tonnes par jour (en pointe) à 350 tonnes par semaine ou moins de régimes. Cette variabilité a toutes sortes de conséquences sur l’organisation de la plantation car quand il y a peu de production, comme maintenant, les coupeurs vont parcourir des grandes surfaces de plantation pour parfois récolter moins de 5 régimes ce qui n’est évidemment pas économique, mais si nous espaçons les cycles de récolte de trop le peu de régimes récoltés seront en partie pourris et ne pourront pas être usinés. Pour l’huilerie c’est aussi un problème car il n’est pas économique de démarrer l’usine (il faut 2-3 heures pour faire monter les chaudières en pression et mettre toute la machine en route) s’il n’y a pas un minimum de 250-300 tonnes de régimes à traiter, mais il ne faut pas non plus laisser traîner trop longtemps les régimes coupés car leur qualité se détériore très rapidement et l’huile produite risque à son tour d’être trop acide.
L’année passée, compte tenu de la faible production de cette période de l’année, nous avions fait l’essai d’arrêter toutes les opérations pendant 4 semaines en se disant que le peu de production perdue serait largement compensée par les économies de carburant (générateurs de l’huilerie, camions et tracteurs pour l’évacuation des régimes et transport du personnel) et de main d’œuvre, mais ce n’est en fait pas le cas car non seulement les économies de carburant réalisées n’étaient pas aussi intéressantes qu’anticipé, mais en plus le travail qui a été nécessaire pour nettoyer la plantation de tous les fruits pourris a annulé le peu d’économie que nous avions réalisé. Alors cette année nous avons décidé de mordre sur notre chique et de continuer à récolter et usiner notre production, même si les palmiers nous donnent peu de régimes à récolter. Nous avons quand même décidé de concentrer la récolte sur trois jours par semaine avec un passage chaque deux semaines, au lieu de tous les jours avec un cycle d’une semaine en temps normal, et l’huilerie ne fonctionne qu’un jour par semaine absorbant ainsi des régimes qui n’ont pas été récoltés plus de deux jours plus tôt. Espérons que cette approche nous permettra d’optimiser le peu de production que nous avons en cette période de creux.
Paradoxalement, maintenant que nous n’avons que peu d’huile produite et donc des besoins d’évacuation réduits, le retour des pluies depuis le mois de septembre fait que le Kasaï est à nouveau pleinement navigable et que les barges peuvent prendre des pleines charges… Mais ne rêvons pas trop: le trafic de barges sur le Kasaï reste limité par le déchargement compliqué au port d’Ilebo à cause du trafic restreint de trains et donc la disponibilité de wagons. Contrairement à l’Europe où le retard de quelques minutes d’un train fait tout un plat, ici les retards se comptent plutôt en jours voir semaines.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Forage – Borehole

Rucher – Beehives
Mini-Jacaranda

Oil palm is a tropical plant that produces oil-rich fruit bunches all year round, which is of great interest to local populations because in addition to the permanent availability of a source of dietary fat (almost the only one produced in these regions) it also allows farmers to have an income all year round, which is not the case for seasonal crops such as coffee, cocoa, corn, etc.
The only other common crop in the region that is harvested all year round is cassava, which, together with palm oil, forms the food base for a large part of the population. Indeed, cassava produces large starchy roots that can be harvested at any time, the only constraint being that the older they are, the more fibrous they become, but otherwise always edible. Cassava is consumed in the form of fufu (foufou), which is a more or less firm paste made from dried and ground root meal and topped with a dried fish sauce, tomato or other according to taste and availability. Once cooked it is not too bad if not a little tasteless, but before being ground the roots give off a frankly unpleasant smell. Indeed, cassava roots (except for the so-called “sweet” varieties) contain cyanide, which must be removed by retting. Retting is done by soaking the peeled roots in water (often a marigot of questionable water quality) for one or two days and this process gives off a smell of vomit that tends to stay on the dried roots after being rid of their toxins, hence our limited enthusiasm to have them in the kitchen. To be completely honest, at home it’s not even that we don’t eat much cassava, we don’t eat it!
But let us return to the oil palm tree, which theoretically also produces all year round. I say theoretically because Mapangu is in a borderline area for the optimal production of palm trees and in addition we are on sandy soils that are relatively poorer than the soils generally found in equatorial areas. The result is that production is much more seasonal and instead of having fruit bunches to harvest regularly all year round we have a peak period of production (from June to September) and then it drops very much like a soufflé and we go from 600 tonnes per day (peak) to 350 tonnes per week or less of fruit bunches. This variability has all kinds of consequences on the organization of the plantation because when there is little production, as there is now, cutters will go through large areas of plantation to sometimes harvest less than 5 fruit bunches which is obviously not economic, but if we space the harvest cycles too much the few harvested fruit bunches will partly rot and cannot be milled. For the oil mill it is also a problem because it is not economical to start the plant (it takes 2-3 hours to pressurize the boilers and start the whole machine) if there is not a minimum of 250-300 tons of fruit bunches to process, but neither should these be left too long before they are milled, because their quality deteriorates very quickly and the oil produced may in turn be too acidic.
Last year, given the low production at this time of year, we tried to stop all operations for 4 weeks, thinking that the little production lost would be largely offset by fuel (oil mill generators, trucks and tractors for produce evacuation and personnel transport) and labour savings, but this is not in fact the case because not only were the fuel savings achieved not as interesting as expected, but also the work that was required afterwards to clean the plantation of all the rotten fruits cancelled out what little savings we had made. So this year we decided to hold tight and continue to harvest and mill our production, even if the palm trees give us few fruit bunches to harvest. We did however decide to concentrate the harvest on three days a week with a bi-weekly passage, instead of every day with a normal one-week cycle, and the oil mill only operates one day a week, thus absorbing fruit bunches that were not harvested more than two days earlier. Let’s hope that this approach will allow us to optimize the limited production we have in this period of lows.
Paradoxically, now that we have only small amounts of oil produced and therefore reduced evacuation needs, the return of the rains since September means that the Kasai is once again fully navigable and that the barges can take full loads… But let’s not dream too much: barge traffic on the Kasai remains limited by the complicated unloading at the port of Ilebo due to the rare train traffic and therefore unavailability of wagons. Unlike Europe, where a delay of a few minutes in a train makes a big difference, here delays are more likely to be counted in days or even weeks.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

RSPO

See below for English version

Les plantations de palmier à huile font l’objet de beaucoup de publicité négative allégeant généralement que ces activités sont à l’origine de déforestations massives, qu’elles privent les populations autochtones de leurs terres ancestrales ou encore que l’huile de palme est malsaine et à bannir d’un régime alimentaire sain. Nous sommes bien placés pour distinguer le vrai du faux de ces allégations, mais certains diront que notre point de vue ne peut pas être objectif et je ne vais donc pas entrer ici dans un débat sur le vrai et le faux, même si en passant je ne pourrai pas m’empêcher de donner quelques éléments factuels pour expliquer notre démarche.
Pour le moment, il est généralement accepté que le meilleur moyen de démontrer que les activités de plantation de palmier à huile ne sont pas plus mauvaises que toute autre production agricole commerciale, c’est d’obtenir une certification qui confirme que les activités sont menées de manière durable en respectant l’environnement, les populations locales et les règles générales d’éthique. Pour le palmier à huile la certification la plus généralement acceptée s’appelle RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), celle-ci a été développé au départ pour les plantations d’Asie du sud-est, mais s’étend actuellement également à l’Afrique où le groupe SOCFIN s’est d’ailleurs engagé à l’obtenir pour toutes ses plantations africaines en plus des engagements déjà pris depuis plusieurs années de ne pas déboiser, de ne pas utiliser de feu pour préparer les zones de plantation et de prendre des mesures pour protéger les zones naturelles dans ses concessions.
Obtenir la certification RSPO n’est pas une mince affaire et est extrêmement onéreuse, entre autres parce que les normes (basées au départ sur la réalité du terrain asiatique) exigent de respecter des règles qui dans certains cas sont quasi impossibles ici. Par exemple tous les déchets comme les filtres à huile usagés, produits périmés et autres déchets considérés comme nuisibles doivent être enlevés et détruits par des sociétés agréées… qui n’existent pas au Congo. Il y a aussi l’exigence de fournir des logements adéquats ce qui veut dire maisons en matériaux durables équipés d’eau et d’électricité, exigence logique avec la base observée en Asie mais utopique dans un pays où la majorité de nos travailleurs viennent de villages voisins dont les maisons sont des paillotes voire exceptionnellement des constructions en briques adobe avec toiture en paille, et où l’idée même d’avoir l’électricité ou l’eau est loin des préoccupations premières des habitants. Pour nous conformer aux normes “asiatiques” il nous faudrait construire plus de 1.000 maisons et je ne parle même pas du budget nécessaire pour l’électrification et la distribution d’eau. En fait les villages des travailleurs dans la concession sont approvisionnés en eau par une citerne centrale remplie par un tanker mobile tous les jours. Nous essayons également de réaliser des forages pour avoir une eau plus adaptée aux besoins domestiques, mais, outre le fait que ces forages coûtent “la peau des fesses”, sur les 6 forages réalisés jusqu’à ce jour il n’y en a qu’un seul qui est opérationnel. Pour mémoire nous sommes dans une zone sableuse où il est nécessaire de forer jusqu’à plus de 200m pour trouver de l’eau… Chez nous à la maison, tout comme dans les camps, il y a un tracteur qui vient avec une citerne nous ravitailler en l’eau tous les jours. Cette eau provenant d’une petite rivière où les villageois font également leur lessive, ablutions et plus… Est filtrée après l’hydrophore et strictement limitée aux douches, nettoyage de la maison et autres activités d’entretien. Pour notre eau de consommation nous avons des porteuses d’eau qui vont remplir des bidons à une petite source située à quelques kilomètres de la maison, eau que nous faisons bouillir et filtrons deux fois avant de la consommer.
Mais revenons à la certification RSPO, certes, nous faisons face à certaines difficultés, mais il y a d’autres aspects qui devraient être moins difficiles à mettre en œuvre, même ici. Ainsi il est par exemple nécessaire d’avoir des descriptions détaillées de toutes les opérations et d’assurer la formation du personnel dans l’application de ces procédures. En théorie c’est assez logique et simple à appliquer, si ce n’est qu’ici les instructions écrites ou même verbales ne sont pas comprises et qu’il est donc nécessaire de faire toutes ces formations par la pratique. Démontrer comment récolter un régime ou trier un déchet n’est pas trop ardu (encore que, pour le deuxième exemple, il est parfois difficile d’avoir tous les types de déchets sous la main pour faire la démonstration), mais quand il s’agit de faire comprendre les principes de base de la RSPO (qui sont supposés être connus de tous les travailleurs) je crois que tous mes cheveux seront blancs ou partis avant que cela n’arrive…
Un autre aspect important de la certification est de s’assurer que tous les travailleurs soient équipés adéquatement pour le travail qu’ils doivent faire, c.-à-d. avoir bottes, casques, gants, lunettes, masques, etc. selon le travail qu’ils font. Distribuer les équipements de protection individuels n’est pas la plus grande difficulté car en général les employés aiment recevoir une panoplie d’équipements, certain étant même portés fièrement le dimanche pour aller au culte, mais l’utilisation de ces équipements au travail est une autre paire de manches car ils se plaignent alors qu’ils ont trop chaud, que les équipements de protection les empêchent de bien faire leur travail, etc.
Une autre exigence de RSPO est de régulièrement faire contrôler tous les équipements pour s’assurer qu’ils soient conformes aux normes nationales. Au Congo la norme nationale est généralement assez simple et quasi universelle, il suffit de payer le montant repris dans la grille officielle (plus les “frais” de mission) et ne pas demander plus car les préposés au contrôle 1) n’ont généralement pas connaissance des normes qu’ils sont supposés appliquer, 2) ne disposent d’aucun matériel ou équipement de mesure et 3) souvent ne connaissent même pas le matériel à contrôler ou son fonctionnement. Ainsi nous payons religieusement le contrôle technique de tous nos véhicules, le certificat de navigabilité de notre pirogue et baleinière ou contrôle de sécurité de nos installations industrielles, mais mis à part quelques petits coups de marteau donnés à l’une de nos citernes pour voir si la tôle était solide… depuis que nous sommes ici je n’ai jamais vu un seul contrôle actuellement fait, excepté pour nos extincteurs et nous savons maintenant ce que cela vaut (voir nos nouvelles précédentes: “Saturation”).
Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en passant en revue toutes les exigences de la RSPO, mais sachez que la liste est encore longue et que c’est donc un processus qui prend beaucoup de temps, d’énergie et de ressources. Cela est d’autant plus vrai que seules deux organisations sont habilitées à “auditer” les plantations africaines pour leur certification RSPO et que chaque visite est donc facturée à un prix défiant toute concurrence…
Pour le moment nous sommes les seuls occupants de la “Cathédrale” car nos voisins sont soit en vacance soit partis, enfin seuls… c’est sans compter la troupe de gardiens, jardiniers et autres cuisiniers qui hantent les lieux, en fait nous avons compté il y a 16 personnes qui travaillent dans le “compound” de la Cathédrale, donc nous ne sommes pas “vraiment” seuls.
Ah, une dernière petite nouvelle, Edwige notre chouette a repris sa liberté. Elle devenait de plus en plus résistante à nos manipulations, démontrant qu’elle avait repris des forces et les moyens de se défendre et plutôt que de risquer de la blesser en l’attrapant pour lui donner sa dose d’huile, de viande et d’eau nous avons estimé qu’elle serait plus à l’aise de faire cela de ses propres moyens dans la nature. A la faveur d’une nuit bien claire nous l’avons mise sur la terrasse d’où elle a pris son envol pour disparaître dans la nuit et découvrir son nouveau territoire.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Prosper (en bleu – in blue)
Essais de semis de Jacaranda – Jacarada sowing trials
Griezel observant des perdrix – Griezel watching partridges
Bouquet du jardin – Flowers from the garden

Oil palm plantations are the subject of much negative publicity, generally claiming that these activities cause massive deforestation, that they deprive indigenous populations of their ancestral lands or that palm oil is unhealthy and should be banned from a good diet. We are well placed to distinguish between the true and the false from these allegations, but some will say that our point of view cannot be objective and I will therefore not enter into a debate here on what is true and what is not, even if in passing I will not be able to avoid giving some factual elements to explain our approach.
For the time being, it is generally accepted that the best way to demonstrate that oil palm plantation activities are not worse than any other commercial agricultural production is to obtain certification that confirms that the activities are carried out in a sustainable manner that respects the environment, local populations and general ethical rules. For oil palm, the most generally accepted certification is called RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), which was initially developed for plantations in South-East Asia, but is now also being extended to Africa, where the SOCFIN group has undertaken to obtain it for all its African plantations. This is in addition to the commitments already made for several years not to clear forests, not to use fire to prepare planting areas and to take measures to protect natural areas in its concessions.
Obtaining RSPO certification is not an easy task and is extremely expensive, partly because the standards (based initially on the reality on the Asian context) require compliance with rules that in some cases are almost impossible here. For example, all waste such as used oil filters, expired chemical products and other waste considered harmful must be removed and destroyed by authorized companies… that do not exist in Congo. There is also the need to provide adequate housing, which means houses made of sustainable materials equipped with water and electricity, a logical requirement when looking at the average housing standard in some places, but utopian in a country where the majority of our workers come from neighbouring villages whose houses are straw huts or even exceptionally adobe brick constructions with straw roofs, and where the very idea of having electricity or water is far from the first concerns of the inhabitants. To comply with “Asian” standards we would have to build more than 1,000 houses and I am not even talking about the budget needed for electrification and water distribution. In fact, the workers’ villages in the concession are supplied with water by a central cistern filled by a mobile tanker every day. We are also trying to drill boreholes to provide water better adapted to domestic needs, but, in addition to the fact that these boreholes cost a fortune, of the 6 boreholes drilled to date only one is operational. For the record, we are in a sandy area where it is necessary to drill up to 200m to find water… At home, just like in the camps, there is a tractor that comes with a tank to supply us with water every day. This water comes from a small river where the villagers also do their laundry, ablutions and more… It is filtered at the pump and strictly limited to showers, house cleaning and other maintenance activities. For our drinking water we have water carriers who fill cans at a small spring a few kilometers from the house, which we boil and filter twice before consuming.
But let’s get back to RSPO certification, of course, we face some difficulties, but there are other aspects that should be less difficult to implement, even here. Thus, for example, it is necessary to have detailed descriptions of all operations and to ensure the training of staff in the application of these procedures. In theory it is quite logical and simple to apply, except that here written or even verbal instructions are not understood and that it is therefore necessary to do all these trainings by practice. Demonstrating how to collect a fruit bunch or sort waste is not too difficult (although, for the second example, it is sometimes difficult to have all types of waste on hand to demonstrate), but when it comes to understanding the basic principles of RSPO (which are supposed to be known by all workers) I think all my hair will be white or gone before that happens…
Another important aspect of the certification is to ensure that all workers are adequately equipped for the work they are required to do, i.e. have boots, helmets, gloves, glasses, masks, etc. depending on the work they do. Distributing personal protective equipment is not the greatest difficulty because employees generally like to receive a wide range of equipment, some of which are even worn proudly on Sundays to go to church, but the use of this equipment at work is another matter because they complain when they are too hot, that protective equipment prevents them from doing their job properly, etc.
Another requirement of RSPO is to regularly have all equipment inspected to ensure that it complies with national standards. In Congo, the national standard is generally quite simple and almost universal, it is sufficient to pay the amount shown in the official grid (plus the “costs” of the mission) and not to ask for more because the inspection staff (1) are generally not aware of the standards they are supposed to apply, (2) do not have any measuring equipment or tools and (3) often do not even know the equipment to be inspected or its operation. Thus we pay religiously for the roadworthiness test of all our vehicles, the certificate of compliance of our dugout canoe and barge, or safety test of our industrial installations, for this latter one, apart from a few small hammer blows given to one of our tanks to see if the metal sheet is sound… since we’ve been here I’ve never seen a single check actually done, except for our fire extinguishers and we now know what that is worth (see our previous news: “Saturation”).
I’m not going to spoil the fun by reviewing all the requirements of the RSPO, but the list is still long, so it’s a process that takes a lot of time, energy and resources. This is all the more true since only two organizations are authorized to “audit” African plantations for their RSPO certification and each visit is therefore invoiced at a price that defies all competition…
At the moment we are the only occupants of the “Cathedral” compound because our neighbours are either on holiday or gone. Alone is maybe not the complete truth… as we are still surrounded by the troop of guards, gardeners and other cooks who haunt the place, in fact we counted there are 16 people working in the “compound” of the Cathedral, so we are not “really” alone.
Ah, one last little piece of news, Edwige our owl has regained her freedom. She was becoming more and more resistant to our manipulations, showing that she had regained strength and the means to defend herself and rather than risk injuring her when catching her to give her her dose of oil, meat and water we felt she would be more comfortable doing this on her own in nature. On a clear night we put her on the terrace from where she took off and disappeared into the night to discover her new territory.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

Categories
Mapangu Uncategorised

Encore des Visiteurs – More Visitors

See below for English version

Il y a des moments où les visiteurs se suivent et ne se ressemblent pas, certains prévus et bienvenus, d’autres imprévus et aussi bienvenus et puis, parfois . . . Ni l’un ni l’autre !
Cette semaine nous avons eu de tout, et le premier visiteur, certainement imprévu, s’est imposé pendant notre séjour à Kinshasa à l’occasion d’une promenade de Marie-Claude en ville. L’hôte en question (en fait nous ne savons pas s’il est masculin ou féminin) était attaché par un fil à la patte au bord de la route et Marie-Claude n’a pas pu résister à l’impulsion de tenter de le soustraire à son sort qui n’était pas prometteur en plein soleil de midi, visiblement déshydraté et très abattu. Après d’âpres négociations pour un prix le plus modique possible afin d’éviter d’inciter à la continuation du braconnage (l’équivalent de 10 dollars, le prix de départ était de dix fois plus et en devises) le petit rescapé est arrivé à l’hôtel. L”intention étant de le ramener avec nous à Mapangu pour le retaper et le remettre dans la nature. L’invitée en question est une chouette chevêche, adulte ou presque, mais manifestement traumatisée. Le lendemain Marie-Claude a amené le petit rapace nocturne chez un vétérinaire pour demander des conseils de soins et obtenir un certificat de bonne santé nous permettant de l’embarquer dans l’avion pour aller à la plantation. Le vétérinaire a expliqué à Marie-Claude comment manipuler la chouette sans la molester ni se faire molester, comment la nourrir et vérifier son état de santé. Nous avons reçu un certificat de bonne santé, mais comme les chouettes sont des animaux protégés (en Europe en tout cas), le certificat indique qu’il s’agit d’un “sauvetage humanitaire”…
La visiteuse temporaire (que nous avons surnommé Hedwige) est maintenant saine et sauve à la Cathédrale où Marie-Claude lui fait boire régulièrement de huile de maïs à l’aide d’une petite seringue (huile recommandée par le vétérinaire comme l’huile contenant les éléments nutritifs nécessaires pour lui “rendre la pêche) mais aussi de petits morceaux de viande et de l’eau. Hedwige ne réside plus dans son carton, trouvant beaucoup plus agréable de voler dans la maison où elle se déplace silencieusement de pièce en pièce pour se percher sur les armoires, haut des fenêtres ou conditionnements d’air d’où elle nous observe avec beaucoup d’attention. La nuit elle se déplace également dans notre chambre, mais étant absolument silencieuse les seules preuves que nous avons pour savoir qu’elle est passée par là sont les résultats de sa digestion qui… marquent le sol au bas des perchoirs temporaires. Pour le moment elle ne semble pas se nourrir sans que nous lui forcions les aliments dans le bec, mais elle devient de plus en plus combative et nous espérons donc bientôt pouvoir lui rendre sa liberté (un de ses soirs).
D’autres visiteurs venus cette semaine, programmés cette fois, sont deux responsables de Belgique et de Suisse. L’un est le représentant de l’une des banques qui finance le groupe et dont la mission était de s’assurer que nous mettions bien en place les mesures nécessaires pour obtenir une certification de production durable et respectueuse de l’environnement. Le hasard fait que, comme nous, il est anversois d’origine et très sympathique, ce qui fait qu’en dehors des aspects de travail nous avons également pu passer d’agréables moments à échanger des choses beaucoup plus personnelles. L’autre visiteur est un des responsables du groupe à Fribourg qui venait principalement pour accompagner le banquier mais aussi pour revoir la plantation qu’il n’avait plus eu l’occasion de visiter depuis près de 4 ans. Un collègue que nous connaissions un peu moins et qui s’est révélé être lui aussi un hôte fort agréable à avoir à la maison, leur visite était, en fait, très courte: arrivée pour le lunch en compagnie des autres directeurs expatriés et de notre directeur congolais chargé des relations publiques (Marie-Claude avait préparé avant notre départ pour le Ghana entrée et dessert qu’il n’y avait plus qu’à cuire), visite de la plantation et de l’huilerie toute l’après-midi, drink le soir avec tous les cadres à la Cathédrale. Une nuit à la maison puis appel en plantation, petit déjeuner, continuation de la visite incluant un trajet en pirogue jusqu’à l’autre bout de la plantation, lunch, “douchette” et départ des visiteurs en avion.
Finalement le troisième visiteur que nous avons accueilli à Brabanta cette semaine, heureusement pas à la Cathédrale, est celle l’inspecteur du travail qui vient essayer de nous aider à résoudre un conflit que nous avons avec certains membres de notre service de sécurité. Ces derniers ont été amenés à croire, par des personnes extérieures à la société, que les changement que nous apportons à l’organisation de la sécurité de la Brabanta vont leur permettre de recevoir des millions en dédommagements et autres compensations. En fait les-dits changements n’impliquant aucun licenciement ni autre perte d’emploi, il y a peu de chance de “décrocher un pactole” d’une sorte ou d’une autre. Les âmes bien pensantes qui ont mis ces idées dans la tête des gardiens ont évidemment insinué que la société résisterait à de tels paiements et qu’il était donc nécessaire de faire du bruit et d’exiger “leur dû”, ce qui a dégénéré en jets de pierre et menaces à l’encontre de la direction générale. Nous avons fini par faire appel à la police pour venir remettre de l’ordre et demandé à l’inspecteur du travail de venir sur place pour arbitrer la situation, ce qui est maintenant en cours et qui, nous l’espérons, remettra les chose dans le bon ordre.
D’autres visites nous sont annoncées pour les semaines à venir: des auditeurs environnementaux, des auditeurs sociaux, des experts médicaux, etc. mais tout ce petit monde devant travailler près des bureaux sera donc logé dans d’autres endroits que la Cathédrale ce qui fait que pour le reste de l’année (jusqu’à notre départ en congé en décembre) nous aurons la maison à nous seuls.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et que nous aurons de vos nouvelles à vous aussi.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Hedwige
Appel matinal – Morning muster

There are times when visitors follow each other and do not resemble each other, some planned and welcome, others unexpected and also welcome and then, sometimes …. Neither one nor the other!
This week we had everything, and the first visitor, certainly unexpected, made his presence felt during our stay in Kinshasa on the occasion of a walk by Marie-Claude in the city. The host in question (in fact we do not know if he is male or female) was tied by a thread to his leg at the side of the road and Marie-Claude could not resist the impulse to try to remove him from his fate, which was not promising in the midday sun, obviously dehydrated and very depressed. After tough negotiations for the lowest possible price in order to avoid inciting further poaching (the equivalent of 10 dollars, the starting price was ten times higher), the small survivor arrived at the hotel. The intention is to bring him back with us to Mapangu to restore him and put him back into the wild. The guest in question is an owl, an adult or almost an adult, but obviously traumatized. The next day Marie-Claude took the little nocturnal bird of prey to a veterinarian to ask for care advice and obtain a certificate of good health allowing us to board the plane to go to the plantation. The veterinarian explained to Marie-Claude how to handle the owl without molesting it or being molested, how to feed her and check her health. We have received a certificate of good health, but as owls are protected animals (in Europe at least) the certificate indicates that it is a “humanitarian rescue”…
The temporary visitor (whom we have nicknamed Hedwige) is now safe and sound at the Cathedral where Marie-Claude regularly makes her drink corn oil with a small syringe (oil recommended by the veterinarian as the oil containing the nutrients necessary to “return her to top form”) but also small pieces of meat and water. Hedwige no longer resides in her cardboard box, finding it much more pleasant to fly around in the house where she moves silently from room to room to perch on the cabinets, top of windows or air conditioning from where she watches us with great attention. At night she also moves around in our room, but being absolutely silent the only evidence we have that she has gone through our room are the results of her digestion which… mark the floor at the bottom of her temporary perches. For the moment she doesn’t seem to be feeding without us forcing food in her beak, but she is getting more and more combative and we hope to be able to give her back her freedom one of the next evenings.
Other visitors who came this week, this time scheduled, are two managers from Belgium and Switzerland. One is the representative of one of the banks that finances the group and whose mission was to ensure that we put in place the necessary measures to obtain certification of sustainable and environmentally friendly production. By chance, like us, he is from Antwerp and very friendly, which means that apart from the work aspects we were also able to spend pleasant moments exchanging much more personal experiences. The other visitor is one of the group’s managers in Fribourg who came mainly to accompany the banker but also to revisit the plantation that he had not had the opportunity to visit for nearly 4 years. A colleague we knew a little less than others and who also proved to be a very pleasant host to have at home. Their visit was, in fact, very short: arrival for lunch with the other expatriate directors and our Congolese director in charge of public relations (Marie-Claude had prepared a whole meal, first and main course, before our departure for Ghana, which only needed to be cooked), visit of the plantation and the oil mill all afternoon, drink in the evening with all the executives at the Cathedral. One night at home then attending muster call in the plantation, breakfast, continuation of the visit including a trip by dugout canoe to the other end of the plantation, lunch, “quick shower” and departure of the visitors by plane.
Finally, the third visitor we welcomed in Brabanta this week, fortunately not at the Cathedral, is the labour inspector who has just tried to help us resolve a conflict we have with some members of our security service. They have been led to believe, by people outside society, that the changes we are making to the security organisation in Brabanta will allow them to receive millions in compensation and other advantages. In fact, as since those changes do not involve any dismissal or other loss of employment, there is little chance of “getting a deal” of any kind. The well-meaning souls who put these ideas in the guards’ heads obviously insinuated that society would resist such payments and that it was therefore necessary to make noise and demand “their due”, which degenerated into stone throwing and threats against the general management. We ended up calling on the police to come and clean up and asked the labour inspector to come and arbitrate the situation, which is now underway and which, we hope, will put things in the right order.
Other visits are announced for the coming weeks: environmental auditors, social auditors, medical experts, etc. but all these people who have to work near the offices will therefore be housed in places other than the Cathedral, so that for the rest of the year (until our departure on leave in December) we will have the house to ourselves.
We hope that this news will find you well and that we will hear from you too.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude