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Sous-Traitants – Sub-Contractors

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Pour le moment nous sommes un peu sur les genoux, alors que pourtant la pointe de production est derrière le dos et qu’en plantation et à l’usine théoriquement les choses sont plus calmes. Plus de récoltes à suivre jusque tard dans la nuit, de transports qui s’embourbent à 1 heure du matin qu’il faut aller dépanner ou encore d’huilerie qui tourne 24h sur 24. Et pourtant,… C’est maintenant qu’ont choisi certains de nos travailleurs pour rendre les choses difficiles.
Depuis quelques années j’essaye de petit à petit externaliser des opérations qui ne cadrent pas vraiment avec notre métier et qui nous permettent ainsi d’avoir un meilleur suivi des services sans devoir former, contrôler et encadrer notre propre personnel. C’est toutefois plus facile à dire qu’à faire car dans notre coin reculé il n’y a quasi aucune autre société ou service et il faut donc convaincre des entrepreneurs extérieurs de venir s’installer à Mapangu.
Nous avons commencé par l’entretien et la réparation des climatiseurs car notre équipe d’électriciens, même s’ils sont plein de bonne volonté, ne connaissent pas ou peu de choses concernant le réel fonctionnement d’un climatiseur et il était donc logique de faire appel à un spécialiste. Dans un premier temps nous avons travaillé avec un frigoriste indépendant venu de Kinshasa, très gentil mais pas très efficace et surtout assez onéreux. Entre temps nous avons trouvé un autre entrepreneur qui semble bien connaître son affaire et qui prend tout en charge (main d’œuvre, pièces, etc.) pour un montant forfaitaire. Ce choix est d’autant plus intéressant que sur les huit climatiseurs qui avaient été déclassés par notre équipe interne, six ont pu être remis en activité par notre nouveau fournisseur.
Outre les climatiseurs, nous avons externalisé la plomberie, l’entretien et la réparation des maisons, certains travaux d’entretien en plantation et le transport des régimes en période de pointe. Récemment nous avons également décidé d’externaliser le gardiennage des installations de la plantation dans le but de professionnaliser la sécurité et aussi d’éliminer des conflits d’intérêts évidents qui existent lorsque la sécurité des biens et des personnes de la société est assurée par soi-même. L’externalisation des autres services avait été à l’origine de quelques petites frictions avec les autochtones de Mapangu qui ne comprenaient pas pourquoi eux n’avaient pas gagné ces marchés, mais l’introduction d’un service de gardiennage externe (utilisant pourtant des employés locaux) a provoqué une vague de résistance nettement plus importante, probablement parce que cela met en péril les trafics et autres combines qui avaient été mis en place depuis des années permettant de soustraire des quantités (non négligeables) de carburant et d’autres biens de la société de manière illicite. Cette résistance, pilotée par des personnes influentes extérieures à la société, a été jusqu’à provoquer des confrontations assez agressives (avec jets de pierre, menaces, etc.) qui n’ont pu être calmé que par la promesse de l’intervention de l’inspection du travail. Le dit inspecteur est venu en mission officielle de Kinshasa et nous a aidé à finaliser une arrangement avec les gardiens rebelles, mais un arrangement nettement moins lucratif que ce qui leur avait été promis par la délégation syndicale et leurs éminences grises. Nous avons entamé une procédure de licenciement à l’encontre des délégués syndicaux pour diverses fautes lourdes qui ont été validées par l’inspection du travail, issue qui ne leur était pas venue à l’esprit donc, dans une dernière tentative d’intimidation, ils ont notifié une préavis de grève générale pour le mois de décembre. Le timing n’est pas très bien choisi car d’une part il y a tellement peu de production qu’un arrêt de travail serait quasi sans effet sur les activités de la plantation et, d’autre part, parce que les travailleurs (qui ne semblent pas trop émus du sort réservé aux syndicalistes, qualifiés par beaucoup de brigands) ne veulent pas perdre leur salaire et le colis de fin d’année généralement octroyé au moment des fêtes.
Il n’empêche que tout cela nous tient occupés de manière assez intense et qu’il est heureux que les activités de la plantation tournent à bas régime et ne souffrent donc pas trop de tout ce remue-ménage.
A côté des ces divertissements “humains”, la nature elle aussi estime qu’elle a son mot à dire et nous a ainsi bombardé de quelques pluies très abondantes qui ont détruit des sections importantes de nos routes, y compris le chemin d’accès aux bureaux de la direction générale que nous venions à peine de remettre en état. Comme à côté de cela la même nature a décidé que les palmiers pouvaient se mettre en grève et ne quasi rien produire, nous disposons heureusement d’une main d’œuvre assez abondante qui peut aider parfaire le travail des bulldozer, pelles et niveleuses utilisés pour effectuer des réparations des routes.
J’ouvre une parenthèse concernant la main d’œuvre et les travaux agricoles, car avoir une faible production est aussi compliqué à gérer que quand elle est surabondante. En effet un régime mûr qui n’est pas récolté dans les quelques jours, finit par pourrir ou, dans le meilleur des cas, avoir une acidité élevée qui est indésirable dans l’huile produite. Idéalement il faut donc veiller à ce que le travailleur passe au minimum une fois toutes les deux semaines vérifier chaque palmier pour couper les régimes mûrs. Nous avons ainsi des travailleurs qui arrivent à récolter à peine 5-6 régimes sur toute une journée de travail alors qu’ils ont contrôlé plus d’un millier de palmiers. Ne pas récolter ceux-ci n’est pas vraiment une option car une fois pourris les régimes sont beaucoup plus difficiles à couper, demandent énormément de travail pour ramasser tous les fruits qui se sont détachés et qu’il faut jeter en dehors de la plantation pour éviter que ceux-ci ne germent et nécessitent une intervention de nettoyage supplémentaire. Qui plus est, l’huilerie nécessite un volume minimum de régimes et de fruits pour tourner, mais il ne faut pas que ceux-ci traînent trop longtemps sur la zone de déchargement de l’usine où ils se dégradent très rapidement. Ainsi pour le moment nous essayons de concentrer les opérations de récolte sur trois jours de la semaine et le troisième jour toute la production est traitée par l’huilerie.
Mis à part les régimes qui proviennent de notre plantation, nous achetons également des fruits de palme qui nous sont fournis par les villageois autour de la plantation. En effet, autour de notre plantation il y a beaucoup de palmiers sauvages et/ou palmiers qui ont peut-être été plantés jadis par nos prédécesseurs qui continuent de produire des régimes et des fruits riches en huile. Ces fruits sont apportés par les villageois à l’huilerie où nous les achetons cash et assurons ainsi un revenu régulier pour des personnes extérieures à Brabanta. Le facteur limitant des ces fruits ou noix villageoises est principalement le transport car certains de ces palmiers se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres de la plantation sans routes réellement praticables. La plus grande partie des fruits que nous achetons sont acheminés dans des pirogues qui viennent décharger leur production dans notre port. Nous évitons d’aller chercher les fruits nous-même dans les villages car nous devons alors payer des taxes de “commerce transfrontalier de produits vivriers”…
Cela m’amène à ouvrir une dernière parenthèse concernant les “frontières”. L’état congolais a décidé de décentraliser les compétences en matière de taxes frontalières aux provinces. Logiquement cela veut dire que chaque province doit gérer le trafic de biens allant ou venant de pays voisins. Mais voilà, ici nous sommes au Congo et les autorités provinciales ont ainsi décidé que la loi s’applique aux frontières au sens large, donc aussi aux limites entre les provinces. Ainsi tous les produits qui proviennent de notre concession de l’autre côté du Kasaï juste en face de Mapangu sont soumis à des taxes d’importation conformément à la loi sur le “commerce transfrontalier de produits vivriers”. Comme il n’y a pas réellement de poste frontière, les autorités font des “estimations” sur les quantités “importées ou exportées” qui sont parfois très généreuses, nous avons donc préféré nous abstenir de toute transaction qui ne serait pas faite à l’intérieur de notre concession, laissant le plaisir de négocier l’aspect frontalier aux villageois (qui eux ne payent pas et que les autorités n’osent pas poursuivre dans les villages).
Nous espérons que vous allez bien et attendons avec impatience de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

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Hiver ici aussi? – Winter here also?
Pépinière – Nursery

At the moment we are somewhat exhausted, despite the fact that theoretically the peak of production is behind our backs and things are supposed to be calmer in the plantation and mill. No more harvests to follow until late at night, no more transport vehicles that get stuck at 1 a.m. needing repair or even the oil mill running 24 hours a day. And yet,…. this is the time some of our workers have chosen to make things difficult.
For a few years now I have been gradually trying to outsource operations that do not really fit in with our core business and should help us ensure a better follow-up of services without having to train, control and supervise our own staff. However, this is easier said than done because in our remote area there is almost no other company or service and it is therefore necessary to convince outside entrepreneurs to come and settle in Mapangu.
We started with the maintenance and repair of air conditioners because our team of electricians, even if they are willing, know little or nothing about how an air conditioner actually works and it made sense to call in a specialist. At first we worked with an independent operator from Kinshasa, very nice but not very efficient and above all quite expensive. In the meantime we have found another contractor who seems to know his business well and who takes care of everything (labour, parts, etc.) for a fixed amount. This choice is all the more interesting because of the eight air conditioners that had been written off by our internal team, six are now back in operation at no extra cost thanks to our new contractor.
In addition to air conditioners, we have outsourced plumbing, home maintenance and repair, some plantation maintenance work and the transportation of harvest during peak periods. Recently we also decided to outsource the security of the plantation facilities in order to professionalize the service and also to eliminate obvious conflicts of interest that exist when the security of the company’s property and people is ensured by oneself. The outsourcing of other services had caused some minor friction with the Mapangu indigenous people who did not understand why they had not won these contracts, but the introduction of an external security service (using local employees) caused a much greater wave of resistance, probably because it jeopardizes the trafficking and other schemes that had been in place for years involving (significant) quantities of fuel and other goods from the company being taken out illegally. This resistance, led by influential people from outside the company, has gone so far as to provoke rather aggressive confrontations (with stone throwing, threats, etc.) that could only be calmed by the promise to call in inspectors from the Ministry of Labour. The said inspector came on an official mission from Kinshasa and helped us finalize an arrangement with the rebel guards, but one that was much less lucrative than what had been promised to them by the union representatives and their outside counselors. We started a dismissal procedure against the union delegates for various reasons of serious misconduct (validated by the labour authorities), an outcome that had not occurred to them, so in a final attempt at intimidation, they have served us with a notice of a general strike for the month of December. The timing is not very well chosen because, on the one hand, there is so little production that a work stoppage would have almost no effect on the plantation’s activities and, on the other hand, because the workers (who do not seem too moved by the fate reserved for trade unionists, qualified by many bandits) do not want to lose their wages and the year-end package generally granted during the year-end period.
Nevertheless, all this keeps us quite busy and it is fortunate that the plantation’s activities are running at low speed and therefore do not suffer too much from all this commotion.
Alongside these “human” entertainments, nature also feels that it has a say and has bombarded us with some very heavy rains that have destroyed important sections of our roads, including the access road to the offices of the general management that we had just restored. Since the same nature has also decided that palm trees could go on strike and produce almost nothing, we fortunately have a fairly abundant workforce that can help perfect the work of bulldozers, diggers and graders used to carry out road repairs.
I would like to make a parenthesis regarding labour and agricultural work, because having a low production is as complicated to manage as when it is overabundant. Indeed, a ripe fruit bunch that is not harvested within a few days will eventually rot or, in the best of cases, have a high acidity that is undesirable in the oil produced. Ideally, it is therefore necessary to ensure that the worker spends at least once every two weeks checking each palm tree to cut ripe bunches. We have workers who manage to harvest barely 5-6 fruit bunches over a whole working day, even though they have controlled more than a thousand palm trees. Not harvesting these is not really an option because once rotten the bunches are much harder to cut, require a lot of work to collect all the fruit that has come loose and that must be thrown away from the plantation to prevent them from germinating and requiring additional cleaning. Moreover, the oil mill requires a minimum volume of bunches and fruits to run, but they should not be left lying around for too long in the unloading bay of the plant where they degrade very quickly. So at the moment we are trying to concentrate the harvesting operations on three days of the week and on the third day the whole production is processed by the oil mill.
Apart from the fruit bunches that come from our plantation, we also buy palm fruits that are provided by the villagers around the plantation. Indeed, around our plantation there are many wild palm trees and/or palm trees that may have been planted in the past by our predecessors who continue to produce bunches and oil-rich fruits. These fruits are brought by the villagers to the oil mill where we buy them for cash and thus ensure a regular income for people outside Brabanta. The limiting factor of these village fruits or nuts is mainly transport because some of these palm trees are located several tens of kilometres from the plantation without really passable roads. Most of the fruit we buy is transported in dugout canoes that unload their production in our port. We avoid picking the fruit ourselves in the villages because we then have to pay taxes for “cross-border trade in food products”…
This leads me to make a final comment on “borders”. The Congolese state has decided to decentralize border tax management to the provinces. Logically, this means that each province must manage the movement of goods (and people) to and from neighbouring countries. But here we are in Congo and the provincial authorities have decided that the law applies to borders in the broad sense, and therefore also to the boundaries between the provinces. Thus all products that come from our concession on the other side of Kasai just opposite Mapangu are subject to import taxes in accordance with the law on “cross-border trade in food products”. As there is no real border crossing, the authorities make “estimates” on the “imported or exported” quantities, which are sometimes very generous, so we preferred to refrain from any transaction that would not be made within our concession, leaving the pleasure of negotiating the border aspect to the villagers (who do not pay and which the authorities dare not pursue in the villages).
We hope you are well and look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Peu – Little

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Le palmier à huile est une plante tropicale qui produit des régimes de fruits riches en huile toute l’année, c’est ce qui fait son grand intérêt pour les populations locales car outre la disponibilité permanente d’une source de matière grasse alimentaire (quasi la seule produite dans ces contrées) elle permet aussi aux planteurs d’avoir des revenus toute l’année, ce qui n’est pas le cas pour des cultures saisonnières comme le café, cacao, maïs, etc.
La seule autre culture commune de la région qui est récoltée toute l’année est le manioc, qui avec l’huile de palme constitue la base alimentaire d’une grande partie de la population. En effet le manioc produit des grosses racines riches en amidon qui peuvent être récoltées à tout moment, la seule contrainte étant que plus elles sont vieilles plus elles deviennent fibreuses, mais sinon toujours comestibles. Le manioc est consommé sous forme de fufu (foufou) qui est une pâte plus ou moins ferme fabriquée avec de la farine de racines séchées et moulues et agrémenté d’une sauce de poisson séché, tomate ou autre selon les goûts et disponibilités. Une fois cuit ce n’est pas trop mauvais si ce n’est un peu insipide, mais avant d’être moulue les racines dégagent une odeur franchement peu appétissante. En effet les racines de manioc (excepté les variétés dites “douces”) contiennent du cyanure qu’il faut éliminer par rouissage. Le rouissage est réalisé en faisant tremper les racines pelées dans de l’eau (souvent un marigot dont la qualité de l’eau est douteuse) pendant un ou deux jours et ce processus dégage une odeur de vomi qui a tendance à rester sur les racines séchées après avoir été débarrassées de leurs toxines, d’où notre enthousiasme limité à en avoir dans la cuisine. Pour être tout à fait honnêtes, à la maison ce n’est même pas que nous mangeons peu de manioc, nous n’en mangeons pas!
Mais revenons au palmier à huile, qui théoriquement lui aussi produit toute l’année. Je dis théoriquement car Mapangu se trouve en zone limitrophe pour la production optimale du palmier et en plus nous sommes sur des sols sableux qui sont relativement plus pauvres que les sols généralement trouvés dans les zones équatoriales. Le résultat est que la production est beaucoup plus saisonnière et au lieu d’avoir des régimes à récolter de manière régulière toute l’année nous avons une période de pointe de production (de juin à septembre) et puis cela retombe comme un soufflé et nous passons de 600 tonnes par jour (en pointe) à 350 tonnes par semaine ou moins de régimes. Cette variabilité a toutes sortes de conséquences sur l’organisation de la plantation car quand il y a peu de production, comme maintenant, les coupeurs vont parcourir des grandes surfaces de plantation pour parfois récolter moins de 5 régimes ce qui n’est évidemment pas économique, mais si nous espaçons les cycles de récolte de trop le peu de régimes récoltés seront en partie pourris et ne pourront pas être usinés. Pour l’huilerie c’est aussi un problème car il n’est pas économique de démarrer l’usine (il faut 2-3 heures pour faire monter les chaudières en pression et mettre toute la machine en route) s’il n’y a pas un minimum de 250-300 tonnes de régimes à traiter, mais il ne faut pas non plus laisser traîner trop longtemps les régimes coupés car leur qualité se détériore très rapidement et l’huile produite risque à son tour d’être trop acide.
L’année passée, compte tenu de la faible production de cette période de l’année, nous avions fait l’essai d’arrêter toutes les opérations pendant 4 semaines en se disant que le peu de production perdue serait largement compensée par les économies de carburant (générateurs de l’huilerie, camions et tracteurs pour l’évacuation des régimes et transport du personnel) et de main d’œuvre, mais ce n’est en fait pas le cas car non seulement les économies de carburant réalisées n’étaient pas aussi intéressantes qu’anticipé, mais en plus le travail qui a été nécessaire pour nettoyer la plantation de tous les fruits pourris a annulé le peu d’économie que nous avions réalisé. Alors cette année nous avons décidé de mordre sur notre chique et de continuer à récolter et usiner notre production, même si les palmiers nous donnent peu de régimes à récolter. Nous avons quand même décidé de concentrer la récolte sur trois jours par semaine avec un passage chaque deux semaines, au lieu de tous les jours avec un cycle d’une semaine en temps normal, et l’huilerie ne fonctionne qu’un jour par semaine absorbant ainsi des régimes qui n’ont pas été récoltés plus de deux jours plus tôt. Espérons que cette approche nous permettra d’optimiser le peu de production que nous avons en cette période de creux.
Paradoxalement, maintenant que nous n’avons que peu d’huile produite et donc des besoins d’évacuation réduits, le retour des pluies depuis le mois de septembre fait que le Kasaï est à nouveau pleinement navigable et que les barges peuvent prendre des pleines charges… Mais ne rêvons pas trop: le trafic de barges sur le Kasaï reste limité par le déchargement compliqué au port d’Ilebo à cause du trafic restreint de trains et donc la disponibilité de wagons. Contrairement à l’Europe où le retard de quelques minutes d’un train fait tout un plat, ici les retards se comptent plutôt en jours voir semaines.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Forage – Borehole

Rucher – Beehives
Mini-Jacaranda

Oil palm is a tropical plant that produces oil-rich fruit bunches all year round, which is of great interest to local populations because in addition to the permanent availability of a source of dietary fat (almost the only one produced in these regions) it also allows farmers to have an income all year round, which is not the case for seasonal crops such as coffee, cocoa, corn, etc.
The only other common crop in the region that is harvested all year round is cassava, which, together with palm oil, forms the food base for a large part of the population. Indeed, cassava produces large starchy roots that can be harvested at any time, the only constraint being that the older they are, the more fibrous they become, but otherwise always edible. Cassava is consumed in the form of fufu (foufou), which is a more or less firm paste made from dried and ground root meal and topped with a dried fish sauce, tomato or other according to taste and availability. Once cooked it is not too bad if not a little tasteless, but before being ground the roots give off a frankly unpleasant smell. Indeed, cassava roots (except for the so-called “sweet” varieties) contain cyanide, which must be removed by retting. Retting is done by soaking the peeled roots in water (often a marigot of questionable water quality) for one or two days and this process gives off a smell of vomit that tends to stay on the dried roots after being rid of their toxins, hence our limited enthusiasm to have them in the kitchen. To be completely honest, at home it’s not even that we don’t eat much cassava, we don’t eat it!
But let us return to the oil palm tree, which theoretically also produces all year round. I say theoretically because Mapangu is in a borderline area for the optimal production of palm trees and in addition we are on sandy soils that are relatively poorer than the soils generally found in equatorial areas. The result is that production is much more seasonal and instead of having fruit bunches to harvest regularly all year round we have a peak period of production (from June to September) and then it drops very much like a soufflé and we go from 600 tonnes per day (peak) to 350 tonnes per week or less of fruit bunches. This variability has all kinds of consequences on the organization of the plantation because when there is little production, as there is now, cutters will go through large areas of plantation to sometimes harvest less than 5 fruit bunches which is obviously not economic, but if we space the harvest cycles too much the few harvested fruit bunches will partly rot and cannot be milled. For the oil mill it is also a problem because it is not economical to start the plant (it takes 2-3 hours to pressurize the boilers and start the whole machine) if there is not a minimum of 250-300 tons of fruit bunches to process, but neither should these be left too long before they are milled, because their quality deteriorates very quickly and the oil produced may in turn be too acidic.
Last year, given the low production at this time of year, we tried to stop all operations for 4 weeks, thinking that the little production lost would be largely offset by fuel (oil mill generators, trucks and tractors for produce evacuation and personnel transport) and labour savings, but this is not in fact the case because not only were the fuel savings achieved not as interesting as expected, but also the work that was required afterwards to clean the plantation of all the rotten fruits cancelled out what little savings we had made. So this year we decided to hold tight and continue to harvest and mill our production, even if the palm trees give us few fruit bunches to harvest. We did however decide to concentrate the harvest on three days a week with a bi-weekly passage, instead of every day with a normal one-week cycle, and the oil mill only operates one day a week, thus absorbing fruit bunches that were not harvested more than two days earlier. Let’s hope that this approach will allow us to optimize the limited production we have in this period of lows.
Paradoxically, now that we have only small amounts of oil produced and therefore reduced evacuation needs, the return of the rains since September means that the Kasai is once again fully navigable and that the barges can take full loads… But let’s not dream too much: barge traffic on the Kasai remains limited by the complicated unloading at the port of Ilebo due to the rare train traffic and therefore unavailability of wagons. Unlike Europe, where a delay of a few minutes in a train makes a big difference, here delays are more likely to be counted in days or even weeks.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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RSPO

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Les plantations de palmier à huile font l’objet de beaucoup de publicité négative allégeant généralement que ces activités sont à l’origine de déforestations massives, qu’elles privent les populations autochtones de leurs terres ancestrales ou encore que l’huile de palme est malsaine et à bannir d’un régime alimentaire sain. Nous sommes bien placés pour distinguer le vrai du faux de ces allégations, mais certains diront que notre point de vue ne peut pas être objectif et je ne vais donc pas entrer ici dans un débat sur le vrai et le faux, même si en passant je ne pourrai pas m’empêcher de donner quelques éléments factuels pour expliquer notre démarche.
Pour le moment, il est généralement accepté que le meilleur moyen de démontrer que les activités de plantation de palmier à huile ne sont pas plus mauvaises que toute autre production agricole commerciale, c’est d’obtenir une certification qui confirme que les activités sont menées de manière durable en respectant l’environnement, les populations locales et les règles générales d’éthique. Pour le palmier à huile la certification la plus généralement acceptée s’appelle RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), celle-ci a été développé au départ pour les plantations d’Asie du sud-est, mais s’étend actuellement également à l’Afrique où le groupe SOCFIN s’est d’ailleurs engagé à l’obtenir pour toutes ses plantations africaines en plus des engagements déjà pris depuis plusieurs années de ne pas déboiser, de ne pas utiliser de feu pour préparer les zones de plantation et de prendre des mesures pour protéger les zones naturelles dans ses concessions.
Obtenir la certification RSPO n’est pas une mince affaire et est extrêmement onéreuse, entre autres parce que les normes (basées au départ sur la réalité du terrain asiatique) exigent de respecter des règles qui dans certains cas sont quasi impossibles ici. Par exemple tous les déchets comme les filtres à huile usagés, produits périmés et autres déchets considérés comme nuisibles doivent être enlevés et détruits par des sociétés agréées… qui n’existent pas au Congo. Il y a aussi l’exigence de fournir des logements adéquats ce qui veut dire maisons en matériaux durables équipés d’eau et d’électricité, exigence logique avec la base observée en Asie mais utopique dans un pays où la majorité de nos travailleurs viennent de villages voisins dont les maisons sont des paillotes voire exceptionnellement des constructions en briques adobe avec toiture en paille, et où l’idée même d’avoir l’électricité ou l’eau est loin des préoccupations premières des habitants. Pour nous conformer aux normes “asiatiques” il nous faudrait construire plus de 1.000 maisons et je ne parle même pas du budget nécessaire pour l’électrification et la distribution d’eau. En fait les villages des travailleurs dans la concession sont approvisionnés en eau par une citerne centrale remplie par un tanker mobile tous les jours. Nous essayons également de réaliser des forages pour avoir une eau plus adaptée aux besoins domestiques, mais, outre le fait que ces forages coûtent “la peau des fesses”, sur les 6 forages réalisés jusqu’à ce jour il n’y en a qu’un seul qui est opérationnel. Pour mémoire nous sommes dans une zone sableuse où il est nécessaire de forer jusqu’à plus de 200m pour trouver de l’eau… Chez nous à la maison, tout comme dans les camps, il y a un tracteur qui vient avec une citerne nous ravitailler en l’eau tous les jours. Cette eau provenant d’une petite rivière où les villageois font également leur lessive, ablutions et plus… Est filtrée après l’hydrophore et strictement limitée aux douches, nettoyage de la maison et autres activités d’entretien. Pour notre eau de consommation nous avons des porteuses d’eau qui vont remplir des bidons à une petite source située à quelques kilomètres de la maison, eau que nous faisons bouillir et filtrons deux fois avant de la consommer.
Mais revenons à la certification RSPO, certes, nous faisons face à certaines difficultés, mais il y a d’autres aspects qui devraient être moins difficiles à mettre en œuvre, même ici. Ainsi il est par exemple nécessaire d’avoir des descriptions détaillées de toutes les opérations et d’assurer la formation du personnel dans l’application de ces procédures. En théorie c’est assez logique et simple à appliquer, si ce n’est qu’ici les instructions écrites ou même verbales ne sont pas comprises et qu’il est donc nécessaire de faire toutes ces formations par la pratique. Démontrer comment récolter un régime ou trier un déchet n’est pas trop ardu (encore que, pour le deuxième exemple, il est parfois difficile d’avoir tous les types de déchets sous la main pour faire la démonstration), mais quand il s’agit de faire comprendre les principes de base de la RSPO (qui sont supposés être connus de tous les travailleurs) je crois que tous mes cheveux seront blancs ou partis avant que cela n’arrive…
Un autre aspect important de la certification est de s’assurer que tous les travailleurs soient équipés adéquatement pour le travail qu’ils doivent faire, c.-à-d. avoir bottes, casques, gants, lunettes, masques, etc. selon le travail qu’ils font. Distribuer les équipements de protection individuels n’est pas la plus grande difficulté car en général les employés aiment recevoir une panoplie d’équipements, certain étant même portés fièrement le dimanche pour aller au culte, mais l’utilisation de ces équipements au travail est une autre paire de manches car ils se plaignent alors qu’ils ont trop chaud, que les équipements de protection les empêchent de bien faire leur travail, etc.
Une autre exigence de RSPO est de régulièrement faire contrôler tous les équipements pour s’assurer qu’ils soient conformes aux normes nationales. Au Congo la norme nationale est généralement assez simple et quasi universelle, il suffit de payer le montant repris dans la grille officielle (plus les “frais” de mission) et ne pas demander plus car les préposés au contrôle 1) n’ont généralement pas connaissance des normes qu’ils sont supposés appliquer, 2) ne disposent d’aucun matériel ou équipement de mesure et 3) souvent ne connaissent même pas le matériel à contrôler ou son fonctionnement. Ainsi nous payons religieusement le contrôle technique de tous nos véhicules, le certificat de navigabilité de notre pirogue et baleinière ou contrôle de sécurité de nos installations industrielles, mais mis à part quelques petits coups de marteau donnés à l’une de nos citernes pour voir si la tôle était solide… depuis que nous sommes ici je n’ai jamais vu un seul contrôle actuellement fait, excepté pour nos extincteurs et nous savons maintenant ce que cela vaut (voir nos nouvelles précédentes: “Saturation”).
Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en passant en revue toutes les exigences de la RSPO, mais sachez que la liste est encore longue et que c’est donc un processus qui prend beaucoup de temps, d’énergie et de ressources. Cela est d’autant plus vrai que seules deux organisations sont habilitées à “auditer” les plantations africaines pour leur certification RSPO et que chaque visite est donc facturée à un prix défiant toute concurrence…
Pour le moment nous sommes les seuls occupants de la “Cathédrale” car nos voisins sont soit en vacance soit partis, enfin seuls… c’est sans compter la troupe de gardiens, jardiniers et autres cuisiniers qui hantent les lieux, en fait nous avons compté il y a 16 personnes qui travaillent dans le “compound” de la Cathédrale, donc nous ne sommes pas “vraiment” seuls.
Ah, une dernière petite nouvelle, Edwige notre chouette a repris sa liberté. Elle devenait de plus en plus résistante à nos manipulations, démontrant qu’elle avait repris des forces et les moyens de se défendre et plutôt que de risquer de la blesser en l’attrapant pour lui donner sa dose d’huile, de viande et d’eau nous avons estimé qu’elle serait plus à l’aise de faire cela de ses propres moyens dans la nature. A la faveur d’une nuit bien claire nous l’avons mise sur la terrasse d’où elle a pris son envol pour disparaître dans la nuit et découvrir son nouveau territoire.
Nous espérons bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

Prosper (en bleu – in blue)
Essais de semis de Jacaranda – Jacarada sowing trials
Griezel observant des perdrix – Griezel watching partridges
Bouquet du jardin – Flowers from the garden

Oil palm plantations are the subject of much negative publicity, generally claiming that these activities cause massive deforestation, that they deprive indigenous populations of their ancestral lands or that palm oil is unhealthy and should be banned from a good diet. We are well placed to distinguish between the true and the false from these allegations, but some will say that our point of view cannot be objective and I will therefore not enter into a debate here on what is true and what is not, even if in passing I will not be able to avoid giving some factual elements to explain our approach.
For the time being, it is generally accepted that the best way to demonstrate that oil palm plantation activities are not worse than any other commercial agricultural production is to obtain certification that confirms that the activities are carried out in a sustainable manner that respects the environment, local populations and general ethical rules. For oil palm, the most generally accepted certification is called RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), which was initially developed for plantations in South-East Asia, but is now also being extended to Africa, where the SOCFIN group has undertaken to obtain it for all its African plantations. This is in addition to the commitments already made for several years not to clear forests, not to use fire to prepare planting areas and to take measures to protect natural areas in its concessions.
Obtaining RSPO certification is not an easy task and is extremely expensive, partly because the standards (based initially on the reality on the Asian context) require compliance with rules that in some cases are almost impossible here. For example, all waste such as used oil filters, expired chemical products and other waste considered harmful must be removed and destroyed by authorized companies… that do not exist in Congo. There is also the need to provide adequate housing, which means houses made of sustainable materials equipped with water and electricity, a logical requirement when looking at the average housing standard in some places, but utopian in a country where the majority of our workers come from neighbouring villages whose houses are straw huts or even exceptionally adobe brick constructions with straw roofs, and where the very idea of having electricity or water is far from the first concerns of the inhabitants. To comply with “Asian” standards we would have to build more than 1,000 houses and I am not even talking about the budget needed for electrification and water distribution. In fact, the workers’ villages in the concession are supplied with water by a central cistern filled by a mobile tanker every day. We are also trying to drill boreholes to provide water better adapted to domestic needs, but, in addition to the fact that these boreholes cost a fortune, of the 6 boreholes drilled to date only one is operational. For the record, we are in a sandy area where it is necessary to drill up to 200m to find water… At home, just like in the camps, there is a tractor that comes with a tank to supply us with water every day. This water comes from a small river where the villagers also do their laundry, ablutions and more… It is filtered at the pump and strictly limited to showers, house cleaning and other maintenance activities. For our drinking water we have water carriers who fill cans at a small spring a few kilometers from the house, which we boil and filter twice before consuming.
But let’s get back to RSPO certification, of course, we face some difficulties, but there are other aspects that should be less difficult to implement, even here. Thus, for example, it is necessary to have detailed descriptions of all operations and to ensure the training of staff in the application of these procedures. In theory it is quite logical and simple to apply, except that here written or even verbal instructions are not understood and that it is therefore necessary to do all these trainings by practice. Demonstrating how to collect a fruit bunch or sort waste is not too difficult (although, for the second example, it is sometimes difficult to have all types of waste on hand to demonstrate), but when it comes to understanding the basic principles of RSPO (which are supposed to be known by all workers) I think all my hair will be white or gone before that happens…
Another important aspect of the certification is to ensure that all workers are adequately equipped for the work they are required to do, i.e. have boots, helmets, gloves, glasses, masks, etc. depending on the work they do. Distributing personal protective equipment is not the greatest difficulty because employees generally like to receive a wide range of equipment, some of which are even worn proudly on Sundays to go to church, but the use of this equipment at work is another matter because they complain when they are too hot, that protective equipment prevents them from doing their job properly, etc.
Another requirement of RSPO is to regularly have all equipment inspected to ensure that it complies with national standards. In Congo, the national standard is generally quite simple and almost universal, it is sufficient to pay the amount shown in the official grid (plus the “costs” of the mission) and not to ask for more because the inspection staff (1) are generally not aware of the standards they are supposed to apply, (2) do not have any measuring equipment or tools and (3) often do not even know the equipment to be inspected or its operation. Thus we pay religiously for the roadworthiness test of all our vehicles, the certificate of compliance of our dugout canoe and barge, or safety test of our industrial installations, for this latter one, apart from a few small hammer blows given to one of our tanks to see if the metal sheet is sound… since we’ve been here I’ve never seen a single check actually done, except for our fire extinguishers and we now know what that is worth (see our previous news: “Saturation”).
I’m not going to spoil the fun by reviewing all the requirements of the RSPO, but the list is still long, so it’s a process that takes a lot of time, energy and resources. This is all the more true since only two organizations are authorized to “audit” African plantations for their RSPO certification and each visit is therefore invoiced at a price that defies all competition…
At the moment we are the only occupants of the “Cathedral” compound because our neighbours are either on holiday or gone. Alone is maybe not the complete truth… as we are still surrounded by the troop of guards, gardeners and other cooks who haunt the place, in fact we counted there are 16 people working in the “compound” of the Cathedral, so we are not “really” alone.
Ah, one last little piece of news, Edwige our owl has regained her freedom. She was becoming more and more resistant to our manipulations, showing that she had regained strength and the means to defend herself and rather than risk injuring her when catching her to give her her dose of oil, meat and water we felt she would be more comfortable doing this on her own in nature. On a clear night we put her on the terrace from where she took off and disappeared into the night to discover her new territory.
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude

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Encore des Visiteurs – More Visitors

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Il y a des moments où les visiteurs se suivent et ne se ressemblent pas, certains prévus et bienvenus, d’autres imprévus et aussi bienvenus et puis, parfois . . . Ni l’un ni l’autre !
Cette semaine nous avons eu de tout, et le premier visiteur, certainement imprévu, s’est imposé pendant notre séjour à Kinshasa à l’occasion d’une promenade de Marie-Claude en ville. L’hôte en question (en fait nous ne savons pas s’il est masculin ou féminin) était attaché par un fil à la patte au bord de la route et Marie-Claude n’a pas pu résister à l’impulsion de tenter de le soustraire à son sort qui n’était pas prometteur en plein soleil de midi, visiblement déshydraté et très abattu. Après d’âpres négociations pour un prix le plus modique possible afin d’éviter d’inciter à la continuation du braconnage (l’équivalent de 10 dollars, le prix de départ était de dix fois plus et en devises) le petit rescapé est arrivé à l’hôtel. L”intention étant de le ramener avec nous à Mapangu pour le retaper et le remettre dans la nature. L’invitée en question est une chouette chevêche, adulte ou presque, mais manifestement traumatisée. Le lendemain Marie-Claude a amené le petit rapace nocturne chez un vétérinaire pour demander des conseils de soins et obtenir un certificat de bonne santé nous permettant de l’embarquer dans l’avion pour aller à la plantation. Le vétérinaire a expliqué à Marie-Claude comment manipuler la chouette sans la molester ni se faire molester, comment la nourrir et vérifier son état de santé. Nous avons reçu un certificat de bonne santé, mais comme les chouettes sont des animaux protégés (en Europe en tout cas), le certificat indique qu’il s’agit d’un “sauvetage humanitaire”…
La visiteuse temporaire (que nous avons surnommé Hedwige) est maintenant saine et sauve à la Cathédrale où Marie-Claude lui fait boire régulièrement de huile de maïs à l’aide d’une petite seringue (huile recommandée par le vétérinaire comme l’huile contenant les éléments nutritifs nécessaires pour lui “rendre la pêche) mais aussi de petits morceaux de viande et de l’eau. Hedwige ne réside plus dans son carton, trouvant beaucoup plus agréable de voler dans la maison où elle se déplace silencieusement de pièce en pièce pour se percher sur les armoires, haut des fenêtres ou conditionnements d’air d’où elle nous observe avec beaucoup d’attention. La nuit elle se déplace également dans notre chambre, mais étant absolument silencieuse les seules preuves que nous avons pour savoir qu’elle est passée par là sont les résultats de sa digestion qui… marquent le sol au bas des perchoirs temporaires. Pour le moment elle ne semble pas se nourrir sans que nous lui forcions les aliments dans le bec, mais elle devient de plus en plus combative et nous espérons donc bientôt pouvoir lui rendre sa liberté (un de ses soirs).
D’autres visiteurs venus cette semaine, programmés cette fois, sont deux responsables de Belgique et de Suisse. L’un est le représentant de l’une des banques qui finance le groupe et dont la mission était de s’assurer que nous mettions bien en place les mesures nécessaires pour obtenir une certification de production durable et respectueuse de l’environnement. Le hasard fait que, comme nous, il est anversois d’origine et très sympathique, ce qui fait qu’en dehors des aspects de travail nous avons également pu passer d’agréables moments à échanger des choses beaucoup plus personnelles. L’autre visiteur est un des responsables du groupe à Fribourg qui venait principalement pour accompagner le banquier mais aussi pour revoir la plantation qu’il n’avait plus eu l’occasion de visiter depuis près de 4 ans. Un collègue que nous connaissions un peu moins et qui s’est révélé être lui aussi un hôte fort agréable à avoir à la maison, leur visite était, en fait, très courte: arrivée pour le lunch en compagnie des autres directeurs expatriés et de notre directeur congolais chargé des relations publiques (Marie-Claude avait préparé avant notre départ pour le Ghana entrée et dessert qu’il n’y avait plus qu’à cuire), visite de la plantation et de l’huilerie toute l’après-midi, drink le soir avec tous les cadres à la Cathédrale. Une nuit à la maison puis appel en plantation, petit déjeuner, continuation de la visite incluant un trajet en pirogue jusqu’à l’autre bout de la plantation, lunch, “douchette” et départ des visiteurs en avion.
Finalement le troisième visiteur que nous avons accueilli à Brabanta cette semaine, heureusement pas à la Cathédrale, est celle l’inspecteur du travail qui vient essayer de nous aider à résoudre un conflit que nous avons avec certains membres de notre service de sécurité. Ces derniers ont été amenés à croire, par des personnes extérieures à la société, que les changement que nous apportons à l’organisation de la sécurité de la Brabanta vont leur permettre de recevoir des millions en dédommagements et autres compensations. En fait les-dits changements n’impliquant aucun licenciement ni autre perte d’emploi, il y a peu de chance de “décrocher un pactole” d’une sorte ou d’une autre. Les âmes bien pensantes qui ont mis ces idées dans la tête des gardiens ont évidemment insinué que la société résisterait à de tels paiements et qu’il était donc nécessaire de faire du bruit et d’exiger “leur dû”, ce qui a dégénéré en jets de pierre et menaces à l’encontre de la direction générale. Nous avons fini par faire appel à la police pour venir remettre de l’ordre et demandé à l’inspecteur du travail de venir sur place pour arbitrer la situation, ce qui est maintenant en cours et qui, nous l’espérons, remettra les chose dans le bon ordre.
D’autres visites nous sont annoncées pour les semaines à venir: des auditeurs environnementaux, des auditeurs sociaux, des experts médicaux, etc. mais tout ce petit monde devant travailler près des bureaux sera donc logé dans d’autres endroits que la Cathédrale ce qui fait que pour le reste de l’année (jusqu’à notre départ en congé en décembre) nous aurons la maison à nous seuls.
Nous espérons que ces nouvelles vous trouveront bien et que nous aurons de vos nouvelles à vous aussi.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

Hedwige
Appel matinal – Morning muster

There are times when visitors follow each other and do not resemble each other, some planned and welcome, others unexpected and also welcome and then, sometimes …. Neither one nor the other!
This week we had everything, and the first visitor, certainly unexpected, made his presence felt during our stay in Kinshasa on the occasion of a walk by Marie-Claude in the city. The host in question (in fact we do not know if he is male or female) was tied by a thread to his leg at the side of the road and Marie-Claude could not resist the impulse to try to remove him from his fate, which was not promising in the midday sun, obviously dehydrated and very depressed. After tough negotiations for the lowest possible price in order to avoid inciting further poaching (the equivalent of 10 dollars, the starting price was ten times higher), the small survivor arrived at the hotel. The intention is to bring him back with us to Mapangu to restore him and put him back into the wild. The guest in question is an owl, an adult or almost an adult, but obviously traumatized. The next day Marie-Claude took the little nocturnal bird of prey to a veterinarian to ask for care advice and obtain a certificate of good health allowing us to board the plane to go to the plantation. The veterinarian explained to Marie-Claude how to handle the owl without molesting it or being molested, how to feed her and check her health. We have received a certificate of good health, but as owls are protected animals (in Europe at least) the certificate indicates that it is a “humanitarian rescue”…
The temporary visitor (whom we have nicknamed Hedwige) is now safe and sound at the Cathedral where Marie-Claude regularly makes her drink corn oil with a small syringe (oil recommended by the veterinarian as the oil containing the nutrients necessary to “return her to top form”) but also small pieces of meat and water. Hedwige no longer resides in her cardboard box, finding it much more pleasant to fly around in the house where she moves silently from room to room to perch on the cabinets, top of windows or air conditioning from where she watches us with great attention. At night she also moves around in our room, but being absolutely silent the only evidence we have that she has gone through our room are the results of her digestion which… mark the floor at the bottom of her temporary perches. For the moment she doesn’t seem to be feeding without us forcing food in her beak, but she is getting more and more combative and we hope to be able to give her back her freedom one of the next evenings.
Other visitors who came this week, this time scheduled, are two managers from Belgium and Switzerland. One is the representative of one of the banks that finances the group and whose mission was to ensure that we put in place the necessary measures to obtain certification of sustainable and environmentally friendly production. By chance, like us, he is from Antwerp and very friendly, which means that apart from the work aspects we were also able to spend pleasant moments exchanging much more personal experiences. The other visitor is one of the group’s managers in Fribourg who came mainly to accompany the banker but also to revisit the plantation that he had not had the opportunity to visit for nearly 4 years. A colleague we knew a little less than others and who also proved to be a very pleasant host to have at home. Their visit was, in fact, very short: arrival for lunch with the other expatriate directors and our Congolese director in charge of public relations (Marie-Claude had prepared a whole meal, first and main course, before our departure for Ghana, which only needed to be cooked), visit of the plantation and the oil mill all afternoon, drink in the evening with all the executives at the Cathedral. One night at home then attending muster call in the plantation, breakfast, continuation of the visit including a trip by dugout canoe to the other end of the plantation, lunch, “quick shower” and departure of the visitors by plane.
Finally, the third visitor we welcomed in Brabanta this week, fortunately not at the Cathedral, is the labour inspector who has just tried to help us resolve a conflict we have with some members of our security service. They have been led to believe, by people outside society, that the changes we are making to the security organisation in Brabanta will allow them to receive millions in compensation and other advantages. In fact, as since those changes do not involve any dismissal or other loss of employment, there is little chance of “getting a deal” of any kind. The well-meaning souls who put these ideas in the guards’ heads obviously insinuated that society would resist such payments and that it was therefore necessary to make noise and demand “their due”, which degenerated into stone throwing and threats against the general management. We ended up calling on the police to come and clean up and asked the labour inspector to come and arbitrate the situation, which is now underway and which, we hope, will put things in the right order.
Other visits are announced for the coming weeks: environmental auditors, social auditors, medical experts, etc. but all these people who have to work near the offices will therefore be housed in places other than the Cathedral, so that for the rest of the year (until our departure on leave in December) we will have the house to ourselves.
We hope that this news will find you well and that we will hear from you too.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Voyage en Style – Travel in Style

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Cette semaine nous avons été en voyage pendant une semaine au Ghana et le contraste entre le Ghana et le Congo est… impressionnant.
Notre voyage même de Kinshasa à Accra n’avait rien de spécial, nous avons voyagé avec une compagnie togolaise (Asky) qui est plus que correcte avec de beaux avions, un service impeccable et des vols à l’heure voire même en avance sur l’horaire prévu, que demander de plus.
Nous avons commencé notre séjour par deux jours à Takoradi, où nous avons logé au “Planters Lodge” qui est un ancien club de l’armée de l’air britannique construit en 1934 situé dans un écrin de verdure pas trop loin de l’aéroport (forcément) ou de la plage. Le club, maintenant un hôtel, est constitué de petits bungalows dont l’ameublement est dans un style colonial un peu vieillot, sans aucun doute très “British”, mais très agréable avec une grande chambre, une salle de bains dont l’agencement fait très fort penser aux anciennes demeures anglaises et un petit salon dont nous avons finalement très peu profité. Le seul défaut éventuel est que nous aurions aimé dormir sans conditionnement d’air, mais vu l’absence de moustiquaires aux fenêtres nous nous sommes dit que ce n’était peut-être pas une bonne idée. Il y a aussi un mystère que nous n’avons pas élucidé c’est la hauteur des poignées de portes qui étaient à 50cm et comme l’accès du bungalow, qui sont sur pilotis, se fait par un petit escalier, ce n’est pas une raison ergonomique pour les personnes à mobilité réduite. Peut-être que la Royal Air Force travaillait de préférence avec de très petites personnes…ou que la “dernière jambe” de leur soirée était tellement raide qu’ils arrivaient à quatre pattes au niveau de leur porte ?
Comme Socfin a une plantation de palmiers à huile et caoutchouc pas très loin de Takoradi, nous en avons profité pour y faire une visite, le premier jour sans Marie-Claude qui a préféré (à juste titre) profiter des embruns de l’Atlantique de la plage proche du lodge, et le deuxième jour ensemble. La visite de mardi était du reste très “officielle” car de nombreux collègues étaient venu de Suisse et de Belgique pour l’inauguration de la nouvelle usine de la plantation. Le tour de l’huilerie fut suivi d’un somptueux buffet à la résidence du DG qui est, elle aussi, construite au sommet d’une colline mais sans la vue que nous avons à la Cathédrale (et avec des poignées de porte à une hauteur normale). Outre la visite obligée de l’huilerie, très impressionnante avec ses chromes rutilants et ses sols encore immaculés, le groupe de visiteurs a eu droit à une rapide visite de la plantation qui, un peu comme une partie de Brabanta, est située en grande partie sur des collines mais dans laquelle palmiers et hévéas se mélangent selon la topographie du terrain. Après cela, il était grand temps, pour les visiteurs, de regagner l’aéroport de Takoradi afin de rejoindre le jet privé devant les ramener à Accra avant la tombée du jour (l’aéroport n’est pas éclairé et n’autorise pas les décollages de nuit) et pour moi, de rejoindre Marie-Claude et découvrir comment elle avait passé sa journée. Pour ce trajet de retour nous avons bénéficié de l’escorte d’un motard de police ouvrant le chemin devant notre convoi toutes sirènes hurlantes. Un peu comme on imagine la mer rouge s’ouvrant devant Moïse, toutes les voitures se rangeaient sagement sur le côté de part et d’autre de la route à l’arrivée du convoi et nous sommes passés ainsi à vive allure aux feux rouges (qui ne l’étaient peut-être pas, mais je n’ai pas eu le temps de vérifier), aux contrôles de police, voire même prendre des sens unique à contre-sens pour ne pas perdre de temps. L’heure de route s’est ainsi réduite à un trajet d’un peu plus de vingt minutes et nos visiteurs de marque ont ainsi pu embarquer dans le jet largement dans les temps pour rejoindre Accra.
Le lendemain, Marie-Claude et moi sommes retournés à la plantation (sans escorte de police cette fois) et nous avons pu faire une visite plus approfondie et fort intéressante nous laissant apprécier pleinement l’équilibre subtil entre les espaces plantés et les forêts naturelles, beaucoup moins décimées par la population locale que chez nous (quoique, malgré tout exploitée mais avec mesure). Le directeur agronomique a dessiné des routes d’accès aux parcelles d’hévéas et de palmiers à huile de façon à encercler des zones de forêts naturelles ce qui permet de contrôler leur propagation en conservant des zones sauvages tout en permettant l’accès pour l’entretien et la récolte des espèces cultivées. Les terres ont beaucoup de latérite ce qui représente aussi une différence marquée avec Brabanta et facilite la maintenance des routes (par opposition aux terrains sableux de chez nous). Notre visite s’est terminée par un déjeuner avec le directeur agronomique dont nous avons découvert des aspects privés fort sympathique: il aime travailler le bois et a recueilli des bébés d’antilopes abandonnés nourri au biberon et devenus grands qui restent dans son jardin, chouette chien aussi ! Puis, retour à Takoradi (sans escorte) d’où nous avons, nous aussi, pris l’avion pour Accra, dans notre cas pas un jet privé, juste un avion de ligne pour un saut de puce de 25 minutes de vol pendant lequel ils arrivent malgré tout à servir une boisson (délicieuse, d’ailleurs: un jus d’ananas frais avec un shot de gingembre) et un petit quelque chose à manger.
A Accra, grand luxe, nous étions logés au Kempinski où se tenait les conseils d’administrations des plantations de la région. Le conseil de Brabanta s’est déroulé sans surprises le lendemain, à la clôture duquel tous les collègues venus d’Europe et les administrateurs ont repris le jet pour rejoindre Genève, cette fois, tandis que Marie-Claude et moi restions deux jours de plus à Accra où Marie-Claude a bien profité des marchés des boutiques, de l’ambiance, rencontré des personnes sympathiques et échangé des adresses, trouvé de chouettes perles ghanéennes, des tissus… tout quoi!

Ce qui nous aura marqué le plus au Kempinski c’est sans doute le petit déjeuner où, sur un buffet qui devait faire au moins 30m de longueur il y avait probablement tout ce qu’il est possible d’imaginer en diversité de nourriture, de fruits, de jus frais prêts ou à faire faire sur commande & autres boissons, de pains & pâtisseries, plats chauds et tout ce que je n’ai pas eu l’occasion de regarder. Mon timing n’était par contre pas parfait car pendant les quelques jours au Ghana mes tripes ont été un peu contraires et je n’ai donc pas pu faire honneur à ce buffet comme il se doit, mais nous ferons mieux la prochaine fois…
Nous voici de retour dans notre petit coin de verdure de l’Elaïs à Kinshasa, peut-être plus adapté à notre style et où nous nous sentons presque à la maison. Nous serons ici jusque mercredi matin où nous prenons l’avion avec deux invités qui viennent visiter la plantation.
Nous espérons que vous aussi avez passé une bonne semaine et attendons très bientôt de vos nouvelles.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

La plage – The beach
Planters Lodge
La plantation – The Plantation

This week we have been travelling for a week in Ghana and the contrast between Ghana and Congo is… impressive.
Our trip from Kinshasa to Accra was nothing special, we travelled with a Togolese company (Asky) that is more than correct with beautiful planes, impeccable service and flights on time or even ahead of schedule, what more to ask for?
We started our visit with two days in Takoradi, where we stayed at the “Planters Lodge” which is a former British Air Force club built in 1934 located in a green setting not too far from the airport (obviously) or the beach. The club, now a hotel, is made up of small bungalows whose furnishings are in a slightly old colonial style, undoubtedly very “British”, but very pleasant with a large bedroom, a bathroom whose layout reminds us very much of the old English residences and a small lounge which we finally made very little use of. The only possible flaw is that we would have liked to sleep without air conditioning, but given the absence of mosquito nets on the windows we thought it might not be a good idea. There is also a mystery we were not able to solve, that is the height of the door handles which were at about 50cm and, given that the access to the bungalows, which are on stilts, is done by a small staircase, it is not an ergonomic reason for people with reduced mobility. Maybe the Royal Air Force preferably worked with very small people… or the “last leg” of their evening was so stiff that they crawled up on all fours at their door?
As Socfin has a palm oil and rubber plantation not far from Takoradi, we took the opportunity to visit it, on the first day without Marie-Claude who preferred (rightly) to enjoy the Atlantic spray from the beach near the lodge, and on the second day together. Tuesday’s visit was very “official” as many colleagues came from Switzerland and Belgium for the inauguration of the plantation’s new factory. The tour of the oil mill was followed by a sumptuous buffet at the DG’s residence, which is also built on top of a hill but without the view we have from the Cathedral (and with door handles at a normal height). In addition to the compulsory visit of the oil mill, very impressive with its gleaming chromes and its still immaculate soils, the group of visitors was given a quick tour of the plantation which, much like part of Brabanta, is located largely on hills but in which palm trees and rubber trees mix according to the topography of the land. After that, it was high time for the visitors to return to Takoradi airport to board the private jet bringing them back to Accra before dark (the airport is not lit and does not allow night take-offs) and for me to join Marie-Claude and discover how she had spent her day. For this return trip we enjoyed the escort of a police motorcyclist opening the way in front of our convoy all sirens screaming. A bit like the red sea opening in front of Moses, all the cars wisely parked on either side of the road when the convoy arrived and we passed at high speed at the red lights (which may not have been red, but I did not have time to check), at the police controls, or even take a one-way street in the opposite direction to avoid wasting time. The driving time was reduced to a journey of just over twenty minutes and our VIP visitors were able to board the jet well in time to reach Accra.
The next day, Marie-Claude and I returned to the plantation (this time without police escort) and we were able to make a more in-depth and very interesting visit, allowing us to fully appreciate the subtle balance between the planted areas and the natural forests, much less decimated by the local population than in Mapangu (although, despite everything, exploited but with restraint). The agronomic director has designed access roads to the rubber and oil palm plots in order to encircle areas of natural forests, which allows their acces to be controlled by conserving wild areas while allowing reach of the planted areas for the maintenance and harvesting. The land has a lot of laterite which also represents a significant difference with Brabanta and facilitates road maintenance (as opposed to the sandy soils of our country).
Our visit ended with a lunch with the agronomic director, who revealed some very pleasant aspects: he likes to work with wood and has taken in abandoned antelope babies who are bottle-fed and once grown up stay in his garden, he has nice large dog too! Then, back to Takoradi (unescorted) from where we too flew to Accra, in our case not a private jet, just an airplane for a 25-minute flight during which they still manage to serve a drink (delicious, by the way: a fresh pineapple juice with a shot of ginger) and a little something to eat.
In Accra, bathing in luxury, we were accommodated at the Kempinski where the board meetings of the region’s plantations were held. The Brabanta board went off without surprises the next day, at the end of which all the colleagues from Europe and the directors resumed their journey by jet, to Geneva this time, while Marie-Claude and I stayed two more days in Accra where Marie-Claude took full advantage of the shops markets, the atmosphere, met friendly people and exchanged addresses, found nice Ghanaian pearls, fabrics… all that!
What will have left its mark on us most at the Kempinski is undoubtedly the breakfast where, on a buffet that was probably at least 30m long, there was everything you could imagine in terms of diversity of food, fruit, fresh juices ready or to be made to order & other drinks, breads & pastries, hot dishes and everything that I didn’t have the opportunity to look at. My timing was not perfect though because during the few days in Ghana my guts were a little out of kilt and I could not do this buffet justice as it should, but we’ll do better next time…
Here we are back in our little corner of greenery of the Elaïs in Kinshasa, perhaps more adapted to our style and where we almost feel at home. We will be here until Wednesday morning when we fly with two guests who come to visit the plantation.
We hope that you too have had a good week and look forward hearing from you very soon.
See you soon,
Marc & Marie-Claude

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Troubles en l’Air / in the Air

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Nous sommes arrivés à Kinshasa ce vendredi pour aller passer la semaine qui vient au Ghana où aura lieu de conseil d’administration de Brabanta et afin de profiter de l’occasion pour y visiter une plantation sœur du groupe Socfin.
Grand luxe, le propriétaire de la compagnie d’aviation qui fait la liaison Ilebo-Kinshasa a demandé au pilote de faire escale à Mapangu pour nous embarquer afin de nous éviter de devoir rejoindre Ilebo en pirogue. C’était d’autant plus agréable que vendredi matin le temps était plutôt pluvieux et donc loin d’être les conditions les plus agréables pour rester assis dans une pirogue pendant 3 heures. En fait, il s’avère que le pilote aurait de toutes façons fait escale chez nous à cause d’un problème technique pour lequel quelques explications s’imposent.
L’avion que nous utilisons est un Let 410, avion de fabrication tchèque équipé de deux turbo propulseurs et, dans ce cas-ci, de réservoirs de carburant supplémentaires sous forme de cylindres situés à l’extrémité des ailes. En principe, ces réservoirs extrêmes servent à alimenter les réservoirs principaux situés dans les ailes lorsque le niveau de ceux-ci le nécessite et cela se fait à l’aide d’une pompe électrique située entre les réservoirs. Seulement voilà, pour une raison encore inconnue une des pompes (celle située dans l’aile gauche pour être précis) a cessé de fonctionner et arrivé à Ilebo l’avion s’est retrouvé, d’une part, déséquilibré, d’autre part, avec une quantité insuffisante de carburant dans l’un des réservoirs principaux. Afin de résoudre cette situation il était nécessaire de transférer manuellement le carburant d’un réservoir vers l’autre et le matériel pour faire cela, ainsi que le carburant de réserve si nécessaire, est stocké chez nous à Mapangu. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais vous imaginerez certainement pourquoi la compagnie aérienne préfère ne pas garder du matériel à Ilebo, où les autorités ne sont pas même capable de maintenir l’aéroport dans des conditions de sécurité adéquates.
Bref, pour résoudre ce problème de déséquilibre, l’avion devait faire escale chez nous et utiliser la pompe que nous gardons dans notre magasin pour d’abord essayer de transférer du carburant d’un réservoir à l’autre et ensuite de compléter les réservoirs avec du carburant que nous gardons en réserve pour des cas pareils. C’est donc “un morceau de chance” que le propriétaire de la compagnie ait eu cette gentille attention car imaginez que nous ayons comme prévu été à Ilebo en pirogue (sous la pluie) pour prendre l’avion à Ilebo pour ensuite revenir atterrir à Mapangu pour une escale technique… Cela aurait été pour le moins frustrant!
Le vol c’est ensuite déroulé sans incidents. En fait, malgré la présence de beaucoup de nuages et même de pluie pendant le vol, celui-ci a été particulièrement calme et agréable. Je ne vous cacherai pas que par mesure de prudence je prends malgré tout quelques comprimés de Vertigo pour être 100% certain de ne pas être dérangé par les éventuels soubresauts de l’aéronef.
Arrivés à Kinshasa, où l’un de nos collègues devait immédiatement poursuivre sa route vers l’aéroport international afin d’y prendre l’avion pour Bruxelles, nous avons appris qu’il y avait des manifestants sur les routes et que le trafic (généralement déjà compliqué à Kinshasa) était cauchemardesque. Nous avons effectivement mis près d’une heure et demi pour rejoindre le bureau alors qu’en temps normal ce trajet ne prend guère plus qu’une demi heure même quand il y a beaucoup de monde sur la route, car le bureau n’étant pas très loin de l’aéroport national.
Les troubles en ville trouvaient eux-aussi leur origine dans des problèmes d’avion, plus sérieux et tragiques ceux-ci. En effet le jour précédent l’Antonov transportant la voiture blindée du Président, son chauffeur privé et une partie de sa garde rapprochée c’est écrasé sans survivants, y compris l’équipage de quatre ukrainiens. Les partisans du Président y ont vu une malveillance de la part de l’ancien pouvoir et quoi de plus logique que de bloquer la ville en brûlant des pneus et bloquant la circulation. Il y aurait entre 11 et 18 victimes dans le crash de l’avion présidentiel, le nombre est imprécis car on sait qu’il y avait officiellement 11 passagers et hommes d’équipage, mais comme toujours il y avait certainement des passagers non-officiels (femmes, enfants, amis, etc.) dont le nombre reste très vague. Mais ce que les gens en ville déplorent le plus, apparemment, c’est la perte de la voiture blindée et du chauffeur privé du Président. La voiture, un engin de 7 tonnes, serait trop abimée pour être récupérée… à mon avis c’est un « under-statement », même si ici les épaves automobiles qui seraient à nos yeux totalement irrécupérables finissent quand même par rouler d’une manière ou d’une autre.
Presque toutes les compagnies aériennes opérant en RDC semblent utiliser des pilotes russes ou ukrainiens, d’une part parce que les avions utilisés sont souvent originaires d’Europe de l’est (Let, Antonov, …) et donc connus de ces pilotes et d’autre part parce que leurs prétentions salariales sont plus raisonnables que celles des pilotes d’Europe occidentale. Etonnamment, il y a souvent des copilotes congolais mais pas de pilotes, mystère qu’il nous reste à élucider…
Demain nous voyagerons sur des lignes togolaises et ghanéennes, nous vous raconterons…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

We arrived in Kinshasa on Friday to spend the coming week in Ghana where the Brabanta board meeting will be held and to take the opportunity to visit a sister plantation of the Socfin group.
The owner of the airline operating the flight between Ilebo and Kinshasa kindly asked the pilot to stop in Mapangu to board us so that we would not have to go to Ilebo by dugout canoe. It was all the more pleasant as Friday morning the weather was rather rainy and therefore far from being the most pleasant conditions to be sitting in a canoe for 3 hours. In fact, it turns out that the pilot would have stopped in Mapangu in any case because of a technical problem for which some explanations are necessary.
The aircraft we use is a Let 410, a Czech manufactured aircraft equipped with two turbo propellers and, in this case, additional fuel tanks in the form of cylinders located at the tip of the wings. In principle, these extreme tanks are used to supply the main tanks located in the wings when the level of the wings requires it and this is done by means of an electric pump located between the tanks. However, for a still unknown reason, one of the pumps (the one located in the left wing to be precise) stopped working and when it arrived in Ilebo the plane found itself unbalanced on the one hand and with an insufficient quantity of fuel in one of the main tanks on the other hand. To solve this it was necessary to manually transfer the fuel from one tank to the other and the equipment to do this, as well as the spare fuel if necessary, is stored with us in Mapangu. I will not go into details, but you will certainly imagine why the airline prefers not to keep equipment in Ilebo, where the authorities are not even able to maintain the airport in adequate safety conditions.
In short, to solve the problem of tank imbalance, the aircraft had to stop over at our place and use the pump we keep in our store to first try to transfer fuel from one tank to another and then to supplement the tanks with fuel that we keep in reserve for such cases. Imagine if we had nevertheless been to Ilebo to catch our flight and then land for a technical stopover in Mapangu, we wouldn’t have really found this the most effective solution.
The flight then proceeded without incident, in fact despite the presence of many clouds and even rain during the flight, it was particularly calm and pleasant. I will not hide from you that as a precautionary measure I still take a few Vertigo tablets to be 100% sure that I will not be disturbed by any jolts of the aircraft.
When we arrived in Kinshasa, where one of our colleagues had to immediately continue his journey to the international airport to fly to Brussels, we were told that there were demonstrators on the roads and that the traffic (which is usually already complicated in Kinshasa) was nightmarish. It took us almost an hour and a half to get to the office, whereas normally this journey takes little more than half an hour even when there are a lot of people on the road because the office is not very far away.
The troubles in the city also had their origin in plane problems, which were more serious and tragic. Indeed, the day before, the Antonov carrying the President’s armoured car, his private driver and part of his close guard crashed without survivors, including the crew of four Ukrainians. The President’s supporters saw it as malicious act on the part of the former government and what could be more logical than to block the city by burning tires and blocking traffic. There would be between 11 and 18 victims, the number is imprecise because we know that there were officially 11 passengers and crew, but as always there were certainly unofficial passengers (women, children, friends, etc.) whose number remains very vague. But what people in the city apparently deplore most is the loss of the President’s armoured car and private driver. People are sad to hear that the car, a 7-ton machine, would be too damaged to be recovered… in my opinion it is an “under-statement”, even if here the car wrecks that seem unrecoverable still end up driving one way or another.
Almost all airlines operating in the DRC seem to use Russian or Ukrainian pilots, partly because the aircrafts used are often from Eastern Europe (Let, Antonov,…) and therefore known to these pilots and partly because their salary expectations are more reasonable than those of Western European pilots. Surprisingly, there are often Congolese co-pilots but no pilots, a mystery that remains to be solved.
Tomorrow we will travel on Togolese and Ghanaian lines, we will tell you about it….

We look forward hearing from you soon,

Marc & Marie-Claude

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Nous – We

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Cette fois, on s’est dit que nous allions être très égocentriques et parler de nous plutôt que de tout ce qui nous entoure, enfin façon de parler car c’est ce qui nous entoure qui nous affecte dans notre vie de tous les jours.
Aujourd’hui c’est dimanche, une journée que nous essayons de réserver pour rester à deux et faire toutes ces choses que nous n’avons pas le temps ou l’occasion de faire pendant la semaine, du moins les choses que nous ne n’avons pas l’occasion de faire à deux ou qui sont plus agréables à faire quand il n’y a pas de monde autour de nous. C’est évidemment un privilège d’avoir un domestique à demeure ou presque (nous n’avons plus qu’une personne qui travaille à la maison, le deuxième domestique travaille maintenant pour notre collègue agronome qui devenait un peu désespérée de ne pas avoir quelqu’un capable de cuisiner correctement), mais c’est aussi une invasion dans sa vie privée car il est toujours à portée d’oreilles et suit de manière plus ou moins constante les faits et gestes de Marie-Claude dans la maison. Le week-end (c’est à dire le dimanche dans notre cas) c’est une occasion pour échapper à l’observation permanente pendant une journée, même s’il y a encore toujours une série de gardiens, mais ceux-ci gardent généralement leurs distances sachant que Makala veille dans la maison.
Le dimanche nous avons évidemment nos routines comme paresser et ne prendre notre petit déjeuner que vers 7h30, faire du pain et écrire les nouvelles que vous lisez en ce moment. Mais à part cela c’est l’occasion de lire, regarder un film, faire des mots croisés, faire une balade, prendre des photos (pas assez, nous devons faire mieux dans ce département), bricoler ou simplement paresser.
Il est vrai que pendant la semaine les moments de relâche sont plutôt limités, nous prenons notre petit déjeuner ensemble, mais c’est souvent limité à une quinzaine de minutes, juste le temps de manger nos fruits et une ou deux tranches de pain. Parfois Marie-Claude se prépare un deuxième café après mon départ et il arrive même que, comble de luxe, elle se fasse un œuf à la coque ou un œuf poché, bien que ce petit extra soit souvent réservé au dimanche.
Nous avons choisi de vivre à la Cathédrale, perchée au sommet d’une colline avec une vue spectaculaire la plupart du temps, mais cela nécessite environ 30 minutes de route pour aller jusqu’au bureau ou en revenir. A midi, même si théoriquement nous avons une pause de deux heures, le plus souvent j’ai tout juste le temps de manger le repas et faire 10 minutes chrono de sieste avant de redescendre de notre perchoir jusqu’au bureau. Pour être certain de pouvoir manger ensemble sans trop de précipitation, je donne un coup de téléphone à Marie-Claude lorsque je quitte le bureau (souvent en retard, c’est vrai…) ainsi elle sait quand le repas peut être servi à table et que nous puissions en profiter au maximum.
Ces derniers temps je n’ai pas pu utiliser mon vélo dont une des roues avait succombé aux assauts du sable et de l’humidité du Kasaï, mais il est maintenant à nouveau opérationnel et a cela de bon que je suis tenu de quitter le bureau à temps en fin de journée pour ne pas me faire surprendre par la tombée du jour (ici la transition entre le jour et la nuit est très courte). Idéalement j’essaye d’être rentré à la maison pour 18h ou 18h30 au plus tard, ce qui nous laisse juste assez de temps pour déguster un yaourt maison et passer un petit moment de calme après des journées qui ont quasi invariablement leur lots de surprises et de problèmes. Il n’est pas rare que nous soyons prêts pour aller au lit vers 20h (parfois même avant) avec tout juste le courage de lire encore quelques pages (plutôt lignes pour moi) avant l’extinction des feux. Cela nous permet d’avoir nos huit heures de sommeil, même si cela ne semble jamais suffisant quand le réveil nous signale qu’il est 4h30 et temps de sortir des plumes.

Il est vrai que tous les dimanches ne sont pas passés en reclus à la Cathédrale, une ou deux fois par mois nous invitons tous les expatriés à venir partager un repas dominical à la maison et profitons parfois de l’occasion pour faire une partie de pétanque ou de billard (nous avons un billard dans le salon du studio des visiteurs de la Cathédrale). Cela fait un bon moment que le terrain de tennis n’a plus été utilisé car, d’une part la clôture s’était affaissée des suites du travail des termites, d’autre part parce que nous n’avons pas (ou plus) beaucoup de joueurs de tennis parmi les expatriés.
Pour le moment nous ne sommes que 5 expatriés de tous poils sur la plantation, 3 ayant profité de la fin de la pointe de production pour prendre quelques semaines de relâche hors du pays. A partir de maintenant c’est d’ailleurs une suite de départs, chacun prenant ses congés plus ou moins à tour de rôle, les nôtres étant prévus pour le mois de décembre.
Je ne sais pas encore quand nous pourrons vous envoyer ces nouvelles car nous venons d’avoir un gros orage (qui a comme d’habitude inondé partiellement la maison) et nous nous retrouvons provisoirement sans connexion internet.
Dans l’attente nous vous envoyons nos salutations humides en espérant très vite avoir de vos nouvelles.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude

This time, we thought we were going to be very self-centered and talk about ourselves rather than everything around us, or at least a way of speaking because it is what surrounds us that affects us in our daily lives.
Today is Sunday, a day we try to set aside to stay together and do all those things that we don’t have the time or opportunity to do during the week, at least the things that we don’t have the opportunity to do together or that are more enjoyable to do when there are no people around us. It is obviously a privilege to have a housekeeper permanently or almost permanently (we have only one person working at home now, the second housekeeper now works for our agronomist colleague who was becoming a little desperate not to have someone who could cook properly), but it is also an invasion into our private life because he is always within earshot and follows Marie-Claude’s actions in the house in a more or less constant way. The weekend (i.e. Sunday in our case) is an opportunity to escape the constant observation for a day, even if there is still a series of guards, but they usually keep their distance knowing that Makala is watching in the house.
On Sundays we obviously have our routines like having a lie in and not having breakfast until around 7:30, baking bread and writing the news you are reading right now. But apart from that, it’s an opportunity to read, watch a movie, do crossword puzzles, take a walk, take pictures (not enough, we have to do better in this department), tinker or just hang around.
It is true that during the week the breaks are rather limited, we have breakfast together, but it is often limited to about fifteen minutes, just the time to eat our fruits and one or two slices of bread. Sometimes Marie-Claude makes a second coffee after I leave and sometimes, to top it off, she even makes a boiled or poached egg, although this little extra is often reserved for Sundays.
We chose to live at the Cathedral, perched on top of a hill with a spectacular view most of the time, but it takes about 30 minutes to get to and from the office. At noon, even if theoretically we have a two-hour break, most often I just have time to eat the meal and take a 10 minute nap before going down to the office. To be sure that we can eat together without too much haste, I give Marie-Claude a phone call when I leave the office (often late, it’s true…) so she knows when the meal can be served and that we can enjoy it to the full.
Recently I have not been able to use my bike, one of whose wheels had succumbed to the assaults of the sand and humidity of Kasai, but it is now operational again and it is good to have it usable again because this means I have to leave the office in time at the end of the day so as not to be surprised by the fall of the day (here the transition between day and night is very short). Ideally I try to be home by 6:00 p. m. or 6:30 p. m. at the latest, which gives us just enough time to enjoy a homemade yogurt and spend a little quiet time after days that almost invariably have their share of surprises and problems. It is not uncommon for us to be ready to go to bed around 8pm (sometimes even before) with just the courage to read a few more pages (rather lines for me) before the lights go out. This allows us to get our eight hours of sleep, even if it never seems enough when the alarm clock tells us that it is 4:30 am and time to get out of the feathers.
It is true that not every Sunday has been a seclusion at the Cathedral, once or twice a month we invite all expatriates to come and share a Sunday meal at home and sometimes take the opportunity to play petanque or pool (we have a pool table in the lounge of the Cathedral’s visitors’ studio). The tennis court has not been used for some time now because, on the one hand, the fence had collapsed as a result of the termite work, and on the other hand, because we do not have (or no longer have) many tennis players among the expatriates.
At the moment we are only 5 expatriates of all kinds on the plantation, 3 having taken advantage of the end of the peak production to take a few weeks of break outside the country. From now on, it is a series of departures, each one taking his leave more or less in turn, ours being scheduled for December.
I don’t know yet when we will be able to send you this news because we just had a big storm (which as usual partially flooded the house) and we find ourselves temporarily without an internet connection.
In the meantime we send you our wet greetings and hope to hear from you soon.
We look forward to hearing from you,
Marc & Marie-Claude

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Language

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La langue officielle du Congo est le Français, mais aussi un nombre d’autres langues comme le Lingala ou le Swahili sont parlées plus que le français dans des grandes parties du pays. Ici à Mapangu beaucoup de personnes parlent plutôt le Kikongo ou le Kilele et ne comprennent pas nécessairement (bien) le Français ni même le Lingala. De plus, même les personnes qui semblent bien maîtriser le Français ne le comprennent pas nécessairement pour autant et cela nous amène parfois à des situations de confusion ou d’incompréhension tant dans la vie privée que pour le travail. Ce qui arrive aussi de manière assez fréquente est l’usage d’un mot dont la signification peut être diamétralement différente selon les cultures ou qui est utilisé parce qu’il semble bien sonner dans le contexte de la conversation.
Ainsi un mot qui revient fréquemment dans la conversation est “déjà” qui pour nous signifie qu’un acte ou une chose est déjà accomplie comme “je suis déjà arrivé” ou “le carburant est déjà épuisé” ou encore moins plaisant mais fréquent “patron, c’est déjà cassé”. Ici toutefois ce mot “déjà” est utilisé beaucoup plus largement pour indiquer une notion temporelle proche tant dans le passé que dans l’avenir. Ainsi quand nous recevons l’information que “le véhicule est déjà en route”, ce qui pour nous sous-entend que le dit véhicule a effectivement pris son départ, peut vouloir dire que le départ est imminent, le chauffeur est “déjà” présent (ou attendu à tout moment) et sauf imprévu tel que panne, manque de carburant ou autre contre-temps de dernière minute devrait effectivement se mettre en route dans les moments qui suivent. Cette interprétation différente de la nôtre n’est pas limitée aux personnes dont l’éducation est limitée car je me suis entendu dire par un collègue qu’il était déjà en possession de mon passeport avec le nouveau visa, alors qu’en vérité le passeport était encore avec les autorités et que contrairement aux attentes de recevoir dans la même journée il a fallu attendre encore plus d’une semaine pour que le passeport soit effectivement dans les mains de mon collègue.
Une autre expression que nous entendons presque tous les jours est “la prise d’air” qui est l’explication pour tout arrêt brusque d’un moteur que celui-ci soit effectivement le résultat d’une prise d’air au niveau de l’alimentation en carburant, une panne sèche ou un colmatage du filtre à carburant.
Certaines expressions ou utilisations de mots sont plutôt drôles, ainsi notre domestique est venu un jour nous demander de l’aide car il y avait un problème avec la toilette dans une des maisons voisines, en effet lorsqu’il appuyait sur le bouton de chasse celle-ci refusait “d’éjaculer”. A une autre occasion, après avoir reçu un bélier du chef coutumier, le chef du personnel m’a demandé si j’avais l’intention “d’immoler” celui-ci (il parlait du bélier pas du chef coutumier). Une autre expression assez courante est de “faire les pieds” qui veut dire que l’on se déplace à pied plutôt qu’à bord d’un véhicule, moto ou même vélo.
Une autre observation intéressante, qui ne relève toutefois pas de langage proprement dit, concerne les conditions d’écolage ou de présence au travail. L’on peut comprendre qu’en cas d’abondante pluie, orage ou autre événement climatique extrême les travailleurs ou élèves ne se présentent pas à l’heure car ils ne disposent pas toujours d’imperméables ou autre moyen de protection contre la pluie. Mais ici le retard, l’absence ou le non fonctionnement d’une école est fréquemment justifié par le fait que “la pluie menace”, même si pour finir il ne tombe pas une goutte de pluie. Il faut dire que les orages ici peuvent être assez violent et les plus gros dégâts sont souvent le résultat de coups de vents violents plutôt que de précipitations abondantes. Il y a aussi le danger des coups de foudre car, contrairement à ce qui nous a toujours été expliqué, celle-ci ne frappe pas nécessairement les points culminants. Nous avons ainsi eu des dégâts de foudre à des endroits ou les bâtiments et/ou arbres voisins beaucoup plus hauts n’ont pas été touchés. Quelque part c’est une constatation heureuse pour nous car la Cathédrale se trouve au sommet d’une colline et offre une cible parfaite pour les éclairs et pourtant nous avons jusqu’à présent échappé aux gros dégâts alors que le générateur qui se trouve dans une petite cahute entourée d’arbres a déjà été touché. Par précaution les responsables des générateurs ont d’ailleurs pour mission d’arrêter ceux-ci et de débrancher les câbles en cas d’orage proche.
Un dernier terme sur lequel nous interrogeons souvent est celui de “baleinière”, nom que l’on donne aux embarcations en bois fabriquées en planches plutôt que troncs évidés comme les pirogues. Il est évident que dans la rivière Kasaï il n’y a pas et il n’y a jamais eu de baleines, donc on est en droit de se demander d’où vient cette expression dans une contrée fort éloignée des océans ou autres lieux ou sévissent les cétacés.
Sur cette interrogation nous vous laissons en espérant bien entendu avoir de vos nouvelles, y compris des suggestion sur l’origine de la baleinière.
A bientôt,
Marc & Marie-Claude

The official language of Congo is French, but also a number of other languages such as Lingala or Swahili are spoken more than French in large parts of the country. Here in Mapangu many people speak more Kikongo or Kilele and do not necessarily (well) understand French or even Lingala. Moreover, even people who seem to have a good command of French do not necessarily understand it and this sometimes leads us to situations of confusion or misunderstanding both in private life and at work. What also happens quite frequently is the use of a word whose meaning may be diametrically different according to cultures or which is used because it seems to sound good in the context of the conversation.
So a word that comes up frequently in the conversation is “already” which for us means that an act or thing is already done such as “I have already arrived” or “the fuel is already exhausted” or even less pleasant but frequent “boss, it’s already broken”. Here, however, this word “already” is used much more widely to indicate a close temporal notion both in the past and in the future. So when we receive information that “the vehicle is already on the road”, which for us implies that the said vehicle has actually started, may mean that the departure is imminent, the driver is “already” present (or expected at any time) and unless unforeseen events should occur such as breakdown, lack of fuel or other last minute inconvenience, said vehicle should actually start its journey in the following moments. This interpretation, which is different from ours, is not limited to people whose education is limited because I was told by a colleague that he was already in possession of my passport with the new visa, whereas in reality the passport was still with the authorities and that, contrary to expectations of receiving it on the same day, it took more than a week for the passport to be actually in the hands of my colleague.
Another term we hear almost every day is “air intake”, which is the explanation for any sudden stop of an engine whether it is actually the result of an air intake in the fuel supply, a dry run or a clogged fuel filter.
Some expressions or words uses are rather funny, so one day our house keeper came to us for help because there was a problem with the toilet in one of the neighbouring houses, in fact when he pressed the flushing button it refused to “ejaculate”. On another occasion, after receiving a ram from the customary chief, our head of human resources asked me if I intended to “immolate” it (he was talking about the ram not the customary chief). Another fairly common expression is “doing the feet”, which means walking rather than riding a vehicle, motorcycle or even bicycle.
Another interesting observation, which is not strictly speaking a matter of language, concerns the conditions of schooling or presence at work. It is understandable that in the event of heavy rain, storms or other extreme weather events, workers or students do not show up on time because they do not always have raincoats or other means of protection against rain. But here the delay, absence or non-operation of a school is often justified by the fact that “rain threatens”, even if in the end not a drop of rain falls. It must be said that thunderstorms here can be quite violent and the greatest damage is often the result of strong gales rather than heavy rainfall. There is also the danger of lightning strikes because, contrary to what has always been explained to us, it does not necessarily strike the highest points. We have had lightning damage in places where neighbouring buildings and/or trees much higher up have not been affected. Somehow this is a happy observation for us because the Cathedral is on top of a hill and offers a perfect target for lightning and yet we have so far escaped any major damage while the generator in a small hut surrounded by trees has already been hit. As a precaution, the generator managers are responsible for stopping the generators and disconnecting the cables in the event of a nearby storm.
A final term we often question is “whaleboat”, the name given to wooden boats made of planks rather than hollow trunks like the traditional dugout canoes. It is obvious that in the Kasai River there are no whales and there have never been any, so one may wonder where this expression comes from in a country far from the oceans or other places where cetaceans are found.
On this question we leave you hoping of course to hear from you, including suggestions on the origin of the whaleboat terminology.
Until soon,
Marc & Marie-Claude

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Saturation

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A force de ne pas entretenir ou réparer les choses finissent par ne plus fonctionner aussi bien qu’avant ou même ne plus fonctionner du tout. Sur ce dernier point, les congolais ont une énorme qualité, ils arrivent à faire fonctionner, certes parfois seulement à moitié et souvent mal, ce que nous considérerions comme irrémédiablement mort. Il suffit pour cela de regarder certains véhicules qui circulent à Kinshasa que l’on imaginerait plutôt à la casse et même là il n’y aurait peu ou pas de candidats pour y récupérer des pièces. Il en va un peu de même pour certains de nos véhicules qui continuent de fonctionner tant bien que mal avec, pour certains, plus de temps passé au garage que sur la route. L’état de nos véhicules est le résultat de l’âge, certains ont été achetés d’occasion il y a 10 ans, les routes ou plutôt le manque de routes sur lesquelles les véhicules doivent fonctionner, et les chauffeurs qui, souvent, n’avaient jamais vu de véhicule et donc encore moins conduit quoi que ce soit comme engin avant l’arrivée de Brabanta. Les hommes (et femmes) que nous recrutons pour conduire nos tracteurs et camions sont formés par les meilleurs chauffeurs que nous avons (pas toujours des spécialistes eux-mêmes) et une fois capables de se débrouiller nous leur achetons un permis de conduire et le tour est joué…
Vous imaginerez que les résultats n’affichent pas toujours “sans-fautes” et dans certains cas nous devons nous résoudre à la défaite et rechercher de nouveaux candidats chauffeurs, mais en période de pointe (dont nous venons de sortir) le nombre de véhicules dépasse souvent le nombre de chauffeurs disponibles, ce qui nous oblige de faire travailler ceux-ci pendant de longues heures, parfois jusqu’à saturation. En effet il est possible de travailler, exceptionnellement, des journées de 14 voire même 16 heures. Ce n’est bon ni pour les travailleurs (même s’ils sont heureux d’être payés des heures supplémentaires) ni pour les véhicules qui subissent les conséquences d’un chauffeur fatigué.
Et puis il y a les impondérables, ainsi cette semaine un de nos camions a pris feu dans la cabine, probablement un court-circuit ou quelque chose du genre, c’était le soir et le chauffeur était seul et il a essayé d’éteindre le feu en jetant du sable sur le feu, mais avec les plastiques, mousses et autres matières inflammables de la cabine le feu a rapidement pris le dessus. Heureusement nous sommes équipés de gros extincteurs à poudre un peu partout dans la plantation, extincteurs dûment contrôlés tous les ans par un organisme agréé… sauf qu’ils ne marchent pas, sur quatre extincteurs essayés un seul a fini par marcher après que le feu ait détruit entièrement la cabine du camion. Le fournisseur nous a dit qu’il viendrait rapidement faire une enquête…
Il n’y pas que les chauffeurs qui saturent, en effet l’huilerie arrive elle-aussi à ses limites, en particulier en ce qui concerne notre capacité de stockage d’huile. Mais pour cela il faut dépeindre le contexte dans lequel nous travaillons. Notre huile est vendue principalement à Kinshasa à des industriels qui l’utilisent pour faire de l’huile de table, des sauces, mayonnaises, margarines, savons et détergents. L’huile est transportée en vrac dans des barges qui viennent la chercher dans notre port situé juste en-dessous de l’huilerie. Le principe serait que les barges montent depuis Kinshasa avec des marchandises jusqu’à Ilebo, où elles devraient être déchargées dans des wagons à destination de l’est du pays. Seulement voilà, le rail est dans un état de délabrement tel qu’il devient difficile d’y faire circuler des trains, en fait il est dit qu’un train sur deux déraille au moins en partie et comme il n’y a qu’une seule voie le trafic se trouve interrompu jusqu’à plusieurs semaines d’affilée. Les barges qui arrivent à Ilebo sont dans l’incapacité d’être délivrées de leurs marchandises, ce parfois, pendant plusieurs mois et tant que celles-ci n’ont libérées elles ne peuvent évidemment pas venir prendre notre huile. Le problème va plus loin car, compte tenu des temps d’attente interminables au déchargement, une grande partie des transporteurs ne viennent plus avec leurs barges sur le Kasaï. Donc non content de devoir attendre des mois pour que les barges soient déchargées, leur nombre est tellement réduit que nous sommes obligés de, soit doubler notre capacité de stockage, soit, ce que nous faisons pour le moment, faire monter des barges à vide pour éviter l’arrêt de nos activités. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes au Congo et faire monter une barge à vide ne veut pas dire qu’elle arrivera (une des barges que nous avions contracté s’est échoué en route vers Mapangu) ou arrivera dans les temps annoncés (une autre barge que nous avons contracté a maintenant plus de 6 semaines de retard sur le programme prévu). Nous nous sommes donc retrouvés dans une situation où notre capacité de stockage atteinte, enfin presque car nous avons décidé de stocker de l’huile dans une citerne normalement réservée pour de l’huile non-alimentaire et nous avons rempli des bidons en plastique de 5 litres que nous avions encore en stock, 40.000 bidons quand même. Cela nous a permis d’avoir les quelques jours de plus nécessaires pour éviter un arrêt complet des opérations avant que la prochaine possibilité d’évacuation ne se présente.
Comme vous pouvez en juger, nous ne manquons pas de diversité de soucis et de sources de stress, mais grâce à cela nous ne voyons pas le temps passer et, en fait, nous manquons de temps pour faire un tas de choses comme monter la piscine que nous avons acheté et qui est en pièce détachées dans notre remise depuis un mois. Je vais essayer de m’y atteler cet après-midi…

A bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

By not maintaining or repairing things, they end up not working as well as before or even not at all. On this last point, the Congolese have an enormous quality, they manage to make it work, to be honest sometimes only halfway and often badly, but for items which we would consider irremediably dead. All you have to do is look at some of the vehicles that circulate in Kinshasa, which in Europe you would rather imagine being scrapped or shredded and even then there would be few or no candidates to pick up parts. The same is true for some of our own vehicles, which continue to operate as best they can, with some spending more time in the garage than on the road. The condition of our vehicles is the result of age, some were bought second-hand 10 years ago, the roads, or rather the lack of them, on which the vehicles must operate, and drivers who, often, had never seen a vehicle and therefore even less driven anything mechanical before the arrival of Brabanta. The men (and women) we recruit to drive our tractors and trucks are trained by the best drivers we have (not always specialists themselves) and once they are able to handle it, we buy them a driving licence and that’s it…
You will imagine that the results are not always “flawless” and in some cases we have to give in to defeat and look for new candidate drivers, but in peak periods (which we have just had) the number of vehicles often exceeds the number of drivers available, which forces us to make them work for long hours, sometimes until they become saturated. Indeed, it is possible to work, exceptionally, days of 14 or even 16 hours. This is not good for workers (even if they are happy to be paid overtime) or for vehicles that suffer the consequences of a tired driver.
And then there are the imponderables, so this week one of our trucks caught fire in the cabin, probably a short circuit or something like that, it was evening and the driver was alone and he tried to put out the fire by throwing sand on the fire, but with the plastics, foams and other flammable materials in the cabin the fire quickly took over. Fortunately we are equipped with large powder extinguishers all over the plantation, extinguishers duly controlled every year by an approved body… except that they do not work, out of four extinguishers tested only one ended up working after the fire completely destroyed the truck’s cabin. The supplier told us that he would come quickly to investigate….
It is not only the drivers who saturate, the same goes for the oil mill, which is reaching its limits, particularly with regard to its oil storage capacity. But for that to happen, we have to describe the context in which we work. Our oil is mainly sold in Kinshasa to industrialists who use it to make edible oil, sauces, mayonnaises, margarines, soaps and detergents. The oil is transported in bulk in barges that pick it up at our port just below the oil mill. The principle would be that the barges would travel from Kinshasa with goods to Ilebo, where they would have to be unloaded into wagons bound for the east of the country. However, the rail is in such a state of disrepair that it is becoming difficult to operate trains on it, in fact it is said that at least one in two trains derails at least in part and since there is only one track, traffic is interrupted for several weeks in a row. The barges that arrive in Ilebo are unable to be off-load their goods, sometimes for several months and as long as they have not been released they obviously cannot come and take our oil. The problem goes further because, given the endless waiting times at unloading, a large proportion of carriers no longer come with their barges up the Kasai river. So not only do we have to wait months for the barges to be unloaded, their number is also so small that we are forced to either plan to double our storage capacity or, as we are doing at the moment, to contract empty barges from Kinshasa to prevent our activities from stopping. But we must not forget that we are in Congo and contracting an empty barge does not mean that it will arrive (one of the barges we contracted ran aground on the way to Mapangu) or will arrive on time (another barge we contracted is now more than 6 weeks late). So we found ourselves in a situation where our storage capacity was reached, to the point that we decided to store oil in a tank normally reserved for non-food oil and we also filled 5-litre plastic cans that we still had in stock (as illustrated in our post of last week), 40,000 cans that is… This allowed us to have the extra few days needed to avoid a complete shutdown of operations before the next evacuation opportunity presented itself.
As you can see, we don’t lack a diversity of concerns and sources of stress, but because of that we don’t see time passing and, in fact, we don’t have time to do a lot of things like setting up the pool we bought and which has been in parts in our shed for a month. I’m going to try to start working on it this afternoon….

We look forward hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Merci – Thank You

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Il est difficile d’imaginer un lieu où tout est parfait ou même presque parfait, ce serait probablement un endroit ou l’on doit s’ennuyer. Ce qui est certain c’est qu’à beaucoup de points de vue le Congo est sans conteste à l’autre bout du spectre, ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose pour tout, même si les aspects positifs sont parfois plus difficiles à discerner. Par exemple le fait de ne pas avoir de super marché ou même de petite épicerie dans le coin est certes une complication pour l’ approvisionnement en fruits et légumes, mais lorsque, comme nous, ces produits proviennent majoritairement de notre propre jardin ils sont plus frais, garantis sans produits chimiques et tellement meilleurs que les mêmes produits provenant de contrées distantes et inconnues. Soyons honnêtes, si nous avions un petit épicier pas trop loin de la maison nous ferions probablement moins d’efforts pour faire pousser toutes sortes de légumes et de fruits, en particulier ceux dont les résultats sont parfois frustrants. Certains des légumes que nous récoltons maintenant dans le jardin sont le résultat de plusieurs essais et surtout de longues explication répétées encore et encore à notre jardinier qui semble à chaque fois avoir compris et puis fait exactement le contraire.
L’exemple le plus marquant fut notre souhait de mettre des tuteurs aux plants de tomates et, plus compliqué, de les égourmander. J’ai expliqué longuement au jardinier que je souhaitais qu’il trouve des tuteurs de 2m de hauteur pour mettre au pied de chaque plante afin de pouvoir les attacher. Par sécurité, j’ai demandé au jardinier de me répéter l’instruction afin d’être certain que la procédure soit bien comprise et il m’a répété exactement ce que j’avais demandé de faire, donc tout était clair. Vous imaginerez donc la surprise lorsqu’à la prochaine visite au potager on découvre au pied de chaque plant de tomate un tuteur de 20cm de hauteur… Le jardinier m’a expliqué que, comme demandé, il avait coupé un stick de 2m et avait ensuite coupé celui-ci en dix morceaux pour les dix plants de tomate… Quand je lui ai expliqué encore une fois que l’idée était d’attacher le plant de tomate en hauteur et qu’il fallait donc un stick de 2m pour chaque plant il m’a dit “merci”. Après plusieurs itérations du même genre, nous avons fini par installer un tuteur de démonstration, attaché le plant de tomate et montré comment enlever les gourmands. Nous n’y sommes pas encore tout à fait et il faut répéter l’opération chaque fois que des nouveaux plants de tomate sont mis en terre (avec chaque fois un “merci” pour l’explication), mais dans l’ensemble nous n’avons plus de plants de tomate qui traînent au sol et dans la vaste majorité des cas les gourmands sont enlevés régulièrement. Résultat, nous avons des tomates tout à fait honorables de manière régulière, donc merci au jardinier.
Hors du jardin c’est un peu la même chose, par exemple les chauffeurs de tracteurs ont l’interdiction de prendre des passager sur les ailes de leur tracteur et ils n’ont pas non plus le droit de prendre des non-travailleurs dans leur remorque, en particulier les enfants qui ne demandent évidemment pas mieux. Lorsque nous surprenons un tracteur avec une ou plusieurs personnes sur leur tracteur, la réponse est généralement du style “ce ne sont pas des passager, ce sont des travailleurs…” ou quand il y a des enfants dans la remorque la réponse est souvent dans la veine de “je ne les avais pas vu, ce sont des diables…”. Après avoir expliqué longuement pourquoi ils ne pouvaient prendre personne sur le tracteur et pas d’enfants dans la remorque à cause des risques d’accident, de non-intervention de l’assurance, etc. la réponse est presque toujours “merci!”.
Un exemple récent de “non-compréhension” a eu lieu lorsque notre pirogue est partie chercher un passager à Ilebo ce vendredi. Peu après le départ le piroguier a appelé le chef de garage pour lui signaler que le moteur hors-bord était tombé en panne et qu’il n’arrivait pas à le redémarrer. Le chef de garage a demandé au piroguier s’il avait bien pris le moteur de réserve comme instruit, ce que le piroguier à confirmé. Pas de problèmes donc, il suffit de changer de moteur et de continuer le voyage, sauf que le moteur de réserve est en panne “depuis”… “Pourquoi avez-vous pris le moteur de réserve en panne?” – “Parce que vous nous avez dit de prendre le moteur de réserve, chef!”… La pirogue est rentrée à la pagaie (heureusement avec le courant) et une voiture a été envoyée braver la route (ou ce qu’il en reste) pour accueillir notre voyageur à Ilebo. Quand nous avons expliqué le fond de notre pensée au piroguier, il nous a répondu “merci!”.
Une des choses qui ne tourne pas tout à fait rond chez nous c’est l’évacuation des huiles par barge. Les problèmes sont multiples et nous les avons déjà relatés dans de précédentes lettres, mais nous avons atteint un nouveau sommet car toutes nos cuves sont pleines et il n’y a donc plus de choix sinon d’arrêter l’usine… Pour encore gagner une journée ou deux de production nous avons décidé de remplir des bidons d’huile, mais ce sont des bidons de 5 litres et nous devons libérer au moins 100 tonnes d’huile par journée de production, soit 22.000 bidons à raison de 3.000 bidons par conteneur donc plus de 7 conteneurs et tout cela à la main. Heureusement ici les gens n’ont pas peur de travailler la nuit s’il le faut (ils sont mieux payés) et nous avons donc mis la barre très haut en visant le remplissage de plus de 20.000 bidons par jour… “Merci!”.
En espérant bientôt avoir de vos nouvelles,
Marc & Marie-Claude

It is difficult to imagine a place where everything is perfect or even almost perfect, it would probably be a place where one must be bored. What is certain is that in many ways Congo is undoubtedly at the other end of the spectrum, which may not be a bad thing for everything, even if the positive aspects are sometimes more difficult to discern. For example, not having a super market or even a small grocery store in the area is certainly a complication for the supply of fruit and vegetables, but when, like us, these products come mainly from our own garden they are fresher, guaranteed without chemicals and so much better than the same products from distant and unknown countries. Let’s be honest, if we had a small grocery store not too far from home we would probably make fewer efforts to grow all kinds of vegetables and fruits, especially those whose results are sometimes frustrating. Some of the vegetables we now harvest in the garden are the result of several trials and especially long explanations repeated over and over again to our gardener who gave the impression of having understood and then done exactly the opposite.
The most striking example was our desire to put stakes on tomato plants and, more complicated, to remove the suckers. I explained at length to the gardener that I wanted him to find 2m stick to put at the foot of each plant so that he could then attach them. For safety’s sake, I asked the gardener to repeat the instruction to make sure that the procedure was well understood and he repeated exactly what I had asked him to do, so everything was clear. You will therefore imagine my surprise when, at the next visit to the vegetable garden, a 20cm stick is discovered at the foot of each tomato plant… The gardener explained to me that, as requested, he had cut a 2m stick and then cut it into ten pieces for the ten tomato plants… When I explained to him again that the idea was to attach the tomato plant to keep it upright and that he needed a 2m stick for each plant, he said “thank you”. After several iterations of the same kind, we finally installed a demonstration stake, tied the tomato plant and showed how to remove the suckers. We are not quite there yet and it is necessary to repeat the operation each time new tomato plants are planted (with each time a “thank you” for our explanation), but on the whole we no longer have tomato plants lying around on the ground and in the vast majority of cases the suckers are removed regularly. As a result, we have quite honourable tomatoes on a regular basis, so thank you to the gardener.
Outside the garden it is a little bit the same thing, for example tractor drivers are forbidden to take passengers on the wings of their tractor and they are also not allowed to take non-workers in their trailer, especially children who obviously love to join for a ride. When we surprise a tractor with one or more people on their tractor, the answer is usually like “they are not passengers, they are workers…” or when there are children in the trailer the answer is often in the vein of “I didn’t see them, they are little devils…”. After explaining at length why they cannot take anyone on the tractor and no children in the trailer because of the risk of accidents, non-intervention by the insurance company, etc. the answer is almost always “thank you!
A recent example of “misunderstanding” occurred when our pirogue went to Ilebo this Friday to pick up a passenger. Shortly after departure, the boatman called the garage manager to inform him that the outboard engine had failed and that he could not restart it. The garage manager asked the boatman if he had taken the spare engine as instructed, which the boatman confirmed. No problem then, just change the engine and continue the trip, except that the spare engine is down “actually has been broken since”…. “Why did you take the spare engine while knowing it was out of order?” – “Because you told us to take the spare engine, sir!”…. The pirogue paddled back (fortunately with the current) and a car was sent to brave the road (or what was left of it) to welcome our traveller in Ilebo. When we explained the substance of our thinking to the piroguer, he replied “thank you!”.
One of the things that is not quite right with us is the evacuation of oils by barge. The problems are many and we have already reported them in previous letters, but we have reached a new peak because all our tanks are full and there is no choice but to stop the mill…. To save another day or two of production we have decided to fill oil cans, but they are 5-litre cans and we must release at least 100 tonnes of oil per day of production, or 22,000 cans at a rate of 3,000 cans per container, so more than 7 containers and all this by hand. Fortunately here people are not afraid to work at night if necessary (they are better paid) and so we have set the bar very high by aiming to fill more than 20,000 cans a day…. “Thank you!”..
We look forward to hearing from you soon,
Marc & Marie-Claude