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Vacances Scolaires – School Holidays

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Non, nous ne partons pas en vacances, même si nous aurions beaucoup aimé être avec la famille pour les fêtes de fin d’année… L’année prochaine peut-être?
Mais cela n’empêche qu’ici aussi les écoles ont fermé leurs portes après les examens clôturant le premier trimestre de l’année académique.

Même si c’est très basique comparé à nos écoles en Europe, certaines écoles ont malgré tout la réputation d’être meilleures que d’autres et attirent donc des élèves venant parfois de loin, jusqu’à plusieurs journées de marche. Pendant le trimestre, ceux-ci logent à l’école dans des pensionnats où ils sont chargés de toutes les tâches ménagères (cuisine, collecte d’eau, lessive, etc.) en plus de leurs études et doivent malgré tout, bien évidemment, payer pour ce privilège.
Même en étant considérées meilleures, ces bonnes écoles sont souvent obligées de se débrouiller avec des moyens limités et de se montrer, donc, extrêmement créatives. Par exemple, j’ai visité une classe où se donnent des cours d’informatique aux élèves de l’enseignement secondaire, école qui ne dispose pas d’électricité et plus grave encore pas d’ordinateur… Le professeur est, par contre, un artiste talentueux (en plus, espérons-le, de maîtriser les questions informatiques) car au tableau il y a une énorme image d’un écran d’ordinateur avec les différents icônes que nous sommes habitués de voir sur notre machine. En guise d’ordinateur, les élèves disposent d’un clavier en bois qui illustre les différentes touches et pour le reste … De beaucoup d’imagination. Ces élèves ne sont pas totalement coupés du monde informatique car nombreux sont ceux qui disposent d’un téléphone portable, parfois même un “smart phone” avec lequel ils peuvent se familiariser avec toute une série de fonctions, mais il n’en reste pas moins que les cours d’informatique restent très théoriques.

Chaque année nous accueillons une centaine de stagiaires de tous bords (menuiserie, électricité, mécanique, santé, etc.) y compris une vingtaine de candidat(e)s informaticien(ne)s que nous installons un peu partout à côté des secrétaires, comptables, magasiniers et autres employés dotés d’un ordinateur. Imaginez les premiers jours lorsque ces futurs informaticiens sont confrontés à un clavier dont les touches ne sont pas statiques et dont l’actionnement provoque des changements à l’écran de l’ordinateur. La première fois qu’ ils ou elles découvrent l’utilisation d’une souris, l’utilisation d’une feuille de calcul, le traitement d’images et le miracle de l’impression d’un document. En quelques semaines de stage le monde de ces élèves est bouleversé car ils ont enfin pu mettre en pratique ce qui jusque là s’était résumé à quelques captures d’écrans statiques sur le tableau noir. De façon assez surprenante (ou peut-être pas) la plupart des stagiaires en informatique arrivent très rapidement à maîtriser le maniement d’un ordinateur sans aide et nous sommes en droit de nous demander comment ils pourront accepter de reprendre les cours sans machine le trimestre suivant.
Depuis quelque temps nous avons aménagé deux salles “informatiques” pour des écoles de Mapangu dans le but principal de leur donner un accès à une source de courant où ils peuvent brancher les rares ordinateurs que les écoles arrivent à obtenir, via l’éducation nationale, des sources privées ou des machines cédées par la société. N’allez pas imaginer des salles informatiques extraordinaires, nos moyens étant limités ce sont des conteneurs dans lesquels nous installons des points d’éclairage et des prises, et au-dessus desquels sont placées des toitures en paille ou en tôles pour limiter la chaleur à l’intérieur.

Mais revenons à nos moutons, les vacances scolaires. A la fin du trimestre, les quelques semaines de vacances sont une occasion pour les élèves pensionnaires de retourner dans leurs foyers, à pied avec généralement une valise sur la tête. Ainsi en cette période de fin d’année nous croisons de nombreux groupes d’adolescents qui partent bagages sur la tête pour plusieurs journées de marche afin de rejoindre leur village et y aider aux tâches ménagères et dans les champs en échange des lourds efforts financiers que les parents doivent faire pour payer les frais de scolarisation de leur progéniture. De fait, outre les frais de nourriture du pensionnat, chaque élève doit payer des frais d’inscription et de minerval chaque trimestre en plus du matériel scolaire, ce qui correspond à peu près à l’équivalent d’un salaire mensuel minimum. Donc le parent qui a trois enfants à l’école dépense l’entièreté de son salaire en frais scolaires et quand il a six ou sept enfants (comme c’est la moyenne ici) il n’y a généralement qu’une partie des enfants qui vont à l’école et les autres (les filles généralement) restent à la maison pour aider aux champs, chercher de l’eau et participer aux tâches ménagères.

Les enfants qui vont à l’école ne sont pas dispensés pour autant des travaux “d’intérêt publique” et doivent puiser de l’eau pour les professeurs, faire les travaux d’entretien dans le jardin des professeurs ou de l’école et participer aux travaux de construction et d’entretien des bâtiments. La punition officielle pour une arrivée tardive en classe est de 20 briques adobes par jour, que l’élève doit façonner, sécher et livrer au stock de l’école. Ces briques sont généralement destinées à la construction ou réfection des salles de classe, mais certains professeurs n’hésitent pas à les vendre à des personnes extérieures avec de surcroît la livraison assurée par les élèves.

A la fin des vacances, c’est le trafic inverse qui se voit sur les routes, avec les élèves qui reviennent sac sur la tête vers l’école. Une différence majeure toutefois est que les filles ont le crâne rasé, une exigence surtout des écoles catholiques qui aurait été introduite par les ecclésiastes blancs pour des raisons variables selon les sources. Certains disent que c’est pour s’assurer que les élèves ne reviennent pas avec des poux, ce qui n’est pas trop un risque avec les garçons qui ont presque d’office le crane rasé à tout age, d’autres disent que c’est pour éviter la rivalité entre les coiffures parfois extravagantes dont les filles et femmes congolaises aiment se parer composées de mèches, perles et autres éléments qui s’attachent aux vrais cheveux. Toujours est-il que quand les vacances sont finies la plus grande partie des jeunes filles qui vont à l’école n’ont plus un poil sur le caillou. Comme elles ont en général un port de reine (grâce entre autres, aux bidons d’eau balancés sur le sommet du crâne dès qu’un enfant sait marcher) cela nuit en rien à leur élégance naturelle.

Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année, assorties de vacances ou non, en espérant, comme d’habitude, recevoir de vos nouvelles.

A très bientôt,

Marc & Marie-Claude

On se prepare – We are getting ready


Non, ce n’est pas un BBQ mais la désinfection des outils de coupe.
No, it is not a BBQ, but desinfection of cutting tools.

Départ pour le bureau – Leaving for the office

Griezel se repose sous l’oeil bienveillant d’un masque barbu.
Griezel resting under the watchful eye of a bearded mask.

Palmier biscornu – Odd palm tree

C’est Noël – It’s Christmas

Cliquez ici pour nos Vœux – Click here for our Wishes

No, we are not going on holiday, even though we would have liked to be with our family for Christmas and New Year… Maybe next year?
But this does not prevent schools here from closing too after the first end of term exams of this academic year.

Even if very basic compared to our schools in Europe, some of the local schools still have a reputation for being better than others and therefore attract students from far away, up to several days’ walk. During the term, they stay at school in boarding houses where they are responsible for all household tasks (cooking, water collection, laundry, etc.) in addition to their studies and must, despite everything, of course, pay for this privilege.
Even if they are considered better, these good schools are often forced to get by with limited resources and therefore need to be extremely creative. For example, I visited a computer class for secondary school students, a school that does not have electricity and, even more importantly, no computer… The teacher is, on the other hand, a talented artist (in addition, let’s hope, to mastering computer knowledge) because on the board he drew a huge image of a computer screen with the different icons that we are used seeing on our machines. Instead of a computer, the students have a wooden keyboard that illustrates the different keys and for the rest… a lot of imagination. These students are not totally cut off from the IT world because many have a mobile phone, sometimes even a “smart phone” with which they can familiarize themselves with a whole series of functions, but the fact is that computer courses remain very theoretical.

Every year we welcome about a hundred trainees from all walks of life (carpentry, electricity, mechanics, health, etc.) including about twenty computer candidates that we install everywhere we can, next to secretaries, accountants, warehouse workers and other employees equipped with a computer. Imagine the first few days when these future computer “experts” are confronted with a keyboard whose keys are not static and whose operation causes changes to the computer screen. The first time they discover the use of a mouse, the use of a spreadsheet, image processing and the miracle of printing a document. In a few weeks of internship the world of these students is turned upside down because they have finally been able to put into practice what had until then been reduced to a few static screenshots on the blackboard. Surprisingly enough (or perhaps not) most computer trainees very quickly master the use of a computer without help and we are entitled to wonder how they will be able to accept to resume classes without a machine the following term.
Recently we have set up two “computer” rooms for schools in Mapangu with the main aim of giving them access to a power source where they can connect the few computers that schools can obtain, via national education, from private sources or machines donated by the company. Don’t imagine extraordinary computer rooms, our means being limited they are set up containers in which we install lighting points and sockets, and above which roofs made of straw or sheet metal are placed to limit the heat inside.

But let’s get back to our business, the school holidays. At the end of the term, the few weeks of holidays are an opportunity for the boarding students to return to their homes, usually on foot with a suitcase on their heads. Thus in this end-of-year period we meet many groups of teenagers who leave with their belongings on their heads for several days of walking to reach their village and help with household chores and in the fields in exchange for the heavy financial efforts that parents must make to pay the school fees of their offspring. In fact, in addition to the boarding school food costs, each student must pay tuition fees each term in addition to the cost of school supplies, which is roughly equivalent to a minimum monthly salary. So a parent with three children in school spends all of his salary on school fees and when he has six or seven children (as is the average here) only part of the children can attend school and the others (usually girls) stay at home to help in the fields, fetch water and participate in household tasks.

Children who go to school are not exempt from “public service” work and must collect water for teachers, do maintenance work in the teachers’ or school’s garden and participate in the construction and maintenance of buildings. The official punishment for a late arrival in class is 20 adobe bricks per day, which the student must shape, dry and deliver to the school stock. These bricks are generally intended for the construction or renovation of classrooms, but some teachers do not hesitate to sell them to outsiders with the additional delivery service provided by the students, in order to earn a little extra.

At the end of the holidays, the traffic on the roads goes the opposite way, with students returning with bags on their heads to school. A major difference, however, is that girls have shaved heads, a requirement especially of Catholic schools that would have been introduced by white clergymen for reasons that vary according to sources. Some say it’s to make sure that students don’t come back with lice, which isn’t too much of a risk with boys who almost automatically have their heads shaved at any age, others say it’s to avoid the rivalry between the sometimes extravagant hairstyles that Congolese girls and women like to have with with wicks, pearls and other elements that attach themselves to real hair. However, when the holidays are over, most of the girls who go to school no longer have any hair and save for a hat or a scarve cannot attach any adornments to their head. As they usually have a queen’s port (thanks in part to the burdens that are carried on the head as soon as a child, and especially girls, can walk) this does not affect their natural elegance.

We wish you a Merry Christmas and a Happy New Year, with or without holidays, and we look forward to hearing from you as usual.

See you very soon,

Marc & Marie-Claude

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Île – Island

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Définition d’une île – bout de terre entouré d’eau, ou une chose considérée comme ressemblant à une île, en particulier isolée, détachée ou entourée.

En général, le seul moyen d’accéder à une île est par voie des eaux ou des airs, bien que certaines îles soient reliées à la terre continentale par un pont. Mapangu répond plutôt bien à cette définition, surtout en ce moment avec toutes ses routes d’accès quasi impraticables. Les seuls moyens d’accès sont soit par les airs, soit par l’eau (la rivière Kasaï dans notre cas).

Comme pour le moment le gouvernement est supposé déployer tout le matériel pour les élections prévues dans une semaine et que (j’oserais dire comme d’habitude) les choses n’ont pas réellement été planifiées d’avance, on est en droit de se demander comment cela va se dérouler vu les routes coupées. Une grande partie du matériel électoral est dispatché à travers le pays au moyen de camions militaires, mais il semblerait que ces camions et surtout leurs chauffeurs aient rarement eu à circuler sur autre chose que des routes plus ou moins asphaltées. Les forces armées congolaises, tout comme Brabanta, sont équipées de camions russes Kamaz, ce qui fait que, tout naturellement, quand un des camions militaires est tombé en panne pas loin de la plantation, ils sont venus “pleurer” chez nous pour être dépannés. Plus surprenante fut la demande de fournir un chauffeur pour reprendre le volant du camion, car il semblerait que le chauffeur (militaire) attitré en était à sa première expérience de roulage sur une (mauvaise) piste et que les autorités étaient inquiètes de ne pas voir arriver le camion à bon port dans les temps. Nous avons dépanné le camion, mais j’ai toutefois poliment décliné de fournir un chauffeur car il est certain qu’en cas de moindre problème (accident ou autre) notre pauvre chauffeur se retrouverait au cachot pour avoir pris les commandes d’un engin militaire (ce qui est bien entendu strictement illégal).

Pour circonvenir les problème des routes, nous essayons de temps en temps d’envoyer des marchandises par route jusqu’au port de Dibaya, situé en aval sur la rivière Kasaï, d’où une baleinière amène les colis jusque Mapangu. Mais même la route jusque Dibaya semble s’être détériorée au point de rendre cette solution peu praticable, car certaines commandes envoyées par camion mettent plus longtemps qu’une barge au départ de Kinshasa pour nous atteindre. Comme l’envoi par camion coûte près de dix fois plus cher que le fret fluvial, il y a peu d’intérêt de risquer le voyage par la route.

Mis à part les voyageurs qui n’ont pas le choix et qui sont prêts à affronter de longues heures assis à l’arrière d’une moto ou à l’arrière d’un véhicule surchargé et de passer plusieurs nuits en brousse, le seul moyen un petit peu fiable pour arriver ou partir d’ici est l’avion. Celui que nous affrétons chaque mois est extrêmement sollicité, par des agents de la société qui doivent aller à ou venir de Kinshasa, des personnes extérieures qui n’ont pas le courage d’affronter l’aventure via la piste et surtout le fret (fonds et vivres) nécessaires pour alimenter la plantation. En cette période de fin d’année, notre avion est rempli comme un œuf: beaucoup partent en congé, il faut faire les provisions habituelles jusqu’à l’avion suivant fin janvier plus des “extras festifs” et il y a beaucoup de déplacements liés aux élections.

Heureusement, comme une île, nous avons l’option navigable qui est surtout utile pour l’expédition de nos huiles vers Kinshasa, mais aussi pour nous approvisionner avec toutes les marchandises non périssables, lourdes ou encombrantes comme les engrais (2.000 tonnes par an), les grosses pièces pour l’huilerie et le garage, le carburant (100 à 150.000 litres par mois) et les lubrifiants.

Les aspects de notre “île” qui pèsent sans doute le plus, surtout pour les (plus jeunes) expatriés célibataires est le fait d’être coincés pendant cinq mois d’affilé avec quasi aucun moyen de distraction mis à part un repas ou un drink de temps en temps avec les autres expatriés. Il n’est pas possible de passer un week-end en ville, car il n’y a qu’un vol par semaine entre Kinshasa (pour celui ou celle qui apprécie un séjour à Kinshasa) et Ilebo (ou Mapangu) et pour cela il faut débourser près de 800 dollars pour l’avion, sans compter les frais de séjour à Kinshasa (classée comme la ville la plus chère d’Afrique et la troisième ville la plus chère du monde pour les expatriés).

Donc, paradoxalement, malgré le fait de vivre au centre d’un vaste continent, les conditions de vie ressemblent étrangement à celles que nous imaginerions avoir sur une île… Sans la mer et la plage. Les paysages sont toutefois superbes et cette isolation nous permet de vivre de façon autonome tout en sachant que de temps en temps nous avons l’opportunité de rejoindre la “civilisation” et de prendre conscience et d’apprécier les différences de ces mondes si éloignés.

A très bientôt vous lire,

Marc & Marie-Claude

Pépinière de palmiers – Palm nursery

Matin en brousse – Morning in the bush

Photo souvenir

Transport du matériel électoral – Transport of election material

Definition of island – a piece of land surrounded by water, a thing regarded as resembling an island, especially in being isolated, detached, or surround

In general, the only way to reach an island is by water or air, although some islands are connected to the mainland by a bridge. Mapangu fits this definition quite well, especially at this time with all its access roads almost impassable. The only means of access is either by air or water (the Kasai River in our case).

Since at the moment the government is supposed to deploy all the equipment for the elections scheduled in a week from now and (I would dare say as usual) things have not really been planned in advance, we have reason to wonder how it will turn out given the impassable roads. Much of the election material is dispatched across the country by military trucks, but it would appear that these trucks and especially their drivers have rarely had to travel on anything other than more or less paved roads. The Congolese armed forces, like Brabanta, are equipped with Russian Kamaz trucks, which means that, quite naturally, when one of the military trucks broke down not far from the plantation, they came to seek help from our mechanics. More surprising was the request to provide a driver to take the truck further on its journey, as it would seem that the assigned (military) driver was in his first experience of driving on a (bad) track and that the authorities were worried that the truck would not arrive safely on time. We repaired the truck, but I politely declined to provide a driver because it is certain that in the event of any kind of problem (accident or other) our poor driver would find himself in prison for taking control of a military device (which is of course strictly illegal).

To circumvent the road problems, we occasionally try to send goods by road to the port of Dibaya, located downstream on the Kasai River, from where a small cargo ship brings the packages to Mapangu. But even the road to Dibaya seems to have deteriorated to the point of making this solution impractical, as some truck orders take longer than a barge from Kinshasa to reach us. Since trucking is almost ten times more expensive than river freight, there is little point in risking sending our stuff by road.

Apart from travellers who have no choice and are ready to face long hours sitting in the back of a motorcycle or in the back of an overloaded vehicle and spend several nights in the bush, the only slightly reliable way to get to or from here is by plane. The one we charter every month is extremely solicited, by agents of the company who have to go to or come from Kinshasa, by outsiders who do not have the courage to face the adventure via the track and especially the freight (funds and food) necessary to feed the plantation. At the end of the year, our plane is filled like an egg as many go on holiday, we need to make the usual provisions until the next plane at the end of January plus “festive extras” and there is a lot of travel related to the elections.

Fortunately, as an island, we have the navigable option which is mainly useful for shipping our oils to Kinshasa, but also for sourcing all non-perishable, heavy or bulky goods such as fertilizers (2,000 tons per year), large spare parts for the oil mill and garage, fuel (100 to 150,000 litres per month) and lubricants.

The aspects of our “island” that probably weighs the most, especially for the (younger) single expatriates, is being stuck for five months in a row with almost no means of entertainment except a meal or drink from time to time with the other expatriates. It is not possible to spend a weekend in the city, because there is only one flight per week between Kinshasa (for those who enjoy a stay in Kinshasa) and Ilebo (or Mapangu) and for that you have to pay nearly 800 dollars for the plane, not to mention the cost of staying in Kinshasa (classified as the most expensive city in Africa and the third most expensive city in the world for expatriates).

So, paradoxically, despite being in the centre of a vast continent, living conditions are strangely similar to those we would imagine having on an island… Without the sea and the beach. However, the landscapes are superb and this isolation allows us to live independently while knowing that from time to time we have the opportunity to join “civilization” and to become aware and appreciate the differences of these worlds so far apart.

We look forward to hearing from you,

Marc & Marie-Claude

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Huile de palme – Pam oil

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Ceux qui nous connaissent savent que nous sommes plutôt de caractère écologique et certains se demandent pourquoi nous avons choisi de travailler dans l’huile de palme, produit qui fait l’objet de beaucoup de controverses et de contestations. Il semble donc judicieux de parler un peu plus de la raison même de notre présence ici et des aspects positifs et négatifs de notre activité.

Les plus grands reproches faits à l’huile de palme sont d’une part son soit-disant impact sur la déforestation dans les régions équatoriales et d’autre part la nature de l’huile qui serait nuisible à la santé. Les éléments de réponse que je vais détailler ci-dessous ne sont certainement pas complets et il ne faut pas oublier que notre situation ici au Kasaï est très différente d’autres régions du monde, où les conditions peuvent avoir un impact nettement différent sur l’environnement et les populations voisines, mais l’approche générale reste très similaire.

La plantation de pamiers à huile de Mapangu date du début du vingtième siècle et, lorsque celle-ci fut établie par les frères Lever, il est plus que probable que des forêts ont fait place à des plantations. Il faut toutefois souligner que les techniques culturales des populations locales étaient et sont encore toujours basées sur le brûlis, où la végétation naturelle (et donc forêt) est détruite par le feu pour permettre d’y planter des cultures vivrières (de nos jours principalement le maïs et manioc) pendant un ou deux ans avant d’être abandonnées pour une autre parcelle encore vierge. Lorsque la forêt est brûlée, même si les arbres sont initialements préservés parce qu’ils sont trop grands et difficiles à abattre ceux-ci finissent par mourir lorsqu’ils sont isolés et leurs troncs exposés aux rayons du soleil. Cette culture itinérante est malheureusement nécessaire parce que le sol est rapidement épuisé par manque d’apport d’engrais ou de matière organique et parce que lorsqu’il est exposé aux rayons du soleil il se dégrade très rapidement. Les terres qui ont été utilisées pour planter les palmiers à huile, même si en partie déboisées à l’origine, contrairement aux terrains des alentours qui ont été transformés en zones herbeuses, ont été continuellement couverts de palmiers depuis plus de 100 ans. Il est vrai que le palmier à huile est une monoculture, mais contrairement à la plupart des cultures oéagineuses annuelles, en-dessous des palmiers il y a une vie végétale et animale très diverse. Celle-ci n’est évidemment pas comparable à de la forêt vierge, mais la diversité biologique d’une palmeraie est néanmoins beaucoup plus riche que celle d’une culture annuelle voire même de la savane qui subsiste après les cultures sur brûlis répétées.

Qui plus est, le palmier étant une culture perenne, à l’exception des travaux d’entretien et de récolte ni le sol ni l’environnement ne sont fondamentalement perturbés pendant des périodes allant de 25 à 30 ans. Le palmier étant essentiellement dépendant d’insectes pour sa pollinisation, l’usage d’insectides dans une palmeraie est généralement exceptionnel, contrairement aux cultures annuelles qui sont fortement dépendantes de pesticides. Enfin le palmier produit 4-6 fois plus d’huile à l’hectare que les autres cultures oléagineuses, donc bannir le palmier reviendrait à faire exploser les superficies nécessaires pour produire les besoins d’huile avec d’autres plantes.

Au Congo, toute l’huile produite par les palmeraies du pays est absorbée par le marché local sous forme d’huile artisanale (huile rouge), huile raffinée, savons et autres détergents, cosmétiques, etc. En fait, des quantités significative d’huile doivent être importées pour satisfaire la demande des consommateurs congolais et quasi toute l’huile importée est… de l’huile de palme. Le Congo était historiquement exportateur d’huile, mais les aléas politiques et économiques ont fait que la production a fortement chuté, entre autres suite à l’abandon de plantations (près de 100.000 hectares d’anciennes plantations seraient ainsi non exploitées) et le déclin des infrastructures.

Certains des points forts du palmier à huile sont par exemple le fait qu’il produit de l’huile toute l’année (même si la productivité est saisonnière) et qu’il est fortement dépendant de main d’oeuvre et assure ainsi un revenu toute l’année à un nombre important de travailleurs. Outre le bénéfice direct de l’emploi, la présence d’une plantation de palmier à huile assure de fait toute une série de services (entretien des routes, écoles, hopitaux, approvisionnement en eau, électricité, etc.) qui seraient sinon absents dans la zone concernée. Le reproche que l’on pourrait éventuellement faire à une plantation comme la nôtre est de provoquer une forte croissance démographique en offrant une certaine sécurité économique qui, à son tour, provoque une forte pression sur l’environnement voisin pour satisfaire les besoins alimentaires et énergétiques (bois et/ou charbon de bois). Mais il est probable qu’en l’absence de la plantation cet impact sur l’environnement aurait été similaire, juste moins concentré.

N’étant pas un spécialiste de la nutrition, il m’est difficile de parler d’autorité sur les bienfaits ou méfaits de l’huile de palme sur la santé. L’huile de palme est un mélange d’huiles saturées et d’huiles non saturées et offrirait, de par ses caractéristiques plus onctueuses, un avantage dans les préparations culinaires car n’a pas besoin d’être hydrogénée comme c’est le cas pour d’autres huiles végétales. Ce qui importe, que ce soit pour l’huile de palme ou toute autre matière grasse, est d’en limiter sa consommation, ce qui n’est certainement pas un problème pour la majorité des congolais mais peut-être moins évident pour le consomateur moyen dans les pays développés où des matières grasses (souvent de l’huile de palme) sont incorporés dans quasi tous les produits alimentaires préparés.

Ceci dit, nous sommes conscients que beaucoup de choses pourraient être améliorées en diminuant par exemple notre dépendance des énérgies fossiles (principalement carburant pour les véhicules et générateurs) et réduire l’utilisation des engrais chimiques à la faveur de matière organique pour ne citer que les aspect les plus évidents. Nous travaillons également sur le recyclage des déchets, le traitement des eaux usées, la plantation de zones sensibles à l’érosion, lutte biologique, etc. mais c’est un travail de longue haleine pour lequel nous n’avons pas toujours les moyens nécessaires.

Le but de ce petit exposé n’était pas de vous faire consommer notre huile, puisqu’elle n’est pas disponible sauf si vous habitez au Congo, mais de donner un peu de lumière sur la réalité de notre activité face aux critiques des médias souvent mal informées.

Nous espérons très bientôt vous lire.

Amitiés,

Marc & Marie-Claude

Problèmes d’érosion – Erosion problems

Dalle de latrine en plastique recyclé – Latrine cover from recycled plastic

Maison de village – Village house

Plantation après 6 ans – Plantation after 6 years

Préparation de champs villageois – Village field preparation

Infrastructure routière – Road network

Notre huile au chargement – Our oil being loaded

Those who know us know that we are rather ecological in nature and some wonder why we have chosen to work in palm oil, a product that is the subject of much controversy and protest. It therefore seems appropriate to talk a little more about the very reason for our presence here and the positive and negative aspects of our activity.

The main criticisms of palm oil are on the one hand its so-called impact on deforestation in equatorial regions and on the other hand the nature of the oil which would be harmful to health. The answers I will detail below are certainly not complete and it should not be forgotten that our situation here in the Kasai province is very different from other parts of the world, where conditions can have a significantly different impact on the environment and neighbouring populations, but the general approach remains very similar.

Mapangu’s oil palm plantation dates back to the early twentieth century and, when it was established by the Lever brothers, it is more than likely that forests have been replaced by plantations. However, it should be stressed that the cultivation techniques of the local populations were and still are based on slashing and burning, where natural vegetation (and therefore forest) is destroyed by fire to allow food crops (nowadays mainly maize and casava) to be planted for one or two years before being abandoned for another virgin plot of land. When the forest is burned, even if the trees are initially preserved because they are too tall and difficult to cut down, they eventually die when they are isolated and their trunks exposed to the sun’s rays. Unfortunately, this shifting cultivation is necessary because the soil is quickly depleted due to a lack of fertilizer or organic matter and because when exposed to the sun’s rays it degrades very quickly. The land that was used to plant oil palm trees, even if it was originally partially deforested, unlike the surrounding land that was transformed into grassy areas, has been continuously covered with palm trees for more than 100 years. It is true that oil palm is a monoculture, but unlike most annual oilseeds, below the palm trees there is a very diverse plant and animal life. This is obviously not comparable to virgin forest, but the biological diversity of a palm grove is nevertheless much richer than that of an annual crop or even savannah, which remains after repeated slash-and-burn cultivation.

Moreover, palm is a perennial crop, except for maintenance and harvesting work, neither the soil nor the environment are fundamentally disturbed for periods of 25 to 30 years. As the palm tree is mainly dependent on insects for its pollination, the use of insectides in a palm grove is generally exceptional, unlike annual crops which are highly dependent on pesticides. Finally, palm produces 4-6 times more oil per hectare than other oilseed crops, so banning palm would be like exploding the areas needed to produce oil needs with other plants.

In Congo, all of the oil produced by the country’s palm groves is absorbed by the local market in the form of artisanal oil (red oil), refined oil, soaps and other detergents, cosmetics, etc. In fact, significant quantities of oil must be imported to satisfy Congolese consumer demand and almost all imported oil is… palm oil. Congo was historically an oil exporter, but political and economic uncertainties have led to a sharp drop in production, partly due to the abandonment of plantations (nearly 100,000 hectares of old plantations would thus remain unused) and the decline in infrastructure.

Some of the strong points of oil palm are, for example, that it produces oil all year round (even if productivity is seasonal) and that it is highly dependent on labour and thus provides a year-round income for a large number of workers. In addition to the direct benefit of employment, the presence of an oil palm plantation effectively provides a range of services (road maintenance, schools, hospitals, water supply, electricity, etc.) that would otherwise be absent in the area concerned. The possible criticism that could be made of a plantation such as ours is that it causes strong population growth by offering a certain economic security which, in turn, causes strong pressure on the neighbouring environment to satisfy food and energy needs (wood and/or charcoal). But it is likely that in the absence of the plantation this environmental impact would have been similar, just less concentrated.

Not being a nutrition specialist, it is difficult for me to talk with authority about the health benefits or harms of palm oil. Palm oil is a mixture of saturated and unsaturated oils and would offer, due to its smoother characteristics, an advantage in culinary preparations because it does not need to be hydrogenated as it is the case for other vegetable oils. What matters, whether for palm oil or any other fat, is to limit its consumption, which is certainly not a problem for the majority of Congolese but perhaps less obvious for the average consumer in developed countries where fat (often palm oil) is incorporated into almost all prepared food products.

That said, we are aware that many things could be improved by, for example, reducing our dependence on fossil fuels (mainly fuel for vehicles and generators) and reducing the use of chemical fertilizers through organic matter, to name only the most obvious aspects. We are also working on waste recycling, wastewater treatment, planting areas sensitive to erosion, biological control, etc., but this is a long-term task for which we do not always have the necessary resources.

The purpose of this short presentation was not to make you consume our oil, since it is not available unless you live in Congo, but to give you some insight into the reality of our activity in the face of criticism from the often misinformed media.

We look forward to hearing from you soon.

Best regards,

Marc & Marie-Claude

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Motivation

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Après quelques jours en Belgique (4 pour moi et un peu plus pour Marie-Claude, qui était partie un peu en avance), nous voici de retour à Mapangu où les choses sont calmes car il y a peu de production et tout le monde se prépare aux fêtes de fin d’année et aux élections. A notre arrivée à Mapangu, il y avait tout un comité de réception avec danses et youyous, mais qui ne nous était pas destiné car dans notre avion voyageait aussi une candidate députée qui vient mener sa campagne électorale. Parmi le comité d’accueil il y avait surtout des enfants, qui auraient dûs être à l’école… Mais tous les moyens sont bons pour gonfler les foules et donner une impression plus marquée de l’engouement de la population.

A la maison nous avons retrouvé tout en ordre sauf Makala qui dégageait une odeur pestilentielle, sans doute parce qu’elle a profité de notre absence et d’une surveillance plus “relâchée” pour aller se rouler dans quelque chose de peu recommandable. Nous avons donc décidé que le moment était venu de lui donner une “coupe maison” ( à laquelle je me suis attaqué) et ensuite un bon shampoing en espérant ainsi ne plus défaillir et/ou avoir les yeux qui piquent chaque fois qu’elle vient amoureusement se coucher près de nous. Griezel, notre chat, est par contre moyennement impressionnée car elle n’est pas complètement certaine que c’est le même chien qu’elle côtoie dans la maison.

Mais venons-en au sujet du jour, la “motivation”. Pour sa séance de coupe Makala sait qu’à la clef elle aura une petite récompense si elle est sage et calme, dans son cas un petit morceau de biltong ou viande séchée très fortement appréciée par notre canin. Quant à moi, un petit morceau de chocolat est juste ce qu’il faut. Une de nos préoccupation dans la gestion de nos travailleurs est d’arriver à ce que le travail soit bien fait et de préférence dans les temps. La tendance est souvent de sanctionner ceux qui ne font pas du bon boulot voire licencier ceux qui créent délibérément du tort comme détourner du carburant, casser leur matériel ou simplement s’absenter sans raison valable pour des périodes prolongées. Mais cette approche, même si nécessaire, crée un climat de répression qui n’est pas toujours le plus efficace et certainement pas le plus agréable, donc outre le bâton nous réfléchissions à des moyens que nous pouvons utiliser comme carotte.

Une fois par an nous offrons une récompense aux meilleurs travailleurs sous forme de bidons d’huile et/ou de promotions, mais un an c’est long et il est difficile de motiver quelqu’un, surtout ici, sur base d’une récompense potentielle en fin d’année. Pour pallier à cela, nous avons depuis peu introduit un système de distinction mensuelle pour les 60 meilleurs travailleurs dans toute la société sous forme d’une casquette au logo de Brabanta. Cela peut paraître peu de chose et ne motiverait peut-être pas l’employé moyen en Europe, mais ici ce n’est pas tant la valeur de la casquette que le statut qu’elle confère qui en fait une récompense très prisée et il suffit de voir ceux qui arborent fièrement leur couvre-chef pour comprendre que ce petit bout de tissu et de plastique est loin d’être anodin. Dans cette optique nous essayerons probablement d’alterner avec d’autres objets bien visibles comme des t-shirts, imperméables ou sacs pour ne pas trop diminuer la valeur symbolique de ceux-ci.

La motivation ne s’arrête pas à nos travailleurs car c’est le terme qui est également utilisé pour pudiquement parler des dessous de table qui sont sollicités par les “autorités” pour que nos dossiers ne restent pas au fond d’un tiroir ou soient traités favorablement. Ainsi un juge n’aura aucune honte à demander une “motivation” pour accepter de traiter un dossier voire simplement entendre un témoin pour lequel il n’a sinon pas de temps. Peu importe si on est dans son droit ou non, sans motivation rien ne se passe et plus l’on gravit les échelons d’autorité plus les “motivations” deviennent conséquentes allant de l’équivalent de quelques euro pour un subalterne à plusieurs dizaines de milliers d’euro quant il faut avoir l’attention d’un représentant du gouvernement.

Je dois avouer avoir développé une certaine aversion pour ce terme et que quand un collègue vient me parler d’affaires en cours avec les autorités locales, territoriales, provinciales ou même nationales, j’appréhende le moment ou sort l’aspect “motivation”. J’ai découvert que refuser de considérer une “motivation” peut avoir des conséquences indésirables si pas franchement désagréables, ainsi récemment le chef du parquet du territoire a menacé de faire arrêter un des expatriés pour un motif tout à fait futile et faux, la seule vraie raison étant que je n’avais pas accédé à sa demande de lui donner “quelque chose” lors de son passage à Mapangu (durant lequel il ne s’était pas privé de nous créer toutes sortes d’ennuis). Heureusement les ambitions de notre chef de parquet ont pu être réglées, non pas en “motivant” celui-ci mais en faisant appel à sa hiérarchie qui a évidemment demandé à être “motivée” elle aussi…

Nous avons rapporté nos propres motivations de Belgique, à savoir des réserves de bon chocolat, spéculoos et (pour ceux qui connaissent) des “müeslikoeken” de Mariman. Marie-Claude a même été chercher des pralines au CocoaTree, un endroit qui vaut sans conteste le détour car de loin les meilleurs pralines que nous ayons jamais goûté. Nous sommes donc parfaitement équipés pour nous motiver mutuellement avant, pendant et après les fêtes qui arrivent à grands pas.

Nous espérons très bientôt vous lire.

Salutations de la Toscane congolaise,

Marc & Marie-Claude

After a few days in Belgium (4 for me and a little longer for Marie-Claude, who had left a little earlier), here we are back in Mapangu where things are calm because there is little production and everyone is preparing for the end of year holidays and elections. When we arrived in Mapangu, there was a whole reception committee with dances and youyous, but it was not intended for us because on our plane there was also a candidate MP who is starting her campaign. Among the welcoming committee were mainly children, who should have been at school… but any means is good to inflate the crowds and give a more marked impression of the enthusiasm of the population.

At home we found everything in order except Makala which gave off a pestilential smell, probably because she took advantage of our absence and a more “relaxed” surveillance to go roll in something not very recommendable. So we decided that the time had come to give her a “homemade haircut” (which I tackled) and then a good shampoo in the hope that we would no longer faint and/or have itchy eyes every time she comes to sit lovingly near us. Griezel, our cat, is on the other hand, moderately impressed with the hair cut because she is not completely sure that it is the same dog she shares the house with.

But let’s come to the subject of the day, “motivation”. For her trimming session Makala knows that at the end she will have a small reward if she behaves and stays calm, in her case a small piece of biltong or dried meat, very much appreciated by our canine companion. As for me, a little piece of chocolate is just what it takes.

One of our concerns in managing our workers is to ensure that the work is well done and preferably on time. The tendency is often to punish those who do not do a good job or even dismiss those who deliberately create harm, such as diverting fuel, breaking equipment or simply taking time off for no good reason for extended periods. But this approach, even if necessary, creates a climate of repression that is not always the most effective and certainly not the most pleasant, so besides the stick we were thinking about ways we can use as a carrot.

Once a year we offer a reward to the best workers in the form of oil cans and/or promotions, but a year is a long time and it is difficult to motivate someone, especially here, on the basis of a potential reward at the end of the year. To compensate for this, we have recently introduced a monthly distinction system for the 60 best workers throughout the company in the form of a cap with the Brabanta logo. This may seem like a small thing and may not motivate the average employee in Europe, but here it is not so much the value of the cap as the status it confers that makes it a very prized reward and it is enough to see those who proudly wear their headwear to understand that this little piece of fabric and plastic is far from insignificant. In this perspective we will probably try to alternate with other clearly visible objects such as t-shirts, raincoats or bags so as not to diminish their symbolic value too much.

The motivation does not stop with our workers because it is the term that is also used to modestly talk about the bribes that are requested by the “authorities”, to ensure for example that our files do not remain at the bottom of a drawer or are treated favourably. Thus, a judge will have no shame in asking for a “motivation” to agree to handle a case or even simply to hear a witness for whom he or she otherwise has no time. Regardless of whether you are within your rights or not, without motivation nothing happens and the higher you move up the authority ladder, the more consequent the “motivations” becomes, ranging from the equivalent of a few euros for a subordinate to several tens of thousands of euros when you need to have the attention of a government representative.

I must admit that I have developed a certain aversion to this term and that when a colleague comes to talk to me about ongoing business with local, territorial, provincial or even national authorities, I apprehend the moment when the “motivation” aspect comes out. I have discovered that refusing to consider a “motivation” can have undesirable consequences if not frankly unpleasant, so recently the head of the territorial prosecutor’s office threatened to have one of the expatriates arrested for a completely futile and false motive, the only real reason being that I had not accepted his request to give him “something” during his visit to Mapangu (during which he had created all kinds of problems for us). Fortunately, the ambitions of our Chief Prosecutor could be resolved, not by “motivating” him but by appealing to his hierarchy, which obviously asked to be “motivated” as well…

We have brought our own motivations from Belgium, namely reserves of good chocolate, speculoos and (for those who know) Mariman’s “müeslikoeken”. Marie-Claude even went to the “CocoaTree” shop to get pralines, a place that is definitely worth a visit because by far the best chocolates we have ever tasted. We are therefore perfectly equipped to motivate each other before, during and after the holidays that are fast approaching.

We look forward to hearing from you soon.

Greetings from Congolese Tuscany,

Marc & Marie-Claude

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Sécurité – Security

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Dans la plantation, quand il est question de sécurité c’est plutôt de gardiennage qu’il s’agit car nous ne sommes pas dans une région où il n’est pas vraiment question d’insécurité, sauf bien entendu comme l’année dernière, quand des milices armées s’approchaient un peu trop de Mapangu. Mais cela est maintenant de l’histoire ancienne.

Il est vrai qu’ici tout le monde est armé… de machettes, y compris des petits enfants qui sont à peine plus grand que le couteau qu’ils manient, et quand celles-ci sont bien aiguisées cela peut représenter des armes redoutables. Les armes à feu sont très rares et généralement réservées à la police et l’armée, même si nous croisons occasionnellement un chasseur avec son poupou dans ou aux alentours de la plantation.

Nos agents de sécurité, nous en avons près de 230 qui travaillent dans la plantation, sont chargés de surveiller, contrôler les allées et venues (surtout au niveau de l’huilerie et des bureaux, et de protéger les biens de la société contre le vol. A la tête de notre département de sécurité nous avons un agent qui est aussi OPJ et qui a donc la compétence d’arrêter des personnes prises en flagrant délit de vol dans la plantation. Mais après c’est la justice congolaise qui prend le relais et la c’est plus une question de savoir qui paye et combien pour connaître la “vérité”.

Depuis peu, nous avons décidé d’élargir notre équipe d’agents de sécurité avec un groupe de femmes. Celles-ci ont suivi une formation de quelques semaines et sont postées aux barrières, bureaux, magasins et autres endroits où les entrées et sorties doivent être consignées. Depuis quelques semaines j’ai l’impression d’être un peu comme Kadhafi car les deux agents de sécurité qui ont été affectés à mon bureau sont des femmes, qui ne payent as de mine mais filtrent très efficacement les visiteurs et enregistrent scrupuleusement mes allées et venues du bureau…

A chaque lieu de passage les allées et venues de toute personne ou véhicule est consignée dans un registre, ainsi que la charge éventuellement contenue dans le véhicule ou portée par la personne. Donc pas possible pour moi d’aller faire un tour au bureau, à l’huilerie ou au garage sans que mon nom et l’heure à laquelle je suis entré ou sorti ne soit inscrit.. De même quand quelqu’un sort du magasin, du garage ou du périmètre de l’huilerie, qui sont entièrement clôturés avec un seul accès gardé en permanence, avec quelque chose (morceau de bois, pièce de rechange, bidon d’huile, etc.) cette sortie doit être consignée et autorisée. Je ne vous dis pas le nombre de bons que nous devons signer pour, parfois, autoriser la sortie d’un objet qui vaut moins que le papier et l’encre utilisé pour l’inscrire.

A certains postes clefs, comme la caisse, l’huilerie ou le parc à véhicules, nos agents de sécurité sont secondés par des policiers qui sont eux équipés d’une arme à feu (généralement une vieux fusil automatique qui ne fonctionne peut-être même pas). Au moment de la paie nous faisons également venir une équipe de policiers d’Ilebo pour quelques jours, ils ne sont pas nécessairement beaucoup plus vaillants que les policiers de la place mais ont l’avantage de ne pas être issus du village local et donc théoriquement moins susceptibles de plaider la cause de leurs frères plutôt que de défendre les biens de la société.

Les vols ici concernent principalement le carburant (essence et gasoil) qui sont siphonnés dans les réservoirs de véhicules pour ensuite être revendus sur le marché local, et les fruits des palmiers qui sont eux utilisés pour fabriquer de l’huile artisanale qui elle aussi est vendue sur les marchés locaux. Pour le carburant nous essayons de nous protéger en le colorant et ainsi pouvoir le distinguer du carburant légitime qui circule dans les parages, mais malgré cela il y a un trafique énorme avec des centaines de litres de carburant coloré qui sont saisis tous les jours et que la justice libère “faute de preuves” car nous ne prenons pas nécessairement les voleurs sur le fait… à moins de payer quelque chose au procureur pour le “motiver”. Pour les fruits de palmier, la meilleure parade est d’évacuer la récolte dès qu’elle a été coupée, car une fois livrée à l’huilerie il est très difficile de ressortir ceux-ci du périmètre gardé. Malgré cela nos équipes de gardiens trouvent parfois des caches de plusieurs tonnes de régimes ou de fruits en attente de la nuit pour être amenés vers des “malaxeurs” (nom donné aux unités d’extraction d’huile artisanales).

A la maison nous avons aussi toute une équipe de gardiens, mais les plus efficaces sont sans aucun doute les chiens, Makala chez nous et Django (un Rhodesian Ridgeback assez impressionnant) chez un des agronomes qui habite près de chez nous. La nuit (et une bonne partie de la journée) les gardiens sont installés sur des paillasses de fortune ou fauteuils et dorment…

Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles.

Meilleures salutations,

Marc & Marie-Claude

Lever du jour – Early morning

Appel – Muster

Equipes de sécurité – Security team

In the plantation, when it comes to security, it is more a question of guarding because we are not in a region where there is any real insecurity, except of course as was the case last year, when armed militias were approaching Mapangu a little too close. But that is now history.

It is true that everyone here is armed… with machetes, including small children who are barely bigger than the knife they handle, and when they are properly sharpened these can be mighty weapons. Firearms are very rare here and generally reserved for the police and army, although we occasionally meet a hunter with his “poupou” (a gun made from a pièce of metal plumbing pipe) in or around the plantation.

Our security guards, we have nearly 230 of them working in the plantation, are responsible for monitoring and controlling the comings and goings (especially in the oil mill and offices), and protecting the company’s property against theft. At the head of our security department we have an agent who is also an sworn police officer and who therefore has the competence to arrest people caught stealing from the plantation. But from then on it is the Congolese justice system that takes over and then becomes a question of who pays and how much to know the “truth”.

Recently, we decided to expand our team of security guards with a group of women. They have been trained for a few weeks and are posted at gates, offices, stores and other places where entrances and exits must be recorded. For a few weeks now I feel like Gaddafi because the two security guards who have been assigned to my office are women, who do not appera very impressive but filter visitors very efficiently and scrupulously record my comings and goings from the office…

At each place of passage, the comings and goings of any person or vehicle is recorded in a register, as well as any load contained in the vehicle or carried by the person. So it is not possible for me to go to the office, the oil mill or the garage without my name and the time I entered or left being recorded… Similarly, when someone leaves the store, garage or perimeter of the oil mill, which are completely enclosed with only one permanently guarded access, with something (piece of wood, spare part, oil can, etc.) this exit must be recorded and authorized. I will spare you from the crazy number of BLs we have to sign to, sometimes, authorize the release of an object that is worth less than the paper and ink used to write it.

At certain key positions, such as the cash register, oil mill or vehicle fleet, our security guards are reinforced by police officers who are equipped with a firearm (usually an old automatic rifle that may not even work). At the time of payment we also bring a team of police officers from Ilebo for a few days, they are not necessarily much braver than the local police officers but have the advantage of not being from the local village and therefore theoretically less likely to plead their brothers’ case rather than defend the company’s property.

Thefts here mainly concern fuel (petrol and diesel) which is siphoned from vehicle tanks and then sold on the local market, and palm fruits which are used to make artisanal oil which is also sold on local markets. For fuel we try to protect ourselves by colouring it and thus be able to distinguish it from the legitimate fuel that circulates in the area, but despite that there is a huge traffic with hundreds of litres of coloured fuel being seized every day and subsequently released “for lack of evidence” by the judge because we do not necessarily catch thieves in the act… unless we pay something to the prosecutor to “motivate” him. For palm fruits, the best way to avoid this is to evacuate the crop as soon as it has been cut, because once it has been delivered to the oil mill it is very difficult to remove them from the guarded perimeter. Despite this, our teams of guards sometimes find caches of several tons of diets or fruits waiting overnight to be taken to local mills

At home we also have a whole team of guards, but the most efficient are undoubtedly the dogs, Makala in our house and Django (a rather impressive Rhodesian Ridgeback) in one of the agronomists who lives near us. At night (and a good part of the day) the guards are installed on makeshift benches or armchairs and sleep…

We look forward to hearing from you soon.

Best regards,

Marc & Marie-Claude

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Mondanités – Socialising

Nouvelles non publiées du 19 août – Forgotton posting of 19 August

English version below

A l’occasion de visites, surtout quand il s’agit de visiteurs qui viennent du siège du groupe à Fribourg, il est nécessaire d’organiser les choses de manière à ce que tout le monde puisse rencontrer et parler avec les visiteurs. Outres des discussions en tête à tête, c’est l’occasion de rassembler les troupes pour un repas, un verre ou une réunion un peu plus formelle et c’est ce qui se passe depuis vendredi soir,jusqu’à présent,chez nous, sachant qu’en parallèle nous sommes en pointe de production et que tout (doit) tourne(r) 24h sur 24h pour perdre le moins possible de la récolte.

Nos visiteurs du moment sont le directeur agronomique palmier et la responsable des ressources humaines, qui sont ici pour une semaine pour faire le point sur l’état actuel et futur de la plantation d’un point de vue technique, financier et humain. Dès leur arrivée nous avons organisé une petite réunion avec l’équipe agronomique pour confirmer le programme de la semaine. Hier (samedi) nous avons eu une première soirée avec l’équipe agro expat et locaux avec pleins de petits trucs “faits maison” et qui s’est terminée à une heure tout à fait indécente, mais heureusement ce matin nous pouvions faire la grâce matinée (nous sommes restés au lit jusqu’à au moins 7 heures).

Aujourd’hui déjeuner à la cathédrale avec tous les expatriés, poulet yassa, riz, salade maison, quatre quart amélioré, café, bla bla bla… suivi de jeux de pétanque et après-midi relax. Nous avons d’ailleurs découvert que que notre collègue malgache et ses enfants sont de loin les plus compétents au jeu de boules, même lorsque notre seul collègue français a essayé de montrer ses capacités dans ce sport de précision. Cela nous a principalement permis de passer une après-midi conviviale et de parler d’autres choses que travail et problèmes logistiques.

Les reste de la semaine (jusque jeudi) continuera d’être un mélange de séances de travail, visites au champs et usines et rencontres sociales nous laissant moins de temps que d’habitude pour se relaxer à la maison après le travail et ne me permettant probablement pas de faire beaucoup de vélo cette semaine.

C’est la première visite à Mapangu pour notre responsable des ressources humaines, à qui on a vanté les splendides paysages de la plantation mais qui, comme notre neveu qui était ici en stage à la même période l’année dernière, devra probablement se contenter de vues brumeuses ne laissant que deviner ce qui pourrait y avoir comme décor au-delà de quelques centaines de mètres (visibilité que nous avons actuellement pendant la plus grande partie de la journée). Donc, pas de vues spectaculaires de la vallée du Kasaï ou des terrasses derrière la maison et peu de soleil pendant la journée. Par contre, grâce à cela il fait plutôt frais et même,agréable, y compris en milieu de journée.

Du fait de toutes ces activités, dont la plupart se passent à la Cathédrale, nous n’avons pas trop de temps pour vous relater plus longuement les événements de ces jours, mais sachez que nous allons bien et que nous apprécions beaucoup vos messages.

A très bientôt,

Marc & Marie-Claude

 

During visits, especially when visitors come from the group’s headquarters in Fribourg, it is necessary to organise things in such a way that everyone can meet and talk with the visitors. Besides the face-to-face discussions, this is the opportunity to gather the troops for a meal, a drink or a more formal meeting and this is what has been happening since Friday evening, most of these at home, knowing that in parallel we are in peak production and that everything (must) run 24 hours a day in order to lose as little of the harvest as possible.

Our current visitors are the agronomic director for oil palm and the human resources manager, who are here for a week to review the current and future state of the plantation from a technical, financial and human point of view. As soon as they arrived we organised a small meeting with the agronomic team to confirm the week’s programme. Yesterday (Saturday) we had a first evening with the expat and local agro team with lots of little “homemade” stuff and which ended at a quite indecent hour, but fortunately this morning we were able to have a lie-in (we stayed in bed until at least 7am).

Today lunch at the Cathedral with all expatriates, yassa chicken, rice, house salad, improved cake, coffee, blah blah blah… followed by petanque games and a relaxed afternoon. We have discovered that our Malagasy colleague and his children are by far the most competent at this ball game, even when our (only) French colleague tried to show his skills in this precision sport. This mainly allowed us to spend a friendly afternoon and talk about other things than work and logistical problems.

The rest of the week (until Thursday) will continue to be a mix of work sessions, field and mill visits and social gatherings, leaving us less time than usual to relax at home after work and probably not allowing me to bike much this week.

This is the first visit to Mapangu for our human resources manager, to whom we praised the splendid landscapes of the plantation but who, like our nephew who was here on training at the same time last year, will probably have to be content with foggy views that let only guess what could be the scenery beyond a few hundred meters (visibility that we currently have for most of the day). So, no spectacular views of the Kasai valley or the terraces behind the house and little sun during the day. On the other hand, thanks to that it is rather cool and pleasant, including in the middle of the day.

Because of all these activities, most of which take place at the Cathedral, we do not have too much time to tell you more about the events of these days, but know that we are well and we appreciate your messages very much.

See you very soon,

Marc & Marie-Claude

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Protéines – Proteins

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Il y a quelques jours nous avons reçu une demande d’aide pour transporter des cartons de nourriture arrivés par barge et destinés à lutter contre la malnutrition des enfants. Un don de l’Allemagne, si j’ai bien compris, en réponse aux informations qui sont diffusées dans les médias internationales concernant la situation critique de la population en RDC et dans la province du Kasaï en particulier. Ces informations nous laissent un peu perplexe car dans notre région je n’ai pas encore vu un seul enfant souffrant visiblement de malnutrition et nous savons à quoi cela ressemble pour avoir côtoyé ce fléau pendant des années en Haïti. La province du Kasaï est très grande (environ trois fois la taille de la Belgique), sans routes dignes de ce nom et comme nous nous trouvons dans l’extrême nord de la province il n’est pas impossible que dans le sud, près de la frontière angolaise, la situation soit fort différente. Mais dans ce cas il y a lieu de se demander pourquoi les deux tonnes de compléments alimentaires sont débarqués à Mapangu, même si cela fera sans aucun doute beaucoup de bien aux enfants de la région (s’ils en reçoivent une partie).

Dire que nous ne voyons pas de malnutrition ne veut pas dire que l’alimentation de la population locale est bonne et équilibrée, loin de là. L’alimentation de base consiste en pâtées de maïs ou de manioc, parfois complémentée avec des épices (oignons) ou concentré de tomates et exceptionnellement agrémenté d’un peu de viande ou de poisson boucané (séché au feu et qui a plus le goût de fumée qu’autre chose, donc peu importe donc s’il s’agit de poisson, “viande” ou autre chose). Il n’est pas nécessaire d’expliquer que dans le maïs et le manioc on est loin de trouver tous les éléments nutritifs nécessaires au développement équilibré du corps humain, ce qui fait qu’une fois sevrés le développement des enfants est souvent freiné principalement par un manque de protéines.

Traditionnellement les protéines étaient obtenues par la chasse et la pêche et ce qui sauve sans nul doute la population locale est la présence de la rivière Kasaï dont les poissons n’ont heureusement pas encore tout à fait disparus (probablement parce que les techniques de pêche sont fort rudimentaires). La faune terrestre quant à elle a été totalement décimée à l’exception des petits rongeurs qui font maintenant les frais de la “chasse” qui est réalisée en mettant le feu à la brousse. Rien n’échappe aux besoins de nourriture de la population locale, ainsi même les petits oiseaux mouches qui viennent butiner les fleurs autour de la Cathédrale sont des proies potentielles pour les catapultes de nos gardiens si nous ne les arrêtons pas.

Les autres proies et sources de protéines très prisées, en partie parce qu’elles sont plus faciles à attraper, sont les larves et les insectes. Pour cela le palmier et en particulier les palmiers malades que nous sommes obligés d’extirper sont une source providentielle de larves de divers gros coléoptères fort prisés, même par certains expatriés. Grillés ils sont comparables à des lardons mais, même si pas mauvais de goût, je ne suis pas un grand fan de ce genre de mets. Nous soutenons toutefois un projet “Farms for Orphans” (farmsfororphans.org) en leur fournissant des morceaux de stipes (troncs) de palmiers qui servent de base alimentaire pour l’élevage de larves dans des orphelinats dans les environs de Kinshasa. Les pensionnaires des orphelinats y élèvent des larves dans des bacs pour avoir une base de protéines alimentaires et, si le projet se développe avec succès, pourrait même devenir une source de revenus pour les orphelinats.

Les carences alimentaires et surtout le manque de protéines dans l’alimentation des enfants n’a peut-être pas d’effet très visible sur le développement physique de ceux-ci, mais il est fort probable que les conséquences pour le développement intellectuel de la jeunesse ne soient pas positives. Ajouter à cela le fait que les écoles du coin sont tout sauf performantes explique probablement le fait que nous avons énormément de difficultés à trouver des travailleurs qui soient en mesure d’apprendre à maîtriser des tâches un peu plus spécialisées. Heureusement il y a parfois des miracles, ainsi nous avons un jeune garçon qui est sorti de l’école de la mission il y a quelques années et qui est maintenant responsable du laboratoire de l’huilerie avec des compétences impressionnantes, même au dire des visiteurs étrangers spécialisés en la matière.

Pour le moment la région se trouve dans une sorte de cercle vicieux car suite aux carences alimentaires la population, et les jeunes enfants en particulier, est très sensibles aux maladies et à la malaria. La mortalité infantile en particulier est très élevée et pour compenser cela, la famille moyenne compte généralement 6-7 enfants vivants par femme (ici la polygamie est monnaie courante), sur base d’une dizaine de naissances. En conséquence, il est d’autant plus difficile de nourrir correctement une telle progéniture, qui donc passe à côté d’un développement optimal et la boucle est bouclée…

Ce manque de sources de protéines est d’autant plus paradoxal que la plantation est entourée de savanes (nous estimons les superficies à environ 9.000 hectares) où il n’y a absolument aucune activité agro-pastorale, ni culture de quelque sorte que ce soit, ni élevage, juste des feux de brousse de temps en temps pour attraper les petits rongeurs et oiseaux qui arrivent à y survivre. Les solutions potentielles sont donc bien présentes et réalisables car en saison des pluies les haricots y poussent très bien (nous avons fait un champ expérimental) et il ne manque pas de points d’eau dans le fond des vallées pour abreuver des animaux en cas d’élevage. La raison pourrait se trouver dans des incessantes disputes territoriales entre les différents villages qui fait que les terres sont laissées à l’abandon et vides… pour le moment.

Nous espérons comme d’habitude avoir de vos nouvelles à vous aussi.

A bientôt,

Marc & Marie-Claude

Appel – Muster

Kasaï

Départ pour Kinshasa – Departure for Kinshasa

A few days ago we received a request for help to transport boxes of food arrived by barge to fight child malnutrition. A donation from Germany, if I understood correctly, in response to information in the international media about the critical situation of the population in the DRC and Kasai province in particular. This information leaves us a little confused because in our region I have not yet seen a single child visibly malnourished and we know what it looks like as we have been exposed to this scourge for years in Haiti. The province of Kasaï is very large (about three times the size of Belgium), without roads worthy of the name and as we are in the far north of the province it is not impossible that in the south, near the Angolan border, the situation is very different. But in this case, it is worth asking why the two tons of food supplements are landed in Mapangu, even if it will undoubtedly do a lot of good for the children in the region (provided they benefit from at least part of the shipment).

To say that we do not see malnutrition does not mean that the food supply of the local population is good and balanced, far from it. The basic diet consists of corn or manioc pâté, sometimes supplemented with spices (onions) or tomato paste and exceptionally supplemented with a little smoked meat or fish (dried by fire and which tastes more smoky than anything else, so it doesn’t matter if it’s fish, “meat” or something else). It is not necessary to explain that maize and cassava do not contain all the nutrients necessary for the balanced development of the human body, as a consequence, once weaned a child’s development is often impaired by a lack of protein.

Traditionally, proteins were obtained by hunting and fishing and what undoubtedly saves the local population is the presence of the Kasai River, whose fish have fortunately not yet completely disappeared (probably because fishing techniques are very rudimentary). The terrestrial fauna has been totally decimated, with the exception of small rodents, which now bear the brunt of the “hunting” that is carried out by setting fire to the bush. Nothing escapes the food needs of the local population, so even the small humming birds that come to eat from the flowers around the Cathedral are potential prey for our watchmen’s catapults if we do not stop them.

Other highly prized prey and protein sources, in part because they are easier to catch, are larvae and insects. For this reason, the palm tree and in particular the sick palm trees that we are forced to pull out are a providential source of larvae of various large beetles that are highly prized, even by some expatriates. Grilled they are comparable to bacon but, even if not bad in taste, I am not a big fan of this kind of food. However, we support a “Farms for Orphans” project (farmsfororphans.org) by providing them with chunks of palm tissue (trunks) as a base for larvae breeding in orphanages near Kinshasa. Residents of the orphanages raise larvae in bins to consume as protein source and, if the project develops successfully, could even become a source of income for the orphanages.

Dietary deficiencies and especially the lack of protein in children’s diets may not have a very visible effect on their physical development, but it is most likely that the consequences for the intellectual development of youngsters are unfavourable. Add to this the fact that the local schools are anything but efficient, and we have an explaination why we experience difficulties in finding workers who can learn to master more specialized tasks. Fortunately, there are sometimes miracles, so we have a young boy who completed his local schooling a few years ago and is now in charge of the oil mill laboratory with impressive skills, even according to foreign visitors who specialize in this field.

At the moment our region is in a kind of vicious circle because as a result of dietary defficiencies the population, especially young children, are very vulnerable to diseases and malaria in particular. Infant mortality in particular is very high and to compensate for this, the average family generally has 6-7 living children per woman (here polygamy is common), based on about ten births. As a result, it is all the more difficult to properly feed such a progeny, which therefore misses optimal development and the loop is closed…

The lack of protein sources is all the more paradoxical as the plantation is surrounded by savannah (we estimate the area at about 9,000 hectares) where there is absolutely no agro-pastoral activity, no cultivation of any kind, no livestock, just bush fires from time to time to catch the small rodents and birds that manage to survive there. The potential solutions are therefore very real and feasible because in the rainy season the beans grow very well (we have made an experimental field) and there is no lack of water points at the bottom of the valleys to water animals in case of breeding. The reason could be found in incessant territorial disputes between the different villages, which means that the land is abandoned and empty… for the time being.

As usual, we hope to hear from you as well.

See you soon,

Marc & Marie-Claude

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Animaux – Animals

See below for English version

Dans notre contrée en particulier et dans le pays en général la faune sauvage a été très sérieusement éliminée et la vue d’un animal sauvage devient rare pour ne pas dire exceptionnelle. Il paraît que dans la grande forêt du Mai Ndombe, province qui se trouve de l’autre côté du Kasaï vers le nord du pays, il y a encore un bon nombre de singes, petites antilopes et autres animaux vivant dans les zones arboricoles, mais le Kasaï représente une barrière difficilement franchissable pour ces animaux qui ne se voient plus de notre côtéde la rivière.

Et pourtant, il y a quelques jours en revenant de notre pépinière peu après le lever du soleil dans la savane je suis tombé sur une meute de six jeunes coyotes qui avaient l’air d’être en bonne santé, donc qui trouvent de quoi se nourrir dans cette savane qui nous paraît dépourvue de toute vie. Evidemment dans les hautes herbes il est difficile d’apercevoir les souris, rats et autres petits rongeurs qui constituent probablement une part important de la diète de ces canidés. A défaut de zèbres, buffles, antilopes et autres animaux sauvages que l’on imagine tout à fait déambuler dans les vastes zones de savane qui nous entourent, on pourrait au moins s’attendre à voir des troupeaux de vaches et de boeufs, mais ici il n’y a absolument rien et je ne saurais dire pourquoi.

En aval de Mapangu, il y aurait, paraît-il, encore quelques hippopotames qui hantent le Kasaï et, peu de temps avant notre arrivée à Mapangu il y a un peu moins de trois ans, un groupe de touristes (nous ignorions que des touristes pouvaient venir jusqu’ici) auraient eu leur pirogue renversée pour s’être approché trop près de ces mastodontes des rivières. Certains disent que parfois les hippos remontent jusque Mapangu et sur d’anciennes cartes coloniales que j’ai retrouvées notre zone figure comme étant une réserve d’hippopotames, mais nous ne les avons encore jamais vu.

Les animaux sauvages qui défilent encore régulièrement sur la route traversant Mapangu sont les singes, malheureusement pas souvent encore vivants, car ils sont fort appréciés dans la tambouille même s’il est reconnu que ces singes sont probablement à l’origine des épidémies d’Ebola qui émergent régulièrement dans le pays.

A ce propos, ouvrons une petite parenthèse. Toutes les semaines, en plantation le directeur agronomique organise une “minute” HSE (Health, Safety & Environment) durant lesquelles un sujet ayant trait à la santé, la sécurité ou l’environnement est abordé avec les travailleurs pour leur meilleure compréhension des mesures de précautions prises dans la plantation. Un des récents sujets était justement la maladie Ebola et la veille tous les responsables s’étaient réunis pour recevoir une petite présentation sur le sujet afin de s’assurer qu’ils maîtrisent celui-ci lors de la communication aux travailleurs à l’occasion de l’appel. Lors de cette présentation, l’origine “sauvage” de la maladie a été évoquée et, entre autres, il a été observé que des chauves-souris pourraient également être un vecteur de la maladie et qu’il fallait donc éviter de les manger (ici tout se mange) mais aussi de faire attention aux fruits (comme les mangues) qui auraient été grignotées par ces animaux. Lors de la communication à l’appel, le lendemain matin, j’ai entendu le chef de section expliquer à ses travailleurs qu’il fallait éviter de manger des mangues car elles pouvaient être une source de la maladie Ebola, oubliant de mentionner que les vecteurs principaux étaient des animaux. Ici il n’y a pas beaucoup de mangues, mais je ne serais pas étonné si beaucoup de travailleurs éviterons à l’avenir de manger de ces fruits de peur de contracter l’Ebola.

Les seuls animaux sauvages encore relativement fréquents dans nos contrées sont les calaos et les perroquets gris. Les perroquets gris sont très prisés et partent en grand nombre vers Kinshasa pour être vendus sur les marchés, mais heureusement nous les entendons presque tous les jours dans la plantation, donc ils ne sont pas encore tout à fait décimés.

Alors que c’est tout à fait contraire à nos principes, comme vous le savez nous avons hérité d’un perroquet gris qui avait été acheté par un de nos collègues et qu’il n’a pas pu emporter avec lui lors de son départ de plantation. Ce perroquet, dénommé Théo, semble être fort heureux de son nouveau foyer et est très bavard. Un de ces premiers exploits a été d’appeler le gardien, que j’ai vu arriver au grand galop avant de réaliser que ce n’était pas nous mais Théo qui l’avait hélé. Depuis Théo a fortement agrandi son vocabulaire et ses imitations de bruits, il dit “bonjour Théo”, “Crakoucas” (c’est Marie-Claude qui lui a appris cela), il imite à la perfection le miaulement du chat et le grincement de la porte de la cuisine, il a un rire très convaincant et mis à part toute une série de monologues que nous ne comprenons pas toujours dispose d’un impressionnant répertoire de sifflements et imitation de bruits divers. Bref, nous n’avons pas besoin de radio pour nous divertir pendant nos repas qui sont abondamment commentés et sonorisés par notre ami Théo. Théo vient volontiers manger certaines délicatesses que nous lui présentons à la main, mais préfère sinon rester sagement dans sa vaste cage, même quand la porte reste ouverte. Il faut dire qu’il a repéré qu’un félin hante les parages et estime peut-être plus prudent de garder une barrière de grillage entre lui et ce prédateur potentiel.

Voilà, comme d’habitude nous espérons recevoir de vos nouvelles.

Marc & Marie-Claude

Encore notre vue – More of our view

Entrainement à Kinshasa – Training in Kinshasa

In our region in particular and in the country in general, wildlife has been very seriously hunted down and the sight of a wild animal is becoming rare if not exceptional. It seems that in the large forest of Mai Ndombe, a province on the other side of the Kasai towards the north of the country, there are still a good number of monkeys, small antelopes and other animals living in the less populated areas, but the Kasai river represents a barrier that is difficult to cross for these animals, who have all but disappeared from our side of the river.

And yet, a few days ago, coming back from our nursery shortly after sunrise in the savannah, I came across a pack of six young coyotes who seemed to be in good health, which means they can find enough food in this savannah that appears to be devoid of all life to the passer by. Obviously in the tall grass it is difficult to see mice, rats and other small rodents which are probably an important part of the diet of these canines. Despite the absence of zebras, buffaloes, antelopes and other wild animals that one could imagine living in the vast savannah areas that are surrounding us, we could at least expect to see herds of cows and oxen, but here there is absolutely nothing and I can’t say why.

Downstream from Mapangu, it seems that there are still a few hippos haunting the Kasai river and, shortly before our arrival in Mapangu a little less than three years ago, it is reported that a group of tourists (we did not know that tourists could come this far) had their canoe attacked by hippos for coming too close to these river mastodons. Some say that sometimes hippos come upriver as far as Mapangu and on old colonial maps that I found, our area is shown as a hippopotamus reserve, but we have never seen them here yet.

The wild animals that still regularly come along the road through Mapangu are monkeys, unfortunately not often still alive, because they are highly appreciated in the cooking pot even though it is known that these monkeys are probably at the origin of the Ebola epidemics that regularly emerge in the country.

On this subject, let’s take a short break. Every week, in the plantation, the agronomic director organizes a HSE (Health, Safety & Environment) minute, a short presentation during which a subject related to health, safety or the environment is discussed with the workers for their better understanding of the precautionary measures taken in the plantation. One of the recent topics was precisely Ebola disease and the previous day all the managers had gathered to receive a short presentation on the subject to make sure that they mastered the main issues when talking about Ebola during the muster call. During this presentation, the “wild” origin of the disease was mentioned, among other things, it was observed that bats could also be a vector of the disease and that it was therefore necessary to avoid eating them (here everything is eaten) but also to pay attention to the fruits (such as mangos) that would have been nibbled on by these animals. During the muster presentation, the next morning, I heard the section chief explain to his workers that they should avoid eating mangoes because they could be a source of Ebola disease, forgetting to mention that the main vectors were animals. There are not many mangoes here, but I would not be surprised if many workers will avoid eating the few fruits available in the future for fear of contracting Ebola.

The only wild animals still relatively common in our region are hornbills and grey parrots. Grey parrots are very popular and get shipped in large numbers to Kinshasa where they are sold on the local markets, but fortunately we hear them almost every day in the plantation, so they are not yet completely decimated.

While this is completely contrary to our principles, as you know, we inherited a grey parrot that was bought by one of our colleagues and that he was unable to take with him when he left the plantation. This parrot, named Theo, seems to be very happy with his new home and is very talkative. One of his first first exploits was to call the security guard, whom I saw coming at a full gallop before realizing that it wasn’t us but Theo who had been hailing him. Since then Theo has greatly expanded his vocabulary and noise imitations, he says “hello Theo”, “Crakoucas” (it was Marie-Claude who taught him that), he imitates perfectly the cat’s meowing and the creaking of the kitchen door, he has a very convincing laugh and apart from a whole series of monologues that we do not always understand has an impressive repertoire of whistles and imitation of various sounds. In short, we don’t need radio to entertain us during our meals, which are extensively commented and entertained by our friend Theo. Theo likes to come and eat some of the delicacies we present to him by hand, but otherwise prefers to stay quietly in his vast cage, even when the door remains open. It must be said that he has noticed that a feline is haunting the area and may consider it more prudent to keep a fence between him and this potential predator.

That’s it, as usual we look forward to hearing from you.

Marc & Marie-Claude

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Eau – Water

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L’eau ne manque pas ici, surtout en pleine saison des pluies où elle arrive en trombes, y compris dans la maison quand le vent la pousse entre les plaques du toit, en-dessous de la porte de notre chambre ou encore à travers les moustiquaires des fenêtres malencontreusement laissées ouvertes. Imaginez ce que cela doit être dans les maisons traditionnelles construites en pisé et en paille avec un sol en terre battue où les fortes pluies s’infiltrent de tous les côtés tandis qu’une dizaine de personnes vivent et dorment dans un espace qui fait moins de 15m². Les orages sont souvent accompagnés de fortes rafales de vent qui, régulièrement, emportent des toitures et autres objets qui ne sont pas bien arrimés. Ainsi un lit en bambou qui se trouvait sur notre terrasse s’est retrouvé accroché à la gouttière quelques mètres plus bas, le réservoir d’eau de notre “cercle” (qui fait quand même 1m³) s’est retrouvé sur le toit du bâtiment voisin et ne parlons pas des seaux et autres bassines oubliés à l’extérieur.

De plus, il y a les milliers de mètres cubes d’eau qui passent tous les jours dans le Kasaï dans la vallée devant la maison (y compris pendant la saison sèche) ainsi que dans les nombreux affluents qui traversent la plantation. Certes c’est une eau un peu plus… boueuse mais qui est disponible à tout moment et c’est cette eau là que nous utilisons pour notre huilerie.

Concernant ce dernier point, ouvrons une petite parenthèse : pour traiter nos régimes de palme nous avons besoin de vapeur et pour cela il nous faut de l’eau, propre de préférence, que nous prenons dans le Kasaï à défaut d’eau fournie par la “REGIDESO” (eh oui, c’est e vrai nom du service des eaux congolais, mais qui est absente à Mapangu) ou un forage (que nous n’avons pas). Evidemment cela nécessite toute une installation de traitement pour éliminer les impuretés, corriger l’acidité, etc. avec toutes sortes de produits floculants, clarifiants, etc. Bref, le pompage de l’eau lui-même représente peu de choses comparé à toute l’installation de traitement d’eau qu’il y a derrière avec sa multitude de pompes doseuses, mélangeurs, filtres et autres dispositifs dont je ne comprends pas toujours bien le fonctionnement. L’état n’est pas indifférent à notre installation, non pas pour nous aider éventuellement à étendre son utilisation vers la population voisine mais pour nous taxer. Le responsable du département des ressources hydriques vient donc régulièrement nous brandir un texte de loi disant que tous les “producteurs d’eau minérale, thermale et naturelle” doivent payer une redevance équivalente à 40% du coût de l’eau fourni par la REGIDESO dans notre localité. Dans notre cas, comme il n’y a pas de service d’eau municipal, le tarif a été fixé au modeste taux de 2,5 USD/m³ partant du principe que l’eau du Kasaï est naturelle et comme nous la pompons nous sommes assimilés à un producteur d’eau naturelle (c’est évident non?).

Je vous laisse faire le calcul, mais c’est cher payé pour de l’eau que nous devons pomper, traiter et ensuite rejeter dans la rivière. Vous devez certainement vous poser la question, “pourquoi ne pas utiliser un forage ?” La réponse est simplement que, outre le fait que la réalisation d’un forage ici est très couteux, nous serions encore toujours considéré comme un producteur d’eau “naturelle” et donc rien ne changerait…

Pour leur approvisionnement en eau, sauf quand il pleut et qu’il est possible de récolter de l’eau qui ruisselle des toitures (de préférence en tôles), les villageois vont puiser leur eau dans les rivières ou quelques rares “sources” qui sont généralement plus des points d’eau creusés dans le sable en bordure de rivière et qui permet de puiser une eau un peu plus claire car filtrée par le sable. Comme beaucoup ne se donnent pas la peine de faire bouillir ou de filtrer cette eau, il y a énormément de maladies intestinales et autres désagréments véhiculés par l’eau, d’autant plus que les villageois s’y retrouvent par centaines et pataugent tous dans l’eau même qu’ils sont en train de puiser.

Nous avons fait la tentative de réaliser des forages pour avoir une source d’eau “potable”, mais jusqu’à présent c’est un cuisant échec. Les deux premiers forages réalisés à grands frais par une entreprise spécialisée et qui sont descendus à plus de 200m de profondeurs sont secs. Nous avons fait une deuxième tentative avec une petite entreprise locale qui a réalisé un forage dans un des campements de Mapangu qui a de l’eau mais pour lequel la pompe est temporairement en panne et quatre autre forages qui sont tous secs… L’étape suivante serait de faire appel à une entreprise chinoise (les chinois sont omniprésents au Congo et en Afrique en général) qui est actuellement en train de réaliser des forages à Ilebo et qui aurait tout le matériel nécessaire pour atteindre l’eau à de grandes profondeurs… Affaire à suivre.

Notre eau de consommation à la maison vient d’une (soit-disant) source en contre-bas de la Cathédrale, eau que nous faisons bouiller, filtrer et encore une fois filtrer avant de l’utiliser pour tout ce qui concerne la consommation, y compris le brossage des dents. Pour ce qui est de la douche, il est vivement conseillé de garder la bouche bien fermée, donc les “chanteurs de salle de bain”, vous êtes avertis!

Lorsque nous rentrons en vacances, le fait de pouvoir boire l’eau du robinet sans risques (sauf peut-être le goût un peu chloriné) paraît presque miraculeux. Pour ne pas perdre nos bonnes habitudes nous filtrons également notre eau en Europe et ainsi éviton le risque d’oublier ces précautions essentielles quand nous rentrons à Mapangu.

Nous espérons très bientôt avoir de vos nouvelles,

Marc & Marie-Claude

There is no shortage of water here, especially in the rainy season when it comes in downpours, including in the house when the wind pushes it between the roof plates, under the door of our room or through the mosquito nets of the windows that are unfortunately left open. Imagine what it must be like in traditional houses built of adobe and straw with earth floors, where heavy rains infiltrate from all sides while about ten people live and sleep in an area of less than 15m². Thunderstorms are often accompanied by strong gusts of wind that regularly rip off roofs and lifts other objects that are not properly secured. For exmaple, a bamboo bed that was on our terrace found itself flung away and ended up hanging from the gutter a few meters below, or the water tank at our “club” (which holds about 1m³ water) found itself on the roof of the neighbouring building, not talking about the buckets and other basins left outside.

In addition, there are the thousands of cubic metres of water that pass through the Kasai valley in front of the house every day (including during the dry season) as well as the many tributaries that cross the plantation. For sure this water is a little more…. muddy, but it is available at all times and is the source of water we use for our oil mill.

With regard to the latter point, let us disgress for a moment : to treat our fruit bunches we need steam and for this we need water, preferably clean water, which we take from Kasai because there is no water supplied by “REGIDESO” (which is not available in Mapangu) or a borehole (which we do not have). Obviously this requires a whole treatment installation to remove impurities, correct acidity, etc. with all kinds of flocculants, clarifiers, etc. In short, the pumping of water itself represents little compared to the whole water treatment plant behind it, with its multitude of dosing pumps, mixers, filters and other devices whose operation I do not always understand well. The state is not indifferent to our installation, not to help us eventually extend its use to the neighbouring population but to tax us. The head of the water resources department therefore regularly comes to us with a legal text saying that all “producers of mineral, thermal and natural water” must pay a fee equivalent to 40% of the cost of water provided by REGIDESO in our locality. In our case, as there is no municipal water service, the tariff was set at the modest rate of 2.5 USD/m³ on the assumption that Kasai water is natural and as we pump it we have assimilated it to a natural water producer (obvious isn’t it?).

I’ll let you do the maths, but you can believe me when I say that our water bill is expensive, especially given that we have to pump, treat it and then discharge the water back into the river. You certainly have to ask yourself, “why not use a borehole?” The answer is simply that, apart from the fact that drilling here is very expensive, we would still still be considered a “natural” water producer and therefore nothing would change…

For their water supply, except when it rains and it is possible to collect water that runs off roofs (preferably sheet metal), the villagers will draw their water from rivers or a few “springs” which are generally more like water points dug in the sand along the river and which allows the water to be somewhat clearer because filtered by the sand. As many do not bother to boil or filter this water, there are many intestinal diseases and other health discomforts transmitted by the water, especially since the villagers find themselves wading through the very water they are drawing.

We have tried to drill boreholes to have a “drinking” water source, but so far it has been a major failure. The first two holes drilled at great expense by a specialized company and which have gone to more than 200m depth are… dry. We made a second attempt with a small local company, which drilled a first well in one of the Mapangu camps that has water but for which the pump is temporarily out of order, and subsequently four other wells that are all dry…. The next step would be to use a Chinese company (the Chinese are omnipresent in Congo and Africa in general) which is currently drilling in Ilebo and which would have all the necessary equipment to reach the water at great depths… To be continued.

Our home drinking water comes from a (so-called) spring below the Cathedral that we boil, filter and once again filter before using it for everything related to consumption, including tooth brushing. As for the shower, it is strongly recommended to keep your mouth closed, so the “bathroom singers”, you are warned!

When we come home for holidays it feels miraculous to be able to open the tap and drink straight from it. It may taste of chlorine but in theory there is no known health related risk. Probably out of habit, we are also using a water filter in Europe, which helps us remember no to drink untreated water when we come back to Mapangu.

We look forward to hearing from you soon,

Marc & Marie-Claude

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Maladies – Diseases

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Les régions tropicales sont connues pour les maladies diverses, inconnues dans les régions tempérées, qui peuvent affecter hommes, animaux et même les plantes.

La plus connue et aussi la plus dévastatrice est sans nul doute la malaria qui fait plus d’un demi million de victimes par an, dont une grande partie sont des enfants. Personne n’est épargné par les assauts du plasmodium , ni expatriés ni même congolais.  Tous les expatriés de Brabanta ont eu une ou plusieurs crises de malaria depuis que nous sommes arrivés dans la plantation il y a bientôt trois ans, tous sauf Marie-Claude et moi. La seule différence est que Marie-Claude et moi prenons religieusement notre infusion d’Artémisia annua pendant une semaine tous les mois, tandis que les autres prétendent ne pas en avoir besoin et pouvoir se soigner facilement avec des comprimés lorsqu’une crise se manifeste.

Même si son utilisation est “empirique”, nous essayons d’encourager les personnes de notre entourage à faire pousser et àutiliser la plante, mais les croyances de sorcellerie et autres gris-gris sont tellement ancrées dans la culture locale que la cause de la maladie est plus aisément associée à un mauvais sort qui leur aurait été jeté plutôt que le fait qu’ils n’ont pas ou mal utilisé l’Artémisia.

A Mapangu nous avons depuis plusieurs mois maintenant une épidémie de choléra qui affecte les habitants. Nous organisons des campagnes de sensibilisation pour expliquer qu’il est indispensable de bouillir l’eau de boissons et de veiller à une bonne hygiène, surtout des mains. A Mapangu cela semble porter ses fruits car le nombre de cas est en régression et nous n’avons plus eu de fatalités depuis plusieurs mois. Il n’en va pas de même pour la population de Dima, en aval de Mapangu le long du Kasaï, où le manque d’infrastructure médicale et surtout l’absence de sensibilisation fait que l’on nous rapporte de nombreux cas de décès chaque mois.

Le Congo est également affecté par des nouvelles épidémies d’Ebola, qui ont d’abord affecté les populations riveraines du fleuve Congo aux environs de Mbandaka et ensuite dans l’est près de Beni. La maladie est originaire du Congo où elle aurait été contracté par des populations consommant des animaux sauvages capturés en forêt et probablement mal cuits, le pays a donc une certaine expérience dans la gestion de ce genre d’épidémies, même si d’un point de vue matériel ils sont fortement tributaires d’aide extérieure. Les communications à l’intérieur du pays étant extrêmement difficiles à l’heure actuelle, il est peu probable que cette maladie puisse rapidement s’étendre jusqu’à chez nous, mais à tout hasard nous sommes équipés avec un pavillon d’isolation et l’équipement nécessaire. Tous nos points des rassemblements sont équipés de points de lavage des mains et des campagnes d’information sont régulièrement organisées parmi nos travailleurs.

Concernant ce dernier point, lors d’un appel matinal le chef de section a rappelé quelques mesures préventives aux travailleurs et avait pour cela assisté la veille à une petite séance de formation pour rafraîchir les connaissances de tous les responsables. Lors de cette séance de formation, il a été noté que les chauves-souris étaient l’un des vecteurs connus de la maladie et qu’il était donc recommandé de vérifier si les fruits récoltés n’avaient pas été mordus par les chauves-souris, même si les fruits étaient cueillis dans les arbres, comme par exemple les mangues. A l’appel matinal le chef de section a expliqué à ses travailleurs qu’il était dangereux de manger des mangues, même si on les cueillait dans les arbres, car celles-ci étaient à l’origine de la maladie Ebola…

A l’époque coloniale un des grands fléaux du Congo était la maladie du sommeil véhiculée par la mouche tsé-tsé. Des importantes campagnes d’éradication ont été menées tant à l’époque coloniale que par les autorités sanitaires du pays indépendant par la suite, au point que cette maladie semble quasi inconnue aujourd’hui et ne figure plus dans les statistiques médicales de notre hôpital.

Au niveau des plantes, surprenamment nos légumes aux potager sont relativement peu affectés par des maladies, ce qui est une bonne chose car nous n’utilisons strictement aucun moyen de lutte à l’exception de rotations, d’application de copieuses quantités de compost et d’une élimination manuelle des insectes trop intéressés par nos légumes.

Dans la plantation, par contre, nous avons une maladie non-identifiée qui s’attaque à nos palmiers et pour laquelle nous avons déjà eu droit à la visite d’un nombre impressionnant d’éminences de la phytopathologie qui sont tous, jusqu’à présent rentrés bredouilles. Après des recherches effectuées ici et en Europe, il semblerait que cette maladie encore inconnue (que nous appellerons “Maladie de Brabanta” car elle ne se retrouve pas dans les autres plantations du pays) aurait déjà été observée ici à l’époque où la plantation était aux mains des frères Lever, soit dans les années 1930. Toutes sortes d’études, d’essais et de théories ont été formulées à l’époque, mais sans jamais (semble-t-il) arriver à une conclusion et nous trouvons donc en quelque sorte à reprendre cette recherche après une pause de plus d’un demi siècle.

Pour le moment nous avons à nouveau un expert en visite sur la plantation qui va reprendre toutes les observations, résultats d’essais et littérature sur le sujet pour essayer d’en tirer un fil conducteur. Il est arrivé sur la plantation avec un arsenal de machines qui devrait nous permettre d’extraire des échantillons d’ADN dans les différents tissus des palmiers malades afin d’envoyer ceux-ci dans un laboratoire spécialisé de Grande-Bretagne où des analyses génomiques séquentielles seront réalisées, bref Brabanta est en quelque sorte en train de devenir un laboratoire de recherche du palmier, pas seulement dans le domaine phytosanitaire d’ailleurs, mais ça c’est pour un autre récit.

Nous vous écrivons ces lignes après avoir passé un agréable moment avec tous les autres expatriés qui sont venu fêter, en avance, mon anniversaire. Pour l’occasion Marie-Claude a préparé une tarte tatin aux pommes et poires qu’elle avait secrètement ramené dans ses bagages lors de notre retour de Kinshasa. Même si ce dessert ne pouvait être qu’exceptionnel dans notre coin de brousse, je crois qu’il aurait fait saliver plus d’un même dans un endroit ou les pommes et les poires peuvent se trouver dans la boutique du coin.

En espérant très bientôt avoir de vos nouvelles, nous vous envoyons nos salutations depuis la Toscane congolaise,

Marie-Claude et Marc

Tropical regions are known for various diseases, unknown in temperate regions, that can affect humans, animals and even plants.

The most famous and also the most devastating is undoubtedly malaria, which kills more than half a million people a year, many of whom are children. No one is spared the assaults of the plasmodium, neither expatriates nor even Congolese. All the expatriates in Brabanta have had one or more malaria attack since we arrived in the plantation almost three years ago, all but Marie-Claude and I. The only difference is that Marie-Claude and I take our Artemisia infusion religiously for a week every month, while the others claim not to need it and to be able to treat themselves easily with tablets when a bout of malaria affects them.

Even if its use is “empirical”, we try to encourage people around us to grow and use the plant, but beliefs of witchcraft and other spells are so deeply rooted in the local culture that the cause of the disease is more easily associated with a curse that has been cast on them than with the fact that they have not or not properly used Artemisia to prevent the disease.

In Mapangu we have had a cholera epidemic affecting the local population for several months now. We organize awareness campaigns to explain that it is essential to boil drinking water and to ensure a good hygiene, especially of the hands. In Mapangu this seems to be bearing fruit because the number of cases is decreasing and we have not had any fatality for several months. The same is not true for the population of Dima, downstream from Mapangu along the Kasai River, where the lack of medical infrastructure and especially the lack of awareness results in several fatal cases every month.

Congo is also affected by a new Ebola epidemics, which first affected populations along the Congo River around Mbandaka and now in the east of the country near Beni. The disease originated in Congo where it is believed to have been contracted by populations consuming wild animals caught in forests and probably undercooked, so the country has some experience in managing such epidemics, although materially they are heavily dependent on external assistance. Communications within the country are extremely difficult at the moment, so it is unlikely that this disease will spread quickly to our area, but we are nevertheless equipped with an isolation structure and the necessary equipment. All our muster points are equipped with water and soap for handwashing and information campaigns are regularly organised among our workers.

Concerning this last point, during an early morning call, the head of section reminded the workers of some of the most important preventive measures and had attended a short training session the day before where all section managers were given a refresher course on the subject of Ebola. During this training session, it was noted that bats were one of the known vectors of the disease and that it was therefore recommended to check whether the harvested fruit had not been bitten by bats, even if the fruit, such as mango, was plucked directly from the trees. At the muster call, the head of the section explained to his workers that it was dangerous to eat mangoes, even if they were picked from trees, because they were the cause of the Ebola disease…

In colonial times, one of the great scourges of Congo was the sleeping sickness carried by the tsetse fly. Major eradication campaigns were carried out both during the colonial era and by the health authorities of the independent country thereafter, to the point that this disease seems almost unknown today and no longer appears in the medical statistics of our hospital.

At the plant level, surprisingly our vegetables in the garden are relatively unaffected by diseases, which is a good thing because we do not use any means of control except rotation, application of copious quantities of compost and manual elimination of insects too interested in our vegetables.

In the plantation, on the other hand, we have an unidentified disease that attacks our palm trees and for which we have already had the the visit of an impressive number of prominent phytopathologists, all of whom have so far returned without conclusions. After research here and in Europe, it seems that this still unknown disease (which we will call “Brabanta disease” because it is not found in other plantations in the country) was already observed here when the plantation was in the hands of the Lever brothers, in the 1930s. All kinds of studies, essays and theories were formulated at the time, but without ever (apparently) reaching a conclusion and so we find ourselves in a way to resume this research after a break of more than half a century.

At the moment we have another expert visiting the plantation, who will take up all the observations, test results and literature on the subject to try to draw a common thread from it. He arrived on the plantation with an arsenal of machines that should allow us to extract DNA samples from the different tissues of diseased palm trees in order to send them to a specialized laboratory in Great Britain where sequential genomic analyses will be carried out. In short Brabanta is somehow becoming a palm research laboratory, in fact not only in the field of plant health, but that is for another story.

We are writing these lines after having spent a pleasant time with all the other expatriates who came to celebrate my birthday in advance. For the occasion, Marie-Claude prepared an apple and pear tarte tatin, for which she had secretly brought apples and pears in her luggage when we returned from Kinshasa. Even if this dessert could only be exceptional in our bush corner, I think it would have made more than one of us salivate even in a place where apples and pears can be found in the local shop.

We look forward to hearing from you soon and send our greetings from Congolese Tuscany,

Marie-Claude and Marc