L’un de nos travailleurs et quelques de ses collègues ont décidé de se lancer dans l’élevage avec un grand “E”. Ils se sont dit qu’ils allaient concocter un plan d’affaires, que Brabanta financerait le tout et que bientôt grâce à ce projet ambitieux ils entreraient dans la classe des personnes aisées de Mapangu. L’idée de départ est excellente car ici à Mapangu il est difficile de trouver des protéines animales de manière fiable et régulière, la semaine dernière Marie-Claude a acheté tous les 8 œufs qui étaient proposés par la seule vendeuse du marché et nous ne pensons même pas à essayer de trouver de la viande, à moins d’acheter une chèvre, un cochon ou un mouton sur pied, ce qui est (encore) un peu extrême à notre goût.
Les dits travailleurs donc, qui n’ont pas le premier sous à mettre dans leur aventure, ont donc l’ambition d’investir dans une élevage de poules pondeuses de race améliorée, production de poulets de chair et une porcherie, où les animaux seraient nourris de manière contrôlée et soumis à un contrôle vétérinaire (effectué par un des travailleurs ayant étudié ce sujet à l’école secondaire). J’ai suggéré que plutôt que d’investir l’équivalent de 20 mois de salaire sur des bases de rentabilité des plus fantasques, pourquoi ne pas démarrer à petite échelle (avec par exemple une cinquantaine de poules) dans un enclos existant et de voir si la vente d’œufs permet de couvrir les frais de nourriture, achat de poulets et produits vétérinaires, taxes dont ils vont immanquablement devoir s’acquitter. Après de nombreuses discussions la machine est en route et l’installation prête à accueillir ses premiers pensionnaires qui doivent venir par avion de Kinshasa. D’après les calculs savants de notre “vétérinaire” le marché de Mapangu sera bientôt inondé d’œufs “améliorés” qu’il espère vendre au double du prix des rares et petits œufs de poules locales, à suivre donc.
Parlant de poules et d’œufs, les nôtres ont décidé de suspendre la grève, évidemment pas avant que Marie-Claude soit partie en chasse pour en trouver au marché de Mapangu, et nous avons maintenant 3 ou 4 petits œufs tous les jours, plus qu’il nous en faut pour nos besoins et délicieux. Nos poules sont logées dans un petit cabanon fabriqué avec des palmes tressées qui a quand même presque la taille de certaines maisons dans les villages voisins (j’exagère évidemment un tout petit peu), mais ce qui est plus surprenant est l’aménagement intérieur que nous avons laissé à l’initiative de nos aides. Pas de perchoir mais une espèce de sommier où les poules sont supposées s’installer et dans un coin une petite banquette dont l’usage nous échappe tout à fait. S’il n’y avait pas les poules, on pourrait penser que c’était une petite maison avec lit et siège pour humain. Le plus important est que les poules ne rechignent pas à s’y installer pour la nuit et qu’elles y sont à l’abri des prédateurs nocturnes, chats et chiens sauvages, civettes ou chacals (que nous n’avons pas encore vu rôder autour de la maison), pour l’éventuel boa rescapé des marmites, il n’y a pas grand chose à faire…
Encore un petit mot sur les bêtes, un petit mot encore sur le plasmodium responsable de la malaria. Pour traiter la crise de malaria qui s’était déclarée il y a près de deux semaines je n’ai pris que des infusions d’Artemisia (3 fois par jour pendant 9 jours) et hier j’ai été faire un test à l’hôpital et le verdict est “négatif” donc notre infusion (faite en grande partie avec les petits plants que nous avions réussi à faire pousser dans le potager) est tout à fait efficace pour soigner la malaria, une excellente nouvelle. Ne reste plus qu’à trouver des semences de variétés mieux adaptées au climat du Kasaï et de disséminer la plante, car les alternatives (quartem, malarone, lariam, quinine, flavoquine, etc.) sont des produits coûteux, pas toujours efficaces et surtout avec généralement des effets secondaires désagréables. Vu le résultat de goutte épaisse numéro 2, il va sans dire que tous, à commencer par le médecin de l’hôpital, souhaitent au plus vite recevoir des semences ou plants d’Artemisia pour l’utiliser eux aussi.
Nous avons récemment fait un nouveau semis de 4 variétés de semences, l’une démarre de manière plus que prometteuse et les autres… sont moins enthousiastes, pourtant c’est surtout sur les autres que je compte car celle qui réussissent sont des semences de Belgique, donc probablement pas trop adaptées au climat d’ici. Nous verrons et du moment que quelques plants réussissent la production de semences devrait permettre une diffusion plus large dans pas trop longtemps.
En ce qui concerne le temps, nous continuons à avoir des bonnes pluies régulièrement et l’effet sur les routes est dévastateur. Cette semaine nous avons envoyé un véhicule à Ilebo pour chercher les policiers qui encadrent notre paie et au lieu de mettre un peu moins de deux heures pour arriver, nos collègues ont passé 6 heures sur la route et surtout beaucoup de temps à creuser et désembourber la voiture, heureusement avec une escouade de policiers pour aider lors du voyage de retour. Avant hier j’ai également envoyé une voiture braver la route de Kinshasa car nous avons beaucoup de travailleurs qui doivent soit aller à la capitale ou revenir à Mapangu et il n’y a pas assez de place dans les avions. La voiture est arrivée à Kinshasa, mais à entendre le récit de nos collègues c’était une route plus que pénible avec beaucoup de temps passé à creuser et dégager la voiture quand elle n’était pas coincée derrière un camion lui-même embourbé. Il en va de même dans la plantation, mais ici nous avons nos engins sous la main (bulldozer, pelle à chenille, niveleuse, etc.) qui nous permettent d’y remédier assez rapidement et efficacement. Ce qui est plus ennuyeux par contre, ce sont les ponts dont les soubassements sont dans certains cas fortement érodés par les pluies et qui vont nous obliger à faire des travaux de consolidation en béton “un petit coup de bull” ne suffisant plus…
Finalement, un petit mot sur l’artisanat local. La région était connue à l’époque coloniale pour sa production de sisal et c’est d’ailleurs pour acheter cette matière première que notre cher et disparu Tonton Guy était basé ici à Port Franky (maintenant Ilebo). Aujourd’hui le sisal ne se retrouve que dans des produits d’artisanat et seulement par l’intermédiaire de commerçants itinérants car il n’est utilisé que dans certains villages. Un des produits que nous trouvons assez chouette et qui peut être utilisé en décoration, pour faire des coussins ou simplement comme petit tapis sont des carrés aux motifs divers dont deux exemple dans les photos ci-jointes. Les artisans sont évidemment attirés par la présences des blancs à Mapangu et je dois dire que j’ai du mal à refuser de leur acheter quelque chose car la seule alternative est d’aller jusque Kinshasa ce qui leur coûte plusieurs centaines de dollars de voyage, sans certitude d’arriver à vendre leur marchandise.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Poulailler “industriel” – “Industrial” chicken run
Semis d’Artemisia – Artemisia seedlings
Plantes d’Artemisia – Artemisia plants
Vue de la Cathédrale – View of the Cathedral
Lunch is to be served!
D’autres coussins suivront, mais cela donne une idée – Other cushions to follow, but it gives an idea
Tapis de sisal – Sisal carpets
Vie sur le Kasaï – Life on the Kasai
English version
One of our workers and some of his colleagues have decided to go into animal production big time. They assumed that with some kind of business plan Brabanta would provide the funds and that soon, thanks to their ambitious project, they would count themselves among the wealthy of the place. The idea at the start is excellent because here in Mapangu it is near impossible to find reliable animal proteins on a regular basis. Last week Marie-Claude bought the whole eight eggs that were on offer in the market and we do not even think of finding any other animal products, unless one wishes to buy a live goat, pig or sheep, which is not (yet) something that we envision.
The above mentioned workers thus, not having one cent saved between themselves, have plans to invest in improved laying hens, meat chicken and porc, where the animals would receive balanced food and be subject to veterinarian supervision (one of the workers says he studied animal science at high school, surely equivalent to a vet degree?). I suggested that instead of instead of investing about 20 months worth of their combined salaries on the basis of a very wishful profitability, why not start on a more modest scale (for example 50 laying hens) in an existing chicken run and see if the sale of eggs covers the cost of feed, veterinarian products and taxes that I am sure will have to be paid. After numerous discussions the machine is now ready to roll and the set-up ready to host its first residents to be flow in from Kinshasa. According to the “veterinarian”, whose detailed analysis leaves little doubt (???) the Mapangu market should soon be swamped with “improved” eggs that are to be sold at about twice the price of the current rare small eggs to be found (sometimes) on the market, to be followed.
Talking about chickens and eggs, ours have suddenly decided that the strike was over, obviously not before Marie-Claude went hunting for eggs in the Mapangu market, and we now have 3-4 little eggs every day, more than we need and delicious. Our poultry is housed in a little hut made from woven leaves, which is almost the size of some of the houses we see in the neighbouring villages (I obviously overstate matters very slightly), but what is more surprising is the inside layout, which we left to the initiative of our workers. No perches but rather a kind of bed structure, on which the chickens are supposed to roost and in the corner a little seat the use of which escapes me altogether. If it was not for the chicks, one could think it was a little house with bed and seat for humans. However, the only thing that matters is that the chickens are quite happy to settle into the place for the night, where they are protected from night predators, wild cats and dogs, civets or jackals (which we have not yet seen around the house), for the unlikely boa having escaped being eaten there is little we can do…
Following up on animals, one more word on the plasmodium responsible for malaria. To treat the malaria that I got about two weeks ago I have taken nothing but Artemisia tea (3 times per day during 9 days) and yesterday a test at the hospital confirmed that I was disease free, confirming that our tea (mostly made from Artemisia plants harvested here in the garden) is totally sufficient to treat malaria, a very good news. Now the remaining challenge is to find seeds better adapted to the local climate and distribute seeds and plants as much as possible because the alternative (quartem, malarone, lariam, quinine, flavoquine, etc.) are costly, not always efficient and often with unpleasant side effects. Given the result of this second test, it goes without saying that all, starting with our doctor, are eager to lay their hands on Artemisia seeds or plants to use it themselves also.
We have recently started a new seedling trial with 4 seed varieties, one is more promising and the others… less so, however the other seeds are the ones that matter because the successful ones are seeds collected in Belgium, which I doubt will grow very well under local weather conditions. We will see and as long as we manage to get one or two local seeds growing it should not be too difficult to multiply and distribute them more widely.
Weather wise, we continue to have regular and heavy rains with a devastating result on our roads. This week we sent a vehicle to Ilebo to collect the policemen that secure our pay and instead of spending a little under two hours it took them more than 6 go make it back, most of the time spent digging the car out of the mud, but luckily with the help of a bunch of police officers. The day before yesterday we sent a car the other way to Kinshasa because we have quite a few workers in need to travel to or from Kinshasa and there are not enough seats in the air plane. According to our colleagues the road was horrendous, with a lot of time spent digging and or waiting behind trucks themselves stuck in the mud. Things are not better in the plantation, but here we have bulldozers, diggers and graders to help us out. What is less comforting is the fact that several of our bridges have been mined by the excess run-off water and we will have quite some work stabilising the structures with concrete and masonry, as it is no longer sufficient to go in with the bulldozer…
Finally, a short note on local craft. The region was known for its sisal production during colonial times and it is for this raw material that our dear and departed Tonton Guy was based in Port Franky (now Ilebo). Today the only form of sisal that we see is in the form of craftwork and only thanks to traders travelling around the region because the material is only processed in specific villages. One of the products that we find quite nice and that can be used in decoration, to make cushions or just used as carpets are squares or rectangles of woven sisal with a variety of patterns as illustrated in the pictures of this blog. The craftsmen and traders are obviously attracted by the presence of foreigners in Mapangu and I must admit that I find it difficult not to purchase something when they come to show their wares as their only alternative is to travel to Kinshasa, which would cost them several hundred dollars with no certainty of selling their wares.
We hope to read from you soon,
Marc & Marie-Claude