Notre raison d’être ici est de produire et de vendre de l’huile de palme, alors peut-être serait-il utile d’expliquer un peu plus le quoi et le comment de la chose.
Tout le processus commence en pépinière, où des graines sélectionnées de palmier à huile sont semées. Nous n’avons pas (ou plutôt) plus de pépinière, car la plantation des palmiers s’est terminée en 2014 avec plus de 1 million de plantes mises en place sur des terrains qui s’étendent sur près de 60km de longueur le long du Kasaï. La pépinière, qui fait quand même 20 hectares ne sert plus pour les palmiers, mais l’infrastructure (principalement le réseau d’irrigation) est utilisée pour une petite pépinière (5.000 arbres) d’Hevea (arbres à caoutchouc), des essences locales pour le reboisement (10.000 arbres) et la multiplications d’herbes anti-érosives comme le Vétiver et la Citronnelle.
Les jeunes palmiers sont plantés sur un sol protégé par des plantes de couverture, comme le Mucuna ou le Pueraria, qui sont des légumineuses restant vertes toute l’année et qui forment un tapis végétal bien épais pour préserver l’humidité du sol, créer de la matière organique et empêcher les adventices de se développer. L’inconvénient de ces plantes, surtout le Mucuna, est qu’elles se développent très rapidement (10cm de croissance par jour) et doivent constamment être retirées des jeunes palmiers pour ne pas étouffer ceux-ci.
Outre le “délianage” les jeunes palmiers demandent beaucoup de soins tels que l’élimination des adventices qui se développent en-dessous de la couronne de la plante (espace laissé libre par l’élimination de la plante de couverture), application d’engrais (fractionné jusqu’à 6 applications de petites doses pour qu’il ne soit pas perdu dans le terrain très sableux que nous avons ici), élagage (suppression des palmes du bas qui ne sont plus productives et contribuent à la création d’une couche de matière organique sur le sol), ablation des jeunes inflorescences (qui prennent de l’énergie de la plante), etc. Le palmier peut ainsi se développer pendant un minimum de 3 ans avant de commencer à produire ces premiers petits fruits, des régimes de fruits noirs-oranges dont la pulpe est très riche en huile.
Une fois que les palmiers commencent à produire des régimes, ceux qui sont mûrs vont être récoltés de manière continue (1 à 2 régimes pouvant peser jusqu’à 15kg chaque 7 à 15 jours) pendant environ 25 ans. Après cette période de temps la plante continue à produire des régimes, mais ceux-ci sont généralement trop haut pour les récolter, sans monter dans l’arbre ce qui est dangereux et peu économique. Les régimes et fruits détachés sont rassemblés en bordure de route où ils seront ramassés pour être transportés à l’usine ou huilerie.
A l’usine, les régimes suivent un traitement d’extraction d’huile qui se compose des étapes suivantes:
– Les régimes sont chargés dans des stérilisateurs, une sorte de grande casserole à pression qui permet de “cuire” les régimes à 125° pendant une petite heure.
– Les régimes et fruits ainsi préparés sont ensuite acheminés vers un égrappoir pour séparer les fruits des rafles. Les rafles sont éliminées et serviront d’engrais organique aux champs.
– Les fruits de palme vont ensuite dans un malaxeur, qui est une espèce de grande casserole à soupe dans laquelle tournent des lames qui mélangent les fruits en une masse épaisse et homogène.
– La masse est ensuite poussée vers des presses qui vont extraire un jus (brut) composé d’huile, d’eau et de boue, tandis que les fibres et noix vont être éliminées. Le mélange de fibres et noix servent partiellement à alimenter la chaudière produisant la vapeur nécessaire à l’usinage et le reste retourne aux champs pour servir d’engrais organique (comme les rafles).
– Le jus brut suit, quant à lui, une série de filtrations et de séparations pour éliminer les boues et l’eau afin d’obtenir une huile pure sans impuretés et humidité qui s’appelle de l’huile brute et est stocké dans des grandes citernes à côté de l’usine.
– Toute notre huile est vendue au Congo, dont les besoins dépassent largement la production actuelle, soit en vrac (chargée dans des barges qui acheminent l’huile par rivière jusqu’à Kinshasa), soit en bidons pour être vendus directement aux ménagères pour la cuisine. Pour le moment nous n’arrivons pas à produire assez d’huile pour répondre à toutes les demandes que nous recevons, mais la plantation est encore jeune et nous devrions pouvoir doubler notre production dans les 5 ans à venir sans planter des palmiers supplémentaires.
Voilà pour la théorie de la production, évidemment en pratique il ne manque pas d’y avoir des choses qui ne se passent pas exactement comme prévu. Ainsi le ballet de tracteurs et camions qui doivent transporter les régimes jusqu’à l’usine, certains sur plus de 30 km sur des pistes difficiles, ne manque pas de pannes, accidents et autres problèmes liés aussi au manque de formation des chauffeurs (certains n’ayant jamais été derrière un volant avant de venir travailler à la plantation et devant être instruits en peu de temps). Il y a ainsi près de 60 véhicules divers circulant dans la plantation à tout moment, qu’il faut entretenir, réparer, alimenter en carburant (60.000 litres de diesel par mois).
A côté des transports liés à la production (régimes, rafles et fibres), il faut alimenter les habitations des travailleurs en eau avec des citernes, transporter les travailleurs vers leurs lieux de travail, acheminer les matériaux de construction, etc. Il n’y a quasi pas de véhicules extérieurs à la plantation, à l’exception de motos taxi qui filent à toute allure d’un côté à l’autre de la plantation pour transporter des agents, commerçants, élèves, etc. mais la circulation de jour en arrive quand même au point qu’à un des carrefours névralgiques de la plantation nous avons du poster un agent qui règle la circulation.
Encore quelques mots sur les potins de Mapangu, nous ne voulons pas vous cacher les évênements clefs de notre petit coin de “Toscane” congolaise. Vendredi nous avons accueilli un visiteur, qui a eu du mal à rejoindre Mapangu car la pirogue qui le ramenait d’Ilebo est tombée en panne, il vient nous aider à nous préparer pour obtenir des certifications de producteur durable. Le monde est petit car Pierre, notre visiteur, a étudié à Gembloux avec moi et s’est spécialisé dans les aspects environnementaux et durables des plantations. Nous avons également fêté le prochain départ de notre directeur technique, Jean-Marie, qui part travailler au Cameroun où il va rejoindre sa femme et sa fille. A la maison les lampes récupérées dans l’usine sont maintenant en place et elles sont géniales.
A bientôt vous lire,
Marc & Marie-Claude
Fibres déchargées au champs – Fibres spread in the field
Travail en hauteur – Height working
Pépinière d’Hevea et reboisement – Rubber tree and reforestation nursery
Cadeau d’adieu pour notre Directeur Technique (Made by M-C) – Farewell present for our TD (Made by M-C)
La sécurité avant tout – Safety first
Récolte des régimes – Harvesting fruit bunches
Chargement des régimes pour l’usine – Loading fruit bunches
Pourquoi pousser quand on peut “porter” – Why push when you can “carry”
Jeunes arbres en préparation – Future trees
Nos nouvelles lampes – Our new lamps
The reason for us being here is to produce and sell palm oil, so maybe it would be usefull to explain a little more about the why and the how of the matter.
The whole process starts with a nursery, where selected palm tree seeds are sown and grown. We do not have a nursery (any more), because the last plantings have been completed in 2014 with over 1 million palm trees established on land that stretches almost 60 km along the Kasai river. The nursery, which covers an area of about 20 hectares, is no longer used for palm trees, but the infrastructure (mainly the irrgation system) is used for a small rubber tree nursery (5,000 trees) and for a reforestation nursery of local varieties (10,000 trees). It is also used for the production of grasses such as Lime and Vetiver, which are used to protect sensitive areas against soil erosion.
The young palm trees are planted between cover crops such as Mucuna and Pueraria, which remain green all year rond and provide a thick cover of organic matter that protects the soil against loss of moisture and restricts the growth of undesirable plants. These cover crops have their disadvantages because of their fast growth (10 cm per day), which requires a constant work of pulling them off the young palm trees to prevent them being smothered.
Besides the removal of these creepers, young palm trees require a lot of attention such as controling undesirable plants growing underneath the crown of the plants (where the cover crop is removed), application of fertilisers (which can be split in up to 6 rounds, because of the very sandy soil in which we have the plantation), pruning (removal of the low branches that are no longer productive and can be used as mulch), removal of unproductive flowers (that take up energy from the plant) and so on. The palm trees will grow for at least three years before producing their first small fruit bunches, with black-orange fruits with an oil-rich pulp.
Once production starts, the palm trees will produce continuously (1 or 2 bunches weighing up to 15kg each every one or two weeks) for the next 25 years. After this time the palm tree will continue to produce bunches, but these will generally be to high to harvest without cliimbing into the tree, which is dangerous and not economical. The fruit bunches and loose fruits are assembled on the road side to be transported to the factory or oilery.
In the oilery, the fruit bunches go through a process of oil extraction with the following stages:
- The fruit bunches are loaded in sterilisators, a kind of large pressure cooker in which the bunches are “cooked” at 125°C during a short hour.
- The bunches are then conveyed to a rolling cage, where the fruits are separated from the the stems. The stems are separated and used as organic matter in the fields.
- The palm fruits first go through a mixer, a kind of large soup pot where the fruits are mixed into a thick and homogenous soup, which is then sent to presses where a crude juice (made out of oil, water and mud) is extracted.
- The remaining fibers and nuts are separated and used partially as fuel for the boilers of the factory, while the remainder is used as fertiliser.
- The crude juice is filtered and separated in various stages to keep only the crude oil (free of foreign matter and moisture) to be stored in large silos next to the factory.
All the oil produced is sold within Congo, where demand largely exceeds actual production, either in bulk (loaded on river barges taking the oil to Kinshasa) or in cartons to be sold as cooking oil for domestic use. At the moment our production is not sufficient to meet our demands, but we should be able to double our production within the next 5 years without planting additional trees, as the actual plantation matures.
That is for the theory, obviously in practice things are very much different. For example the tractors and trailers carrying the fruit bunches from one end of the plantation to the factory (some on more than 30km of bad tracks) will have brake down, flat tyres but also problems linked to the lack of training of drivers, some of whom have never been in a driver’s seat before being trained by the plantation.We have about 60 vehicles on the road every day that need to be maintained, repaired, refueled (60,000 liters of gasoil every month).
Next to the transport needs of the plantation (fruit bunches stems and fibres), we need to supply water to the houses, transport workers, move building materials, etc. There is hardly any vehicle from outside the plantation on the roads, save for taxi motorbikes that zoom along the road with workers, traders, students, however at some key crossroads we have been forced to place our own trafic wardens to prevent accidents.
A few last gossips about the plantation of Mapangu, as we do not want to hide key events of our Congolese “Tuscany”. Friday we received a visitor, who had the unfortunate experience to have an outboard failure on the dugout canoe bringing him back from Ilebo. He comes to help us prepare for various certifications that we seek to obtain for Brabanta. The world is small because Pierre, our visitor, and I studied together at univeristy in Belgium, both tropical agriculture, except that he specialised afterwards in sustainability. We also celebrated the departure of our technical director, Jean-Marie, who moves on the Cameroon, where he will work and join his wife and daughter. At home the old factory lamps are now in place and working and these are fabulous.
We hopee to read you soon,
Marc & Marie-Claude